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  • The Maker Program Starter Kit , gratuit, disponible chez Autodesk

    The Maker Program Starter Kit , gratuit, disponible chez Autodesk

    C’est une nouvelle année scolaire. Un vibrant enthousiasme, une énergie empreinte du Soleil de l’été vous habite. Que vous vouliez mettre sur pied un maker space ou vous cherchez de nouvelles idées pour améliorer celui dont dispose votre école, ce livret de près de 100 pages, téléchargeable gratuitement mais malheureusement en anglais, veut être une référence, une mine d’idées.

    Le chapitre 1 invite à développer un esprit maker. Un éducateur, qui a l’esprit maker est avant tout un entraîneur, un coach. En tant qu’éducateur à l’esprit maker, vous serez bien sûr un enseignant mais aussi, un cheerleader, un apprenant et un investigateur, vous serez la personne de liaison entre les élèves et les ressources disponibles pour permettre à ces derniers d’atteindre leurs objectifs d’apprentissage.

    Le chapitre 2 encourage à définir notre propre vision du terme maker , un terme qui peut avoir plusieurs sens. Que signifie maker pour vous? On propose quelques animations pour vous guider :
    le brainstorming en groupe de 3 à 8 personnes où chacun offre son point de vue sur leur vision du succès dans le cadre d’un programme maker, quelle est leur plus grosse inquiétude?, etc. ;
    une deuxième animation vise à identifier les forces et les faiblesses de votre équipe ;
    la troisième animation permet aux membres de l’équipe de préciser leur vision des activités de type maker qu’ils préconiseront.

    C’est au chapitre 3 que les éducateurs sont invités à préciser leurs attentes et leurs buts. Préciser au départ leur définition, leur vision du succès du programme qu’ils désirent établir guidera son développement. On y décrit une séance de brainstorming où les participants énoncent quelles seront les mesures de performances qui leur permettront d’évaluer le succès de leurs activités.

    Au chapitre 4, on traite du choix des activités. S’agira-t-il de projets, d’activités de design, d’activités de type techniques ou d’un maker-space de type drop-in ? On présente les caractéristiques de chaque type avec quelques exemples pour chacun.
    la première animation proposée à l’éducateur est un support à la planification Map your learner journey, car avant de commencer une activité il importe d’en spécifier les étapes ;
    la deuxième animation se veut un guide pour faciliter les choix du type d’activités qu’on proposera au participant ;
    la troisième animation guide dans la rédaction du programme.

    Félicitation, le programme est écrit. Il faut maintenant il vous faut vous entraîner pour offrir aux participants le meilleur support possible.

    C’est le sujet du chapitre 5 où vous êtes encouragés à revoir vos compétences et en acquérir de nouvelles. Dans ce contexte, le guide présente une liste d’applications telles que Tinkercad, 123D Design, Scratch. Powtoons, etc. ou plus simplement revoir vos compétences en tricot ou à l’usage de la machine à coudre.

    Un maker space est un concept communautaire.

    Au chapitre 6 on propose des animations qui aideront à la logistique et à coordination du soutien :
    savoir partager votre vision avec votre équipe lors d’une rencontre ou par un site web ;
    faire un inventaire des ressources de votre communauté, la disponibilité des bénévoles, la participation de spécialistes, et autres ;
    disposez-vous de l’espace essentiel, de l’électricité, du Wifi ;
    qu’en est-il de l’insonorisation du local ;
    savoir protéger vos projets de l’action directe du soleil ;
    avez-vous considéré tous les aspects relatifs à la sécurité ;
    saurez-vous organiser la participation des bénévoles, des divers participants ;
    de quel budget disposez-vous ?

    Au chapitre 7, on vous propose de faire la promotion de votre programme, différente façon de stimuler la motivation des participants :
    une animation vous propose de produire un plan de marketing.

    Les activité de type maker sont généralement amusantes, enrichissantes.


    Le chapitre 8 présente des conseils pour favoriser l’inclusivité : prévoir pour pouvoir travailler avec des jeunes souffrant d’une diversité d’handicaps, filles et garçons travaillant ensemble quelque soit leur origine ethnique.

    C’est un départ.
    Au chapitre 9, on encourage la tenue d’un journal de bord car il semble qu’on oublie beaucoup lorsqu’on se fie uniquement à sa mémoire. Assurez-vous que vous n’oubliez pas de vous référer aux indicateurs de succès que vous avez identifié au départ. Prenez quantité de photos et de vidéos.
    Quoi faire face à l’échec, un problème qui n’a pas été prévu. Dans ce contexte deux voies s’offrent à vous selon les types de difficulté rencontrées. Des groupes de soutien communautaires, par exemple un groupe sur Facebook qui regrouperait les écoles ayant des maker space. Il faut aussi savoir faire appel à des groupes aux compétences particulières, par exemple la page Facebook du Club Framboise https://www.facebook.com/clubframboise/, la communauté des utilisateurs de Rapsberry Pi du Québec.

    Au chapitre 10, vous avez terminé votre travail maker.. Il faut maintenant réfléchir à l’aventure : l’équipe se rencontre pour une animation : I like, I Wish, what if . . . Nous avons aimé, je désire, et si on . . .en vue de la préparation d’un compte-rendu.

    De quoi demain sera-t-il fait ? Bonne chance à tous les makers actuels et futurs.

    Une version plus courte de ce billet a été publiée sur École branchée.

    Plus d’infos :
    Le document d’origine d’Autodesk : THE MAKER PROGRAM STARTER KIT

     

    Crédit photo : Pixabay

  • Orange et l’AUF s’engagent pour développer le numérique éducatif en Afrique et au Moyen Orient

    Orange et l’AUF s’engagent pour développer le numérique éducatif en Afrique et au Moyen Orient

    L’Agence universitaire de la Francophonie (AUF) et Orange ont signé récemment un accord-cadre de partenariat pour renforcer leurs actions communes de recherche et développement dans l’éducation et les technologies de l’information en Afrique et au Moyen-Orient.

    Orange est l’un des principaux opérateurs de télécommunications dans le monde présent dans près de 30 pays. Parmi ces zones d’intervention, Orange soutient particulièrement l’innovation locale et collaborative en zone Afrique et Moyen-Orient en favorisant une approche impliquant divers acteurs (ONG, gouvernements, start-up, partenaires techniques et financiers, filiales Orange locales, acteurs de la société civile, etc.), de la mise en place d’expérimentations ambitieuses à leurs passages à l’échelle.

    L’AUF positionne la francophonie universitaire comme une force collective au service du développement global des sociétés et souhaite travailler avec des opérateurs du développement économique et social, publics et privés.

    L’AUF et Orange ont déjà travaillé ensemble à Madagascar en 2012-2013 dans le cadre d’une expérimentation d’utilisation de la téléphonie mobile dans un dispositif de formation des enseignants. Depuis 2015, les deux institutions sont par ailleurs partenaires pour la mise en oeuvre de trois projets de formation continue des enseignants du primaire et du collège à Madagascar, au Mali et au Niger.

    Ce nouvel accord-cadre permettra aux deux institutions de développer des actions communes, notamment dans les domaines suivants :

    • l’expérimentation et l’industrialisation de projets mobilisant le numérique (éducation, enseignement supérieur, professionnel) en sollicitant des partenariats financiers ;
    • l’analyse socio-économique des TICs (enquête, Big Data) ;
    • le développement et l’expérimentation de solutions off line de type « box » pour l’accès à l’éducation et plus largement à la culture scientifique, notamment pour le programme IDNEUF, les MOOCs et l’accès aux ressources pédagogiques pour les enseignants du primaire ;
    • l’utilisation du mobile learning en éducation avec notamment l’usage de la plateforme M-Tew/Messaging pro développée et appartenant à Orange ;
    • le développement des MOOCs ;
    • l’appui au développement d’une filière d’enseignement pour le service après-vente des solutions solaires et des tablettes et smartphones à mener en partenariat avec des universités intéressées ;
    • l’énergie et les télécommunications (équipements en solution solaire et satellite pour des infrastructures isolées, notamment en milieu rural, avec extension de la couverture réseau) ;
    • le paiement mobile, la technologie liée au Bloc Chain (pour la certification et l’authentification des diplômes).

     

    Pour en savoir plus sur l’Agence universitaire de la Francophonie : www.auf.org

  • Soirée inaugurale Ludovia#14 : entre pelotes de laine et Pechakucha…

    Soirée inaugurale Ludovia#14 : entre pelotes de laine et Pechakucha…

    Le Pechakucha est un modèle de présentation de 20 diapositives de 20 secondes chacune. Les sept présentateurs se sont soumis à cette contrainte forte pour évoquer le thème de Ludovia #14. Ils se sont retrouvés sur quelques axes communs.

    La soirée Pechakucha est, depuis l’an dernier, un temps fort de Ludovia. Elle permet d’évoquer de manière sensible, presque impressionniste, le thème de l’année : “Partage, échanges et contributions”. Pour la 14ème édition, 7 intervenants ont accepté de se plier à l’exercice d’une intervention limitée à 20 diapositives (20 images, dans l’idéal) de chacune 20 secondes.

    Malgré sept présentations très différentes, parfois trépidantes, quelques thèmes sont ressortis tout au long de la soirée. Les vidéos de chaque Pechakucha sont accessibles en cliquant sur le nom de l’intervenant et sur la chaîne Youtube Ludovia Magazine.

    Le premier de ces thèmes est la liberté. En évoquant la question des commentaires, Michel Guillou, fin observateur du numérique éducatif et auteur du blog Culture Numérique, évoque la liberté d’expression. Cette liberté de rendre public, de proposer un point de vue a changé d’échelle avec internet. Cela met parfois à mal les élites, irritées que des quidam puissent commenter et critiquer leurs paroles et leurs actions.

    Cette liberté concerne aussi les enfants, et Michel nous engage à expliquer à l’enfant quels sont ses droits et ses devoirs en matière d’expression, bien plus qu’on ne le fait aujourd’hui. Car pour lui, cette liberté n’existe à l’école que de façon illusoire. Ce qui y règne, c’est surtout la pratique de la censure, voire de l’autocensure. Dans un hommage émouvant à Louise Merzeau, ardente défenseure de cette liberté d’expression inscrite dans tous les textes défendant les libertés fondamentales, Michel Guillou dénonce les dangers de la censure dont Louise a elle-même souffert parfois.

    Capture d’écran du Pechakucha de Michel Guillou :

    Jean-Baptiste Piacentino, auteur de la dernière intervention, est revenu en filigrane sur la question de la liberté en développant un autre aspect, celui du libre accès à l’information. Son projet, Qwant junior, est un moteur de recherche pour les jeunes qui se donne pour objectif de mettre en avant des contenus de qualité en supprimant les contenus dangereux pour les enfants.

    Il explique qu’il donne ainsi un accès sécurisé à l’information, sans préciser pourtant sur quels critères il fait reposer la dangerosité de telle ou telle ressource. Plus convaincant, il explique que naviguer en toute sécurité, pour Qwant Junior, c’est aussi garantir aux internautes que leurs traces ne seront pas utilisées,

    La liberté, c’est aussi celle d’agir. Partager, échanger, contribuer sont des verbes d’action. Or cette liberté nécessite un accompagnement fort, thématique évoquée par tous les participants. Il faut, disent-ils tous, accompagner les élèves vers l’autonomie.

    Cela passe d’abord par le fait de donner envie d’agir. Thierry Karsenti, chercheur canadien sur les technologies de l’information et de la communication, regrette la passivité numérique de nos élèves. “Il est faux, dit-il, de penser que les enfants veulent devenir acteurs de leurs propres apprentissages”.

    Il profite de ce pechakucha pour faire huit propositions pour lutter contre cette passivité :

    • Proposer des tâches signifiantes pour les élèves, liées aux matière scolaires ;
    • Proposer des approches par problèmes, demander aux élèves de répondre à des problèmes et relever des défis;
    • Ludifier certains apprentissages ;
    • Encourager la créativité et l’innovation ;
    • Fournir une rétroaction rapide (feedback) ;
    • Favoriser la collaboration entre tous les apprenants ;
    • Faire confiance à tous les apprenants ;
    • Garder des traces.

    Pour nous comme pour Ange Ansour, cette passivité constatée par Thierry Karsenti n’est pas innée mais résulte en effet du manque d’accompagnement des jeunes. Margarida ROMERO, chercheuse au laboratoire LINE de l’Espe de Nice décrit le modèle “passif-participatif” qu’elle a construit avec Thérèse Laferrière, un modèle en cinq niveau de la consommation passive jusqu’à la co-création participative de connaissances ou d’artefacts.

    Le modèle passif participatif :

    Ces pratiques d’échange, de partage et de contribution nécessitent de développer des compétences : la collaboration, la créativité, la résolution de problèmes et la pensée informatique. Margarida propose de passer par une éducation co-créative, ludique, engageante et inclusive, notamment la résolution co-créative de problème significatifs pour la communauté. Elle donne pour exemple un projet dans lequel des élèves ont programmé des robots pour construire une maquette de ville en matériaux recyclés. Pour elle, il est important que l’humain apprenne à contrôler la technologie.

    La maîtrise des compétences liées au partage et aux échanges numériques nécessitent également la maîtrise d’un certain nombre de savoir-être qui touchent aux émotions et aux compétences sociales et qui sont bien trop souvent oubliées. Marcel Lebrun, qu’on ne présente plus, propose de profiter des espaces de liberté offerts par le numérique pour développer ces valeurs humanistes. Le numérique est un espace d’horizontalité, où la hiérarchie disparaît (ce qui, comme l’a souligné Michel Guillou au début de la soirée, est assez contradictoire avec le modèle très descendant du Pechakucha).

    Face à un univers dans lequel il y a finalement assez peu de dons, il faut développer la capacité des internautes à donner, commenter, se mettre ensemble pour créer. La violence de certains propos sur Twitter et autres réseaux sociaux en est la preuve : ces compétences sont loin d’être maîtrisées, y compris par certains enseignants ou même élus.

    Marcel confirme également les propos de Karsenti sur la passivité des élèves, souvent consommateurs de ressources, de connaissances, mais peu dans l’action et dans l’interaction. Ces propos challengés par Ange Ansour quelques minutes plus tard dans sa présentation des Savanturiers. Les élèves ont envie de comprendre, mais il faut les accompagner sur le chemin de l’autonomie face à la construction de connaissances, et surtout vers une pratique du partage et de la diffusion de cette connaissance.

    Hier nous faisions des dessins dans des grottes, aujourd’hui nous écrivons sur nos murs Facebook parce qu’il est dans notre nature de laisser des traces démontrait Roberto Gauvin.

    Quelles traces laissons-nous et pourquoi ? Dans la démarche pédagogique qui est celle de l’équipe des Savanturiers, (répondre à l’inconnu par la méthode de la recherche) menée par Ange Ansour, les traces sont voués à être diffusées, partagées. On les cherche, on les trouve, on les diffuse. A l’instar des laboratoires de recherche, les élèves suivent les traces des chercheurs… et pose la question de la place physique laissée à la créativité dans la classe, illustrée dans l’univers quotidien créée par Roberto au Nouveau Brunswick.

    Finalement, ces sept interventions sur “Partages, échanges et contributions” reviennent à décrire les compétences du XXIème s que les jeunes citoyens devront maîtriser. Apprendre à se former, à co-former et à laisser des traces de ces processus en toute sécurité, apprendre à travailler ensemble, à collaborer et à co-créer, le tout en maîtrisant des savoir-être humanistes qui permettent de faire tout cela dans la sérénité et la bienveillance.

    Quelques projets cités :

    • Acadiepedia
    • Qwant Junior
    • https://www.idello.org/fr
    • Les Savanturiers

    Auteurs compte-rendu soirée PechaKucha : Jennifer Elbaz et Caroline Jouneau-Sion

    Toutes les vidéos des interventions Pechakucha sont à retrouver sur notre playlist Youtube Ludovia#14.

    Dessin @CIREBOX :

  • Les​ ​collectifs​ ​d’enseignants​ ​connectés​ ​:​ ​entre​ ​soi​ ​ou​ ​nouveaux acteurs​ ​de​ ​la​ ​formation​ ​?

    Les​ ​collectifs​ ​d’enseignants​ ​connectés​ ​:​ ​entre​ ​soi​ ​ou​ ​nouveaux acteurs​ ​de​ ​la​ ​formation​ ​?

    « Les​ ​collectifs​ ​d’enseignants​ ​connectés​ ​:​ ​entre​ ​soi​ ​ou​ ​nouveaux acteurs​ ​de​ ​la​ ​formation​ ​? » : sujet de la table ronde organisée à l’initiative de Fabien Hobart et Régis Forgione de l’association Twictée.

    Avec comme intervenants :
    Margarida Roméro :  directrice du laboratoire LINE à l’ESPE de Nice enseignant chercheur
    Roberto Gauvin : directeur d’école Nouveau-Brunswick Canada,
    Pascale Montrol-Amouroux : Cheffe du Département des usages et de la valorisation des pratiques (DNE, MENESR).
    Animateurs : Régis Forgione et Fabien Hobart

    Les collectifs d’enseignants connectés : entre soi ou nouveaux acteurs de la formation ?»
    Le développement des solutions numériques domestiques et la volonté politique d’assurer la mutation numérique de l’École ont vu les modes de collaboration entre enseignants se transformer.
    La “socialisation” de ces derniers n’est plus le simple fait de rencontres professionnelles parfois subies au sein des lieux d’enseignement, mais tient également de regroupements volontaires autour de projets et de valeurs partagées dans des collectifs enseignants connectés.

    Que cela se fasse autour de dispositifs pédagogiques spécifiques, de domaines disciplinaires ou de modèles d’action enseignante, qu’apportent réellement les collectifs enseignants à l’École et plus particulièrement à la formation des enseignants ? Quel devenir pour ces collectifs, quel accueil réservé par les autres acteurs de la formation ? Leurs moyens mais également les limites de leur action ? Ces mouvements reposent-ils sur l’engagement voire la connivence d’un petit nombre ou est-il possible d’imaginer un passage à l’échelle pouvant répondre aux besoins de formation du plus grand nombre de praticiens dans un mouvement d’encerclement positif ?

    Les animateurs remercient Heloïse Dufour pour l’aide à la préparation de cette table ronde.

    Les intervenants sont invités à donner chacun leur propre définition de la communauté d’enseignants. Pour Margarida Roméro, la communauté rassemble une multiplicité de profils qui animent ces structures. Ce sont en plus de la fonction professionnelle de vrais réseaux de soutien socio-émotionnel et technique.

    Pascale Montrol-Amouroux définit ces groupes d’enseignants comme redéfinissant le métier d’enseignant. Ces communautés existent depuis longtemps (Sesamath, Clionautes…) mais le numérique a permis de développer pléthore de nouveaux collectifs. Elle préfère d’ailleurs le terme collectif à communauté. Redessiner son métier aux cotés de l’institution.
    Roberto Gauvin propose la métaphore de l’amateur de papillon qui vit seul sa passion au quotidien. Les réseaux nous permettent de nous rencontrer :

    “nous marchons sur notre fil twitter à Ludovia”.

    L’Appui est fort grâce aux réseaux sociaux .

    Pascale Montrol Amouroux note l’hybridation de ces collectifs proposant ressources labellisées et ressources proposées par les enseignants . Il s’agit de ne pas opposer les deux qui sont chacun enrichissant.

    Pour Margarida Roméro, la Recherche a toute sa place sur les réseaux et dans les communautés enseignantes: être présent sur un réseau, c’est un acte volontaire pour se connecter avec d’autres enseignants. Notre fonction dans la journée n’est pas forcément notre principale casquette sur le réseau qui propose un mélange des enseignants et des niveaux sans le cloisonnement classique supposé par l’Education Nationale.

    Le réseau social pour Roberto Gauvin, c’est le “buffet du restaurant chinois” : nous y trouvons pléthore de ressources et de contacts où chaque enseignant fait son marché . On doit responsabiliser l’enseignant pour le guider dans ses choix.

    A la question “quelle est la genèse et les causes de la constitution de ces collectifs ?”…

    Les intervenants notent une quête de réponses aux questionnements de l’enseignant. Le collectif enseignant est un des lieux où il peut trouver facilement ces réponses ; L’enseignant ose sur les réseaux sociaux ces questions.

    C’est aussi la possibilité forte d’y trouver du soutien, du partage, de la reconnaissance quand l’Institution peine à le faire.

    Il s’agit d’un encerclement positif quand on entre sur un réseau surtout pour les enseignants isolés dans leur école.

    A la question “quel avenir pour ces collectifs ? “

    Les intervenants notent que rapidement les plus actifs de ces communautés supportent une surcharge de travail qui pourrait amener à l’essoufflement. P. Montrol Amouroux précise que l’institution doit montrer qu’elle s’inspire des collectifs d’enseignants et qu’elle peut s’appuyer sur eux. La DNE y travaille mais en gardant la conviction qu’un collectif n’est pas une institution et qu’il ne faut surtout pas l’institutionnaliser.

    La valorisation de ceux qui “laissent des traces” est pour Roberto Gauvin essentielle. Les réseaux sociaux nous permettent une démocratisation de l’accès à l’information mais il s’agit de ne pas oublier qui permet cette démocratisation. Margarida Roméro appuie cet argument estimant qu’ institutionnaliser représenterait un risque pour la liberté pédagogique de l’enseignant.

    La frontière entre l’Institution et les collectifs d’enseignants n’en est pas réellement une selon P. Montrol Amouroux: beaucoup de journées de formation propose un mélange comme les Rencontres de l’Orme, Ecritech, les Boussoles du numérique….

    R.Gauvin expose le dispositif “communauté d’apprentissage professionnel” au Canada qui permettent à des enseignants de rencontrer régulièrement des professionnels sur un temps reconnu et valorisé par l’institution .

    A la question “ comment gérer son identité quand on fait partie de plusieurs collectifs ?”

    Tous les intervenants s’accordent à répondre que ce n’est pas une difficulté mais au contraire une opportunité. Cette question amène à une réflexion plus profonde que doit se poser l’enseignant présent sur les réseaux sociaux : celle de son identité numérique surtout quand on se présente sous une identité d’association . R. Gauvin estime qu’il faut cloisonner nos usages et les traces selon les réseaux.

    A la question “Quel est l’avenir des ces communautés, P. Montol Amouroux suppose qu’on assistera à une mutation plutôt qu’imaginer une fin. Les communautés sont poreuses et ne doivent pas se figer dans un modèle qui serait in fine réducteur et leur permettait pas d’évoluer.
    La question des ressources des éditeurs se pose : il s’agirait que les ressources pléthoriques proposées par les collectifs ne soient pas récupérées par des éditeurs qui profiteraient de ces productions.

    Auteur du compte-rendu : Laurence Juin.

  • Disposer d’outils pour que chacun informe, participe au collectif, échange et partage suffit-il ?

    Disposer d’outils pour que chacun informe, participe au collectif, échange et partage suffit-il ?

    « Partage, échange et contribution : quelles sont les solutions apportées par les producteurs de ressources numériques pédagogiques ? »

    Si le numérique porte la promesse d’enseignements et d’apprentissages enrichis / augmentés, d’une plus grande interactivité et d’un meilleur engagement des enseignants et des élèves et s’il contribue ainsi aux compétences et connaissances du XXIe siècle, quels sont les enjeux et les réponses apportées par chacun dans la conception, la production et la diffusion des ressources ?

    Disposer d’outils pour que chacun informe, participe au collectif, échange et partage suffit-il ?

    Intervenants : Margarida Roméro directrice du laboratoire LINE à l’ESPE de Nice enseignant chercheur, Alain Thillay direction du Numérique pour l’Education, Aurélie Houette Bayard, Nicolas Olivier enseignant d’éducation musicale et chant chorales AC Toulouse.

    Animateurs : François Jourde et Nicolas le Luherne.

    Ressource, ressource, est-ce-que j’ai une gueule de ressource ?!

    À partir du moment où une ressource est publiée, partagée, elle porte en elle la notion d’obsolescence technique, question abordée d’entrée de jeu par Margarida, et nous posons aussi la question de l’obsolescence des contenus de cette ressource.
    Voilà qui complexifie la tâche de l’acheteur public, doté d’une vision sur 3 à 5 ans, décourage les créateurs et les enseignants et élèves utilisant ces ressources.
    Est-ce que l’obsolescence fait partie du calcul d’investissement ?

    Pourtant, cette échelle de temps, de 3 à 5 ans est celle communément admise pour connaître, s’approprier de façon mature une ressource.
    Face à cette obsolescence existe la mise à jour. Mais voilà. Cette mise à jour entraîne une autre notion : celle du modèle économique, car elle a un coût.

    Margarida suggérait la notion de low-tech, possible partie d’une solution anti-obsolescence ?
    La ressource devient d’autant plus dépassée qu’elle est figée, monolithique, non modifiable. La ressource est unique et l’usage est multiple.
    Les ressources sont-elles conçues pour une consommation passive ou pour permettre une co-construction et la diffusion par les enseignants et les apprenants ?

    Alain Thillay évoque l’idée du “clé en main”, cette notion que l’on fustige et que l’on réclame. Souvent rejetée dans les discours mais quand des aménagements sont possibles peu s’y engagent, car le coût en temps et en énergie n’est pas négligeable.

    A quel point la ressource engage, permet de développer l’action, la recherche, le questionnement ?
    Le problème des droits pour réutilisation et partage est posé par les éditeurs soumis aux droits d’auteurs.

    Quelle part de granularité, pour permettre le “picorage” ?
    Le Socle commun est essentiel, on n’est pas que sur la personnalisation, il faut aussi respecter le bien commun (lui aussi), tout en respectant la liberté pédagogique.
    Mettre des ressources à disposition ne suffit pas pour qu’elles soient utilisées ! La découvrabilité est essentielle, via l’indexation, le hasard aussi… encore faut-il connaître déjà l’existence des ressources et qu’elles soient accessibles. La création d’un compte de façon simple, une connexion effective et suffisante, la possibilité d’usages hors ligne, l’adaptation aux besoins particuliers… tout cela compte.

    Nicolas Olivier, du collectif Edmus cite Youtube comme plateforme de partage avec ses élèves, par la facilité offerte et la possibilité d’action immédiate, celle permettant d’essayer, avancer et faire ensemble, diffuser hors les murs… Un accès facilité mais une question des droits compliquée.
    Quelles proposition des producteurs ? On parle de marché « non mature », y-a-t-il trop de ressources ? Pourtant les contenus mis à disposition par les instances publiques ou privées ne sont pas connues. N’oublions pas que la découverte d’une ressource implique un coût en temps et en énergie.

    Dans la notion de mise à disposition, y a-t-il la notion d’engagement, de suivi, de “service après usage” ?
    De quel écosystème parle-t-on lorsqu’il est question de ressource ? L’enseignant, l’élève, sa famille, l’institution locale et nationale, l’éditeur ? Comment cet écosystème est-il articulé ? Quelles sont les données de pilotage et comment sont-elles diffusées ?

    Les profs sont aussi créateurs de ressources individuellement ou via des collectifs, des réseaux, comme le soulignait Nicolas Olivier d’Edmus, comment et à quelle échelle ces ressources sont-elles partagées, augmentées ?

    La reconnaissance de ce travail par l’institution est une question qui n’est souvent même pas abordée… On ne peut pourtant qu’être bluffé par le dynamisme et l’enthousiasme générés par un projet comme “Survive on Mars”, lancé par des professeurs de lycée et adopté maintenant aussi par des profs des écoles. Multidisciplinaire, interdegré, contributif et participatif ce projet est assurément créateur de ressources de qualité, élaborées par des enseignants et leurs élèves au fur et à mesure de leurs besoins.

    Nous voilà avec beaucoup de questions encore sans réponse concernant les ressources pédagogiques, le marché ne serait pas “mature” en France… mais cela explique-t-il vraiment toutes ces problématiques complexes ??? Une affaire à suivre…

    Lien vers les tweets : https://twitter.com/i/moments/900392151519027200
    Synthèse rédigée par Jennifer Elbaz et Stéphanie de Vanssay

    L’avis du public, collecté en direct, le nuage de mot généré par le public au début de la table ronde pour définir la notion de ressource et les questions posées à la fin de l’échange, le tout en image :

              

  • Quand la pédagogie hacke les espaces scolaires

    Quand la pédagogie hacke les espaces scolaires

    Comment permettre aux différents acteurs de l’École de repenser la forme scolaire (aménagement, architecture, espace) pour tenir compte des nouvelles démarches pédagogiques induites en particulier par les technologies numériques ? Le développement des environnements numériques dans les écoles et les établissements scolaires et la volonté de développer les approches pédagogiques innovantes modifie les situations d’apprentissage et interrogent l’organisation des espaces et des temps au sein de l’École. Est-il encore possible d’enseigner au XXIème siècle dans des salles de classes et des Écoles à l’architecture héritée du XIXème siècle ?

    Table ronde retransmise en direct en vidéo (désolé pour les quelques minutes de démarrage sans le son, qui revient après…)

    Intervenants : Roberto Gauvin (@gauviroo) directeur d’école Nouveau Brunswick Canada, Christophe Caron (@chcaron80) DNE, Bruno Vergnes (@bvergnes) enseignant dans l’académie de Bordeaux et Vincent Faillet, (@VFaillet) enseignant dans l’académie de Paris.

    Animateur : Catherine Becchetti-Bizot Inspectrice Générale

    Moins je parle, plus ils travaillent et plus ils apprennent

    La traditionnelle salle de classe n’a guère changé depuis le XVIIIe siècle, c’est à dire depuis que l’enseignement simultané porté par Jean de LaSalle s’était imposé (pour des raisons économiques) face à l’enseignement individuel. Le modèle de la traditionnelle “classe en autobus”se trouve dans les nefs des églises, dans laquelle les “fidèles élèves” devaient se tenir assis, immobiles et silencieux pour écouter la parole sacrée du maître.

    Si cet aménagement traditionnel s’est perpétué jusqu’à nous, la pédagogie descendante qu’il induit a souvent été contesté. L’École du XXIe siècle, qui se donne pour but de former des citoyens émancipés et autonomes, s’y sent littéralement à l’étroit. Mais vouloir changer l’organisation matérielle de la classe c’est prendre le risque de heurter les sensibilités de ses collègues, de sa hiérarchie. C’est difficile quand on est soi même en recherche d’un espace adapté à ce qu’on veut y faire.

    Il existe une interaction forte entre espace et pédagogie et la variété des “lieux” doit correspondre à la variété des temps et des modalités pédagogiques. “

    C’est d’ailleurs ce qui a poussé Bruno Vergnes ou Vincent Faillet à organiser différemment l’espace de leurs classes, en collaboration avec ses élèves. Le premier en aménageant les espaces en fonction de l’autonomie de ses collégiens, le second en s’inspirant de l’école mutuelle et en laissant les élèves s’organiser.

    Il n’existe pas de loi fondamentale qui dise que pour apprendre, l’élève doit être assis, immobile et silencieux.

    Modifier les espaces scolaires, c’est aussi permettre de faire émerger dans l’espace de la classe un élément dont on tenait rarement compte jusqu’à présent : le corps de l’élève. Si l’on est toujours attentif à ses besoins de sécurité, on l’est parfois moins concernant son besoin de bien-être en terme de lumière, de confort, de posture… La très grande majorité des salles de classes ne permet pas à l’élève de bouger, d’agir en autonomie, d’échanger avec ses pairs, d’écrire au tableau, de s’isoler…

    C’est pourquoi Bruno Vergnes a décidé d’organiser différemment l’espace de sa classe, organisation qui est appelée à évoluer cette année, en fonction des élèves.

    La pédagogie c’est du détournement, y compris des espaces et du mobilier

    Mais comment faire ? Tous les intervenants soulignent qu’il ne faut pas attendre d’obtenir des équipements sophistiqués pour commencer à transformer l’espace de la classe mais de le faire d’abord avec ce dont on dispose. Faire appel à la communauté éducative, dans toute sa richesse (familles, artisans locaux…), est d’ailleurs un excellent moyen de fédérer un village ou un quartier autour d’un projet scolaire. On peut ainsi récupérer du matériel d’occasion, trouver des bénévoles pour repeindre une salle de classe… Les parents peuvent aider à l’école en dehors des sorties scolaires !

    On peut détourner les lieux (les couloirs, la salle de restauration par exemple) et les matériels (les mange-debout de la cafétéria…). Vincent Faillet raconte les nappes en papier scotchées au mur qui lui ont permis de vérifier la pertinence de son dispositif d’enseignement mutuel et de préfigurer les tableaux blancs qu’il a ensuite pu installer dans sa salle.

    Roberto Gauvin insiste sur la notion de besoin pédagogique. Il faut avant toute chose être très clair sur ce que l’on veut faire en classe avant de s’équiper. L’inverse a bien peu de chance d’être efficace. Et quand on voit ce que les élèves ont présenté lors de l’événement #Clair2017, on ne peut qu’être d’accord.

    Documenter pour essaimer

    Toutes ces initiatives ont vocation à être mutualisées. C’est pourquoi le ministère de l’éducation nationale a initié le projet “ArchiCl@sse” en collaboration avec la Cité du design de Saint-Étienne, afin d’élaborer des outils qui permettent à la communauté éducative d’être plus efficace et pertinente dans l’aménagement des espaces scolaires. Ces outils ne sont encore que des documents de travail, mais seront bientôt disponibles sur Eduscol.

    Pour aller plus loin :

    Auteurs de la synthèse : Stéphanie de Vanssay et Mila Saint Anne

    Le Moment avec tous les tweets émis pendant la table ronde à retrouver ici : https://twitter.com/i/moments/900664694578581504

  • Le partage, les échanges, la collaboration : le numérique, un puissant levier de formation

    Le partage, les échanges, la collaboration : le numérique, un puissant levier de formation

    Compte-rendu de la table ronde sur les « pratiques pédagogiques » qui a eu lieu pendant Ludovia#14 à Ax-les-thermes le jeudi 24 août.

    Table ronde diffusée en direct et disponible en vidéo.

    Problématique :
    Partager, échanger, contribuer, participer, ces activités ont toujours été au cœur des pratiques actives ; les environnements numériques ont augmenté considérablement les possibilités de les mettre en œuvre. Comment les outils de la collaboration du partage participent-ils à donner du sens aux apprentissages des élèves de la maternelle au lycée ?

    Les pratiques de collaboration, de partage sont des étapes nécessaires de l’apprentissage.  En quoi le numérique permet-il  d’entrer progressivement et activement dans l’appropriation des savoirs, compétences et des connaissances attendues ?
    En quoi « collaborer, participer, contribuer »  enrichit  et transforme  les situations d’apprentissage des  élèves et  les modalités de formation des enseignants ?

    Intervenant.e.s : Marcel Lebrun enseignant chercheur, Sophie Edouard enseignante experte à la DNE en physique-chimie, Marc Lopes formateur premier degré et Florence Raffin enseignante AC Poitiers
    Animatrice : Sabrina Caliaros, DAN de l’académie de Bordeaux (et DAN de l’académie de Montpellier à compter du 1er septembre 2017).

    Le numérique, une condition nécessaire mais qui n’est pas suffisante.

    La classe inversée est trop souvent réduite à la maxime « le cours à la maison, les exercices en cours ». Or depuis l’émergence de ce concept il s’est vu enrichi et amplifié par les pratiques des enseignants et les classes inversées devraient plutôt être décrites comme une façon de « redonner du sens à la présence » ainsi que l’explique Marcel Lebrun.

    L’enseignant construit son cours comme un voyage, avec ses imprévus, et réfléchit en terme d’activité des élèves. Les classes inversées, grâce au numérique renforcent le travail d’équipe, que ce soit à l’échelle d’une classe, d’un établissement, d’une association professionnelle… L’école s’ouvre à la société.

    Pour une intégration raisonnée du numérique

    L’entrée du numérique dans les programmes du cycle 1 a pu effrayer car les potentiels effets néfastes sur les enfants sont estimés à l’aune des pratiques numériques familiales. On sait que trop souvent, et dès le plus jeune âge, les enfants sont laissés, trop longtemps, seuls avec des équipements numériques : tablettes, smartphones…

    L’intention de l’institution n’est bien sûr pas de transposer dans les salles de classes ce type d’usage solitaire et mutique, mais au contraire de proposer des parenthèses numériques et des usages collaboratifs, coopératifs. Les tablettes permettent de travailler les compétences langagières, très souvent en groupe, d’organiser les échanges entre pairs ou avec les adultes, de structurer la pensée narrative.
    Cela exige bien entendu des gestes professionnels pour animer le groupe d’élèves et favoriser les échanges.

    Des formations plus efficaces

    Les formations numériques à distances ou les dispositifs hybrides interrogent la place de l’enseignant dans la formation continue. S’engager et s’impliquer dans une formation professionnelle n’est pas ancrée dans la culture enseignante. Or on constate que les formation hybrides (type M@gistère) entraînent une plus grande participation des stagiaires, en particulier quand il est question de mutualiser dans le cadre d’un groupe identifié.

    C’est sans doute dans ce sentiment d’appartenance à un groupe réflexif de professionnels, dans le suivi des activités via les plateformes de mutualisation et dans la relation horizontale entre formés et formateurs qu’il faut chercher les raisons de cette efficacité renforcée.

    Produire et mutualiser des ressources

    Les environnements numériques ont augmenté et enrichi les possibilités de mutualisation. Depuis plus de 10 ans, les TRavaux Académiques Mutualisés (TRaAMs ) offrent la possibilité aux équipes de différentes académies de travailler et d’enrichir leur réflexion autour de projets communs. Les enseignants se sentent souvent isolés, ces travaux leur permettent de s’inscrire dans une démarche collaborative et de participer à un projet commun.

    Outre la production et la mutualisation de ressources, les TRaAMs sont d’excellents laboratoires de création et d’échange entre classes.

    Cette démarche est d’autant plus pertinente que les différentes évaluations internationales (PISA, TIMSS, PIRLS) intègrent désormais une vision enrichie de l’évaluation, autour des compétences de réflexion, d’expérimentation, d’habileté à utiliser des simulations ou à développer une démarche de recherche.

    Faut-il avoir peur du numérique ?

    Le numérique ne remplacera jamais l’enseignant. Mais le numérique permet aux enseignants de libérer du temps pour être plus efficace dans leurs classes, auprès des élèves qui en ont le plus besoin.
    La progression dans l’intégration des outils numérique a été modélisée par Ruben R. Puentedura : c’est le modèle SAMR (Substitution, Augmentation, Modification et Redéfinition).

    Au départ l’enseignant transpose une tâche de l’analogique au numérique (la vidéo du cours par exemple) sans la modifier. Il va ensuite ajouter des situations au sein de la classe (par le BYOD par exemple), avant de commencer à proposer des situations pédagogiques différentes. Ce n’est qu’ensuite qu’il pourra mettre en œuvre des pratiques inédites pour lesquelles le numérique est indispensable.

    « Avant j’enseignais. Aujourd’hui, je crée des situations d’apprentissage. »

    La nouvelle posture de l’enseignant (et celle de l’élève!) induite par le numérique est parfois déstabilisante. Mais elle procure une réelle plus-value quant à la motivation. Non seulement parce qu’elle aurait l’attrait de la nouveauté ou parce qu’elle utiliserait des outils familiers pour les élèves, mais bien parce qu’en utilisant des méthodes pédagogiques dites « actives », elle agit sur des leviers forts en matière d’apprentissage.

    C’est en 1994 que Paris et Turner définissent les « 4 C », proches des facteurs de motivation de R. Viaud. Ces « 4C » sont le Choix, le Challenge, le Contrôle et la Coopération. Il s’agit d’offrir un espace de liberté aux élèves, de leur proposer des défis et des travaux coopératifs dans un cadre défini et rassurant, clairement borné par l’enseignant. On peut le réaliser sans le numérique, mais le numérique (par exemple dans le cadre des classes inversées) est parfois indispensable. Faisons confiance aux élèves et aux enseignants !

    Auteur de la synthèse : Mila Saint Anne

    Pour aller plus loin :
    Les TRaAMs présentés sur Eduscol
    Les Édubases
    Le blog de Marcel Lebrun
    Le portail de l’association Inversons la classe !

    Dessin à la une : @CIREBOX

  • Dépasser les (seuls) geeks ! Construire une formation au numérique pour toutes et tous

    Dépasser les (seuls) geeks ! Construire une formation au numérique pour toutes et tous

    Un barcamp très productif sur la formation au numérique, qui a posé les enjeux, les obstacles à la généralisation de cette formation, mais qui a aussi fait émerger des éléments de solution.

    Dans une ambiance sonore assez surchargée, Florence Canet, docteure en science de l’éducation et membre de la DAFPEN de l’académie de Toulouse, Martial Gavaland, professeur de Physique-chimie de l’académie de Nantes, Stéphane Agniel de l’académie de Montpellier et Lyonel Kaufmann, professeur formateur à la Haute Ecole Pédagogique du canton de Vaud, ont animé un barcamp sur la formation.

    Ce thème a mis du temps à arriver dans les programmes de Ludovia, mais elle y a pris sa place depuis 2015.

    Lyonel propose de réfléchir autour de quelques axes : qui sont les acteurs de la formation au numérique ? Comment articuler la verticalité de la formation avec l’horizontalité induite par le numérique ? Comment articuler cette formation au numérique avec les dispositifs pédagogiques qui émergent à l’école, avec les modèles traditionnels de la formation ? Pour participer à ce barcamp, une bonne vingtaine de formateurs du primaire, du secondaire et du supérieur très motivés.

    Le dispositif technique mis en place par Prométhéan avec l’aide de Christine a, pour une fois, participé au bon déroulement des échanges grâce à des boitiers de participation (un modèle qui n’est plus vendu, tant pis pour les affaires) qui permettaient à l’assistance de participer au remue-méninge, et à un tableau interactif sur lequel les mots-clefs étaient affichés puis classés.

    Des participants concentrés sur les boîtiers de participation.

    Quels sont les moteurs de la formation au numérique ?

    Les mots choisis par les personnes présentes pour répondre à cette question étaient révélateurs : parmi les acteurs moteurs de la formation au numérique évoqués, on retrouve les pairs autour des notions de collaboration, de co-formation, de partage de compétences et de mutualisation. Mais on ne retrouve étrangement pas les acteurs « pilotes » : le chef d’établissement, l’état ont été « oubliés ». En fait, cela démontre une conception horizontale de cette formation.

    Une participante évoque la question de l’intelligence collective dans laquelle se retrouvent des personnels différents. Elle propose de faire des formations non seulement interdisciplinaires, mais aussi intercatégorielles pour bousculer la verticalité, intégrer les différents types de personnels, les parents, les élèves etc… voire interdegré.

    Quels sont les freins à la formation au numérique ?

    Les questions matérielles sont un frein. Le manque de matériel, d’argent, de fiabilité technique, ainsi que le manque de maîtrise des technologies sont revenus dans les mots-clefs, alors qu’on constate que les enseignants boudent l’entrée technique des formations et lui préfèrent une entrée pédagogique. On pourrait pourtant imaginer que transmettre le numérique pourrait faciliter la transmission par le numérique…

    Les enseignants ont une vision du numérique qui met de côté les contenus, oublie les savoirs, transforment l’école en lieu d’animation. Le numérique est ainsi pour certains enseignants le cheval de Troie qui pourrait transformer l’école et modifier la posture de l’enseignant dans laquelle ils se sont installés.

    D’ailleurs le mot peur revient souvent. Peur pour son métier, peur de l’échec, peur du temps passé, peur de s’exposer… Le numérique induit en effet une prise de risque plus importante, notamment le risque didactique. Par ailleurs, le mot formation n’induit-il pas des modèles qui forment un cadre trop contraignant, lié au mot « formatage »? Il vaudrait mieux.

    Comment lever les peurs ?

    L’accompagnement est un mot qui est beaucoup apparu sur le tableau. Il doit répondre aux besoins, qu’il faut faire émerger et à partir desquels il faut construire la formation.
    Le problème du temps est crucial : la journée de formation fait 6 ou 7 heures, durant lesquels le formateur est attentif à accompagner. Mais lorsque la journée est finie, les jours suivants, l’enseignant se retrouve seul face aux difficultés, notamment la difficulté de transférer les compétences acquises dans un environnement numérique différent.

    L’échelle locale semble être une échelle pertinente pour former au numérique ces enseignants peu assurés et peu autonomes. Former les équipes de manière intercatégorielle dans les établissements permet de répondre à des besoins, de créer des communautés apprenantes dans lesquelles les plus aguerris et les plus dégourdis pourront accompagner les autres. Ainsi le formateur numérique n’aurait plus de raison d’être. Attention : cela signifie aussi qu’il faut accepter de laisser en friche les établissements qui ne font pas émerger de besoin…

    Les éléments de solution pour lever les freins à la formation ont donc été nombreux et les participants de ce barcamp en sont sortis très satisfaits. L’un d’entre eux fait remarquer un grand absent des discussions : M@gistère, plateforme de formation hybride du ministère de l’éducation nationale, qui héberge pourtant de nombreux parcours dédiés à la formation numérique. Une absence qui devrait faire réfléchir…

    Auteur de la synthèse : Caroline Jouneau-Sion, enseignante et blogueuse Ludovia#14.

  • Culture numérique et codes : “entre Humanisme et Dataïsme”

    Culture numérique et codes : “entre Humanisme et Dataïsme”

    Le temps d’une table ronde sur Ludovia#14, les intervenants canadiens et français exposent et échangent leurs points de vue et réflexions autour des notions de culture numérique et d’apprentissage du code à l’école.

    Les intervenants :
    Le grand témoin : Thierry Karsenti : Titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les technologies en éducation. Professeur à la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université de Montréal.

    Delphine Barbirati : professeure de lettres classiques, chargée de mission pour une délégation académique au numérique, aujourd’hui formatrice et détachée auprès d’un organisme de formations comme responsable de formations chargée d’ingénierie de formation

    Eric Hitier : Enseignant du premier degré dans une école rurale en proche périphérie de Tours depuis 8 ans, Il est également certifié en cinéma et audiovisuel, ce qui lui permet de mener dans sa classe des activités de pratiques diverses autour de l’image fixe et animée.

    Luis Galindo : Doctorant au laboratoire TECHNÉ à l’Université de Poitiers, il est en charge du projet REMASCO, pour reconcevoir et réinventer le manuel scolaire à l’ère du numérique.
    Site web : http://www.luisgalindo.me/

    Animation de la table-ronde : François Jourde et Nicolas Le Luherne

    Introduction de la thématique de la table-ronde

    Le numérique, dont l’ADN est le code, est un environnement culturel et technique.

    Le numérique se définit à la fois comme un environnement sociétal et culturel en pleine mutation, auquel chacun doit pouvoir s’adapter pour progresser, et comme un ensemble d’outils potentiellement facilitateurs pour le développement professionnel et personnel à tous les âges – à condition qu’on en maîtrise les logiques, les mécanismes et les enjeux” (rapport Becchetti-Bizot, Houzel et Taddei, 2013).

    Le numérique entrelace ainsi le socio-culturel et l’instrumental : “on ne peut pas penser un changement technologique hors-sol, […] la technologie est toujours le produit d’une société, qu’elle modifie en retour” (Philippe Silberzhan).
    Dès lors, doit-on comme certains annoncer la fin de l’humanisme et l’ouverture de la nouvelle ère du “dataisme” ?
    La table ronde était interactive grâce à l’application mise à disposition du public

    https://my.beekast.com/kast/p/ludovia/fd210818-2431-44ed-9a86-3339a3ddf8ca/post

    Question : quel est pour vous le mot clef “culture numérique” ?

    Pour Thierry  Karsenti, grand témoin, la notion de culture numérique :

    Karsenti s’arrête sur l’histoire. En premier lieu, on a connu l’enseignement de l’informatique à l’école. Après il y a eu des cours de NTI (nouvelles technologies). Aujourd’hui on l’a remplacé par la culture numérique. Sans entrer dans la sémantique, on est passé de l’informatique au numérique en passant par les NTI.

    En parlant de culture, on infère qu’il y aurait un déficit de la part des élèves. Marchandise (2016) parle de plusieurs cultures numériques. Karsenti en retient deux :

    • culture informatique (ex. Apprendre à coder),
    • culture de l’information (ex. Maîtrise de l’abondance)

    La question du code : plusieurs outils qu’on utilise au quotidien contiennent du code. Le code est-il en train d’amorcer une révolution dans la culture scolaire ? Aujourd’hui, on cherche à initier un apprentissage du code à l’école en Amérique du Nord. Mais T. Karsenti note deux freins : le 1er est logistique et le 2ème pose la question de  l’indépendance de l’école face à l’industrie du numérique.

    Pour apprendre à coder, de nombreux outils sont à disposition. Pour apprendre à coder : il rappelle que de nombreux outils sont gratuits qu’il a listés : ici. Code.org est une interface gratuite pour apprendre à coder. Ça résout pour lui le frein de l’accessibilité.

    Concernant la question des avantages éducatifs, 40 impacts positifs ont été identifiés par la recherche dont la motivation, les mathématiques, la résolution de problèmes, l’autonomie, la collaboration. Les avantages du code sont amplifiés lorsqu’on utilise un robot. Le robot humanoïde témoigne de l’effort réalisé par l’élève. Le code permet de mieux comprendre ce monde numérique dans lequel nous nous mouvons.

    Karsenti note qu’il y a amplifications des avantages quand on code avec un robot.

    En conclusion : l’apprentissage du code est, selon lui essentiel  “pour comprendre une partie du monde dans lequel on vit et mieux s’y préparer”.

    Evolution du nuage de mots :

    Question de Nicolas Le Luherne

    Pierre Mounier dans un article intitulé « Les Humanités numériques, gadget ou projet », pour la Revue Le Crieur de juin 2017 écrit :

    Au diable la psychologie, l’économie, la sociologie…La calculabilité universelle se substitue au long détours de la compréhension en profondeur ; il ne s’agit plus de comprendre mais de prédire.

    Est-ce que l’algorithme et sa puissance de calcul sonne la fin de la culture et des modèles culturels en tant qu’objet de compréhension du monde ? Quels sont les enjeux de la culture numérique ?

    Réponse de Luis Galindo :

    On peut utiliser de manière complètement différente le big data pour mieux comprendre le monde. Il faut modifier sa manière d’être.
    L’apprentissage du code prépare t-il le prolétariat du XXIème siècle?
    Il faut mélanger les disciplines autour du code, ce qui permet d’envisager des nouvelles manière de les associer.

    Question de N. Le Luherne : Quels sont les enjeux de la culture numérique ?

    La culture numérique ne suppose pas qu’on devienne professionnel : apprendre à coder ne suppose pas qu’on devienne codeur.
    Luis Galindo relate des expérimentations pédagogiques où le code est invisible mais nécessaire pour réaliser l’expérience.

    Question à Delphine Barbirati:

    En quoi le code, l’algorithme et la base de données sont-ils essentiels à la culture numérique ? À la construction du goût, du beau et de l’esprit critique ?
    L’essentiel est la culture numérique et la réflexion critique avec une participation active de l’élève.
    La connaissance des algorithmes est nécessaire pour mieux comprendre, critiquer, agir et ne pas subir.

    A propos du  logiciel NationBuilder sur lequel elle est interrogée, elle revient sur la nécessité de former l’élève à l’esprit critique et la réflexion numérique. Il est important de donner accès au code pour donner l’accès à tous à la culture numérique

    Question à Eric Hitier :

    En quoi le code, les datas ou les captas ( en tant que données pour lesquelles on prend l’affect) augmentent et modifient le champ des possibles ? Quels sont ces nouveaux champs en classe  ?
    Il faut penser l’éducation à la culture numérique comme un projet global avec des données matérielles et immatérielles.

    Trois questions : pour qui, pourquoi et comment ?

    Dans le projet global de l’apprentissage du code, la dimension de l’innovation sociale est sous estimée selon Eric Hitier.
    La question de la posture physique doit se poser : comment physiquement apprend t-on le mieux? Les émotions et le ressenti sont à intégrer.
    A partir du mur : nous parlons de code, n’y a-t-il pas des codes ? Comment enseigner aussi cette diversité ? Jusqu’où aller ? La programmation atteint ses limites à un moment donné . La limite est sur le « terrain ».

    Luis Galindo précise qu’on peut avoir des murs, mais ne pas avoir de toit. Il y a le défi de la collaboration et du partage (deux mots-clés).

    Nicolas Le Luherne demande si apprendre le code, est-ce aussi faire le deuil de l’omniscience ? Ne pas supposer qu’on puisse apprendre toutes les formes de code.
    T. Karensti s’oppose aux propos d’E.Hitier : il pense qu’on ne doit pas mettre de limites technologiques aux élèves et qu’ils sont capables de développer des usages du code réservés jusqu’ici aux adultes.

    Questions du public

    • Est le retour du code alors qu’il semblait avoir été oublié avec des interfaces préprogrammées ?

    D. Barbirati estime que  la facilité technique acquise en informatique suppose aujourd’hui un besoin de connaissance et de codage pour ne pas être privée de liberté. C’est donc le retour de la technique qui donne une impression de balancier.

    • Peut-on apprendre à coder pour hacker positivement le système de l’intérieur et devenir un acteur du monde numérique et non simplement le subir ?

    Karsenti répond qu’il ne faut pas rendre la tâche de l’enseignant trop compliquée. On est d’abord sur une initiation au code. Il faut simplifier et ne pas “souffrir en éducation” .

    Eric Hitier relate l’expérience de hacking dans sa classe : www.thinglink.com

    • Comment  faire évoluer les compétences d’enseignants formés principalement au moment de leur formation initiale sur une carrière qui s’étale sur 40 ans ?

    Barbirati répond qu’il ne faut pas attendre de maîtriser tout le numérique pour que l’enseignant se lance. Il doit accepter de ne pas tout savoir et se mettre en difficulté

    Luis Galindo estime qu’il y a importance à se fixer des petits objectifs qui vont permettent ensuite d’élargir.

    • Doit on faire de la programmation une discipline à part entière ou l’intégrer à d’autres disciplines?

    Thierry Karsenti propose l’apprentissage du code comme discipline à part entière, mais enseignée de manière pluridisciplinaire. Il faut trouver un équilibre.

    Evolution du nuage de mots :

    • Y a t-il une limite au codage?

    Pour T. Karsenti , il faut rester ouvert dans le domaine de la psycho-pédagogie et rester attentif aux possibles addictions.

    Pour Luis Galindo : le problème n’est pas le codage mais l’accès à l’écran. L’apprentissage du code peut aussi passer sans écran.

    D. Barbirati informe qu’une enseignante de l’académie de Grenoble apprend à coder avec des légos à des enfants non voyants.

    Synthèse réalisée par Lyonel Kaufmann et Laurence Juin.