Catégorie : recherche

  • Les digital natives sont-ils des mutants?

    Les digital natives sont-ils des mutants?

    Thierry Venin a engagé une recherche sur les risques psychosociaux et les TIC à savoir le lien ou l’influence que peuvent avoir les TIC sur la pandémie du stress au travail.

    « Incidemment, je suis tombé sur des chiffres qui remettaient plutôt en cause un effet “digital natives“ attendu », explique t-il pour poursuivre :

    on vit sur le fantasme d’une génération montante qui, ayant vécu avec le numérique, serait particulièrement à l’aise avec le multitâche.

    En fait, tous les chiffres notamment du lien entre les TIC et le stress au travail invalident ce présupposé sur les “digital natives“ puisque « les générations montantes ont plutôt un taux de stress au travail supérieur aux générations sortantes ».
    Le constat de dire que les problèmes se résoudraient plus facilement avec des classes d’âge plus jeunes serait donc une utopie.

    A la vision de ces premiers résultats, Thierry Venin a approfondi ses recherches vers ce « fantasme », « afin de déterminer si nous n’étions pas dans une confusion entre une aisance aux outils et une réelle maîtrise de l’outil, ce qui est tout à fait autre chose », souligne t-il.

    Il nous donne quelques exemples très concrets de ce constat, notamment au travers divers réactions qu’il a pu noter lors de la panne mondiale du réseau Dropbox… très instructif ! A découvrir dans la vidéo ci-contre.

     

    Crédit CC photo à la une : Nathan Rupert San Diego shooter

  • Quel espace-temps pour le numérique en éducation ?

    Quel espace-temps pour le numérique en éducation ?

    La problématique était la suivante : le numérique dérange le monde scolaire et universitaire depuis bientôt trente années. Au fur et à mesure de cette confrontation, on commence à entrevoir des pistes d’évolution qui peuvent être explorées. C’est d’abord sur les nouveaux modes d’apprendre (approche cognitive) et ensuite sur les formes, les temps et les espaces de l’apprendre que l’on peut agir. De l’élève qui apprend à l’organisation apprenante : quel avenir de l’apprendre dans un monde numérique ?

    Bruno Devauchelle redéfinit cette problématique dans la vidéo ci-contre et nous résume les principaux points de son exposé.

    L’espace, un lieu d’apprentissage à redécouvrir

    « Est ce que ce que l’on voit aujourd’hui par les bâtiments et l’organisation fonctionnelle de l’Ecole, est encore adapté au monde d’aujourd’hui où l’usage du numérique est désormais immodéré, que ce soit par les jeunes ou les adultes, dans la vie privée ou dans la vie professionnelle ».

    L’enseignement peut-il être enfermé entre quatre murs, des murs qui ont été inventés au XIXème siècle ?

    Aujourd’hui, la problématique ne réside plus dans les matériels ou dans les équipements mais bien dans la forme des lieux et dans la forme pédagogique.

    Il y a un certain nombre de lieux qu’il faudrait détruire, souligne Bruno Devauchelle.

    Car ils ont été construits au départ autour d’un seul objet : la salle de classe.

    Il nuance son propos car il n’est pas question de détruire les établissements mais dans un premier temps, peut-être d’engager une réflexion sur le mobilier qui est investi pour les salles de classe, car « dans certains établissements, rien que le mobilier contraint la pédagogie ».

    « Les enseignants qui veulent utiliser des tablettes en classe, par exemples, modifient inévitablement les espaces d’enseignement », ajoute t-il.

    Le temps scolaire : initial mais pas final

    « Pendant très longtemps, on a conçu l’enseignement comme étant un temps dans lequel on acquiert une sorte de capital et que ce capital, on va le rentabiliser tout au long de la vie ».

    L’expérience antérieure au numérique a montré que cette théorie était un peu vaine…
    Depuis le milieu du XXème siècle, un phénomène nouveau est apparu : c’est l’accélération des travaux scientifiques, des travaux techniques et leur diffusion.

    « Malheureusement, la conception du temps d’enseignement comme étant un temps limité, en particulier par le passage dans le monde scolaire, n’est plus viable. Il faut donc envisager un temps beaucoup plus long », explique Bruno Devauchelle.

    Penser le temps scolaire comme étant un temps initial et final, c’est se tromper.

    Bruno Devauchelle préconiserait donc deux choses : garder des ouvertures pour la suite et préparer les élèves à cette « suite ».

    Or, pour l’instant, le mode d’évaluation n’est pas fait pour cela.

  • Numérique et éducation : mythe de l’autonomie des apprentissages

    Numérique et éducation : mythe de l’autonomie des apprentissages

    Peut-on concevoir des outils numériques qui vont prendre en compte la manière dont les gens apprennent, se comportent, interagissent et leur donner un “feedback“ qui soit adapté ?

    Franck Amadieu pose le débat de l’autonomie et définit cette notion de manière plus précise :
    est-ce que l’autonomie signifie d’être seul face à une tâche d’apprentissage sans avoir besoin de régulation extérieure, par exemple d’un enseignant ?

    L’autonomie dans les apprentissages n’est pas forcément facilitée par numérique.

    Franck Amadieu précise que, dans la réalité, les résultats sur cette notion d’autonomie facilitée avec les outils numériques, sont loin d’être très probants.

    « Lorsqu’on regarde la formation à distance, on s’aperçoit qu’il y a beaucoup d’échecs et beaucoup d’abandons dans des situations d’autonomie avec ces apprentissages numériques », souligne t-il.

    Il cite comme exemples les taux d’abandon dans les MOOCs qui sont le phénomène « à la mode », il est clair que « persévérer dans les tâches avec le numérique à distance, ce n’est pas si simple ».

    Il poursuit sa réflexion en citant d’autres travaux qui montrent que le fait d’être seul face à ce type d’outil amène à des apprentissages autorégulés, par l’apprenant et non par l’outil. C’est donc une certaine forme d’autonomie mais qui demande des compétences chez l’apprenant.

    Acquérir des compétences pour être autonome : une qualité de l’apprenant, pas celle des outils numériques.

    Franck Amadieu parle de compétences métacognitives pour les apprenants, c’est à dire « être capable d’avoir les bonnes stratégies, par exemple de planification de son apprentissage, d’adaptation face à des difficultés, d’aller chercher de nouvelles ressources etc ».

    La compétence d’autoévaluation est aussi très importante : « l’apprenant va t-il être capable de mesurer sa performance, de savoir si il apprend bien avec les outils à sa disposition » ?

    En résumé, pour être efficace côté apprenant avec les nouvelles technologies, il faut avoir les bonnes compétences. Celles-ci s’acquièrent par l’expérience et la pratique de l’apprenant mais également sont liées aux motivations qui le guident dans la voie de l’apprentissage.

    « Plus les gens sont engagés et plus ils sont persévérants ; cela contribue donc à l’autonomie car face à un échec, je n’abandonne pas », décrit Franck Amadieu.

    Enfin, comment le numérique peut-il prendre en compte ces exigences d’autonomie ?

    La réponse de Franck Amadieu en images, à la fin de la vidéo ci-contre…

    A suivre prochainement dans l’épisode 3 : André Tricot et le mythe du : « avec le numérique, ça va coûter moins cher » !

    Plus d’infos sur les auteurs :
    André Tricot est enseignant-chercheur en psychologie ; il exerce à l’ESPE de Toulouse et également au laboratoire CLLE (Cognition, Langues, Langage, Ergonomie) de l’Université de Toulouse Jean Jaurès.
    Franck Amadieu est enseignant-chercheur en psychologie cognitive, Maître de conférences et exerce également au laboratoire CLLE (Cognition, Langues, Langage, Ergonomie) de l’Université de Toulouse Jean Jaurès.

    Revoir le premier épisode de la série « Rendre les savoirs plus accessibles avec le numérique : la fin de l’enseignement ? »

     

  • Rendre les savoirs plus accessibles avec le numérique : la fin de l’enseignement ?

    Rendre les savoirs plus accessibles avec le numérique : la fin de l’enseignement ?

     

    Beaucoup de mythes se sont développés autour de l’idée que les machines allaient enseigner et allaient piloter l’apprentissage, introduit André Tricot.

    La machine, le « faux » remplaçant de l’être humain

    Aujourd’hui il explique que le problème se pose autrement : « on conçoit des environnements informatiques et humains d’apprentissage ».
    Dans cet environnement se trouvent un ou plusieurs enseignants, des élèves qui interagissent entre eux et une ressource.

    « Ce qu’il faut réussir, c’est l’interaction élèves, enseignants et ressources pour créer cette relation en triangle dans laquelle on assigne bien à la machine, le statut d’outil », poursuit-il.

    De cette manière, les potentialités de l’outil pourront être beaucoup mieux exploitées, beaucoup plus que « lorsqu’on veut faire jouer à l’outil le rôle de remplaçant de l’être humain », ajoute André Tricot.

    Comme exemple de relation élève-machine et élève-enseignant, André Tricot prend le cas du diagnostic qui fait ressortir les difficultés d’un élève.

    Pour l’enseignant, pas de soucis pour repérer les difficultés d’un élève à la manière dont il réalise un exercice, « et surtout de diagnostiquer d’où vient l’erreur, parce qu’il connaît son élève », précise André Tricot ; par contre, pour la machine, impossible d’établir un diagnostic similaire « car nous ne savons pas le programmer ou alors à des coûts exorbitants pour n’obtenir que de légers diagnostics ».

    Economiser les besoins en enseignement grâce à une meilleure accessibilité aux savoirs par le numérique : un mythe particulièrement faux !

    Selon André Tricot, une autre illusion consiste à penser que la technologie puisse réduire le temps d’enseignement car : « rendre accessibles les savoirs à tous, tout le temps et gratuitement, permettrait aux personnes d’apprendre par elles-mêmes et finalement diminuer le besoin en enseignement ».

    Ce mythe est très ancien et, d’après André Tricot, est entrain de ressurgir. Il ne conteste pas le fait que de donner accès à des ressources puisse permettre aux personnes d’apprendre plus, mais il réfute l’idée que cela puisse diminuer le temps d’enseignement.

    Il prend comme exemple des élèves de cycle 3 à qui on enseigne que la terre est ronde : « si vous n’avez pas un enseignant pour intéresser les élèves à cette question et construire avec eux la réponse à cette question, ce sujet est évidemment non intéressant pour les élèves ».

    « C’est le mythe de l’autodidactie qui ferait croire qu’à partir du moment où on fournit des ressources de qualité, tous les êtres humains seraient autodidactes », et il poursuit sa réflexion :

    or, les autodidactes sont des gens exceptionnels qui ne représentent qu’1% de la population ; pour les autres 99%, ils ont besoin d’un guide qui les oriente vers la connaissance, même si ils jugent que cette connaissance ne leur est peut-être pas utile aujourd’hui.

    « C’est la connaissance qui fait naître le doute et le questionnement ; ce n’est pas l’état naturel des individus », conclut André Tricot.

    A suivre prochainement dans l’épisode 2 : Franck Amadieu et le mythe de l’autonomie des apprentissages grâce au numérique.

     

    Plus d’infos sur les auteurs :
    André Tricot est enseignant-chercheur en psychologie ; il exerce à l’ESPE de Toulouse et également au laboratoire CLLE (Cognition, Langues, Langage, Ergonomie) de l’Université de Toulouse Jean Jaurès.
    Franck Amadieu est enseignant-chercheur en psychologie cognitive, Maître de conférences et exerce également au laboratoire CLLE (Cognition, Langues, Langage, Ergonomie) de l’Université de Toulouse Jean Jaurès.

     

  • Colloque scientifique LUDOVIA#12 en août 2015 : l’appel est lancé

    Colloque scientifique LUDOVIA#12 en août 2015 : l’appel est lancé

    Après les problématiques de l’immersion (2006), de la convivialité (2007), du « faire soi-même » (2008), « espace(s) et mémoire(s) » (2009), « interactivité et interactions » (2010), de la mobilité (2011), du plaisir (2012), de l’imaginaire (2013), de création et de consommation (2014), nous proposons pour l’édition 2015 le thème :

    Les objets numériques : appropriations & détournements

    L’évolution des technologies numériques nous confronte à un renouvellement rapide de propositions d’outils et de solutions techniques, pourtant susceptibles d’avoir un impact sur les multiples aspects de l’existence. Il en résulte une instabilité qui met à rude épreuve les capacités d’appropriation des utilisateurs, qui ne retiennent que quelques solutions, rapidement remplacées, et ignorent la majorité des propositions. La question de l’appropriation apparaît d’autant plus centrale que l’utilisation de ces produits nécessite le plus souvent du temps, un apprentissage qui mobilise des capacités cognitives, des moyens financiers, et de faire des choix à plus ou moins long terme (équipement, formation, etc.).

    Le rythme élevé d’évolution des TIC et la multiplicité des solutions proposées se conjuguent, et remettent en question les anciennes théories de la diffusion des techniques telles que celles du déterminisme technologique (MacLuhan1), qui considère le social comme subordonné à la technique, ou celle du diffusionnisme (Everett Rogers2), qui se désintéresse de la phase de conception des objets. Ainsi, de plus en plus souvent les utilisateurs se trouvent associés au développement des technologies, ce qui invite à une approche socioconstructiviste de l’appropriation.

    L’appropriation est alors envisagée comme un processus de co-construction de sens, entre le concepteur et l’usager. Ce processus confère une place au rôle de l’imaginaire et de l’interprétation dans l’élaboration d’un cadre de référence sociotechnique (Flichy3). Au-delà, dans une perspective critique, cela questionnerait le politique et son rôle dans l’émergence des technologies. Une forme de revendication démocratique s’inscrirait dans le processus de l’innovation (Feenberg4), revendication exprimée par les réactions d’usagers dont certains actualisent emplois détournés et inattendus des technologies.

    Appropriations et détournements seraient ainsi des phénomènes connexes, importants, qui déterminent la valeur sociale d’un produit, influent sur la durée de son cycle de vie, et participent de modifications sensibles des modes d’exister et de paraître de ses usagers.

    Les propositions pourront aborder notamment les thèmes suivants, sans que cette liste soit exhaustive :

    Les interfaces numériques (matérielles et logicielles) : quels sont les facteurs d’appropriation ou de rejet ? Peut-on les détourner ou en devenir co-créateur ?

    Le monde éducatif : quelles appropriations permettent les outils Tice ? Quel bilan peut-on faire de l’appropriation des ENT, de l’introduction des tablettes, de l’utilisation de diverses applications multimédia ? Quels sont les usages réels ? Peut-on mettre en lumière des usages non conformes, inventifs ?

    Les jeux vidéo : quels sont les critères d’appropriation et de rejet des jeux vidéo ? On pourra s’intéresser aux détournements de jeux vidéo (moding, machinimas…) ; s’interroger sur l’extension des logiques vidéoludiques avec les serious et la gamification : sont-elles des détournements ? Qu’en est-il de leur appropriation ?

    L’art numérique : l’art numérique produit souvent des œuvres interactives et s’adresse alors davantage à un utilisateur qu’à un spectateur. Comment s’effectue leur appropriation ? L’art contemporain jette un regard critique sur les produits médiatiques ou de divertissement, quel regard porter sur les œuvres reposant sur des détournements ?

    Internet et les réseaux sociaux : comment évaluer l’usage des sites Internett de leurs applications en ligne ? Qu’est ce qui fait l’appropriation ou le rejet d’un site ? Peut-on constater des usages détournés ?

    Ces pistes ne sont pas limitatives et toutes les ouvertures permettant d’éclairer notre problématique dans l’esprit pluridisciplinaire qui est le nôtre seront les bienvenues.

    Modalités de soumission

    Les propositions doivent être transmises par courrier électronique jusqu’au 1er mars 2015 à : ludovia2015@free.fr
    La réception de chaque proposition donnera lieu à un accusé de réception par mail.

    La proposition livrée en fichier attaché (titré « nom de l’auteur_Ludovia_2015 ») aux formats rtf, doc ou odt, sera composée de 3 parties :

    – Un résumé de la communication de 4 000 signes maximum, espaces non compris ;
    – Une courte biographie du (des) auteur(s), incluant titres scientifiques et principales publications récentes, une page maximum ;
    – Une note de positionnement scientifique indiquant la section scientifique de rattachement, la méthode appliquée, le terrain d’expérimentation (s’il y a lieu) et les références.

    Organisation de la sélection

    La lecture des propositions se fera en double aveugle (deux lecteurs, ne disposant que du texte de la communication, sans les mentions liées à son auteur), l’un des lecteurs étant issu du champ de recherche correspondant à l’article, l’autre éventuellement extérieur.
    Chaque auteur recevra un avis circonstancié qui indiquera l’acceptation (conditionnée ou non), ou le refus de l’article. Les propositions acceptées sous condition devront être modifiées en fonction des remarques des lecteurs.

    Modalités techniques

    L’article définitif devra respecter les conventions typographiques et de mise en page qui seront envoyées dans une feuille de style type lors de l’acceptation de la proposition.
    La taille de l’article sera comprise entre 25 000 et 30 000 signes, espaces compris.
    Il sera envoyé par voie électronique sous la forme d’un fichier au format .doc, .rtf ou.odt, contenant le titre, le résumé, le texte et, le cas échéant, ses illustrations, numérotées de façon incrémentielle (figure 1, figure 2, etc.).

    Participation au colloque

    Les auteurs retenus seront conviés à venir présenter leurs travaux à Ax-les-Thermes dans le cadre d’une communication orale de 20 minutes.
    Ludovia ne prend pas en charge les frais de transport et d’hébergement des communicants.
    La publication dans les actes est conditionnée à la participation au colloque.

    Publication

    – Les résumés des articles acceptés, notes biographiques et de positionnement scientifique seront publiés avant le colloque sur le site de l’université d’été Ludovia : www.ludovia.org/2015
    – Les articles seront publiés par voie électronique après le colloque dans l’espace de publication du site Web de « Culture numérique » http://culture.numerique.free.fr/index.php/espace-de-publication
    – Une publication scientifique ultérieure composée des meilleures contributions du colloque dans une revue scientifique sera envisagée.

    Calendrier (dates importantes)

    Date limite de soumission : 1er mars 2015.
    Notification d’acceptation des propositions : 30 avril 2015.
    Remise des textes complets (30 000 signes maximum, espaces compris) : 31 juillet 2015.
    Colloque : du lundi 24 au mercredi 26 août 2015.

    En savoir plus :
    Pour de plus amples renseignements sur l’appel à communications, vous pouvez nous contacter par l’adresse de réception des communications : ludovia2015@free.fr
    Coordinateur de l’organisation scientifique : Michel Lavigne (Mcf Universités Toulouse 2 & 3).
    Présidents du Colloque Scientifique Ludovia 2014 : Jean-Pierre Jessel (Pr Université Toulouse 3) & Patrick Mpondo-Dicka (Mcf Toulouse 2).
    Les informations ultérieures concernant le Colloque, seront diffusées :
    –    pour les aspects scientifiques sur le site : http://culture.numerique.free.fr/
    –    et pour les aspects matériels (inscriptions, hébergement…) sur le site : www.ludovia.org/2015 (en ligne courant janvier 2015)

     

    1) MAC LUHAN, M, 1964, Pour comprendre les médias, Paris, Le Seuil.
    2) ROGERS, E., 1983, Diffusion of innovation, The Free Press, New York, 3è édition.

    3) FLICHY, P , 2003, L’innovation technique : vers une nouvelle théorie de l’innovation, La Découverte. 4 FEENBERG, A, 2014, Pour une théorie critique de la technique, Lux.

  • Colloque PédagoTICE 2015 : appel à communications

    Colloque PédagoTICE 2015 : appel à communications

    Le concept du colloque PédagoTICE

    PédagoTICE est le lieu idéal pour communiquer sur vos expériences autour du cocktail pédagogie / usages du numérique, dans le cadre de l’enseignement supérieur notamment (mais pas uniquement), et à l’échelle nationale.

    Des exemples : dresser le bilan d’une rencontre innovante et productive, souligner les problématiques émergeant de cette collaboration interdisciplinaire, et pourquoi pas évoquer vos questionnements, vos projets… Et même vos échecs, qui nous intéressent tout autant !

    Il ne s’agira pas de faire la démonstration d’outils technologiques, mais plutôt de montrer comment l’alliance de la Pédagogie et des TICE (Technologie et de l’Information et de la Communication pour l’Enseignement) permet d’obtenir des résultats innovants, et un cocktail tout à fait intéressant ! L’articulation même de cette collaboration (sa mise en place et son fonctionnement), nous intéresse d’ailleurs vivement.

    Dans cet esprit, PédagoTICE 2015 tentera encore une fois d’associer « pédagogue » et « technologue » dans ses présentations, en s’appuyant sur des éléments de type propos pédagogique, mise en pratique, et retour sur les usages.

    Cette année, des experts du domaine (chercheurs en pédagogie, TICE…) seront là pour mettre en lumière les principes de pédagogie et d’utilisation des TICE qui transparaissent au travers de ces retours d’expérience et de ces témoignages. Ils apporteront leur contribution pour approfondir la réflexion et pour ouvrir le débat.

    Qui peut soumettre une publication ?

    Que vous soyez : enseignant, enseignant-chercheur, doctorant, ingénieur pédagogique, ingénieur TICE, assistant ingénieur, technicien… Nous espérons recevoir de nombreux retours d’expérience, dans des domaines d’apprentissage aussi variés que les vôtres : quelle que soit votre thématique de travail, ce sont les aspects collaboratifs et créatifs qui nous motivent !

    PédagoTICE 2015 donne bien sûr une place particulière aux problématiques de l’Enseignement Supérieur, mais nous sommes ouverts à toutes les expériences : enseignement secondaire, primaire, formation professionnelle, formation continue, résultats de collaborations avec des partenaires privés…

    Les thématiques proposées

    Pour vous aiguiller, voici une liste (non exhaustive !) de thématiques en lien avec nos préoccupations :

    Enseignements interactifs, FoaD, MOOCs, SPOCs, évaluer/adapter sa pédagogie (ré-ingénierie), ergonomie des espaces de travail en présentiel (mobilier, aménagements, tablettes), dynamiser ses enseignements (motiver les apprenants), gestion de/par projets, les projets IDEX innovations pédagogiques, l’aspect ludo-éducatif (serious games, jeux de rôles…), handicap et problématiques d’accessibilité, parcours différenciés (adaptation au public), évaluation/collaboration entre pairs, dispositifs hybrides (présentiel/à distance/alternants), dispositifs impliquant les acteurs de la documentation…

    Pour soumettre…

    Rien de plus simple…

    Rendez-vous sur http://blogs.univ-tlse2.fr/pedagotice/appel-a-communications-2015/

    Calendrier

    Date limite pour soumission : 15 février 2015
    Retour des rapporteurs du comité de programme scientifique : 15 avril 2015
    Réception des articles définitifs : 15 mai 2015

    Plus d’infos :
    PédagoTICE 2015 : 29 et 30 juin 2015, probablement à l’ESPE Croix de Pierre

  • Apprendre avec le numérique, mythes et réalités

    Apprendre avec le numérique, mythes et réalités

    [callout]« On est plus motivé quand on apprend avec le numérique », « Le numérique favorise l’autonomie des apprenants »,
    « Les élèves savent utiliser efficacement le numérique car c’est de leur génération »,…[/callout]

    Tricot_ouvrage_191114

    Autant d’affirmations que l’on entend régulièrement. Mais s’appuient-elles sur des résultats d’études sérieuses ?

    Les  auteurs Franck Amadieu et André Tricot, spécialistes des usages éducatifs du numérique, ont voulu avec cet ouvrage de synthèse, apporter quelques réponses et permettre un débat trop souvent occulté sur les vertus du numérique à l’école.

    Ainsi, ils passent au crible 11 mythes autour des TICE, qu’ils analysent en quatre temps :
    • présentation du mythe : développement des attentes et des arguments généralement avancés justifiant ces attentes ;
    • rapide bilan des travaux scientifiques examinant ce mythe ;
    • présentation concrète de plusieurs études pertinentes illustrant la réalité des TICE en lien avec le mythe, pour aider à la compréhension des apports et des limites des TICE ;
    • conclusion sur ce qu’il faut savoir pour la mise en œuvre dans la classe.

    En fin d’ouvrage, les auteurs dressent un bilan général, plaidoyer pour une utilisation raisonnée du numérique en classe.

    Note de la rédaction au sujet de l’ouvrage :

    Les auteurs emploient à juste titre le terme de « mythes » pour désigner toutes les idées qui sont véhiculées autour du numérique comme facteur « aidant » aux apprentissages. Non pas qu’ils souhaitent à tout prix démontrer que les outils numériques ne sont pas positifs, mais plutôt mettre en lumière, en s’appuyant sur divers études et travaux de recherche  (d’ailleurs qu’ils définissent comme plus ou moins fiables pour certains), que l’équation parfaite « technologie = performance et motivation » n’est pas si simple à démontrer.

    Ainsi, « alors que les serious games semblent avoir un effet très limité voire nul sur les motivations des apprenants, dans certaines situations, ils amélioreraient l’apprentissage » ou encore que « les supports mobiles et tactiles peuvent être perçus par les apprenants comme plus utiles et plus efficaces sans pour autant apporter de plus-value dans les apprentissages (paradoxe préférence/performance)« .

    Comme dénominateur commun, les auteurs mettent en avant l’absolue nécessité du scénario pédagogique comme « élément central des apprentissages scolaires « .

    L’idée de l’autonomie de l’élève, de l’apprenant, est aussi abordée dans ce livre. Et nous pourrions la résumer par : « les élèves sont-ils compétents pour être autonomes » ?
    Comme l’apprenant n’est peut-être pas en mesure d’avoir la culture suffisante pour savoir se servir d’un outil numérique à des fins d’apprentissage, saura t-il s’organiser pour apprendre seul ? Les auteurs parlent d’autonomie comme une compétence « pré-requise » et non comme une compétence qui s’acquiert avec l’utilisation du numérique.

    Du chapitre 4 au chapitre 7, il est question de « numérique qui permet un apprentissage plus actif », de « vidéos et informations dynamiques qui favorisent l’apprentissage » et de « numérique qui permet d’adapter les enseignements aux élèves« . En illustrant leur propos d’exemples concrets, les auteurs nous apportent les nuances qui vous aideront, peut-être, à comprendre pourquoi rien n’est systématique quand on parle de numérique.

    Une note plus engageante concernant « ce numérique » ira en faveur des technologies adaptées aux particularités des élèves dans le domaine des handicaps et des troubles dont André Tricot et Franck Amadieu avouent constater des résultats très encourageants, sous réserve que les acteurs (enseignants et élèves) maîtrisent ces technologies.

    Enfin, il est question, en fin d’ouvrage de lecture numérique. Tout comme il est expliqué dans les chapitres précédents que l’utilisateur du numérique a besoin de certaines compétences pour ne pas « sombrer » dans un usage passif, la lecture numérique peut tout à fait utiliser les compétences de lecture traditionnelle ;  la condition : que le lecteur sache faire le « tri » des informations qui lui sont utiles et donc avoir ce que les auteurs appellent les compétences ou « litteracies« .

    Ces « digital natives » (autre mythe abordé) ont-ils cette « litteracy » ? André Tricot et Franck Amadieu s’appuient sur les travaux de Sue Bennett en 2008 qui affirme qu’ »utiliser le concept de digital natives pour caractériser un effet de génération relève peut-être plus de la panique morale des intellectuels de la génération précédente, qui se se sentent dépassés, que d’autre chose« . En d’autres termes, même s’il  est vrai que les enfants qui ont grandi avec le numérique savent l’utiliser, « apprendre à l’école repose sur d’autres tâches spécifiques, peu influencées par la maîtrise des objets numériques ».

    A la fin de l’ouvrage, les auteurs rappellent la différence notable entre apprentissage et enseignement ; une différence qu’il faut, d’après eux,  garder à l’esprit car c’est là que se justifie clairement la présence de l’Ecole et de ses enseignants, au cas où vous penseriez encore que le numérique puisse remplacer cette institution…

    Nous citerons, pour terminer, le titre de la conclusion qui en dit long : « il ne suffit pas d’avoir toutes les ressources à portée de clic ».
    Bonne lecture !

    Plus d’infos :
    vous procurer l’ouvrage : www.editions-retz.com

     

  • Concevoir des ressources numériques : un travail interdisciplinaire

    Concevoir des ressources numériques : un travail interdisciplinaire

    Sylviane Levy raconte en vidéo la démarche concrète mise en oeuvre pour la conception de ressources numériques dans son Université. Des ressources qui seront ensuite diffusées de manière libres et gratuites ; un écho de l’étranger assez intéressant à analyser. Elle nous explique ci-dessous comment elle parvient au résultat, en suivant le cheminement d’une réflexion sur la ressource numérique, de sa définition à sa conception pour atteindre une certaine qualité.

    Qu’entend-on par ressources numériques ?

    D’après Bruno Devauchelle, une ressource est « tout ce qu’on a besoin, que ce soit le papier, le numérique et beaucoup d’autres choses, pour enseigner et apprendre ».

    Une ressource numérique peut donc être un média (texte, image, vidéo, son ou animation) ou la composition de divers médias, lesquels peuvent être ou pas, interactifs. Elle est créée pour être utilisée par professeurs ou élèves dans le but de favoriser l’enseignement et l’apprentissage.

    Dans les cas où une ressource est composée de plusieurs médias et médias interactifs, elle a alors la particularité d’être considérée, à son tour, comme un média ainsi qu’un logiciel. En effet, comme tout média, elle a pour but de transmettre de l’information à un public varié, massif et dispersé. D’autre part, il s’agit d’un logiciel puisqu’il fait intervenir dans sa réalisation des informaticiens, concrètement, des programmateurs et fait appel à un ordinateur pour pouvoir être joué.

    Pour les réaliser, une équipe interdisciplinaire est donc indispensable : concepteurs, experts en contenu, réalisateurs de médias (infographistes, photographes, vidéastes, ingénieurs du son, musiciens, animateurs, etc.) et programmateurs.

    Le problème est donc de savoir si cette équipe va concevoir et réaliser ces ressources en suivant une méthodologie issue du génie logiciel ou suivant une méthodologie issue de la réalisation de médias, telle que le cinéma ou la télévision.

    Ressource numérique : poser les besoins des usagers avant de la concevoir ?

    En génie logiciel, la conception d’un produit se construit à partir des besoins exprimés par les usagers et les personnes concernées (stakeholders en anglais), lesquels sont ensuite traduits en besoins du produit : besoins fonctionnels (ce que doit faire le logiciel) et non-fonctionnels (généralement appelés caractéristiques de qualité).

    Ainsi, pour connaître les besoins d’un produit, il suffit de demander à toutes les personnes concernées quels sont leurs besoins et les exprimer en termes de besoins fonctionnels et non-fonctionnels. Cela parait clair et simple si l’on parle d’un produit qui a pour but de résoudre un problème précis, par exemple un système de comptabilité.

    Par contre, dans le cas d’un média qui a pour but de transmettre de l’information à des usagers, généralement non-captifs, tels que des élèves, il paraît difficile de leur demander quels sont leurs besoins.

    Il est donc nécessaire de faire intervenir  un expert ou un professeur pour fournir l’information à transmettre, lequel ne sera généralement pas un usager du système. Est-ce alors suffisant pour répondre aux besoins de l’élève ?

    Ses besoins sont en premier lieu, d’acquérir l’information, laquelle s’exprime à travers des médias et des médias interactifs. Mais, il existe d’autres besoins. Par exemple, l’information devrait se présenter de manière compréhensible et constructive ; elle devrait aussi être correcte et fiable ; l’élève devrait trouver la ressource suffisamment attractive pour s’y arrêter; l’élève devrait aussi y trouver des éléments qui maintiennent son attention, etc.

    Ainsi, tous ces éléments doivent être pris en compte pour concevoir la ressource.

    Il faudrait donc connaitre, imaginer et poser les besoins des usagers avant de concevoir la ressource.

    Et, le problème c’est que, une fois ces besoins posés, il n’est pas toujours aisé de les traduire en termes de besoins fonctionnels et non-fonctionnels.

    Une autre approche est celle de concevoir une ressource numérique comme on concevrait un média.

    D’après Friedmann, le premier pas dans la conception d’un média, est d’analyser les différents éléments qui conforment la problématique : quel problème veut-on résoudre, quel est le public, quel contenu veut-on transmettre, sur quel support, dans quel contexte ?

    Le deuxième pas, c’est de proposer une stratégie pour solutionner le problème posé et rechercher les différents produits qui traitent le même sujet. Il s’agit de savoir si le nouveau produit proposé apportera quelque chose de nouveau et d’original par rapport aux autres produits existants ou de s’en inspirer. Souvent, on utilise une stratégie qui a déjà fait ses preuves telles que les stratégies ludiques ou narratives.

    Finalement, le troisième pas est de proposer le concept créatif du media que l’on veut construire. C’est à dire d’utiliser une stratégie donnée au problème posé.

    On peut combiner les deux approches méthodologiques, en posant les différents éléments du problème, comme dans la conception d’un média et intégrer les besoins des usagers (information, attractivité, attention, crédibilité, etc.). Le concept créatif de la ressource est produit de l’analyse de tous les éléments. Le concept doit alors se traduire en termes de besoins fonctionnels et non-fonctionnels afin qu’une équipe multidisciplinaire puisse la réaliser.

    Comment analyser la qualité d’une ressource numérique ?

    Par définition, un produit est de qualité lorsqu’il est conforme aux besoins établis (requirement en anglais).

    Le modèle de qualité de software le plus utilisé se compose d’un côté d’un modèle de qualité du produit et de l’autre d’un modèle de qualité du point de vue de l’utilisateur.

    Dans le premier, les caractéristiques qui le composent, comprennent : la pertinence des fonctions, l’efficience, la compatibilité, l’usabilité, la fiabilité, la sécurité (des données), la facilité de maintenance et la portabilité. Ces caractéristiques se divisent en sous-caractéristiques. Par exemple, dans le cas de l’usabilité, ses sous-caractéristiques comprennent, entre autres : la facilité de comprendre l’interface, son esthétique, la rapidité de navigation (nombre de clicks minimum), etc.

    Dans le cas d’une ressource numérique qui a pour but de transmettre de l’information à un public non captif, il est indispensable de considérer également un autre modèle de qualité, celui qui représente la qualité du point de vue de l’usager.

    Celui-ci comprend, entre autres, la satisfaction qui considère le plaisir, le confort et l’accomplissement des objectifs. D’autres caractéristiques comme l’attractivité, l’intérêt, la compréhension de l’information et sa crédibilité doivent être également considérées.

    Mais, la qualité n’est pas quelque chose qu’on puisse rajouter une fois que le produit est terminé. Elle doit être prise en compte depuis l’étape de la conception puis évaluée en cours et en fin de production, afin d’être certains que les caractéristiques ont été prises en compte. La majorité des caractéristiques du modèle de qualité du produit peuvent être simplement vérifiées. Par contre, les caractéristiques correspondantes à la perception de l’usager nécessitent des méthodes plus sophistiquées. Il est d’usage de développer alors un prototype ou d’effectuer des évaluations en cours de sa réalisation.

    Les évaluations comprennent des méthodes qualitatives et quantitatives.

    Par exemple, si l’on veut évaluer l’intérêt de l’élève, on peut certes d’un côté le lui demander, mais il est indispensable de le vérifier à travers des méthodes quantitatives telles que le temps passé ou le nombre de liens que l’usager a utilisé.

    Ce genre d’évaluation est souhaitable si l’on veut vérifier que la ressource proposée est sur la bonne voie.

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Edutablettes 86, des tablettes au service de la continuité école-collège

    Edutablettes 86, des tablettes au service de la continuité école-collège

    [callout]Démarrée en septembre 2012, cette expérimentation permet aujourd’hui de dégager des connaissances nouvelles sur le processus d’appropriation par les équipes enseignantes et surtout par les élèves. Si d’un coté des applications de type exerciseurs étaient testées, les enseignants ont eu toute latitude pour mettre en oeuvre ces matériels et logiciels.[/callout]

    Edutablettes86_091014

    Attirance et aisance face à ce nouveau matériel

    Ce qui transparait le plus nettement c’est l’attirance des élèves pour le matériel, attirance qui se traduit aussi par une aisance importante dans la manipulation. Dans un cours de technologies les élèves découvraient le logiciel de présentation avec lequel ils devaient réaliser un document qui rassemblait des photos et des commentaires. En une heure, après une brève introduction, les élèves ont presque tous réalisé le travail demandé et l’enseignant n’a eu que peu à intervenir pour aider face à des difficultés techniques.

    Dans un cours de grammaire à l’école primaire, les élèves ont été invités à analyser des phrases avec un petit traitement de texte en surlignant les bonnes parties de la phrase. L’enseignante a fait travailler les enfants sur un fichier partagé (Dropbox) puis chacun, ayant effectué individuellement son travail, a été amené à le présenter aux autres via le réseau et le videoprojecteur partagé. A nouveau l’aisance est importante et les manipulations semblent suffisamment simples pour ces élèves.

    La tablette, un déclencheur d’usages numériques, scolaires ou pas

    Edutablettes862_091014Si l’attirance et l’aisance des élèves pour les tablettes est réelle, on a pu observer, dans les focus groupes, que dans les familles les tablettes s’étaient aussi multipliées. Les parents ont acheté des tablettes à leurs enfants, ayant pu constater chez ceux à qui on en avait parlé, l’intérêt réel pour le travail scolaire avec ces outils.

    La fascination des jeunes pour le progrès technique au travers des tablettes est revenu à plusieurs reprises. Un seul élève a déclaré n’utiliser que très peu l’informatique et la tablette à la maison, préférant une activité de loisir de nature. La plupart équilibrent leur temps entre les écrans et les autres loisirs. On ressent assez nettement que la dimension ludique est aussi un fort levier d’usage.

    L’appropriation c’est aussi le contournement.

    C’est ce qui a pu être analysé avec le fait que certains élèves ont trouvé comment dévérouiller les interdictions d’installation mises en place par les établissements. La sanction a été vécue sans plus de récrimination, mais elle a mis en évidence ce fameux écart entre les usages selon le lieu et le contexte.

    Appropriation des tablettes par la communauté enseignante : la prudence est de mise

    Les enseignants sont prudents. S’ils expérimentent volontiers les tablettes, ils veulent le faire dans un cadre dont ils gardent la maîtrise. Les tablettes sont, sur ce point, un élément de déstabilisation potentiel. Pour y remédier, ils se sont formés seuls, pour la majorité, et avec les pairs.

    L’appropriation se fait à deux niveaux :

    • d’une part au niveau technique afin d’éviter toute surprise et dysfonctionnement (problème de wifi, de logiciel etc…)
    • d’autre part au niveau pédagogique pour concevoir des séances qui donnent une place pertinente au potentiel de la tablette.

    Le passage d’une tablette pour deux élèves à une tablette par élève apporte un confort d’usage significatif exprimé par les enseignants.

    Les ressources et logiciels : encore un point noir au développement des usages

    Ce sont les applications qui posent le plus problème. Outre celles proposées dans l’expérimentation, sous forme d’exerciseur, dont l’usage est finalement très proche des usages traditionnels, la demande de catalogue pertinent et de ressources (manuels numériques) est clairement exprimée. Ce qui a été souligné également à plusieurs reprises, c’est le souhait de disposer d’un traitement de texte afin de répondre à des besoins scolaires bien connus que sont les productions d’élèves.

    Parents et tablettes : un gage de réussite et de modernité pour leurs enfants ?

    Les parents ont plébiscité l’usage des tablettes et les ont encouragés. Si en milieu rural l’accueil est très positif, on a remarqué certaines réticences exprimées en milieu urbain.

    En général le discours des parents est un écho au discours général sur les technologies de l’information et de la communication. Ils en perçoivent certains enjeux, mais davantage sur le registre de l’imaginaire que sur celui de l’observation concrète. Car c’est l’une des entrées que l’équipe Techné a privilégié dans ses analyses : la place de l’imaginaire dans les discours des différents acteurs impliqués.

    Si l’on observe d’abord une centration sur un bienfait éducatif partagé entre tous, on s’aperçoit que l’attrait de la nouveauté concerne surtout les enfants, que les enseignants sont en recherche de pertinence pédagogique et que les parents y voient un supplément et la réussite. Mais tous y voient aussi une entrée dans la modernité qui ne se dément pas avec l’usage, même si celui-ci reste parfois assez limité sur le plan pédagogique.

    La poursuite du projet est actuellement envisagée dans certains des établissements.

    L’hypothèse de la continuité école-collège n’est que très faiblement vérifiée pour la dimension technique et pas du tout pour le pédagogique.

    Dans ce cas, en particulier, la différence entre l’école et le collège reste fortement marquée et la tablette peut y remédier ou au moins, réduire les écarts.

    C’est donc davantage dans la poursuite d’un travail d’appropriation en particulier en contexte pédagogique que va se déployer la suite du projet.

    Auteur : Bruno Devauchelle