Catégorie : A LA UNE

  • Réseaux sociaux en classe, faut-il définir une « frontière » ?

    Réseaux sociaux en classe, faut-il définir une « frontière » ?

    Article_TheMiamistudent_090913
    Le Comité de rédaction du journal « The Miami Student » tient à souligner qu’un certain nombre non négligeable d’enseignants les invite à les suivre sur Twitter ou Pinterest, à devenir ami sur Facebook ou encore à entrer en contact sur Linkedin.

    « Nous voyons comment les réseaux sociaux apparaissent tout naturellement sur les profils des professeurs, ceux-là mêmes qui tentent d’utiliser de plus en plus des méthodes non conventionnelles pour leur enseignement ».

    Il y a, en effet, de superbes outils pour enseigner dans certaines disciplines comme le journalisme, les sciences politiques ou la communication ; et cela ne fait aucun doute : avec l’utilisation des technologies, enseignants et élèves sont beaucoup plus impliqués.

    A Miami, on constate que de plus en plus d’enseignants incluent dans leur cours, l’utilisation de sites tels que Pinterest et Instagram (qui semblent être les plus populaires). Par exemple, des professeurs de langue déposent des vidéos Youtube sur leur Pinterest et demandent ensuite à leurs élèves de s’y rendre pour faire leurs devoirs.

    D’autres encore vont même à demander à leurs élèves de rendre des productions via Twitter ou Instagram !

    Quelle que soit la méthode, il est indéniable que les technologies ont du bon dans l’enseignement ; Ne citons juste comme exemples, pour argumenter ce point, que le meilleur taux de participation en classe ou encore l’interaction qui se crée entre élèves et enseignants.

    Sans parler du tissu relationnel que vous pouvez acquérir rien qu’en utilisant les réseaux sociaux….

    Malgré toutes ces bonnes choses, The Miami Student émet un bémol : en tant qu’élève, où mettre la frontière entre le personnel et le professionnel ?

    Quand nous sommes « suivis »sur les réseaux sociaux par nos professeurs, ils sont partout avec nous, à une fête, à la maison… Nous sommes en permanence connectés avec les profs et c’est peut-être un peu trop !

    Ne serait-ce pas ces mêmes profs qui nous demandent d’être très attentifs à ce que nous exposons de notre personne au travers des réseaux sociaux (notamment pour une recherche d’emploi) ?

    Les technologies apportent énormément à la classe mais en ce qui concerne les réseaux sociaux, c’est une autre histoire, souligne l’auteur. Franchement, vous ne voulez pas que vos profs sachent ce que vous avez fait l’été dernier…si ?

    Un point de vue à méditer et à commenter en ligne à la suite de cet article,

    c’est à vous, cher lecteur de Ludovia Magazine… (en bas d’article dans « commentaires »)

     

    Plus d’infos : l’article en VO ici

  • Retour sur : quand les écoliers participent au développement d’une appli…

    Retour sur : quand les écoliers participent au développement d’une appli…

    Greasque_art2_110913

    A Gréasque, l’année a été riche et intense pour les élèves de CM2, pour les élèves des classes 6e « culture numérique » et pour leurs professeurs : ils ont participé au développement d’Explora Genepi, une application pour tablettes et smartphones.

    C’est dans le cadre de l’expérimentation académique « culture numérique » pilotée par Brigitte Jauffret et coordonnée par Pascale Michels que ce projet innovant a été développé. Il a été présenté lors des Rencontres de l’Orme en mars 2013 et il fait partie des cinq projets proposés par l’Académie Aix-marseille à la DGESCO pour les Journées nationales de l’innovation à l’UNESCO. Le Pôle Tice a prêté des tablettes pour que ce projet puisse être mené à bien et a mis en place une action de formation pour les professeurs.

     

    cheminer orme
    Rencontres de l’orme mars 2013

     

    Les élèves ont conçu un parcours numérique, interactif, audioguidé, géolocalisé et multimédia pour faire découvrir leur village au grand public (voyant et non voyant!) sous des aspects historiques, géographiques, culturels, artistiques, géologiques, botaniques et poétiques. Une jolie manière de faire de l’histoire des arts…

    Vous trouverez sur le site web d’explora Genepi et sur google play leur travail :http://cyberspectiv.fr/genepi/

    Vous y découvrirez des photographies, des textes pour décrire les étapes dans le village, des textes pour guider les aveugles, de la poésie, des chansons, des poèmes récités en chœur, une présentation en anglais et des lectures offertes. Ils ont beaucoup travaillé tout au long de l’année avec un enthousiasme et une énergie débordants. Merci et bravo à eux !

    Ils ont été très motivés par ce projet qu’ils ont jugé utile, intéressant et citoyen.

    L’un d’entre eux a précisé « on se sent les héros des aveugles ».

    Tous, lors d’un bilan, ont évoqué le plaisir de travailler et une grande motivation. Ils sont fiers et heureux de leur production. Ils sont fiers aussi de leur nouvelle habileté à utiliser l’outil numérique. Beaucoup d’entre eux, grâce à Tap’Touche (un logiciel d’apprentissage du clavier),  sont capables d’écrire sans regarder le clavier.

    Ils naviguent sans difficulté dans Didapages, l’application en ligne qui leur a servi d’outil de production et de publication pour « Cheminer les yeux fermés ».

    Des professeurs dynamiques, soudés, motivés et téméraires ont accompagné tout au long de l’année ce projet :  Stéphanie Bernard, Tracy Delvoye, Brigitte Dewasme, Céline Genty, Evelyne Letaille, Olivier Mariotti, Pascale Michels, Carole Paravisini, Guy Pinet, Christophe Rouch, Laurence Tallieu et Sandrine Wagner ! Ils ont témoigné que ce travail avait donné du sens à leur enseignement, une cohésion à la classe et avait changé le regard des élèves sur leur discipline. Beaucoup d’élèves ont gagné en autonomie et en confiance en eux parce qu’ils ont été valorisés par leur production.

    Les parents, lors d’un questionnaire bilan, ont remercié les professeurs et ont tous exprimé leur satisfaction pour cette première année de collège. « Le projet est intéressant. Les enseignants très investis ont dynamisé les enfants, merci ! », « Une année exceptionnelle pour les enfants et une entrée au collège inoubliable. Un grand merci à toute l’équipe ».

    cheminer tablettes

    Les quelques enfants dys- de la classe ont été accompagnés tout au long de l’année par l’équipe enseignante, formée par un professeur spécialisé ASH, mandaté par Anne Malluret, la conseillère ASH auprès du recteur. Les parents ont été sensibles à l’aide que l’outil informatique a apportée à leur enfant. Grâce à l’utilisation du traitement de textes bien paramétré, à l’usage des modèles, au correcteur orthographique, à Didapages, aux cartes heuristiques, à la voix de synthèse, les enfants dys- ont été soulagés d’une partie de leurs difficultés. Ils ont pris confiance en eux et ont participé pleinement et avec succès au projet commun.

    Les partenaires de cette aventure ont été nombreux, qu’ils en soient chaleureusement remerciés : le Pôle Tice du Rectorat d’Aix-Marseille, la Mairie de Gréasque,  Ordina13 du Conseil Général, Xavier Allart (ingénieur-développeur d’Explora Genepi), Dominique Truant (IEN), le CRDP Integratice, Jacques Marianni (consultant non-voyant), Guillaume Mariotti (monteur vidéo), Olivier Lavigne (compagnon du devoir), Théodore Planas Rastouin (artisan boulanger).

    Les élèves de 6e et Olivier Mariotti, leur professeur d’arts plastiques, ont réalisé un petit film en stop motion, plein de poésie, d’humour et de légèreté pour illustrer ce parcours. Il a été sélectionné pour être présenté au festival imediacinéma et au festival international de Hyères.

    Présentation et explications sur  le « stop motion » et la  journée de tournage :  StopMotion_Greasque
    La vidéo en stop motion

    Plus d’infos : retrouver le premier article sur le sujet ici

     

     

     

     

  • Environnement Numérique de Travail et d’apprentissage à distance, entre promesses pédagogiques et imaginaires technologiques

    Environnement Numérique de Travail et d’apprentissage à distance, entre promesses pédagogiques et imaginaires technologiques

    Ludovia_T3bisbis
    Dorothée Danielewski
    , modératrice, fait l’introduction de cette table ronde en précisant que plutôt que des promesses, les intervenants parleront des espoirs portés par les ENT. Faute d’intervenant du supérieur, elle précise également qu’il n’y aura pas d’intervention sur les MOOC.

    Premier constat, les ENT ont 10 ans et 28 académies sur 30 ont des projets d’ENT.

    Première question : qu’est-ce qui a changé depuis les premiers projets, qu’est-ce qui distingue aujourd’hui un ENT ? Et en premier lieu au second degré.

    Roger Masson de la Région Rhône-Alpes intervient : la Région comprend 268 lycées publics dont 20 agricoles et potentiellement 500 000 utilisateurs. Le projet initial est le fruit d’une concertation entre différents acteurs. Le projet est centré sur la relation pédagogique profs/élèves. Une seule identification pour le prof ou pour l’élève, surtout pour le prof, précise-t-il !

    Evolution du projet initial : l’ENT évolue en fonction des besoins des utilisateurs, enseignants ou élèves. Parmi les points forts, Roger Masson cite les ressources numériques en accès légal et sa souplesse.

    Dorothée Danielewski : Qu’en est-il maintenant au premier degré ?
    Premier constat, le panorama des ENT du primaire est très morcelé, il n’y a pas de modèle pour le premier degré. Elle s’adresse à Benjamin Viaud, qui commercialise des ENT au primaire sur les caractéristiques et usages qu’il  a constaté ?

    Benjamin Viaud (Beneylu school/ATOS) : Dans un premier temps, on a cherché à adapter des ENT du 2e degré pour le 1er degré. Ce ne fut pas une bonne solution en raison d’une plus grande fragmentation des établissements, car localement c’est très éparpillé (une commune, une communauté de communes, 37 000 communes en France…). Les projets sont très dépendants des initiatives locales. Pour lui, il n’y a pas de généralisation possible en l’état actuel. L’égalité des territoires reste largement utopique, car l’implantation repose sur le volontariat des acteurs.

    Ludovia_T3
    Les pratiques du 1er degré sont beaucoup plus axées sur la pédagogie qu’au 2e degré. Ceci est facilité par le fait qu’il y a un enseignant par classe. L’ENT s’insère dans les pratiques de manière plus naturelle (projets de classe, chasse au trésor, rallye web, correspondance de classe, échanges scolaires). Le gros du travail de conception d’ENT au primaire porte sur l’ergonomie (nombre, couleurs, libellé des boutons…).

    L’ENT primaire doit pouvoir s’adresser à des élèves non lecteurs, petits lecteurs et lecteurs sans “faire bébé” pour les plus grands… un défi !

    Dorothée Danielewski souligne la facilité d’usage et de prise en main dans le primaire. On oublie l’outil pour réaliser des activités. Que va-t-il se passer ces prochaines années ?

    Marie Deroide (DGESCO) : Démarche de consultation des acteurs par la DGESCO. Elle note la généralisation des ENT dans presque toutes les régions. 8 régions offrent un ENT à tous leurs lycées, 35 départements ont un ENT dans tous leurs collèges.

    Sur l’utilisation des ENT, on est capable, au niveau statistique, de dire que le cahier de texte perce à côté de la gestion des notes et de la gestion des absences. On observe également l’audience des parents qui, lorsqu’ils disposent d’un compte, sont bien présents.

    On n’a hélas que des données quantitatives, il manque des informations qualitatives sur les usages.

    Elle observe également une montée en puissance des utilisateurs et des usages. L’augmentation est régulière et constante, notamment les attentes des utilisateurs en termes d’outils et d’utilisations plus novatrices. Par ailleurs, il est important de fixer des objectifs à l’utilisation des ENT.

    Dorothée Danielewski : 10 ans et encore des envies. c’est très bien. Que met-on derrière les ENT en Wallonie ?

    Isabelle Marx intervient au titre de l’expérience de mise en place de l’ENT dans son établissement en Wallonie. La démarche a débuté par une information sur une solution technique. Les enseignants recherchaient plus de convivialité.

    Le projet présenté et adopté est très coloré, l’ENT est vu comme un « jouet« . La gestion de l’ENT est effectuée par le professeur qui dispose d’une grande liberté d’usage et d’appropriation. L’outil a été créé à la demande de l’équipe pédagogique. Il ne s’agit donc pas d’une démarche institutionnelle comme en France. Le travail en équipe permet une mutualisation des expériences par l’équipe pédagogique, une formation par les pairs et un accompagnement personnalisé.

    Une enseignante de l’établissement a des heures dégagées pour accompagner ses collègues. Le cahier de texte devient maintenant une demande de l’enseignant et non pas une prescription institutionnelle. L’ENT est aussi utilisé pour préparer les élèves de terminale au e-learning qu’ils rencontreront dans le supérieur.

    Dorothée Danielewski présente ensuite un invité surprise sur les question de l’apprentissage à distance : Jean-Michel Leclercq, du CNED.
    Ludovia_T3bis

    Jean-Michel Leclercq : Où positionne-t-on le LMS ? Au CNED, il n’existe pas de lien en présentiel ; la présence physique de l’enseignant est moindre ou inexistante, les interactions sont plus faibles. L’absence de relation en présentiel de l’enseignant et de l’élève existait déjà avant l’arrivée du numérique. Il n’y a pas de vie d’établissement, les étudiants s’inscrivent à des formations.

    Actuellement, le CNED dispose de 303 LMS, un par formation. Les outils utilisés sont principalement Moodle et Blackboard, ils comportent généralement un système de forum, un annuaire et des cours traditionnels portés au format numérique. Pour J.-M. Clerc, la typologie de l’espace d’apprentissage est à réfléchir en fonction de la formation dispensée.

    Après cette dernière intervention, la parole est donnée à la salle. La première question portera sur l’interopérabilité des données. La deuxième question d’un parent d’élève qui évoque le risque d’enfermement de l’ENT. Une troisième question portera sur la place de la production de contenu des éditeurs dans les ENT.

    Concernant la première question, la structure administrative française est clairement un frein à l’inter-opérabilité des données. Se rajoute le fait que les ENT sont réalisés majoritairement par des entreprises privées et des solutions propriétaires. La solution passe par du code libre et l’utilisation d’ENT en open source. Il nous faut noter une obsession du cadre légal et de la protection juridique de la part des responsables… on perd de vue l’élève et ses besoins !

    L’ENT court le risque de devenir « la mare aux canards » des usages du numérique.

    À la question d’un parent d’élève, Benjamin Viaud répond que la clôture existe pour protéger les données des enfants, mais que les usages permettent les échanges et peuvent donc favoriser l’ouverture (exemple de la correspondance scolaire).

    Concernant les contenus des éditeurs dans les ENT, les mêmes problèmes d’opérabilité se posent comme l’obsession des questions de droits.

    Conclusion de Dorothée Danielewski : Les ENT suscitent encore énormément d’espoirs et d’attentes !

    La conclusion des rapporteurs et synthèse :

    La table-ronde a mis en évidence, d’un côté, la mise en place au secondaire d’ENT répondant d’abord à des besoins institutionnels et administratifs (gestion des notes, des absences, etc.) et, d’un autre côté, au primaire, la mise en place d’ENT répondant aux besoins pédagogiques des enseignants. Peut-on faire de l’ENT un mouton à 5 pattes qui serait LA solution unique à la gestion et la pédagogie de l’école, soit un objet total ? Nous en doutons… ne risque-t-il pas d’être plutôt un frein et un facteur d’enfermement ?

    Ne faudrait-il pas changer de tactique et inverser la tendance en partant des demandes des équipes enseignantes comme en Wallonie, pour une démarche plus porteuse favorisant l’adoption de l’environnement et les pratiques collaboratives ?

    Enfin, on peut à nouveau regretter l’absence d’usagers et de chercheurs à la table-ronde, qui auraient pu apporter des témoignages et des observations sur les usages effectifs des ENT.

     

  • Ressources numériques, et si nous imaginions accompagner les usages pédagogiques que les nouveaux services nous promettent ?

    Ressources numériques, et si nous imaginions accompagner les usages pédagogiques que les nouveaux services nous promettent ?

    Ludovia_T2


    Cette table ronde fut d’une bonne qualité avec des prises de paroles riches, intéressantes, suscitant la réflexion et de nombreuses questions.
    On peut regretter le peu d’échanges entre les participants et avec la salle (malgré les nombreuses interactions possibles via Twitter).

    Des ressources pour quoi faire ?

    Alimenter les élèves ? Faire plaisir aux enseignants ?

    La seule enseignante présente sur la table ronde n’a pas fait montre d’un besoin pressant de ressources didactisées, elle a plutôt déploré l’enfermement dans les applications et a conclu qu’elle préférait les faire elle-même !

    L’accès aux ressources

    Les producteurs de ressources présents ont répété qu’ils connaissaient bien, eux, les besoins des enseignants : de la simplicité, une authentification professionnelle, des ressources triées, des droits d’auteurs strictement respectés… mais ils ont néanmoins pointé la question des liens à créer entre les enseignants et les ressources disponibles. Rien sur les réseaux sociaux ni sur la mutualisation, la question de l’interopérabilité des nombreuses plateformes centralisées a à peine été évoquée.

    Ludovia_T2bisOrganiser les ressources

    En partant du présupposé que de nombreux enseignants ne trouvent pas les ressources dont ils ont besoin, les intervenants ont à cœur de les trier, les indexer, les organiser, les granulariser, les éditorialiser pour éviter le « syndrome Marmiton ».

    Question des droits d’auteur et de l’exception pédagogique

    Dans les différentes interventions, la liberté pédagogique a été plusieurs fois mise en avant mais aussi et surtout le strict respect des droits d’auteurs. L’enseignante belge a osé affirmer tout haut que les droits tels qu’ils sont aujourd’hui sont impossibles à respecter, qu’il en va de l’intérêt des élèves ! De fait, pas un seul enseignant ne peut affirmer être totalement en règle tant le droit d’auteur et l’exception pédagogique sont complexes et contraignants. Question centrale pour laquelle on nous a recommandé de prendre patience mais qui pourtant empêche les enseignants de travailler sereinement en toute transparence. À quand une offre publique et libre de ressources ouvertes à tous les citoyens ?

    De nouvelles questions 

    Cette table ronde et les échanges sur Twitter ouvrent de nouvelles questions :

    – Quelle place pour Wikipédia ? Utilisation pour soi, en classe, contribution avec les élèves…

    – Valorisation des productions des enseignants et des élèves ? Quelles mutualisations ?

    – Comment les insérer ces ressources dans les apprentissages, avec quelles pédagogies à l’heure du numérique ?

     

     

  • Aménager et faire vivre des établissements à l’ère du numérique

    Aménager et faire vivre des établissements à l’ère du numérique

    Ludovia_Sem1bis
    Autour d’elle, deux intervenants : Pascal Bringer, Agrégé de SVT et co-fondateur de la société Maskott, et Jean-Paul Moiraud, professeur de gestion au Lycée La Martinière Diderot de Lyon qui, grâce à des retours d’expérience, nous ont projeté, le temps d’une session, dans les méandres d’une école connectée et décloisonnée…

    Permettre aux enfants de manipuler le tactile sur des parcours pédagogiques

    A travers la présentation du projet TACTILEO, réponse de la société Maskott à l’appel à projet du ministère en 2012, Pascal Bringer nous plonge dans un univers, que Jules Vernes aurait pu imaginer pour nous en son temps, pourtant aujourd’hui technologiquement accessible et concret.

    Grâce à l’infrarouge, les objets sont reconnus et deviennent interactifs et tactiles, toute projection devient possible sur tout support : la surface peut interagir avec le reste. Voir Tactileo en image

    Ludovia_sem1bis2La salle informatique n’est plus d’actualité. Le numérique est partout, dissociant nos repères traditionnels : la salle devient polyvalente et nous immerge dans un nouvel espace, optimisée et augmentée au fil des technologies.

    Dans des lieux connectés et décloisonnés, toute salle peut alors être adaptée aux besoins du moment. On se construit de façon hybride tant dans l’espace d’apprentissage dédié qu’en dehors ou dans ses déplacements.

    De l’apprentissage des connaissances à celui des compétences

    Autre expérimentation présentée par Jean-Paul Moiraud : la simulation virtuelle qui permet aux élèves ou étudiants de passer de l’apprentissage des connaissances a celui des compétences.

    Dans le cadre d’une simulation virtuelle, on a mis des étudiants en situation d’urgence, afin de leur permettre de s’entraîner et se projeter dans une réalité augmentée.

    Cette expérimentation a fait prendre conscience de  l’importance tant pour les élèves que pour les enseignants d’une mise en situation de compétences en prolongation des simples connaissances dont on se contentait avant, mais qui restent aujourd’hui insuffisantes.

    Pour Jean-Paul Moiraud , l’école de demain devra impérativement donner à l’élève, grâce à des outils de virtualisation, les moyens de passer de l’acquisition des connaissances à celle des compétences, grâce à un tuteur qui le guide, selon ses besoins.

    A partir de ces deux retours d’expérience, et dans une société connectée en permanence, JPM pose le problème des normes juridiques du travail de l’enseignant liés aux unités de temps et de l’espace.

    L’enseignant peut travailler et préparer ses cours mais aussi se former à distance à l’école comme chez lui :

    le temps architecturale et le temps pédagogique n’évoluent plus de la même façon. Une zone grise juridique apparaît.

     

    La perruque inversée, métaphore du temps de travail numérique des enseignants

    « Le numérique fait voler en éclat les murs de la classe en abolissant les contours traditionnels de l’espace éducatif. De très nombreux enseignants lancent des expérimentations dans leurs classes, par conviction personnelle du potentiel pédagogique des fonctionnalités des outils numériques ou dans le cadre d’expérimentations institutionnelles. La réflexion pédagogique avance mais … les champs connexes (L’analyse institutionnelle, les conditions de travail, la réglementation …) sont les grands absents ».

    Même si l’enfant peut être élève à l’école comme à la maison, car dans notre société le temps de l’enfant est normé, celui de l’enseignant devient élastique.

    Pour illustrer son propos JP cite l’exemple de la « perruque inversée comme  métaphore du temps de la structure du temps de travail des enseignants ». Il présente sa théorie dans son blog ici

    Le travail en perruque est un usage développé dans les ateliers des entreprises industrielles. Le salarié utilisait le temps de travail rémunéré (donc normalement consacré à l’employeur) pour se consacrer à des pratiques personnelles. Michel De Certeau parle de subversion du temps.

    À l’heure du numérique on inverse le principe (c’est en tout cas la position que je défends), les salariés occupent une partie de leur temps libre au service de leur employeur (ce temps va en s’accroissant). On passe de pratiques de subversion à des pratiques de « soumission« . Les philosophes parlent de servitude volontaire.

    Concrètement comment devra-t-on juridiquement inscrire le temps de l’espace numérique ?

    D’autant que le statut de l’espace privé de l’enseignant se posera des la rentrée avec les 9h de formation a distance, que l’enseignant pourra effectuer à l’école comme chez lui.

    Question abordée dans le monde de l’entreprise avec le télétravail mais qui n’a pas encore été abordée pour le travail des enseignants.

     

    Article rédigé par Marie-France Bodiguian, Cabinet AMO-TICE

  • La classe est-elle plus mobile avec le numérique ?

    La classe est-elle plus mobile avec le numérique ?

     

    Ludovia_T4Introduction par Corinne Martignoni
    Qu’est-ce qui est vraiment mobile ? est-ce que cela met en cause le concept de classe ou cela l’enrichit-il ? quel bilan des expérimentations ?


    Marie-Noëlle Martinez, chercheur de l’Académie de Toulouse
    (expérimentation tablettes au collège d’Albi, classe de 6ème)
    Elle suit une expérimentation de tablettes dans un collège à Albi. Elle note la volonté de faire entrer l’école dans l’ère numérique. Cependant, nous disposons de très peu de retour sur les expérimentations de tablettes qui ont débuté en 2010. Dans l’AC Toulouse, 2 expérimentations. Une troisième a été mise en place de telle sorte que chaque système d’exploitation soit testé (Apple, Android, Microsoft).
    Méthodologie employée : un questionnaire initial a été distribué aux élèves, enseignants et parents pour recueillir les représentations, puis un questionnaire final (bilan). A cela s’ajoute l’observation en classe et l’évaluation des résultats scolaires.

    Perception de l’utilité des tablettes ; 89 à 100% des élèves, enseignants et parents pensent que l’usage des tablettes a une influence positive sur les apprentissages. Peu de différence après 5 mois d’utilisation, néanmoins ce sont les enseignants qui sont les plus sceptiques (89%) au départ et les plus convaincus après 5 mois (100%).

    L’outil est perçu comme un outil facile d’utilisation et donc utile dans le travail.

    Au début, les problèmes techniques sont un frein. Après 3 mois, on note une adaptabilité des enseignants et des élèves. De plus, les enseignants disposent de solutions de rechange en cas de problème technique (préparation de matériel de secours au format papier par exemple).

    Les plus-value sont difficilement mesurables. Néanmoins, 100% des parents souhaitent la poursuite de l’expérience. La motivation est très forte de la part des parents, des enseignants et des élèves.

    Il y a une corrélation entre l’utilité et l’affect: si l’élève aime l’outil, il en verra l’utilité et inversement.

    L’élève est sous influence de l’enseignant: comment influencer l’enseignant dans ses pratiques?  Par la formation ? Il n’a pas été noté de corrélation des parents sur les élèves: si le parent n’aime pas la tablette, l’élève l’aime quand même.

     

    André Delacharlerie de la Délégation de Wallonie intervient à son tour.
    On passe en Wallonie et leur utilisation de la tablette dans une éducation par et au numérique. Compte-rendu en 1ère primaire (CP) par une enseignante qui utilise 12 tablettes android et un projecteur.

    Apprentissage, différenciation et remédiation sont les axes d’utilisation des tablettes. L’avantage spécifique de la tablette, c’est sa mobilité : travail individuel avec ou par pair, puis travail par groupe en emportant à chaque fois sa tablette. Possibilité de l’utiliser en rue comme en classe. Les élèves peuvent expliquer les choses devant la caméra et ainsi, structurer leur pensée.

    La tablette a changé sa manière d’enseigner. Certaines choses ne seraient pas possibles au moyen de papier/crayon. Tablette et mobilité sont des concepts qui se chevauchent.

    Le rendement de travail est meilleur : l’enseignante constate 3 fois plus de travail en classe. L’outil est vite maîtrisé : la tablette est un couteau suisse.

    La tablette est un outil intéressant, mais pas le seul. D’autre part, beaucoup trop de logiciels partent de ce que savent faire les développeurs, mais pas des besoins des enseignants. Les enseignants ont besoin de logiciels ouverts (souples), simples et ergonomiques. L’utilisation du « Cloud » est aussi une demande importante en terme de portabilité (école/domicile/maison).

    20 tablettes, ce sont 20 cerveaux qui fonctionnent. Combien de cerveaux sont mobilisés avec un TNI ?

    Acquisition des apprentissages : il est important de  promouvoir la collaboration entre enseignants. L’enseignant ne doit pas inventer et développer seul les ressources.

    Pour lui, les nouvelles technos fonctionnent si on s’investit beaucoup.

    Intervention de Jean-Loup Burtin, Directeur de la société FORMATICE pour BIC Education,
    «On ne peut pas faire fi de son passé» Quelques jalons de réflexion :

    Quelques interrogations : la tablette pour parler de mobilité et nomadisme ? problématique des ressources ? Pas d’écosystème créé . Quels sont les usages pédagogiques des TICE ? Derrière les disciplines il y a bien de la didactique, quel est l’apport du numérique ?
    Le contexte de l’école et des élèves a changé: comment la pédagogie évolue ?

    Comment les élèves apprennent ? Le numérique outil discriminant selon l’accès au numérique.

    Les Lieux et temps d’apprentissage et d’éducation sont modifiés par le numérique. Il faut prendre en compte ces changements.

    JL Burtin évoque le problème de l’évaluation des usages de l’ENR qui n’a pas été fait.
    On a pas encore défini ce qu’est le numérique éducatif et son apport à l’enseignement.

    On est passé d’un empilement d’ordinateurs  à un empilement de tablettes.

    Le matériel devrait nous servir à réfléchir sur la finalité de leur utilisation en classe.

    Se pose ensuite la question des ressources à mettre à disposition. Dans la mesure où les lieux et les temps d’apprentissage sont modifiés par le numérique, l’organisation spatiale de la classe serait à repenser ainsi que les modalités d’apprentissage avec le numérique.

    Avantages :

    • travail scolaire bonifié : gain de temps et meilleur répartition du travail. On note aussi un accès accru à l’information actuelle (à jour)
    • les facteurs psycho-sociaux de la réussite scolaire : si la motivation est une tarte à la crème sans y ajouter l’intérêt de l’apprentissage. L’attention est néanmoins améliorée
    • Interactions entre les acteurs (profs, parent, élève)
    • Equité et ouverture sur le monde

    L’école est plus sur la mobiquité (un usage sédentaire d’outils mobiles) que sur la mobilité.

     

    2ème temps de la table ronde  Retour d’expérimentation tablettes tactiles

    Michèle Monteils, chef projet tablettes à la DGESCO
    La tablette s’inscrit dans le prolongement des expériences faites avec les ordinateurs portables. Des témoignages d’usages à retrouver sur Eduscol : usages très variés selon les académies. Les expérimentations de tablettes ont lieu plus massivement dans les collèges.

    15000 tablettes sont actuellement en expérimentation en France dans 119 écoles, 174 collèges et 42 lycées.

    Avoir une tablette sous la main représente un changement notable dans la présence du numérique en classe, car elle est vraiment sous la main et devient un outil parmi d’autres sur la table de l’élève.
    Dans de nombreuses disciplines, elle a un impact positif dans les apprentissages, mais toutes les disciplines ne sont pas égales en cette matière. La possibilité de faire des photos ou des vidéos est notamment mise en avant, notamment dans le contexte d’une sortie de classe.
    Une réserve est émise par Michèle Monteils sur l’utilisation et la plus-value de la tablette en mathématiques.

    L’aspect couteau suisse de la tablette est à nouveau mis en avant. Par contre, Michèle Monteils observe peu d’innovations des pratiques via la tablette. [Remarque perso : mais les expérimentations n’ont que 3 ans… stade normal de l’introduction d’un nouvel outil, on sait que l’enseignant adapte d’abord l’outil à ses pratiques habituelles avant de, peut-être, modifier ses pratiques]

    Quelles perspectives?
    Pour Michèle Monteils, la tablette mobile va l’emporter à l’école sur la tablette personnelle. Volonté de contraindre à l’activité des élèves au travers de dispositifs techniques permettant à l’enseignant de garder la maîtrise de l’accès aux applications et la connexion à internet. L’avenir est-il à la tablette hybride permettant d’être à la fois ordinateur et tablette ou à des tablettes dédiées (et donc fermées) – dans ce dernier cas pour le primaire.

    Elle dresse quelques constats sur des retours d’expériences :

    • rapidité de mise en œuvre  / autonomie / légèreté / simplicité d’utilisation / mobilité
    • Peu de mobilité hors de la classe : frilosité à sortir de la classe.
    • Modification des usages des tice en classe : outil parmi d’autres sur la table. Bonne séance quand l’enseignant suscite le désir de savoir, d’apprendre.
    • Impact positif sur les apprentissages de nombreuses disciplines : plus-value pour les langues / mobilité en cours d’EPS, modification des stratégies d’apprentissages quand il y a sortie / réserve sur l’usage en maths.
    • Alternance travail individuel/ collectif : tablette et tableau se complètent
    • Apparente simplicité : à nuancer
    • Contraintes techniques : nécessitent des compétences que ne maîtrisent pas tous les enseignants
    • Évolution rapide, offre qui se diversifie

     

    Jean-Paul Moiraud intervient à son tour
    Mobilité des corps ou des espaces? Inconstance et instabilité forment la définition première de la mobilité.

    La mobilité est souvent donnée comme égale à tablette. Or, il n’en est rien. Les ENT sont aussi un moyen d’être mobiles et sans tablette. Par ailleurs, la mobilité à l’école n’a pas attendu le numérique. Jean-Paul Moiraud rappelle que, dans les années 60, la mobilité des objets existait déjà en classe : ainsi en était-il des émissions de radio scolaire qui apportaient l’éducation musicale dans la classe. (cf entretiens de Jean Valérien). «On réinvente  ce qui existe déjà».

    Mobilité des espaces: Exemple des « maternages par skype » des nounous  philippines qui sont mamans à distance. Les espaces virtuels permettent la mobilité…
    La mobiquité  : on peut être mobile sans bouger…

    Ludovia_T4bis

  • 10 ans après le lancement des ENT où en est-on ?

    10 ans après le lancement des ENT où en est-on ?

    Ludovia_ENT2
    Voici donc ce qui nous en a été restitué, sachant que le travail n’est pas encore terminé et qu’un document public sera proposé prochainement.

    Le détail du travail sur les différents thèmes est consultable en ligne ici.

    Dans une ambiance de “satisfaction généralisée” qui a paru bien artificielle par moments, voici quelques points saillants qui ont été abordés :

    L’ENT et les réseaux sociaux

    Cela pose beaucoup de questions non résolues mais c’est la première fois que la problématique était abordée dans ce cadre : Faut-il intégrer les réseaux sociaux à l’ENT ? En créer un privé ? Intervenir sur les réseaux publics pour apprendre aux élèves à gérer leur identité numérique ? Comment imbriquer les espaces ? À aucun moment n’est évoqué le fait que l’ENT puisse être considéré déjà en lui-même comme étant un réseau social !

    Des préoccupations juridiques

    Elles ont été nombreuses autour des droits à respecter, des données et des responsabilités des différents acteurs, 10 ans après le lancement des ENT ces questions ne semblent pas réglées, à moins qu’elles ne reflètent plus de peurs que de problèmes non résolus. Il est également possible que ces questions ne soient pas correctement posées et que par conséquence il soit impossible d’y répondre.

    Entre cadrage et de souplesse

    La nécessité de la cohérence est omniprésente dans les propos mais semble difficile à trouver ; l’ENT est tour à tour présenté comme protecteur, ouvrant sur l’extérieur, divers mais devant converger vers un ou des modèles nationaux et permettant de travailler sur tous les cycles… Généraliser et unifier ou diversifier, la question n’est pas tranchée ! Pourtant le nouveau cycle à cheval sur le primaire et le collège pose la question de la continuité des ENT voire d’un ENT commun pour pouvoir travailler en inter-degré.Ludovia_ENT

    La mutualisation et la collaboration

    Elles sont au coeur des souhaits exprimés, mais les favoriser via les ENT n’est pas chose aisée… Plus généralement, nous manquons de retours et d’analyses sur les usagers, ce qu’ils font sur les ENT, ce dont ils ont besoin et envie.

     

     

    Une définition de l’ENT

    Elle a été construite pendant la consultation :

    “l’ENT est un projet de portail sécurisé (pour garantir le droit à l’erreur de l’élève) donnant accès à des services numériques collaboratifs et pédagogiques, choisis et organisés par et pour la communauté éducative d’un territoire et de ses établissements”

    Une carte mentale a été réalisée pendant la restitution. Elle reste modifiable et améliorable par ceux qui le souhaitent sur  http://www.mindmeister.com/321589632

    Réaction de Bruno Devauchelle  :

    • Quelle généralisation des ENT ? le concept reste à définir ou tout du moins à préciser.
    • Un fait, les ENT sont là et correspondent à des besoins, des craintes et des attentes
    • Nécessité d’harmoniser, impossible de mettre en place les ENT dans le bricolage et l’anarchie, il faut que ça marche pour que ce soit acceptable et accepté !
    • A-t-on les moyens techniques et intellectuels de relever le défi de la complexification ? On ne peut pas concurrencer Google et pourtant il le faudrait ! Il faut aussi l’admettre quand ça ne marche pas…
    • Les mots « pédagogique » et « éducatif » sont à clarifier, ils sont fourre-tout et on oublie le didactique !
    • Mobilité versus nomadisme, interopérabilité…
    • Notion de cadre, volonté de rationalisation mais comment éviter que le cadre ne devienne une contrainte ? Le fantasme des profs persiste sur le contrôle par le Ministère via un ENT national ou sur le contrôle par les parents.

    Axes de réflexions proposés par Bruno Devauchelle (@brunodev sur Twitter) :

    – Il y a un affrontement entre fait scolaire et fait social qui ne sont plus au diapason depuis 10 à 15 ans, le numérique et les réseaux sociaux en sont un élément : par exemple que fait-on de l’interdiction des smartphones dans les collèges si l’ENT est accessible dessus ?

    – Il y a une fausse confrontation entre LMS et ENT :  le LMS est un outil intéressant et c’est une des briques pédagogiques d’un ENT. Il est nécessaire d’arrêter les querelles car il y a une grande expérience dans les LMS et des évolutions positives (comme Spiral Connect avec les universités de Lyon1 et Louvain la Neuve, par exemple)

    – Il est nécessaire d’éclaircir les concepts “pédagogique” versus “éducatifcar il reste trop de confusion entre les deux notions. L’école a d’abord une action pédagogique, puis par effet de système une mission éducative mais il manque l’éducation hors de l’école. Par exemple qu’est ce que la vie scolaire ? Tout ce qui est n’est pas scolaire ! Mais les cloisonnements structurants disparaissent. On ne sait plus où sont les frontières.

    Le lien avec les parents est encore chargé de fantasmes. Oui ceux-ci sont content de savoir ce qui se passe dans l’établissement mais ils ne souhaitent pas fouiller ou interférer (sauf peut être une toute petite minorité qui peut amener à des réactions disproportionnées).

    – De quoi parle-t-on quand on utilise les termes culture numérique ? Enseigner au et par le numérique, savoir où se situe le numérique dans mes activités ?

    Distinguer pédagogie et didactique : clarifier ce que l’on appelle pédagogie, et l’ingénierie didactique

    Quelle place des ressources ? On n’entend pas parler des documentalistes et de la place du CDI, lieu d’où l’on accède au monde extérieur. Quels sont le rôles de ceux ci et comment les ressources sont-elles intégrées et utilisées par les enseignants et les élèves ?

    Collaboratif : Avant de parler de collaboration il faut parler de communauté éducative, faire corps avec les élèves ce qui implique d’autres organisations et visions que celles en cours actuellement.

    Problèmes juridiques : étonnant qu’il faille 10 ans pour aborder les questions juridiques. Ce retard est sans doute lié à un imaginaire du juridique ? Faut il s’asseoir dessus ?

    L’interopérabilité va se jouer avec la mobilité et le nomadisme, elle est liée avec l’articulation vie réelle / vie scolaire. Fermer ou ouvrir, il va falloir faire des choix éducatifs radicaux. Il est indispensable de préciser ce concept également : interopérabilité entre les solutions ? intégration d’autres services et ressources mutualisées issues de prestataires publics ou privés, récupération par les enseignants et les élèves de leur informations et documents lors de changement d’établissement, …

    L’harmonisation est à rechercher sinon ce seront des opérateurs externes non coordonnés qui obligeront l’école à s’adapter à leur solution (NDLR : l’ombre de Google plane encore à ce moment de l’exposé).

    – Qui sont les vrais usagers des ENT ? Les données sur les retours d’usages sont nettement insuffisantes. Il faut interroger les élèves, les profs, les parents et l’institution, tenir compte de leurs besoins, préparer un livret d’accueil (pas un mode d’emploi) et rendre les ENT plus affordants (évident à utiliser et répondant à des besoins partagés par le plus grand nombre).

    Pour conclure, face à l’imaginaire sur le développement des ENT notamment lié à une sous information des problèmes techniques ou fonctionnels rencontrés, les institutions doivent avoir le souci d’expliquer aux gens et de mieux communiquer.

    NDLR : un document papier assez volumineux a été remis pendant la session mais celui ci ne semble pas disponible en ligne dans l’attente d’une publication validée et définitive sur le site du Ministère.

     

     

     

  • Construire et imaginer ce que devrait être l’établissement du XXIème siècle, à l’ère du numérique

    Construire et imaginer ce que devrait être l’établissement du XXIème siècle, à l’ère du numérique

    Ludovia_Sem1
    Le sujet par excellence, que tout acteur de l’Education Numérique rêverait de réaliser.

    Tour a tour, Catherine Stasser de la Région Wallonne, Henriette Zoughebi – Vice-Présidente chargée des lycées de la Région Ile-de-France et représentante de l’ARF, Marie-Christine Cavecchi – Présidente de la commission éducation numérique à l’ADF, et Pascale Luciani-Boyer – Maire-adjointe de St Maur, représentante AMF au Conseil National du Numérique se sont prêtées au jeu de la projection vers une nouvelle ère numérique dans l’éducation, pour les 10 ans à venir.

    Pourquoi s’interroger aujourd’hui sur cette question ? Ne menons-nous pas depuis 10 ans déjà ce type de réflexion ?

    Tous s’accordent à dire qu’après 10 ans d’expérimentations variées sur les usages numériques, après 10 ans de réflexions diverses sur les problématiques aujourd’hui connues de tous (maintenance, financement, équipements, intégration des ressources numériques, formation et suivis pédagogiques des enseignants, etc.), l’heure est à  la généralisation des usages.

    Mais cette généralisation ne pourra se faire que si l’on tient compte de l’environnement dans lequel baignent au quotidien, enfants et ados : le partage des savoirs et des ressources numériques conditionne les usages et a fait exploser depuis déjà plusieurs années les frontières éducatives et pédagogiques de l’établissement scolaire.

    L’établissement scolaire : entre partage des savoirs et structuration des compétences

    Ludovia_ZoughebiSelon Henriette Zoughebi, la prolifération des ressources auxquelles nos jeunes et nos enseignants ont aujourd’hui accès, change la donne pédagogique : les lycéens souhaitent aujourd’hui être actifs dans la construction de leurs apprentissages.

    Les ENT mis en place par les régions serviront au partage et à la structuration des savoirs.

    Mais la question majeure qui reste encore en suspend est bien celle des ressources numériques.

    « Le ministère retravaille actuellement les programmes, mais quelle place donnera t-il réellement aux ressources numériques? Les fera t-il rentrer par la grande porte des nouveaux programmes ou laissera t-on encore le champs libre au monopole de Google ou autre leader américain ?« , s’interroge Henriette Zoughebi.
    La seule solution qui prévaut en la matière est “d’orchestrer une gouvernance inter-académique, afin de nous aider en tant qu’entité régionale à uniformiser l’égalité des chances entre les élèves tel que le souligne la loi”.

    Nos établissements ne sont plus adaptés pour favoriser la continuité éducative.

    Aussi, dans un monde de plus en plus complexe ou chaque jour apporte son lot de nouvelles ressources et d’informations diverses, l’enjeu éducatif majeur repose sur la manière dont les acteurs pédagogiques permettront aux élèves de se structurer dans une continuité éducative.

    La salle de classe, l’établissement scolaire de demain ou l’espace virtuel dédié doit donc permettre aux enseignants de remplir pleinement leur rôle de pédagogue, non plus dans l’unique transmission des savoirs tel que l’entendait nos parents mais dans une structuration de ces connaissances, auxquels les élèves et les enseignants ont accès aujourd’hui si facilement.

    De part cette perpétuelle circulation et partage des savoirs et des connaissances, dans et en dehors de l’établissement,  Henriette Zoughebi pose ainsi très vite le problème d’une Ecole qui ne serait plus uniquement dans ses murs mais également au-delà, dans une architecture virtuelle.

    Les jeunes sont parties prenantes du monde, et ne structurent plus leurs connaissances et leurs compétences exclusivement dans l’espace dédié de l’école.

    Ceci suppose alors une réorganisation architecturale des bâtiments.

    « On croyait que les lycées ou les collèges étaient construits une fois pour toute », précise Marie-Christine Cavecchi, « mais l’Ecole de demain qui vivra avec les usages transversaux du numérique va devoir être repensée dans son architecture ».Ludovia_Cavecchi

    Cette question suscite immédiatement un intérêt particulier de la salle qui nourrit le débat à travers de pertinentes questions ou des propositions sur la réorganisation des salles de classe et des espaces communs, sur la place des espaces dédiés aux apprentissages virtuels, sur la nécessité de changer de paradigme afin de ne plus organiser la pédagogie par programme mais par projet.

    Comment établira t-on donc le lien entre ce qui se passe à l’école et ce qui se passe à la maison ?

    Nos établissements ne sont plus adaptés pour favoriser la continuité éducative, soutient Marie-Christine Cavecchi.

    Les collèges ont été conçus pour aider les élèves à passer de l’enfance à l’adolescence. Or, depuis plusieurs années, les élèves vivent dans deux mondes parallèles, dans celui du numérique en mobilité et dans l’établissement scolaire qui n’a pas encore reconnu et exploité les usages du numérique.

    Deux siècles (XXeme et XXIeme) qui se côtoient, essaient de dialoguer dans des salles informatiques désuètes, sans pour autant se comprendre.

    La transversalité des usages du numérique permettra de ramasser davantage les espaces, en réorganisant les salles de classes et les espaces communs par projet.

    Les espaces communs devront en effet être redéfinis car des salles telles que celles dédiées au CDI, qui mettent des ordinateurs à disposition des élèves, n’auront plus de raison d être. Les fonctions du CDI pourront être redéployées dans les différentes classes.

    Nous pourrons, de ce fait, partager les espaces de façon différente en travaillant mieux avec le périscolaire » précise Marie-Christine Cavecchi.

    Une gouvernance élargie aux parents

    Henriette Zoughebi renchérit, « le jeune a également besoin de la dimension physique et du contact réel pour se construire donc ne pas uniquement évoluer dans le virtuel ; aussi, la question essentielle que nous aurons à résoudre sera justement liée au devenir du nouveau centre de connaissance et de culture, car le centre de ressources ouvert vers l’exterieur est le cœur battant d’un établissement. Et pour cela nous aurons besoin de consulter l’ensemble des futurs usagers et acteurs directement ou indirectement impliqués, dont les parents”.

    La participation des parents dans une nouvelle gouvernance devient alors indispensable dans le cadre d’une redéfinition des frontières du scolaire, du périscolaire et parascolaire, dans une libre circulation des savoirs dans et en dehors de l’établissement.

    Un nouveau collège s’ouvre à nous » conclut Marie-Christine Cavecchi. « Mais penser une telle restructuration suppose bien évidement la mobilisation de moyens, et une maintenance que les départements et les régions sont prêtes à assurer, si les compétences territoriales sont transférées comme il se doit par l’Etat« .

    Les dimensions pédagogiques de demain, antinomiques avec les raisonnements d’aujourd’hui…

    Ludovia_PBoyerA cette prospective, Pascale Luciani-Boyer pose le problème du décalage entre la projection de l’école de demain et les freins de mise en œuvre, qui “limite l’école numérique d’aujourd’hui à une prolifération d’expérimentations/vitrines, sans pouvoir envisager une quelconque politique de généralisation sérieuse.”

    Or, ce décalage est, selon Pascale Luciani-Boyer,  exclusivement dû à un raisonnement faussé où ne sont pas pris en compte les bons facteurs et modèles économiques qui font notre société d’aujourd’hui.

    Depuis 10 ans on se pose toujours les mêmes questions, se désole t-elle, on ne cesse de  rêver de l’école décloisonnée, ou, aujourd’hui, de l’école inversée »
    « On déplore que les collectivités aient des finances en berne, et ne peuvent assurer l’équipement ou la maintenance des outils, on imagine que le numérique puisse aider l’enseignement à ne plus être uniquement un passeur de connaissances mais également un développeur de compétences pour les futurs citoyens. Mais on raisonne sur l’Ecole de demain en ne tenant compte que des paramètres des moyens d’hier et d’aujourd’hui”.

    Or, pour se projeter vers l’école de demain où les échanges pédagogiques pourront s’effectuer sur des lieux différents, encore faut-il s’assurer que les élèves dans leurs familles ou en mobilité soient eux même équipés comme le reste de la société dans laquelle se place l’école.

    Cessons d’attendre que les collectivités fournissent tous les équipements et assurent la maintenance ! Pourquoi ne pas envisager que les élèves soient eux-mêmes, individuellement, équipés ?”

    Pascale Luciani-Boyer s’appuie à cet effet sur la traditionnelle liste de fournitures de rentrée scolaire, qui intègre avec les vêtements et autres cahiers, une calculette…

    Or, la baisse progressive et inévitable de la tablette numérique ou de tout autre appareil mobile connecté, permet d’envisager que l’élève travaille avec son propre matériel comme il le fait déjà avec sa calculette, ou ses stylos sans que personne depuis des années n’ait même pensé mettre les collectivités à contribution pour ce type de matériel”, souligne t-elle.

    La collectivité devra bien sûr subvenir aux équipements individuels des enseignants et, pour les familles les plus défavorisées, d’autres leviers publics sont à l’œuvre . “On peut penser ici, rappelle Pascale Lucini-Boyer, au rôle de la CAF au travers de l’allocation de rentrée scolaire par exemple”. Un acteur public, qui n’est en effet jamais pris en compte dans la définition de nos modèles d’équipements pour l’école de demain.

    Osons mettre un terminal connecté pour chaque enfant de France scolarisé, c’est juste une volonté politique”, conclut Pascale Luciani Boyer.

    De nouveaux modèles économiques seraient donc à réfléchir pour l’école numérique de demain ainsi que les architectures de connections correspondantes.

    Article rédigé par Marie-France Bodiguian, Cabinet AMO-TICE

  • Expression 2.0 des élèves et culture numérique à l’École

    Expression 2.0 des élèves et culture numérique à l’École

    Ludovia_T1_2
    Ludovia 2013
    a proposé ce thème  lors de sa première table ronde ; la modération a été assurée par François Guité.

    François Guité pose deux questions:

    • quelle place pour les médias sociaux à  l’école ?
    • quelle place pour les nouveaux moyens d’expression orale et écrite ?

    Il note beaucoup de résistance au Québec sur ces nouveaux moyens d’expression.

    Blandine Raoul Réal, représentante de la DGESCO, intervient, à l’appui d’une vidéo :

    Faire entrer l’Ecole dans l’ère du numérique par EducationFrance

    L’objectif dépasse largement le programme. La loi d’ orientation l’a déjà fait à travers plusieurs articles : 31. 35 .
    L’Ecole se mobilise sur plusieurs dimensions du numérique:

    • dispositif 1 l’ éducation aux médias et à l’info: indispensable.
    • dispositif 2 : rénovation b2i  = rentrer dans les pratiques numériques des élèves. L’objectif est de donner à l’élève sa part d’autonomie tout en leur permettant de développer leurs compétences dans la gestion des médias sociaux
    • Du côté des enseignants: Besoin de travailler en équipe pédagogique  + communauté éducative (CPE , personnel de direction…) et besoin de mettre en place sa veille d’enseignant pour acquérir une éducation numérique  et des pratiques.
    • développement de travaux académiques disciplinaires autour d’une thématique : produire des scénarii pédagogiques à mettre à disposition des enseignants.
    • Mise en place des Espaces / renforcement de la formation des personnels d’inspeçtion et d’encadrement et développement  des ENT.

    Jean Marc Merriaux, Directeur général du CNDP intervient à son tour,

    Exposition de chiffres qui montrent l’hyper connectivité des ados , ce qui pose la question de la place des réseaux sociaux : quelle place de leurs usages ?

    Les élèves produisent de plus en plus de contenu dès leur plus jeune âge. Cela amène l’enseignant à prendre en compte les usages des élèves dans la production des contenus scolaires.

    François Guité note que les  jeunes sont maillés, ils vivent en réseaux.  Les connaissances sont vite acquises. Les enseignants ne sont pas sur le même tempo: comment utiliser ces connaissances et cette rapidité ?

    Françoise Maine, représentante de l’Enseignement Catholique, ajoute son point de vue à la réflexion.

    Elle explique qu’elle s’est intéressée à comprendre la culture numérique des élèves. Pour ce faire, elle a listé les compétences développées par les élèves. Par exemple: lorsqu’ils jouent en ligne.

    Constat : ils sont dans des pratiques d’exploration
    Constat : développement de compétences hors école qui impactent cependant les activités scolaires.

    D’où l’idée d’une création du festival national du film de poche à destination de jeunes lycéens avec pour objectif de les sortir du « shoot and share« . A noter : ce projet a permis à certains de raccrocher à l’école.

    La situation de production et le thème ont un impact sur la production des élèves qui font la différence entre leurs pratiques privées et cette nouvelle situation de communication. Ils développement une réelle écriture numérique.

    Florence Canet , enseignante documentaliste dans l’Académie de Toulouse fait part de son expérience, voir aussi article à ce sujet ici

    Elle utilise le partage de signets collaboratifs, une expérimentation menée dans une classe de BTS sur des projets TPE
    Le constat qu’elle dresse est un problème de suivi individuel et beaucoup de copié/collé
    Le partage de signets en ligne (social bookmarking) est une pratique qui permet de sauvegarder, organiser et commenter des pages Web dans une bibliothèque virtuelle permettant d’accéder à ses favoris depuis n’importe quel dispositif connecté.

    Le résultat : nomadisme / travail hors temps scolaire / decontextualisation de l’heure de cours pour l’élève et le prof
    F. Canet rapporte les propos d’un enseignant :

    «Il faut hacker l’information pour que l’élève fasse, au final, sienne cette information»

    L’équipe enseignante est également entrée dans les pratiques d’élèves et s’est adaptée aussi à celles-ci. Il n’y a pas que les enseignants qui sont prescripteurs au final.
    L’Espace est devenu véritablement collaboratif (two ways).
    Le partage des signets est devenu une pratique signifiante (bilan après 2 ans).

    Sébastien Reinders parle au nom de la délégation Wallonne, se sent honoré et remercie l’équipe de Ludovia pour l’invitation. Il pose le cadre institutionnel wallon.

    Il propose un cours de « Wallonie pour les Nuls ».
    En Wallonie, toute l’éducation aux médias est renvoyée au niveau transversal.
    Deux produits ont été créés au niveau institutionnel :

    • Educatube : promeut notamment les productions des élèves + les productions pédagogiques des enseignants.
    • Passeport TIC (B2i wallon). Pas obligatoire. Basé sur la motivation des enseignant. Carnet de compétence à remplir. Certification des élèves après deux ans. On arrive tout doucement sur des compétences concernant le web 2.0 et les réseaux sociaux et plus seulement sur le plan de logiciels.

    Le modérateur pose la question finale : va-t-on utiliser les médias sociaux avec les élèves dans des milieux fermés ou des milieux ouverts ?

    Questions de la salle :

    1. Educatube ouvert ou fermé ? Outil institutionnel, donc fermé. Validation également des ressources déposées.
    2. Comment se fait la validation ? C’est la promotion de ce que l’on retrouve.
    3. adigo (Mme Canet). Est-ce que le nom des élèves apparaît? Projet avec des élèves tous majeurs. Première année anonymisation des élèves (groupe 1, …)
    4. pourquoi n’y a-t-il pas de jeunes dans le jury de sélection? C’est un festival nouveau. C’est une bonne remarque.
    5. quels sont les freins ?

    Jean-Marc Merriaux conclura : aujourd’hui on ne peut plus en rester uniquement à l’analyse des médias d’actualité. On doit prendre en compte les médias d’indexation, par exemple.
    La question est aussi autour des droits, notamment les droits associés. Emprunter pour recréer: aujourd’hui cela n’est pas possible dans le cadre juridique actuel.
    Question connexe (François Guité) : A qui appartient les données de l’élève ?
    Ludovia_T1