Catégorie : A LA UNE

  • Apprivoiser les écrans et grandir

    Apprivoiser les écrans et grandir

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    C’est que les écrans ne sont pas seulement utilisés pour tout ce qu’ils peuvent nous apporter, mais aussi, chacun le sait bien, pour lutter contre la solitude et oublier les difficultés de la vie, exactement comme l’alcool et les médicaments psychotropes.

    Du coup, la réponse à la question qu’ils posent réside dans la construction de liens différents, et cela peut se faire à travers des actions ponctuelles et ciblées associant les parents, les pédagogues et les jeunes eux-mêmes.

    Un nombre croissant de municipalités organise déjà des « semaines pour apprivoiser les écrans » et des festivals de création adolescente. Afin de généraliser ces pratiques, et de donner des conseils concrets aux parents qui en attendent, une campagne sur le thème Apprivoiser les écrans et grandir est lancée en octobre, appuyée sur un ouvrage intitulé 3-6-9-12, Apprivoiser les écrans et grandir (Serge Tisseron, editions éres).

    Elle est d’ores et déjà relayée par des municipalités, des entreprises, des associations nationales de parents d’élèves et de professionnels de la santé et de l’éducation, l’Enseignement catholique, etc.  Des affiches (téléchargeables sur www.editions-eres.com, ou sur les sites des divers partenaires) sont destinées à être placées dans les écoles, les crèches, les PMI, chez les pédiatres, etc.

    Parallèlement, un site interactif (www.apprivoiserlesecrans.com) est créé afin d’alimenter les échanges autour des diverses actions visant à réduire le temps d’écran et aussi à l’employer au mieux.

    En effet, c’est avec l’éducation que nous décidons si nous aimons assez nos enfants pour ne pas les abandonner à eux-mêmes, en leur apprenant à s’auto-guider et s’auto-protéger. Mais c’est aussi avec l’éducation que nous décidons de leur donner la chance d’entreprendre quelque chose que nous n’avions pas prévu, et de les préparer à la tâche de renouveler le monde. Les technologies numériques confrontent plus que jamais à ces deux objectifs.

    Nous vous convions à découvrir le livre, le site, la campagne, le vendredi 4 octobre à 9 heure dans les locaux de la FING (8 passage Brulon, 75012, Paris) en présence de quelques-uns des partenaires. Le livre sera disponible en librairie à partir du 3 octobre et également sur le site des éditions érès.

    S’il nous est très difficile, à chacun, de changer seul nos rapports aux écrans, nous le pouvons tous ensemble. C’est le but de cette campagne.

  • Le MOOC, l’alliance du rêve et du marketing ?

    Le MOOC, l’alliance du rêve et du marketing ?

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    Le MIT (Massachusetts Institute of Technology) a fait exploser le nombre de cours en ligne ces dernières semaines. C’est un fait : de plus en plus d’Universités à travers le monde se mettent aux MOOC (Massive Open Online Course) en proposant gratuitement des cours en ligne à de plus en plus d’étudiants.

    Ce courant vient des Etats-Unis où il a débuté il y a 5 ans mais ce n’est vraiment que depuis 1 an que le MOOC fait parler de lui.

    Aujourd’hui, ce sont environ 20 millions d’étudiants de 200 universités qui sont inscrits à un MOOC et le phénomène continue de croître.

    Un MOOC, ce sont des présentations en vidéo, des exercices en ligne, des forums de discussion et même des examens de fin d’année, explique Janic Tremblay.

    « Plus généralement, c’est l’accès à la connaissance et aux plus grandes Universités de la planète ».

    L’apprenant est responsable de son apprentissage et il peut parler à des milliers de personnes à la fois. C’est un modèle flexible et ouvert qui « fait tomber les frontières ».

    Il témoigne d’une anecdote d’étudiants africains qui avaient parfait leurs connaissances grâce à leur inscription à des MOOC et pouvaient ensuite faire valoir cette attestation (qui est remise si vous réussissez vos examens en ligne) auprès d’un futur employeur qui n’y était pas insensible.

    Attention cependant à l’aspect « marketing » du MOOC qui permet aux plus grosses Universités (celles qui ont les moyens de cette politique de masse de cours en ligne) de recruter des étudiants et d’améliorer leur visibilité.

    C’est ce que souligne Thierry Karsenti, Professeur en sciences de l’éducation à l’Université de Montréal et Titulaire de la Chaire de recherche du Canada, dans une récente étude qu’il a menée et  qu’il présente aujourd’hui, 26 septembre, à l’Université de Montréal.

    Un tableau en demi-teinte donc, même si Thierry Karsenti relativise le côté marketing en abordant le côté « rêve » associé au MOOC.

    « Il y a des gens qui me disent, oui nous sommes conscients que c’est du marketing mais je n’ai pas les moyens d’aller à Harvard et je suis tellement content d’apprendre ».

    Accéder aux savoirs et à la connaissance via les cours des meilleures universités au monde pour, au final, accéder à des compétences sans débourser un centime, et si c’était cela le MOOC ?

    Plus d’infos :
    Retrouvez la chronique Radio Canada en ligne ici

  • La tablette, un nouvel outil dans le paysage de la classe

    La tablette, un nouvel outil dans le paysage de la classe

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    graphique_michelmonteilEn progression continue depuis la rentrée scolaire 2010, c’est maintenant environ 15 000 tablettes qui sont en expérimentation dans les établissements scolaires avec la répartition suivante : 119 écoles, 174 collèges et 42 lycées.

    « Tous les témoignages convergent sur les qualités indiscutables de la tablette. Sa rapidité de mise en œuvre, son autonomie, sa légèreté, sa simplicité d’utilisation, sa mobilité modifieraient l’organisation et l’usage des TICE dans la classe, et cela aurait un impact positif sur les apprentissages dans de nombreuses disciplines », décrit Michèle Monteil dans son rapport.

    Du côté positif, on notera les atouts suivants pour le travail en classe : une souplesse de la durée et du rythme des séances, la possibilité d’alterner entre travail individuel et travail collectif et enfin l’ouverture vers des activités variées liées aux apports spécifiques de la tablette.

    Comme le décrit Michèle, « la tablette permet d’associer lecture et écriture par une circulation facilitée entre consultation, commentaires et échanges. Elle permet un accès différent aux savoirs et à des ressources multiples comme par exemple de très nombreux ouvrages (simplement stockés et conservés sur la machine ou mis à disposition par des serveurs spécialisés) ».

    Sans oublier les fonctionnalités qui permettent d’écouter, d’enregistrer, de prendre des photos ou même de filmer.

    D’une utilisation simple en apparence, le rapport n’oublie pas de souligner l’importance de la formation des enseignants dès lors que l’on introduit cet outil en classe : nécessaire prise en main du matériel et des systèmes d’exploitation qui les accompagnent et nécessaire appropriation pédagogique… mettant en lumière la charge de travail supplémentaire dont témoignent les enseignants pour réaliser de simples séquences de cours ou encore la faible quantité de ressources, adaptées à leurs besoins, dont ils disposent avec l’outil.

    Certains passionnés se sont accrochés, d’autres ont décroché !

    Quelles perspectives pour répondre au besoin du numérique pédagogique à l’école ?

    Il semblerait que des contraintes d’ordre technique et logistique aient été identifiées comme par exemples, les systèmes et applicatifs permettant la connexion à Internet avec la mise en place d’un dispositif de contrôle et des outils d’échange de documents ou encore une connexion WIFI efficace et entretenue.

    « Beaucoup d’enseignants se sont plaints d’un roulement aléatoire de tablettes qui refusent de se connecter ce qui représente un frein important à la rapidité de mise en œuvre des activités ».

    Mais aussi le manque d’adaptation du secteur industriel aux usages scolaires ; celui-ci restant encore très axé sur du déploiement « en nombre ».

    Pour nuancer ce propos, Michèle Monteil rappelle qu’en deux ans, le marché a considérablement évolué :

    « L’offre s’est diversifiée, depuis l’apparition de stylets jusqu’à l’option ardoise. Une nouvelle génération de tablettes hybrides plus puissantes (clavier détachable) permet avec un seul outil l’usage des fonctions tactiles de la tablette et celles des fonctions complexes des ordinateurs avec une gestion facilitée des fichiers. Les systèmes d’exploitation ont évolué, ils sont plus stables. Beaucoup de modèles de tablettes sont maintenant munis de connecteurs qui permettent de gérer les périphériques classiques et donc s’intègrent plus facilement à la classe ».

    En conclusion, le constat est fait que les tablettes viennent souvent remplacés les classes mobiles. Les retours d’expérimentations portent essentiellement sur la classe et très peu sur l’utilisation des tablettes à la maison, pour les élèves qui ont la chance de les emporter chez eux !

    Il est en effet à noter que peu d’établissements autorisent que les outils sortent de leurs « murs« , en avançant l’argument du coût élevé des matériels et de sa fragilité…
    Bref, une vision encore très centrée sur « l’outil est mobile donc l’enseignement peut être mobile », à confronter avec l’article de Jean-Paul Moiraud, « Mobilité des corps dans l’espace réel ou mobilité dans les espaces numériques ? »,  prônant davantage une analyse par « les intentions » sur le « pourquoi a-t-on besoin d’être mobile ? »

     

    Plus d’infos sur les expérimentations menées par l’Education Nationale :
    Consulter les rapports d’expérimentation de Grenoble et Bordeaux ici
    Consulter les usages pédagogiques des tablettes tactiles de l’académie de Grenoble ici
    Consulter les usages en cours d’EPS dans l’académie de Versailles ici

     

  • Les atouts « cachés » du dictionnaire électronique : révélations d’un enseignant

    Les atouts « cachés » du dictionnaire électronique : révélations d’un enseignant

    Le dictionnaire électronique : l’outil de référence

    Au début de l’expérimentation, Jean-Grégoire a débuté l’aventure en « défrichant ». Le dictionnaire électronique apparaît aux premiers abords, pour celui qui ne le connaît pas, comme un « simple » dictionnaire ; mais notre enseignant s’est vite rendu compte qu’il pouvait facilement dépasser ce stade.

    « L’idée que tout le monde se fait d’un dictionnaire est bien enracinée, c’est une roue de secours ; lorsqu’on bloque sur un mot, on va toujours chercher dans le dictionnaire ».

    L’intérêt du dictionnaire électronique est de pouvoir chercher la traduction d’un mot français en anglais, par exemple, mais aussi d’aller compléter cette recherche dans un dictionnaire monolingue.

    Après trois ans d’utilisation, c’est désormais LE support privilégié de cet enseignant pour faire travailler ses élèves, tout en précisant qu’en classes prépa, « il n’y a pas vraiment de manuels » et que le dictionnaire électronique occupe aussi cette fonction.

    Un objet multifonctions

    C’est pour l’outil riche en contenus que Jean-Grégoire a choisi d’utiliser le dictionnaire électronique mais pas seulement. Comme il l’explique, il a bien d’autres fonctions intéressantes :

    « Il y a un moteur de recherche qui est spécifique à l’objet lui-même qui permet des recherches par arborescence, des recherches multi-dictionnaires, des recherches sur le sens du mot mais aussi de l’emploi du mot dans des locutions (…) ».

    Comme l’indique cet enseignant, l’outil permet une recherche à la fois extrêmement fine et large.

    Une invitation à la réflexion et à la collaboration en classe

    Autour de l’objet se crée une émulation de classe, nous explique t-il. Allant au-delà de la traduction, les élèves peuvent trouver, pour un seul mot, plusieurs sources fiables qui se complètent et confronter alors leurs recherches. C’est un bon moyen d’ouvrir des débats de classe, de faire confronter les idées.

    «  L’outil n’est donc plus une roue de secours mais un moteur qui crée une dynamique de classe », conclut Jean-Grégoire. « Il aide à réfléchir ».

    De la collaboration active entre enseignants autour de l’objet numérique

    Les collègues de Jean-Grégoire sont désormais équipés en dictionnaires électroniques pour leurs élèves et, même si les pratiques ne sont pas toutes similaires, chacun ayant sa propre manière de s’approprier l’outil, Jean-Grégoire se réjouit de pouvoir partager son expérience.

    A l’avenir, des expérimentations d’usages vont être faites en commun, entre plusieurs classes, ce qui démontre encore une fois tout l’intérêt de l’apport du numérique.

    « Quand je parle d’explorer cet inconscient collectif, l’arrière plan culturel qui nourrit le langage, c’est pour moi un continent à explorer et on ne peut pas le faire tout seul ; à plusieurs, cela permet à chacun d’apporter sa pierre à l’édifice », confie Jean-Grégoire.

    Côté élèves, le dictionnaire électronique est une évidence !

    Comme le souligne cet enseignant, tout objet numérique qui arrive en classe est accueilli à bras ouvert par les élèves ; pas besoin non plus de notice d’utilisation, « en une heure ils ont compris comment ça fonctionne ».

    Et sur le concept « le prof ne sait pas tout », Jean-Grégoire voit bien qu’en l’espace d’une semaine, ses élèves réalisent des choses que lui-même n’a pas encore découvert ! Et il avoue « humblement », « ils m’apprennent des choses aussi », un échange à double sens particulièrement apprécié.

    Devenir autonomes pour un meilleur apprentissage

    Avec un dictionnaire entre les mains, les élèves sont donc « détenteurs du savoir ». On se demande donc : « mais alors, que vont-ils apprendre ? » C’est bien là tout l’enjeu de Jean-Grégoire et de ses collègues : faire réfléchir les élèves sur ce qu’ils vont faire de ce savoir.

    Leur faire gagner en autonomie, voilà la réponse de notre enseignant.

    Il donne l’exemple des listes de vocabulaire à apprendre. Il a tout simplement exclu cette méthode de son enseignement et, plutôt que de distribuer des listes, il les fait créer aux élèves eux-mêmes.

    « Certains vont proposer une liste de 25 mots et d’autres plus de 100. Peu importe le chiffre exact, ce qui compte c’est que c’est adaptable en fonction du niveau de l’élève, de ce qu’il perçoit du dictionnaire ».

    Et il ajoute « on apprend jamais aussi bien que lorsqu’on a soi-même fixé les limites de ce que l’on doit apprendre ».

    Plus d’infos :

    Voir aussi la sujet : « Le dictionnaire électronique : la machine à rêver », ici

     

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  • Lancement d’un manuel numérique dédié à l’enseignement de spécialité Informatique et Sciences du Numérique

    Lancement d’un manuel numérique dédié à l’enseignement de spécialité Informatique et Sciences du Numérique

    Un manuel numérique dédié à l’ISN

    TexasInstruments_170913L’enseignement de spécialité appelé ISN pour les classes de Terminale en séries scientifiques a fait son apparition l’année passée.

     

    Afin d’accompagner les enseignants qui délivrent l’enseignement de cette spécialité, une équipe de 5 enseignants auteurs de la communauté T3 ont développé un manuel numérique  gratuit pour l’enseignement de l’ISN et sous licence Creative Commons.

     

    Boris Hanuš, enseignant de mathématiques au lycée Condorcet de Limay, formateur TICE et auteur d’ouvrages sur les mathématiques et les sciences a coordonné tout le projet et nous explique en quoi il était important de créer ce support :

    « La spécialité Informatique et Sciences du Numérique étant très récente, il existe peu de supports pour l’enseignant et les élèves. Dès lors, il fallait en créer un qui puisse par son utilisation, correspondre aux attentes de cet enseignement. Le format numérique du support était donc naturel. D’autre part, il me paraissait important de partager avec les personnes qui travailleront sur l’ISN, les bénéfices de l’usage de la technologie TI-Nspire. C’est ce que propose les différents chapitres de ce manuel numérique ».

    Jean-Baptiste Civet,  quant à lui, enseignant de mathématiques dans un collège de Marseille et formateur  aux usages du numérique en Mathématiques, note le défi particulier qui a été le sien de développer une des activités, dédiée au code barre et QR code :

    « Il s’agissait de rendre accessible à des élèves de terminale, une technologie utilisée au quotidien et riche du savoir mathématique qu’ils ont acquis tout au long de leur scolarité, depuis le collège jusqu’au lycée, leur laissant même entrevoir ce que pourrait être la poursuite de leur parcours, dans le supérieur, dans le domaine mathématiques. Il fallait tout à la fois réunir un aspect ludique, graphique, expérimental et théorique. Il était important de partir d’un usage réel et concret pour arriver à fabriquer un objet fonctionnel, ici au final, un générateur de QR Code décryptable par leur téléphone portable».

    La technologie TI-Nspire™

    Depuis quelques années, Texas Instruments concentre ses efforts de R&D sur des solutions numériques multiplateformes communicantes de type TI-Nspire portée sur PC, MAC, iPad et calculatrice avec interface d’acquisition de données scientifiques, afin d’anticiper ou de répondre à la demande de l’enseignement en matière d’utilisation du numérique appliqué à la pratique des mathématiques et des sciences, quel que soit l’environnement technologique utilisé en ou hors classe.

    TI-Nspire™ est un outil polyvalent, alliant sciences, mathématiques et informatique qui permettra d’aborder l’enseignement de l’ISN dans de bonnes dispositions. Représentation binaire, opération booléennes, numérisation, compression, algorithmes simples et avancés (programmation objet),  travail sur le langage HTML, etc. sont des exemples d’activités abordées dans ce manuel numérique et immédiatement utilisables avec les élèves.

    Un nouveau module de formation gratuit dédié à l’ISN

    Le programme gratuit de formations délivrées par des enseignants de la communauté T3 propose un nouveau module de formation adapté à l’enseignement de l’ISN. Ces formations s’organisent traditionnellement dans un établissement scolaire pour une durée de 3 heures et couvre un point du programme scolaire que les enseignants souhaitent s’approprier à l’aide de notre technologie (statistiques, probabilités, ISN, etc.), qu’elle soit matérielle et/ou logicielle.

     

    A propos de Texas Instruments

    La Division Education de Texas Instruments propose des solutions matérielles et logicielles innovantes pour l’apprentissage des mathématiques et des sciences. Les produits scolaires et les services de TI sont élaborés depuis plus de 20 ans en collaboration avec des enseignants-formateurs français du « réseau T3 » de façon à répondre parfaitement aux besoins spécifiques d’une utilisation en classe et hors classe, en conformité avec les programmes scolaires français.

    Texas Instruments France est également membre fondateur de l’AFINEF.

    Plus d’infos sur www.education.ti.com/france.

  • Gouvernance territoriale du numérique : s’adapter au changement et aux nouvelles compétences

    Gouvernance territoriale du numérique : s’adapter au changement et aux nouvelles compétences

    Comment s’adapter au changement et aux nouvelles compétences que définit la loi sur la refondation de l’école ? Quelle gouvernance territoriale peut-on espérer pour mener à bien les projets éducatifs numériques ?

    Pour en débattre, trois acteurs d’expérience en la matière : Dominique Provot, chargée de mission e-education à l’agence départementale Numérique 64, Charline Genet, chargée de mission au Développement numérique du Conseil Régional d’Auvergne et Philippe Molès, consultant et conseiller aux usages du numérique, Mission Ecoter.

    La loi sur la refondation redéfinissait en juillet dernier, les nouvelles compétences des départements et des régions en matière d’acquisition et de maintenance des matériels informatiques et des logiciels, leur laissant l’entière charge de cette mission.

     

    La collectivité : simple financeur ou réel partenaire de l’Education Nationale ?

    Comme le souligne Laurent Brisset, animateur de cette session, « quel rôle donne-t-on à la collectivité : celui d’un réel partenaire de l’Education Nationale ou celui de simple financeur ?»

    Laurent Brisset pose ainsi d’entrée de jeu le problème de la gouvernance partagée, indispensable à la réussite des projets d’éducation numérique.

    Mais comme en témoigne Dominique Provot du Conseil Général des Pyrénées Atlantiques (64),

    «Seul un partenariat tripartite entre la collectivité, l’établissement et les services déconcentrés de l’Education Nationale permet d’atteindre une relative efficience dans le développement des usages du numérique dans les établissements ».

    Dominique Provot insiste sur l’importance donnée au qualitatif dans le projet d’e-éducation de l’Agence Numérique 64 :

    « Seules des formations conjointes entre l’Agence du Numérique et le CDDP ont permis aux enseignants de s’adapter et d’intégrer les usages fonctionnels et pédagogiques. Le développement des usages ne peut souffrir d’une déficience de l’un ou l’autre de ces deux aspects, intimement liés».

    Le développement du numérique nécessite donc un ajustement pas à pas des dispositifs, selon les besoins des classes et le rythme d’adaptation des enseignants.

    C’est la raison pour laquelle, l’Agence numérique 64 s’est concentrée dans un premier temps, sur un équipement de Tableau Numérique Interactif et de baladodiffusion, puis a mis en place des « contrats numériques entre les différents partenaires » pour le déploiement et les usages de vidéoprojecteur dans toutes les salles et de vidéoprojecteur interactif dans une salle sur deux.

    Le développement progressif des usages est également facilité par le partage d’expériences entre enseignants lors d’une journée annuelle de pratique du numérique de la maternelle aux ESPE (Ecole Supérieur du Professorat et de l’Education), où la motivation des uns entraîne celle des autres.

     

    Maintenance : le nerf de la guerre ?

    Mais la question de la gouvernance n’aurait été traitée dans son ensemble si le point névralgique de la maintenance dans les établissements à la charge exclusive des départements et des régions n’avait été abordé.

    Maintenance que les associations territoriales, rappelle Laurent Brisset, acceptent de gérer, « s’il s’agit uniquement d’un transfert de compétences, soit d’une compensation financière de l’Etat ».

    (voir à ce sujet l’article de Ludovia Magazine : « Les collectivités encore dans l’expectative ») : Ce qui a récemment fait l’objet d’une requête des associations ADF et ARF auprès des services du Ministère.

    Dans les Pyrénées Atlantiques, cinq agents ont été affectés à cette mission : ce qui, selon Dominique Provot, n’est peut être « pas en soi un exemple à suivre par les autres départements, s’ils souhaitent, en cette période de restriction budgétaire, solliciter un financement de l’Etat à cet effet ».

     

    Autre région, autre politique. En Auvergne, représentée par Charline Genet, la maintenance relève de la compétence des services académiques du rectorat : une des résultantes des divers partenariats public/privé/région/département, initiés par la région.

    Equipés à 100% en haut débit, les lycées d’Auvergne ont très vite bénéficié de la compétence numérique de la région, dont le mot d’ordre était d’avancer dans une démarche commune sur les infrastructures avec les différents acteurs impliqués.

    Charline Genet insiste à cet effet sur la «volonté de concertation et de coopération, unique condition de réussite d’un tel projet, dans une équité territoriale ».

    « Le numérique éducatif ne peut être cloisonné. Une stratégie globale est nécessaire et la mutualisation des compétences de chacun est essentielle pour optimiser les investissements».

    Pour illustrer son propos, Charline Genet, cite l’exemple de SCONEETA, un service destiné à offrir un accès équitable à l’enseignement numérique à tous les foyers auvergnats et à tous les personnels de la communauté éducative premier et deuxième degré.
    C’est dans cet esprit de co-construction, que les 4 départements et 6 agglomérations se sont lancés dans un projet de déploiement du très haut débit, avec pour objectif de couvrir tous les lycées d’ici 2017.

     

    Stratégie globale & mode projet : les maitres mots de la gouvernance

    On l’aura compris, mettre en place une gouvernance partagée, c’est avant tout travailler en mode projet et élaborer une stratégie globale de conduite du changement afin d’anticiper les futurs perspectives d’usages.

    L’exemple pris par Philippe Molès est à cet effet éloquent.

    Le rectorat de l’Académie de Dijon, pour lequel il est missionné, vient de constituer un groupement d’intérêt public, le GIP e-Bourgogne, financé pour partie par la Caisse des Dépôts et Consignations, pour mutualiser les compétences et définir son plan de stratégie numérique.

    Cette démarche novatrice a pour principe la mise en place d’une gouvernance interne dédiée au numérique, des actions de formation et la création d’un observatoire des usages numériques.

    Parmi les volets de cette stratégie, souhaitée par Mme la Rectrice, Sylvie Faucheux :

    • Un partenariat avec l’Ecole Supérieur de l’Education Nationale afin de former les cadre de ce futur plan ainsi qu’avec l’ESPE de Bourgogne
    • La formation des élèves pour repenser la pédagogie
    • Un partenariat avec les collectivités
    • Un travail adapté à chaque projet d’établissement.

    D’autre part, précise Philippe Molès, cette politique requerra un constant dialogue entre le rectorat, les collectivités territoriales ainsi que les services de l’Etat.

     

    Oui mais, quid de l’évaluation des usages ?

    Au-delà de la gouvernance, la question de l’évaluation des usages est posée par la salle.

    Permettre à la collectivité d’ajuster ses dispositifs vers des usages efficients et pérennes des enseignants et des élèves nécessite un suivi et une analyse régulière des usages.

    Quels seront les indicateurs de suivis des usages à mettre en place pour permettre à l’Education Nationale d’adapter au fil du temps les accompagnements pédagogiques qui leurs seront nécessaires ? Sur quels types de tableaux de bord, les collectivités pourront-elles travailler pour suivre les usages, ajuster les équipements et infrastructures, mais aussi légitimer leurs investissements ?

    Cette thématique faisait d’ailleurs l’objet l’an dernier de la session 2 du séminaire Collectivité Ludivia 2012. : «Mettre en place un Tableau de bord – analyser les usages des équipements »

    « Il est très difficile d’évaluer l’impact des outils numériques sur les résultats des élèves », souligne Philippe Molès, « mais on peut travailler sur quelques évaluations qualitatives, qui serviront de repère au fil du temps ».

    Ces indicateurs de suivis ne seraient bien sûr pas là pour sanctionner mais donner les bases d’un suivi afin de permettre aux collectivités d’adapter leurs stratégies et leurs moyens.

    Ce sujet engendre un véritable débat dans la salle et les propositions et les questions foisonnent :

    Comment définir les indicateurs de suivis pédagogiques qui mesureront le rôle des outils numériques et ainsi l’évolution des besoins ?

    A travers un ressenti de l’enseignant sur la motivation de ses élèves ou autour de quelques points du programme, pris comme repères annuels ?

    Et ensuite, comment croiser les résultats de cette évaluation avec ceux des audits techniques des infrastructures, afin de comprendre où le bât blesse et résoudre les éventuels problèmes ?

    Une véritable réflexion doit être engagée au cas par cas, au niveau local entre les différents partenaires : collectivités, établissements et services de l’Education Nationale.

     

    Les intervenants se réjouissent à ce titre de la création des Directeurs Académiques du Numérique (DAN), qui pourront consacrer plus de temps à la mise en place des partenariats avec les collectivités.

    Quoiqu’il en soit, la session s’achève sur un principe fondamental : qu’il s’agisse de formation des enseignants, de maintenance ou d’évaluation des usages, les restrictions budgétaires et les besoins de gouvernance partagés conduiront les collectivités à mutualiser leurs compétences à des niveaux inter-territoriaux.

    D’autre part, seule la volonté de travailler ensemble à l’écoute les uns des autres permettra des avancées sur le chemin de la gouvernance partagée.

    Article rédigé par Marie-France Bodiguian, Cabinet AMO-TICE

  • Une e-révolution en éducation

    Une e-révolution en éducation

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    Il s’attarde en premier lieu sur la révolution physique et matérielle, celle du « génie informatique »

    « En 10 ans nous sommes passés d’un ordinateur de bureau fixe à un ordinateur mobile (le premier Smartphone) qui est deux fois plus puissant, qui coûte trois fois moins cher et qui a sensiblement la même résolution d’écran ».

    Il dresse un parallèle de ce temps-là, ces 10 ans de révolution technologique, avec le temps passé par un élève de la petite section de maternelle à la sortie du lycée et pose la question :

    « Comment adapter notre enseignement sachant que les compétences dont vous disposez les élèves à la sortie de leurs études ne sont plus les mêmes que celles que nous devons leur inculquer au départ » ?

     

    Il enchaîne ensuite sur un autre phénomène : la puissance computationnelle des microprocesseurs.

    « Si l’on suit la courbe de l’évolution de la loi de Moore, on peut prévoir qu’en 2025, notre ordinateur sera doté d’une puissance computationnelle équivalente au cerveau humain ».

    Il s’interroge alors sur notre capacité à prévoir aujourd’hui l’utilité, les usages et l’adaptation que nous ferons d’une telle puissance.

    Se faire implanter un microprocesseur dans le cerveau ? Des chercheurs canadiens y travaillent…

    François Guité a interrogé ses élèves sur l’éventualité de se voir implanter cet outil dans leur cerveau et aucun d’eux n’y a semblé favorable. Pourtant, en admettant qu’un d’entre eux réalise cette opération et devienne alors plus performant,  pourront-ils rester à l’écart de cette technologie ? Ce questionnement les a fait douter…

    Un exemple peut-être un peu poussé (quoique ?) mais sur lequel François Guité s’appuie pour arriver à la conclusion qu’aujourd’hui, les enseignants sont dans le même cas : ils ne pourront plus très longtemps reculer face aux technologies s’ils ne veulent pas se retrouver « déphasés » par rapport à leurs élèves.

     

    Il poursuit son exposé en évoquant la robotique, « l’infobèsité », la notion de propriété et termine par l’inter-connectivité et le maillage qui existent entre toutes les informations qui sont à notre disposition.

    S’il aborde tous ces sujets, c’est justement pour mesurer la puissance de tous ces phénomènes pour l’enseignement et l’éducation…

    Retrouvez l’ensemble de l’exposé de François Guité dans la vidéo ci-dessous.

  • Backstage Game, le jeu qui transforme les jeunes en managers de projet

    Backstage Game, le jeu qui transforme les jeunes en managers de projet

    backstagegame_130913Le principe du jeu

    Backstage Game offre à de jeunes joueurs l’opportunité de créer une salle de concert en passant par toutes les étapes relatives à la méthodologie de projet. Le joueur se retrouve dans la peau d’un chef de projet et fait face à de vraies responsabilités tout en se prenant au jeu.

    Tous les ingrédients du gaming y sont intégrés : exploration, challenge, récompense, personnalisation de son avatar… Mais chaque action de jeu recèle des enseignements en matière de prise de décision et de management de projet.

    Pratiqué en binôme, il sensibilise également les jeunes sur l’importance de la communication et du travail en équipe.

    Les destinataires du jeu

    Le thème de la musique et la diversité des avatars en fait un jeu mixte adapté aussi bien pour les garçons que pour les filles. S’inscrivant dans une démarche éducative, Backstage Game s’adresse aux jeunes scolarisés, apprentis, en insertion, … Mais aussi aux travailleurs de jeunesse, des champs de l’action socio-éducative et de l’insertion professionnelle.

    Grâce à ce jeu, les professionnels de la jeunesse, éducateurs spécialisés, animateurs, professeurs et formateurs disposent d’un support pédagogique innovant permettant d’enrichir leurs pratiques pédagogiques.

    Une simulation virtuelle basée sur des modèles d’expériences réels

    Redonner confiance, transmettre le goût de l’initiative, exploiter toutes les capacités du joueur et le faire évoluer. Tels sont les objectifs d’id6tm à travers ce Serious Game. Le scénario du jeu est élaboré sur des modèles d’expériences et de méthodologies réels.Backstagegame3_130913

    Redonner goût à l’apprentissage de façon ludique

    Tirer profit des nouvelles technologies pour offrir une pédagogie de formation moderne
    Former les jeunes avec des outils adaptés à leur prisme et centres d’intérêts
    Encourager l’esprit d’initiative
    Développer les capacités d’analyse
    Redonner confiance aux jeunes
    Offrir un accès en mode distanciel ou présentiel, de courte ou longue durée
    Analyser et développer les capacités des jeunes en situation de projet

    Backstage Pro, un module présentiel pour jouer en collectif

    Si le jeu vise à faire immerger l’apprenant dans un environnement virtuel reflétant des situations réelles et rendre l’apprenant le plus acteur possible de son apprentissage, il reste que seul le présentiel, c’est à dire un vrai face à face, permet d’appréhender la complexité du réel et d’offrir des retours théorisés sur la progression du joueur dans le Serious Game.

    Concrètement, le module Pro de Backstage-game permet de créer un groupe d’apprenants-joueurs à partir d’une interface de gestion et de lancer une session collective. L’intervenant peut choisir n’importe quel des 5 chapitres du jeu sérieux. A partir de son interface il peut suivre chaque apprenant-joueur grâce au suivi statistique. Un visualiseur de quêtes permet d’avoir constamment le détail de l’architecture pédagogique.

    Ainsi, le module présentiel permet d’outiller les éducateurs, animateurs, formateurs, professeurs d’un support adapté à une intervention en salle ou en classe pupitre.

    Un module adapté à tous les thèmes de formation des jeunes

    A partir de son interface l’intervenant peut décider de mener le chapitre de son choix et dans n’importe quel ordre : Chapitre 1 (Clarifier son idée), Chapitre 2 (Faire un état des lieux),  Chapitre 3 (Elaborer un plan d’action), Chapitre 4 (Conduire le projet), Chapitre 5 (Evaluer le projet).

    backstagegame2_130913Ce module permet de travailler en collectif sur différents thèmes : aborder l’esprit d’entreprendre, former à la méthodologie de projet, activer/Renforcer le parcours d’insertion, aborder la prise d’initiative, l’engagement, la citoyenneté… organiser un événement musical, identifier les ressources dans sa ville…

     

     

     

     

    Plus d’infos :

    Le jeu est également accessible gratuitement en ligne sur www.backstage-game.com. Cette version en libre accès (sans les fonctionnalités du module Pro) est destinée aux jeunes qui peuvent ainsi y jouer de manière autonome 20 minutes par jour  maximum. Les sessions s’étendent donc sur plusieurs semaines jusqu’à l’inauguration de la salle avec le 1er concert. Le jeu complet a une durée de 15 heures.

    Pour en savoir plus : backstage-game.com
    Inauguration du dispositif le 15 octobre 2013 à l’Aeronef – Lille

    Backstage Game est une réalisation d’Id6tm

     

  • Coup de cœur et coup de gueule par Pascale Luciani-Boyer

    Coup de cœur et coup de gueule par Pascale Luciani-Boyer

    article_PascaleLuciani_120913Pourquoi venir à Ludovia ?
    « J’aime cet événement qui me permet de retrouver tous les acteurs du domaine de l’éducation et du numérique ».

     

    Coup de cœur Ludovia 2013 :
    « les lignes ont enfin bougé »

     

    « Je me suis enrichie, enfin, d’une vision de l’externalisation de l’école ».

     

     

    Pascale tient à souligner qu’elle a noté un changement dans les discours qui se sont tenus à Ludovia 2013 mettant en avant qu’aujourd’hui, on n’apprend pas uniquement à l’intérieur de l’école mais aussi à l’extérieur et qu’on apprend différemment. Enfin !
    Elle a ressenti davantage de perspectives sur « comment on pouvait faire l’école autrement ».

    Pas uniquement avec un outil qui nous permettait de faire comme avant mais avec des exemples de vraies méthodes novatrices : inverser la classe, la multiplication des plateformes qui permettent d’apprendre de pair à pair…

    La prise de conscience que l’enseignant n’est plus seulement le « passeur » de connaissances et qu’il est aussi là pour créer des compétences qui viennent de connaissances acquises à l’extérieur, « c’est une vraie révolution ».

     

    Coup de gueule : encore trop d’argent public dépensé à tout-va

    C’est le constat que dresse Pascale : il y a encore beaucoup de projets engagés avec l’argent public, tout aussi intéressants les uns que les autres et légitimes ; mais sur ces projets, qui sont souvent subventionnés pour les 2/3 par nos impôts, on ne voit pas d’aboutissement ou de résultats concrets qui expliquent dans quelles circonstances cet outil est meilleur que l’autre, ce qu’il apporte réellement, et donc une absence de « retour sur investissement ».

    Peut-être faudrait-il fédérer davantage mais aussi s’inspirer parfois de modèles déjà expérimentés ailleurs sans vouloir toujours « réinventer la poudre », « ce qui est typiquement franco-français« , ajoute t-elle.

    « On ne s’appuie pas suffisamment sur la co-production, c’est à dire se servir du travail des uns et des autres pour aller plus loin ».

    Merci à Pascale d’avoir bien voulu donner ses impressions sur Ludovia 2013