Catégorie : A LA UNE

  • Quels usages pédagogiques d’une tablette Android via l’ENT?

    Quels usages pédagogiques d’une tablette Android via l’ENT?

    Dans ses cours d’éco-gestion, il est souvent nécessaire pour les élèves de simuler des tâches d’entreprises, notamment dans la filière du bac gestion et administration. Pour réaliser ces scénarios, elle s’est aidée de l’ENT via les tablettes.

    « Ces applis, que j’appelle les outils du web comme les Padlets par exemple, sont facilement intégrables à l’ENT grâce à l’éditeur de textes en ligne », explique Cécile Tantin. « Ce qui nous permet d’accéder très facilement sans perte de temps », ajoute t-elle.

    Sur tablette Android, elle constate que de nombreuses applications sont dédiées au grand public et très peu à l’éducation ; de plus, l’enseignant n’a pas toujours le temps de créer ses ressources. C’est pourquoi elle a décidé de se servir des outils déjà existants sur l’ENT.

    D’autres exemples d’applications qu’elle utilise avec ses élèves : Tellagami, QR codes Reader etc.

    Netjournees_tablettes

     

  • Pourquoi utiliser les wikis de Moodle en sciences physiques ?

    Pourquoi utiliser les wikis de Moodle en sciences physiques ?

    Netjournees_wikis2« Le wiki va servir aux élèves pour rédiger les rapports de TP en physique ou en chimie, mais il peut être utilisé dans toutes les disciplines à partir du moment où il y a un travail rédactionnel à fournir », explique Christian Westphal.

    Rappel : Un wiki est une application web qui permet la création, la modification et l’illustration collaboratives de pages à l’intérieur d’un site web (définition Wikipédia).

    Pourquoi utiliser un Wiki plutôt qu’un traitement de texte classique ?

    Avoir une traçabilité du rédactionnel de l’élève : un atout du wiki

    « Avec un wiki, on a accès très facilement aux différentes versions enregistrées, soit par un élève seul, soit par un groupe d’élèves ». Et Christian Westphal trouve assez intéressant de pouvoir avoir accès aux différentes étapes de rédaction, « ce qui permet parfois de mettre le doigt sur des versions intermédiaires plus intéressantes », souligne t-il.

    Permettre un travail rédactionnel collaboratif : le 2ème avantage du wiki

    En effet, l’aspect collaboratif est le deuxième avantage que voit Christian Westphal à l’utilisation des wikis pour faire produire ses élèves. Pour exemples, il constitue des groupes de travail en TP, à deux ou trois élèves, qui peuvent, chacun sur un même wiki, apportait leur contribution au rapport, « ce qui donne matière à des échanges beaucoup plus constructifs entre élèves », ajoute t-il.

  • Ardoises numériques, ENT et classe inversée : un cocktail réussi pour de nouvelles compétences

    Ardoises numériques, ENT et classe inversée : un cocktail réussi pour de nouvelles compétences

    Dans la classe de Patrick Vanhoutte, les ardoises numériques font partie du paysage ; aujourd’hui, avec la connexion à l’ENT disponible sur les ardoises, l’enseignant optimise les usages de ces deux outils. En amont, il prépare ses séances, personnalisées pour chaque élève et leur poste le contenu sur leur espace ENT ; chaque élève peut ainsi découvrir le travail à faire avant d’entrer en classe.

    Après chaque cours, l’enseignant récupère également le travail réalisé sur les ardoises numériques ; il peut annoter ou mettre des commentaires sur les productions puis renvoyer la correction à l’élève sur son espace ENT.

    Avec l’ENT et le travail sur support numérique, les échanges entre élèves et enseignants sont facilités.

     

    Pour ce public à la scolarité particulièrement délicate, ce travail est doublement intéressant : il les oblige à lire les messages envoyés par l’enseignant (et donc effectuer un travail de lecture) mais également à acquérir une certaine autonomie. Ils ont toute latitude pour répondre à Patrick Vanhoutte avant la classe, en lui posant des questions par mail, même si cette pratique n’est pas encore très courante dans sa classe car comme il le décrit : « je suis de très près les activités et mes élèves n’éprouvent peut-être pas le besoin d’échanger avec moi par mail », mais il remarque que dans d’autres classes, les échanges « hors classe » entre enseignants et élèves commencent à se développer.

    BIC_ENT2_020315Une pratique donc tout à fait nouvelle pour ces élèves de SEGPA qui peuvent désormais consulter leurs travaux hors classe via l’ENT ; il reste encore quelques freins à une consultation à la maison, comme l’explique Patrick Vanhoutte : « Tous n’ont pas l’autorisation d’utiliser internet à la maison et ils n’ont pas non plus tous les bonnes machines pour pouvoir travailler à la maison ; ceci dit, ils peuvent tout à fait se connecter aux « 3C », le CDI du collège, ou encore dans les maisons de quartiers ».

    Il faut souligner que l’accès à l’ENT sur les ardoises numériques est un fait assez récent, c’est pourquoi Patrick Vanhoutte reconnaît que quelques mois sont encore nécessaires pour que ses élèves deviennent coutumiers de l’ENT. Néanmoins, il reste persuadé que ces nouvelles pratiques sont un plus dans leur apprentissage et il fait remarquer à juste titre :

    Cela les rend autonomes car dans leur future vie professionnelle, ils auront besoin d’utiliser ces techniques et grâce à cela aussi, nous pouvons valider des compétences du B2i, ce qui fait partie de notre champ d’action.

    Mettre à profit l’ENT et faciliter les usages : un travail de démocratisation à réaliser également avec les enseignants.

     

    Faciliter les échanges avec les élèves via l’ENT : une mission que Patrick Vanhoutte s’est donnée et qu’il tient également à diffuser auprès de ses collègues enseignants, déjà tous utilisateurs des ardoises numériques (voir notre dernier sujet sur l’évolution des usages numériques avec les ardoises numériques dans le collège Mendès France de Tourcoing).
    Pour ne pas se trouver confronté à un enchaînement de problèmes lors de la connexion à l’ENT, Patrick Vanhoutte, avec l’aide de son collègue chargé du réseau informatique de l’établissement, a écrit une procédure simplifiée qui décrit, par exemple, comment envoyer des documents numériques sur les espaces ENT des élèves.

    Patrick Jonneaux, nouvel enseignant de français en SEGPA depuis la dernière rentrée, a tout de suite saisi l’opportunité des outils numériques mis à sa disposition au collège Mendes France en section SEGPA. Il a décidé d’utiliser les ardoises numériques et l’ENT, pour tester une nouvelle forme de pédagogie : la classe inversée.

    La classe inversée : une méthode qui permet à Patrick Jonneaux d’évaluer avec précision les besoins de chacun.

     

    L’idée de la classe inversée lui est venue en s’inspirant des méthodes canadiennes, « célèbres pour leur efficacité auprès des élèves atteints de handicap ou à besoins éducatifs particuliers » ; s’apercevant que cette pédagogie pouvait apporter des résultats, il s’est investi dans ce projet, très « chronophage », avoue-t-il.

    Après seulement 5 mois, il ne peut encore apporter de vraies conclusions mais il ressent « un réel investissement des élèves ».

    BIC_ENT3_020315Après avoir créé une chaine YouTube pour la SEGPA, il prépare tous ses cours en vidéos et les déposent sur l’ENT (en intégrant les codes YouTube). Les élèves doivent ensuite les visionner à la maison ou pendant les moments hors classe, sur le support de leur choix (smartphones, tablettes, ordinateurs, etc.). Une fois en classe, sur les ardoises numériques BIC, ils écoutent à nouveau la vidéo puis passent aux exercices.

    « Une fois les exercices réalisés, chaque élève me transmet ses données que je récupère sous Google Drive ; avec cette collecte, je peux faire une analyse des besoins particuliers, ce qui me permet par la suite, de faire des groupes de niveau pour travailler sur les ardoises numériques de manière plus précise ».

    Il pratique cette méthode avec toutes les classes de SEGPA mais il note qu’avec certains niveaux, la mise en pratique est plus délicate car ils n’ont pas l’habitude de travailler de cette manière.

    « Avec les 6ème, pour qui le collège est quelque chose de nouveau, ça passe très bien ; ils se connectent régulièrement à l’ENT pour aller visionner les vidéos et je suis à 100% d’élèves connectés », précise-t-il. Pour les 5ème par exemple, il note environ 30% d’élèves connectés. Un décalage que notre enseignant attribue à l’âge plus difficile en 5ème, des élèves moins « malléables » que les 6èmes.

    Patrick Jonneaux n’est pas en manque d’arguments pour convaincre les élèves réticents : des cours toujours en ligne et disponibles qu’on ne perd pas, et un accès facile pour échanger avec leur professeur, toujours connecté : « ils peuvent aussi me contacter via l’ENT si ils ne comprennent pas la leçon, je leur réponds tout le temps ».

    Que ce soit avec Patrick Vanhoutte ou avec Patrick Jonneaux, le numérique via les ardoises BIC connectées à l’ENT, a bien modifié la pédagogie mais a aussi ouvert l’enseignement à de nouveaux échanges.

    L’idée de l’établissement « sanctuaire » où rien ne filtre n’est plus d’actualité, aux bénéfices de toute une communauté éducative.

    Des pratiques numériques qui permettent « d’ouvrir » l’Ecole vers l’extérieur : un argument vérifié au collège Mendès France.

     

    En plein cœur des quartiers à population très défavorisée, le collège Mendes France bénéficiant du dispositif REP+, ne reçoit pas fréquemment la visite des parents d’élèves et le lien social reste délicat. C’est ainsi que le décrit Ludovic Decouture, Président de l’association des parents d’élèves, qui se fait l’écho des familles.

    Toutes les pratiques numériques qui se développent arrivent à point nommé et vont profiter à l’ouverture de l’établissement au monde extérieur.

    Nous sommes ravis des projets numériques qui fleurissent au collège, d’une part pour les élèves et surtout pour les parents car l’ENT, en particulier, leur permet d’avoir un regard de l’extérieur sur ce que font leurs enfants à l’école.

    De ce point de vue-là, c’est un vrai plus pour engager des échanges avec les parents car, comme le précise Ludovic Decouture, « des parents ne se déplaçaient jamais au collège car ils n’osaient pas rencontrer les professeurs ; avec l’ENT, ils sont en contact indirect avec eux, ce qui peut parfois les débloquer ».

    L’ENT dont bénéficie le collège Mendes France fait partie intégrante de la politique de développement des usages du numérique instaurée par le Rectorat de l’académie de Lille en partenariat étroit avec les collectivités territoriales concernées, à savoir les départements du Nord et du Pas-de-Calais et la région Nord-Pas-de-Calais.

    Les 560 établissements, collèges et lycées de l’académie sont concernés par le déploiement d’un ENT commun qui bénéficie donc aux élèves et à leurs parents, de la 6ème à la terminale.

  • Concertation nationale pour le numérique éducatif : l’école, l’enseignant et l’écolier

    Concertation nationale pour le numérique éducatif : l’école, l’enseignant et l’écolier

    Les points de vue et les informations qu’il me plaît de partager résultent d’une vie d’interrogations sur l’éducation et l’apprentissage, d’observations et de réflexions. Je n’ai pas fait de recherches élaborées. Il existe, j’en suis persuadée, quantité de références tout aussi valables que celles indiqués dans mes textes.

    Mon domaine d’intérêt est la formation initiale des écoliers, cet âge qui suit la petite enfance et précède la puberté, c’est-à-dire les huit ans que forment l’élémentaire et les premières années du collège, particulièrement dans le domaine de la formation en science et technologie. Mes interventions traitent, sauf l’occasionnelle exception, de l’usage du numérique par les écoliers de ces niveaux scolaires.

    Ces réflexions sont loin d’être une panacée, elles ne présentent que quelques aspects du sujet. Plusieurs éléments du numérique m’échappent. Mon vocabulaire numérique est rudimentaire, mes connaissances de l’offre en logiciels limitées, et j’ignore tout des éventuels effets de l’omniprésence des ondes sur la santé, entre autres limites.

    Pour terminer cette introduction, je conseille à tous ceux qui se préoccupent de l’usage du numérique en milieu scolaire de consulter le blog de Michel Guillou : Culture numérique, Étonnants microcosme, et particulièrement le deuxième diaporama : « Des pratiques numériques des jeunes aux enjeux pour l’école d’aujourd’hui . . . et de demain » du billet Ma petite contribution à la concertation sur l’école numérique.

    Plusieurs semblent vouloir nier la réalité et aimeraient voir disparaître ce numérique dérangeant.

    Ouvrons grand les yeux. Marchons dans nos rues, utilisons nos transports en commun. Le numérique est là, partout autour de nous. L’école peut tourner la tête, fermer les yeux et rêver d’un autrefois qu’elle imagine mieux que nature. L’école peut aussi être réaliste et se demander comment gérer cette exigeante transition, le passage du passé, non pas au futur, mais du passé au présent.

    L’école

     

    J’ai hésité. Dois-je traiter de l’école au début ou à la fin de cette réflexion? Puis le choix m’est apparu évident, en pensant à Clair, au Centre d’apprentissage du Haut-Madawaska qui accueille les élèves de la maternelle à la 8e année. Cette petite école rurale, perdue en pleine campagne, reçoit chaque année une délégation internationale d’éducateurs. Clair au Nouveau Brunswick est un exemple « d’école autrement ».

    Clair est un exemple que la techno-pédagogie, c’est au niveau de l’école que ça se passe.

    Clair est devenu ce centre d’inspiration pédagogique grâce au dynamisme du directeur, à son esprit entrepreneurial, monsieur Roberto Gauvin.

    L’innovation et l’implication dans l’usage du numérique est la responsabilité de chaque école. C’est à leur communauté que la direction d’école et les enseignants doivent faire connaître leurs besoins, leurs ambitions. Nous sommes loin de l’époque où l’école était le centre de la culture en milieu rural. Le savoir est partout.

    Si en Afrique, il faut un village pour éduquer un enfant, dans nos sociétés complexes, il faut peut-être un village, un quartier pour créer une école.

    On entend ici et là que « la collaboration » est l’une des compétences fondamentale à développer chez nos écoliers. L’imitation est un des fondements de l’apprentissage. La collaboration entre les enseignants d’une école pour l’usage du numérique est un formidable exemple de collaboration pour les écoliers.

    Puis l’intervention de Mme le Recteur de Montpellier confirme que c’est le dynamisme local qui fera la révolution numérique…

    L’enseignante de sciences au primaire que je suis propose l’analogie suivante :

    Un plan d’eau ne gèle pas d’un bloc. Il y a solidification graduelle de l’eau, les cristaux de glace se regroupent et éventuellement tout le plan d’eau est gelé. Je crois que c’est ainsi que l’on doit concevoir l’appropriation du numérique par les écoles.

    La direction formera avec les enseignants d’une école un groupe d’éducateurs enthousiastes. Deux ans plus tard, on parlera dans la région de cette école différente, exceptionnelle. Les parents des établissements voisins demandent qu’on offre les mêmes avantages à leurs enfants. Peu à peu, le numérique s’installe partout. C’est au niveau local que se fera le passage vers ce nouveau modèle éducatif.

    L’enseignant

     

    Qui se souvient du contenu de ses cours de 6ème ?
    Mais tous gardons souvenir du maître borné qui n’a que réussi à nous faire détester la géographie ou la physique mais aussi du maître inspiré qui par sa sensibilité, son intelligence et son enthousiasme a touché notre esprit, éveillé notre intérêt.

    L’éducateur inspirant pour l’un sera d’un mortel ennui pour l’autre. Plus que par son savoir, c’est par sa personnalité qu’un éducateur réussira à « éduquer » et il n’y a pas de recette miracle. Ce qui n’est pas mal en soi, car ça donne la chance à chacun d’entre nous d’être inspirant.

    Éduquer demeure une relation humaine, malgré tout le e-learning.

    Briser l’isolement

    « Régis Forgione, qui a compris les vertus du partage, rêve d’« une salle des professeurs à l’échelle mondiale pour partager… coopérer , s’entraider ». Et bien, cher monsieur Forgione voici quelques sites qui répondent à votre rêve :

    Les « TIC en éducation » un groupe Facebook d’échange et de partage des ressources pour enseignants branchés.

    Tapez ChallengeU à partir du moteur de recherche Chrome de Google et vous n’avez qu’à vous inscrire pour devenir membre d’une communauté d’enseignants passionnés. C’est gratuit.

    Ces vidéos présentent des tutoriels sur Youtube :
    https://www.youtube.com/watch?v=eB9Vr2ymgT
    https://www.youtube.com/watch?v=LD7HYwAN4AE

    « Enfin, il faut rappeler qu’une bonne ressource est une ressource qui circule et qui, de cette manière, s’enrichit de sa mise en œuvre successive dans des situations d’apprentissage différentes. Ainsi, vouloir la stocker, comme le proposent certains sans doute parce qu’ils y trouvent du confort, est une erreur et vient en contradiction avec les valeurs du partage ou de la diffusion énoncées par ailleurs », culture numérique.

    ChallengeU répond à ce désir de partage. Pourquoi réinventer la roue?

    Parfois, un enseignant partage ses découvertes et d’autres, comme le site Edulogia.com de Sébastien Wart, tentent de mettre un peu d’ordre et offrir « des exemples inspirants pour aider à l’intégration des technologies en éducation ».

    Les Logiciels de gestion de classe

    Il existe plusieurs logiciels de gestion de classe où l’enseignant écrit les noms de ses élèves (et peut aussi y placer leurs photos), note leur présence en classe, les travaux qu’ils ont réalisés, leurs résultats, communique directement avec les parents par courriel, etc

    Outre ceux proposés par monsieur Bouthiette ci-dessus, l’Apps i Doceo, un carnet de notes fonctionnel et payant pour iPad disponible par App Store m’a été fortement recommandée par une enseignante heureuse utilisatrice.

    Google Classroom a ses heureux usagers inconditionnels…et plusieurs autres.

    Entrer les informations sur l’une ou l’autre de ces applications demande beaucoup de temps au début, parfois plusieurs heures. Cependant cet investissement rapporte à long terme car quantités de tâches de gestion de classe s’en trouvent facilitées.

    Lʼécolier : celui qui est au centre au processus éducatif.

     

    Mettre carte sur table

    Dès le début de lʼannée scolaire ou de lʼintroduction des outils numériques dans une classe, Pierre Gagnon, directeur de la formation chez ChallengeU et qui enseignait il y a quelques années une classe cinquième année du primaire très « branchée » insiste sur lʼimportance de mettre les élèves au fait de ce que lʼon attend dʼeux. Prendre le temps nécessaire et faire devant la classe une présentation magistrale, précise et détaillée du rôle et des responsabilités de lʼécolier.

    Selon leur âge, car il est bon de reprendre ce discours à chaque année scolaire, présenter les lois applicables à lʼusage du numérique incluant le respect de la propriété intellectuelle, présenter les lignes directrices et les politiques de la classe et de lʼécole dans ce domaine. Proposer un contrat dʼengagement qui sera signé par le parent et par lʼélève.

    Cinquante enseignants se sont confiés à Brigitte Léonard sur les avantages et difficultés liés à lʼusage des tablettes en classe, un compte-rendu à lire.

    La recherche d’équilibre

    Au-delà de la formation « au » et « par » le numérique, lʼéducation de base doit aussi contrebalancer le virtuel omniprésent dans le quotidien des écoliers.

    Lʼenfant ne joue plus avec les copains, il discute sur Facebook, Twitter, Instagram, . .. Il ne construit plus des châteaux de carton dans les terrains vagues, il joue sur iPod au chevalier qui attaque des ennemis virtuels ou des cochonnets voleurs dʼoeufs. Il ne pêche plus à la ligne, il pêche le thon dans les eaux virtuelles de son iPad.

    Lʼécole dʼaujourdʼhui doit donc favoriser lʼapprentissage concret, encourager lʼécolier à mettre « La main à la pâte ». Lʼétude des sciences et des technologies favorise particulièrement ce type dʼapprentissage qui stimule la réflexion de lʼécolier et éveille son esprit critique.

    Lʼattachement à sa terre devrait être favorisée, les sorties éducatives dans le quartier pour apprendre que Réaumur, Anatole France ou Louis Aragon ne sont pas uniquement des stations de métro, lʼagriculture urbaine, la cuisine et la couture, le dessin et la calligraphie, la culture, lʼarchitecture et la flore locales sont autant dʼapprentissages à remettre en valeur. . .

    Le pas en avant que force le numérique doit être égalisé par un pas en arrière, le « fait numérique » équilibré par le « fait main », lʼaccès à « tous les savoirs » par lʼinitiation aux démarches qui ont mené à ces savoirs : lʼévolution de la pensée scientifique, lʼévolution de la pensée littéraire, les grands explorateurs, les cultures primitives, . . .

    Il est bon ton de rappeler aux écoliers leurs besoins essentiels : de lʼair, de lʼeau, de la nourriture, un lieu où se reposer, des vêtements pour se protéger des éléments et puis quelques « réelles » personnes agréables avec lesquelles on peut devenir ami.

     

    Retrouvez Ninon Louise dans un nouvel épisode « L’éducation au numérique ».

  • Facebook : l’irruption en pédagogie

    Facebook : l’irruption en pédagogie

    L’utilisation des technologies de l’information en pédagogie est fortement valorisée. La littérature scientifique, la presse spécialisée et les médias citent régulièrement le caractère novateur de la démarche qui pourrait même « prolonger le temps de l’école par le numérique, favoriser l’égalité des chances et la réussite scolaire » (Fourgous, 2010 : 216).

    Ces dispositifs sont en concurrence et de plus en plus nombreux. Dans un tel contexte, les supports socio-numériques comme Facebook apparaissent comme porteurs d’atouts car la plupart des apprenants les emploient déjà. Ce sont d’ailleurs eux qui les ont introduits dans les établissements.

    Les pédagogues ont naturellement cherché à s’en emparer pour bénéficier de la motivation qu’ils drainent.

    Mais il semblerait que leur « scolarisation soit vécue comme une atteinte (…) à l’espace-temps privatif des apprenants » (Cerisier, Popuri, 2011).

    L’éducation ferait donc irruption dans le milieu des sites de réseautage social auquel elle emprunte notamment les modalités de gestion de groupe et les ancrages collaboratifs.

    C’est sous cet angle que l’interview aborde les motivations de choix d’objets communicants, le plus souvent effectués en faveur des outils privés et non des ENT. Elle évoque la gestion d’un DU à Carcassonne où les apprenants sont placés par leur référent pédagogique en situation d’utiliser le site social comme un dispositif sociopédagogique. Ces apprenants, après avoir recherché une autre plateforme sont revenus… à Facebook, même si cela ne les satisfait pas.

    Alors que l’ENT est soit ignoré, soit jugé peu pratique et insuffisant, Facebook apparaît comme une opportunité difficile à contourner, faute de mieux.

    Son « organisation » de type blog où les contenus plus anciens sont recouverts par les nouveaux ne correspond pas à une approche de gestion de projet et finit par faire perdre du temps. Malgré cela, Facebook peut favoriser la collaboration à condition d’apprendre à l’utiliser. Ainsi, l’appropriation par la pédagogie de cet outil participe-t-elle au renouvellement des dispositifs pédagogiques auquel appelle Romainville (2000).

    Référence : Gobert T. (2014), Le métissage des outils communicants, un complément pour les ENT ? Dispositifs, jeux, enjeux, hors jeu, Toulon : TICEMED 9, 15 au 16 avril 2014.

    A propos de l’auteur :

    Thierry Gobert est maître de conférences de l’Université de Perpignan Via Domitia (UPVD) au Centre de Recehrche sur les Sociétés et les Environnements Méditerranéens (CRESEM) et associé à l’Institut des Recherches en Sciences de l’Information et de la Communication (IRSIC) d’Aix-Marseille Université. Il dirige le Diplôme d’Unviersité (DU) Photojournalisme, Communication et Images Aériennes en partenariat avec Visa pour l’Image et préside le comité directeur Languedoc Roussillon de la fédération française d’ULM.

    Après une première carrière dans le privé à concevoir des produits culturels et à participer au déploiement d’Internet en France, Thierry Gobert intègre l’enseignement et la recherche. D’abord intéressé par les relations homme machine et l’analyse des interfaces, il s’est tourné vers les pratiques et usages qui leur sont liés sur des terrains variés en aéronautique, éducation et praxis sociales.

    E-mail : tgobert@univ-perp.fr
    Page personnelle : www.medialogiques.com
    DU Photojournalisme : www.photocom.eu

     

  • Jusqu’à 5000 tablettes pour les écoliers landais : le pari réussi de MACS

    Jusqu’à 5000 tablettes pour les écoliers landais : le pari réussi de MACS

    [callout]Le territoire des Landes fait encore parler de lui ! Après l’opération menée par le département « Un collégien, un ordinateur portable » et après avoir été précurseur en matière d’ENT dans le premier degré, c’est aujourd’hui le déploiement de près de 5000 tablettes, à terme, qui fait écho dans toute la communauté éducative.[/callout]

    Pour nous conter cette histoire, deux témoins : Christophe Carayon, responsable de la mission numérique MACS, nous rappelle les aspects techniques de cette mise en œuvre ; et Betty Joie, conseillère pédagogique spécialisée dans le numérique à la mission TICE de l’Inspection Académique des Landes, témoigne des usages déjà observés dans les écoles de la région.

    « C’est une stratégie à long terme, portée par le Président de l’EPCI, Eric Kerrouche, qui s’est petit à petit étoffée d’outils », explique Christophe Carayon.

    Sur ce territoire des Landes Sud, regroupant 23 communes entre mer et campagne, qui se caractérise par une faible densité de population, une forte attractivité (+ 21,75 % de progression de la population entre 1999 et 2006) mais aussi une forte amplitude saisonnière (avec plus de 300 000 touristes par an), le pari du numérique était essentiel pour « tenter de gommer les inégalités sociales et les discriminations qui concernent les enfants dès le plus jeune âge »,

    Ne pas griller les étapes et architecturer le projet autour d’un écosystème : la stratégie réfléchie de MACS.

     

    De la phase de préparation des sites scolaires à la dotation des élèves en tablettes numériques, il y a eu plus d’une étape.

    « Nous avons d’abord étudié le courant faible des écoles puis nous nous sommes concentrés sur l’équipement en WIFI des classes concernées par le projet à savoir le cycle 2 et le cycle 3 (CP au CM2)», détaille Christophe Carayon. A terme, toutes les écoles du territoire seront reliées à la fibre optique.

    Le deuxième volet a concerné l’équipement des classes en écrans interactifs ; la dernière phase, qui est en cours actuellement, est l’équipement des écoliers et des enseignants en tablettes numériques.

    A terme, ce sont 31 sites scolaires, 5000 élèves et 160 enseignants qui seront impliqués, sachant qu’aujourd’hui, plus de 2000 élèves et près de 90 enseignants sont déjà concernés par le projet.

    « Le déploiement va se poursuivre en direction du cycle 2 d’une part, puis vers les cours préparatoires, mais dans un format un peu différent du cycle 2 et du cycle 3 », précise Christophe Carayon.

    L’opération n’est pas expérimentale ; l’objectif final est bien une massification des usages du numérique à l’école, ce qui nécessite une réflexion globale de tout l’écosystème numérique du territoire.

    Un tandem cohérent, entre volonté politique et compétences techniques : une spécificité du projet.

     

    Ce projet vient s’appuyer sur la création d’un service informatique dédié à l’échelle communautaire ; un service qui va se transformer peu à peu en « Direction des Systèmes d’information » car c’est un métier qui « s’apprend », explique Christophe Carayon.

    Au départ, il a été nécessaire de « garantir le fonctionnement de toutes les briques de services nécessaires à ce type de projet car faire de l’informatique n’est pas suffisant, il faut aussi penser les réseaux, faire des télécoms etc », poursuit Christophe Carayon.

    Pour lui, cette étape n’est pas un détail, elle est une condition sine qua non, souvent « l’oubliée » des différents plans numériques, « la vocation première des collectivités territoriales n’étant pas de se doter de ce type de compétences ».

    Aujourd’hui, après plusieurs mois de travail d’implémentation, c’est presque comme le commencement, explique Christophe Carayon :

    les tablettes sont en effet les supports indispensables mais l’intérêt, ce sont maintenant les usages qui en sont faits ; nous entrons dans cette phase et c’est le début de l’histoire.

    Une histoire qui avait déjà, à ses débuts, un partenaire incontournable : l’éducation nationale.

     

    Betty Joie rappelle les débuts du projet où tous les enseignants ont vu débarquer dans leur classe, un écran interactif. « Cela a suscité beaucoup d’inquiétude chez les enseignants », précise t-elle.

    Mais, très vite, ils se sont appropriés ces outils car ils se sont aperçus de l’enrichissement que cela apportait à leur pédagogie ;

    un plus qu’ils ont eu l’occasion de percevoir, notamment au travers des six heures de formations dispensées par l’équipe TICE de l’inspection académique des Landes, après l’arrivée des écrans interactifs.

    « Dans chaque formation, un moment était réservé à une présentation technique par les services de MACS, mais le temps global d’apprentissage était essentiellement axé sur la pédagogie », souligne Betty Joie.

    Les tablettes numériques sont, à leur tour, arrivées en classe et distribuées aux élèves, parfois même avant que les formations ne soient dispensées, « ce qui a accentué l’inquiétude des enseignants au démarrage », précise Betty Joie.

    Une inquiétude qui, après trois séances de trois heures, avait majoritairement disparu et où « les enseignants avaient vraiment trouvé un intérêt à l’usage de ces outils en classe ».

    Des contenus et des supports ont dû être créés et cela a été assez chronophage, comme le rappelle Betty Joie, vantant le « mérite » des enseignants « qui ont passé beaucoup de temps sur ces outils ».

    Pour exemples, au départ, des élèves arrivaient en classe avec leurs photos personnelles et les partageaient avec leurs camarades pendant les heures de cours ; afin de cadrer l’utilisation des tablettes en classe, une charte des usages de la tablette de l’élève a du être rédigée.

    « Nous avons démarré à zéro et nous avons compris, dès le départ, qu’il fallait poser des règles, pour que toute cette nouveauté soit gérable ».

    Plus largement, ces outils sont aujourd’hui particulièrement appréciés pour l’éducation aux usages d’internet et tout ce qui touche au B2i ; « le travail autour de ces thématiques en est facilité », souligne Betty Joie.

    En termes de contenus, des applications, choisies par les équipes de l’éducation nationale et financées par la collectivité, ont permis d’agrémenter les tablettes et d’offrir des ressources aux enseignants.

    Au bout d’un an, le pari de « 1 écolier, 1 tablette » semble réussi d’un point de vue intégration. Côté usages, il faut laisser le temps aux enseignants, aux élèves et aux parents de devenir coutumier de l’outil qui, de l’avis de Betty Joie, est « un outil formidable pour acquérir des compétences numériques, indispensables aujourd’hui comme le sont écrire, lire ou compter ».

    Une réussite du projet que Betty Joie et Christophe Carayon attribuent en grande partie à l’entente et au partenariat étroit mis en place entre la collectivité et l’éducation nationale, et « au respect mutuel du rôle de chacun dans le projet », conclut Betty Joie.

  • WiFi à l’école : Comment arbitrer ?

    WiFi à l’école : Comment arbitrer ?

    MFBodiguian_WIFIHomep_020315Par Marie-France Bodiguian du Cabinet AMO-TICE

    Au lieu de rester dans l’incertitude, la première étape est de fournir une information aussi complète que possible puis d’effectuer des mesures afin, selon les résultats, d’adopter sinon le principe de précaution, au moins le principe d’attention…
Pour vous y aider voici donc quelques éléments de réflexions et quelques bonnes adresses.

    Wi-Fi et santé… que penser des études ?

     

    MFBodiguian_WIFI2_020315Le WiFi est une des nombreuses radiofréquences auxquelles les humains sont exposés. La technologie est cependant assez récente et il n’existe pas d’étude scientifique reconnue portant spécifiquement sur les effets sanitaires du WiFi. En revanche, plusieurs centaines d’études scientifiques ont été réalisées sur d’autres radiofréquences et en particulier sur la téléphonie mobile. Une analyse de ces études est régulièrement réalisée par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES).

    Les conclusions de l’étude de l’Anses

     

    MFBodiguian_WIFI3_020315La dernière synthèse de l’Anses date de 2013.

     

    Selon l’Agence « les conclusions de l’évaluation des risques ne mettent pas en évidence d’effets sanitaires avérés*. Certaines publications évoquent néanmoins une possible augmentation du risque de tumeur cérébrale, sur le long terme, pour les utilisateurs intensifs de téléphones portables ».

    En conséquence, au-delà d’une nécessaire poursuite des études en particulier sur les technologies émergentes (4G, WiFi…), l’agence recommande essentiellement de limiter l’exposition du corps humain aux téléphones mobiles et aux terminaux sans fil utilisés. Ces terminaux constituent en effet la principale source d’exposition aux ondes, loin devant les antennes et routeurs WiFi.

    *A ne pas confondre avec les effets biologiques comme l’échauffement des tissus

    Du principe de précaution au principe d’attention

     

    Dans sa jurisprudence, le conseil d’État a annulé systématiquement les arrêtés municipaux visant à limiter l’implantation d’émetteurs hertziens (essentiellement les antennes de téléphonie mobile) pour des motifs sanitaires. Le conseil d’État estime qu’incertitude ne vaut pas principe de précaution. Celui-ci s’applique à des risques où existe un faisceau convergeant de preuves ; or, pour le moment, la communauté scientifique n’est pas unanime.

    Les experts (associations, opérateurs, collectivités, experts indépendants) réunis par l’État dans le cadre du Grenelle des ondes ont en revanche estimé que la crainte des populations devait être entendues, au nom d’un « principe d’attention ». En clair, il s’agit de mesurer les expositions et de diffuser largement l’information disponible pour répondre aux interrogations (légitimes) des habitants.

    Le conseil de l’Europe, pour sa part, estime dans une recommandation de 2011, que les connexions filaires doivent être privilégiées dans les classes.

    Mesurer pour rassurer…ou réagir !

     

    MFBodiguian_WIFI4_020315La meilleure méthode pour rassurer la communauté éducative est donc la réalisation de mesures de champs électromagnétiques dans l’école dans les conditions d’usage réelles des équipements sans fil. Ces mesures sont gratuites, elles ne passent plus par les opérateurs mais par l’agence nationale des fréquences (ANFR) et des laboratoires accrédités.

    Le formulaire de demande est à cette adresse et avec des explications sur le protocole ici. Il est également possible de réaliser des mesures via des « dosimètres individuels » qui fournissent une mesure en continu (24h ou +). Attention les dosimètres ne sont pas normalisés et les résultats doivent être pris avec précaution !

    Une des solutions les plus raisonnables serait également de faire appel à un organisme indépendant tel que le CRIREM, qui accompagne les collectivités en effectuant des mesures dans des classes en situation avec des bornes et des tablettes ou ordinateurs allumés. Il vous suffit pour cela d’effectuer une demande par courrier à cette adresse.

    Une exposition à maîtriser

     

    Le site cartoradio.fr, édité par l’agence nationale des fréquences (ANFR), recense toutes les mesures réalisées.

    Les mesures montrent que globalement l’exposition aux ondes dépasse très rarement 1V/m, à comparer aux niveaux maximaux d’exposition fixées par la réglementation (41 à 61 V/m pour la téléphonie mobile).

    Par ailleurs, selon les simulations du « Grenelle des ondes » en 2012-2013, 90% des niveaux d’exposition modélisés sur le territoire d’une dizaine de communes pilotes sont inférieurs à 0,7 V/m.

    Concernant le WiFi, l’exposition générée par cette technologie est la plupart du temps à peine mesurable, l’essentiel de l’exposition provenant de la téléphonie mobile et de la radio FM.

    En revanche toutes les mesures montrent que le développement de tous les usages sans fil (WiFi, Bluetooth, 4G…) provoquent une hausse tendancielle cumulée de l’exposition aux ondes. Il convient donc de rester vigilant.

    Et vous, qu’en est-il de vos écoles ? Avez-vous effectué des mesures en situation ? Comment avez-vous arbitré, à quelle problématique vous êtes-vous confrontés ?

     

  • Numérique éducatif : faut-il désespérer des politiques publiques ?

    Numérique éducatif : faut-il désespérer des politiques publiques ?

    Par Jean-François Cerisier – Directeur du laboratoire TECHNE (EA 6316) –
    Université de Poitiers

    [callout]Que retient-on de ces trente dernières années de notre histoire des technologies éducatives ? Posez-vous la question et complétez cette expérience introspective en interrogeant votre entourage ! Je l’ai fait.[/callout]

    Les réponses varient bien sûr selon les âges et le positionnement socioprofessionnel de chacun. Pourtant, c’est presque toujours aux différents plans d’équipement que l’on se réfère et non aux transformations des pratiques pédagogiques ou à l’évolution des missions, objectifs et responsabilités que l’immanence des technologies numériques impose à l’École.JFCerisierphoto_art1recherche_230215

    Alors qu’un nième plan d’équipement est annoncé par le chef de l’Etat lui-même, on peut s’interroger sur son intérêt et espérer que la concertation nationale sur le numérique pour l’éducation qui prendra fin le 9 mars prochain donnera un deuxième souffle à la « stratégie pour faire entrer l’École dans l’ère du numérique ». Initiée par Vincent Peillon en 2012, elle misait sur une approche ambitieuse et systémique qui articule les différentes dimensions éducatives mais aussi les différents acteurs publics et privés concernés .

    Parmi d’autres, les travaux de recherche conduits par les chercheurs du laboratoire TECHNE questionnent la pertinence des politiques publiques dans ce domaine. Les problématiques relatives à l’équipement systématique des élèves avec des matériels informatiques mobiles ne sont pas nouvelles.
    On se souvient bien sûr des projets « Un collégien, un ordinateur portable » dans les Landes et « Ordina 13 » dans les Bouches-du-Rhône lancés dès 2009. Plus tôt encore, il y avait eu les programmes internationaux « Magallanes » et, surtout, « One Laptop Per Child » initié par le Media Lab du MIT en 2005 et qui perdure aujourd’hui encore.
    Des chercheurs de TECHNE ont été impliqués dans tous ses projets.

    Aujourd’hui, nous travaillons dans le cadre du projet TED, en Saône-et-Loire, mais aussi du projet Edutablettes 86 dans la Vienne et nous venons de démarrer l’accompagnement scientifique du projet Living Cloud du Lycée Pilote Innovant International (LPII) en janvier. Les questions de recherche qui motivent notre participation à tous ces projets sont diverses mais, portent d’une façon ou d’une autre sur l’appropriation des matériels et des ressources par les élèves et les enseignants.

    En règle générale, nous ne cherchons pas à évaluer l’impact des programmes d’équipement sur les apprentissages des élèves mais à comprendre ce que les différents acteurs font des matériels et ressources disponibles, pourquoi ils le font et comment et en quoi la médiation opérée par les technologies numériques modifie les activités et leurs acteurs.

    Le numérique joue plusieurs rôles à l’Ecole et la réflexion gagne à les distinguer clairement. Le numérique représente un moyen d’apprentissage, un objet d’apprentissage mais aussi le contexte actuel de l’École.

    Enseigner avec le numérique constitue une obligation de moyens

     

    Le plus souvent, c’est la mobilisation du numérique pour des apprentissages tiers, c’est-à-dire dans toutes les disciplines et pour tous les thèmes qui est mise en avant. C’est bien sûr légitime et, de ce point de vue, l’École se trouve à l’évidence devant une situation d’obligation de moyens. Comment pourrait-elle ne pas recourir aux technologies numériques quand elles augmentent l’efficacité et parfois l’efficience des dispositifs d’apprentissage ? La question centrale est celle de l’activité des élèves, exprimées en termes d’ensembles de tâches à réaliser, scénarisés par les enseignants avec l’ensemble des ressources dont ces derniers disposent : équipements, services et documents numériques, bien sûr, mais aussi locaux, mobiliers, compétences professionnelles …

    Pour l’essentiel, les pratiques pédagogiques avec le numérique restent à inventer alors que les orientations données aux enseignants par l’institution se précisent sans constituer pour autant un cadre d’action clair et rassurant.

    Si cette ingénierie pédagogique relève bien des compétences et responsabilités des enseignants, ceux-ci l’exercent dans un contexte très incertain et changeant.

    Les enseignants ont besoin de plus de formation et l’on attend beaucoup des ÉSPÉ à cet égard. Ils ont aussi besoin de plus d’accompagnement et d’une véritable dynamique collective pour développer ces nouvelles pratiques à l’articulation de la pédagogie de terrain, des attentes institutionnelles et des apports de la recherche. Il leur faut pouvoir agir au sein d’un cadre organisationnel exigeant mais bienveillant, favorable à la prise d’initiatives. Cela va de l’existence d’un projet d’établissement structuré et porté par l’équipe de direction jusqu’à l’accompagnement soutenu des corps d’inspection relayant une politique nationale et locale réaliste mais audacieuse, entreprenante mais suffisamment pérenne dans ses grandes orientations.

    La fréquence d’utilisation n’est pas un indicateur d’efficacité permanent

     

    Si l’efficacité de l’instrumentation numérique de certaines activités d’apprentissage institue la responsabilité de l’École à s’approprier ces technologies (au même titre que bien d’autres artefacts), elle n’en fait pas pour autant la réponse unique à tous les besoins d’apprentissage.
    De ce fait, la fréquence d’utilisation du numérique ne constitue pas un (bon) indicateur de son efficacité.

    Y recourir parcimonieusement pour des activités qui en exploitent réellement le potentiel est bien préférable à la fuite en avant du tout numérique.

    Il convient de se méfier du stéréotype qui pourrait s’installer et qui exigerait des enseignants qu’ils mobilisent fréquemment les technologies numériques pour être considérés comme de bons enseignants. On observe aujourd’hui beaucoup de pratiques pédagogiques où le numérique instrumente des activités préexistantes, sans que cette médiation instrumentale soit véritablement mise à profit pour en améliorer l’efficacité. Il faut probablement accepter l’idée qu’il s’agit d’une étape inéluctable compte tenu de ce que l’on sait des processus d’appropriation. Pour autant, il nous appartient de réduire ces phases d’appropriation qui sont très inconfortables pour les enseignants et potentiellement nuisibles aux apprentissages des élèves.

    L’enseignement du numérique est une impérieuse nécessité sociale

     

    Apprendre avec le numérique n’est finalement que la partie émergée de l’iceberg, celle que l’on appréhende le mieux mais aussi celle qui masque d’autres dimensions de la plus grande importance. L’École porte aussi la responsabilité de la formation des jeunes au numérique. Différents travaux montrent depuis une dizaine d’années combien le prêt-à-penser qui leur attribue de grandes compétences numériques est faux.

    Le mythe du digital native, par lequel Marc Prensky a très judicieusement attiré l’attention du plus grand nombre sur l’ampleur des transformations opérées par la disponibilité permanente des technologies numérique a vécu. Les adolescents développent des compétences numériques dont certaines ébahissent parfois (légitimement) leurs aînés. Ils le font essentiellement par l’expérience, seuls ou dans l’interaction avec leurs pairs.

    Pour autant, ce contexte ne leur permet pas de construire toutes les compétences requises aujourd’hui pour devenir des citoyens autonomes et responsables, termes centraux du projet et des promesses de l’École républicaine.

    Des activités d’apprentissage explicites sont indispensables. Comment se résoudre à ce que seuls les jeunes ayant la chance de grandir dans un environnement familial particulièrement favorable puissent espérer accéder à cette émancipation citoyenne ?

    Le principe de nécessité posé, reste à imaginer ce que pourrait être un enseignement efficace du numérique. Les questions sont nombreuses. Elles s’expriment en termes de contenus (quel socle de connaissances et de compétences numériques), de méthodes (quelle didactique ? code / pas code … ), de stratégie et de moyens (qui le fait et quand, quelle évaluation et quelle prise en compte dans les cursus … ). Elles ont déjà suscité beaucoup de travaux et d’autres sont en cours. L’équation à résoudre est simple.

    Peut-on renoncer à enseigner le numérique dès aujourd’hui au motif que les différentes recherches et expérimentations de terrain n’ont pas encore permis de s’accorder sur la conduite à tenir ?

    À ce compte, je pense que l’École n’aurait jamais dû décider l’enseignement de la lecture … Il faut se lancer !

    Il faut refonder l’Ecole sans attendre pour l’adapter aux évolutions sociétales

     

    Finalement, la partie principale de l’iceberg n’est peut-être ni le recours au numérique pour des apprentissages tiers, ni l’apprentissage du numérique mais l’impact du numérique sur la forme scolaire et ces corollaires que sont les contrat didactique et pédagogique qui organisent le rapport de l’élève à l’École.

    L’immanence du numérique, particulièrement vraie pour les plus jeunes de plus en plus équipés de matériels personnels, mobiles, puissants et connectés, bouleverse leur rapport au monde et singulièrement à l’institution scolaire. Ces transformations portent sur les principales dimensions qui définissent l’École : leur rapport à l’information et aux savoirs, au temps et à l’espace, à autrui, aux normes sociales et aussi et peut-être surtout à la possibilité d’agir, seul ou collaborativement.

    L’Ecole, comme toutes les autres institutions (à commencer par la famille) est mise sous pression et l’on ne saurait imaginer qu’elle puisse résister sans une adaptation assez radicale qui lui permette de faire face à cette nouvelle donne culturelle pour remplir son rôle sans rien abandonner de sa mission.

    Si l’on prend en considération les autres évolutions sociétales d’ampleur auxquelles l’Ecole doit faire face, et en particulier à l’augmentation des inégalités sociales, c’est à une véritable refondation de l’Ecole qu’il est nécessaire de procéder.

    L’Etat s’y est engagé dans le discours par la loi du 8 juillet 2013 pour la refondation de l’Ecole. Le chantier semble piétiner …

    L’équipement massif en tablettes est une solution périmée

     

    La question de l’équipement ne saurait se réduire à celle de l’actualité commerciale des fabricants, intégrateurs ou distributeurs de matériels. Le deuxième marché que constitue l’éducation pour les tablettes a déjà généré des projets de grande ampleur.

    Pour autant, nos travaux montrent que les programmes d’équipement systématique des élèves et de leurs enseignants avec des tablettes tactiles, que celles-ci soient livrées avec un environnement scolaire complet (SQOOL, Bic Education … ) ou non (Edutablettes 86, Living Cloud … ), représentent une option pédagogique très spécifique dont l’intérêt est très limité.

    La qualité des tablettes et des environnements (applications, services et ressources) qu’elles embarquent éventuellement n’est pas en cause. Les tablettes présentent des caractéristiques très intéressantes qui ne sont pas toujours exploitées : démarrage très rapide, encombrement et masse très faibles, interface tactile, mobilité, connectivité, équipement natif avec micro, caméras, gyroscope, GPS … ). D’autres sont une gêne, voire un obstacle pour certaines activités. Il est difficile de tracer une figure géographique avec un doigt, de produire un texte avec un clavier virtuel …

    Bref, la tablette est un assez bon équipement de consultation de documents mais n’est qu’un piètre outil de production quand les apprentissages reposent justement en grande part sur l’activité productive des élèves.

    De ce point de vue, un plan d’équipement systématique des élèves et des enseignants serait un contresens pédagogique. S’il fallait généraliser un équipement individuel, on gagnerait à envisager des matériels plus polyvalents comme des portables éventuellement dotés d’une dalle tactile ou d’une interface leap motion.

    Le BYOD vient renouveler fondamentalement le débat sur l’équipement des élèves

     

    L’équipement des élèves ne pose pas seulement la question du choix des bons matériels, tablettes ou autres, mais celle de l’opportunité de les équiper alors que les élèves sont de plus en plus nombreux à s’équiper eux-mêmes. Cette situation n’est pas nouvelle. L’École a déjà dû faire face à ce type de question à partir de la fin des années 70 avec l’arrivée des calculatrices.

    Doit-on équiper les élèves systématiquement lorsqu’ils le sont déjà tous ou qu’ils le seront presque tous sous peu ? Doit-on leur proposer un deuxième équipement ?

    Si l’on observe les données d’équipement, telles qu’elles sont publiées régulièrement, notamment par le CREDOC, on constate que l’équipement des adolescents s’accroît rapidement et que l’âge moyen du premier équipement personnel diminue. Les lycéens et le collégiens sont nombreux à apporter leurs équipements à l’École. C’est le BYOD (Bring Your Own Device).

    Les stratégies publiques d’équipement ne peuvent ignorer cette situation avec ses implications techniques, pédagogiques et sociales. Il semble essentiel de prendre en compte ces équipements personnels autant qu’il est possible de le faire et de les compléter par des équipements plus spécialisés, notamment pour faciliter les interactions entre les élèves et les activités collaboratives, tout en ayant le souci de mettre des matériels à la disposition des élèves qui ne sont pas équipés à titre personnel.

    Cette approche qui s’impose à l’Ecole sans qu’elle l’ait choisi, n’est pas une solution de facilité. Mettre en œuvre le BYOD pose à la fois des questions techniques pour assurer la connectivité de tous les équipements dans un environnement sécurisé, des questions de responsabilité portant à la fois sur l’intégrité des matériels et sur la nature des usages réalisés depuis l’enceinte de l’établissement, des questions sociales pour garantir l’équité entre les élèves et des questions pédagogiques.

    Prendre en compte un parc d’appareils disparates suppose non seulement une ingénierie technique complexe et nouvelle mais aussi une transformation de l’attitude des enseignants quant à la conduite des activités qu’ils organisent. Il leur faudra apprendre à travailler avec des groupes classes où tous les élèves seront équipés de façon différente. Il faudra sans doute aussi imaginer l’équipement de quelques salles et/ou classes mobiles afin de pouvoir organiser les activités qui requièrent un matériel particulier configuré de façon spécifique (EXAO, laboratoires de langue … ).

    Les ressources numériques restent encore à inventer

     

    Les ressources et services numériques actuellement disponibles restent finalement assez insatisfaisants. L’exemple du manuel scolaire est emblématique. Il reste pourtant une ressource centrale plébiscitée par les enseignants pour l’organisation des activités d’apprentissage et par les élèves et leur parents à la recherche de documents structurants.

    Pour autant, les manuels numériques actuels ne conviennent pas. Il ne suffit manifestement pas, même si c’est important, de découper un manuel en « granules », voire de l’enrichir avec des enregistrements sonores, des vidéos, des animations ou même des QCM et autres tâches du même ordre pour disposer de ressources pleinement exploitables dans ce nouveau contexte technopédagogique.

    On lit tous les jours ou presque dans la presse, les attentes des éditeurs qui ont raison de souligner qu’ils agissent dans le cadre d’un marché en cours de maturation et donc très incertain. Pour autant, un saut qualitatif est indispensable et la logique de marché a fait la preuve qu’elle n’était pas suffisante pour y parvenir.

    L’institution scolaire doit devenir un bon client, c’est-à-dire un client qui sait exprimer clairement ses besoins avant de faire confiance aux capacités d’innovation des entreprises, un client qui sait évaluer l’efficacité et l’efficience des services et des biens qu’il acquiert afin de mieux piloter ses futurs investissements.

    Autrement dit, il ne suffit pas de contribuer au financement des projets éditoriaux des entreprises du domaine. Il est indispensable de contribuer, financièrement mais pas seulement, à l’élaboration de dynamiques de recherche-innovation qui associent les usagers, les entreprises, les services et grands établissements de l’Etat, les collectivités territoriales et les laboratoires de recherche.

    L’intelligence territoriale doit prolonger l’action structurante de l’État

     

    Finalement, c’est la question de la conduite du changement ou, pour le dire autrement, des conditions de l’innovation qui est soulevée. Les observations sont concordantes, l’appropriation efficace des technologies numériques par les acteurs de l’Ecole suppose :

    – de la confiance pour libérer les initiatives ;
    – de l’exigence pour la qualité de ces initiatives ;
    – un pilotage politique fort ;
    – une mobilisation coordonnées de tous les acteurs ;
    – une démarche systémique qui articule les problématiques pédagogiques et éducatives avec les questions de filières eEducation, de création de richesse et d’emplois.

    Certains territoires ont bien compris que de telles stratégies étaient pertinentes à la fois pour contribuer à l’évolution et l’amélioration des services éducatifs dont ils ont la charge et pour créer de véritables filières eEducation avec de significatives retombées en termes de création de richesse et d’emplois.

    C’est d’ailleurs le cas de la Région Poitou-Charentes qui a inscrit la eEducation comme l’une de ses stratégies de spécialisation intelligente et qui travaille efficacement à l’animation de cette filière. Le laboratoire TECHNE est bien sûr pleinement associé à cette démarche.

    C’est ainsi et ainsi seulement que nous pourrons dépasser les échecs et les désillusions que nous connaissons depuis 30 ans.

    Rien ne condamne le numérique éducatif à la malédiction des Danaïdes et la promesse de la corne d’abondance continue de nous faire rêver.

     

    JFCerisier_art1recherche_230215Les Danaïdes, William Waterhouse, 1903

    Les Danaïdes sont les cinquante filles du roi Danaos.
    Pour aider leur père qui fuit les cinquante fils d’Egyptos, ses neveux, elles proposent une réconciliation, épousent leurs cousins et les assassinent le soir des noces.

    Elles sont condamnées, aux enfers, à remplir indéfiniment un tonneau sans fond.

     

    JFCerisier2_art1recherche_230215Hadès tenant une corne d’abondance, détail d’une amphore attique à figures rouges, v. 470 av. J.-C

    Un jour, Zeus empli de colère, et voulant jouer, jeta la chèvre Amalthée contre les parois de la grotte qui l’abritait. Amalthée y perdit une corne.

    Pour se faire pardonner, Zeus prit la corne et lui conféra des pouvoirs magiques.

    La corne fût nommée Corne d’abondance car elle se remplissait de fruits de toutes sortes au fur et à mesure qu’elle se vidait.

  • Le numérique en questions : une perspective anglaise par Eddie Playfair, chef d’établissement

    Le numérique en questions : une perspective anglaise par Eddie Playfair, chef d’établissement

    Bus in London

    Par Principal of Newham Sixth Form College (NewVIc) East London

    Nous ne sommes qu’au début d’une transformation de la communication et de la connectivité humaine. Les possibilités du partage et de la démocratisation des savoirs sont immenses. Pour comprendre l’effet de cette transformation dans le cadre de l’éducation il faut d’abord comprendre son effet social et global.

    Nous avons vécu d’autres révolutions de la communication, avec l’écrit, l’imprimerie et l’audiovisuel, et nous avons certains repères pour comprendre les défis. Par exemple, au début de la révolution de la langue écrite, Socrate avait prévenu que l’écrit était inflexible par rapport à l’oral, qu’il détruirait la mémoire et que nous perdrions notre maitrise de la langue.

    Ce genre d’inquiétude a été réitéré à chaque révolution de la communication et à chaque fois,

    on peut constater que les nouvelles technologies élargissent l’accès aux connaissances et approfondissent les interactions humaines et que les anciennes technologies ne se perdent pas mais trouvent de nouveaux rôles.

    Plusieurs d’entre nous ont vécu l’époque de l’introduction des premiers ordinateurs dans l’éducation. Il faut rappeler que, confronté à ces nouveaux outils, on s’est demandé à quoi ils pourraient bien servir en classe.

    Maintenant, nous sommes inquiets que nos étudiants ne puissent réclamer que le divertissement et la simplicité de leur lecture en ligne. Pourtant il est bien possible de créer des matériaux qui encouragent un effort de concentration, un apprentissage en profondeur, la collaboration et la créativité en commun.

    Ces matériaux ne sont pas toujours d’origine pédagogique. J’observe, par exemple, la popularité du site Wattpad qui permet aux jeunes abonnés de partager leur esquisses et leurs avant-projets de roman, de critiquer et de répondre aux critiques et de trouver un public global qui apprécie leurs essais.

    Une perspective anglaise

    Il faut d’abord préciser qu’en Angleterre nous n’avons pas de système national. Chaque établissement existe comme une entreprise dans un marché plus ou moins compétitif et nous sommes surtout jugés sur les résultats de nos étudiants.

    Newham est un quartier défavorisé qui a bénéficié d’immenses investissements infrastructurels, une régénération commerciale depuis les Jeux Olympiques de 2012, le centre commercial de Westfield à Stratford City, les Royal Docks ou se trouvent l’aéroport de London City et une nouvelle ligne Crossrail de transit urbain. Tout cela donne l’impression que le centre de Londres se déplace vers l’Est, donc vers nous. Malgré tout, c’est toujours un quartier économiquement défavorisé.

    Newham est une des 32 communes du grand Londres avec 270,000 habitants, un quartier d’immigration dont 70% de la population sont de minorités ethniques. Une population jeune, diverse, en croissance, riche en ressources culturelles et intellectuelles: c’est une des 3 communes les plus pauvres de Londres qui sont l’East End de la capitale,

    Il y a 14 collèges (11-16 et 11-18 ans), 4 lycées et 2 universités. Le nombre d’établissements concurrents pour les classes de 1ere et de terminale (en lycée ou en collège-lycée) est en croissance : nous étions 3 à Newham en 2008, en 2014 nous sommes 7. La réussite scolaire à 16 ans est en hausse et la participation dans l’éducation des jeunes de 16-18 ans est en excès de 90%.

    NewVIc est un lycée polyvalent général et professionnel de plus de 2,600 étudiants de 16-19 ans, le plus populeux de Londres. Nous recevons un budget de l’état d’environ £15 million qui nous est versé entièrement en fonction du nombre d’étudiants. La gestion de ce budget dépend entièrement du chef d’établissement et de son conseil d’administration.

    On trouve à NewVIc une mixité ethnique, culturelle et linguistique extraordinaire qui rassemble des jeunes d’origine africaine, bangladeshi, pakistanaise, indienne, antillaise, chinoise, européenne et bien plus d’autres avec plus de 80 langues parlées, y compris le Français.

    Tous nos étudiants bénéficient d’un enrichissement culturel et sportif et d’un encadrement personnalisé. Un Sports Academy spécialiste en cricket, basketball et coaching, un partenariat et colocation avec le Newham Academy of Music, un conservatoire de jeunes pour toute la commune, un partenariat avec le centre culturel de Stratford Circus qui attire un public de plus de 20,000 par an: théâtre, musique, danse, medias, colloques littéraires – animation culturelle de la commune

    La plus grande proportion de nos étudiants suivent des programmes Advanced levels : 15-21h par semaine pour 2 ans d’éducation générale avec 3 ou 4 sujets sélectionnés parmi plus de 40 options. Ils sont au niveau du Bac et sont une préparation pour les programmes universitaires pour quasiment tous les étudiants.

    Ils suivent aussi les Advanced vocational programmes: 15h-21h / semaine. 2 ans d’éducation professionnelle ou technique. C’est une préparation pour la formation professionnelle et l’emploi et 85% progressent vers l’université.

    Une minorité de nos étudiants suivent des Intermediate programmes : 17h / semaine : 1 an d’éducation générale préprofessionnelle qui prépare les classes Advanced (donc 3 ans en tout) ou les Foundation programmes : réintégration, compétences et savoirs de base et préparation aux études du niveau “intermediate” (donc possibilité de rester 4 ans au lycée).

    Nos candidats à l’équivalent du Bac réussissent en grande proportion : 96% de succès global (A levels), 100% de réussite pour un grand nombre de sujets et plus de 200 de nos étudiants de terminale dépassent la moyenne nationale. 767 étudiants de terminale ont progressé en faculté en 2013 dont 130 aux universités les plus cotées.

    Notre projet d’établissement est de « créer une communauté réussie d’apprentissage .» Pour le numérique, nous voulons que nos enseignants et étudiants utilisent l’informatique pour l’apprentissage : d’une façon effective, créative et confiante.

    La politique d’établissement pour l’informatique fait partie d’une politique pédagogique et administrative qui propose la création d’un environnement riche, accessible et stimulant en ligne. C’est un élément clé de l’apprentissage.

    L’autonomie de l’établissement nous permet de choisir comment investir nos ressources – humaines et technologiques.

    Nous bénéficions du Wi-fi et somme équipés pour le  BYOD (bring your own device) et le vidéo streaming partout.

    Les chiffres de participation en ligne sont en hausse, en Mars 2014 notre espace numérique de travail (iVIc) qui intègre Moodle, Mahara et Planet e-stream, a enregistré plus de 48,000 vues étudiantes par mois pendant l’année scolaire 2013/14.

    Le système Anglais est très différent, nous avons une autonomie quasiment total , en revanche il nous faut être très performants. Nos résultats sont très publics : ils sont en ligne et le public, les responsables politiques et les médias comparent constamment les établissements.

    Plus de questions que de réponses

    En parlant du numérique et de l’éducation, je pense qu’il faut que notre point de départ soit absolument l’apprentissage et la pédagogie plutôt que la technologie ou les outils particuliers. Il faut surtout se demander « pourquoi ? » avant de se demander « comment ? »

    Je veux poser quelques questions qui me semblent importantes et proposer quelques tentatives de réponse :

    Tout d’abord : pourquoi éduquer ?
    L’éducation est un projet à la fois personnel et social. Un projet qui doit mener à l’épanouissement de l’individu et de sa communauté. Si nous voulons une société démocratique et plurielle qui peut résoudre les défis globaux qui nous confrontent, il nous faudra créer un accès démocratique et pluriel aux connaissances qui permettent aux jeunes de comprendre la culture et l’histoire humaine, de participer au progrès social et connaitre le plaisir personnel d’apprendre.

    Nous avons de nouveaux outils mais le rôle de l’éducation a-t-il vraiment changé ?

    Et pourquoi l’école ? Quel est le rôle de ce lieu que nous connaissons bien mais qui devra certainement changer ? Prison ou fenêtre sur le monde ? Espace d’évasion ou place du village ? Usine ou lieu de débat philosophique ? Centre de formation sociale ou centre de culture et de connaissance ? Les unités de la classe sont peut-être éclatées mais je suis convaincu que l’école restera un lieu essentiel de la construction sociale.

    Et le rôle de l’enseignant ? Il ne sera pas simplement un guide ou un conseiller, mais restera certainement un agent essentiel de la transmission culturelle, de l’interprétation et de l’évaluation des savoirs, du débat et de la créativité.

    De quelles compétences et de quelles connaissances les jeunes auront-ils le plus besoin ?

    Je ne suis pas convaincu qu’il nous faut des compétences différentes pour le 21eme siècle. Sinon des compétences nouvelles, certainement certaines compétences améliorées : le triage, la sélection, la lecture, l’évaluation et l’analyse de l’information.

    Quel rapport entre l’élargissement et l’approfondissement – tous deux essentiels dans l’éducation ? Quel rapport entre le canon ; les connaissances spécialistes et le pluridisciplinaire ; la recherche et l’exploration personnelle ?

    Tout en se demandant ce qu’il faudra changer il faut aussi bien se demander ce qu’il faudra ne pas changer.

    En conclusion…

    Hannah Arendt a dit:

    L’éducation est le moment où nous décidons si nous aimons le monde assez pour en être responsables.”

    En tant qu’éducateurs il nous faut accepter que nous sommes responsables. Si nous aimons le monde et que nous voulons sa continuité, sa survie et son progrès nous devons avant tout présenter et interpréter ce monde pour nos étudiants d’une façon éducative qui leur permettra de changer les choses pour le mieux. Et finalement il n’y a rien de plus important.

     Crédit Photo : Bus in London © rabbit75_fot