Catégorie : A LA UNE

  • Enfants et adolescents : les citoyens d’une société de flux

    Enfants et adolescents : les citoyens d’une société de flux

     

    « C’est une vraie question, celle de voir si Google pourrait devenir le censeur du monde », a-t-il posé dans le débat.

    Le croisement de données auquel peuvent se livrer Google, Amazon ou autre géant type Facebook est quelque chose de tout à fait nouveau, de démesuré et d’absolument invisible. « Cette opacité est très préjudiciable à l’individu. L’éducation est fondamentale pour “lever le voile“ ».

    Il déclare ensuite dans notre interview que penser que le monde puisse être dominé par des entreprises est quelque chose d’assez « malsain pour la citoyenneté ».

    La citoyenneté : une notion essentielle au coeur du débat sur la société de flux

    Pour Jean-Louis Durpaire,  le vrai débat se situe bien au niveau de la citoyenneté : « Quelle est notre société aujourd’hui et qui forme t-on ? ». Cette notion de citoyenneté mérite d’être repensée et l’Ecole toute entière doit réfléchir à cette question.

    C’est de la “cosmo-éducation“, c’est à dire réfléchir à la formation d’un citoyen sur la planète.

    « Il faut aborder le monde par une approche qui n’est pas disciplinaire », déclare Jean-Louis Durpaire. Il se réjouit d’ailleurs de voir ce que propose le nouveau socle et qui va dans ce sens : que sont les fondamentaux dans la société d’aujourd’hui à savoir lire, écrire ou compter ?

    Faire prendre conscience aux jeunes générations que le cerveau existe et qu’il est indispensable pour se construire des savoirs.

    « Aujourd’hui, apprendre le nombre à des élèves c’est leur apprendre une agilité mentale qu’il n’y avait peut-être pas autrefois », explique t-il en donnant l’exemple des mathématiques.

    Cette agilité mentale renvoie aux savoirs et l’utilisation de son cerveau. Jean-Louis Durpaire tient à mettre en lumière ce point essentiel : une personne ne peut se contenter du savoir déporté de l’extérieur ;

    si l’individu n’a pas dans sa tête les moyens de traiter l’information, il ne peut rien faire, il ne peut pas agir dans le monde.

    Acquérir des savoirs et savoir gérer les flux pour se constituer une mémoire : un autre point essentiel à appréhender dans notre société.

    Dans une société où les flux et divers canaux déversent de l’information, il est important de pointer sur : « que garde-t-on d’essentiel, que garde-t-on dans notre mémoire dont on pourra se resservir à chaque instant ? ».

    Les bibliothèques, numériques ou pas, sont des exemples de  lieux de stock et de mémoire.

    Et pour conclure :

    La société ne peut pas être qu’une société de flux, il faut savoir arrêter les flux pour acquérir de la mémoire.

     

  • A l’école ou à la maison, comment accompagner les enfants sur internet ?

    A l’école ou à la maison, comment accompagner les enfants sur internet ?

    Elle dresse plusieurs constats issus de différentes enquêtes pour lesquelles la rédaction a retenu quelques chiffres.

    La révolution est tactile. Selon une enquête CSA (Orange-Terrafemina) de septembre 2012, 71% des enfants de moins de 12 ans utilisent le « joujou » de leurs parents.

    En terme d’usages, pour la tranche d’âge des 3-12 ans, 40% des 3-6 ans regardent des vidéos dont 31% le font seuls et 42% des 7-12 ans jouent (enquête Aegis Kids and Teens on the Web 2012). Dans cette même enquête notons aussi que 49% des 7-12 ans font des recherches (pour eux-mêmes ou pour l’école) lorsqu’ils sont connectés.

    Lorsqu’on se penche sur le nombre d’heures passées par semaine par les différentes tranches d’âges sur les écrans, les résultats sont assez hallucinants mais pas si surprenants que ça :

    Pour les « 1-6 ans », la télévision représente 7h20, les contenus web 3h10 et les jeux vidéo 2h40.
    Pour les « 7-12 ans », la télévision représente 09h50, les contenus web 11h45 et les jeux vidéo 7h15.
    Pour les « 13-19 ans », la télévision représente 10h25, les contenus web 05h et les jeux vidéo 04h50.

    « Ce qui est intéressant, c’est de regarder les différents usages des jeunes, comment ils se décomposent afin de pouvoir mieux les accompagner et proposer des cadres qui soient cohérents avec leurs pratiques ».

    Vanessa Lalo tient à mettre l’accent sur tous ces usages que les jeunes font de l’internet « en toute liberté » et aimerait pouvoir faire la continuité entre le numérique proposé à l’Ecole et les pratiques en dehors ; mais pour elle, il existe encore trop de risques et d’enjeux pour que le numérique fasse véritablement partie du paysage de l’Ecole.

    « Ces freins sont toujours présents car nous n’avons pas encore suffisamment appréhendé le numérique et l’internet », souligne t-elle.

    Les jeunes sont très consommateurs de vidéos sur internet ; la consommation sur écran ne progresse plus mais elle s’est démultipliée sur les supports qui sont à leur disposition (Smartphones, tablettes, ordinateurs etc).

    « Prendre en considération les usages des jeunes pour pouvoir les exploiter à des fins éducatives », tel est l’objectif à viser, d’après Vanessa Lalo.

    Elle donne pour exemple le positionnement des jeunes via les réseaux sociaux, dans une « dynamique groupale », un lien social ou encore un besoin d’échanges permanents ; elle considère qu’il est facilement exploitable à l’Ecole de reprendre cet argument en les incitant à travailler en équipe, en les aidant à s’évaluer entre eux ou à s’auto-évaluer.

    « Nous devons les positionner dans une situation de l’ordre du partage, de l’exposition aux autres ou de l’expérimentation directe de leurs connaissances », explique t-elle.

    Elle ajoute que les adultes n’ont pas forcément les capacités innées à décrypter les « codes » des jeunes lorsqu’ils naviguent dans l’univers numérique. Cependant, l’adulte a la capacité à « apprendre à apprendre » aux jeunes, comme par exemple, apprendre à critiquer l’information.

    « En premier lieu, il me semble essentiel d’accompagner les jeunes vers une critique des médias, une critique de l’image, vers une critique de ce à quoi ils sont confrontés ».

    Finalement, les jeunes vont moins se chamailler dans la cours d’école mais être plus violents sur internet.

    « Il est important d’avoir des points de vigilance, de savoir que les conflits se déplacent, que les risques sont partout, dans la vie réelle comme sur internet, mais plus on est sur internet, plus on peut être confronté à des risques ».

    La réflexion de Vanessa Lalo ne reste pas figée sur les risques d’internet et elle insiste également sur la nécessité d’utiliser internet comme une mine d’or pour les apprentissages.

    Elle invite particulièrement les adultes à se plonger dans le numérique pour se l’approprier et poser leurs propres codes et leurs propres limites.

    « Internet est sans limites, il n’y a pas de kit prêt à l’emploi d’internet, c’est pourquoi chacun doit poser son cadre ».

    Pour Vanessa Lalo, l’enjeu actuel est de cesser les clivages entre le numérique et la réalité et qu’il est nécessaire d’apporter une continuité éducative et une transférabilité de l’un vers l’autre pour un accompagnement global et cohérent des jeunes.
    « Remettre les outils numériques en position « d’outils » à décrypter et à exploiter me parait primordial, afin de se positionner dans un juste milieu vis-à-vis du numérique », conclut-elle.

     

     

  • Lancement du projet REMIE : Ressources et Environnement Multi-éditeurs Innovants pour les Ecoles

    Lancement du projet REMIE : Ressources et Environnement Multi-éditeurs Innovants pour les Ecoles

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    Un projet Coopératif

    REMIE est un projet coopératif sur 2 ans, porté par la société ITOP éducation, chef de file du projet et coordonnateur. Il est fondé sur les expertises pédagogiques et technologiques complémentaires de 6 partenaires:

    3 PME, spécialistes du numérique éducatif et du 1er degré :
    les Editions Jocatop et Génération 5, leaders sur le marché du numérique pour le 1er degré
    – ITOP éducation, éditeur de contenus numériques et leader sur le marché des ENT

    et des chercheurs et pédagogues

    – le CRDP de Versailles au sein du réseau Canopé, expert en matière d’indexation de ressources numériques,
    – l’IRI, Institut de recherche et d’innovation, à la pointe des recherches en technologies videéo et annotation collaborative
    – I3M, Information Milieux Médias Médiations, laboratoire de l’Université de Nice-Sophia Antipolis (UNSA) et de l’Université de Toulon (UTLN), expert en matière d’analyses des usages des dispositifs numériques et des changements organisationnels liés aux TIC.

    Ce projet intégrera dés le départ une très forte composante « usages », sous forme d’expertise dans un premier temps, puis d’expérimentations terrain

    en partenariat avec les Académies de Nice et Nancy-Metz, la ville de Nîmes, l’inspection d’Annecy Est et avec les enseignants de nombreux établissements scolaires, écoles et collèges.

    L’association de contenus innovants et de classeurs numériques

    Le projet REMIE vise à améliorer les apprentissages des élèves et à faciliter le travail pédagogique des enseignants, grâce à la conception et réalisation d’un démonstrateur composé de 3 ensembles de contenus numériques innovants associés à des services d’indexation et de gestion de classeurs numériques adaptés aux usages du primaire.

    L’enseignant peut créer des classeurs numériques « maître« , dans lesquels il sélectionne et organise contenus innovants existants, et contenus personnels.

    À partir de ses classeurs maître, il distribue directement dans les classeurs numériques élève, de façon personnalisée ou collective, activités multimédias, documents et travaux, résumés de leçon, enregistrements audio, etc.

    Chaque élève dispose ainsi de classeurs personnalisés, dans lesquels il retrouve et utilise au quotidien, ressources communes et ressources qui lui sont propres.

    Les contenus présenteront tous une structure granulaire leur permettant d’être exploités en fonction des besoins de la classe ou des élèves. Les contenus seront des ensembles complets qui permettront :

    1) En lecture, de travailler dans la continuité la conscience graphophonologique au CP (et remédiation au-delà), en s’appuyant sur des mises en situations animées, des micro-vidéos de découverte et répétition des phonèmes, l’enregistrement sonore, et la reconnaissance de l’écriture manuscrite.

    2) En français, de travailler la maîtrise de la langue (oral, lecture, écriture, compréhension, structure de la langue) au cycle de consolidation, en s’appuyant sur l’usage de courts-métrages et d’outils d’annotation collaborative de films, pour créer des situations de réflexion et de créations collaboratives et coopératives.

    3) En mathématiques, de travailler du CP au CM2, sur les notions de grandeurs et mesures, grâce à des situations de recherche et de réflexion couplées à des outils de production et d’édition de ressources qui exploitent le potentiel des nouveaux supports (tablettes numériques et TNI).

    Les services se présentent sous forme d’une plateforme numérique multi-supports conçue pour le primaire avec :

    . des services pédagogiques sous forme de classeurs numériques (classeur de préparation du maître, des classeurs élèves), couplés à un portail de ressources éditoriales granulaires multi éditeurs, et intégrant éditeur collaboratif, services de gestion de parcours personnalisés et de suivi de résultats.

    . Des services techniques se chargeant de façon standardisée, de la sécurisation des accès et de l’intégration à tout ENT conforme au SDET.

    . Des services aux éditeurs prenant en charge la gestion de leurs ressources granulaires multimédias indexées sur les programmes officiels, les formalités administratives et techniques de gestion d’utilisateurs, et le stockage et traitement de données.

    Au-delà de l’amplification des usages, REMIE, projet fédérateur, participera à la structuration de la filière du numérique éducatif, en intégrant à terme des contenus granulaires de tout éditeur de ressources, interopérable avec tous les ENT respectant le SDET et sur tout support (tablette ou TNI).

    A propos d’ITOP éducation :

    ITOP éducation occupe une position clé dans le panorama de l’éducation. Présente depuis plus de dix ans sur ce secteur, elle produit une offre complète de logiciels innovants qui couvre tous les besoins des établissements scolaires, de la maternelle au lycée. Plus de quatre millions d’utilisateurs échangent au travers des Environnements Numériques de Travail
    ou accèdent aux ressources pédagogiques multidisciplinaires ITOP éducation et gèrent notes et absences grâce au module de vie scolaire Educ-Horus. Sur plus de quinze projets ENT en généralisation, ITOP éducation offre également ses services d’accompagnement, formation, hébergement et support. Pour développer les nouveaux usages et conduire une stratégie d’innovation volontariste, plus de 20% du chiffre d’affaires sont consacrés chaque année à la recherche et au développement.
    Depuis 2012, Hervé Borredon, PDG d’ITOP est élu président de l’Afinef, Association Française des Industriels du Numérique pour l’Education et la Formation. Cette nouvelle entité fédère et structure l’ensemble de la filière numérique éducative et assure l’interface entre industriels et institutionnels. www.itop.fr  www.afinef.net

     

     

  • Ressources numériques : l’offre des professionnels de la filière répond-elle vraiment aux besoins d’innovation pédagogique ?

    Ressources numériques : l’offre des professionnels de la filière répond-elle vraiment aux besoins d’innovation pédagogique ?

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    Faire entrer les ressources numériques dans l’Ecole : l’offre n’est plus le problème

    Alain Laurent, Président du GEDEM, est formel : l’offre actuelle de ressources, qu’elles soient éditoriales ou produites par les enseignants, est suffisamment étoffée pour répondre aux besoins des enseignants.
    Pour répondre à la question posée par cette table ronde, « l’offre des professionnels de la filière répond-elle vraiment aux besoins d’innovation pédagogique ? », Alain Laurent exprime son scepticisme par rapport au terme « d’innovation ». D’après lui, l’innovation ramène à l’expérimentation.

    Cela fait 25 ans que nous expérimentons ; aujourd’hui, la question est celle de la généralisation, déclare t-il.

    Jean-Marc Merriaux, Directeur général de Canopé, parlerait davantage d’initiatives pédagogiques que d’innovations pédagogiques.

    Les enseignants, des producteurs de ressources ? Mais cela suffit-il vraiment ?

    « Aujourd’hui, l’ensemble des outils doivent permettre de renforcer l’initiative pédagogique, et donc valoriser la liberté pédagogique de l’enseignant. Cette pratique pédagogique change les habitudes, par exemple, la posture de l’enseignant dans la classe est différente ».

    Pour lui, le principe de granularité est encore à développer de même que la question de l’indexation de la ressource afin de permettre qu’elle soit utilisée par l’enseignant comme il le souhaite.

    L’enseignant est un éditeur, souligne t-il.

    « Il est amené à produire des contenus, il est un agrégateur de contenus ».

    Un autre point fondamental que Jean-Marc Merriaux soulève est qu’une ressource aujourd’hui, quand elle est pensée, doit intégrer une dimension par rapport à des fonctionnalités.
    « Jusqu’à présent, les ressources ont été pensées « enseignant centrées ».

    Il signifie par cette remarque que la ressource numérique doit aussi être « élève centrée », afin de pouvoir être utilisée en autonomie par l’élève.

    Véronique Saguez, responsable éditoriale aux éditions BORDAS mais aussi enseignante a l’avantage d’être de chaque « côté de la barrière ».
    Quoique le terme de « barrière » soit un peu caricatural, force est de constater que le dialogue éditeurs-enseignants ne saute pas aux yeux à première vue.

    Pour elle, l’enseignant ne peut se suffire des contenus qu’il produit. D’une part, parce qu’il a très peu de temps pour cette production et d’autre part, « parce que tout simplement, ce n’est pas notre métier ».

    La majorité des enseignants a besoin de parcours tout faits et c’est le rôle des éditeurs que de créer ces contenus.

    Les enseignants sont-ils capables de se retrouver dans ce marché foisonnant de ressources ? Et surtout sont-ils formés pour cela ?

    C’est sur ce point que Véronique Saguez étend son propos ; en effet, bien que les ressources soient de plus en plus « innovantes », la formation des enseignants reste une part non négligeable à prendre en compte pour une équation parfaite.

    Véronique Saguez propose la formule suivante :
    4 euros pour l’école = 2 euros pour l’équipement, 1 euro pour la formation et 1 euro pour les ressources. Et elle ajoute qu’aujourd’hui, « on est loin de cette équation ».

    Enfin, elle définit les besoins concrets pour un enseignant en classe : des ressources agrégeables, compatibles avec tous les environnements et libres de droit.

    Sur les questions d’ordre économique, Hervé Borredon, Président de l’AFINEF apporte quelques précisions.

    Le manque de visibilité économique ne motive pas les industriels du secteur à investir dans des ressources dites « innovantes ».

    Au sujet de l’offre, le constat est clair : elle est plus importante pour le second degré que pour le premier degré.

    « Au delà de ce constat, on pourrait penser que le premier degré a besoin de moins de ressources parce qu’ils n’ont pas de matériel mais cela amènerait à un raccourci un peu rapide ».

    Hervé Borredon explique que la difficulté à laquelle se heurte les éditeurs du premier degré, ce sont les investissements très importants qui doivent être engagés pour produire ces nouvelles ressources (il faut compter sur un investissement de 2-3 ans pour pouvoir obtenir une ressource « innovante »).

    La mise sur le marché est aussi très compliquée ; les produits peuvent être attractifs et plaire aux enseignants mais les réponses auxquelles se heurtent les éditeurs sont qu’il n’y a pas de budget.

    Pour investir, il faut avoir des perspectives de retombées économiques et trouver un équilibre financier au projet, rappelle Hervé Borredon

    « La filière manque cruellement de visibilité sur les budgets d’investissement et ce défaut de visibilité sur les budgets est encore plus prégnant sur le premier degré », ajoute t-il.

    La problématique gratuit-payant est-elle encore au coeur du débat ? Les enseignants deviendraient t-ils des concurrents du secteur privé ?

    Pour Alain Laurent, la cohabitation est tout à fait possible. Il rappelle l’expérience de Sésamaths, une action totalement collaborative qui a dépassé les ambitions premières des créateurs. Il explique qu’à un moment donné, Sésamaths a été confronté à une production des enseignants à grande échelle ; la question de trouver un éditeur s’est alors posée.

    La société Génération 5 a alors travaillé avec Sésamaths.
    « nous sommes tout à fait complémentaires ; nous avons apporté des compétences éditoriales (la relecture, la correction par exemples) tout simplement », souligne Alain Laurent.

    Pour lui, l’éditeur a une réelle plus-value à apporter c’est pourquoi il a sa place dans le « paysage »,

    A la question qui est posée par l’animateur de la table ronde, Eric Fourcaud, directeur de publication Ludomag, sur des enseignants qui fabriquent leur propre manuel numérique, Alain Laurent répond qu’il ne voit aucun mal à cela. Pour lui, ce sont des cas isolés.

    « Cela demande beaucoup de temps de créer son propre manuel. Je préfère me concentrer sur le suivi et les pratiques de mes élèves », ajoute Véronique Saguez, en appuyant le propos d’Alain Laurent.

    Enfin, Alain Thillay, chef du département du développement et de la diffusion des ressources numériques à la Direction du Numérique pour l’Education donne son point de vue sur les éléments qui ont alimenté le débat.

    « Au delà de la production, il y a aussi à clarifier la distribution et la diffusion des ressources ».

    L’élément perturbant est qu’aujourd’hui, il est question de contenus associés et plus seulement de ressources physiques. Le rôle de l’Etat est de donner des cadres (notamment par rapport aux règles sur les données personnelles, par exemple).

     Les enseignants sont des producteurs, c’est vrai ; mais ils ne sont pas des éditeurs de ressources, ils veulent les partager dans leur univers professionnel.

    Alain Thillay réaffirme la position du Ministère quant au dialogue engagé avec les éditeurs pour arriver à « ce point d’équilibre ».

    « Le rôle du Ministère est aussi d’avoir une approche de soutien à l’ensemble de la filière e-éducation », ajoute t-il.

     

     

  • Tablettes et EPS : le couple gagnant

    Tablettes et EPS : le couple gagnant

     

    Concrètement la tablette en cours d’EPS sert beaucoup plus aux élèves qu’à l’enseignant,

    souligne François Baritiu, enseignant en EPS au lycée professionnel Corbon de Paris 15ème. Il rappelle en cela que les outils numériques doivent avant tout être au service des apprentissages des élèves.

    Dans la séquence présentée, l’outil numérique a deux fonctions essentielles.

    Avoir un aperçu en direct des exercices réalisés en cours d’EPS

    Sur une période de dix minutes, l’enseignant demande aux élèves de réaliser un certain nombre d’exercices sur les STEPs ; il les filme au cours de la séquence et leur propose un travail de rétroaction dit de « régulation » pour commenter leurs mouvements. Par exemple, il peut mettre l’accent sur le « pied d’attaque » de l’exercice pour vérifier la coordination entre les différents membres du groupe sélectionné.

    Auto-évaluer son travail pour acquérir de l’autonomie

    Le visionnage d’une séquence d’environ 30 secondes donne lieu à un travail d’évaluation par les élèves eux-mêmes ; travail qu’ils effectuent sur un questionnaire déjà intégré dans la tablette et qu’ils peuvent effectuer sur la zone de leur activité, sans avoir à se déplacer et donc sans perte de temps.

    En regardant la vidéo, on voit facilement nos erreurs, sans avoir besoin que le professeur soit à côté de nous”, explique Esther Ogu, élève en terminale Gestion-Administration au lycée Corbon.
    Apparemment, cette manière de travailler est très stimulante et rend l’EPS beaucoup plus ludique.

    Cela modifie vraiment la posture de l’enseignant : je ne suis plus celui qui dicte une leçon et qui structure mais plus un recours car les élèves maîtrisent le déroulement de leur tâche d’apprentissage”, souligne François.

    je deviens celui qui permet de passer un cap, un obstacle que les élèves ont eux-mêmes identifié, ajoute l’enseignant.

     

     

  • Faut-il scolariser les tablettes numériques ?

    Faut-il scolariser les tablettes numériques ?

    tabletteDans le cadre d’une utilisation en classe au primaire, la tablette, selon Gaëlle Charcossset, nécessite un outil de pilotage collectif. En effet, le logiciel de pilotage des tablettes à distance est nécessaire car ainsi, le professeur peut envoyer une trame de cours, peut verrouiller les tablettes et récupérer les exercices effectués en classe facilement. Cet outil est indispensable selon elle surtout en classe de premier degré.

    D’un point de vue pratique, les avantages et usages sont multiples : elle a été amenée à diffuser des ressources via les tablettes et le « Manager » et ensuite les usages ont permis de produire et élaborer d’autres modes de réflexion avec notamment des modes coopératifs avec du travail à réaliser en groupes par les élèves.

    L’apport le plus important de la présence d’un manager est la possibilité de gérer la différenciation. En effet, on peut proposer des documents différents et des exercices différents aux élèves ou à un seul élève de la classe. (Ce qui n’a pas été dit c’est aussi l’aspect « confidentiel ou anonyme » de la différenciation qui est important grâce aux possibilités apportées par ce type d’outils numériques : l’élève n’est pas mis à l’index et le fait qu’il effectue un exercice différent peut rester « anonyme » ce qui n’est pas possible autrement.)

    Pour ce qui est des problématiques liées au langage, là encore, la dyspraxie ou la dyslexie, on peut avoir grâce aux tablettes, une production autre que l’écrit avec par exemple une production sonore avec un fichier son.

    La pédagogie par l’erreur est également un des points forts de l’utilisation de tablettes avec un manager. La correction est possible tout au long du cours, une analyse du parcours et des erreurs peut aussi être mesurée. Ainsi avec les tablettes associées à leur « gestionnaire », on peut travailler par tâche complexe, en fonction des difficultés des élèves.

    Une question principale est soulevée par Bruno Devauchelle sur l’avantage des tablettes  : on se demande si ces outils sont adaptés à tous les niveaux et si la tablette est utilisable dans tous les contextes.

    En guise de réponse, Yves Cohen qui a travaillé en maternelle pendant plusieurs années et aussi dans le primaire précise que la tablette, en tant qu’objet numérique, peut transformer notre attitude pédagogique comme d’autres objets numériques moins récents (un PC, un tableau numérique).

    La tablette par rapport aux autres objets cités, est très mobile ! Par contre, il n’est pas sûr que le Manager soit indispensable si l’enseignant prépare son cours et qu’il est assez directif… Là encore la question de « l’évasion » des élèves ou de leur motivation à se concentrer sur les exercices ou phases de cours proposées par l’enseignant pourra être envisagée…

    Par contre, Yves Cohen rejoint Gaëlle Charcosset sur la gestion de l’erreur qui est fondamentale dans l’utilisation du numérique. L’interopérabilité des systèmes utilisés est importante sans que l’on soit coincé par un modèle économique. Yves Cohen fustige un peu les plateformes ou « stores » fermés que l’on a tendance à vouloir mettre en avant aujourd’hui : ne pas être prisonnier d’un store quel qu’il soit, lui paraît indispensable !…

    Quoiqu’il arrive, précise t-il, on doit développer une culture numérique chez les enseignants ! Accompagner les enseignants pour qu’ils puissent devenir des contributeurs !

    Pour le niveau Lycée, Pierric Bergeron propose une expérience sur un projet pédagogique qui a fait appel au numérique. Sur le projet depuis sa création les outils ont été intégrés y compris le numérique. Il y a deux ans les tablettes numériques ont été intégrées dans le projet. Il y avait un blocage chez les enseignants, car les tablettes ne pouvaient pas intégrer les outils de gestion couramment utilisés par les établissements. Passé ce point clé, les expérimentations sont, pour la plupart, concluantes et la généralisation est en cours.

    L’autonomie des élèves dans le cadre du projet cité, n’impose pas de logiciel de type « Manager » comme dans le premier degré. D’ailleurs, la moitié du « contenu mémoire » des tablettes est utilisé dans un cadre personnel par les élèves (autorisé). Aujourd’hui la tablette remplace même, en phase de généralisation, les manuels papier.

    Les changements dans l’établissement après l’apparition des tablettes, sont l’apparition d’un déplacement des centres de connaissance : une moindre importance du centre de documentation qui n’est plus « le centre » à cause ou grâce à la mobilité des outils de type tablettes.. Chacun grâce à la tablette peut « récupérer » les ressources dont il a besoin sans se déplacer ; le Centre de documentation change de positionnement et d’intérêt !

    François Villemonteix revient sur la scolarisation et l’utilisation des tablettes, sujet de cette conférence. En effet une tablette, outil personnel avant tout, souhaite être utilisée dans un cadre scolaire et on s’aperçoit qu’il y a des usages mixtes scolaires/personnels dans les établissements où s’opèrent des expérimentations. De plus les tablettes sont des outils individuels qui sont utilisées dans un cadre collectif. Ce qui provoque un changement d’attitude à tous les niveaux.

    Une question qui revient souvent également dans le champs des études est s’il y a un besoin de tablettes « du commerce » ou de tablettes « dédiées» dans un cadre scolaire.

    La proposition politique récente de l’utilisation ou la dotation d’une tablette par élève (voir notre article sur l’annonce présidentielle) qui fait partie des projets du gouvernement n’est pas anodine car la plupart des études montrent que ce n’est pas en donnant une tablette par élève que l’usage numérique en classe se développe et que l’impact sur les apprentissages dans ce contexte n’est pas encore démontré clairement.

    En conclusion

    Selon François Villemonteix, les résultats des études montrent que les tablettes sont compatibles avec les instructions du ministère et l’objectif des programmes d’enseignement à atteindre. La difficulté de l’enseignant est par contre de gérer l’écosystème dans lequel il enseigne et donc les aléas qui interviennent dans l’usage des outils, sa capacité à gérer et à acquérir une compétence technique dans l’usage au quotidien de la tablette.

    La discipline et les problèmes techniques sont deux choses bien différentes dans le quotidien de la classe. Ainsi, on insistera sur l’accompagnement des enseignants (formation technique et culture numérique)

    Pierric Bergeron revient sur la notion de contrôle, on a le sentiment que le constat qui est fait est que le niveau de contrôle des élèves doit être décroissant ou peut être décroissant avec l’âge et le niveau scolaire, l’apprentissage de l’autonomie restant un des objectifs de l’enseignement. Ainsi les systèmes de type « manager » ou gestion de classe seront de moins en moins utiles plus on atteindra des niveaux supérieurs dans la scolarité.

    Pour Yves Cohen, dans les écoles le débit reste un frein budgétaire, et il reste encore persuadé que des ressources sur clé USB ou sur serveurs NAS locaux, doivent être utilisés pour pallier à ce problème de débit et de réseau. On parle de tablette tactile, mais le clavier reste indispensable dans un contexte de classe ! Donc il faudra privilégier des tablettes qui proposent des claviers comme les modèles hybrides.

    Il n’y a pas de réponses uniques sur les tablettes  ; ce n’est pas l’outil qui fait la pédagogie ou le maitre mais c’est ce qu’on en fait de toute façon !

     

    Intervenants de la conférence :

    Gaelle Charcosset enseignante qui expérimente la tablette Sqool, elle est référente numérique au rectorat de Dijon

    Yves Cohen ex-futur enseignant tombé dans la marmite du numérique

    Bruno Devauchelle Président du CaféPédagogique

    Pierric-Yves Bergeron prof du Lycée Pilote International à coté du Futuroscope

    François Villemonteix enseignant chercheur à Cergy Pontoise, auteur d’une étude sur l’utilisation des tablettes en école primaire.

     

  • Apprendre avec le numérique, mythes et réalités

    Apprendre avec le numérique, mythes et réalités

    [callout]« On est plus motivé quand on apprend avec le numérique », « Le numérique favorise l’autonomie des apprenants »,
    « Les élèves savent utiliser efficacement le numérique car c’est de leur génération »,…[/callout]

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    Autant d’affirmations que l’on entend régulièrement. Mais s’appuient-elles sur des résultats d’études sérieuses ?

    Les  auteurs Franck Amadieu et André Tricot, spécialistes des usages éducatifs du numérique, ont voulu avec cet ouvrage de synthèse, apporter quelques réponses et permettre un débat trop souvent occulté sur les vertus du numérique à l’école.

    Ainsi, ils passent au crible 11 mythes autour des TICE, qu’ils analysent en quatre temps :
    • présentation du mythe : développement des attentes et des arguments généralement avancés justifiant ces attentes ;
    • rapide bilan des travaux scientifiques examinant ce mythe ;
    • présentation concrète de plusieurs études pertinentes illustrant la réalité des TICE en lien avec le mythe, pour aider à la compréhension des apports et des limites des TICE ;
    • conclusion sur ce qu’il faut savoir pour la mise en œuvre dans la classe.

    En fin d’ouvrage, les auteurs dressent un bilan général, plaidoyer pour une utilisation raisonnée du numérique en classe.

    Note de la rédaction au sujet de l’ouvrage :

    Les auteurs emploient à juste titre le terme de « mythes » pour désigner toutes les idées qui sont véhiculées autour du numérique comme facteur « aidant » aux apprentissages. Non pas qu’ils souhaitent à tout prix démontrer que les outils numériques ne sont pas positifs, mais plutôt mettre en lumière, en s’appuyant sur divers études et travaux de recherche  (d’ailleurs qu’ils définissent comme plus ou moins fiables pour certains), que l’équation parfaite « technologie = performance et motivation » n’est pas si simple à démontrer.

    Ainsi, « alors que les serious games semblent avoir un effet très limité voire nul sur les motivations des apprenants, dans certaines situations, ils amélioreraient l’apprentissage » ou encore que « les supports mobiles et tactiles peuvent être perçus par les apprenants comme plus utiles et plus efficaces sans pour autant apporter de plus-value dans les apprentissages (paradoxe préférence/performance)« .

    Comme dénominateur commun, les auteurs mettent en avant l’absolue nécessité du scénario pédagogique comme « élément central des apprentissages scolaires « .

    L’idée de l’autonomie de l’élève, de l’apprenant, est aussi abordée dans ce livre. Et nous pourrions la résumer par : « les élèves sont-ils compétents pour être autonomes » ?
    Comme l’apprenant n’est peut-être pas en mesure d’avoir la culture suffisante pour savoir se servir d’un outil numérique à des fins d’apprentissage, saura t-il s’organiser pour apprendre seul ? Les auteurs parlent d’autonomie comme une compétence « pré-requise » et non comme une compétence qui s’acquiert avec l’utilisation du numérique.

    Du chapitre 4 au chapitre 7, il est question de « numérique qui permet un apprentissage plus actif », de « vidéos et informations dynamiques qui favorisent l’apprentissage » et de « numérique qui permet d’adapter les enseignements aux élèves« . En illustrant leur propos d’exemples concrets, les auteurs nous apportent les nuances qui vous aideront, peut-être, à comprendre pourquoi rien n’est systématique quand on parle de numérique.

    Une note plus engageante concernant « ce numérique » ira en faveur des technologies adaptées aux particularités des élèves dans le domaine des handicaps et des troubles dont André Tricot et Franck Amadieu avouent constater des résultats très encourageants, sous réserve que les acteurs (enseignants et élèves) maîtrisent ces technologies.

    Enfin, il est question, en fin d’ouvrage de lecture numérique. Tout comme il est expliqué dans les chapitres précédents que l’utilisateur du numérique a besoin de certaines compétences pour ne pas « sombrer » dans un usage passif, la lecture numérique peut tout à fait utiliser les compétences de lecture traditionnelle ;  la condition : que le lecteur sache faire le « tri » des informations qui lui sont utiles et donc avoir ce que les auteurs appellent les compétences ou « litteracies« .

    Ces « digital natives » (autre mythe abordé) ont-ils cette « litteracy » ? André Tricot et Franck Amadieu s’appuient sur les travaux de Sue Bennett en 2008 qui affirme qu’ »utiliser le concept de digital natives pour caractériser un effet de génération relève peut-être plus de la panique morale des intellectuels de la génération précédente, qui se se sentent dépassés, que d’autre chose« . En d’autres termes, même s’il  est vrai que les enfants qui ont grandi avec le numérique savent l’utiliser, « apprendre à l’école repose sur d’autres tâches spécifiques, peu influencées par la maîtrise des objets numériques ».

    A la fin de l’ouvrage, les auteurs rappellent la différence notable entre apprentissage et enseignement ; une différence qu’il faut, d’après eux,  garder à l’esprit car c’est là que se justifie clairement la présence de l’Ecole et de ses enseignants, au cas où vous penseriez encore que le numérique puisse remplacer cette institution…

    Nous citerons, pour terminer, le titre de la conclusion qui en dit long : « il ne suffit pas d’avoir toutes les ressources à portée de clic ».
    Bonne lecture !

    Plus d’infos :
    vous procurer l’ouvrage : www.editions-retz.com

     

  • Laisser jaillir la créativité pour travailler « non-académiquement » des compétences académiques

    Laisser jaillir la créativité pour travailler « non-académiquement » des compétences académiques

    [callout]Un fait frappant : pas plus de 30% des enseignants français pensent que la créativité joue un rôle important dans le curriculum, contre 75% en Italie ou en Grande Bretagne (Creativity in Schools in Europe: A survey of Teachers, enquête de la Commission Européenne, 2009).[/callout]

    Or, faiblement sollicité, la créativité risque de s’atrophier.

    Il y a donc une écologie de l’esprit, sans laquelle la créativité ne fleurit pas, comme l’a si intensément souligné Ken Robinson (conférence TED de 2006). Ce souci écologique implique d’ailleurs une conception « démocratique » de la créativité (devenir capable de…), en opposition une conception « élitiste » (être doué pour…).

    Comment favoriser la créativité dans les classes ?

    On peut  identifier trois conditions favorables (voir Pasi Sahlberg, « Creativity and innovation through lifelong learning », 2011) :
    1) changer la façon habituelle de faire ;
    2) changer l’environnement de travail (temps, lieux,etc.) ;
    3) apprendre le droit à l’erreur et la mise en confiance. Or les élèves français hésitent encore souvent à prendre des risques par peur de l’erreur : ils préfèrent ne pas répondre plutôt que de risquer de se tromper, — ce qui les singularise des jeunes d’autres pays (voir Eric Charbonnier, « Les élèves français du primaire et secondaire ont peur de mal faire »).

  • Le Grand plan e-éducation passera par les tablettes !

    Le Grand plan e-éducation passera par les tablettes !

    FrancoisHollande_071114

    Nous allons lancer, avec le gouvernement de Manuel Valls et la Ministre de l’Education, Najat Vallaud-Belkacem, un grand plan pour le Numérique, pour que, de l’école au lycée, le numérique soit partout à l’horizon 2017.

    Ce grand plan doit démarrer par des « expériences au collège et à l’école » ; la première brique de ce programme d’envergure sera d’apprendre le codage pendant les temps périscolaires (et donc utiliser le temps des nouveaux rythmes scolaires) et ce, dès la rentrée 2015-2016.

    La deuxième brique se concrétise par l’équipement de tous les collégiens de 5ème pour la rentrée 2016-2017. La justification du choix des élèves de 5ème peut se faire par le fait que, depuis la loi d’orientation (qui sera effective à la rentrée 2016), la classe de 5ème est la première d’un nouveau cycle, la 6ème étant intégrée dans un cycle commun avec le CM2.

    Pour cette deuxième brique, il prévoit quelques collèges « testeurs » dès la rentrée 2015. Par la mise en place d’expérimentations dès l’année prochaine, il répond sans doute aux inquiétudes des industriels – dont nous parlions début octobre dans LudoMag – de voir ce plan ne démarrer qu’en 2016, devant les difficultés financières qu’ils rencontrent depuis les arrêts successifs de plans nationaux qui ont mis à mal tout le secteur (environ -40% de chiffre d’affaires en 2013).

    Il assure que la mise en place des ces deux premières « briques« se fera en concertation, dès janvier 2015, avec les enseignants, les parents d’élèves, les éditeurs scolaires, les industriels et les élus locaux  ; une concertation qui devrait durer environ un mois « voire deux, si cela est nécessaire« , souligne t-il.

    Côté budget, il affirme avoir l’argent nécessaire pour ces mises en place : « ce plan rentre dans le budget de l’Education Nationale, budget qui a été préservé« , rappelle t-il ; mais à la question du montant, il ne répond pas franchement et évoque aussi les fonds des investissements d’avenir. Rappelons que le plan « e-éducation » s’insère dans les « 34 plans de la nouvelle France industrielle », présentés pour la première fois en septembre 2013 et validés dans le courant de juillet.

    D’après ce que nous avons récolté comme informations dans divers supports, l’Etat mettrait tous les moyens pour assurer ce qu’on pourrait appeler « l’enveloppe autour du noyau », considérant que la tablette est le noyau ; à savoir :

    – les infrastructures réseaux et très haut débit pour que tous les collégiens des classes de 5ème puissent « surfer » sur internet et travailler en ligne (voir Note*, en base de page)

    – la formation des enseignants, mais cela suppose qu’ils soient » impliqués« , comme le décrit le Président

    – l’implication des éditeurs scolaires pour que tout le programme dans toutes les disciplines soit en ligne sur les « dites » tablettes

    Pour que cela fonctionne, il faut que les enseignants soient pleinement impliqués ; si nous nous contentons de distribuer du matériel, cela apparaîtra comme un gadget, comme une « offrande » avant un rendez-vous électoral, ce plan ne marchera pas.

    Le Président ne semble pas manquer de lucidité quant à l’échec possible d’un tel plan ; les aspects budgétaires, quand à eux, n’apparaissent pas comme une contrainte (voir note ** en bas de page) ; la formation des enseignants est prévue dans l’agenda : agenda, avouons-le, un peu « serré » (la rentrée 2016, c’est pas demain, mais c’est après-demain) et enfin la concertation avec les industriels du secteur et notamment avec les éditeurs scolaires est elle aussi programmée ; de ce côté-là, il faut avouer qu’il y a quand même du boulot pour réussir à mettre tous les manuels de 5ème sur tablettes.

    Le Conseil National du Numérique qui a travaillé pendant de longs mois pour rédiger son rapport et ses recommandations n’avait pourtant pas envisagé cette « piste » puisque, rappelons-le, sa proposition numéro un était enseigner la « pensée informatique pour mieux comprendre le monde numérique qui nous entoure et être pleinement un citoyen actif dans la société », qui se caractérise notamment par la mise en place d’un enseignement de l’informatique et d’un bac « humanités numériques« .

    Des divergences notoires risquent donc de ralentir ce bel élan d’enthousiasme du gouvernement d’aller (enfin?) vers le numérique à l’Ecole. Affaire à suivre dans les prochaines mois, notamment dès janvier avec la concertation.

    Plus d’infos :
    Vous souhaitez écouter l’allocution de François Hollande et la partie qui concerne le numérique à l’Ecole, c’est sur cette vidéo, à la minute 1h30 – 1h35.

    Notes de la rédaction

    Note * : Connexion notamment aux ENT, encore un autre vaste chantier qui a été déployé et qu’il faudrait mettre à profit sur ces nouveaux outils, à condition qu’ils fonctionnent sur les « dites » tablettes ;  la fibre optique sera donc absolument indispensable pour raccorder les établissement au Très haut Débit, pour un bon fonctionnement en classe et les établissements devront disposer d’un réseau local réellement adapté pour que les salles puissent être raccordées et enfin que les routeurs WIFI puissent accepter des sessions d’une 30taine d’élèves en simultané dans un même cours  ! Opération simple sur le papier, moins évident quand on est sur le terrain…la plupart du temps, ça ne fonctionne pas bien avec les serveurs d’authentification installés dans la plupart des établissements.

    Note ** : En matière de budget, si l’idée est d’équiper tous les 5èmes en tablettes avec un peu de contenu, la rédaction de Ludomag s’est prêtée à petit exercice de calcul mental. 800 000 élèves de 5èmes pour un budget tablette de 500/600 euros par élève  (un minimum avec les ressources, housses qui vont accompagner cet investissement,…) cela ferait un budget d’un demi milliard d’euros soit 500 millions d’euros, est-ce bien réaliste ?