Auteur/autrice : Aurélie Julien

  • Le TNI, la «perle» de Joyeuse

    Une variété et une diversité de profils : voilà ce qui caractérise les élèves de Jean Marc. Pour certains, des échecs successifs à l’école ont profondément entaché leur confiance en eux ; à cela s’ajoute souvent un contexte familial difficile. L’arrivée du TNI dans la classe de Jean Marc n’a pas « révolutionné » sa manière d’enseigner mais sur certains aspects, « ça l’a changé ». Et pour ces enfants, le TNI a fait des merveilles.

    «Un des gros intérêt de l’outil informatique et donc du TNI est de pouvoir distancier le regard de l’adulte pour l’enfant», souligne Jean-Marc. L’élève peut recommencer autant de fois qu’il le souhaite, il peut réussir ou non, il n’y a pas de sanction.
    «Tous les enfants qui arrivent dans ma classe ont un manque évident de confiance en eux et le principal travail avant toute chose, c’est de restaurer leur estime de soi», poursuit Jean-Marc, pour nous faire comprendre que leur faire utiliser le TNI ne fait pas partie des priorités de départ. «La confiance en soi, elle revient grâce à l’outil numérique mais pas seulement ; l’ambiance de la classe est aussi très importante».

    Le TNI pour retrouver l’estime de soi

    «Avec le TNI, les enfants sont beaucoup plus concentrés car l’écran capte leur attention», explique Jean-Marc quand il détaille les atouts que le TNI procure pour l’apprentissage de ses élèves.
    Outre la concentration, le TNI offre à ces enfants une possibilité d’oublier leur handicap. Jean Marc nous donne l’exemple de Clémence, cette petite fille dyspraxique, que nous avons vu à l’œuvre sur un exercice de grammaire. Elle utilise l’outil «projecteur» pour centrer son attention sur la phrase, ce qui lui permet de travailler sur des phases plus longues alors qu’elle ne pouvait plus travailler sur papier ; ou encore la création d’objets géométriques sur le TNI qui lui a permis de montrer les possibilités et les connaissances qu’elle avait dans ce domaine, ce qui était impossible sur un autre support (elle ne parvient pas à tracer une figure géométrique, sans passer par cette interface…).

    Pour les élèves en difficulté et en perte d’estime de soi, le fait que le logiciel, qui possède une reconnaissance de caractères performante, parvienne à reconnaître les mots qu’ils écrivent avec le stylet (ou les doigts, ou… les autres instruments !), leur prouve qu’ils ne sont pas si mauvais scripteurs qu’ils le pensent. L’utilisation de l’encre numérique, lors des activités de graphie et d’écriture, possède aussi un énorme avantage. Les retours en arrière, l’utilisation de la gomme et le fait que « l’objet » ainsi créé puisse être manipulé amène les enfants au plaisir de cette création.

    Avec le TNI, le «tactile» est utilisé sous toutes ses formes

    Le côté tactile du TNI plaît énormément et facilite l’usage aux enfants. Ils ont même créé leurs propres instruments «très innovants» et ne se sont pas contentés du simple stylet. A l’origine, Jean Marc nous raconte que par une journée d’hiver où la classe était surchauffée, les enfants transpiraient beaucoup et le doigt ne glissait pas bien sur le tableau. Un d’eux a donc eu l’idée d’utiliser son ongle, puis a été fabriquée la «boule» (une boule de Noël dans une chaussette) et enfin «l’allumette», un bâton entouré de feutrine qui permet aux plus petits d’accéder en haut de l’écran. Eprouvant ce jour-là une certaine gêne à utiliser l’outil, les enfants se sont donc adaptés en créant eux-mêmes leurs propres instruments pour «leur TNI».
    «Ces élèves ont l’habitude de trouver des solutions face aux difficultés», nous confie Jean-Marc.

    Les «experts» à Joyeuse

    A l’école de Joyeuse, il n’y a pas de TNI dans toutes les classes ; seul Jean-Marc et un autre collègue bénéficient d’un TNI installé dans la classe. C’est pourquoi Jean-Marc a souhaité en faire profiter tous les enfants de l’école par la mise en place d’un tutorat dans les autres classes. Les élèves de la CLIS, en tant «qu’experts» ont en charge un travail de préparation (par exemple , la création de ressources) qu’ils vont ensuite exposer devant les autres élèves. Cette mission, très valorisante, les aide également dans l’objectif de Jean-Marc de leur faire retrouver la confiance.

    Ce rôle d’expert va au-delà des murs de l’école et est aussi très important aux yeux des familles. Confrontés à leurs limites, Jean-Marc nous explique que ces enfants ont souvent été surprotégés par leurs parents. Le fait de voir leurs enfants en tant «qu’experts» auprès des autres classes a eu des effets immédiats et même inattendus dans les familles. Pour exemple, certaines d’entre elles ont investi dans des ordinateurs pour que les enfants profitent, à la maison, des bénéfices que leur apporte le numérique.

    Le TNI, pas une mode, une utilité !

    «Dans chacune de mes préparations de classe, je positionne ou non le TNI ; et si je l’intègre, je me pose la question de savoir ce qu’il va m’apporter de plus que le reste. Je vais donc travailler sur le «plus» que l’outil va amener». Notre enseignant avoue avoir passé beaucoup de temps au début pour s’approprier l’outil et le logiciel. «Mais si je continue, c’est que je suis convaincu que c’est efficace»!

    Jean-Marc est proche de la retraite et il a vu passer toutes les nouveautés en terme d’outils informatiques. Mais pour lui, pas question de «mode». Avec le recul, il sait être lucide par rapport à l’utilisation du TNI et il ne le prévoit dans son cours que quand il le juge utile.
    En revanche, son utilisation n’est pas toujours «programmée». Il peut arriver d’en avoir besoin au cours d’une séance en classe pour rechercher quelque chose sur internet, par exemple. «C’est d’ailleurs les enfants qui vont instinctivement le demander», précise Jean-Marc.

    Après la phase d’appropriation, certes chronophage, l’outil donne entière satisfaction à Jean Marc : pour son plaisir d’enseigner, il lui apporte beaucoup de souplesse. Pour lui, la condition pour profiter pleinement de l’outil est de l’avoir dans sa classe et il croit peu à des solutions mobiles qui se baladent de classe en classe ou à une salle dédiée qu’il faudrait réserver, ce qui enlèverait tout le charme d’une utilisation spontanée.

    Une relation privilégiée existe entre le TNI et ces enfants ; nous avons compris que grâce à cet objet «affectif», leur apprentissage à l’école ne serait plus pareil… Ils apprennent mieux, plus vite et sont désormais en confiance. Et même s’il n’est pas le seul responsable de ce bien-être, le TNI semble y contribuer largement, au travers de la classe, de l’école et au-delà ; une belle expérience de vie à l’école de Joyeuse en faveur des outils numériques.

  • Utilisation de la réalité augmentée en CM1

    Dans un premier temps, il semble nécessaire d’expliquer ce qui se cache derrière le terme « réalité augmentée ». Sur le blog http://www.augmented-reality.fr la RA est ainsi définie : « La réalité augmentée est la superposition du virtuel au réel. Les scènes réelles sont capturées par un système de vision et elles sont mélangées à des images virtuelles. Elle offre la possibilité d’être immergé dans un environnement virtuel avec des perceptions aussi bien tactiles, auditives et pourquoi pas olfactives. Et bien sûr en temps réel ».

    Nous sommes déjà entourés par des applications en RA : essayer virtuellement des lunettes ou des vêtements, visiter des villes, trouver des lieux, comme cela peut être le cas avec l’application Wikitude. Dans l’éducation, seul Nathan avec son encyclopédie Dokéo+ a expérimenté la réalité augmentée.

    La RA nécessite donc un ordinateur, une webcam, des marqueurs et une connexion internet, suivant les applications utilisées.

    Une nouvelle approche
    La réalité augmentée permet donc d’apprendre différemment, c’est un outil pédagogique ludique qui vient en support aux formations traditionnelles. Après avoir travaillé sur des objets, des manuels, des photocopies, la réalité augmentée est une autre étape permettant un accès au réel avec une manipulation et une autonomie plus grande de l’enfant, encore plus acteur de son apprentissage. Ce nouveau média suscite un très grand engouement de la part des élèves et aussi une capacité à se concentrer sur un laps de temps plus important que d’habitude. Le statut de l’erreur est aussi changé puisque rien n’est gardé en mémoire.

    Pertinence pédagogique de la réalité augmentée
    Utilisant déjà les TICE dans ma pratique au quotidien, je souhaitais aller encore plus loin dans cette utilisation et la RA m’a semblée bien adapté. La réalité augmentée est connue des élèves par le biais de certaines consoles de jeux vidéo qui utilisent ce média.
    L’utilisation de la RA en classe s’est faite sur une courte période mais dans divers domaines d’enseignements, à savoir les sciences (1), la géographie pour associer un monument à une capitale européenne et ainsi le visualiser tout en utilisant google earth enfin avec une application « maison » de géométrie dans l’espace. Il s’agit ici donc des premières constations et d’une réflexion sur sa possible utilisation dans l’avenir.

    L’expérimentation
    Les élèves ont découvert la réalité augmentée lors d’un travail sur le système respiratoire. Après avoir schématisé puis confronté leurs premières hypothèses sur le trajet de l’air, ils ont pu les vérifier à l’aide de la réalité augmentée. Avec l’ordinateur, ils ont placé le marqueur face à la webcam et les organes se sont alors affichés sur l’écran. Ils ont ainsi pu voir nettement la place des organes, leurs délimitations, les liens entre chacun et ainsi vérifier leurs hypothèses.
    Grace à ce média, les organes s’affichent sous différents plans : de face, sur le côté, à plat permettant ainsi de mettre en évidence la place et les liens entre chacun.
    La Réalité Augmentée a pris tout son sens en géométrie dans l’espace pour visualiser les solides (cube, pavé, prisme, cylindre). Les élèves ont ainsi pu rédiger des descriptions très précises et complètes des différents solides, en s’appuyant sur des propriétés géométriques et non pas perceptives. La réalisation des patrons de ces solides a été facilitée par ce dispositif permettant une bonne vision des différentes faces et arêtes.

    Les écueils rencontrés
    Lors de la première utilisation, les enfants se sont beaucoup plus intéressés à la webcam que par ce qui était projeté, la nouveauté les distrait, mais dès la deuxième séance la webcam et l’ordinateur ont été oubliés au profit de ce qui leur a été présenté, permettant ainsi d’écarter les hypothèses erronées, de verbaliser plus facilement sur ce qu’il voyait. En bref, voir le réel grâce au virtuel.

    L’installation des applications est parfois laborieuse et nécessite donc une préparation très en amont, – la Ra est un média sensible, il faut donc manipuler les marqueurs lentement afin qu’ils soient détectés par la webcam, les affichages de la classe constituent parfois des obstacles à la visualisation, – de retour au plan en 2D, les difficultés reviennent notamment pour comptabiliser les faces et les arêtes cachées.

    Les questions pour l’avenir
    Il est certain que les autres médias ne doivent pas être abandonnés au profit de la RA, mais bien comme un complément au travail fait au préalable ou inversement. Lors de cette première expérience, la RA a semblé faciliter les acquisitions. Faut-il l’intégrer de manière plus systématique? Pour certains, ce média n’est-il pas simplement un jeu ?

    La RA a donc toute sa place dans l’enseignement, ce type de dispositif n’est absolument pas abstrait pour les enfants. Mais cette expérimentation ne peut pas s’arrêter là, c’est pour cela que je recherche d’autres applications ou des personnes ayant utilisé la RA à des fins pédagogiques.

    (1) avec le logiciel LearnAR http://learnar.org/bio_organs_demo.html
    (2) http://www.arsights.com/

  • uneStar Math CP est sorti !

    uneStar Math CP est sorti !

    200620124fe22eedc964bL’application uneStar Math CP est pour les enfants de 6 à 7 ans désireux de réviser et de se tester intensément en s’amusant sur le programme de CP.

    Fort de plus de 165 leçons et 1,500 questions, l’application uneStar Math CP va occuper longuement votre enfant, votre classe ou vous-même en révisant le programme du CP en s’amusant et cela en fait une application star de sa catégorie.

    UneStar Math CP comporte de nombreux exercices imagés sur:

    les Nombres: les apprendre, savoir les comparer et savoir les ranger
    le Calcul: savoir additionner et soustraire, les dizaines et unités, la table de multiplication par 2
    la Géométrie: se situer dans l’espace, les formes géométriques, les quadrillages
    les Mesures: les longueurs, les masses, la monnaie, le calendrier, les durées et savoir lire l’heure
    et beaucoup plus…

    Plus d’infos :
    Lien vers l’AppStore : itunes.com/apps/vanessagallais

  • L’aventure du théorème de Fermat pour enseigner l’histoire-géo et les maths

    Philippe Caracchioli et Stéphane Clément, professeurs d’histoire-géographie de mathématiques et Interlocuteurs Académiques Tice pour leurs disciplines ont fait le choix de mettre les élèves en situations d’enquêteurs autour d’une des plus célèbres énigmes mathématiques. C’est ce qu’ils présenteront lors d’un atelier FabCamp (création de ressources numériques) lors de l’Université d’été de Ludovia.

    En 1637 le mathématicien Pierre de Fermat indique en marge de son exemplaire de l’Arithmétique de Diophante qu’il a trouvé une « merveilleuse démonstration » à une proposition de celui-ci… mais n’en donne pas les termes. Durant presque 350 ans la recherche de celle-ci a passionné le monde des mathématiciens, l’écho en parvenant même aux oreilles de nombreux profanes. Résolu en 1994 par l’anglais Andrew Wiles, l’affaire garde une part de mystère, Fermat ne possédant pas à son époque les outils mathématiques très complexes utilisés par Wiles. Ces faits s’étendent déjà sur un temps long mais cette lente construction intellectuelle  sur la théorie des nombres remonte en fait bien plus loin : à Pythagore de Samos et sans doute aux Babyloniens il y a presque 4000 ans.

    Il y avait donc là, dans cette aventure intellectuelle, une opportunité précieuse, l’occasion d’un voyage épistémologique propre :
    – à rapprocher nos disciplines et faire percevoir aux élèves l’intérêt des apports croisés
    – au sein même de l’histoire à « décloisonner » les époques par l’étude d’un thème transversal.

    Travaillant pour le gouvernement mondial en 2060, à la direction de la propriété intellectuelle et des brevets du Ministère de l’économie, les élèves reçoivent la mission suivante :
    « Dans le cadre de la loi sur la brevetabilité totale des créations de l’esprit humain décrétée en 2050 le gouvernement mondial (loué soit-il) a décidé de passer à l’étape des théorèmes mathématiques. La WIA a reçu une mission générale d’établissement des ayants-droit. Deux familles réclament la paternité du dernier théorème de Fermat. La famille Wiles (Etat fédéré du Royaume-Uni) et la famille Diophante (Etat fédéré de Grèce) .Vous devrez donc déterminer qui est le propriétaire du dernier théorème de Fermat. »

    S’ensuit une enquête Internet qui permet aux élèves de voyager dans le temps et l’espace en travaillant les outils mathématiques, spatiaux et temporels mis en jeux…

  • Les Centres de Connaissances et de Culture : lieu d’apprentissage du numérique ?

    Les Centres de Connaissances et de Culture : lieu d’apprentissage du numérique ?

    130620124fd893bf42eeaUn article d’Olivier Ertzscheid dans Le Monde soulève le débat…
    « Et si on enseignait vraiment le numérique ? » tel est le titre d’un article d’Olivier Ertzscheid publié dans le journal Le Monde du 3 avril 2012 dans lequel il est notamment écrit : « Il faut enseigner la publication. De sa naissance jusqu’à sa mort, le web fut et demeurera un média de la publication ». Entièrement d’accord avec ces propos, cet enseignement pourrait d’ailleurs être dispensé dans un futur Centre de Connaissances et de Culture (CCC). Acronyme nouveau qui remplacera, peut-être, celui que nous connaissons depuis la circulaire du 23 mars 1973, à savoir le CDI.

    L’établissement scolaire, peu de changements depuis de très nombreuses années…
    Si vous prenez Google Maps et que vous zoomez sur un établissement scolaire, que voyez-vous depuis de très nombreuses décennies ? Deux parties : l’une consacrée à l’administration pour le bon fonctionnement, l’autre à la pédagogie où cohabitent des « grands » et ceux qui le sont moins… en d’autres termes : des professeurs et des élèves. Leur « habitat »… n’a pas beaucoup changé… salles de classe avec tables et chaises, l’estrade a disparu à de très rares exceptions près.

    Il faut cependant apporter des nuances, le tableau qui a changé de couleur : du « noir » au blanc et de plus en plus interactif. En effet, l’installation du TNI ou Tableau Numérique Interactif est en train de se généraliser dans les établissements scolaires. Les professeurs qui peuvent les utiliser et qui ont eu une formation pour l’apprentissage de cet outil ne souhaitent plus revenir en arrière. Les éditeurs maintenant proposent des versions allégées, souvent gratuites ou payantes (version « enrichie ») de leurs manuels qui sont projetables sur le TNI. C’est une avancée considérable dans la pédagogie.

    Le Centre de documentation et d’information…
    Souvent central, au « cœur » de l’établissement diront certains… se trouve le CDI ou Centre de Documentation et d’Information. Celui-ci naît à Paris en 1958 au lycée Janson de Sailly à l’initiative d’un proviseur plein d’idées, Marcel Sire (il s’est d’abord appelé le Centre Local de Documentation Pédagogique). Un CAPES (Certificat d’Aptitude au Professorat et à l’Enseignement du Second degré) créé en 1989 donne sa légitimité à cette profession.

    C’est ainsi qu’une nouvelle dénomination apparaît : professeur documentaliste. C’est un enseignant à l’image de son lieu : unique, singulier, sans classe attitrée mais avec élèves, tous les élèves, bibliothécaire et aussi professeur travaillant souvent avec ses collègues des disciplines « classiques ». Le CDI à l’instar de la bibliothèque municipale a de nombreuses ressources « papier » : livres, documentaires, BD, classeurs pour l’orientation,… mais dorénavant il doit faire face à l’accès, via internet, aux ressources numériques en ligne.

    La révolution technologique est en marche…
    Depuis cette date, quelques changements technologiques sont apparus et en particulier la transformation des supports d’information, passage du papier à la digitalisation, permettant d’obtenir du contenu via un contenant accessible à tous, à tout moment et en tous lieux. C’est la « révolution » des réseaux et surtout du premier d’entre eux, le Web ou le réseau des réseaux. L’accès aux livres et à la presse « papier » demeure et cohabitent souvent en bonne harmonie étagères pour les livres ou documentaires et écrans d’ordinateur pour un travail local (traitement de texte le plus souvent) ou l’accès à des ressources numériques (les logiciels documentaires sont maintenant accessibles depuis l’extérieur et donc du domicile des élèves, ils peuvent ainsi prendre connaissance des ressources documentaires de leur CDI). Peu à peu des objets nomades apparaissent : Smartphones, tablettes numériques et autres liseuses à encre électronique…

    Néanmoins l’espace est toujours occupé par les élèves pour travailler en groupe ou en autonomie ou pour une lecture plaisir. Loin d’être déserté, c’est aussi un lieu où le lien social se construit sous le regard bienveillant du professeur documentaliste. L’élève manifeste sa joie quand un professeur est absent, par contre il n’aime guère trouver « porte close » au CDI. C’est tout le paradoxe de la société numérique, il suffit d’une connexion à internet pour accéder au contenu et cela devrait diminuer la fréquentation des bibliothèques, ce qui n’est pas le cas. Toutes les études le montrent, les étudiants ont besoin de lieux physiques (agréables…) pendant leurs scolarités et surtout à l’approche des examens, endroits rassurants qui restent chargés de valeurs.

    L’explosion des réseaux sociaux et de la mise en circulation de l’information…
    Cependant, isoler le monde éducatif de la société n’est plus possible. Si vous fermez la « porte » aux réseaux sociaux ou autres moteurs de recherche, ils rentreront par d’autres « fenêtres » et inlassablement essaieront de capter votre attention pour placer leurs publicités. Nous vivons dans une société dans laquelle l’écran focalise les regards de chacun. Les élèves n’échappent pas à cette marchandisation malgré l’instauration de règlements intérieurs dans les établissements scolaires.

    Pourquoi ne pas ruser, et faire semblant de les utiliser pour transmettre des connaissances ? C’est le moyen de motiver cette population si souvent sollicitée et de plus en plus blasée par tout ce qu’elle peut voir sur tous ces écrans. Ainsi donc, tout n’est pas à jeter avec « l’eau du bain des marchands » d’attention (à lire le livre d’Alain GIFFARD, Pour en finir avec la mécroissance, Flammarion, 2009). On peut apprendre avec les ressources numériques. C’est aussi un accès démocratique aux informations et à la formation.

    Travailler autrement…
    En effet, réseaux sociaux, moteurs de recherche, applications sur Smartphones, encyclopédies et dictionnaires en ligne… changent notre façon de travailler à l’instar du monde de l’entreprise. Travailler en équipe, par projet, individualiser son apprentissage sont maintenant des pratiques à mettre en place ou à généraliser dans les établissements scolaires. Il s’agit juste de trouver un équilibre entre les cours ex cathedra et les méthodes individuelles, actives et connectées aux ressources numériques. Apprendre avec des applications sur Smartphones, se cultiver avec Facebook ou Twitter,… l’imagination est au service des apprentissages et non des outils ou des supports.

    Un simple changement de nom ?
    Derrière ce changement de nom de CDI à CCC, il est peut-être temps de « reterritorialiser » l’école, d’apprendre à nos élèves à utiliser ces outils, savoir rechercher, « publier », identifier, classer,… s’arrêter… prendre du recul. Cette distance est nécessaire pour séparer bon grain, réelle connaissance… et ivraie, entreprise chronophage, déroutante, lucrative et perpétuelle. Si l’élève a de bons reflexes (cela nécessite des apprentissages au numérique peu dispensés pour l’instant dans le monde éducatif), de bonnes méthodes de travail, il pourra travailler à l’acquisition des savoirs sur les mêmes outils chez lui ou dans un Centre de Connaissances et de Culture.

    En conséquence, former les élèves à un usage responsable des TICE (Technologie de l’Information et de la Communication) devrait être une de nos préoccupations majeures. De plus, l’éducation aux médias fait déjà partie de nos programmes, il faudrait développer ce domaine dans toutes les disciplines avec l’appui des professeurs documentalistes. Est-il encore besoin de préciser Centre de documentation ? Le document est partout, multiple, nous vivons entourés de documents comme le montre Jean-Michel Salaün dans son livre Vu, lu, su (La Découverte). Plus que l’information, qui est au centre de notre société, ne devons-nous pas nous occuper de la formation ou des apprentissages au numérique ?

    Connaissances, culture, formation, réflexion,… sont des termes importants dans le monde éducatif. L’acquisition de connaissances transformera nos élèves en personnes cultivées et réflexives. Plus qu’un changement de nom, c’est la volonté de donner un nouveau départ à ces lieux et d’être plus en phase avec la société sans pour autant abandonner les valeurs fondatrices de l’école républicaine.

    Source : Philippe Chavernac, professeur documentaliste, LP Gustave Ferrié, Paris (75)
    Retrouvez le sur son blog : supercdi.free.fr/tablettes

  • L’école face à la révolution numérique: le discours de la méthode.

    Au nom de leurs visions respectives sur l’école, les nombreux ministres de l’Education Nationale n’ont eux-mêmes cessé, depuis 30 ans, de secouer l’Education Nationale.

    Pour l’un, la clé est dans l’apprentissage de la lecture. Pour l’autre, c’est le soutien individualisé. Pour un troisième, il s’agit de la motivation des professeurs, du nombre d’élèves par classe, du rythme scolaire ou bien encore de la quantité de graisse disponible sur le mammouth.

    Tout y passe, donc. Mais quel est le point commun entre ces différentes « visions » ? C’est que vraies ou fausses, elles ne sont pas fondées. Elles ne s’appuient pas sur des faits scientifiquement prouvés mais sur des a priori, des préventions, selon le terme employé par Descartes.

    « Considérant combien il peut y avoir de diverses opinions touchant une même matière, qui soient soutenues par des gens doctes, sans qu’il y en puisse avoir jamais plus d’une seule qui soit vraie, je réputais presque pour faux tout ce qui n’était que vraisemblable ».

    « C’est pourquoi, dit Descartes, s’adressant à nos ministres avec presque 400 ans d’avance, je ne saurais aucunement approuver ces humeurs brouillonnes et inquiètes, qui, n’étant appelées ni par leur naissance ni par leur fortune au maniement des affaires publiques, ne laissent pas d’y faire toujours en idée quelque nouvelle réformation ».

    La méthode expérimentale qu’invente Descartes dans le Discours de la méthode n’est pas une théorie scientifique, mais bien une façon de trancher entre les théories (par l’expérience) et d’avancer dans la découverte scientifique (en divisant un problème d’apparence complexe en plusieurs problèmes plus simples).

    A partir de Descartes, le progrès scientifique est continu quel que soit le rythme des découvertes. Même la reconnaissance qu’une idée est fausse constitue souvent un progrès utile. Ainsi, si je prends le cas de l’équipement numérique des écoles, aucune étude sérieuse n’existe sur le bénéfice que les élèves peuvent retirer de cet équipement. Soit, donc, cet équipement est inutile, auquel cas des budgets peuvent être dégagés pour d’autres investissements plus intéressants, soit il est utile et il importe alors de dire en quoi il est utile, de dégager son cadre d’utilisation, les usages optimaux, les matières où il doit être utilisé, etc.

    Jusqu’à aujourd’hui, la méthode décrite par Descartes est restée quasiment inapplicable dans l’enseignement pour deux raisons principales :

    La complexité de la validation de la théorie : à l’opposé des sciences exactes où des expériences ont souvent pu rapidement déterminer la validité d’une théorie, valider une théorie portant sur la pédagogie nécessitait jusqu’à présent des évaluations lourdes, coûteuses, longues et complexes. En conséquence, ces évaluations ne pouvaient être réalisées qu’en petit nombre et ne pouvaient réellement influencer la politique des états, la durée de l’évaluation étant en général nettement supérieure à la longévité du Ministre.

    Le flou des critères : là où, dans les sciences exactes, les critères sont mesurables et le plus souvent accessibles à l’expérience, les données à observer sont complexes à définir dans le cas de l’enseignement. Comment juger avec certitude le niveau d’un élève ? la qualité d’un professeur ? D’une méthode ? Ces termes mêmes ont-ils un sens ? Et si on peut apporter un début de réponse – ou une réponse imparfaite – aux questions précédentes, comment observer de façon quantitative que « l’enfant est bien dans sa peau à l’école », ce qui lui permet « d’exprimer sa créativité », comme le préconisent certains courants ?
    Or, il se trouve que deux développements scientifiques récents vont permettre d’appliquer la méthode expérimentale à l’école.

    Bien qu’intimement liés à la révolution numérique en cours, ils n’ont jamais, à ma connaissance, été mis en relation. Les progrès qu’ils permettent d’envisager sont immenses. La pédagogie scolaire, presque figée depuis le temps d’Aristote qui a inventé simultanément le cours magistral, les petites classes et la ressource documentaire, va pouvoir suivre un chemin d’amélioration permanent, continu et observable, comparable à celui que la science a suivi  depuis l’écriture du Discours de la méthode.

    Le premier est la méthode d’évaluation aléatoires mise au point par une chercheuse français, Ester Duflo.

    Le second est l’avènement des « big data » autrement dit la possibilité d’utiliser des masses de données d’information récoltées sur les élèves. Ces données sont aujourd’hui exclusivement utilisées pour des besoins publicitaires par des sociétés telles que Facebook ou Google. Or elles peuvent aussi être utilisées de façon décisive pour améliorer l’enseignement.

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  • L’ENT devient « mobile » avec la version iPhone de l’appli scolaire

    L’ENT devient « mobile » avec la version iPhone de l’appli scolaire

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    Depuis avril 2012, les élèves des établissements scolaires utilisant Educ-Horus(*) ont à leur disposition une app gratuite qui leur permet, directement depuis leur Iphone et en temps réel, de consulter leurs notes, absences, emplois du temps, cahier de texte et travail à faire, mais également le journal de l’établissement ou leur messagerie scolaire.

    Avec plus de 2 500 téléchargements en deux mois, la mise en ligne est un réel succès et une vraie avancée dans la mise à disposition des informations au plus près de l’utilisateur.

    La société ITOP éducation confirme ainsi une politique ambitieuse et continuelle en matière d’innovation technologique. Aujourd’hui, la question du support matériel est un incontournable du secteur et ITOP investit un budget significatif dans les projets associés.

    On se souvient qu’Educ-Horus fut le premier logiciel à permettre l’appel en salle de classe, qui fonctionne maintenant sur tablettes, Smartphones ou ultra-portables. Sur les tablettes, on trouve aussi toutes les applications «ENT» (Environnement Numérique de Travail) d’ITOP éducation. Outre les développements Iphone de son logiciel de Vie Scolaire, ITOP éducation travaille également à la diffusion d’information sur les écrans dynamiques présents au sein des établissements scolaires. Le chef d’établissement peut ainsi diffuser en temps réel ou en différé les informations de son choix sur les écrans installés dans le hall, la salle des profs ou la cantine.

    En déclinant l’ensemble de ses logiciels sur les matériels d’aujourd’hui et de demain, ITOP éducation favorise l’accès direct, simple et permanent à l’information et aux usages éducatifs, au plus près des utilisateurs.

    (*) Etablissements hors projet TOUTATICE (Bretagne)

  • un campus numérique né des outils e-learning

    A l’occasion de son 50e anniversaire, l’école Moser s’est donné un défi de taille : adopter le e-learning. Sur l’espace virtuel nommé Moser Online, les étudiants récupèrent en tout lieu et à tout moment les ressources pédagogiques relatives à la préparation de leur diplôme ou de leurs épreuves trimestrielles. Tournés en TvLearn (technologie exclusive e-doceo) par l’équipe pédagogique de l’école Moser à l’aide au logiciel elearning animgallery , les cours dispensés en classe sont résumés et enregistrés en vidéo par les formateurs. Les modules rapid learning de quelques minutes sont ensuite diffusés sur Internet via une plateforme de formation et donc aisément consultables sur ordinateur, tablette ou même smartphone.

    En intégrant une part de formation à distance en complément des cours en présentiel, l’école Moser souhaite optimiser ses capacités d’enseignement par le numérique, tout en uniformisant les connaissances acquises par les étudiants, les plaçant de ce fait sur un même niveau d’éducation.

    La plateforme LMS Moser Online sera accessible au public dès l’automne 2012. L’école Moser compte livrer à terme un maximum de formations via son campus numérique, afin d’élargir considérablement son cœur de cible. Cet enseignement à distance pourrait en effet séduire des milliers d’étudiants en Suisse et dans le monde. L’établissement affirme ainsi ses ambitions nationales et internationales pour la formation à distance dans le milieu scolaire.

    L’entreprise audacieuse de cette école tournée vers l’avenir est résumée dans un reportage tourné par Radio Télévision Suisse.

  • La tablette numérique, nouvelle ardoise de l’élève ?

    La tablette numérique, nouvelle ardoise de l’élève ?

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    En effet, elle a rassemblé, outre les membres de l’Education nationale, des collectivités territoriales, des industriels et des éditeurs. La vidéo de Jean-Michel Blanquer (Directeur général de l’Enseignement scolaire) a ouvert le congrès. Ce dernier a rappelé les deux piliers de l’éducation : le tableau noir et le manuel scolaire.

    Ensuite, Jean-Yves Capul (Sous-directeur des technologies de l’information et de la communication pour l’Education – DGESCO) s’est interrogé sur le numérique à l’école à travers différentes questions : est-ce de l’éducation aux médias ? Cela doit-il passer par la validation des compétences telles que nous les trouvons dans des processus certificatifs comme le B2I (Brevet Informatique et Internet) ? Est-ce apprendre à programmer ? Est-ce un véritable enseignement ? Les outils numériques permettent-ils l’écriture ? Pour le sous-directeur des technologies de l’information et de la communication, ces appareils doivent surtout contribuer à l’autonomie des élèves. Ils doivent aussi être des outils de création pédagogique.

    Jean-Louis Durpaire (Inspecteur général de l’Education nationale – Groupes EVS Etablissement et Vie Scolaire) a été le grand témoin de ces deux journées à Nice et a fait une courte introduction. Il a rappelé que la tablette numérique donne de la structure au contenu en apportant du plaisir aux apprentissages et à l’enseignement. Jean-Marc Merriaux (Directeur général du SCEREN-CNDP) a ajouté que l’ordinateur « fixe » a été utilisé pendant 15 ans dans les établissements scolaires et qu’il fallait maintenant intégrer, dans les pratiques pédagogiques, la mobilité procurée par internet et ses outils.

    Après les allocutions d’ouverture, la problématique du colloque a été présentée par Catherine Becchetti-Bizot (Inspecteur général de l’Education nationale – Groupes des Lettres). Elle s’est interrogée sur les usages des supports numérisés ainsi que sur les évolutions des modalités d’apprentissage. Elle a rappelé la « migration » de l’espace social vers la classe de ces nouveaux supports qui entrainent de nouveaux gestes et de nouvelles postures. Ces outils sont-ils porteurs d’innovation et de progrès ou sont-ils des objets de régression ?

    C’est à partir d’une réflexion collective entre chercheurs, partenaires culturels, praticiens et éditeurs que nous devons apporter des réponses à ces problématiques. C’est aussi en fonction des conclusions tirées de différentes expérimentations que nous pouvons entrevoir ce nouveau « paysage » scolaire. Pour Catherine Becchetti-Bizot, la seule démarche possible est d’expérimenter pour éviter toute forme de « fétichisme » de l’objet. Nous devons nous recentrer sur les finalités éducatives : individualisation des apprentissages ? Possibilité de pratiques collaboratives ? Accès à la culture ? Autonomie de l’élève ?… Ces appareils suscitent de nombreuses interrogations quant aux usages possibles dans le monde scolaire.

    La tablette peut se révéler un formidable outil pour des élèves à besoins particuliers comme certaines expérimentations l’ont montré dans l’académie de Nice. La tablette possède des caractéristiques intéressantes : son format, un « écran qui ne fait pas écran », des facilités de prise en main, de nombreuses fonctionnalités,… Elle peut être utilisée dans les séquences à condition que « l’outil ne surdétermine pas l’acte pédagogique sinon le sens n’apparaîtra pas aux élèves ». D’après l’inspectrice générale des lettres, la tablette peut s’avérer plus appropriée à certaines applications, mais elle doit dans tous les cas se « plier » aux objectifs pédagogiques des professeurs.

    Pierre Mœglin (Laboratoire des sciences de l’information et de la communication – Université de Paris XIII) a enchaîné par une communication sur le thème : « Un changement de paradigme pour l’école ? ». Dans un premier temps, il s’est interrogé sur le processus de diffusion des innovations. Assiste-t-on, avec l’introduction des tablettes numériques à un renouvellement paradigmatique ? Telle est la problématique de Pierre Mœglin. Pour lui, l’ardoise numérique assure une triple fonction d’intermédiation. Elle permet d’une part de canaliser et de filtrer face à l’immensité des contenus hétérogènes. D’autre part, elle constitue un « point d’ancrage » de la production des élèves. Enfin, elle est par nature un objet impliquant la réflexion. Il en déduit une relation directe entre la technologie et les apprentissages.

    L’après midi du 5 avril, nous avons eu un rapport sur les expérimentations des académies de Nice, de Grenoble et du département de la Corrèze. Pierre Mathieu (Directeur du CDDP de Corrèze) nous a décrit « son » déploiement. Il ne s’agit pas d’une expérimentation mais d’une dotation de tous les élèves scolarisés en tablettes numériques ou micro ordinateurs portables. Cette véritable généralisation nécessite un accompagnement important.

    Nous avons abordé par la suite les problèmes d’ergonomie cognitive avec Thierry Baccino (Professeur de psychologie cognitive à l’Université de Paris VIII). Il s’agit, avec l’usage de ces appareils, de réfléchir aux interfaces, aux moyens de communication entre l’homme et la machine. Il définit trois critères d’analyse : l’efficacité dans la réalisation des objectifs, l’efficience dans la mesure du temps, pour pouvoir être efficace et la satisfaction après utilisation, pour apprécier un bon usage. La manipulation des ardoises numériques implique certains changements, nous pouvons noter une grande mobilité dans l’utilisation, une posture différente du corps, une interface tactile qui change notre manière d’écrire, de lire et de consulter les informations disponibles sur la tablette. Les impacts constatés sur les apprentissages, sont en particulier une grande motivation, une meilleure attention, une réelle autonomie dans le travail pour les élèves et une activité qui apparait plus concrète.

    Le difficile problème de la numérisation des manuels scolaires a été abordé par Sylvie Marcé (Présidente – Directrice générale des Editions Belin – Présidente du Groupe des Editeurs scolaires et Vice-présidente du Syndicat national de l’édition). Elle nous a rappelé que la tablette était un nouveau support possible pour les manuels. En tant qu’éditrice d’une grande maison, elle a observé la montée en puissance de l’usage des manuels numériques dans les salles de classe grâce, notamment, à l’utilisation des TNI (Tableau Numérique Interactif) ou du matériel de vidéo projection. Les principales fonctionnalités ont été développées pour les professeurs qui peuvent ainsi plus facilement personnaliser et animer leurs cours. Via un compte unique, l’enseignant conserve son manuel numérique qu’il adapte au fil du temps. Des développements futurs pourront porter sur les interactions possibles entre professeur et élève autour du manuel numérique mais aussi créer un espace de travail personnalisable par l’élève qui sera à la fois « livre de référence, cahier d’exercice et outil de travail ».

    Au cours de la table ronde animée par Evelyne Bévort (Directrice déléguée du CLEMI – Centre de Liaison de l’Enseignement et des Médias d’Information) : « Tablettes et lieux de cultures, musées, bibliothèques, universités », Jérôme Kalfon  nous a présenté le cas des bibliothèques universitaires (B.U.). L’enseignement supérieur a cette caractéristique de regrouper une pluralité de sources d’information sur une multitude de supports, sources qui sont diffusées par l’intermédiaire de différents modes. On constate une stabilité de la consultation du « papier » et un « passage de l’imprimé à l’imprimante » pour certains documents très adaptés, comme les articles de périodiques.

    En ce qui concerne les livres numériques, le développement est beaucoup plus lent. On peut l’expliquer par la multiplicité des modes de diffusion, par la difficulté de trouver des ressources numériques, notamment pour les ouvrages dont la parution est récente, par les problèmes de gestion des abonnements,… Parallèlement à cela, Jérôme Kalfon (Directeur du service commun de la documentation de l’université Paris Descartes) s’est interrogé sur la définition de la bibliothèque numérique. On peut retenir quelques avantages : l’absence d’étagères, de conservation sur place des documents, de serveurs appartenant à l’institution. De plus, les droits sur le long terme peuvent être remis en question. Donc, pour le directeur de la documentation de Paris Descartes, une bibliothèque numérique peut se résumer à des contrats de licences.

    De nombreux ateliers ont ponctué ces deux jours et beaucoup d’expérimentations fort intéressantes ont été présentées. Nous invitons les lecteurs à se reporter aux actes du colloque qui sont disponibles en ligne.

    Néanmoins, on peut citer différentes disciplines qui ont été mises à l’honneur : les arts plastiques qui mettent en avant le patrimoine local ; l’éducation physique qui donne aux élèves la possibilité de s’auto évaluer ; les langues vivantes qui renouvellent les échanges notamment avec le pays transfrontalier, l’Italie ; les jeux sérieux qui permettent d’apprendre de façon ludique. Les tablettes peuvent aussi donner une nouvelle « jeunesse » aux langues anciennes comme le latin et bien sûr être utilisée au CDI.
    Ce compte rendu ne se veut pas exhaustif, il est un complément des informations que vous trouverez sur le site internet.

    C’est Jean-Louis Durpaire, grand témoin de ces deux journées qui a clôturé ce congrès organisé à Nice. Son intervention a débuté par un bref historique rappelant l’équipement de trois classes en 1991.

    Dix ans plus tard, en 2001, deux niveaux (quatrième et troisième) furent équipés. Actuellement, un peu plus de dix mille tablettes sont utilisées dans de nombreuses expérimentations. Nous constatons une seule généralisation pour un département (la Corrèze). La tablette présente de nombreux avantages (accès à internet, simplicité, ergonomie, autonomie, faible encombrement, individualisation,…) qui peuvent paradoxalement se révéler des inconvénients ou des sources de problèmes (difficulté d’accès au réseau, vol, appareils multifonctions, jeux, applications payantes, prix d’achat, influence du marketing,…). Faut-il pour autant ne pas les utiliser à l’école ? Une autre question se pose concernant les ressources. En effet, l’inspecteur général ayant rappelé la « force historique » des manuels scolaires dans l’Education nationale. Seront-ils toujours pertinents dans les classes face à « l’explosion » des documents numériques ? Et in fine, qui payera l’addition des appareils avec les connexions, les applications, les ressources,… ?

    C’est pourquoi J.-L. Durpaire a émis l’idée de la création d’un consortium ou d’une coopérative d’achats pour faire face à un marché en plein essor. Il s’est interrogé aussi sur la finalité de l’utilisation des tablettes. Sont-elles des sources de progrès  ? Ne doit-on pas utiliser ce que les élèves possèdent déjà ? Beaucoup d’interrogations ont été formulées par ce grand témoin et des pistes d’exploration, de réflexion ont été également proposées. Les tablettes peuvent être des outils d’accès à la culture permettant de créer du lien social entre élèves et enseignants et être utilisées à la fois à l’école mais aussi à la maison. C’est à un changement de paradigme technologique que nous assistons et nous devons repenser les conditions de formation. Les Centres de Connaissances et de Culture  seront, peut-être, le lieu de ce nouveau départ…

    Les valeurs qui sont les nôtres devront perdurer, et en particulier, la laïcité, la neutralité mais aussi la « probité intellectuelle ». Il est aussi nécessaire de former, à la culture de l’information , les collégiens et les lycéens. Les outils nomades doivent « nous conduire à repenser les conditions de formation des élèves ».

    Pour avoir une vision exhaustive sur le colloque : www.ecriture-technologie.fr. Vous aurez tous les détails : les intervenants, les vidéos, publications, bibliographie, commentaires,…

    Retrouvez le travail de Philippe Chavernac sur supercdi.free.fr/tablettes