Vincent travaille beaucoup, il est scotché à son ordinateur et à son mobile et ne se rend même pas compte que sa compagne le quitte ce soir… Il ne s’occupe pas de sa vie, ni IRL (In Real Life) ni via les réseaux. Il travaille, il a autre chose à faire, il dit aller bien mais en fait ne vit pas ! Un jour il embauche Karine pour gérer sa vie numérique et c’est une droguée de la relation par écran interposée qui déboule alors dans sa vie !
Tour à tour dramatiques, cocasses, touchants, effrayants et finalement tellement humains, les moments partagés par les deux personnages de cette pièce de théâtre nous interrogent… Loin d’être passif, le spectateur se reconnaît, reconnaît des proches, prend de la distance et s’interroge.
Que deviennent nos liens à l’ère du numérique ? Comment notre société gère-t-elle ce nouveau contexte ?
La pièce est tout en nuances, elle montre sans juger et donne à entrapercevoir ce que nous ne voyons pas parce que nous mêmes englués dedans.
J’ai rencontré l’auteur de la pièce, Orah de Mortcie sur Twitter, il cherchait à se documenter sur ce réseau social pendant l’écriture de la pièce et s’est inscrit pour cela au TwittMOOC, un MOOC pour apprivoiser Twitter, que j’ai créé. Il m’a fait lire le texte puis j’ai assisté à deux représentations (et rencontré Orah IRL) avec à chaque fois beaucoup de plaisir. Je compte bien y retourner quand elle se donnera à Paris en octobre et novembre 2015.
“Le prochain train” fait partie de ces oeuvres dans lesquelles on découvre à chaque fois quelque chose de nouveau…
Orah de Mortcie, a eu l’excellente idée de proposer des représentations en collège et lycée suivies d’une discussion avec les jeunes. Nous voilà bien loin des caricaturales interventions en établissements scolaires sur “les dangers d’Internet”, avec la confrontation à une oeuvre, l’ouverture d’un espace de parole et de réflexion pouvant totalement s’inscrire dans les nouvelles démarches encouragées par l’Enseignement Moral et Civique.
S’interroger, débattre, nuancer son avis, exprimer ses ressentis… en partant d’une oeuvre aussi forte, cela ne me surprend pas que comme le dit Orah, « l’expérience ait toujours été riche, que ce soit dans la réception du texte ou dans la finesse des questions posées.”
La partie du site officiel de la pièce dédiée à ces représentations-débats précise d’ailleurs que “cette approche fait partie de ce qui nous vaut le soutien de La Fondation Internet Nouvelle Génération qui a choisi le Prochain Train pour son coup de projecteur Carrefour des Possibles 2014. Ces professionnels des nouvelles technologies se disent frappés par la forme artistique de la pièce qui donne à comprendre et peut toucher un grand nombre. Cela ajoute un volet pédagogique et ludique à nos représentations.”
Je ne saurais trop recommander aux chefs d’établissements d’envisager ce type d’intervention auprès de leurs élèves et pourquoi pas aussi, aux organisateurs de colloques et autres événement sur le numérique, d’offrir à leur participant une représentation du “Prochain train”. EPN, bibliothèques et autres lieux culturels pourraient aussi fort bien être intéressés…