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  • 3 raisons pour intégrer le téléphone mobile dans les kits d’alphabétisation en Côte d’Ivoire

    3 raisons pour intégrer le téléphone mobile dans les kits d’alphabétisation en Côte d’Ivoire

    Les derniers chiffres issus de d’Enquête sur le Niveau de Vies (ENV, 2015) sont alarmants sur la question de l’analphabétisme en Côte d’Ivoire. En effet, environ 55 % de la population ivoirienne âgée de plus de 15 ans ne sait ni lire, ni écrite encore moins compter en français. Bi Sehi Antoine MIAN, Ph.D. nous propose une vision bien réaliste sur l’usage possible et pédagogique des outils mobiles comme les téléphones dont le nombre d’abonnés aujourd’ui dépasse le nombre d’habitants !

    Pour parvenir à relever le défi de l’analphabétisme en Côte d’Ivoire, il importe aujourd’hui de faire appels à d’autres outils tels que le téléphone mobile.

    D’une façon générale, un kit d’alphabétisation est composé, selon les experts, de livres (lecture, écriture, calcul), de cahiers, de stylos, de crayons, d’ensembles géométriques, de boites de craies et de calculatrices. Ainsi, dans le kit tel que distribué actuellement aux auditeurs des centres d’alphabétisation en Côte d’Ivoire, il n’est point fait mention de téléphone mobiles. Pourtant, selon moi, trois raisons militent aujourd’hui en faveur de l’intégration du téléphone mobile dans les kits d’alphabétisation par la Direction de l’Alphabétisation et de l’Éducation Non Formelle (DAENF) du Ministère de l’Éducation Nationale (MEN).

    D’abord parce que le téléphone mobile est accessible à la population cible. S’il y a une technologie qui a le plus conquis l’Afrique, c’est le téléphone mobile. En effet, une étude menée entre 2011 et 2013 par Afrobaromètre dans 34 pays montre que 93% des Africains ont accès à la téléphonie mobile quand ils ne sont que 88% à pouvoir aller à l’école, 59% à avoir l’eau courante et 28% à être reliés à un système d’épuration des eaux.

    En Côte d’Ivoire par exemple, il y a aujourd’hui plus d’abonnées au téléphone mobile que d’habitants.

    En effet, les indicateurs du 1er trimestre 2016 de l’ARTCI indique que 24 554 491 de puces sont actives pour une population estimée à 22 671 331 d’habitants. De plus, la population cible c’est à dire celle âgée de 15 ans et plus a souvent accès au téléphone mobile.

    Ensuite, parce que le téléphone mobile est un outil d’alphabétisation.

    L’utilisation du téléphone mobile comme outil d’alphabétisation est de plus en plus documentée dans le contexte africain. En Côte d’Ivoire par exemple, depuis environ deux années, MTN Côte d’Ivoire mène des campagnes d’alphabétisation des couches vulnérables de la population à l’aide du téléphone mobile. La dernière en date a été faite avec AmBC, une application mobile, créée par Byte informatique en partenariat avec MTN Côte d’Ivoire et Unesco.
    Cette application qui contient plusieurs modules d’apprentissage avec différents niveaux peut être d’une aide appréciable pour les moniteurs des Centres d’alphabétisation.

    Enfin, parce que le téléphone mobile permet de lutter contre l’illettrisme.

    Tous les experts en alphabétisation vous diront que la difficulté majeure dans le métier c’est le suivi de l’auditeur une fois qu’il a quitté le centre d’alphabétisation. En effet, si ce suivi n’est pas adéquat, l’auditeur peut tomber dans l’illettrisme. C’est à dire qu’il risque de perdre la maîtrise de la lecture, de l’écriture et du calcul.

    Grâce au téléphone mobile, il est aujourd’hui possible de faire face à cette situation. L’utilisation de la fonction SMS par les moniteurs et les auditeurs des centres d’alphabétisation est une piste à exploiter. A cet effet, la formation dans les Centres d’alphabétisation devraient encourager les auditeurs à faire usage du SMS pour échanger entre eux mais aussi avec leurs moniteurs. Elle devrait aussi apprendre aux auditeurs d’utiliser la fonction calculatrice des téléphones mobiles en lieu et place de la calculatrice ordinaire pour apprendre à calculer.

    Ces usages pourraient être très bénéfiques pour la lutte contre illettrisme post-alphabétisation. Mais, bien plus qu’un outil de lutte contre illettrisme, le téléphone mobile pourrait permettre de repérer les illettrées.

    En effet, d’après le site Konbini, une étude faite par Pal Sundsoy, un chercheur norvégien, montre qu’il serait possible de repérer un illettré grâce à son téléphone mobile. Le modèle qu’il a utilisé se fonde sur un algorithme prédictif et une base de données des relevés d’activité des téléphones mobiles : localisations, contacts, nombres de messages et d’appels, heures de réception de ces communications, etc.

    En additionnant les données géographiques, sociales et économiques, le modèle prédictif de Pal Sundsoy parviendrait actuellement à identifier les zones d’illettrisme avec 70 % de précision.

    Comme on peut le constater, il n’y a vraiment pas de raison pour que que le téléphone mobile soit absent des kits d’alphabétisation. Son intégration devrait même être encouragée aussi bien par le MEN dans le cadre de sa politique d’éducation numérique que par le Ministère de l’Économie Numérique et de la Poste dans le cadre de sa politique de vulgarisation des usages des outils numériques.

    Par ailleurs, alors que le dernier rapport de la Banque Mondiale sur la situation économique de la Côte d’Ivoire fait ressortir la propension des ivoiriens à utiliser les solutions Moble money, l’intégration du téléphone mobile dans le kit d’alphabétisation permettra de parfaire l’autonomisation financière des populations vulnérables.

    Les populations alphabétisées pourront de façon autonome faire en toute sécurité leurs opérations Mobile money. Pour favoriser intégration du téléphone mobile dans le kit d’alphabétisation, le MEN devrait encourager la formation des moniteurs des centres d’alphabétisation et l’élaboration de modules d’alphabétisation avec le téléphone mobile.

    Auteur : Bi Sehi Antoine MIAN, Ph.D.
    Blog www/ticeduforum.ci
    Twitter @mianseh

  • Prim à bord, le portail numérique pour le premier degré

    Prim à bord, le portail numérique pour le premier degré

    Présentation de ce portail par Malika Alouani au micro de Ludomag, interviewée par Christophe Batier, au cours de l’Université d’été de Ludovia#13.

    « Je pense qu’il est important que les enseignants ayant des pratiques novatrices puissent diffuser, communiquer ce qu’ils ont pu faire dans la classe« .

    Le portail sert en effet à valoriser et à mutualiser les pratiques pédagogiques utilisant le numérique dans le premier degré.

    Tout le monde peut accéder à Prim à Bord mais il est plus destiné aux enseignants du premier degré pour les aider à intégrer le numérique dans leur enseignement. C’est un portail tout jeune qui date de février 2015 et il évolue de jour en jour.
    Par exemple, la possibilité pour les académies de pouvoir publier leurs propres ressources.

    Le portail va vraiment devenir une co-construction au niveau national dans le but de valoriser les usages dans chaque académie.

    Tous les détails sur le portail et son évolution dans la vidéo ci-contre.

    Plus d’infos : eduscol.education.fr/primabord

  • Eloge de la modération

    Eloge de la modération

    Nicolas Le Luherne n’aime pas entrer dans la polémique ; l’article de Philippe Bihouix dont nous avons déjà parlé dans ludomag avec « Numérique en classe : élève t-on nos enfants hors-sol ? » de Ninon Louise LePage, »Les élèves ne sont pas des tomates ! » avec Stéphanie De Vanssay et « Hors-sol ou l’école déconnectée » par Caroline Jouneau-Sion lui ont pourtant donné matière à réagir « positivement ».

    J’ai longtemps hésité à réagir à un article de libération qui stimule un peu plus les lignes de fracture qui apparaissent depuis quelques mois au sein du monde de l’éducation. Je me suis, toujours, imposé un minimum de commentaires et d’évoquer uniquement ce qui me paraît positif.

    Ce n’est pas de l’angélisme mais j’aime laisser aux autres la polémique. Puis à l’image des rêveries d’un promeneur solitaire, je suis allé fouiller dans ma bibliothèque mondiale accessible par cet outil formidable qu’est le World Wide Web.

    Je suis, alors, tombé sur un article d’une de mes revues préférées : les inrocks (oui, comme tous les hipstprofs de moins de 40 ans). Quand on a introduit les instruments et les outils numériques dans sa pratique professionnelle, il est difficile d’entendre que le numérique serait un désastre pour l’École.

    Les barricades…

    Le mot désastre évoque : le malheur, la ruine, la calamité quand je consulte mon OPNI (Objet Papier Non Identifié) : Le Robert illustré 2014. Je ne vais pas invoquer Umberto Eco et la sémiologie pour relever ce qu’a de clivant et de violence, ce terme, d’autant que j’ai été tenté d’y céder. Je suis comme tout le monde, je cède parfois à l’irrationnel comme si il existait des barricades.

    Forcément, comme elles n’ont que deux côtés, je suis du bon. Je vais chercher dans ma bibliothèque la référence qui “tue”, le titre punchline. J’aime les pastiches et ce coup-là je voulais détourner le titre du pamphlet du comité invisible : L’insurrection qui vient. Cela ressemblait au “Désastre qui ne viendra pas”. Je voulais, d’ailleurs, utiliser ce paragraphe : “Sous quelques angles que l’on prenne, le présent est sans issue…. à tous ceux qui prétendent détenir des solutions, ils sont démentis dans l’heure”.

    J’avais pour consolider tout cela, une liste d’articles prélevés sur le web (je les partage dans les sources) pour étayer la dispute.

    …mais ça, c’était avant.

    Oui, ça c’était avant. D’abord, je ne suis pas Nostradamus et je ne peux pas prédire de l’école. Je n’ai pas l’autorité d’un chercheur en sciences de l’éducation pour faire de la prospective. Cela ne veut pas dire que je n’ai pas mon avis mais tout simplement qu’il faut faire preuve d’humilité.

    A relire les deux articles (il faut dire que je n’ai pas encore lu le livre), je nous ai trouvé des points communs (eh oui !). D’abord, j’ai relayé un article du blog de Philippe Silberzhan. Il évoque quatre erreurs que l’on commet facilement quand on passe au digital.

    Pour résumer, un peu rapidement, le numérique n’est pas une baguette magique. En matière de pédagogie comme de management, c’est l’humain qui compte. Les outils ne sont qu’au service de la démarche pédagogique.

    Le soucis de l’élève :

    Nous avons tous une vision de l’école.

    L’École, c’est un peu l’équipe de France de football, il y a 60 millions de sélectionneurs.

    C’est une bonne nouvelle car nous sommes tous concernés par ceux qui seront la France de demain. Ces visions ne sont ni meilleures, ni moins bonnes que les autres. Elles sont les nôtres. Le plus important est le souci de l’élève et de la réussite de leurs apprentissages. Le titre est très bon et accrocheur, cependant, il interroge aussi sur l’état de la communication entre les différents acteurs de l’éducation. Si j’avais écrit cet article, j’aurais participé à cette fuite en avant eschatologique. Je ne voulais pas me trouver dans la situation de Bruce Willis dans Armageddon (oui, j’ai une série de film culte dont j’ai un peu honte), surtout que pour être honnête, je ne serais jamais le sauveur de l’Éducation et plus encore celui de l’humanité.

    Sortons de nos bulles :

    Alors, qu’est-ce qui m’a décidé à écrire finalement ? Le partage d’un ludovien bien connu : Lyonel Kaufman. Je suis tombé, grâce à lui, sur cet article du Monde intitulé La propagande des algorithmes ? Vraiment ?

    Il ne s’agit pas, bien sûr, d’une attaque bien maladroite et mal venue au livre qui vient de paraître. Deux passages, de cet excellent papier, m’ont marqué. Le premier nous explique que “les réseaux sociaux notamment ont renforcé l’absence de consensus, l’absence de vérité partagée”. Le second nous dit que : “Les algorithmes des médias sociaux nous enferment dans nos bulles de filtres nous proposent une vision du monde soigneusement sélectionnée pour aller dans le sens de nos croyances et de nos convictions, nous éloignant de toutes réfutations”.

    Ma réaction témoigne de ces deux symptômes : le manque de prise de hauteur et l’effet citadelle. Je ne suis pas une victime du numérique. J’ai tendance à ne suivre (comme beaucoup) que les gens avec qui je partage des affinités pédagogiques. C’est, toujours, plus facile d’échanger avec notre cercle que de débattre avec l’autre. Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir été prévenu !

    Une démarche didactique et pédagogique :

    J’ai relu les deux articles et on y parlait beaucoup d’outils et d’instruments. Quelque chose nous unit pourtant : le soucis de faire progresser nos élèves.

    J’ai le sentiment qu’il y a maldonne parce que tous ceux que je connais et qui utilisent le numérique, ne le font qu’au service d’une démarche didactique et pédagogique.

    Par exemple, j’ai utilisé édugéo pour faire de la diachronie. Mon objectif était de montrer l’étalement urbain de la ville où j’habite. Quand j’étais étudiant, il fallait plusieurs cartes IGN, une grande table… avec cet instrument pédagogique : je pouvais le faire en un clin d’oeil.

    Ici, ce n’est pas par facilité mais simplement pour consacrer l’attention de mes élèves à mon réel objectif pédagogique et didactique.Cet instrument me permettait de penser l’apprentissage du croquis en granules.

    Je commençais par le système d’information géographique pour finir par le papier. Parfois, je n’ai pas honte de le dire : j’utilisais un OPTD (Objet Pédagogique Technologiquement Dépassé) : le rétroprojecteur. Oui, oui, ce machin est idéal pour s’entraîner aux croquis fait à la main. Il permet de recommencer, de comparer à l’aide du transparent et finalement de se mettre en confiance.

    Enseigner hors-sol ou plutôt enseigner hors-âge ?

    Je ne sais pas ce qu’est enseigné hors-sol. Philippe Zilbersahn répond d’une certaine manière quand il nous dit “qu’on ne peut pas penser un changement technologique hors-sol, que la technologie est toujours le produit d’une société, qu’elle modifie en retour”. Mon objectif est, surtout, de ne pas enseigner hors-âge. Enseigner c’est un chemin avec quelques embûches et parfois des erreurs d’orientation. Chaque classe est différente mais il faut tenter de trouver des outils qui permettent de différencier les parcours (cela ne se fait pas, je me site, mais cet article explicite mon parcours d’enseignant).

    Vous savez, je suis même plutôt “réac” d’une certaine manière, mes références pédagogiques sont du début du XX siècle quand le monde passait beaucoup plus de temps à se déchirer qu’à penser à construire une école au service des élèves. Freinet, Montessori, Janusz Korshak, j’en ai retenu la bienveillance. Loin du laxisme : cette philosophie est de créer des conditions favorables pour que les élèves progressent. Être bienveillant, c’est encourager tout le temps, et parfois sanctionner, pour progresser.

    Une autre manière de voir le monde :

    L’introduction du numérique dans la classe, cela a été l’occasion de me poser de nouvelles questions. Qu’est-ce que je vais faire de ce nouvel outil ? Qu’est-ce que cela change à la manière dont j’anime la classe, à la géographie. Je suis allé voir ce qu’il se faisait ailleurs.

    J’ai lu le livre de Chris Anderson : Makers. « Quand je construis un scénario pédagogique, comme le grand-père de l’auteur, j’ai toujours aimé réfléchir, construire des prototypes, tenter de résoudre des casses-têtes, trouver des solutions. C’est passionnant d’être enseignant !  »

    Les rencontres se sont multipliées au même rythme que les questions. Il n’y a pas longtemps, j’ai entendu parler d’école lassalienne (c’est pas tout jeune). J’ai retrouvé des mots qui rimaient avec ma passion de la musique underground des années 1980. Le Do-it yourself, devenir un enseignant bricoleur, autonome et en même temps dans une équipe plus large.

    Les murs sont tombés et pourtant je n’ai jamais senti être autant ancré dans la classe.

    Je me suis même intéressé au Jugaad ou l’art de faire plus avec moins. J’ai bien conscience qu’il n’y a pas de corne d’abondance ouverte. Si je traverse la rue, le fablab du coin organise des cours pour programmer avec un kit Arduino (il faut que j’y aille) et surtout un “Repair café”. Et pourquoi pas réparer, recycler et bricoler avec mes élèves. Aller voir ailleurs, réfléchir aux conséquences… Une belle leçon d’écologie appliquée non ?

    Des gardes-fous :

    Je regarde une nouvelle fois ma bibliothèque et j’y vois trois livres “de chevet pédagogique” : Serge Tisseron : 3-6-9-12, André Tricot et Franck Amadieu : Apprendre avec le numérique et un nouveau : le cerveau funambule de Jean Philippe Lachaux. Les deux premiers livres sont des gardes-fous, ils permettent de discerner les mythes des réalités. Le dernier permet de revenir au principal comment mettre l’élève dans des conditions optimales d’apprentissages.

    Le dernier samouraï :

    Le problème principal, quand on ne se parle et ne s’écoute plus, est de voir l’autre comme un pompier pyromane. Les échanges sont entre le sarcasme, l’argument d’autorité et l’affrontement de bibliothèque à bibliothèque. Qui connait, réellement, les ambitions de l’autre pour les élèves ? J’ai le sentiment que l’on tombe dans les travers du Dernier Samouraï.

    L’image est un peu étrange, mais elle est plus explicite quand on regarde l’émission Motion vs History de Nota Bene (Je conseille cette chaîne youtube à tout le monde). Les deniers Samouraï ont utilisé des fusils et pas des katanas ! Le danger des citadelles, c’est l’image d’épinal qu’elle soit pro ou anti-numérique.

    Et si on se parlait ?

    Empathie et respect de l’altérité, appliquons-nous les valeurs que l’on souhaite transmettre aux élèves. Il n’y a pas une bonne manière d’enseigner, il n’y a pas de formule magique.

    Le numérique n’est pas la pierre philosophale et les enseignants ne sont pas des alchimistes.

    Il y a simplement des stratégies qui relèvent de la classe, de l’enseignant, de la programmation mais aussi de l’instant. Nos élèves méritent mieux que des punchlines, ils méritent de la modération. Il est temps que nous sortions des “tranchées et de se dire” : “Et si on se parlait ?”

     

    Sources :

    Philippe Bihouix : «Avec l’école numérique, nous allons élever nos enfants « hors-sol », comme des tomates», entretien Par Noémie Rousseau, Dessin Sylvie Serprix, Libération, 2 septembre 2016.

    Le numérique est-il un désastre pour l’école ?, Fanny Ménéghin Les Inrocks, 1 septembre 2016.

    Former à la transformation digitale: Quatre erreurs fréquentes, Le blog de Philippe Silberzahn, 25 avril 2016.

    La propagande des algorithmes ? Vraiment ?, Hubert Guillaud, Le Monde, 17 septembre 2016.

    Le métissage pédagogique. Découvrez l’auto-socio-construction, Thot Cursus, Nicolas Le Luherne.

    La vérité sur le dernier samouraï, Motion VS History #7, Nota Bene, 7 septembre 2016

    Makers : la nouvelle révolution industrielle, Chris Anderson, 2002

    3 – 6 – 9 -12 : Apprivoiser les écrans et grandir, Serge Tisseron, Eres, 2013.

    Apprendre avec le numérique, Franck Amadieu, André Tricot, Retz, 2014.

    Ce qui aurait dû être les sources de mon article :

    Bernard Stiegler : « Avec le numérique, nous sommes dans l’obligation de repenser l’éducation », Christophe Castro, Inriality, 11 septembre 2013.

    Les Z, ces « digital intuitives », Roxane Baché, Snip, 27 juillet 2016.

    Dix expériences innovantes pour changer l’école, Le Monde, 5 septembre 2016.

     

     

     

     

  • Big data et Big Datathon : échanges et collaboration d’une nouvelle dimension au C2E du GIS INEFA

    Big data et Big Datathon : échanges et collaboration d’une nouvelle dimension au C2E du GIS INEFA

    Le C2E 2016 a eu lieu comme chaque année à Poitiers autour de nombreux partenaires, regroupés aujourd’hui en un groupement d’intérêt scientifique : le GIS INEFA. Autour du big data, thématique phare de l’évènement et thématique forte de notre quotidien, les publics ont pu échanger, débattre et collaborer pour donner ce qu’on pourrait communément appeler « un bon cru 2016 ».

    Le C2E existe depuis une dizaine d’années et s’est beaucoup transformé au cours de cette période. Au départ, plutôt lié à une formation universitaire et un master international, l’événement s’organise aujourd’hui autour et avec de nombreux acteurs de l’éducation et du numérique du territoire, anciennement Picto-Charentais et désormais Nouvelle Aquitaine.

    Ces acteurs se sont d’ailleurs regroupés autour d’un Groupement d’Intérêt Scientifique intitulé « GIS INEFA » pour « Innover avec le Numérique pour l’Enseignement, la Formation et les Apprentissages » afin d’engager, au-delà du Campus Européen d’été, une réflexion commune autour du numérique.

    Nouvelle dimension du C2E autour d’un nouvel organisateur : le GIS INEFA

    Le GIS INEFA se compose d’acteurs locaux mais aussi nationaux puisque, rappelons-le, Poitiers a la chance d’avoir sur son territoire des entités comme Canopé, le CNED ou encore l’ESENESR et des locaux telles que les entreprises et acteurs publics (rectorats, etc) et pas moins de cinq universités en Nouvelle Aquitaine.

    Le C2E est donc devenu en 2016 la manifestation du GIS INEFA, comme le précise également Vincent Rosseli, chef de projet ENT à la direction de l’éducation du conseil Régional Nouvelle Aquitaine et directeur du GIS INEFA.

    Une thématique d’envergure : le big data.

    Sur le choix de la thématique du C2E, le principe est le même chaque année à savoir que le comité de programmation réfléchit à un sujet dans le champ de la e-éducation autour de l’actualité scientifique, de l’actualité professionnelle – « ce qui se passe sur le terrain »- ou encore de l’actualité industrielle et économique.

    « Avec le choix du big data cette année, je crois qu’il est inutile de démontrer qu’il est d’une grande actualité », souligne Jean-François Cerisier, Directeur du Laboratoire Techné de l’Université de Poitiers.

    Sur une semaine, il a donc été question de big data autour de trois axes de réflexion principaux à savoir :

    . Comment utiliser la collecte et l’analyse de données pour mieux comprendre les apprentissages des élèves et mieux orienter leur trajectoire d’apprentissages, soit plus communément le « Learning Analytics ».

    . Comment utiliser les techniques, modèles et méthodes du big data comme des ressorts de nouvelles activités d’apprentissage.

    . Enfin, une dernière question essentielle, « à la fois parce qu’elle est très critique aujourd’hui », est : comment éduquer aux données et aux algorithmes qui évidemment sont associés à ces données.

    Une autre dimension pour un événement accueillant des participants de nouveaux horizons.

    L’originalité et une des richesses de l’événement repose aussi par la présence d’un public international, rappelant les origines de l’événement (autour du master international et du Consortium « Euromime », Master Erasmus Mundus en Ingénierie des Médias pour l’Education), et de retours d’expérience et présentation d’ateliers par des personnes « qui ne viennent pas nécessairement des pays auxquels on pense le plus spontanément quand on évoque le numérique » ( Pérou, Brésil, Chili, Mexique etc), mais qui font aussi toute la richesse de ces échanges, ce que relève Jean-François Cerisier.

    « Comment avancer sans échanger dans d’autres contextes économiques, culturels éducatifs » ?

    C’est aussi l’avis d’un habitué du C2E car faisant partie du consortium Euromime, Jacques Viens, directeur du département de psychopédagogie et d’andragogie de l’Université de Montréal.

    Le campus européen d’été C2E et le cadre d’Euromime se rejoignent dans le sens où ils permettent à des chercheurs, à des étudiants de contextes de vie différents, de regarder et de partager leurs expertises. Pour lui, « la recherche isolée qui n’est pas intégrée dans des situations réelles sert bien peu ».

    En effet, comme l’aime à le rappeler Jean-François Cerisier, la réflexion est indissociable de la pratique c’est aussi pourquoi le C2E programme, au-delà des traditionnelles tables rondes et conférences, des ateliers et autres formes d’engagement et de pratiques comme une CryptoParty (un rendez-vous convivial pour échanger sur les outils et les bonnes pratiques), par exemple.

    Nouvelle dimension donnée aux pratiques : l’exemple du hackathon pédagogique devenu « Big Datathon pédagogique ».

    C’est aussi dans ce sens qu’a été proposé l’année dernière le premier Hackathon pédagogique et qu’est né cette année le Big Datathon pédagogique, organisé sur une durée de 6 mois et dont le dénouement a eu lieu pendant la semaine du C2E dans les locaux de Canopé Poitiers, partenaire de l’événement au même titre que le SPN (Réseau Professionnel numérique Poitou-Charentes).

    « Nous avons eu la chance aussi de pouvoir l’organiser avec un partenariat très élargi à Grand Poitiers, à l’AUF, à l’OIF et au groupe des ambassadeurs francophones en France, ce qui nous a permis d’accueillir à distance et en présentiel 72 équipes de toute la francophonie en mai 2016 », rappelle Jean-François Cerisier.

    Des pays « dont on peut penser, à tort, que ce ne sont pas les premiers concernés » ont proposé plusieurs projets comme c’est le cas pour Madagascar, par exemple.

    Ce partenariat avec les acteurs de la francophonie a également permis de faire venir, pendant la semaine du C2E, pour participer à l’atelier « d’accélération », une équipe marocaine et une équipe du Gabon, lauréats parmi les 6 équipes sélectionnées à l’issu de la première étape.

    « L’atelier d’accélération consiste à aider les équipes sur trois jours, à partir de l’idée qu’elles ont eu et sur laquelle elles ont travaillé depuis le mois de mai, à transformer cette idée en un projet », explique Jean-Michel Perron, Directeur de la R&D sur les usages du numérique éducatif au Réseau Canopé.

    « L’idée du processus Big Datathon n’est pas seulement le hackathon lui même mais aussi la production de projets qui, nous l’espérons, seront diffusés d’une manière ou d’une autre et au travers de structures qui pourraient devenir des starts-up créées par les lauréats », souligne Jean-François Cerisier.

    Le C2E, un des résultats d’une collaboration vraiment partagée entre acteurs impliqués dans le numérique, dans un environnement à dominante rurale.

    C’est bien la synthèse que nous pouvons faire de cet événement « Campus européen d’été » ou « C2E » : la dimension multi-facettes qu’il affiche autour d’une dynamique commune.
    Et c’est ce que se plaît à rappeler Jean-François Cerisier, en fin d’interview : « nous avons la chance d’être dans une région à dominante rurale et qu’ici on peut se connaître très facilement et, si on a envie de travailler ensemble, c’est vraiment très simple ».

    Autour du GIS INEFA ou encore du label French Tech fraîchement obtenu en juillet dernier, très fédérateur, et enfin autour d’événements comme le C2E, les outils sont là pour collaborer, « avec une méthode de travail qui elle-même est génératrice de collaboration puisque tous les partenaires ne sont pas seulement ceux qui mettent la main au portefeuille pour financer une manifestation annuelle, ce sont des structures qui toutes se réunissent pour travailler tout au long de l’année sur ces sujets ».

    En effet, c’est bien habilement que Jean-François conclut sur cette image du « partenaire qui n’est pas uniquement là pour payer » et c’est aussi ça qui fait toute la différence…

     

     

     

  • Infobésité et big data : faites parler les données!

    Infobésité et big data : faites parler les données!

    Stéphane Chauvin dirigeant de la société R2C System et de mydataball.com est venu témoigner de son point de vue en tant que représentant de la filière numérique, sur la thématique de cette année à savoir le big data. En effet, le c2E, au-delà des chercheurs, fait venir de nombreux intervenants extérieurs pour ouvrir les points de vue sur la thématique.

    « Nous sommes des industriels de l’analyse et nous avons une mécanique qui va prendre depuis les données jusqu’aux besoins des décideurs à transformer la donnée en connaissance utilisable et pertinente« .

    Exemples de ce travail et utilisation concrète de la data illustrés par le propos de Stéphane Chauvin dans la vidéo ci-contre.

    Tous les sujets, articles et vidéos réalisés sur le C2E 2016 sont à retrouver dans notre dossier spécial ici.

    A propos de mydatball.com : mydataball.com

     

  • L’EMF de Poitiers, partenaire culturel incontournable du C2E 2016

    L’EMF de Poitiers, partenaire culturel incontournable du C2E 2016

    L’Espace Mendès France de Poitiers fait partie du GIS INEFA, Groupement d’Intérêt Scientifique « Innover avec le Numérique pour l’Enseignement, la Formation et les Apprentissages » ; déjà partenaire du Campus Européen d’été avant la fondation de ce groupement, c’est tout naturellement que l’EMF a accueilli l’évènement encore cette année sur une journée entière autour de deux sujets reliant la thématique 2016 du Big Data : « Quand l’art et l’engagement associatif questionnent le big data » et « Instaurer de nouveaux rapports aux données, entre nouveaux services, Droit et Art ».

    « Cette problématique du big data et plus généralement du numérique est traité toute l’année à l’Espace Mendès France au travers de nos activités autour des activités numériques, des cultures numériques, de l’information des publics, des ateliers de formation etc« , précise Thierry Pasquier, responsable communication à l’EMF.

    « Je pense que ce qu’on attend de nous au C2E est d’apporter ce regard décalé par rapport à la thématique, d’autant plus que le Campus européen d’été n’est pas réservé aux universitaires mais est ouvert à tout type de public« , ajoute t-il.

    Retrouvez l’intégralité de l’interview de Thierry Pasquier dans la vidéo ci-contre.

     

  • Les équipements mobiles et leur massification  : où en est-on ?

    Les équipements mobiles et leur massification : où en est-on ?

     Réponse avec Pascale Montrol-Amouroux, Cheffe du département Usages et valorisation des pratiques à la DNE au MENESR, au micro de Ludomag et interviewée par Michel Guillou lors de la 13ème édition de l’Université d’été de LUDOVIA.

    Avec le plan numérique en cours, les équipements mobiles vont peu à peu se multiplier dans les classes et mettre les enseignants au défi de venir « composer » avec ces nouveaux usages.

    « Notre rôle au Ministère est de parvenir à organiser toutes ces ressources nouvelles et en faire ressortir une dizaine qui soient vraiment emblématiques de l’utilisation des équipements mobiles tout en croisant avec les nouveaux programmes du collège et du cycle 3 notamment« , explique Pascale Montrol-Amouroux.

    Ces exemples ne sont pas exhaustifs ; ils sont composés d’une fiche pratique avec une vidéo présentant une activité comme, par exemple, la fonction de publication etc.

    « L’idée est de construire une collection en collaboration avec les académies ».

    Plus d’information dans la vidéo ci-contre.

  • Quand le « big data » transforme l’éducation, la formation et les apprentissages

    Quand le « big data » transforme l’éducation, la formation et les apprentissages

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    Quand le « big data » transforme l’éducation, la formation et les apprentissages, un vaste sujet pour le C2E 2016, CAMPUS EUROPÉEN D’ÉTÉ SUR LA eÉDUCATION qui se déroule, comme chaque année, à Poitiers, du 19 au 23 septembre 2016.

    C2E 2016, la semaine à ne pas manquer sur le big data dans l’éducation !

    Le « big data », tout le monde en parle ! L’expression fait référence à l’explosion du volume des données qu’il est aujourd’hui possible de collecter et de traiter avec les techniques numériques. Cela concerne tous les secteurs de l’activité humaine et donc aussi l’éducation ce dont le C2E 2016 va traiter pendant une semaine, du 19 au 23 septembre.

    De quoi parlera-t-on exactement ?

    Comment analyser les dynamiques d’apprentissage des apprenants à partir des traces de leurs activités numériques ? Comment exploiter ces traces au service de la personnalisation et de l’efficacité des activités d’apprentissages ?

    Comment apprendre grâce au big data ? Comment se former aux enjeux du big data ?

    Voilà les questions qui seront débattues au C2E 2016.

    Qui sera là ? Qui est invité ?

    c2e_communiquedu120916_4Le C2E 2016, c’est un espace de rencontres et d’échanges avec des chercheurs, des professionnels de l’éducation, des entrepreneurs, des élus, des personnels des collectivités, des étudiants …

    Et beaucoup d’autres personnes concernées ou seulement intéressées par le numérique dans l’éducation.

    Qui l’organise ?

    Le C2E 2016 est organisé par la plupart des acteurs publics et privés de la eEducation installés en région, réunis au sein d’un groupement d’intérêt scientifique (GIS INEFA).

    Quel est le programme ?

    Le C2E, c’est un programme d’une semaine. Le menu est chargé mais vous pouvez aussi participer à la carte.

    Tout est gratuit à condition de s’inscrire en ligne.

    Qu’y a-t-il au menu ?

    Un colloque (du lundi 14 heures au vendredi 14 heures)

    c2e_communiquedu120916_3Contribuez au 5 jours de colloque avec 7 conférences exceptionnelles (Milad Doueihi, Adrienne Charmet, Serge Garlatti, Vanda Luengo, Catherine Moisan, Éric Bruillard et Dominique Cardon), 6 tables rondes, des ateliers, des posters, des démos …

    Plus de 60 intervenants !

    Le lancement du projet REMASCO (lundi 16h15)

    Découvrez le projet Les partenaires du GIS INEFA lancent un projet ambitieux pour réinventer le manuel scolaire avec le numérique. Le projet est soutenu par la Région et par l’État.

    Une CryptoParty (mardi à 16 heures)

    Venez participer à un rendez-vous convivial pour échanger sur les outils et les bonnes pratiques qui permettent de conserver une vie privée et la maîtrise de vos données.

    Un spectacle (mardi à 21 heures)

    Plus qu’un spectacle, c’est à la performance audiovisuelle SINN+FORM de Franck Bretschneider et Pierre Warnecke que vous allez assister avec la possibilité de dialoguer avec les artistes.

    Un pique-nique (mercredi à 12h15)

    En fait non, un big pique-nique collaboratif et solidaire où chacun apporte un peu et reçoit beaucoup.

    Un show room (jeudi et vendredi)

    Découvrez les nouveautés des entreprises du numérique et des laboratoires et leurs projets dans le domaine de la eEducation avec des démonstrations sur le showroom !

    Le lancement de la FrenchTech (jeudi 18 heures)

    Événement marquant de la semaine, le SPN (réseau régional des professionnels du numérique) a choisi le C2E 2016 pour le lancement du label FrenchTech obtenu le 25 juillet sur le thème de l’edutainment.

    Le SPN porte ce projet pour animer l’écosystème régional sur cette thématique avec les agglomérations d’Angoulême, La Rochelle, Niort et Poitiers et tous les partenaires du GIS INEFA.

    La présentation des projets lauréats du big datathon pédagogique (vendredi 9 heures)

    c2e_communiquedu120916_1En mai 2016, un datathon international et francophone s’est déroulé durant 12 heures dans le cadre du colloque Innovation numérique et francophonie organisé à Poitiers par le Groupe des Ambassadeurs Francophones en France (GAFF), Grand Poitiers en partenariat avec l’Organisation Internationale de la Francophonie (AIF), l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF) et de nombreux autres partenaires dont la plupart des membres GIS INEFA.

    Il s’agissait de concevoir des applications mettant le big data au service des apprentissages. Les meilleurs projets parmi 72 ont été sélectionnés pour participer à une semaine d’accélération. Trois mois plus tard les 6 équipes lauréates sont invitées par Réseau Canopé pour participer à un atelier d’accélération de leurs projets d’une semaine, durant le C2E, avec des professionnels du numérique de Réseau Canopé et du SPN.

    Venez découvrir leurs propositions à l’issue de cette semaine de travail !

    Plus d’infos :

    Le programme complet du C2E 2016 est ici

     

     

  • Être un citoyen numérique éclairé, les compétences du XXIe siècle : un enjeu majeur

    Être un citoyen numérique éclairé, les compétences du XXIe siècle : un enjeu majeur

    Pour cette table-ronde #Ludovia13 animée par Jean-Marie Gilliot, différents acteurs du numérique à l’Ecole ont été réunis. Trois enseignants étaient présents : Marie-Noëlle Martinez, professeur des écoles et Sandrine Larrieu-Lacoste, enseignante de mathématiques en collège, ainsi que Nicolas Le Luherne, enseignant en lettres et histoire-géographie en lycée professionnel.

    Leur point de vue était complété par celui de Cédric Merchet, Principal du collège de Villefranche de Lauraguais, et Richard Galin, Chef de projet EMI et culture numérique à la DNE au ministère de l’éducation nationale.

    La question de la citoyenneté numérique était au coeur de cette table-ronde : la formation d’un citoyen compétent notamment dans les usages du numérique peut-il conduire à construire une société plus harmonieuse?

    “Citoyen numérique” ?

    Jean-Marie Gilliot, animateur, débute la table ronde en demandant à chaque intervenant sa définition de “citoyen numérique”.

    Selon Marie Noëlle Martinez, c’est la capacité à vivre en société, à respecter les droits et les devoirs. Le rôle des enseignants est de donner aux élèves tous les outils nécessaires pour vivre dans la Société Numérique.

    Pour Sandrine Larrieu-Lacoste, le numérique n’est qu’un volet de la citoyenneté.

    Cédric Merchet est le chef d’un établissement “préfigurateur” : il sera doté de tablettes numériques pour la rentrée. Il estime que dans cette période trouble, beaucoup d’informations sont véhiculées par Internet et qu’il faut développer l’esprit critique des élèves.

    Richard Galin expose la définition issue de l’Unesco, dans le référentiel de 2011 pour les enseignants : “Citoyenneté numérique : fait de posséder des équipements et des compétences TIC qui permettent de participer à une société numérique, par exemple d’accéder à des informations gouvernementales en ligne, d’utiliser des sites de réseaux sociaux et de faire usage d’un téléphone mobile.”

    Pour Nicolas Le Luherne il n’existe pas de citoyenneté numérique à proprement parler, mais une dimension numérique à la citoyenneté. Ces aspects numériques sont divers : accès à une bibliothèque d’informations, capacité à produire du discours etc. De ce fait, on doit leur donner une éducation pour un usage raisonné d’internet.

    La définition de la Citoyenneté qui ressort est une “prolongation de la citoyenneté vers le numérique”.

    Quels enjeux sociétaux ? Quelles compétences développer par rapport à ces enjeux ?

    Pour Cédric Mercier, l’enjeu est de former un citoyen capable d’exercer les métiers du futur : 65% des métiers qu’exercent les enfants qui sont aujourd’hui dans le primaire n’existent pas encore. Nous savons qu’ils seront dans le domaine du numérique, de la robotique etc. Les compétences nécessaires sont donc très différentes de celles d’aujourd’hui.

    Richard Galin rappelle à ce propos la Loi de refondation de l’école : « le service public de l’éducation prépare les élèves à vivre en société et à devenir des citoyens responsables et libres, conscients des principes et des règles qui fondent la démocratie” (art. 12). Ce texte contient une quinzaine d’occurrences du mot de citoyenneté qui évoquent deux aspects qui peuvent paraître similaire mais sont en réalité complémentaires : s’insérer dans une société et trouver sa place dans cette société qui évolue rapidement.

    Par ailleurs, Nicolas Le Luherne souligne une crise de la citoyenneté qui apparaît aussi dans les classes. L’idéal Républicain est en difficulté, les élèves ne semblent pas trouver de légitimité dans leur citoyenneté. Il faut les éclairer sur ce que signifie être citoyen en France.

    Or, dit-il, “avant qu’il y ait une lumière, il faut câbler” et c’est à l’Ecole de fournir cette connectique, notamment via le numérique qui envahit leur quotidien. Pour une enseignante dans la salle, il est essentiel de leur donner une formation à l’esprit critique : être capable de donner de la valeur à un discours, de l’analyser. L’enjeu du numérique est d’apprendre aux élèves comment vivre ensemble au travers d’un outil qui les met seuls devant un écran. Malika Alouani, dans le public également, propose d’apporter avant tout une connaissance de soi à l’élève pour développer ses capacités à entrer dans une démarche empathique qui lui permettra de se mettre en lien avec les autres de façon harmonieuse.

    Pour Sandrine Larrieu-Lacoste et Marie-Noëlle Martinez, le numérique permet d’ouvrir la classe vers des enjeux plus larges que la classe. Elles exposent leur retour d’expérience avec un projet proposé par le CNES et le programme “Argonautica” ( pollution des océans par les plastiques) . Ce projet a permis une prise de conscience de la part des élèves : ils sont citoyens du monde et pas uniquement d’une commune de la banlieue toulousaine . Grâce au numérique, les échanges se sont vus favorisés.

    Dans la salle, Delphine Regnard (DNE) déplore que les enjeux jusqu’ici évoqués sont difficiles, dramatiques. On en oublie la force de créativité et de partage qu’apportent les outils numériques, c’est aussi un enjeu de société.

    Quelles compétences développer autour du numérique ?

    Richard Galin cite la circulaire de mise en oeuvre du parcours citoyen du 20 juin 2016.

    En effet, le socle commun de connaissances, de compétences et de culture et les programmes scolaires, de l’école au lycée, repose sur des principes généraux […], soit 13 principes dont premier concerne les “modes collaboratifs de travail”. Pour illustrer concrètement le travail autour de ces compétences, Cédric Mercier expose les projets numériques qui sont mis en place dans son collège dans le cadre de la réforme de 2016. Pour éduquer aux médias et à internet, un EPI consiste à préparer un festival du court-métrage et un autre à réaliser un journal télé. Pour développer la capacité à utiliser le numérique au service de ses apprentissages, les SVT et l’EPS s’associent dans un carnet individuel du sportif sur tablette. La créativité est développée dans la réalisation d’un jeu plateau avec les enseignants de technologie, utilisant l’imprimante 3D. Enfin, dans le cadre de l’accompagnement personnalisé, le numérique permet de faire de la différenciation.

    Comment créer des alliances éducatives pour mener des projets numériques ?

    Le tissu associatif, les acteurs scientifiques…sont autant de partenaires de l’École qui permettent de créer facilement des alliances sur des projets. Sandrine Larrieu-Lacoste et Marie Noëlle Martinez exposent leur partenariat avec le CNES et ECOLAB. Dans la salle, Malika Alouani présente son projet intergénérationnel mis en place avec Synlab. Le projet intergénérationnel classe-relai/EPHAD/ Ecole d’ingénieurs mené par Monique Argoual est cité aussi en exemple.

    Les alliances numériques se forment aussi grâce aux réseaux sociaux qui renforcent la communication entre enseignants. Les événements éducatifs favorisent aussi ces partenariats : Sandrine Larrieu-Lacoste et Marie Noëlle Martinez se sont rencontrées à Ludovia lors de la session 2015 et ont monté à la suite ce projet.

    Quelle formation des enseignants en Éducation aux médias et à l’Information (EMI) ?

    Il faut avant tout penser à offrir un cadre sécurisant aux enseignants, au travers d’un matériel qui fonctionne, mais aussi les former à des usages responsables et professionnels.

    Les chefs d’établissement ne doivent pas être oubliés dans ce besoin de formation : les référentiels de compétences concernent tous les personnels de l’éducation. Chacun des personnels de l’éducation doit être au clair avec ses engagements et ses responsabilités vis à vis du numérique. L’attitude la plus courante est le “c’est pas grave”. Les personnels de l’éducation doivent dépasser l’ignorance pour former à la connaissance et créer une vraie culture numérique.

    Enfin, la formation pour les familles est autant essentielle. La culture numérique n’est pas acquise, ne va pas de soi.

    Synthèse assurées par Laurence Juin et Caroline Jouneau-Sion

    Dessin illustration : CIRE