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  • La morale individualiste chez les cyber-hacktivistes

    La morale individualiste chez les cyber-hacktivistes

    imaginaireL’univers foisonnant, riche mais aussi complexe et divers des hackers et plus précisément des cyber-hacktivistes manque à l’heure actuelle d’études, de réflexions et d’hypothèses généralistes à son sujet. Cette communication se propose d’être l’une d’entre elles et nous l’espérons permettra d’ouvrir la réflexion à ce sujet.

    Notre proposition est celle d’une analyse par le prisme de la morale individualiste, voire même d’une conception politique du monde sur ce fondement.

    Notre hypothèse fait suite à une étude réalisée dans le cadre d’un stage à l’État-major des armées et visant à une meilleure compréhension de ce milieu.

    Les cyber-hacktivistes se définissent principalement par leur action, leur pratique. Le cyber-hacktiviste est celui qui utilise les nouvelles technologies et en fait son sujet de militance.

    Après différents entretiens d’acteurs du mouvement, recueils d’informations et participations à des rencontres, nous avons choisi de nous concentrer particulièrement sur la culture de cet univers et plus précisément sur les valeurs et les pratiques qui en découlent. Il faut ici prendre le sens de culture comme ce qui est commun à un groupe d’individus et « comme l’ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de l’être humain, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances.[1] »

    Cette culture nous est apparue multiple, éclatée voire éparse. Néanmoins nous avons pu postuler un double facteur d’analyse.

    Celui d’un individualisme égocentré et d’une des-institutionnalisation des acteurs au moins envers les autorités classiques, que sont par exemple l’État, les partis politiques, les syndicats, les religions,… Avec comme conséquence ce que nous avons alors appelé le basculement d’une morale vers une l’éthique. Nous retrouvons ainsi une subjectivité exacerbée et un recentrage sur l’individu et ses valeurs personnelles. Dans cette appréciation, la morale est comprise comme généralement rattachée à une tradition historique et extérieure à l’individu. Alors que l’éthique serait personnelle et parfois matérialiste visant la recherche d’un bonheur pour tous.

    Mais il nous apparaît désormais que nous avons plus affaire à un basculement d’une morale holiste ou sociale vers une morale individualiste et donc recentrée sur l’individu. Les fondements de cette pensée, que nous retrouvons dans « l’éthique Hacker » de Steven Levy ou le « Manifeste crypto-anarchiste » de Timothy C. May, mettent en avant les capacités personnelles de l’individu. La culture du do-it est clairement une culture méritocratique et entrepreneuriale (au sens de créer quelque chose). En basculant sur l’individu, toute cette culture renforce par ailleurs la subjectivité et le relativisme.

    Dans de nombreux discours, se retrouvent à la fois une promotion de la liberté de l’individu et une conception politique du monde à travers son propre regard. C’est ce que nous avons appelé un universalisme du moi. L’individu est au centre de tout. Par ailleurs il doit agir avec raison tout en mettant au centre de ses préoccupations l’outil technologie, passion partagée par toute la communauté cyber-hacktiviste. Il s’agit d’une combinaison étonnante entre un cartésianisme et un hédonisme technophile.

    Nous rapprocherions clairement plus l’éthique Hacker, telle qu’elle se définit dans cet espace, du mouvement libertarien plutôt qu’anarchiste. Il n’y a par exemple aucun rejet de la propriété privée ou de l’État en soi.

    Cette perception est bien celle de leur cadre cognitif, leur façon de concevoir le monde tel qu’il devrait être. Cette hypothèse permet alors de comprendre beaucoup plus aisément les passerelles éventuelles avec l’univers marchand et les combats menés, notamment en Égypte ou en Syrie récemment via l’opération OpSyria de Telecomix.

    De même cela n’empêche pas l’existence de solidarité ou de relations sociales mais définit sur quel fondement elles sont alors basées.

    L’hypothèse de travail que nous avons développée permet donc d’opérer un parallèle entre deux mouvements, celui des cyber-hacktivistes et celui des libertariens. Ils conjuguent en effet cette morale individualiste que nous évoquions. Ce parallèle culturel au sens gramscien cette fois est donc à questionner. Nous espérons donc avoir l’opportunité de pouvoir l’approfondir dans de plus amples enquêtes empiriques et une vérification de certains postulats.

    Section scientifique de rattachement : Science Politique

    Il s’agit d’une hypothèse issue d’une enquête effectuée entre Mai 2012 et Juillet 2012. Par le biais d’observations, d’une série de cinq entretiens et d’une utilisation des informations publiées par les cyber-hacktivistes eux-mêmes comprenant des vidéos de conférence, des textes et des enregistrements audios. J’avais effectué une enquête pour tenter de décrire et comprendre l’univers du cyber-hacktivisme. L’objectif était à la fois de comprendre ses évolutions futures mais aussi ses principes fondateurs notamment culturellement, c’est-à-dire les valeurs et philosophies structurant cet univers. L’hypothèse survenue après cette étude se fonde sur une réflexion théorique comparant le mouvement libertarien et le mouvement hacker et analysant ce dernier par le prisme du premier. Il apparaît en effet de profondes similitudes entre les courants de pensée.

     

    l    CARÉ Sébastien, La pensée libertarienne : Genèse, fondements et horizons d’une utopie libérale, 2009, PUF

    l    C. MAY Timothy, Manifeste Crypto-Anarchiste, http://www.activism.net/cypherpunk/crypto-anarchy.html

    l    COLEMAN E. Gabriella, Coding Freedom: The Ethics and Aesthetics of Hacking, 2013, Princeton University Press

    l    HIMANEN Pekka, L’Ethique Hacker et l’Esprit de l’ère de l’information, 2001, Exils

    l    LAURENT Alain et VALENTIN Vincent, Les penseurs libéraux, 2012, Belles Lettres

    l    LEVY Steven, Hackers: Heroes of the Computer Revolution, 2002, Penguin, réédition, première édition 1984

    l     STALLMAN Richard, « On hacking », 2002, http://stallman.org/articles/on-hacking.html



    [1]   Définition de l’UNESCO de la culture, Déclaration de Mexico sur les politiques culturelles. Conférence mondiale sur les politiques culturelles, Mexico City, 26 juillet – 6 août 1982.

  • L’imaginaire, entre technique, pratiques et usages

    L’imaginaire, entre technique, pratiques et usages

    imaginaire

    Les substrats physiques et linguistiques des ordinateurs et des réseaux semblent n’obéir qu’à des concepts de logique et de physique appliquée. Les langages informatiques ne recèlent pas explicitement de créativité et le vocabulaire de l’électronique n’enjoint pas aux débordements oniriques. Pourtant, les concepteurs parlent d’intuition, de création et d’imagination ; autant de phénomènes qui seraient à l’œuvre jusque dans les métaphores cognitives (Von Neuman, 1957) qui furent à l’origine de la naissance des machines numériques.

    La pensée mécaniste fournit, dès lors, un mode de représentation du monde en empruntant des termes comme « émetteur » et « récepteur » (Shannon, 1949) associés au « temps des ingénieurs » (Escarpit, 1995 p. 23) pour décrire les communications humaines. Il s’agit déjà d’un imaginaire où des théories et des modes interprétatifs issus d’un champ traversent les disciplines et s’insinuent dans les représentations collectives sous formes de mots, d’outils et de schémas utilisables pour décrire des pans de réalité.

    Ainsi, la dénomination française du mot ordinateur fut proposée en référence à Saint Augustin pour qui l’ordinator était « Dieu qui met de l’ordre dans le monde » (Peret, 1954). L’ordre et le classement ne sont pas étrangers aux paradigmes informatiques.

    Pourtant, les espaces virtuels, les jeux, les œuvres artistiques et l’ensemble des créations numériques font explicitement appel à autre chose qu’au calcul et l’ordonnancement. Une débauche de créativité et d’affranchissement des règles est même revendiquée tant par les utilisateurs finaux que par les concepteurs. L’avènement d’Internet et le foisonnement des échanges sur les sites socio-numériques, le courriel, les forums et les blogs semblent relever d’un éclatement, voire d’un chaos.

    Ne parle t-on pas de ce Web qui, échappant à tout contrôle, serait livré, en toute incompétence des pouvoirs politiques, à l’emprise des activités souterraines de groupes mercantiles et de nébuleuses mal intentionnées ? En outre, qui peut aujourd’hui décrire les médiations qui permettent la réception d’un mail ?

    L’ordre initial serait perdu ou caché dans les arcanes du Web et les couches logicielles qui forment un palimpseste numérique dans les systèmes d’exploitation, les exécutables et les serveurs. Des cercles d’initiés, formés par des personnes ayant arpenté le chemin de l’apprentissage de la programmation et des langages, détiendraient des parcelles de ce savoir tandis que des mythes de l’origine (dans un garage) sont disséminés sur la toile. La connaissance est à la disposition de tous, mais il faut être initié pour la recevoir.

    Ainsi, un ordre originel se cache derrière l’apparence de chaos de la profusion créative et des fioritures esthétiques. L’aridité des lignes de code, dans lesquelles est traduite l’intégralité des réalisations numériques, aussi esthétiques et artistiques soient-elles, reste dissimulée aux yeux du néophyte, qui est une manière courtoise de décrire un profane qui ne connaitrait pas la symbolique du nombre « 42 » (Adams, 1979).

    Ceux qui souhaitent partager ces savoirs ont créé les premières communautés virtuelles (Rheingold, 1993) avec un modérateur, des participants et un imaginaire partiellement puisé dans les œuvres de fiction de la fin du XIXe et du XXe siècle. Certains textes sont considérés comme fondateurs ou « cultes ». Ce sont des références telles que « le problème de Turing » (Harrison, Minsky, 1998), « Star Trek » (Roddenberry, 1964), et la majorité des longs romans de type médiéval fantastique comme « Le seigneur des anneaux » (Tolkien, 1973).

    Ces œuvres épiques puisent à l’aune de croyances anciennes et d’habitus machiniques habités par des intentions de natures humaines. Elles fonctionnent comme des arkés, des moules à partir desquels de nouvelles images peuvent se développer. Elles peuvent être interprétées, au même titre que les traces qu’elles ont laissées dans les mythèmes informatiques au regard de structures anthropologies de l’imaginaire.

    Le structuralisme, avec sa perspective humaniste, souligne le caractère « programmé » du vivant, par ses gènes, ce qui se manifeste dans des « universaux de comportements » (Eibl Ebesfeldt, 1973) et par la culture et le mythe, qui sont des formes de modernité (Levi-Strauss, 1962).

    Cette généralisation autorise l’élargissement le périmètre de la recherche à des communautés plus accessibles afin d’explorer avec elles les traces d’imaginaire parmi leurs ressortissants. Aussi, nous évoquerons les phases de prospection, de ritualisation, de découverte, de prise de rôle puis de déclin dans ces espaces privilégiés qui, opposent le petit dedans au grand dehors, la communauté à la société, le partage et l’échange semi-oral du courriel et du texto à la commercialisation et à la médiation de masse. Internet y est décrit comme une « source de hasards » en référence au choix d’un forum plutôt que d’un autre.

    Des mots forts associés à de la synchronicité (Jung, 1888) ont été entendus, tout comme des propos sur l’éthique, l’ambivalence et des références à une grande idée de liberté empreinte de nostalgie. Le vécu de la technologie est habité par des imaginaires et leur analyse fournit un champ d’investigation fécond.

    Aussi, les lieux virtuels sont-ils des domaines capables d’enracinements même si ce sont des espaces vécus au présent. Il y a 20 ans, l’inventeur de l’expression « communauté virtuelle » assurait déjà que « d’emblée », il ressentit le Well « comme une vraie communauté parce qu’il était également lié à sa vie de tous les jours ». L’imaginaire technique n’est pas constitué des seules supputations sur « l’existence d’objets que l’individu peut entrevoir aujourd’hui mais dont il ne disposera que « demain » (Gobert, 2000, p. 26). Il questionne particulièrement les pratiques et les usages car ce qui alimente les croyances est avant tout de l’ordre du ressenti, du sentiment et des représentations.

    « Tout un délire traverse le social » (Durand G., 1993) dès lors qu’il s’agit de technologies.

    Ainsi, le raisonnement rationnel ne suffit plus à fournir un cadre à ce qui, par la multiplication des fonctionnalités et le nombre d’utilisateurs dont chacun actualise sa propre consocréation (Gobert, 2008), ses formes de présence (Turkle 1995) et ses imaginaires, relève du registre de la complexité.

     

    C’est pourquoi cette communication évoquera dans un premier temps la tension qui met en dialectique les formes mécanistes de la technique et les fluctuations du vécu et des imaginaires qui lui sont associées. Après un rappel définitionnel sur l’imaginaire et les ancrages théoriques sur les textes classiques (Durand, Morin, Thomas, Jung), le propos soulignera le rôle de l’imaginaire dans les pratiques et usages des nouvelles technologies, et cela plus particulièrement dans le contexte sensible de l’apprentissage instrumenté par des dispositifs numériques.

    Les éléments seront appuyés par l’observation participante et des entretiens semi-directifs effectués avec deux populations d’apprenants aux caractéristiques très différentes. Les résultats mettent en lumière l’actualité des travaux de Gilbert Durand et l’importante d’un imaginaire compris comme un « un système dynamique organisateur des images ». Ainsi, Crede mihi, plus est quam quo videatur imago (Ovide, Héroïdes, 13, 53) « Crois moi, l’image, c’est plus qu’une image ».

     

    Bibliographie indicative

    Adams D. (1982), Guide du voyageur intergalactique, Paris : Denoël, Série H2G2, trad. J. Bonnefoy, ed. orig. 1979.

    Aristote (2008), Métaphysiques, Paris : Garnier Flammarion, éd. orig 4e sicèle av. J.-C.

    Durand G. (1993), Les structures anthropologiques de l’imaginaire, Paris : Dunod.

    Eibl Ebesfeldt I. (1973), L’homme programmé, Paris : Flammarion.

    Escarpit R. (1995), L’information et la communication, Paris : Hachette.

    Flichy P. (2005), « La place de l’imaginaire dans l’action, le cas d’Internet », Réseaux, Paris : La découverte, n° 109, pp. 52 à 73.

    Gobert T. (2000), Qualification des interactions observables entre l’homme et les machines numériques dotées d’interfaces à modalités sensibles, Lille : Septentrion, éd. 2003.

    Gobert T. (2008) « Consommer pour créer, créer en consommant, la consocréation », Do it yourself, Ax les Thermes : Ludovia 2008, du 27 au 29 août 2008

    Harrison H., Minsky M. (1998), Le problème de Turing, Paris : Le Livre de Poche, trad. Sigaud B., éd. orig. 1992.

    Jung C.-G. (1929), Synchronicité et Paracelsica & Jung C.-G., Kerényi C. (1958) Introduction à l’essence de la mythologie, Lausane : PBB.

    Levi-Strauss C. (1962), La Pensée Sauvage, Paris : Plon, 1962.

    Ovide (2005), L’Héroïde, Paris : Belles Lettres, trad. Bornecque H., orig. 29 et 19 av. J.-C.

    Ovide (2012), l’Enéide, chant I, Paris : Albin Michel, trad. Vyen P., orig. 29 et 19 av. J.-C.

    Perret, 1955, Que diriez-vous du mot ordinateur ? Lettre du 16 avril 1955.

    Rheingold H. (1993), The virtual community, Homesteading on the Electronic Frontier, Addison-Wesley, trad. Lumbroso L., http://www.well.com/~hlr/texts/VCFRIntro.html

    Roddenberry G., (1964), Star Trek 1, first draft, http://leethomson.myzen.co.uk/, 16 pp.

    Thomas J. (1998), Introduction aux méthodologies de l’imaginaire, Elipses,

    Tolkien J.-R.-R. (1973), Le seigneur des anneaux, Paris : Bourgeois, trad. Francis Ledoux, ed. orig. 1955

    Von Neumann J. (1957), L’ordinateur et le cerveau, Paris : Flammarion, trad. Pignon D., ed. orig. 1958.

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  • L’art de la photographie numérique : les relations des imaginaires à la technique.

    L’art de la photographie numérique : les relations des imaginaires à la technique.

    imaginaireNotre communication s’inscrit dans l’axe de l’art numérique.

    Notre recherche pluridisciplinaire (histoire de l’art et anthropologie des techniques)  touche aux pratiques photographiques numériques lorsqu’elles simulent des aspects caractéristiques de la photographie argentique (grains photographiques, vieillissement des couleurs, marge blanche).

    Nous questionnerons plus spécifiquement ici les  imaginaires produits  dans le cadre d’une pratique photographique numérique au travers de photographies mais aussi des discours sur ces photographies et/ou la photographie numérique.

    En effet, dans le contexte d’une réflexion sur la relation entre l’imaginaire et la technique numérique photographique au travers d’œuvres, il nous semble indispensable d’analyser à la fois le processus numérique en tant que système machinique ainsi que les discours sur ce système car « La chambre noire se définit comme un agencement, au sens où l’entend Gilles Deleuze : elle « est à la fois, et inséparablement, d’une part agencement machinique et d’autre part agencement d’énonciation » « (Crary,1994 : 59‑50).

    C’est à  partir d’une approche moderniste de la technique photographique (Moholy-Nagy 1993) qui trouve un prolongement avec Flusser (1996) que nous définirons dans cette communication deux types de relation  entre l’imaginaire et la technique photographique numérique.

    Le premier repose sur un imaginaire de la technique qui est le résultat d’une recherche sur la technique où l’artiste traque les « marges d’indétermination » (Simondon, 1989) de l’appareil photo numérique. De cet imaginaire peut alors surgir de nouvelles potentialités, proposant d’autres usages qui dépassent la programmatique prévue par l’appareil photo. Le second type consiste davantage en l’utilisation de la technique pour produire un imaginaire photographique qui se fait tantôt critique de certains aspects du monde contemporain (prédominance d’une approche quantitative du monde, par exemple),  tantôt critique des conséquences de la technique numérique dans le  champ de la photographie (omniprésence des appareils photographiques et pollution de notre environnement visuel).

    Au travers de multiples exemples, nous soulignerons deux aspects. Premièrement, la majorité des productions artistiques sont de l’ordre de la seconde typologie. Ensuite,  les imaginaires construits ne sont pas réellement lié à la nature de la technique photographique numérique car ils sont basés sur des possibilités techniques qui existaient déjà via la photographie analogique (photomontage illusionniste ou surréaliste, retouche).

    En quoi les imaginaires sont-ils donc attachés à la technique numérique ?

    Bibliographie :
    Guedj, Romain, « Le je(u) des possibles », in Denis Bernard. Écarts, éclairs et corps : nouvelle étreinte photographique. Lyon: Fage éditions, 2010, 154-161.
    Guedj, Romain, « Les vues panoramiques de Jean Giletta », in Jean-Paul Potron, Jean Gilletta photographe de la riviera, Gilletta-Nice Matin, Nice, 2007, p.52-57
    Guedj, Romain, « La plaque albuminée sur verre, une identité perdue », Diplôme d’Études Approfondies, Centre d’Histoire et des Techniques du CNAM, 2006.

    Note de positionnement scientifique :
    Je suis actuellement doctorant dans le département de sociologie à l’Université du Québec à Montréal, Montréal QC, Canada (section sociologie de la culture).
    Cette communication est élaborée à partir d’une recension de sources écrites publiées et à partir de photographies exposées et/ou publiées.

    Références :
    Barboza, Pierre. Du photographique au numérique : la parenthèse indicielle dans l’histoire des images. 1 vol. Champs visuels. Paris: l’Harmattan, 1996.
    Batchen, Geoffrey. « Phantasm: Digital Imaging and the Death of Photography ». In Art and electronic media, par Edward A Shanken, 209‑211. London: Phaidon Press, 2009.
    Crary, Jonathan. L’art De L’observateur: Vision Et Modernité Au XIXe Siècle. Rayon photo. Nîmes: Éditions Jacqueline Chambon, 1994.
    Huyghe, Pierre-Damien (sous la direction de). L’art au temps des appareils. Esthétiques. Paris: L’Harmattan, 2005.
    Flusser, Vilém. Pour une philosophie de la photographie. Traduit par Jean
    Mouchard. 1 vol. Saulxures, France: Circé, 1996.
    Lister, Martin. « Photography in the Age of Electronic Imaging ». In Photography: A Critical Introduction, 295‑336. Routledge. London, 2004.
    Manovich, L. « The paradoxes of digital photography ». Photography after photography (1995): 57–65.
    ————–. The language of new media. Cambridge, MassMIT Press, 2001.
    Mitchell, William J. The reconfigured eye : visual truth in the post-photographic era. 1 vol. Cambridge (Mass.) ; London: MIT Press, 1992.
    Moholy-Nagy, László, et Dominique Baqué. 1993. Peinture, photographie, film et autres écrits sur la photographie. Traduit par Catherine Wermester, Jean Kempf, et G. Daltez. Rayon photo. Nîmes: J. Chambon.
    Ritchin, Fred. After photography. New York, NY: WWNorton & company, 2010.
    Simondon, Gilbert. Du mode d’existence des objets techniques. R.E.S. L’Invention philosophique. [Paris]: Aubier, 1989.
    Wolf, Sylvia. The digital eye : photographic art in the electronic age. Munich: Prestel ; Seattle, WA, 2010.
    L’art Au Temps Des Appareils. Esthétiques. Paris: L’Harmattan, 2005.

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  • Des ambiguïte entre imaginaire et fiction numerique dans l’institution scolaire

    Des ambiguïte entre imaginaire et fiction numerique dans l’institution scolaire

    imaginaireIl s’agira d’examiner dans quelle mesure le rapport que l’institution scolaire entretient avec les fictions numériques  est le prolongement du statut de l’imagination dans cette institution.

    En effet, les rapports ambigus qu’entretient la sphère éducative avec la question de l’imagination- plus spécifiquement l’imagination dans le cadre de la fiction littéraire- sont bien connus dans les recherches historiques sur la littérature de jeunesse. En France, prime une conception rationaliste de l’éducation dont  une des origines philosophiques est une certaine interprétation pédagogique du kantisme, défendue entre autres par Piaget.

    Ce qu’a retenu l’institution scolaire de la Critique de la raison pure est que l’imagination a un rôle déterminant dans l’acte de la connaissance en ce qu’elle produit les images nécessaires – les schèmes – pour que les données sensibles viennent se ranger sous les catégories de l’entendement. En revanche, ce que cette même institution a oblitéré, bridé du kantisme est l’imagination en tant que faculté débridée, libre créatrice d’images, constituant un imaginaire absolument nécessaire et décisif à la formation d’une personne. Cette oblitération se retrouve tout au long du XIXe siècle et jusqu’au début du XXe siècle.

    Les contes merveilleux n’ont ainsi aucune légitimité scolaire, leur part imaginaire est considérée comme dangereuse, pervertissante (Nière Chevrel, 2009), et ils ne sont pas plus conseillés en tant que lecture privée. Duborgel, dans Imaginaire et pédagogie a mis en évidence le rôle des images dans cette méfiance. Cela explique sans doute en partie pourquoi le cinéma et  la bande dessinée  tardent à se légitimer à l’école. Enfin, il nous semble que la dimension économique est un autre facteur de méfiance : la sphère éducative rejette tout lien trop explicite avec l’industrie.

    Dès lors, le rapport que l’institution scolaire entretient avec le  numérique est extrêmement ambigu, en ce qu’il cumule place des images, dimension industrielle et rôle de l’imagination.

    Tant qu’il est un outil permettant d’améliorer des performances « techniques » (gagner en rapidité, alléger les cartables…) il est accepté, mais si on l’associe au pouvoir de l’imagination, il devient inquiétant : cela rejoint donc la question de la fiction, et  la peur de l’identification qu’elle générerait dans de jeunes esprits.

    Pourtant, dans le même temps, depuis les années 1970/80 l’institution scolaire, du fait de la massification, considère qu’elle doit tenir compte des pratiques extra scolaires, qui, actuellement, sont fortement liées au numérique, et plus spécifiquement  aux pratiques  vidéoludiques…

    Dès lors elle accepte un certain imaginaire du numérique, notamment vidéoludique, mais en le bridant, en le scolarisant, de même qu’elle a scolarisé la fiction littéraire par le bais d’exercices qui ne permettaient pas à l’identification de se mettre en place (extraits, morceaux choisis…)

    Cet imaginaire bridé du numérique est manifeste dans l’absence d’imagination dont font preuve les concepteurs de serious games scolaires, ou de manuels numériques, parce qu’ils ont une représentation de la discipline, de l’outil, des apprentissages assez passéistes.

    Bibliographie indicative

    BANTIGNY, Ludivine, « Les deux écoles. Culture scolaire, culture de jeunes : genèse et troubles d’une rencontre (1960-1980) », Revue française de pédagogie, n° 163, 2008, p. 15-25.

    CHARTIER Anne-Marie, et HEBRARD Jean, Discours sur la lecture (1880-2000), Paris, Fayard-BPI, (2e édition, revue et augmentée), 2000.

    DUBORGEL, Bruno, Imaginaire et pédagogie, Le sourire qui mord, 1983.

    KANT, Emmanuel, Critique de la Raison pure, 1788. Traité de pédagogie, 1798

    NIERES-CHEVREL, Isabelle, Introduction à la littérature de jeunesse, Didier jeunesse, 2009.

    Les manuels scolaires : situation et perspectives, Rapport à monsieur le ministre de l’éducation nationale, de la jeunesse et de la vie associative, 2012 [cache.media.education.gouv.fr/file/2012/07/3/Rapport-IGEN-2012-036-Les-manuels-scolaires-situation-et-perspectives_225073.pdf]

    Manuel numérique : dossier (2011). Paris : France. Ministère de l’Éducation nationale. 

    [http://eduscol.education.fr/numerique/dossier/manuel]

     publications récentes de Laetitia Perret

    « Regard fasciné, œil ouvert Approche comparative des versions numérique et papier d’un album de littérature jeunesse pour le cycle 3 » écrit avec Emilie Rémond-Paradossi, Pierre J. Truchot, Olivier Rampnoux, Documents numériques, Hermes-Lavoisier, 2013.

    « De la légitimation à la patrimonialisation :  destinée scolaire des fictions enfantines, du conte au jeu vidéo», en collaboration avec Emilie Rémond, Champion , 2014, 13èmes rencontres des chercheurs en didactique de la littérature: École et patrimoines littéraires  quelles tensions, quels usages aujourd’hui ? Université de Cergy-Pontoise (site de Gennevilliers) les 29, 30 et 31 mars 2012

    «  Clara et Noé, une articulation problématique entre jeu et apprentissage en sciences expérimentales », écrit avec Emilie Rémond- Paradossi, Argos, SCEREN-CRDP académie de Créteil, décembre  2012

    Dernières publications de Pierre J. Truchot en ce domaine 

     Serious games/art games : un (bon) mélange des arts, in Argos, décembre 2012, n° 50.

    « Regard fasciné, œil ouvert Approche comparative des versions numérique et papier d’un album de littérature jeunesse pour le cycle 3 » écrit avec Emilie Rémond- Paradossi, Pierre J. Truchot, Olivier Rampnoux, Documents numériques, Hermes-Lavoisier, 2013.

     Plus d’infos sur le programme du colloque scientifique LUDOVIA 2013 ici

  • L’imaginaire des TIC en questions

    L’imaginaire des TIC en questions

    imaginaire

    Comme le souligne avec finesse L. Sfez, « Il y aurait ainsi une collection d’imaginaires particuliers propres à des métiers, professions ou vocation : un imaginaire bâtisseur, un imaginaire des techniques de pointe, un imaginaire de la technique (sans pointe), un imaginaire social (encore plus vaste), un imaginaire de la Renaissance, etc. Le terme ennoblit la chose, il porte la technique au rang même de l’Art, avec un grand A, auquel on réfère généralement ce qui appartient à l’imagination, à la création (…). Dire [que la technique] a un imaginaire, c’est la doter d’un réservoir quasi inépuisable de figures (…) » (Voir Sfez L., Technique et idéologie, Le Seuil, Paris, 2002.p. 33-34).

    L. Sfez, s’il accepte semble-t-il les imaginaires socio-anthropologiques, n’est guère enthousiasmé par la notion d’imaginaire des techniques, mérite-t-elle vraiment un tel opprobre ?

    Nous voudrions dresser, dans cette communication, une sorte de bilan critique de l’usage de la notion d’imaginaire en sociologie de la technique et singulièrement des TIC à travers une série de questions qui, toutes, convergent vers cette thèse : l’imaginaire des TIC est construit pour rassurer. Cependant, cet imaginaire ne rassure pas en ouvrant la discussion mais en la fermant. Qui plus est, bizarrement ou paradoxalement, on cherche à se rassurer avec une notion qui n’est pas forcément stable…

    nous commencerons par un petit détour, afin de nous assurer que notre perception n’est pas le fruit d’un biais introduit par l’usage de la notion en sociologie des techniques (première question), puis nous interrogerons son usage en sociologie des TIC et nous en montrerons les limites (à travers les quatre autres questions), avant de revenir sur d’éventuelles alternatives (avec l’avant dernière question) et de conclure sur l’existence d’un imaginaire de l‘imaginaire (conclusion).

    • L’imaginaire (en général) : une notion dure ou une notion molle, soumise à des dérapages incontrôlés ?

    La notion d’imaginaire est-elle « stable », stabilisée et stabilisante ? Nous prendrons tout d’abord deux exemples, loin de la sociologie : un historien (G. Duby) et un philosophe (J. Brun). L’un a publié un livre devenu célèbre, les trois ordres ou l’imaginaire du féodalisme (Gallimard, 1978), l’autre un livre de philosophie de la technique (le rêve et la machine, la Table Ronde, 1992). L’un est loin de nos préoccupations, l’autre s’en rapproche.

    Or dans les deux cas, il est possible de montrer que la notion d’imaginaire (ou ses substituts, rêves et mythes) ne renforce pas le raisonnement, mais tout au contraire soit introduit une notion inutile, une sorte de leurre, soit introduit des dérapages.

    • L’imaginaire des TIC : l’imaginaire est-il une question ou une réponse ?  

    Tout discours qui porte sur les TIC relève-t-il de l’imaginaire ? Certains semblent le penser, là encore en ne laissant pas la place à d’autres qualifications…ce qui est pour le moins discutable et que nous voudrions discuter. Nous montrerons que cette notion, loin d’offrir un cadre d’intelligibilité des TIC susceptible de construire l’enquête, est utilisée comme une sorte de réponse a priori : si il y a innovation, alors le discours porteur de cette innovation est a priori un imaginaire, par position en quelque sorte, sans autre inventaire.

    La notion d’imaginaire ne sert pas à penser les TIC dans leur spécificité à l’aide de catégories nouvelles adaptées. Autrement dit, elle sert moins à comprendre qu’à rassurer le sociologue : car, avec cette notion il pense détenir un outil efficace d’arraisonnement de ce qui échappe largement à sa culture, à savoir la technique. A coté de l’usage, l’imaginaire permet de parler de la technique sans s’affronter véritablement à la technique, puisqu’il est question de ses représentations sociales.

    • L’imaginaire des TIC : de quoi s’agit-il, de quoi parle-t-on ? Utopie, mythe ou idéologie ?

    On emploie beaucoup le mot de mythe aujourd’hui…comme pour dire que notre société, comme toutes les autres, possède ses propres mythes, qu’elle n’est pas si différente…mais n’est-ce pas également une manière d’éviter de penser cette différence ? Non pour la construire comme une rupture radicale, mais pour souligner ce qui continue et ce qui se transforme…y compris dans les représentations sociales.

    On mobilise également beaucoup la notion d’utopie (Breton, Philippe, L’utopie de la communication, La découverte, 1992), pour, là encore, se rassurer et se dire que l’utopie a encore sa place dans notre société, que nous ne sommes pas tant que cela dans une société du vide (Yves Barel, La société du vide, Le seuil, 1984). Enfin, lorsque l’on emploie la notion d’idéologie, c’est dans une définition douce, « soft » d’outil d’intégration à un groupe (pour l’usage de ces notions, cf. Patrice Flichy, L’imaginaire d’internet, la découverte, 2001). La notion d’imaginaire est alors porteuse d’espoir(s) et rassure là aussi.

    • L’imaginaire des TIC : à quoi sert la notion d’imaginaire ?

    Si tout discours social sur la technique relève de l’imaginaire, la question de la qualification même de ce discours ne se pose plus ; il renvoie à du connu et la technique, elle-même, n’est plus étrangère, comme le pensent les sociologues qui traquent volontiers le déterminisme technique, mais redevable d’un imaginaire, comme n’importe quelle autre activité sociale. Normalisation sociale rassurante de la technique.

    Quelle relation la technique entretient-elle avec la culture ? Est-elle le véhicule logistique du symbolique comme le pense R. Debray (Cours de médiologie générale, Gallimard, Paris, 1991) ou est-elle l’Autre de la culture comme l’affirme le philosophe G. Hottois (Le signe et la technique, Aubier, 1984) ? L’imaginaire renverse la question, puisqu’il ne s’interroge pas sur ce que la technique fait à la culture, mais travaille sur ce que la culture fait à la technique. Car l’imaginaire récupère et réintègre la technique dans la culture. Normalisation anthropologique, rassurante là encore,  de la technique.

    • L’imaginaire des TIC : un discours critique ?  

    L’imaginaire porte un discours qui, en définitive, permet de justifier la nécessité du développement des TIC. Car il justifie les pratiques et comportements des acteurs : en effet, si telle ou telle proposition, position ou décision, relève de l’imaginaire, alors c’est le droit de celui qui la profère de la tenir, au nom de quoi le critiquer ?

    Dès lors, cet imaginaire fonctionne à la fois comme une machine à entériner et quelque part à légitimer ces représentations et ces actions. L’imaginaire devient alors une machine discursive à récuser la posture critique. Sous son couvert, la technique qui fait l’objet d’une simple opération de marketing politique (comme lorsqu’A. Gore a enrôlé les TIC dans son programme d’autoroutes de l’information par exemple) devient, abusivement, de l’imaginaire. Sous son couvert la technique ne pose pas question à la société, et notamment pas de questions politiques (sur les libertés, l’espace public etc.).

    • L’imaginaire : existe-t-il des alternatives ?

    Selon L. Sfez (op cit) les TIC sont munies d’une imagerie, qui n’est pas un imaginaire, car il lui manque une véritable cohérence symbolique ; cette imagerie participe à l’imposition d’une idéologie de la technique qui permet de la naturaliser.

    Les représentations sociales sont portées par ce que j’appelle un macro-techno-discours (un MTD). J’ai proposé la notion d’impensé informatique (Robert 2012, les éditions des archives contemporaines) pour rendre compte du fonctionnement du discours ( le macro-techno-discours) que notre société se propose elle-même sur sa propre informatique (et ses TIC) ; mais cette qualification n’est pas un a priori, elle fait l’objet d’une enquête qui montre (ou non) qu’il s’agit bien de la logique de l’impensé, caractérisée par certaines opérations et stratégies repérables ou non dans les discours.

    La prise en compte de cet impensé incite le chercheur à faire des propositions pour penser les TIC, mais à travers un jeu de catégories qui ne sont ni celles de la techniques ni celles de la sociologie (tout en leur restant compatible) (Cf. Pascal Robert, Mnémotechnologies, une théorie générale critique des technologies intellectuelles, Hermès, 2010). Ce que ne permet pas la notion d’imaginaire.

    • Conclusion : un imaginaire de l’imaginaire ?

    Notre société a manifestement besoin d’une telle notion pour se rassurer. Il s‘agit, dés lors, d’en faire la sociologie et non de l’entériner comme outil à vocation scientifique. Or, certains sociologues, proches peut être de grands groupes de télécommunications, n’hésitent pas à la promouvoir comme baguette magique du décryptage de nos TIC. Voilà une approche qui, dans sa facilité même, et parce qu’elle rassure, est susceptible d’intéresser les journalistes. Autrement dit, notre société a développé un véritable imaginaire de l’imaginaire comme substitut (partiel) aux grands récits ; démarche qui porte l’idéologie de la communication au lieu de la critiquer.

    Pascal robert est professeur en sciences de l’information et de la communication à l’ENSSIB (Ecole nationale supérieure des sciences de l’information et des bibliothèques), Université de Lyon, membre du laboratoire Elico EA 4147.

    Publications et communications récentes (2011-2012)

    Livres :

    L’impensé informatique, critique du mode d’existence idéologique des TIC, volume 1, les années 70-80, éditions des archives contemporaines, Paris, 2012.

    Chapitre d’ouvrage :

    « Esquisse d’une archéologie de l’informatique communicante », projet d’une histoire du logiciel libre, Editions Framabook, à paraître.

    Communication à des colloques :

    « Pour une « culture du numérique », colloque de la SFSIC 2012, Rennes, Juin 2012.

    En collaboration avec N. Pinède, « Le document numérique : un nouvel équipement politique de la mémoire sociale ? », colloque international Cossi 2012, Poitiers, 19 et 20 juin 2012.

    « Critique de la « gestionnarisation », colloque international EUTIC 2011, Transformation des organisations : évolution des problématiques et mutations fonctionnelles, Bruxelles, 23-25 novembre 2011.

    « Les revues de micro-informatique sont-elles porteuses d’une « culture technique » de l’informatique ? Une approche socio-sémiotique », colloque international de Strasbourg sur « Les cultures des sciences en Europe, Volet 2 : dispositifs, publics acteurs et institutions », Strasbourg, 13-15 octobre 2011.

    Articles :

    « Pour une anthropologie du virtuel, Virtuel, jeux vidéo et paradoxe de la simultanéité », MEI, N°37, L’Harmattan, Paris, à paraitre.

    Positionnement scientifique

    • Section scientifique de rattachement : sciences de l’information et de la communication (71°section).
    • Ma proposition de communication se veut un bilan critique d’une démarche, sous forme de questions. En ce sens, le vocabulaire issue des sciences dites « dures » est quelque peu décalé : la « méthode » consiste ici à critiquer une position en en montrant les a priori cachés et les conséquences politiques masquées ; le « terrain » correspond au corpus d’auteurs critiqués (P. Flichy, P. Breton etc.)
    • Références : elles sont indiquées dans le corps du texte.Plus d’infos sur le programme du colloque scientifique LUDOVIA 2013 ici
  • Distorsion et réappropriation : le jeu vidéo comme imaginaire de l’activité

    Distorsion et réappropriation : le jeu vidéo comme imaginaire de l’activité

    imaginaire

    Que désigne-t-on sous le terme d’imaginaire vidéoludique ? S’agit-il d’évoquer l’ensemble des représentations véhiculées par le corps social à l’endroit du jeu vidéo et de ses pratiques ? Parle-t-on plutôt des différents mondes et thématiques imaginaires traités par le médium vidéoludique ? Ou renvoie-t-on plutôt à la gamme des expériences vidéoludiques possibles, qu’elles soient présentement imaginées ou qu’elles restent à imaginer ?

    Au-delà de la pluralité d’acceptions que peut recouvrir cette notion, on émettra le postulat suivant :

    l’imaginaire vidéoludique, c’est d’abord une certaine image que le joueur se fait de sa propre activité.

    La vérification de cette hypothèse passera par une explicitation de la nature de cette image, de sa structure et de son mode de constitution. Pour ce faire, nous commencerons par examiner  le type de relation qui noue le joueur à son jeu.

    On montrera comment ce caractère relationnel est conditionné par les propriétés formelles de l’objet-jeu, mais aussi par le type de rapport que suppose toute posture ludique. il s’agira ensuite d’étudier la teneur même de l’activité vidéoludique. En d’autres termes, il s’agira de répondre à cette question : qu’est-ce que fait le joueur, lorsqu’il joue ? Nous adopterons ici une méthode de style phénoménologique.

    Notre réflexion partira d’un examen de l’activité ludique entendue comme pratique consistant à appuyer sur des boutons. Que fait un joueur pour jouer ? Il appuie sur la croix directionnelle, déplace la souris, maintient une touche enclenchée. En quoi cette activité pourrait-elle alimenter un vécu riche de sens et consécutivement, nourrir un imaginaire prétendument dense ?

    L’imaginaire vidéoludique se caractériserait-il par son éminente pauvreté ? Si l’on demande à un joueur ce qu’il fait dans un jeu, on peut douter que celui-ci la décrive comme pratique consistant à appuyer sur des boutons. Celui-ci parlera plutôt des actions de haute voltige qu’il a pu réaliser, des ordres qu’il a pu donner ou encore des étendues qu’il a pu parcourir.  La juxtaposition de ces deux descriptions fait ressortir l’existence d’un différentiel entre deux régimes d’action, lesquels viennent pourtant définir en propre ce qu’est jouer. Il s’agira d’élucider la nature de ce différentiel entre action effective (j’appuie sur un bouton) et forme de l’action (je vois mon personnage sauter), et de voir comment cette disjonction altère le vécu du joueur, dans son contenu comme dans son mode d’écoulement.

    Cette tâche supposera qu’on s’enquiert prioritairement du sens que le joueur assigne à son activité, en tant qu’activité traversée par une disjonction. Quel sens assigne-t-il à l’action effective qu’il réalise, compte tenu de la forme que prend cette action à l’écran ? Jusqu’à quel point le joueur considère-t-il l’activité visible à l’écran comme étant significative de son action effective ?

    L’analyse des présupposés qui sous-tendent ces questions nous amènera à spécifier ce que ce différentiel recouvre. On montrera ainsi que la différence entre action effective et forme de l’action ne relève pas d’une logique d’amplification, qu’une action effective peut se traduire à l’écran de fort différentes manières, et que cela n’est jamais seulement fonction de ce que le joueur a fait, mais des choix de design pris par le concepteur.

    Plus encore, on montrera que la possibilité même de ce choix de design résulte d’un autre type de différence, non plus entre une action et son mode de manifestation, mais entre un geste et sa traduction dans un environnement numérique. Il s’agira de cerner les implications sous-jacentes à cette disjonction de nature très particulière, à fortiori lorsqu’elle n’est pas manifeste. Enfin, on verra comment cette détermination technique ouvre à la possibilité de voir certaines actions prendre des formes non-anticipées, que cela résulte des propriétés émergentes du système ou d’une erreur de programmation.

    Au terme de cette étude, nous serons alors en mesure de montrer en quoi le joueur est nécessairement affecté par ce différentiel et l’effet de distorsion qu’il produit.

    Le joueur, lorsqu’il joue, doit toujours négocier avec ce différentiel et décider si oui ou non, il considère la forme que prend son action comme relevant de son agir propre.

    C’est en prenant en compte cet élément qu’on pourra caractériser le type d’image qu’un joueur peut se faire de sa propre activité et consécutivement, le type d’imaginaire qui en découle.

    Communications publiques (sélection)

     28/01/2013           Communication « Le transmédia comme approche circulatoire », dans le cadre de la journée d’étude PraTIC « Transmédia : quelles traversées des écrans ?»

    16/06/2012           Communication « Paramètres de la variation ludique », Games Studies ? A la française ! « Pouvoirs des jeux vidéo », organisé par l’OMNSH.

    05/06/2012           Communication « Autorisation, usage et transmission du pouvoir-jouer », dans le cadre du  colloque « Pouvoirs des jeux vidéo », Lausanne, Suisse.

    09/02/2012           Communication « L’Imaginaire des jeux vidéo », dans le cadre du Séminaire Imaginaire – Technologie, organisé par l’ESAD et l’Institut Télécom

    23/01/2012           Communication « Interfaçage et jeu vidéo : les triangulations avatars/écrans/joueurs », dans le cadre de la journée d’étude PraTIC « Images, interfaçages et corps ».

    Note de positionnement scientifique

    Notre section scientifique de rattachement est la section 17 du CNU.

    Notre méthode mobilise deux approches distinctes et complémentaires. Elle s’inscrit d’une part dans une démarche phénoménologique, et se déploie selon un mode de questionnement d’inspiration heideggérienne. Par ailleurs, nous adossons à cette approche phénoménologique un mode d’analyse de type ludologique, avec pour volonté de traiter la question du jeu sous l’angle de la systémique.

    Références

    Bachimont, Le sens de la technique : le numérique et le calcul, Les Belles Lettres, 2010

    Heidegger, Etre et Temps, Paris, Gallimard, 1986

    Juul Jesper, The Art of Failure, The MIT Press, 2013

    Järvinen Aki, Games without frontiers, VDM Verlag, 2009

    Katie Salen, Eric Zimmerman, Rules of Play, The MIT Press, 2003

    Manola Antonioli, Jean-Hugues Barthélémy, Elena Bovo et al., Phénoménologie et technique(s), le cercle herméneutique, 2008

     

    Plus d’infos sur le programme du colloque scientifique LUDOVIA 2013 ici

  • Les étudiants ne sont pas des mutants !

    Les étudiants ne sont pas des mutants !

    cyborg
    Cela vaut aussi pour les étudiants qui ne sont pas les mutants numériques que l’on se laisse aller à imaginer parfois, lorsqu’on les assimile à des « agents » d’une révolution sociétale à l’œuvre.

    Cela semble évident… Et pourtant, nous sommes imprégnés depuis une dizaine d’années maintenant des discours sur la faillite du système scolaire qui échouerait à intégrer les technologies numériques et sur l’écart grandissant entre la société et l’école, qui contribuerait à expliquer le décrochage dans le secondaire et l’échec en premier cycle… !

    Au fondement de ces discours, on retrouve toutes les analyses sur cette génération d’abord dite Y (parce qu’elle succédait à la génération X, qui elle même suivait la génération W), maintenant couramment nommée C parce qu’elle Crée, Communique et Collabore.

    Les premiers travaux sont américains et remontent à la fin des années 1990. Certains ont connu – et connaissent encore – une fortune réelle, bien au-delà des frontières imposées par l’Atlantique ; ceux de Mark Prensky en particulier avec son incontournable formule opposant digital natives (les natifs du numérique) et digital immigrants (les migrants du numérique).

    Tous ces travaux s’appuient sur une argumentation binaire distinguant les pratiques (naturelles) de ceux nés dans les années 1980 et après, des pratiques adoptées (ou non) par ceux plus âgés qui n’ont pas été exposés aux technologies numériques dès leur naissance.

    Peu questionnée de prime abord, cette argumentation générationnelle est aujourd’hui soumise à l’examen de nombreuses études empiriques, dont nous allons tenter de rendre compte ici brièvement.

    Les étudiants sont-ils techno-compétents parce qu’ils utilisent beaucoup les TIC ?

    La réponse est facile, c’est non.
    Plusieurs éléments d’explication sont avancés. D’abord, les usages développés par les jeunes sont essentiellement de nature récréative : ils utilisent les TIC pour communiquer avec leurs proches (familles et pairs) et plus occasionnellement pour approfondir leurs centres d’intérêt ; les garçons jouent en ligne, les filles investissent davantage les réseaux sociaux.

    D’autres facteurs que le genre battent en brèche ces représentations d’une génération homogène : l’âge bien évidemment, car les lycéens, les néo-étudiants et les étudiants de 3e cycle ont des pratiques de loisirs différenciées, et aussi l’environnement culturel, car les jeunes Québécois sont de faibles consommateurs de SMS comparés aux Américains, tandis que les Français sont plus amateurs de blog que leurs homologues européens.

    Ces usages récréatifs sont quantitativement plus importants que les usages académiques et augmentent plus vite, grâce notamment à l’essor des équipements mobiles et à la convergence entre téléphonie et réseaux sociaux.

    Mais ces usages sont ceux du temps libre et nombre de lycéens et d’étudiants ne souscrivent pas à l’idée que l’institution doit les solliciter dans ces espaces « extimes » qui sont les leurs.

    Quoi qu’il en soit, la quantité ne fait pas non plus la qualité. L’observation met au jour des pratiques souvent peu spectaculaires. Une minorité d’étudiants développe des usages avancés et se montre pro-active dans l’adoption de nouvelles technologies ; elle joue finalement un rôle de prescripteur en œuvrant à la régénération des normes sociales. Mais la majorité reste silencieuse : il y a plus de followers que de leaders

    La plupart des typologies montre qu’un étudiant sur deux a des usages vraiment basiques, qui relèvent essentiellement de la réception : dans sa boîte à outils, on trouve Google, Facebook, YouTube et Wikipedia, point final ! Les usages impliquant une production, même mineure, sont rares ; les routines sont parfois profondément ancrées et s’apparentent plus à un appauvrissement du social qu’à une augmentation des possibilités humaines ; Jean-Michel Besnier parle d’« homme simplifié ».

    Autrement dit, les potentiels d’usage accentuent les inégalités : ce n’est pas tant l’existence de telle ou telle technologie qui impacte les valeurs et les attitudes que ces dernières qui influencent son usage.

    La différence se fait moins sur le fait d’être équipé ou pas : les étudiants sont de plus en plus nombreux à posséder un ordinateur portable par exemple. La fracture numérique s’est donc déplacée, elle n’a pas disparu.
    Les inégalités résident désormais davantage dans la nature et la qualité des équipements et dans l’amplitude et l’intensité des usages. On ne naît donc pas agile avec les technologies, on peut le devenir… ou pas.

    Les étudiants sont-ils critiques vis-à-vis des enseignants qui utilisent peu les TIC dans leurs cours ?

    La question paraît d’emblée moins évidente, mais là encore, il convient de répondre par la négative. Toutes les recherches empiriques montrent une préférence constante des étudiants pour un usage modéré des technologies numériques. Ils sont généralement satisfaits des fonctionnalités de communication et d’accès aux ressources fournies par les plateformes pédagogiques, et plébiscitent sans ambiguïté le côté « pratique ».

    Mais une technologie n’est pas identifiée comme un besoin pour les études et il n’y a pas de demande naturelle des étudiants pour plus de web 2.0, plus de blog, plus de wiki, plus de mondes virtuels, etc. En fait, ils imaginent difficilement des configurations différentes de celles qu’ils ont toujours connues, surtout au début de leurs études supérieures.

    Ainsi, ils ne souhaitent pas que les cours à distance, perçus comme adaptés aux apprentissages solitaires, remplacent les cours en présence, ni que les cours magistraux soient supprimés. Ils sont en revanche demandeurs de ressources à utiliser en autonomie et de méthodes pour être plus efficaces dans leur travail. Ils sont critiques, non pas quand les enseignants n’utilisent pas les TIC, mais quand ils les utilisent mal… et trouvent que ces derniers ont souvent une vision trop partielle des dispositifs numériques.

    En définitive, la technologie ne garantit pas la qualité d’un cours à leurs yeux, son adoption doit être évidente ou ne pas être… La qualité est donc ailleurs : dans la cohérence du cours (et des cours) et dans l’expérience vécue en cours, en particulier dans la communication avec les enseignants et entre pairs.

    Bien qu’ils tendent (et que nous tendions aussi) à surestimer leurs compétences, cette « présomption de compétences » évoquée par Michel Serres doit être relativisée. Les difficultés se cristallisent souvent autour de deux points : on observe des lacunes importantes pour tout ce qui concerne l’évaluation de l’information (effet « vu dans Google ») et une appréhension superficielle des questions de plagiat, de droit d’auteur et d’identité numérique.

    Mais les pratiques d’études n’ont pas évolué radicalement ces dernières années : le temps consacré aux études en dehors des cours reste faible, même si les technologies induisent un investissement plus chronophage.

    Les étudiants prennent par ailleurs assez peu d’initiatives : ils étudient comme on leur dit qu’il convient d’étudier : la dépendance à la consigne est démontrée dans plusieurs travaux et il est désormais tout-à-fait prouvé qu’ils ne savent pas spontanément tirer profit des opportunités en termes de flexibilité (temps) et de mobilité (espace).

    Autrement dit, les pratiques d’études sont largement conditionnées par les exigences académiques. La question du poids de la discipline mériterait sans doute d’être creusée.

    Parallèlement, aucune recherche ne met de façon probante en évidence l’apparition de nouveaux styles d’apprentissage. Les processus cognitifs ne semblent pas encore profondément impactés, même si les stimulations extérieures modifient effectivement l’activité des zones du cerveau.

    Les travaux sur la mémoire montrent que les étudiants se souviennent désormais plus aisément du « où et quand » ils ont accédé à telle information, plutôt que de l’information elle-même. Mais leur mémoire de travail reste limitée : le multitâche est opérant quand les tâches ne sont pas réellement en concurrence, c’est-à-dire dans une configuration où des tâches mineures sont juxtaposées à une tâche majeure.

    On observe également un affaiblissement de l’intelligence verbale au profit de formes d’intelligence plus visuo-spatiale. Mais les cerveaux de nos étudiants n’ont pas muté dans les dix dernières années… Il suffit, pour s’en convaincre, d’analyser les pratiques numériques de lecture et d’écriture. La prise de notes reste une difficulté majeure en première année et peu d’étudiants utilisent leur ordinateur portable.

    De même, la lecture sur écran, plus exigeante car elle oblige à être sélectif, à choisir son chemin via les hypertextes, à exercer son esprit critique, n’est pas innée. La littératie numérique n’est pas un prérequis : c’est un objectif à atteindre.

    Quels enseignements tirer de ces travaux ?

    Remettre en cause l’existence de cette génération internet, c’est réintroduire de la complexité là où on se contentait jusqu’alors de réifier les pratiques numériques et d’opposer celles des étudiants à celles des enseignants. Mais ces décalages de représentations ne sont pas irréversibles, ils sont d’ailleurs beaucoup moins marqués dans les pays d’Europe du Nord et en Allemagne, que dans les pays du Sud de l’Europe.

    Et les étudiants ne sont pas fermés au changement, comme l’a montré une enquête récente de la CRÉPUQ : ils réagissent positivement quand le cours offre des défis intellectuels intéressants, quand les exposés magistraux sont utilisés à bon escient, quand les ressources proposées sont pertinentes, quand l’évaluation fait sens par rapport aux savoirs et aux compétences sollicités pendant le cours, etc.

    Pour faire évoluer sa pratique pédagogique, il ne s’agit pas de s’interroger sur comment utiliser telle ou telle technologie, il s’agit bien de faire bouger ses représentations : cesser de raisonner en termes de déficit et s’affranchir des discours communs sur la génération internet qui, s’ils peuvent permettre de penser l’avenir (en fait on n’en sait rien), sont inopérants pour nous aider à comprendre et à agir dans le présent.

    Non, les étudiants ne sont pas naturellement agiles avec les technologies numériques !

    Oui, les enseignants peuvent (re)prendre le contrôle en misant sur la pédagogie.

    Il n’y a pas d’urgence à changer radicalement de pédagogie ; mais l’institution se doit de fournir aux enseignants un cadre structurant propice pour qu’ils renforcent leurs capacités (empowerment) individuellement et collectivement. Et les enseignants se doivent, non pas de transmettre un savoir, car d’un certaine façon, avec l’internet, il est déjà transmis, comme le dit si bien Michel Serres ; il leur revient en revanche de créer les conditions favorables à l’apprentissage et d’orchestrer ces opportunités.

    Source : Par Laure Endrizzi, Chargée d’étude et de recherche au service Veille et Analyses, Institut français de l’Éducation (ENS de Lyon)

    Lien article : www.unisciel.fr/les-etudiants-ne-sont-pas-des-mutants/

     

  • Des images pour les humanités digitales

    Des images pour les humanités digitales

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    Ces journées d’études seront l’occasion de réfléchir, partager et analyser les problématiques scientifiques et socio économiques liées aux humanités digitales. 2 jours de conférences et de symposiums permettront de croiser les regards entre acteurs publics et privés, chercheurs, experts et professionnels.

    Les 7 conférences plénières aborderont des thématiques transversales sous un angle transdisciplinaire de niveau international : les humanités digitales en France et leur organisation et les dynamiques internationales des humanités digitales.

    Partant de projets contextualisées à différents secteurs (3D, méthodes visuelles, indexation des vidéos, création de logiciels d’analyse filmique), ces contributions reviendront sur les apports des images dans les Humanités Digitales et services numériques, questionnant les méthodes et outils mobilisés dans le cadre du projet d’Institut des Humanités Digitales de Bordeaux.

    Plus d’infos :
    Consulter programme www.msha.fr/ihdb/je2013
    Pour s’inscrire www.msha.fr/ihdb/je2013/index.php/inscription

  • Les sites de rencontre : une passion des Français

    Les sites de rencontre : une passion des Français

    La chaire Économie numérique de l’Université Paris-Dauphine publie la troisième édition de son baromètre trimestriel de l’économie numérique, réalisé avec Médiamétrie, sur les attentes et les comportements des Français dans le domaine de l’économie numérique.

    « Les résultats de cette 3e vague montrent que l’internet est en train de prendre une place majeure dans toutes les composantes de la vie sociale des Français », commente Dominique Roux, responsable scientifique de la chaire Économie numérique. Les résultats sur l’usage des sites de rencontre par les Français internautes en sont un parfait exemple.

    Les sites de rencontre prisés par les Français
    La fréquentation des sites de rencontre est devenue une pratique courante. Chez les 15 ans et plus, presque 3 internautes sur 10 ont déjà fait la démarche de s’inscrire : 9 % déclarent être actuellement inscrits et près de 20 % disent l’avoir déjà été. En outre, près de 11 % des internautes n’excluent pas de s’y inscrire un jour.
    Ces sites ont permis de nouer une relation amoureuse pour près d’un tiers des internautes étant ou ayant été inscrits (31,5 %), soit un peu moins d’1 internaute sur 10. Ils sont cependant plus nombreux (43,2 %) à n’avoir jamais fait autre chose que dialoguer virtuellement.

     Le mobile, nouveau support du développement d’Internet
    21 millions de Français sont aujourd’hui des mobinautes, internautes connectés à Internet à partir de leur téléphone mobile. Le nombre de ceux qui utilisent leur téléphone portable pour surfer sur Internet est même en forte croissance : alors que la hausse était déjà de 4 % au 3e trimestre 2011 et de 5 % au 1er trimestre 2012, elle atteint 7,1 % au 2e trimestre 2012.
    L’envoi et la consultation de mails depuis un mobile se développent très rapidement : on constate une hausse de 25 % des échanges de mails via mobile depuis le 3e trimestre 2011. Le développement de l’accès à Internet via mobile s’accompagne aussi d’une hausse des pratiques d’achats directement à partir du Smartphone (+ 13 % ce trimestre), qui concernent aujourd’hui plus de 10 % des individus.
    Corrélativement, la notoriété du « m-commerce » est forte : près de 9 internautes sur 10 (88 %) connaissent l’existence de la pratique qui consiste à acheter des produits et services depuis son téléphone mobile.

     « L’effet Free » se poursuit
    Dans le même temps, depuis l’arrivée de Free comme opérateur mobile, le nombre d’internautes déclarant payer leur forfait mobile moins de 10 € est en constante hausse (+ 21 % ce trimestre), notamment chez les 50 ans et plus. Ces derniers sont près de 20 % à posséder aujourd’hui un forfait à moins de 10 € contre 7,2 % au 1er trimestre 2012.
    Cependant, les forfaits mobile entre 11 et 20 € sont toujours choisis par la majorité des internautes et en particulier par les jeunes, qui privilégient probablement des offres comprenant l’internet mobile.

    La smart TV poursuit sa percée
    Au deuxième trimestre 2012, presque deux fois plus de foyers qu’au 3e trimestre 2011 sont équipés de smart TV, télévision équipée pour recevoir Internet. Avec une hausse de 98 %, la smart TV est désormais présente dans 11,4 % des foyers, soit 3 130 000 d’entre eux !

    Le Baromètre de l’économie numérique s’appuie sur les études d’équipements et d’usages de Médiamétrie (Référence des Équipements Multimédias, Observatoire des Usages Internet et Téléphonie et Services Mobiles/Mobile Consumer Insight), ainsi que sur son enquête Omnibus Médiafit pour les questions barométriques et les questions d’actualité.

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