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  • Refonder l’école ou la flipper ?

    Refonder l’école ou la flipper ?

    Bien que pratiquée depuis longtemps par des pionniers,  le concept, ou en tout cas l’appellation de Flipped Classrooms, est apparu vers 2007 quand deux enseignants en chimie dans l’équivalent de notre niveau secondaire, Jonathan Bergman et Aaron Sams, ont découvert le potentiel de vidéos (PowerPoint commentés, Screencast, Podcast …) pour motiver leurs élèves à préparer (à domicile ou plutôt hors classe) les leçons qui seront données en classe afin de rendre ces dernières plus interactives :

    Lectures at Home and HomeWork in Class, le slogan était lancé.

    L’air de rien, cette méthode est à la fois une petite révolution par rapport à l’enseignement dit traditionnel (le magistral, l’enseignement ex cathedra) et une piste d’évolution acceptable et progressive pour les enseignants qui souhaitent se diriger, sans négliger la transmission des savoirs,  vers une formation davantage centrée sur l’apprenant, ses connaissances et ses compétences.

    Comme nous le voyons déjà, ces classes inversées (selon la traduction française largement répandue de Flipped Classrooms) repositionnent les espaces-temps traditionnels de l’enseigner-apprendre.

    Clairement, les Flipped Classrooms évacuent, si on peut dire, la partie transmissive voire l’appropriation des savoirs de type déclaratif, hors de la classe pour redonner à cette dernière son potentiel d’apprentissage et de co-apprentissage. Il en résulte aussi une révision des statuts des savoirs (en particulier ceux de nature informelle), des rôles assumés par les étudiants et les enseignants …

    En outre, nul besoin de flipper tout son enseignement en une fois : une activité parmi d’autres, quelques semaines sur le quadrimestre. De quoi expérimenter et évoluer en douceur. Malgré l’origine initiale de la méthode, une Flipped Classrooms, ce n’est pas juste une vidéo avant le “cours” et du débat pendant le “cours”. On pourrait sommairement la décrire en un cycle à deux temps :

    (Temps 1) Recherche d’informations, lecture d’un article, d’un chapitre, d’un blog …, préparation d’une thématique à exposer, interviews ou micro-trottoirs … à réaliser seul ou en groupe avant une séance en présentiel. Le résultat des investigations peut être déposé dans un dossier sur une plateforme, des avis, opinions, commentaires, questions … peuvent être déposés sur un forum, la vidéo réalisée peut être déposée sur YouTube …

    (Temps 2) Présentation de la thématique, débat sur des articles lus, analyse argumentée du travail d’un autre groupe, création d’une carte conceptuelle commune à partir des avis, opinions, commentaires … récoltés, mini-colloque dans lequel un groupe présente et un autre organise le débat … pendant le moment (l’espace-temps) du présentiel …

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    La figure ci-dessus nous montre le « flip » à l’œuvre. (1) L’enseignement traditionnel transmissif se passe en classe, les interactions ou activités des élèves sont somme toute limitée. Les devoirs se passent à la maison ainsi que la préparation des examens. (2)

    Le « flip » va agir reconsidérant les espaces-temps de l’enseigner-apprendre. (3) La figure se complète : la partie transmissive (les nécessaires savoirs, les principes, la théorie…) se déroule à distance de la classe soit  la maison soit dans des lieux spécialement aménagés dans l’école ; l’espace et le temps de la classe (de la rencontre avec l’enseignant) est utilisé pour les activités et les interactivités. (4) L’hybridation (soutenue par le principe de variété) mélange ces différents modes d’interaction.

    Ce billet vous a fait flipper ? Twittez-le moi (@mlebrun2) ou écrivez sur mon Blog !

    Blog de M@rcel (2011). J’enseigne moins, ils apprennent mieux ici

    Rencontres Académiques du Numérique (2012). Forum@Tice, Reims (France), octobre 2012 lien ici

    The daily riff (2012). The Flipped Class : Myths vs Reality ici et How the Flipped Classroom is Radically Transforming Learning ici

     

  • L’AFINEF, partenaire institutionnel de l’Université d’été Ludovia 2013

    L’AFINEF, partenaire institutionnel de l’Université d’été Ludovia 2013

    afinefPour cette 10ème édition de l’Université d’été Ludovia sur le thème « Imaginaire et promesses du numérique », l’AFINEF a naturellement trouvé sa place en tant que partenaire institutionnel de cet événement consacré aux échanges entre acteurs de la communauté éducative et qui offre à ses participants un véritable panorama sur l’écosystème du numérique.

    En octobre 2012, 26 acteurs de l’industrie du numérique dans l’éducation et la formation en France se sont réunis pour constituer l’Association Française des Industriels du Numérique dans l’Education et la Formation. Tous mutualisent leur expertise et œuvrent afin de faire de la filière éducation et formation numérique en France une filière d’excellence et l’une des plus dynamiques.

    En avril dernier, lors des assises nationales de l’éducation et de la formation numérique, nous avons émis 25 propositions répondant à des enjeux sociétaux, permettant de structurer et de développer la filière y compris à l’échelle internationale. C’est avec très grand enthousiasme que l’AFINEF accompagne aujourd’hui l’Université d’été de Ludovia et présentera notamment ces 25 propositions qui sont le résultat d’une concertation de deux mois entre les industriels de quatre grands secteurs : l’équipement, les contenus, les applications et le service, avec comme point de convergence l’e-Education.

    A ce sujet voir aussi les-industriels-du-numerique-dans-leducation-et-la-formation-creent-leur-association et assises-nationales-de-leducation-et-de-la-formation

    Voir le programme général de l’Université d’été LUDOVIA 2013 ici

  • Le dictionnaire électronique : la machine à rêver

    Le dictionnaire électronique : la machine à rêver

    L’enseignement contemporain des langues vivantes en Europe est profondément enraciné dans la réflexion dont témoigne le CECRL. Ce texte de référence a renforcé l’idée d’un apprentissage de la langue comme outil de communication et posé les bases d’une pédagogie « actionnelle » par la réalisation de « tâches ».

    Au fil du cursus scolaire, celles-ci se complexifient et font de plus en plus appel à une langue nuancée et authentique, c’est à dire fidèle à son modèle, mais aussi spontanée et personnelle.  Comment accompagner les élèves pour qu’ils parviennent à s’affranchir du modèle culturel de leur langue maternelle, qu’ils dépassent la pratique par imitation et accèdent à une autonomie leur permettant de recevoir autant que de produire un véritable « discours » en langue vivante étrangère ?

    Par ses fonctionnalités autant que par la fiabilité et la richesse de ses contenus le dictionnaire électronique est indéniablement un outil permettant d’apporter des réponses à ces questions.

    Apport du numérique ou présentation de la techno utilisée

    Le dictionnaire électronique est un outil numérique doté de fonctions de recherche avancées inspirée de la navigation sur le web (entrée alphabétique, parcours par arborescence, liens hypertextes, consultation de l’historique de recherche et création de listes de ‘favoris’). Combinant versions bilingues et monolingues, il est sécurisant pour les élèves et d’un recours précieux pour l’enseignant.

    C’est un outil pédagogique permettant de développer en classe de vraies stratégies d’accès au sens, de déclencher une prise de parole argumentée, en continu comme en interaction, de recenser à la source, d’organiser et d’apprendre au fil du cours un glossaire personnalisé, afin de conjuguer compréhension et réception, expression et construction, subjectivité et réflexion, communication et signification.

    Relation avec le thème de l’édition 2013

    Tout discours, qu’il soit écrit, oral, pictural, puise son sens profond dans un substrat « intertextuel » qu’on appelle souvent « inconscient collectif » ou encore « culture ».
    Plus qu’un ouvrage de référence, le dictionnaire est surtout une machine à rêver, comme l’écrivait Roland Barthes, un outil pour accéder à cet imaginaire hérité et se l’approprier. L’emploi de sa version électronique en cours de langues vivantes étrangères ouvre des perspectives pédagogiques infiniment passionnantes dont je me propose de donner une illustration très concrète sur la base d’un support écrit très bref (type Haïku) ou d’une image (travail niveau B1/B2)

    Synthèse et apport du retour d’expérience en classe

    L’utilisation ciblée, régulière et raisonnée du dictionnaire électronique, en particulier monolingue, en cours de langue favorise rigueur méthodologique et prise de distance vis-à-vis de la langue première.

    L’enrichissement des savoirs est d’autant plus net qu’il est adaptable et personnalisé : chacun se constitue son propre glossaire en fonction de sa compréhension des documents sources.

    L’exploration collective et individuelle de ces documents au moyen du dictionnaire est incitation à la confrontation des subjectivités mais aussi à la réflexion et à l’argumentation.

    Enfin la confrontation à un texte, au sens large de « discours », perçu comme intertexte (cf. Barthes « tout texte est un tissu nouveau de citations révolues ») induit un rapport nouveau au sens, un nouveau regard sur le lien signifiant/signifié.
     

     

     

  • Sensibiliser sur les modifications de paysages et susciter des interprétations

    Sensibiliser sur les modifications de paysages et susciter des interprétations

    Lors de la manifestation Ludovia 2012, nous proposions un atelier autour de l’analyse de l’image, de celle de la relation à l’information qu’elle apporte, et de son interprétation sensible. Nous avons souhaité prolonger cette action par la mise en situation des élèves eux-mêmes  en situation de reporters, de partage de leurs propres photos, comme outil d’interprétation du paysage et de ses évolutions.

    Le procédé consistant à re-photographier un lieu après un certain laps de temps est une méthode d’étude utilisée depuis longtemps en géographie, dans les sciences naturelles, en ethnographie, en sociologie visuelle etc. L’approche peut être systématisée en comparant plusieurs vues d’un même endroit prises à des intervalles de temps réguliers en essayant de reproduire les mêmes conditions de prise de vue – cadrage, angle, période de l’année, ensoleillement et positions des ombres – tout au long de la série de re-photographies. L’ensemble à l’aide d’outils de géolocalisation, visualise et/ou interprète des évolutions des lieux.

    Apport du numérique ou technologie utilisée 

    Nous allons donc réutiliser cette technique dans la ville d’Ax-les-Thermes avec des outils  comme Goggle Earth et du code HTML/Javascript compatible totalement sur ordinateur et tablette interactive, afin de constituer une ressource interactive utilisable sur des outils  fixes et/ou mobiles .

    L’atelier se déroulera en 2 temps :

    dans Google Earth ,la création de superpositions de photos et d’images sous forme de documents HTML

    -ensuite la réalisation de documents HTML interactifs, visibles sur tablettes aussi bien que sur ordinateur.

    Nous utiliserons également des applications multimédias (gratuites) sur tablettes,pour réaliser un diaporama interactif mélant commentaires audio et photos et le logiciel « images actives » du CRDP de l’Académie de Versailles

    Relation au thème de LUDOVIA 2013

    L’image est un vecteur d’imaginaire fort. Même présenté comme une représentation « objective » d’une réalité , elle n’en demeure pas moins interprétée personnellement selon son propre regard ou sa propre histoire. Dans ce parcours de re-découverte, elle laisse place à l’histoire bien sûr et bien évidemment à un regard sensible sur l’évolution de nos univers de vie. La possibilité de disposer des informations (ici des photos  ou des commentaires) en temps réel est une promesse d’intercativité accrue.

     

    Nous vous proposons un atelier sur un travail d’histoire mêlant photos anciennes et photos récentes en utilisant  des tablettes (ou Smartphones) Andoid et iOS et d’applications gratuites dédiées. Pensez-donc à emmener votre matériel…

    Voir le programme général de l’Université d’été LUDOVIA 2013 ici

  • La « flipped taxonomie » ou l’inversion de la taxonomie des compétences

    La « flipped taxonomie » ou l’inversion de la taxonomie des compétences

    Nous avons, dans la vidéo précédente, parler de la cohérence des objectifs, des méthodes, de l’évaluation … des outils. Les objectifs sont souvent décrits par un verbe (un savoir-faire, un savoir-agir, un savoir-être …) qui s’applique sur un nominatif (un contenu, un savoir, un savoir-faire …) : l’étudiant sera capable de « Verbe » à propos d’un « nominatif », par exemple, l’étudiant capable de citer les composantes de l’alignement constructiviste (épisode 2), l’étudiant sera capable d’appliquer la loi de Newton …
    Le « sera capable » associé au « verbe » est désigné par la notion de capacité. Cette capacité constitue encore un état potentiel … il sera capable, oui mais quand ? Comment ? Dans quel contexte ? Où ?

    La compétence veut dépasser cet état potentiel, mettre l’objectif, l’intention en état de fonctionner. C’est la capacité « être capable de … » qui s’applique sur des contenus et se concrétise dans un contexte actuel, authentique … donné.

    La compétence est donc un « CCC », une ou des Capacités, qui s’appuie sur des Contenus pour résoudre des problèmes dans un Contexte donné, ou dans des familles de contextes donnés. Tardif (2006) avait précisé cette définition en insistant sur le choix et la sélection nécessaires des contenus et des capacités pour atteindre l’objectif :

    « Une compétence est définie comme un savoir-agir complexe qui prend appui sur la mobilisation et la combinaison efficace d’une variété de ressources internes et externes à l’intérieur d’une famille de situations ».

    Parlons un peu des « verbes », les opérations cognitives. Benjamin Bloom propose, dès 1956, sa taxonomie (une classification) qui propose une pyramide dont

    • la base est connaître (définir, dupliquer, étiqueter, lister, mémoriser, nommer, ordonner, identifier, relier, rappeler, répéter, reproduire),
    • le niveau suivant est comprendre (classifier, décrire, discuter, expliquer, exprimer, identifier, indiquer, situer, reconnaître, rapporter, reformuler, réviser, choisir, traduire) ,
    • ensuite appliquer (choisir, démontrer, employer, illustrer, interpréter, opérer, pratiquer, planifier, schématiser, résoudre, utiliser),
    • ensuite analyser (estimer, calculer, catégoriser, comparer, contraster, critiquer, différencier, discriminer, distinguer, examiner, expérimenter, questionner, tester, cerner),
    • plus haut encore synthétiser (arranger, assembler, collecter, composer, construire, créer, concevoir, développer, formuler, gérer, organiser, planifier, préparer, proposer, installer)
    • et finalement évaluer (argumenter, évaluer, rattacher, choisir, comparer, justifier, estimer, juger, prédire, chiffrer, élaguer, sélectionner, supporter).

    L’importance du « verbe » est manifeste dans nos exemples inspirés d’un article de la Wikipédia. Cette « bonne vieille taxonomie » a été bien souvent révisée (l’article de la Wikipédia vous en dira plus), certains mettant la créativité au dôme de la pyramide à la place ou à coté de l’évaluation. D’autres ont croisé les « verbes » de la taxonomie de Bloom avec des savoirs (les nominatifs) plus détaillés : Savoirs déclaratifs (une définition), savoirs conceptuels (un modèle abstrait), savoirs procéduraux (une liste d’opérations à effectuer pour …) …

    Cette façon d’organiser les opérations cognitives, les connaissances comme socle, puis l’application et l’analyse, la synthèse, l’évaluation … au sommet est à l’origine ou est l’image de notre façon générale de voir la formation. Des connaissances révélées lors d’un cours magistral d’abord, des exercices lors des TP et TD ensuite ou encore « connaître et appliquer » en Licence et quelques projets plus créatifs en Master … Une certaine passivité d’abord, l’activité ensuite dans les années supérieures ou pire « tu verras à quoi ça sert plus tard ».

    Une autre philosophie prend progressivement (lentement mais surement) le pas sur cette méthode traditionnelle. Vous avez entendu parler des méthodes actives, des pédagogies actives (une sorte de tautologie, l’apprentissage pourrait-il être inactif ?) : apprentissage par problèmes, par projets, apprentissage collaboratif (on construit les connaissances en interaction avec les autres).

    Dans l’apprentissage par problèmes, une situation complexe, authentique, actuelle … est proposée aux élèves. Un problème n’est pas un exercice. Il ne succède pas à la présentation de la théorie, il la précède ; il ne se termine pas par un point d’interrogation … L’élève va analyser la situation, identifier les concepts en jeu et les questions qui se posent, émettre des solutions possibles … et ce n’est qu’après qu’il va convoquer les savoirs, les connaissances.

    L’avez-vous remarqué ? La taxonomie est sur sa pointe, renversée par rapport à l’approche traditionnelle. Les savoirs apportent des réponses aux questions que les élèves se posent plutôt que … d’apporter des réponses à des questions qu’ils ne se posent pas ou qui n’ont tout simplement pas de sens pour eux.

    Et les technologies ? D’abord, elles permettent d’amener ces situations authentiques, de la vie quotidienne, sociale, scientifique, économique … dans l’espace de la classe : un extrait du journal télévisé pour démarrer le débat, une interview d’un expert, le fonctionnement d’un moteur automobile pétaradant … ou même, dans les classes inversée », d’amener le contenu, la situation … avant la classe, avant le cours proprement dit pour rendre à cet espace son potentiel d’activités et d’interactivités.

    Ensuite, elles constituent un outil d’investigation (le recherche informationnelle), de simulation (pour tester les solutions imaginées), de collaboration à distance et de conservation des traces du processus, de présentation par les élèves eux-mêmes …

     

    Tardif, J. (2006). L’évaluation des compétences : Documenter le parcours de développement. Montréal : Chenelière Éducation.

    Pour une description plus complète : Lebrun, M. (2011). Les compétences et les « CCC » : Capacités, Contenus et Contextes, Learning Outcomes, apprentissage et dispositif, approche programme … Blog de M@rcel.

     

     

  • Faire entrer l’école dans l’ére du numérique :  premier point d’étape du ministère

    Faire entrer l’école dans l’ére du numérique : premier point d’étape du ministère

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    Annoncée en décembre dernier comme un pilier de la loi sur la refondation de l’école, la stratégie numérique est destinée à « mettre fin à l’échec des plans successifs du numérique à l’école » précise le ministre, qui rappelait la place de la France, classée au 24ème rang sur 27 des pays de l’OCDE dans les usages du numérique à l’école.

    « Permettre enfin en particulier la réussite des initiatives des collectivités, dont l’acquisition de matériels dans les écoles s’est trop souvent vu sous-utilisée »,

    ajoute le ministre faute essentiellement de formation initiales et continue des enseignants, d’un manque de contenus et de « services pédagogiques de haute qualité », mais aussi faute de raccordement des établissements au très haut débit.

    Pour Vincent Peillon, « la révolution numérique dans  les écoles est donc à présent en marche », car « le numérique est là comme un outil pour réduire les inégalités sociales et territoriales d’accès à la culture.  Il ne s’agit pas pour nous simplement d’un phénomène de mode, mais d’accompagner une transformation majeure », un « changement de civilisation » et où l’Etat se doit d’être « l’Architecte de cette Ecole Numérique » a déclaré le ministre.

    Ce qui va changer à la rentrée dans la classe…

    Le ministère et les services déconcentrés de l’Education Nationale, avec la contribution du CNED mettent en place pour la rentrée onze mesures, qui devraient permettre une pédagogie différenciée et collaborative grâce au numérique.

    Tous les acteurs de l’école seront ainsi servis, élèves, du primaire au lycée, enseignants, parents d’élèves et l’ensemble de la communauté éducative.

    En primaire l’apprentissage par le ludique à l’honneur :

    Des films d’animations développé par le Centre National de Documentation Pédagogique (CNDP), pour comprendre, les notions fondamentales liées à l’apprentissage du français, des mathématiques, des sciences, etc.

    Pour les 8-11 ans, « English for schools », un service de ressources numériques pédagogiques, développée par le Centre National d’Enseignement à Distance, avec des vidéos, articles ou jeux, accessible en ligne pour un apprentissage facilité de l’anglais en classe et à la maison. Il sera disponible à partir d’octobre sur www.englishforschools.fr avec 250 documents dans un premier temps. Des ressources pédagogiques pour les professeurs y figureront aussi.

    Au collège et lycée, D’COL, un service d’accompagnement interactif personnalisé pour 30 000 élèves de l’éducation prioritaire, sur proposition de leur établissement et avec l’accord des parents, moyennant également un tutorat.

    « Prep’exam » , un accès en ligne au sujet du brevet et du bac des trois dernières années, qui intégrera progressivement les éléments de corrigés.

    Plusieurs services d’orientation destinés à accompagner les élèves (« mon stage en ligne », « mon industrie », etc.)

    Pour soutenir la lutte contre le décrochage scolaire, un service de géolocalisation des structures de formation destiné aux jeunes en situation de décrochage.

    « Total Accès », une application et un site mobile qui fournissent un accès aux informations relatives à l’orientation et à l’insertion professionnelle adapté aux personnes en situation de handicap visuel.

    20 sites pilotes, « des collèges connectés », qui feront par ailleurs l’objet d’une labellisation, développeront des usages pédagogiques du numériques, grâce à un partenariat avec le rectorat et le conseil général, un engagement de raccordement au très haut débit et à un équipement de toutes les classes en tableaux numériques interactifs, tablettes numérique pour les élèves, etc.

    Cela se traduira notamment par une utilisation quotidienne du numérique, en moyenne une à deux heures par jour, une communication régulière avec les familles, un plan de formation des enseignants, et un projet pédagogique numérique de l’établissement, sans oublier le suivi et l’évaluation tout au long de l’année.

    Les parents d’élèves, auront accès à « Lire, une année d’apprentissage de la lecture« , un web-documentaire pour aider enseignants et parents à accompagner les  enfants de cours préparatoire dans cette étape importante de leur scolarité et « S’inscrire au lycée », un service permettant d’effectuer l’inscription au lycée directement sur internet.

    Ce qui va changer pour les enseignants….

    C’est une question cruciale…. On le sait, trop d’expérimentations ont été stoppées ou n’ont pas été généralisées, faute d’accompagnement pédagogique des enseignants.

    Dans sa stratégie, le ministère veut mettre en place des formations « au » et « par » le numérique et une filière « métier » dédiée au numérique éducatif.

    Les professeurs du 1er degré pourront suivre des modules de formation continue sur une plateforme baptisée,  « M@gistère« , accompagnée par un formateur présent ou à distance qui devrait compléter l’offre de formation existante.

    Côté ressources, les enseignants pourront trouver sur le site « EduThèque », un service destiné aux enseignants du 1er et du 2nd degré leur permettant d’accéder gratuitement à des ressources numériques libres de droit des grands établissements publics scientifiques et culturels dont ils pourront faire un usage pédagogique

    Ce qui va changer pour les collectivités…

    Outre les mesures très concrètes et organisation en cours pour pallier aux usages en classe et à la formation des enseignants, restait à savoir si les collectivités disposeront réellement à présent de l’aide et du soutien de l’état, comme « Architecte de l’Ecole Numérique », comme se plait à préciser Vincent Peillon.

    Côté équipement, dont les collectivités ont la charge, le ministre a reconnu que « la France est confrontée à de grandes inégalités, entre les niveaux d’enseignements mais aussi entre les territoires ». En effet, on dénombre seulement dans les écoles élémentaires, un ordinateur pour dix élèves, un pour cinq au collège, et un pour 2.7 au lycée.

    Ce retard devrait être comblé par le lancement d’une « boutique école numérique », qui sera disponible à la mi-juin, « afin de permettre aux communes de faire des achats groupés, aux bons standards et au juste prix ».

    La « boutique école numérique » sera proposée par l’Union des groupements d’achat public (UGAP) et présentera une extension de l’offre de tablettes tactiles pour une utilisation en classe, un renouvellement de l’offre de tableaux blancs interactifs et de vidéoprojecteurs et une offre de « prestation groupée » qui devra permettre, dans la plupart des cas, de « proposer une prestation de livraison et d’installation groupée assurée par le titulaire des marchés de matériels, plutôt que de recourir à un prestataire tiers de maintenance ».

    Quant au besoin de gouvernance des collectivités, le ministère orchestrera « la mise en place d’une gouvernance académique dédiée au numérique, fédérant tous les acteurs territoriaux autour du recteur et pilotée par un délégué académique au numérique éducatif ».

    D’autre part, il y aura une plus grande coopération entre le rectorat et les collectivités locales, notamment pour la constitution de dossiers éligibles au Fonds européen de développement économique régional (2014-2020)

    Les moyens engagés par le ministère

    La stratégie numérique mise en place par le ministère se fera grâce à des développements internes. Le plan numérique s’appuiera essentiellement sur l’appel à projet « investissements d’avenir », doté de 10 millions d’euros, dans le cadre du programme de développement de l’économie numérique, du commissariat général à l’investissement. Cette enveloppe sera consacrée à l’accompagnement des projets de développement de services et de contenus numériques innovants pour l’apprentissage des fondamentaux à l’école.

     

  • Dialoguons  autour des besoins pour l’apprentissage dans les environnements numérisés

    Dialoguons autour des besoins pour l’apprentissage dans les environnements numérisés

    Actuellement au cœur de la formation et de l’emploi, les discours se construisent autour du mythe de l’homme capable, celui qui à partir d’un outil informatique, pourrait tout faire et tout apprendre. Dans le même temps, chaque personne est condamnée à se former tout au long de sa vie (acquérir des diplômes, des certifications, des compétences pour travailler, anticiper les mutations et s’adapter aux changements…) pour subvenir à ses besoins et  parvenir à s’insérer dans le monde économique.

    L’engagement dans l’apprendre à apprendre, véritable responsabilité individuelle, entraîne des changements majeurs : il implique que les systèmes de formation, notamment en ligne, deviennent inclusifs et il suppose que les usages, devenus collaboratifs et participatifs, puissent intégrer la participation de tous et de chacun.

    Participez à l’événement …

    Afin d’accompagner ces changements, l’équipe de l’Arbre à Palabres vous propose de participer à une collecte de témoignages exprimant des besoins pour l’apprentissage dans les espaces numérisés. Le mercredi 19 juin, tout le monde peut s’exprimer via une page dédiée PaLab et répondre à la question suivante:

    Les outils (ordinateurs, tablettes, Internet…) et supports numériques m’aident à apprendre si….

    Des réseaux sociaux aux outils papiers, tous les moyens sont mobilisés pour nous rapprocher du plus grand nombre. Chaque réponse est une pépite : elle est l’expression d’un besoin pour l’apprentissage dans un environnement numérisé.

    Les contributions recueillies lors de l’évènement permettront de créer une cartographie des besoins pour les apprentissages dans les espaces numérisés. Celle-ci sera la base d’un dialogue citoyen sous l’arbre à palabres.

    … Et soyez notre partenaire !

    Penser interpeller les populations sans vous solliciter n’a pas de sens.  Véritable médiateur de notre projet, vous encouragez ceux que vous connaissez à participer.

    Ensemble, nous pouvons construire cette base de données qui fera progresser nos connaissances pour évoluer vers une formation numérisée inclusive.

    En vous inscrivant dans ce projet et en le faisant connaître, vous participez à l’élaboration d’un outil d’aide à la décision pour les concepteurs de formations en ligne.

    Plus d’infos sur l’équipe de l’Arbre à palabres :

    Elle est constituée de professionnels de la formation et de l’insertion. Mais surtout d’individus soucieux de développer de nouvelles approches en conception de formation et de placer la personne dans sa singularité, au centre des préoccupations et des dispositifs. La philosophie de son projet est de créer le dialogue et la rencontre autour des besoins pour l’apprentissage appuyé par le numérique.
    twitter : @palabcontact

     

  • Les compétences au cœur du dispositif pédagogique

    Les compétences au cœur du dispositif pédagogique

    Dans mes études des rapports entre technologies (au sens le plus large) et pédagogies, j’utilise souvent des « fondamentaux » comme éléments structurants de ma compréhension, de mon analyse, de mes conclusions (toutes provisoires) et perspectives. Un de ceux-là est certainement le principe de cohérence.

    Il s’agit d’une déclinaison de l’alignement constructiviste de John Biggs (1) qui met en évidence la nécessaire et fertile correspondance entre les objectifs que l’on veut atteindre (plus précisément que les étudiants devront atteindre), les méthodes et activités qui seront proposées et … l’évaluation de l’atteinte des premiers. J’ai ajouté (2) à ce triplet objectifs-méthodes-évaluations les outils technologiques par leurs rapports avec, à la fois, les objectifs, les méthodes et l’évaluation.

    Banal ? Non pas tellement comme nous allons le voir !

    Depuis quelque temps déjà, un mot fait frémir les différents niveaux d’enseignement et tout autant, provoque enthousiasme ou incompréhension voire résistances chez les uns et les autres : compétences ! Malgré une cacophonie sémantique, il s’agit là aussi d’une forme de cohérence à établir ou à rechercher entre des contenus (les savoirs), des capacités (les savoir-faire) et des contextes d’application.

    Certaines se libèrent même des contenus et des contextes spécifiques pour atteindre un statut de transversalité : esprit critique, travail d’équipe, communication, synthèse, créativité … Elles sont transversales dans les sens d’être utiles et utilisées dans toutes les disciplines, de se construire toute la vie durant (de l’école à la vie socio-professionnelle et ne sont jamais achevées) et finalement d’être démultiplicatrices : leur maîtrise même partielle permet de faire d’autres choses (acquérir des savoirs, développer des aptitudes …).

    Exerçons le principe de cohérence :

    pas mal d’enseignants conscients des évolutions des « nouveaux » modes de recherche, de travail … souhaitent contribuer à « développer le travail d’équipe » : voici notre objectif. Ils mettront assez facilement en place des travaux collaboratifs soutenus ou non par les TIC : voici pour la méthode. Une belle cohérence est ainsi mise en place comme soutien d’un dispositif pédagogique.

    Oui mais, l’évaluation ?

    Bien souvent, les étudiants se retrouvent ramenés à une évaluation des contenus bien plus facile à objectiver que le développement incrémental d’une compétence intimement liée au feu de l’action entreprise par un individu tout aussi difficile à cerner.

    En outre, comment évaluer un champ de développement auquel l’étudiant n’a pas été vraiment formé (il existe pourtant des savoirs sur les savoir-faire : comment travailler efficacement en équipe ? comment conduire un projet ?) et à propos duquel les enseignants sont si peu instrumentés.

    Un autre exemple inspiré des Tweet-Classes.

    Visant la synthèse, l’écriture collaborative sur Twitter permet l’exercice de cet esprit de synthèse … 140 caractères, c’est fort peu. Mais comment évaluer cette synthèse ? Comment former les étudiants, les élèves à ce mode d’expression contraint ?  Mon avis est que la croyance initiale qu’il faut « faire pour apprendre » (l’activité, la méthode), le Learning by doing est bien évidemment nécessaire mais insuffisant pour construire la compétence … celle-ci demande formation, activité et réflexivité : en matière de compétences, réfléchir (se donner ou donner le temps de réfléchir) sur l’activité qui s’est déroulée (learning over doing) est impératif.

    On le sait depuis longtemps. Déjà en 1983, dans son livre  Reconsidering Research on Learning  from Media Clark disait : « Instructional media…are mere vehicles that deliver instruction but do not influence student achievement any more than the truck that delivers our groceries causes changes in our nutrition » (p 445).

    Un camion qui amène les victuailles au Supermarché, ça n’améliore pas à lui-seul la santé d’une population. Après les vidéos, les logiciels éducatifs (EAO), les multimédias, les cédéroms, les sites web, l’eLearning, le Web2.0 … on devrait avoir compris, non ?

    Les valeurs ajoutées proviennent de la conjonction entre ces ressources (condition nécessaire mais non suffisante) et des méthodes proches de la façon dont un individu apprend intégrées dans des dispositifs cohérents …

    Les technologies sont à la fois support, objet, moyen (media ?) des compétences transversales dont nous avons parlé. La recherche documentaire et l’esprit critique concomitant, le travail en groupe et en réseau, la communication … toutes sont marquées par les TIC. C’est cependant intégrées dans des dispositifs (ressources, activités, acteurs, finalités …) structurés par le principe de cohérence qu’elles révèleront leurs pleines valeurs ajoutées.

    (1) Biggs, J and Tang C. (2011): Teaching for Quality Learning at University, (McGraw-Hill and Open University Press, Maidenhead). Biggs, J (2003): Aligning Teaching and Assessment to Curriculum Objectives, (Imaginative Curriculum Project, LTSN Generic Centre)

    (2) Lebrun, M. (2005a). eLearning pour enseigner et apprendre : Allier  pédagogie et technologie. Louvain-la-Neuve : Academia-Bruylant. Lebrun, M. (2005b). Théories et méthodes pédagogiques pour enseigner et apprendre : Quelle place pour les TIC dans l’éducation ? 2ème édition revue. Bruxelles : De Boeck. Lebrun, M. (2007). Quality towards an expected harmony: Pedagogy and technology speaking together about innovation. AACE Journal, 15(2), p. 115-130. Chesapeake, VA: AACE. Disponible sur Internet : http://www.editlib.org/p/21024 (Consulté le 28 mai 2013).

     

     

     

     

  • Université d’été de LUDOVIA 2013 : les inscriptions sont ouvertes !

    Université d’été de LUDOVIA 2013 : les inscriptions sont ouvertes !

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    Lieu de travail, de détente et de convivialité, LUDOVIA vous propose pour sa dixième édition un cocktail d’intervenants passionnants autour d’un public varié de chercheurs, enseignants, éditeurs, constructeurs et collectivités locales, qui vous promet de riches moments d’échanges pendant quatre jours.

    La Wallonie francophone et germanophone seront les invités d’honneur ;

    ils témoigneront de leurs expériences, d’autant qu’ils viennent d’entrer dans une « nouvelle ère » de développement du numérique avec un plan d’1 million d’euros dédié à l’école numérique (voir article sur ce sujet).

    Au programme

    Pour cette édition 2013, comme en 2012, le programme général est organisé en sessions ou demi-journées thématiques. Chaque session démarre avec une table ronde où sont représentés la recherche, les collectivités locales, l’enseignement premier degré, l’enseignement second degré, l’enseignement supérieur et une entreprise (éditeur ou constructeur) ; chaque table ronde est modérée par une personnalité parmi les partenaires.

    La table ronde est ensuite suivie sur le même thème, de séances d’ateliers soit de découverte (ExplorCamp), soit de création (FabCamp) : 8 sujets ou démonstrations sont organisés en simultané.

    Dans l’ordre d’apparition dès le mardi matin, voici les thèmes des discussions qui s’offriront à vous : éducation aux médias et culture partagée – ressources, jeux et logiciels – ENT, LMS et média d’apprentissage – mobilité et nomadisme et enfin – synthèses et prospectives.

    Un colloque scientifique de renommée internationale

    Le colloque scientifique traitera, au travers de 38 communications, des « imaginaires du numérique » et ouvrira le lundi 26 août à 09h00.

    Un séminaire consacré aux collectivités locales

    Pour le 4ème séminaire collectivités locales « établissement du XXIème siècle », les partenaires de LUDOVIA que sont l’ADF, l’ARF, l’AMF, l’ANDEV et la mission ECOTER aborderont leur réflexion sur « Construire et imaginer l’établissement de demain », « Renforcer l’attractivité de son territoire grâce au numérique des établissements » ou encore « S’adapter au changement et aux nouvelles compétences ».

    Plusieurs réseaux de la communauté éducative présents à LUDOVIA

    Comme chaque année, tous les réseaux importants du monde de l’éducation seront présents à LUDOVIA : le Scéren CNDP, le Ministère de l’éducation nationale et les représentants de la DGESCO, les IEN TICE et les CTICE d’académies, les pôles d’appui et référents numériques des établissements de l’Académie de Toulouse, les professeurs stagiaires des départements de l’Ariège et de Haute-Garonne…

    Nous vous attendons nombreux pour vivre avec nous ces moments de partage et de collaboration.

    Inscrivez-vous, c’est ici !