Catégorie : RETOURS D’USAGES

  • Écriture collaborative et numérique

    Écriture collaborative et numérique

    L’équipe de Ludomag a le plaisir de vous présenter, en vidéo et au travers d’un court résumé en quelques lignes, plusieurs intervenants du colloque écriTech’7 qui s’est déroulé à Nice les 18 et 19 mai 2016.

    Hélène Tisseur et Olivier Aubry, enseignants de lettres au lycée Bonaparte à Toulon ont développé une méthode d’écriture collaborative avec le numérique dans le cadre de l’accompagnement personnalisé en classe de seconde à raison de deux heures par semaine pendant toute l’année scolaire.


    « Nous avons eu cette idée ensemble de voir si, en utilisant l’outil numérique, cela permettrait de faire entrer plus facilement les élèves dans l’écriture, quelle qu’elle soit ».

    En effet, ils ont eu l’occasion de faire écrire à leur classe un conte merveilleux, un conte réaliste, de la poésie ou encore une scénette de théâtre et ce ne sont que des exemples.

    Ils se sont servis de l’ENT Atrium implanté dans les lycées de la région PACA et notamment l’outil collaboratif Moodle sous forme de Wiki qui permet d’écrire à quatre mains ou encore le dépôt facilité des productions élèves.

    Cela a permis notamment aux élèves de lire les productions de chacun, d’apposer des critiques, sous format sonore en s’enregistrant à la maison.

    Une belle réussite si on en croit les retours de ces deux enseignants investis :

    On s’est rendu compte que tous les élèves participaient, même les plus en difficultés et cela leur a donné envie d’écrire.

    Découvrez tout le projet mis en place par Hélène et Olivier dans la vidéo ci-contre.

    Toutes les interviews et articles réalisés sur écriTech’7 sont à découvrir ici. http://www.ludovia.com/tag/ecritech7/

  • L’utilisation de Twitter pour développer l’envie et le plaisir d’écrire

    L’utilisation de Twitter pour développer l’envie et le plaisir d’écrire

    L’équipe de Ludomag a le plaisir de vous présenter, en vidéo et au travers d’un court résumé en quelques lignes, plusieurs intervenants du colloque écriTech’7 qui s’est déroulé à Nice les 18 et 19 mai 2016.

    Guillaume Bourgin est enseignant à l’école Paul Langevin à Vallauris près de Cannes et utilise Twitter dans sa classe depuis trois ans à différents niveaux. Il nous explique comment…

    « J’étais moi-même utilisateur du réseau social Twitter et je voyais passer beaucoup de Twitts concernant des Twittclasses ».

    Guillaume Bourgin a suivi cela avec attention pendant toute une année et beaucoup échangé avec des enseignants qui pratiquaient Twitter en classe.
    Il s’est ensuite lancé dans l’aventure Twitter en classe à l’occasion d’une classe de mer avec ses élèves, « pour pouvoir communiquer avec les parents ».

    Devant l’enthousiasme des parents, des enfants et le mien, nous avons décidé de poursuivre et de développer l’usage qu’on en avait au départ.

    Aujourd’hui, Twitter est devenu un outil du quotidien en classe, car comme le souligne Guillaume Bourgin, « c’est un outil qui est assez souple et qui s’adapte facilement au rythme de la classe ».

    J’ai retrouvé à chaque fois, une grande motivation des enfants à écrire et à transmettre leur message et à partager ce qu’ils avaient à dire.

    Découvrez tous les avantages que décrit Guillaume en termes pédagogiques en primaire dans la vidéo ci-contre.

    Toutes les interviews et articles réalisés sur écriTech’7 sont à découvrir ici.

  • La pédagogie inversée et le numérique : comment en arriver là ?

    La pédagogie inversée et le numérique : comment en arriver là ?

    L’académie de Montpellier a organisé jeudi 7 avril 2016 son troisième séminaire académique sur le numérique éducatif à CANOPÉ Montpellier. Un certain nombre d’ateliers, retours d’usages et nouveautés, ont été présentés à cette occasion. Frédéric Davignon nous a fait l’exposé de comment il en est arrivé à utiliser une méthode de classe inversée avec ses élèves de seconde, pour les remotiver d’une part et pour qu’ils apprennent, d’autre part.

    La classe inversée : un outil à la disposition des enseignants pour remotiver les élèves et favoriser la persévérance scolaire ainsi qu’un vecteur d’intégration du numérique dans l’enseignement et de son utilisation par les élèves.

    Cette approche alternative permet aussi une réorganisation des moments d’apprentissage et permet de mieux accompagner les élèves.

    Qu’est-ce que la classe inversée ? Comment créer une séquence en intégrant le principe de classe inversée ? Y a-t-il une classe inversée ou plusieurs voies ? Illustration en vidéo avec Frédéric Davignon en anglais.

    Suivre aussi Frédéric sur Twitter sur @freddav

  • Face au “complotisme” : éduquer à l’esprit critique, pour mettre des mots entre les diapos

    Face au “complotisme” : éduquer à l’esprit critique, pour mettre des mots entre les diapos

    Il reste qu’une présentation ne se suffit pas à elle-même, surtout quand on parle de complot.

    Je me suis dit qu’il serait intéressant de vous laisser cette porte ouverte afin de vous ouvrir la trappe et le chemin qui m’ont conduit à produire ce qui reste un simple support de présentation. Je vais essayer au travers de ces quelques lignes de vous retracer l’élaboration de ma scénarisation pédagogique pour éduquer à l’esprit critique face au complot, entre autres.

    Un essai de définition

    Mon premier geste était de me constituer un portrait robot du “complotiste”. Je suis un enfant des années 1980 / 1990 et j’ai, comme beaucoup de ma génération, un goût prononcé pour les séries.

    La mère de toutes les séries modernes est pour moi X-Files, le seul rendez-vous qui m’empêchait de sortir le samedi soir. A l’époque, je ne pouvais penser à aucun moment qu’elle serait d’une aide incroyable pour appréhender le complotisme. Il reste qu’elle rassemble une grande partie des “mantras” de la théorie conspirationniste.

    Le Pitch comme grille de lecture

    Je sais que tout le monde connaît mais un petit retour sur l’histoire pour nous rafraîchir la mémoire (Non, pas de spoiler ici !). Fox Mulder est un agent du FBI chargé des dossiers non résolus. Il enquête pour cela à l’aide de sa collègue : l’agent Dana Scully. Tous les deux forment les deux faces d’une même pièce entre rationalité et empirisme. Le problème est que ces deux agents vont devoir, très vite, affronter un monde trouble empli de zones d’ombres.

    Mulder est un frère traumatisé par l’enlèvement de sa soeur qu’il attribue aux extra-terrestres. Comme l’affiche de son bureau le dit “I want to beleive”,  il fait sien ce slogan. Cet homme est guidé par une conviction : le gouvernement ment sur ce qui s’est passé à Roswell en 1947 à travers une version officielle farfelue. S’il ment sur ce sujet, le mensonge est général. Il doute alors de tout, guider par la conviction que lui seul détient et accouche de la vérité. Sa conviction se renforce au moment de l’enlèvement de la cartésienne Scully.

    Ils se rendent compte qu’elle a été contaminée à l’Huile Noire. Cet agent chimique aurait pour objectif de mettre en esclavage l’humanité au profit des extra-terrestres. Ce complot est soutenu par une officine clandestine dirigée par l’Homme à la cigarette. Heureusement pour Dana et Fox que les Lone Gunmen, citoyens sentinelles, diffusent rumeurs, intox ou informations secrètes pour les aider dans leur combat. (Le spoiler a été évité de justesse !).

    Si la vérité est ailleurs, les “mantras” du complot sont là.

    Un retour sur l’histoire :

    Rumeurs, intox (hoax), informations secrètes, officines clandestines (false flag), agent toxique (chemical trail),  version officielle… N’avons-nous pas tous les ingrédients du complotisme ?

    Dans nos sociétés, il faut toujours un diable qui permet d’expliquer l’inexplicable. Le souffre-douleur permet souvent de calmer les angoisses. La foule, en s’en prenant à ces populations, vit une expérience cathartique. En 1821 à Odessa, à la suite d’une rumeur concernant la participation de Juifs au meurtre du patriarche gréco-orthodoxe Grégoire V de Constantinople, un pogrom est organisé dans la ville. C’est un peu la parabole des “caquins ou caquous” de Bretagne ou les “cagots” dans le Sud Ouest de la France. Frappés de la marque indélébile de la lèpre, les “caquins” vivaient comme des proscrits. Ces populations victimes d’une forme de ségrégation étaient toujours regardées comme “des personnes louches”.

    Il s’agit souvent de petits groupes, de minorités stigmatiseés qui centralisent la vindicte (C’est vrai, des gens qui fabriquent des cordes pour les pendus, faut s’en méfier. C’est sur, ils complotent. Et puis, c’est pas comme si personne ne voulait le faire). Le parallèle est facile à faire avec le complot juif des Protocoles des Sages de Sion monté de toutes pièces par l’Okhrana. C’est la peur millénariste de l’extinction ou de la contamination finale.

    Paranoïa et sentiment de détenir la vérité

    Le principal problème quand on envisage de travailler sur l’esprit critique face au complotisme est que les complotistes ne se voient pas comme tels mais comme des “truthers” : “diseurs de vérités”. C’est le sentiment d’appartenir à une avant-garde éclairée que le système cherche à museler absolument. Il n’y a qu’à voir la réaction de certains tenants de ces théories quand on commence à les contredire :  “Vous êtes profs, vous appartenez au système” ou “j’arrête d’argumenter, à la fin vous allez me traiter de nazi”.

    Ce sentiment d’assiégé n’est pas sans rappeler, en effet, le nazisme par sa culture de l’angoisse, du sentiment d’être isolé et seul face au monde.

    Être complotiste c’est un univers mental complet. On y trouve des mythes, des croyances, un au delà, une explication du monde, une langue, un univers musical, des signes de reconnaissance.

    Il y a des stigmates du complot que seul l’initié peut déceler. La question se pose : peut-on parler du complotisme comme d’une Culture qu’il faut appréhender comme telle pour mieux la comprendre ?

    Attention au point Godwin

    Invoquer le nazisme, c’est risquer l’argument béton : “ah, je l’attendais le point godwin”. Cette “Loi” du web développée par Mike Godwin dit que :  “Plus une discussion en ligne dure longtemps, plus la probabilité d’y trouver une comparaison impliquant les nazis ou Adolf Hitler s’approche de 1”.

    Autrement dit, c’est le meilleur moyen pour être discrédité, car pour devancer ce que je vais dire au prochain paragraphe, parmi les complotistes, il y a des collègues aussi. L’idée n’est pas de dire que l’autre est un nazi mais  de comparer pour mieux singulariser. Tous les complotistes ne sont pas nazis mais d’une manière peut-être anachronique tous les nazis le sont (le complot judéo-maçonnique pour détruire l’Allemagne). La série V emprunte et réinterprète “le bestiaire” vestimentaire des organisations de combat du NSDAP (Comme les Forces de l’Empire dans Star Wars).

    On ne peut pas traiter de nazi, un homme qui pense que les dirigeants du monde sont des lézards. Le processus et le système de pensée qui mènent à cette conclusion par contre eux sont très comparables. Le risque avec un argument d’autorité en classe est l’effet “guerre de tranchées”, cliver la classe. Toute discussion devient impossible et ne ressemble plus qu’à une guerre de position.

    Qui ?

    Toutes les couches de la société peuvent être touchées par le complotisme et c’est bien pour cela qu’il ne suffit pas d’annoncer que le complot n’existe pas pour désarmer le complot.  Au cours des dix dernières années et notamment pour le 11 septembre, combien de “peoples” sont venus sur les plateaux de télévision présenter leur version de ce qui n’a pour eux jamais existé.

    Deux articles m’ont aidé à mieux appréhender les cibles du complotisme : l’article des Inrocks “Le complotisme touche tous les milieux, Bac +10 comme Bac -5” du premier septembre 2012  et celui du Monde Diplomatique : “Personne n’est à l’abri” de juin 2015.

    Les adeptes des théories du complot ne sont pas des individus irrationnels. Les raisonnements sont “relativement ordinaires” et font même preuve d’un certain esprit critique. Le problème est que le doute devient systématique pour toute chose, tout évènement et pour tout le monde. Le rapport de confiance à l’autre est cassé et le complot devient la règle. Quelle est la valeur de la parole de l’enseignant dans ce contexte de défiance ?

    Ma stratégie : la métaphore de l’eau

    L’eau a deux qualités, elle peut contourner un obstacle sans perdre de vue son objectif et elle peut éroder la roche jusqu’à la faire disparaître. Elle répond à la stratégie que je souhaite mettre en place en classe. Je ne désire pas braquer les élèves directement par un rapport “front contre front”. Ce rapport d’opposition, s’il ne renforce pas la position de chacun, ne fait pas évoluer les choses.

    J’ai toujours préféré travailler à côté des lycéens.

    Apprendre et enseigner, c’est un parcours qui ne peut être réussi sans l’autre. J’ai préféré poser “des casiers” (un autre moins breton dirait des jalons) un à un qui remonteront au moment où la question du complot se posera. Il s’agit donc pour moi de travailler sur un temps long.

    Cette éducation à l’esprit critique prend le temps du cycle baccalauréat. Les programmes de lettres histoire géographie sont autant d’occasions de construire celui-ci et de prendre des chemins officiels de traverse pour déconstruire le complotisme.

    Le docufiction comme indices “Canada Dry”

    Il serait trop long de retracer l’ensemble de la scénarisation mais le docufiction Bye-Bye Belgium est très symbolique de cette “philosophie”. L’étudier, c’est jouer un peu l’effet Canada Dry,  “Ça ressemble à la réalité c’est doré comme la réalité… mais ce n’est pas de la réalité ».

    Dans un premier temps, je laisse les élèves étudier le film avec un questionnaire. Tout semble réel pour lui. Souvent, ils se font avoir et ne remarquent pas tous les indices de la supercherie. Ils n’ont pas l’habitude de questionner l’image pour peu qu’elle possède les attributs de la réalité.  Je dévoile la vérité et nous décryptons ensemble le docufiction. Comme pour la vidéo, il n’y a pas de parole sacrée mais des indices qui permettent d’élaborer une échelle de confiance.

    L’idée : inviter l’élève à réfléchir au schéma de communication et à  confronter les sources. Il se construit, à travers l’étude, une grille de lecture et des clefs de compréhension du monde.

    Ensemble, il est important de poser les questions des enjeux et de la stratégie de la communication. Mon objectif est de recréer du lien.

    Faire appel à la créativité des élèves

    Quand la mise en scène est fascinante, les idées passent au second plan, la foule réagit comme un seul homme, synchronisée par l’émotion”, Boris Cyrulnik.

    La musique est vecteur d’émotion qui installe le récepteur dans un univers qui fait sens. La bande originale de Requiem for a Dream, en toile de fond, installe dans un univers angoissant. Les élèves le comprennent rapidement. C’est un gimmick du complotisme.

    Encore une fois, nous pouvons passer par d’autres oeuvres. En classe, on travaille sur la Vie est Belle de Roberto Benigni. On s’intéresse à la bande son et comment elle construit le sens du film. C’est peut être évident pour nous, mais le réalisateur nous installe dans une ambiance. Il prévoit à l’avance quand il va nous mettre en colère, nous faire rire ou nous émouvoir. Il a des outils pour cela : le jeu d’acteur, la couleur mais aussi le son. Pour créer une empathie envers l’histoire et le personnage, il joue sur ces “manettes”. On y note toute l’importance du storytelling.

    Avant l’assassinat de Guido, la musique installe le drame. Elle se fait toujours plus basse jusqu’au son de l’exécution et remonte ensuite.  Supprimer le son au moment où le garde SS explique les règles du camp. Demander aux élèves d’imaginer celles-ci en s’appuyant sur les images. Ils sont loin d’imaginer les règles qu’invente le père pour protéger son fils. Il est facile de s’inspirer du jeu des sept erreurs pour faire ressortir les incohérences de ce centre de destruction (les habits civils dans le baraquement, la présence d’un enfant après la sélection…).  C’est une manière d’expliciter aux élèves les ressorts pour créer un univers d’émotions.

    Savoir agir sur les bons leviers, c’est percevoir la “manipulation”. Comprendre est toujours plus efficace qu’imposer. La tactique à mettre en place est l’art de ne pas se faire avoir.

    Et finalement : faire face au complotisme

    Est-ce que finalement, je ne renonce pas à faire face au complotisme pendant au moins deux ans puisque dans les programmes d’histoire géographie, le 11 septembre n’est abordé qu’en Terminale professionnelle ?

    Je ne crois pas car je compte sur l’effet d’aubaine.  Je ne renonce jamais mais j’agis plutôt au coup par coup. J’essaye de créer un univers intelligible et rassurant. J’ai des outils dans les mains qui m’aident dans cette tache : l’Éducation aux médias et à l’information, le cours d’histoire, le programme d’EMC. Ils sont autant d’occasions pour expliquer, décrypter et déminer. Il y a un cadre de la parole. Un échange a un début et une fin. Il y a des règles de communication à poser et une “éthique du débat” : écouter l’autre, pas de jugement, respect de l’autre et un ton à ne pas dépasser.

    J’essaierais de ne jamais juger mais d’échanger pour éviter le sentiment de persécution et la paranoïa. Je compte sur le mimétisme face à l’attitude de l’enseignant. Il faut savoir dire :”je ne sais pas mais je vais faire des recherches”, “je me suis trompé” et même “vous avez raison”. Accepter la parole légitime de l’autre permet de construire la confiance. L’apprentissage est un processus. Il faut laisser à chacun le temps du parcours pour se construire sa propre grille de lecture critique du monde. La contradiction appartient à l’adolescence et il est important de laisser chacun grandir.

    Une journée d’étude pour échanger nos stratégies

    Écouter les autres, c’est souvent prendre du recul par rapport à soi-même.

    Un enseignant dans son geste professionnel est souvent celui qui donne plus qu’il ne reçoit. On oublie souvent la règle la plus évidente de tout maître d’apprentissage : la simplicité. Thomas Huchon et Laurent Renaudet me l’ont rappelée. Il y a une première évidence que j’ai perdue de vue. Les complots ont toujours existé et la littérature regorge de références. “Toi aussi mon fils” (Tu quoque, fili) est une des expressions favorites de César dans Astérix. Cette formule interroge le jeune lecteur. La citation est liée à un complot qui a réellement existé. L’autre évidence, c’est le retournement. Faire de l’élève, le maître et lui demander d’étayer son propos.

    Qu’est ce qui te prouve que c’est vrai ?” ; cette question renverse les rôles puisqu’elle pose la question de la preuve. Il est toujours plus facile d’écouter, de répondre que de poser les questions.

    Pour compléter cet article, découvrez aussi le Prezi de Nicolas.

    Photo : Pixabay CC0 Public Domain

  • Et si jouer en primaire n’était plus tabou ?

    Et si jouer en primaire n’était plus tabou ?

    Lors du salon Educatice à Paris en mars dernier, Christèle Ramaugé, professeur des écoles en CM2, maître formatrice à l’école Jean Jaurès du Pré St Gervais en Seine-Saint-Denis dans l’académie de Créteil a fait une démonstration de comment elle utilise les jeux numériques en classe.

    Le contexte

    « Mon usage du numérique en classe est plutôt parti de la mairie qui nous a proposé du matériel et un peu comme une aventurière, j’ai décidé d’essayer et j’ai fait des recherches sur ce qu’on peut faire avec le numérique en classe et comment on s’y prend », explique Christèle Ramaugé.

    L’école Jean Jaurès bénéficie d’un très bon équipement depuis plusieurs années à savoir un Tableau Numérique dans chaque classe, des ordinateurs de fond de classe dont un relié à internet et une salle informatique, « ce qui me laisse la possibilité d’utiliser le numérique comme je l’entends », souligne Christèle Ramaugé.

    Elle avoue avoir tout de suite changé sa manière de voir les choses et sa façon d’enseigner. Quand elle a commencé à tester des jeux numériques en classe, c’est par tâtonnement qu’elle s’est lancée dans l’aventure.

    Des jeux numériques intégrés au programme scolaire et au socle commun des connaissances.

    « Quand on commence, on est un peu timide ; on a même un peu peur car on a toujours le côté très traditionnel de la maîtresse qui nous dit qu’il faut bien faire, être dans les programmes, très cadré etc ».

    Et finalement on se rend compte que les élèves, au lieu de bavarder ou faire autre chose, ils sont là, entrain de travailler, face à leur écran.

    Le numérique ne l’a pas du tout fait sortir du « cadre » et lui a permis de travailler sur la mémoire et la faculté d’invention, sur le raisonnement et l’imagination, sur l’attention et l’apprentissage de l’autonomie, sur le respect des règles et l’esprit d’initiative et enfin sur l’acquisition du socle commun de connaissances et de compétences.

    Elle fait remarquer d’ailleurs à propos de l’esprit d’initiative « qu’un élève qui ne prend aucune initiative n’avancera pas dans son jeu ».

    D’après elle, avec le jeu numérique, « ça avance tout seul et l’enseignant est juste là pour guider ».

    Mise en pratique avec « Mission Zigomar » et « Brain Pop »

    Dans sa démonstration, elle présente notamment le jeu « Mission Zigomar » qui met en lumière les collections de la ville de Paris sous forme de musée et, parmi d’autres avantages que Christèle souligne dans la vidéo ci-contre, développe notamment la curiosité des enfants.
    Elle prend l’exemple d’une fois où les élèves sont allés au musée et ont découvert des œuvres qu’ils avaient déjà vues dans le jeu et « ils sont contents de voir les choses pour de vrai », souligne Christèle Ramaugé.

    Sur un autre exemple comme l’utilisation du jeu Brain Pop, où les élèves sont fans des personnages et trépignent à l’idée de les retrouver avant même de savoir sur quoi va porter la séance, Christèle Ramaugé avoue avoir réussi à « enrôler » ses élèves.

    J’arrive plus facilement à les mettre rapidement au travail en projetant l’interface de Brain Pop au TNI plutôt que mon ancien tableau vert et noir qui n’était pas forcément très accueillant.

    Ils jouent mais travaillent-ils vraiment ?

    Souvent, on pose la question à Christèle : « est ce qu’ils apprennent vraiment quelque chose tes élèves en jouant » ?

    Elle précise bien que le jeu est un support de cours et comme toute leçon, chaque élève va en ressortir un pourcentage d’apprentissage différent. Soit elle utilise le jeu en guise d’amorce pour d’autres séquences derrière, soit elle le met à profit sur une séance de réinvestissement de connaissances.

    « C’est comme une leçon apprise en classe, je ne me dis pas : « j’ai fait la leçon, c’est bon, ils savent ». Avec le jeu numérique, c’est pareil ; on fait le jeu mais ce n’est pas suffisant pour qu’ils aient acquis des connaissances à 100% ».

    Et l’enseignant dans tout ça, doit-il plus travailler ?

    En termes d’investissement en temps pour l’enseignant, Christèle Ramaugé ne cache pas que c’est très chronophage ; c’est aussi pour cela qu’elle encourage les enseignants motivés comme elle « à débroussailler le terrain », « ce qui va permettre aux enseignants un peu plus frileux ou qui ont moins de temps » de recevoir quelques conseils sur l’utilisation de tel ou tel jeu.

    Maintenant, elle reconnaît que de nombreux outils existent et qui apportent une aide précieuse et font gagner du temps ; elle cite notamment le portail Eduthèque ou encore le nouveau portail « Apprendre avec le jeu numérique ».

    Christèle Ramaugé ne détourne pas beaucoup de jeux à des fins éducatives ; d’abord, parce que c’est aussi très chronophage et aussi parce qu’elle se sert principalement de jeux ludo-éducatifs « qui sont dans un esprit d’apprentissage ».

    « Surtout qu’avant, c’était déjà tabou de dire : « il joue en classe, il ne travaille pas« . Aujourd’hui, on joue et on travaille« .

    Alors peut-être que maintenant, on va plus se permettre et oser avoir recours à des jeux qui ne sont pas issus du ludo-éducatif pour les détourner et les utiliser en classe, conclut-elle.

     

  • Le mouvement « MAKER » envahit vos écoles et vos collèges…?

    Le mouvement « MAKER » envahit vos écoles et vos collèges…?

    NinonLouiseMakers1

    1- Le mouvement MAKER, la culture MAKER

    Les 30 avril et premier mai 2016 s’est tenue la troisième édition du MAKER FAIRE Paris.  On l’annonce comme une foire populaire, une fête de la science et de l’innovation.

    C’est le lancement du magazine MAKE à San Francisco en 2005 suivi du premier MAKER FAIRE en 2006 qui a déclenché ce que l’on nomme maintenant le mouvement MAKER. La culture MAKER, née aux Etats-Unis, est maintenant populaire partout au monde . . . et bientôt sans doute dans une école près de chez vous.

    Wikepedia définit cette culture comme « l’apprentissage par la pratique dans un cadre social ». Il s’agit d’un état d’esprit qui se situe à la croisée des pratiques artisanales ancestrales et de l’usage de ces technologie numériques qui offrent une multitude de possibilités pour créer et inventer.

    Le MAKERSPACE, l’atelier de fabrication numérique ne se définit pas par ce qu’il contient mais par ce qui en sort : les projets, les expériences, les prototypes, les artéfacts . . . C’est un environnement flexible d’apprentissage.

    Les écoliers y conçoivent et fabriquent des objets, des systèmes, des programmes pour résoudre des problèmes concrets avec des outils simples et/ou des codes informatiques.

    Les objets et les outils qui meublent le MAKERSPACE ne sont qu’un moyen pour arriver à une fin – c’est-à-dire la création d’objets et la résolution de problèmes en équipe. Mais un MAKERSPACE doit compter quantités d’objet.

    Pourquoi réinventer la roue ? C’est dans cet esprit que j’ai adapté les conseils de Kevin Jarrett, pour la mise-en-place d’un MAKERSPACE , avec la permission d’edutopia :

    Middle School Maker Journey: Top 20 Technologies and Tools

    2 – Créer un MAKERSPACE, un travail d’équipe

    L’école de Kevin dans la petite ville de Northfield dans le New Jersey, USA, bénéficie de l’aide d’organismes communautaires qui recueillent des fonds pour l’achat des matériaux, appareils numériques, etc. Puis, l’école rend à la communauté en s’efforçant de concevoir des expériences éducatives innovantes pour les enfants qui la fréquentent.

    Au Québec, Marc-André Girard, directeur du secondaire (collège) au Collège Beaubois de Montréal raconte dans une série d’articles à École Branchée, le processus initié en janvier 2016 pour créer un MAKERSPACE, terme qu’il traduit en français par « atelier de fabrication numérique ».

    Les deux concepteurs insistent sur l’importance d’être accompagné d’une équipe dynamique d’enseignants, de conseillers pédagogiques, de spécialistes d’informatique, de parents, et d’élèves lors de la planification d’un MAKERSPACE.

    3- Recouvrir les surfaces planes : murs, dos de meubles diviseurs, tables

    NinonLouiseMakers2Dans un MAKERSPACE, on veut accrocher, suspendre, épingler et écrire aux murs. Il faudra donc :

    • des panneaux muraux de paroi de lattes. Ces panneaux ajoutent une capacité de stockage flexible. On peut y suspendre des crochets, des tablettes et des paniers ;
    • des panneaux de liège demeurent peut-être encore le meilleur support pour épingler plans et images ;
    • deux types de peinture offrent la possibilité d’écrire sur les murs et la surface des tables : la peinture effaçable claire «dry erase» et la peinture au latex pour             tableau.   On recommande deux ou trois espaces muraux recouverts de ce type de peinture ainsi que la surface de toutes les tables. La peinture « dry erase » permet d’écrire avec des crayons feutres alors que la peinture à tableau demande l’usage de craies, ce qui produit de la poussière ;
    • possibilité de descendre un écran vert pour la production de contenu multimédia.

    NinonLouiseMakers5

    4 – Tables de hauteur et de taille variées et des chaises à roulettes

    NinonLouiseMakers6Ces propositions représentent un certain idéal. Il faut tenir compte de l’espace disponible ainsi que du budget du projet :

    • Deux tables hautes type «bistro» avec quatre tabourets ;
    • Une longue table (+ ou – 2 m) de hauteur moyenne qui permet l’usage de papier kraft ;
    • Deux tables carrées de hauteur moyenne où les écoliers peuvent travailler en équipe de quatre ;
    • Deux tables rectangulaires ( + ou – 120/60 cm) de hauteur moyenne ;
    • Deux petites tables basses (environ 40 cm de hauteur et 50 cm de côté) ;
    • Une table à dessin ! ?

    5 – Tabliers imperméables industriels, lunettes de protection, gants de travail

    6 – Outils et bricoles

    • La plupart des écoliers n’ont jamais utilisé des outils simples, n’ont jamais observé de près comment étaient fabriqués des objets du quotidien.
      Les premières activités proposés aux écoliers lors de leurs visites initiales au MAKERSPACE est d’utiliser des outils pour désassembler, mettre en morceaux de vieux objets du quotidien inutilisables : jouets, grille pains, bouilloires, vieux ordinateurs, petits meubles. Le but est d’apprendre aux écoliers à utiliser correctement les outils, leur faire connaître les mesures de sécurité ;
    • tournevis à têtes multiples ; rubans à mesurer ; marteaux ; pinces à plier et à couper ; clé à molette ; couteaux utilitaires (X-ACTO) ; jeux de clés hexagonales ; un niveau ; pinces à dénuder ; équerre ; scies ; spatules ; . . .
    • pistolet à colle chaude : en plus de son indéniable utilité, il permet de faire une leçon sur l’usage sécuritaire des outils ;
    • clous de finition ; fils de laitons ; rouleaux de rubans gommés ordinaires et d’électriciens ; papier de verre ; . . .
    • jeux de construction ;
    • bricoles tels, assortiments de crayons, pinceaux, papier de bricolage, assiettes en carton mince; feutres, cuirs ; perles, cure-pipes, cordelettes, bâtons d’artisanat; rubans ; boutons ; . . .
    • tablettes de notes quadrillées ; tablettes de calcul pour ingénierie ;
    • balles et plaquettes de styromousse ne sont peut-être plus recommandables parce que ce matériau met des centaines d’années à se dégrader. À vous de juger.

    7 – Les appareils électroniques que se partageront les écoliers – selon la recommandation de Kevin Jarrett :

    • une douzaine de Chromebooks avec Google Apps for Education est l’appareil de base utilisé pour les projets collaboratifs, présentations, rédaction, recherche et la plupart des projets de création numérique ;
    • une douzaine d’ordinateurs portables PC pour les logiciels qui ne fonctionnent pas sur Chromebook ;
    • deux ou trois iPad presqu’essentiels pour la production de contenu multimédia avec iMovie et GarageBand, entre autres ;
    • deux ou trois imprimantes 3D ; cependant, avant d’utiliser ces imprimantes les écoliers doivent être initiés à la conception 3D car l’imprimante ne fait pas d’eux des ingénieurs pas plus que les imprimantes laser et les traitements de texte fait d’eux des écrivains. Deux logiciels gratuits sont recommandés pour la conception 3D : Thinkercad et Projet Ignite d’Autodesk ;
    • Raspberry Pi pour la création de jeux vidéos ;

    NinonLouiseMakers3NinonLouiseMakers4

    • Bee-Bot ; Blue-Bot; WEDO et MINDSTORMS ; Tetrix ; divers ensembles LEGO, pneumatique, panneaux solaires, etc. ; LittleBits ; Makey Makey ; drones ; vous  trouverez auprès des exposants du Salon EDUCATEC-EDUCATICE par exemple, un grand choix de ces appareils.

    8 – Logiciels de programmation gratuits

    9- Des idées pour initier les écoliers au concept MAKER et quelques propositions pour savoir quoi faire ;

    • afficher en grandes lettres colorées face à la porte, la philosophie du MAKERSPACE :

    CONCEVOIR, CONSTRUIRE, TRANSFORMER

    • Le studio de design The Extraordinaires ™ offre des ensembles à bas prix qui présentent d’amusants défis de conception.  Malheureusement en anglais, je le crains ;
    • 15 idées d’activités pour entretenir la technocréativité en classe

    Romero, Margarida etVallerand, Viviane

    http://www.ecolebranchee.com/2016/04/14/15-idees-dactivites-pour-entretenir-la-technocreativite-en-classe/

    Conclusion de la pédagogue   😉

    Peut-être vos écoliers devront-ils présenter des spectacles au coin des rues afin d’amasser l’argent nécessaire pour offrir à leur école tous ces objets d’éducation contemporaine. L’usage de leur créativité commencera sans doute avant l’usage de leur MAKERSPACE mais en imaginant des levées de fonds originales. Bonne chance

    Crédit photos : Kevin Jarrett et Ninon Louise LePage

    Pour en savoir plus :

    je suis désolée pour la quantité de références en anglais. Enseignants francophones je vous invite à compléter ces références.

    https://master2dpaci.files.wordpress.com/2015/11/caractc3a9ristiques-le-mouvement-maker.pdf

    http://www.ecoreseau.fr/club-entreprendre/2015/01/29/la-revolution-makers/

    https://medium.com/@M_Nialiv/book-système-diy-faire-soi-même-à-l-ère-du-2-0-d98de4d1ed50#.ivqs7edn8

    http://blogs.ncs-nj.org/daedalus/2015/06/25/if-you-build-it-pbs-documentary/

    https://www.facebook.com/events/1666127056985417/

    les outils

    http://www.les-briconautes.fr/la-boîte-à-outils-de-base#

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Entre Production Graphique et Produits Imprimés : découverte d’un monde « numérique » au lycée Gutenberg à Illkirch

    Entre Production Graphique et Produits Imprimés : découverte d’un monde « numérique » au lycée Gutenberg à Illkirch

    Les Industries Graphiques regroupent plusieurs domaines : la partie prépresse qui consiste à préparer le travail pour l’imprimeur, faire la mise en page, la retouche d’images et la création du fichier numérique ; et la partie Productions Imprimées, qui consiste à passer du virtuel au concret « en passant de l’encre sur une feuille » ; et enfin, la partie finitions.

    Le BTS au lycée Gutenberg propose ces deux options que sont Productions graphiques et Productions Imprimées comme nous l’expliquent Dominique Gendre et Raphaël Pascual, les deux enseignants, professeurs certifiés en Industries Graphiques, qui ont en charge ces deux options.

    Netjournees_Gutemberg1_140416Sur quatre semestres de formation (soit deux ans de BTS), il y a un semestre en tronc commun où les étudiants travaillent sur les deux domaines puis deux semestres dans leur domaine de recrutement et enfin, pour le dernier semestre, « les élèves travaillent sur un projet professionnel où ils touchent à nouveau à la fois à la production prépresse et à la production imprimée », décrit Dominique Gendre.

    Aujourd’hui, les élèves travaillent sur une carte de France avec les nouvelles grandes régions ; thématique qui va être le fil conducteur de la présentation à laquelle nous assistons, de la création graphique à l’impression offset.

    En amont, création graphique et travail prépresse.

    « Il est demandé aux étudiants de partir de documents non exploitables, avec un fond de carte qui a été récupéré sur internet ; ensuite, ils doivent récupérer les fichiers, les traiter, et réaliser la colorisation des différentes régions, ajouter les noms puis préparer le fichier à destination de l’impression », explique Raphaël Pascual.

    Netjournees_Gutemberg2_140416
    Les étudiants apprennent à utiliser différents logiciels comme Illustrator, « qui est un logiciel qui nous permet de faire des illustrations dépourvues de pixels, de très haute résolution et donc d’une très bonne qualité », décrit Antoine Sertling, étudiant en BTS première année communication et industries graphiques option Productions Graphiques.

    « Après, on importe tout sur InDesign qui est un logiciel de mise en page », ajoute Antoine.

    A la fin de la partie prépresse, le fichier est donc imprimé sur une presse numérique pour être soumis au client.
    « En cas d’accord du client, le fichier informatisé est exporté en PDF » ; « en PDF normalisé », précise Raphaël Pascual, « car nous essayons d’appliquer le plus possible une norme ISO ».

    Cette norme ISO nécessite aussi des informations techniques comme le format papier, le format de la plaque et le nom de la machine « pour pouvoir ensuite graver les plaques destinées à être mises en machine ».

    C’est ensuite Lambert Charoux, élève en BTS première année communication et industries graphiques option Produits Imprimés, originaire de l’Ile Maurice, qui va nous expliquer avec précision en quoi consiste le « gravage » des plaques.

    Graver les plaques avant impression.

    Il y a une plaque par couleur (Magenta, Yellow, Cian et noir) et « l’encre va se déposer là où la plaque a été gravée ».
    Avec le « compte-fils », les élèves vont vérifier à l’œil nu si les 4 couleurs sont bien superposées afin d’obtenir un bon rendu. Puis, avec la borne de contrôle, ils vont pouvoir régler, par zones, le niveau d’encre sur la feuille.

    Travailler sur un simulateur avant de lancer l’impression.

    Netjournees_Gutemberg3_140416Pour les gros travaux d’impression qui nécessite l’usage de machines haut de gamme et afin d’éviter tout gaspillage, les élèves sont invités à s’entraîner sur un simulateur.

    « Sur le simulateur, nous avons exactement la même interface que sur la machine que nous avons à l’atelier, les mêmes écrans tactiles, les mêmes boutons ; cela permet, avec cette interface, de faire un lien beaucoup plus rapide avec la machine », explique Dominique Gendre.

    En 2ème année, de l’apprentissage à la mise en pratique dans la « vraie » vie.

    En 2ème année, le travail devient très concret puisque les élèves ont un projet qui consiste à répondre à une demande réelle d’un client.
    « Ce sont des clients que nous trouvons qui sont uniquement des associations ou des établissements scolaires, afin de ne pas faire de concurrence déloyale à la profession », souligne Dominique Gendre.

    Avant de se lancer dans les projets, « nous élaborons, avec nos clients, la charge de travail qui sera demandée aux élèves et la faisabilité technique » ; les « clients » ne paient en fait « que le papier et l’encre », conclut Dominique Gendre.

  • Médiation, Collaboration… les usages au-delà des contraintes

    Médiation, Collaboration… les usages au-delà des contraintes

    Pourquoi tant de précautions à présent ? Une récente discussion, au sein d’un organe institutionnel voué à la promotion des usages, mais apparemment très en difficulté dans l’accomplissement de sa mission, m’a permis de constater avec une certaine déprime, qu’à nouveau le débat s’oriente sur ce qu’il ne sera pas possible de faire, et toute l’énergie dépensée à s’y atteler, sans proposer, en échange, des solutions qui devront fonctionner.

    Je suis très inquiet. Persuadé du peu de cohérence derrière tout cela et du climat de psychose qui s’entretient, dans le but unique de promouvoir un marché numérique désorienté avant d’en valoriser les effets positifs pour les élèves.

    Car comment expliquer que l’on ne cesse de nous dire que cela fonctionne bien, et de plus en plus, tout en ne constatant que des difficultés doublées de contradictions ? Une réalité qui se développe à année plus quelle chose, alors que c’est à l’instant que se cherchent des solutions.

    Préambule

    Pour remettre un peu d’enthousiasme là dedans, je me permets de vous faire part d’une nouvelle expérience, pas forcément récente (deux mois déjà !) qui relance débat et motivation sur les usages numériques.

    Cela se passe dans un lycée de banlieue parisienne, à Evry, avec une classe de première littéraire ayant eu la chance de pouvoir se rendre dans un des hauts lieux de notre histoire humaine : Auschwitz.

    Martial_Auschwitz1_260416

    Genèse d’un projet

    Les choses ont été très vite. Elles s’articulent autour de la motivation forte de faire de cet évènement un prétexte à dépasser le cadre des exigences traditionnelles de retours et productions. Un cadre très simple à envisager : comment les utiliser, les exploiter ?

    L’équipe d’enseignants concernés, avec Christine Fiasson (@ChrisFiasson), une collègue particulièrement investie dans la e-formation et proche des actions et innovations de terrain, voyagera au-delà du moment pour proposer un travail de réflexion et de présentation, allant sur le terrain avec les plus simples outils numériques du moment.

    L’idée est d’investir le champ du numérique multimédia de la mission de marquer les esprits en associant le vécu aux émotions, tout en les partageant. Une mission de « médiation » qui verra le jour au sein d’une collaboration forte avec l’Atelier CANOPÉ local et les partenariats d’entreprises.

    « Auschwitz16 » sera le projet, incluant la collaboration des élèves, des enseignants et des acteurs du numérique locaux.

    Martial_Auschwitz2_260416

    Les journées « portes ouvertes » du Lycée du Parc des Loges à Evry, vont offrir le support idéal pour permettre aux élèves d’évaluer la valeur de leur travail. Car sous la pression de Christine, et avec mes exigences permanentes, ce sont eux qui vont apporter le contenu de l’application qui va servir de support à cette médiation, par le biais de QRCodes qui vont être associés à des photographies sur format A4.
    Le tout, dans un environnement totalement déconnecté.

    Un travail collaboratif

    Le contenu est initialement très varié. C’est du son, de la photographie, de la vidéo. Ce sont des textes écrits sous des formes différentes (poèmes, proses, résumés), très souvent avec une mise en forme en relation avec toute l’émotion portée.

    Pour les élèves, c’est à leur savoir que nous nous adressons. C’est à leurs compétences, et à leur investissement. De fait, tous les supports n’ont pas été uniformes.

    Martial_Auschwitz3_260416

    Les quelques jours que nous avons pu y consacrer ont été intenses. Et c’est au résultat que nous nous sommes attachés.
    J’ai pu assister à la présentation du compte-rendu du voyage aux parents et à l’ensemble des personnes qui ont franchi les portes de cette petite salle dédiée à l’exposition des photographies du voyage.

    Une médiation de terrain

    Un vidéo-projecteur au fond de la salle accueillait les badauds, présentant fièrement une des vidéos, entièrement réalisée par une élève, et contenue dans l’application. A l’entrée, des élèves à qui nous avions offert une formation expresse sur le fonctionnement de l’application juste cinq minutes avant l’ouverture des portes, accueillaient le public en leur proposant de faire le tour de la pièce, une tablette (prêtée par l’Atelier Canopé) … à la main.

    Martial_Auschwitz4_260416

    Aucune magie, aucun artifice.

    La transformation s’est opérée d’elle-même, dépassant même la simple satisfaction d’avoir fait quelque chose. Tout d’abord timides, et concentrés sur l’explication du fonctionnement de l’objet, les élèves présents se sont très vite vus accompagner les visiteurs sur le fond de cette présentation.

    L’objet, devenu média et médiateur, au départ objet de l’attention, se présente comme un support venant renforcer l’expression orale des élèves, leurs explications, leur spontanéité.

    Des textes non appris mais tirés de la mise en relation, à cet instant de ce qu’ils ont créé, vécu et ressenti avec l’impérative nécessité de le transmettre.

    Pour le public, c’est autant de surprise et de satisfaction. Tout d’abord, nous avons constaté que cette salle aurait pu être traversée en quelques minutes avec peu de mots échangés. Dans la réalité, le simple passage par le média tablette aurait suffit à « garder » les personnes captivées quelques minutes de plus.

    Et cette réalité s’est trouvée démultipliée par le dialogue entre adultes et élèves, pour des échanges allant au-delà des photographies, de leurs QRCodes et des contenus auxquels ils donnaient accès. Et également des échanges en marge de l’exposition initiale, se laissant aller même à des détails sur les techniques utilisées pour prendre les images, élaborer les contenus, et restituer l’ensemble.

    Martial_Auschwitz5_260416

    Une expérience de plus

    Nous avons tiré de cette journée une somme conséquente d’informations. Quand un tel évènement s’avèrera reconduit, nous pourrons bénéficier de ce premier jet, et nous pourrons y ajouter tous ces petits détails qui nous ont manqué.

    La production de contenus est apparue plus concrète dans son utilisation, aux élèves.

    Voir son travail utilisé et exploité, restitué au-delà d’une copie rendue ou d’une note obtenue a eu comme impact un fort sentiment de valorisation.

    C’est une chose que nous devons intégrer, car ma réflexion immédiate a été qu’il fallait pousser, de fait, cette création et production avec, par exemple, l’élaboration de capsules vidéos plus conséquentes. Un autre point non négligeable dans l’utilisation des QRCodes est l’intensité lumineuse à prendre en considération afin de faciliter la lecture.

    Martial_Auschwitz6_260416
    Un point très positif sur la qualité de l’application qui nous a permis de développer des techniques interactives, comme la navigation sur l’écran, à travers le plan du camp. Une qualité doublée de fiabilité car aucun problème technique n’est survenu pendant cet évènement. Ceci est d’autant plus nécessaire à préciser que, comme pour « 1871 » la contrainte technique  principale à la réussite de cette journée était l’absence impérative de réseau permettant d’avoir accès à internet !

    Si votre projet comporte des éléments similaires, ou si vous souhaitez pouvoir en développer d’autres, que vous soyez enseignant ou autre, je vous invite à contacter : contact@pdagogie.com ou à entrer en contact avec le Réseau Canopé à ce sujet.
    Martial, @MarsPinko

    Les articles « officiels » associés à cette action seront publiées sous peu sur les espaces de Canope et du réseau des interlocuteurs académiques. Ils seront accessibles en lien via les commentaires.

  • Des tablettes en classe, pour quoi faire ?

    Des tablettes en classe, pour quoi faire ?

    Des documents numériques…

    Le simple fait de pouvoir zoomer sur le document est un véritable plus pour les élèves (sans parler des élèves à besoins spécifiques).
    Par exemple, je me suis rendu compte, lors de l’étude du tableau “le sacre de Napoléon”, que les élèves s’intéressaient aux conditions de sa création car ils pouvaient voir les détails de celui-ci. Ces questions ne m’avaient tout simplement jamais été posées lorsque je projetais le document uniquement au tableau.

    NicolasBertos_060416

    Très rapidement vous utiliserez la tablette de cette manière là pour complexifier vos cours, en introduisant par exemple des possibilités de différenciation (“Tu peux étudier le documents que tu veux”, “groupe 1 / groupe 2, ou comme décrit dans cet article).

    … aux activités numériques !

    Mais bien sûr l’utilité des tablettes est qu’elles permettent de réaliser des exercices que les conditions techniques de la salle de classe nous interdisaient auparavant. Voici un exercice que je propose en formation, il aide à s’emparer des changements qui sont à notre portée.

    C’est un exercice qui est prévu en travail de groupe afin de susciter l’émulation et le foisonnement d’idées.

    Dans un premier temps, les collègues complètent si besoin un nuage de mots que j’ai élaboré où l’on retrouve les principales utilités de la tablette.

    Le second temps est consacré à l’intégration d’un de ces avantages à une séance d’un des professeurs (choix libre).
    Mais l’activité ne s’arrête pas là. Mon objectif est de montrer aux collègues que le moteur de la scénarisation de leur cours est leur imagination. Ils doivent donc ensuite imaginer une deuxième manière d’utiliser le même avantage.

    NicolasBertos_180416

    Par exemple un groupe avait choisi la prise de photo pour réaliser des selfies en classe (arts plastiques, langues vivantes, HG et EMC, svt). Ils se sont ensuite servi de l’appareil photo pour prendre en photo le manuel (comme dans cet article), photographier les différentes étapes d’un projet (arts plastiques) ou de la croissance d’une plante (svt) etc.

    La restitution orale des travaux de groupes permet ainsi de balayer un large éventail d’utilisations possibles et d’ouvrir les horizons pédagogiques à l’aide des idées des collègues. La seule limite est votre imagination !

    Faites produire les documents aux élèves.

    Lors de chaque activité, je me pose la question suivante: “et si, au lieu de faire étudier le document aux élèves, je le leur faisais produire à l’aide d’autres documents et de questionnements ?”.

    La tablette est un outil de production qui peut aider les élèves à devenir acteurs de leurs apprentissages car ils vont pouvoir choisir la nature de ces productions (vidéo, infographie, nuages de mots, présentations etc) et donc se sentir plus à l’aise que lors d’un exercice plus classique (type rédaction d’un paragraphe).

    Si ces activités sont très chronophages, leur efficacité est maximale. On rejoint ici une idée que je vous avais déjà présentée dans cet article (parcours questions) lors de laquelle les élèves produisaient les questions du cours.

     

    Source image : commons.wikimedia.org