Catégorie : POINT DE VUE

  • Dyslexie et alors ? Redonner confiance avec le numérique

    Dyslexie et alors ? Redonner confiance avec le numérique

    Lors du salon Educatice de novembre dernier, Microsoft a eu l’occasion d’organiser une conférence sur le sujet de la dyslexie qui touche plus de 200 000 enfants en France. Nous avons recueilli le témoignage de deux jeunes dyslexiques à qui le numérique a souri et leur a changé la vie, si on en croit leurs déclarations.

    La parole est donnée à Antoine Masson et Antoine Lamanda, pour qui le numérique est une « béquille » vraiment efficace pour les aider à redevenir des élèves « normaux ».

    Extrait de la vidéo :

    « En fin de 5ème, j’étais en échec scolaire. Après avoir fait des recherches, ma mère a trouvé l’Ordyslexie. Je suis rentré en 4ème avec cet outil, je l’ai pris en main en une semaine et ma moyenne de français est passée de 6 à 11,5 ; et surtout, j’ai repris pleinement confiance en moi », explique Antoine Lamanda.

    Plus d’infos :

    sur l’association l’Ordyslexie : www.ordyslexie.fr

  • 3 raisons pour intégrer le téléphone mobile dans les kits d’alphabétisation en Côte d’Ivoire

    3 raisons pour intégrer le téléphone mobile dans les kits d’alphabétisation en Côte d’Ivoire

    Les derniers chiffres issus de d’Enquête sur le Niveau de Vies (ENV, 2015) sont alarmants sur la question de l’analphabétisme en Côte d’Ivoire. En effet, environ 55 % de la population ivoirienne âgée de plus de 15 ans ne sait ni lire, ni écrite encore moins compter en français. Bi Sehi Antoine MIAN, Ph.D. nous propose une vision bien réaliste sur l’usage possible et pédagogique des outils mobiles comme les téléphones dont le nombre d’abonnés aujourd’ui dépasse le nombre d’habitants !

    Pour parvenir à relever le défi de l’analphabétisme en Côte d’Ivoire, il importe aujourd’hui de faire appels à d’autres outils tels que le téléphone mobile.

    D’une façon générale, un kit d’alphabétisation est composé, selon les experts, de livres (lecture, écriture, calcul), de cahiers, de stylos, de crayons, d’ensembles géométriques, de boites de craies et de calculatrices. Ainsi, dans le kit tel que distribué actuellement aux auditeurs des centres d’alphabétisation en Côte d’Ivoire, il n’est point fait mention de téléphone mobiles. Pourtant, selon moi, trois raisons militent aujourd’hui en faveur de l’intégration du téléphone mobile dans les kits d’alphabétisation par la Direction de l’Alphabétisation et de l’Éducation Non Formelle (DAENF) du Ministère de l’Éducation Nationale (MEN).

    D’abord parce que le téléphone mobile est accessible à la population cible. S’il y a une technologie qui a le plus conquis l’Afrique, c’est le téléphone mobile. En effet, une étude menée entre 2011 et 2013 par Afrobaromètre dans 34 pays montre que 93% des Africains ont accès à la téléphonie mobile quand ils ne sont que 88% à pouvoir aller à l’école, 59% à avoir l’eau courante et 28% à être reliés à un système d’épuration des eaux.

    En Côte d’Ivoire par exemple, il y a aujourd’hui plus d’abonnées au téléphone mobile que d’habitants.

    En effet, les indicateurs du 1er trimestre 2016 de l’ARTCI indique que 24 554 491 de puces sont actives pour une population estimée à 22 671 331 d’habitants. De plus, la population cible c’est à dire celle âgée de 15 ans et plus a souvent accès au téléphone mobile.

    Ensuite, parce que le téléphone mobile est un outil d’alphabétisation.

    L’utilisation du téléphone mobile comme outil d’alphabétisation est de plus en plus documentée dans le contexte africain. En Côte d’Ivoire par exemple, depuis environ deux années, MTN Côte d’Ivoire mène des campagnes d’alphabétisation des couches vulnérables de la population à l’aide du téléphone mobile. La dernière en date a été faite avec AmBC, une application mobile, créée par Byte informatique en partenariat avec MTN Côte d’Ivoire et Unesco.
    Cette application qui contient plusieurs modules d’apprentissage avec différents niveaux peut être d’une aide appréciable pour les moniteurs des Centres d’alphabétisation.

    Enfin, parce que le téléphone mobile permet de lutter contre l’illettrisme.

    Tous les experts en alphabétisation vous diront que la difficulté majeure dans le métier c’est le suivi de l’auditeur une fois qu’il a quitté le centre d’alphabétisation. En effet, si ce suivi n’est pas adéquat, l’auditeur peut tomber dans l’illettrisme. C’est à dire qu’il risque de perdre la maîtrise de la lecture, de l’écriture et du calcul.

    Grâce au téléphone mobile, il est aujourd’hui possible de faire face à cette situation. L’utilisation de la fonction SMS par les moniteurs et les auditeurs des centres d’alphabétisation est une piste à exploiter. A cet effet, la formation dans les Centres d’alphabétisation devraient encourager les auditeurs à faire usage du SMS pour échanger entre eux mais aussi avec leurs moniteurs. Elle devrait aussi apprendre aux auditeurs d’utiliser la fonction calculatrice des téléphones mobiles en lieu et place de la calculatrice ordinaire pour apprendre à calculer.

    Ces usages pourraient être très bénéfiques pour la lutte contre illettrisme post-alphabétisation. Mais, bien plus qu’un outil de lutte contre illettrisme, le téléphone mobile pourrait permettre de repérer les illettrées.

    En effet, d’après le site Konbini, une étude faite par Pal Sundsoy, un chercheur norvégien, montre qu’il serait possible de repérer un illettré grâce à son téléphone mobile. Le modèle qu’il a utilisé se fonde sur un algorithme prédictif et une base de données des relevés d’activité des téléphones mobiles : localisations, contacts, nombres de messages et d’appels, heures de réception de ces communications, etc.

    En additionnant les données géographiques, sociales et économiques, le modèle prédictif de Pal Sundsoy parviendrait actuellement à identifier les zones d’illettrisme avec 70 % de précision.

    Comme on peut le constater, il n’y a vraiment pas de raison pour que que le téléphone mobile soit absent des kits d’alphabétisation. Son intégration devrait même être encouragée aussi bien par le MEN dans le cadre de sa politique d’éducation numérique que par le Ministère de l’Économie Numérique et de la Poste dans le cadre de sa politique de vulgarisation des usages des outils numériques.

    Par ailleurs, alors que le dernier rapport de la Banque Mondiale sur la situation économique de la Côte d’Ivoire fait ressortir la propension des ivoiriens à utiliser les solutions Moble money, l’intégration du téléphone mobile dans le kit d’alphabétisation permettra de parfaire l’autonomisation financière des populations vulnérables.

    Les populations alphabétisées pourront de façon autonome faire en toute sécurité leurs opérations Mobile money. Pour favoriser intégration du téléphone mobile dans le kit d’alphabétisation, le MEN devrait encourager la formation des moniteurs des centres d’alphabétisation et l’élaboration de modules d’alphabétisation avec le téléphone mobile.

    Auteur : Bi Sehi Antoine MIAN, Ph.D.
    Blog www/ticeduforum.ci
    Twitter @mianseh

  • Eloge de la modération

    Eloge de la modération

    Nicolas Le Luherne n’aime pas entrer dans la polémique ; l’article de Philippe Bihouix dont nous avons déjà parlé dans ludomag avec « Numérique en classe : élève t-on nos enfants hors-sol ? » de Ninon Louise LePage, »Les élèves ne sont pas des tomates ! » avec Stéphanie De Vanssay et « Hors-sol ou l’école déconnectée » par Caroline Jouneau-Sion lui ont pourtant donné matière à réagir « positivement ».

    J’ai longtemps hésité à réagir à un article de libération qui stimule un peu plus les lignes de fracture qui apparaissent depuis quelques mois au sein du monde de l’éducation. Je me suis, toujours, imposé un minimum de commentaires et d’évoquer uniquement ce qui me paraît positif.

    Ce n’est pas de l’angélisme mais j’aime laisser aux autres la polémique. Puis à l’image des rêveries d’un promeneur solitaire, je suis allé fouiller dans ma bibliothèque mondiale accessible par cet outil formidable qu’est le World Wide Web.

    Je suis, alors, tombé sur un article d’une de mes revues préférées : les inrocks (oui, comme tous les hipstprofs de moins de 40 ans). Quand on a introduit les instruments et les outils numériques dans sa pratique professionnelle, il est difficile d’entendre que le numérique serait un désastre pour l’École.

    Les barricades…

    Le mot désastre évoque : le malheur, la ruine, la calamité quand je consulte mon OPNI (Objet Papier Non Identifié) : Le Robert illustré 2014. Je ne vais pas invoquer Umberto Eco et la sémiologie pour relever ce qu’a de clivant et de violence, ce terme, d’autant que j’ai été tenté d’y céder. Je suis comme tout le monde, je cède parfois à l’irrationnel comme si il existait des barricades.

    Forcément, comme elles n’ont que deux côtés, je suis du bon. Je vais chercher dans ma bibliothèque la référence qui “tue”, le titre punchline. J’aime les pastiches et ce coup-là je voulais détourner le titre du pamphlet du comité invisible : L’insurrection qui vient. Cela ressemblait au “Désastre qui ne viendra pas”. Je voulais, d’ailleurs, utiliser ce paragraphe : “Sous quelques angles que l’on prenne, le présent est sans issue…. à tous ceux qui prétendent détenir des solutions, ils sont démentis dans l’heure”.

    J’avais pour consolider tout cela, une liste d’articles prélevés sur le web (je les partage dans les sources) pour étayer la dispute.

    …mais ça, c’était avant.

    Oui, ça c’était avant. D’abord, je ne suis pas Nostradamus et je ne peux pas prédire de l’école. Je n’ai pas l’autorité d’un chercheur en sciences de l’éducation pour faire de la prospective. Cela ne veut pas dire que je n’ai pas mon avis mais tout simplement qu’il faut faire preuve d’humilité.

    A relire les deux articles (il faut dire que je n’ai pas encore lu le livre), je nous ai trouvé des points communs (eh oui !). D’abord, j’ai relayé un article du blog de Philippe Silberzhan. Il évoque quatre erreurs que l’on commet facilement quand on passe au digital.

    Pour résumer, un peu rapidement, le numérique n’est pas une baguette magique. En matière de pédagogie comme de management, c’est l’humain qui compte. Les outils ne sont qu’au service de la démarche pédagogique.

    Le soucis de l’élève :

    Nous avons tous une vision de l’école.

    L’École, c’est un peu l’équipe de France de football, il y a 60 millions de sélectionneurs.

    C’est une bonne nouvelle car nous sommes tous concernés par ceux qui seront la France de demain. Ces visions ne sont ni meilleures, ni moins bonnes que les autres. Elles sont les nôtres. Le plus important est le souci de l’élève et de la réussite de leurs apprentissages. Le titre est très bon et accrocheur, cependant, il interroge aussi sur l’état de la communication entre les différents acteurs de l’éducation. Si j’avais écrit cet article, j’aurais participé à cette fuite en avant eschatologique. Je ne voulais pas me trouver dans la situation de Bruce Willis dans Armageddon (oui, j’ai une série de film culte dont j’ai un peu honte), surtout que pour être honnête, je ne serais jamais le sauveur de l’Éducation et plus encore celui de l’humanité.

    Sortons de nos bulles :

    Alors, qu’est-ce qui m’a décidé à écrire finalement ? Le partage d’un ludovien bien connu : Lyonel Kaufman. Je suis tombé, grâce à lui, sur cet article du Monde intitulé La propagande des algorithmes ? Vraiment ?

    Il ne s’agit pas, bien sûr, d’une attaque bien maladroite et mal venue au livre qui vient de paraître. Deux passages, de cet excellent papier, m’ont marqué. Le premier nous explique que “les réseaux sociaux notamment ont renforcé l’absence de consensus, l’absence de vérité partagée”. Le second nous dit que : “Les algorithmes des médias sociaux nous enferment dans nos bulles de filtres nous proposent une vision du monde soigneusement sélectionnée pour aller dans le sens de nos croyances et de nos convictions, nous éloignant de toutes réfutations”.

    Ma réaction témoigne de ces deux symptômes : le manque de prise de hauteur et l’effet citadelle. Je ne suis pas une victime du numérique. J’ai tendance à ne suivre (comme beaucoup) que les gens avec qui je partage des affinités pédagogiques. C’est, toujours, plus facile d’échanger avec notre cercle que de débattre avec l’autre. Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir été prévenu !

    Une démarche didactique et pédagogique :

    J’ai relu les deux articles et on y parlait beaucoup d’outils et d’instruments. Quelque chose nous unit pourtant : le soucis de faire progresser nos élèves.

    J’ai le sentiment qu’il y a maldonne parce que tous ceux que je connais et qui utilisent le numérique, ne le font qu’au service d’une démarche didactique et pédagogique.

    Par exemple, j’ai utilisé édugéo pour faire de la diachronie. Mon objectif était de montrer l’étalement urbain de la ville où j’habite. Quand j’étais étudiant, il fallait plusieurs cartes IGN, une grande table… avec cet instrument pédagogique : je pouvais le faire en un clin d’oeil.

    Ici, ce n’est pas par facilité mais simplement pour consacrer l’attention de mes élèves à mon réel objectif pédagogique et didactique.Cet instrument me permettait de penser l’apprentissage du croquis en granules.

    Je commençais par le système d’information géographique pour finir par le papier. Parfois, je n’ai pas honte de le dire : j’utilisais un OPTD (Objet Pédagogique Technologiquement Dépassé) : le rétroprojecteur. Oui, oui, ce machin est idéal pour s’entraîner aux croquis fait à la main. Il permet de recommencer, de comparer à l’aide du transparent et finalement de se mettre en confiance.

    Enseigner hors-sol ou plutôt enseigner hors-âge ?

    Je ne sais pas ce qu’est enseigné hors-sol. Philippe Zilbersahn répond d’une certaine manière quand il nous dit “qu’on ne peut pas penser un changement technologique hors-sol, que la technologie est toujours le produit d’une société, qu’elle modifie en retour”. Mon objectif est, surtout, de ne pas enseigner hors-âge. Enseigner c’est un chemin avec quelques embûches et parfois des erreurs d’orientation. Chaque classe est différente mais il faut tenter de trouver des outils qui permettent de différencier les parcours (cela ne se fait pas, je me site, mais cet article explicite mon parcours d’enseignant).

    Vous savez, je suis même plutôt “réac” d’une certaine manière, mes références pédagogiques sont du début du XX siècle quand le monde passait beaucoup plus de temps à se déchirer qu’à penser à construire une école au service des élèves. Freinet, Montessori, Janusz Korshak, j’en ai retenu la bienveillance. Loin du laxisme : cette philosophie est de créer des conditions favorables pour que les élèves progressent. Être bienveillant, c’est encourager tout le temps, et parfois sanctionner, pour progresser.

    Une autre manière de voir le monde :

    L’introduction du numérique dans la classe, cela a été l’occasion de me poser de nouvelles questions. Qu’est-ce que je vais faire de ce nouvel outil ? Qu’est-ce que cela change à la manière dont j’anime la classe, à la géographie. Je suis allé voir ce qu’il se faisait ailleurs.

    J’ai lu le livre de Chris Anderson : Makers. « Quand je construis un scénario pédagogique, comme le grand-père de l’auteur, j’ai toujours aimé réfléchir, construire des prototypes, tenter de résoudre des casses-têtes, trouver des solutions. C’est passionnant d’être enseignant !  »

    Les rencontres se sont multipliées au même rythme que les questions. Il n’y a pas longtemps, j’ai entendu parler d’école lassalienne (c’est pas tout jeune). J’ai retrouvé des mots qui rimaient avec ma passion de la musique underground des années 1980. Le Do-it yourself, devenir un enseignant bricoleur, autonome et en même temps dans une équipe plus large.

    Les murs sont tombés et pourtant je n’ai jamais senti être autant ancré dans la classe.

    Je me suis même intéressé au Jugaad ou l’art de faire plus avec moins. J’ai bien conscience qu’il n’y a pas de corne d’abondance ouverte. Si je traverse la rue, le fablab du coin organise des cours pour programmer avec un kit Arduino (il faut que j’y aille) et surtout un “Repair café”. Et pourquoi pas réparer, recycler et bricoler avec mes élèves. Aller voir ailleurs, réfléchir aux conséquences… Une belle leçon d’écologie appliquée non ?

    Des gardes-fous :

    Je regarde une nouvelle fois ma bibliothèque et j’y vois trois livres “de chevet pédagogique” : Serge Tisseron : 3-6-9-12, André Tricot et Franck Amadieu : Apprendre avec le numérique et un nouveau : le cerveau funambule de Jean Philippe Lachaux. Les deux premiers livres sont des gardes-fous, ils permettent de discerner les mythes des réalités. Le dernier permet de revenir au principal comment mettre l’élève dans des conditions optimales d’apprentissages.

    Le dernier samouraï :

    Le problème principal, quand on ne se parle et ne s’écoute plus, est de voir l’autre comme un pompier pyromane. Les échanges sont entre le sarcasme, l’argument d’autorité et l’affrontement de bibliothèque à bibliothèque. Qui connait, réellement, les ambitions de l’autre pour les élèves ? J’ai le sentiment que l’on tombe dans les travers du Dernier Samouraï.

    L’image est un peu étrange, mais elle est plus explicite quand on regarde l’émission Motion vs History de Nota Bene (Je conseille cette chaîne youtube à tout le monde). Les deniers Samouraï ont utilisé des fusils et pas des katanas ! Le danger des citadelles, c’est l’image d’épinal qu’elle soit pro ou anti-numérique.

    Et si on se parlait ?

    Empathie et respect de l’altérité, appliquons-nous les valeurs que l’on souhaite transmettre aux élèves. Il n’y a pas une bonne manière d’enseigner, il n’y a pas de formule magique.

    Le numérique n’est pas la pierre philosophale et les enseignants ne sont pas des alchimistes.

    Il y a simplement des stratégies qui relèvent de la classe, de l’enseignant, de la programmation mais aussi de l’instant. Nos élèves méritent mieux que des punchlines, ils méritent de la modération. Il est temps que nous sortions des “tranchées et de se dire” : “Et si on se parlait ?”

     

    Sources :

    Philippe Bihouix : «Avec l’école numérique, nous allons élever nos enfants « hors-sol », comme des tomates», entretien Par Noémie Rousseau, Dessin Sylvie Serprix, Libération, 2 septembre 2016.

    Le numérique est-il un désastre pour l’école ?, Fanny Ménéghin Les Inrocks, 1 septembre 2016.

    Former à la transformation digitale: Quatre erreurs fréquentes, Le blog de Philippe Silberzahn, 25 avril 2016.

    La propagande des algorithmes ? Vraiment ?, Hubert Guillaud, Le Monde, 17 septembre 2016.

    Le métissage pédagogique. Découvrez l’auto-socio-construction, Thot Cursus, Nicolas Le Luherne.

    La vérité sur le dernier samouraï, Motion VS History #7, Nota Bene, 7 septembre 2016

    Makers : la nouvelle révolution industrielle, Chris Anderson, 2002

    3 – 6 – 9 -12 : Apprivoiser les écrans et grandir, Serge Tisseron, Eres, 2013.

    Apprendre avec le numérique, Franck Amadieu, André Tricot, Retz, 2014.

    Ce qui aurait dû être les sources de mon article :

    Bernard Stiegler : « Avec le numérique, nous sommes dans l’obligation de repenser l’éducation », Christophe Castro, Inriality, 11 septembre 2013.

    Les Z, ces « digital intuitives », Roxane Baché, Snip, 27 juillet 2016.

    Dix expériences innovantes pour changer l’école, Le Monde, 5 septembre 2016.

     

     

     

     

  • Hors-sol ou l’école déconnectée

    Hors-sol ou l’école déconnectée

    Dans un récent essai relayé par Libération, Philippe Bihouix, ingénieur centralien, lance un assaut contre le plan numérique éducatif lancé par le gouvernement, et, plus largement, contre le numérique à l’école. Caroline Jouneau-Sion, enseignante et auteur du blog pedagotice.blogspot.fr répond à Philippe Bihouix. 3ème article « droit de réponse » sur ludomag.com.

    Je dois préciser, pour être honnête, que je n’ai pas eu le temps de lire le livre en cette rentrée scolaire. Je réagis donc uniquement sur la foi de cet article. L’essayiste décrit une école en bien mauvais état. « L’école numérique est un désastre », une « fuite en avant » et rendrait l’école « nocive ». Bientôt, se désole-t-il, « nous allons élever nos enfants hors sol, comme les tomates ! ».

    Au milieu de ces propos un chouïa excessifs – mais c’est sûrement le fait d’être rassemblés dans ce court article – j’entends un certain nombre de vérités sur l’école.
    Je suis tout à fait M. Bihouix lorsqu’il refuse que l’école entraine une addiction aux écrans, soit vidée de ses enseignants.
    Je l’approuve tout à fait dans l’idée que les élèves doivent trouver du plaisir dans le travail intellectuel et manuel, et avoir ainsi le goût de l’effort.
    Et c’est vrai que beaucoup de matériel a été acheté à grands frais pour ne pas servir beaucoup.

    Et pourtant, la lecture de l’article m’a fait bondir de ma chaise. C’est surtout le procédé que je déplore. Je ne sais qui, de l’auteur ou du journaliste, se plaît à jongler avec les présupposés, les suppositions et autres fantasmes à propos des enseignants, mais c’est assez énervant. Je me propose donc de les souligner ici.

    D’abord, traiter les enseignants qui essayent de former au mieux les citoyens du futur de « technopédagogistes », et leur prêter un foi intense dans un certain nombre de mirages, c’est moche.

    Non, les pédagogues (ce n’est pas une insulte) ne sont pas des naïfs, et non, ils ne mettent pas les technologies au centre de la pédagogie. Tous les pédagogues le savent : les technologies sont des instruments pour faire apprendre, au même titre que le lieu où l’on enseigne, avec son tableau, son mobilier, que les manuels que l’on utilise, que les tableaux noirs (qui furent en leur temps un apport technologique fort décriés).

    Non les technologies ne se résument pas à un hochet que l’on donne aux élèves pour les distraire de la corvée d’être en classe. Ils sont un instrument que chacun dans le monde réel est amené à utiliser, un instrument d’accès à l’information, voire à la connaissance, et il convient de ne pas en priver les élèves, et sûrement aussi de les former à leur usage.

    Par ailleurs, M. Bihouix trouve la concertation insuffisante pour « discuter la pertinence du numérique à l’école ». C’est sûrement que M. Bihouix n’a pas lu les articles de André Tricot par exemple, chercheur en éducation et sciences cognitives, qui porte depuis plusieurs années un regard mesuré et étayé par une recherche sérieuse sur le rôle des technologies dans l’apprentissage.

    Je lui conseille également la lecture de nombreux travaux issus des la recherche au sein de l’Institut Français de l’éducation et de l’INRP avant lui. Bref, la recherche est à l’œuvre depuis les années 80 (oui oui !) sur le sujet de l’impact du numérique sur l’enseignement.

    Je pense que les profs savent lire, que les gens qui travaillent au ministère savent se mettre au courant de l’avancée de ces recherches. En fait j’en suis sûre, j’en ai croisé plusieurs centaines à Ludovia au fil des années.

    Enfin, je pense que je n’ai pas la même définition que M. Bihouix quant au terme de « hors sol ». Si je comprends bien le dictionnaire, « élever quelque chose hors sol, c’est le couper de notre terre nourricière pour le faire grandir sur un substrat préparé pour lui« .

    Pour moi, supprimer le numérique à l’école, ce serait justement créer un espace coupé du monde, dans lequel on ne mettrait que les éléments que d’aucuns jugent pertinents pour éduquer des enfants.

    C’est sûr, il y a sûrement des efforts à faire dans l’analyse des équipements nécessaires pour chaque lieu d’apprentissage, de façon à ne pas jeter l’argent public par les fenêtres. Probablement aussi qu’une solide formation, voire un accompagnement des enseignants dans leurs démarches pour former aux usages de ces outils pourrait faire du bien.

    Mais une école déconnectée, c’est une illusion.

    Chaque élève ou presque a un téléphone dans sa poche. Leur interdire toute connexion à l’école, ça signifie qu’une fois sortis de l’école, ils naviguent en toute liberté et sans aucune formation sur un internet que personne ne parvient à dompter. C’est comme lâcher un enfant sauvage dans une boîte de nuit parisienne…

    Non M. Bihouix, l’école déconnectée que vous prônez ne donne pas du tout envie de manger des tomates.

    Source : Auteur Caroline Jouneau-Sion, enseignante et blog pedagotice.blogspot.fr

     

     

     

  • Les six avantages de l’écran interactif en école

    Les six avantages de l’écran interactif en école

    Alors que de nombreux écrans tactiles interactifs remplacent les autres solutions interactives, les utilisateurs du secteur éducatif s’attendent à une surface d’écran utile et plug & play comparé aux vidéoprojecteurs interactifs.

    Les systèmes numériques sont de plus en plus présents dans les établissements scolaires comme dans les entreprises. Avec le plan numérique du gouvernement, de nombreux établissements scolaires ont déjà investis dans des tableaux numériques (TNI) et des vidéoprojecteurs interactifs (VPI). Or, avec la progression de l’ecran interactif, devenu de véritable appareil tout-en-un qui intègre toutes les commodités nécessaires pour les salles de classe, la tendance des établissements scolaires pour les dispositifs interactifs se voit changer.

    Pourquoi alors cet engouement pour l’écran interactif, et quels sont ses avantages face au vidéoprojecteur interactif ?

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    Le principe de base

    Dans les deux cas il s’agit de projeter sur un tableau numérique ou une surface blanche murale l’image d’un écran d’ordinateur. On pilote l’ensemble avec le doigt ou un stylet. Ces systèmes permettent de rendre les séances plus vivantes, plus motivantes. Ils favorisent le travail collaboratif et facilitent les interventions à plusieurs.

     

    L’écran interactif présente de très nombreux avantages face au vidéoprojecteur interactif. On peut lister au moins six raisons de choisir un écran interactif.

    ‘’Premier avantage : une durée de vie nettement plus longue’’

    Dans un vidéoprojecteur il y a différents composants dont une lampe indispensable. Cette lampe dégage une forte chaleur et s’use rapidement. Les filtres doivent être régulièrement nettoyés. Il faut la changer environ toutes les 2 000 heures pour conserver de bonnes performances. La durée de vie d’un écran interactif est dix fois supérieure avec 50 000 heures. L’écran interactif utilise la technologie Led. Ces lampes ne chauffent pas et sont nettement plus résistantes.

    On a donc moins de maintenance mais également une consommation énergétique réduite d’environ 50 %.

    ‘’Un fonctionnement silencieux’’

    Le deuxième avantage de l’écran tactile interactif sur le vidéoprojecteur interactif est son silence de fonctionnement. Lorsqu’il est en marche, ce dernier émet en permanence un bruit de fond. Le ventilateur qui limite la chaleur de la lampe tourne en continue ce qui est un facteur de stress et de fatigue pour tous les participants. Avec un écran interactif, les lampes Led ne dégagent pas autant de chaleur et la présence d’un ventilateur n’est pas nécessaire.

    Le fonctionnement est silencieux ce qui est beaucoup plus agréable.

    ‘’Une qualité d’image supérieure’’

    Avec un vidéoprojecteur interactif, la qualité de la présentation n’est jamais excellente. La luminosité perfectible, les couleurs mal rendues, l’image floue, les ombres portées sont très fréquentes avec ce type de projecteur. L’écran interactif a toujours une résolution qui est au moins Full HD avec 1 920 x 1 080 pixels.

    On a même de plus en plus souvent une résolution ultra HD ou 4K. La dalle graphique du grand écran interactif est ultra performante, très résistante et anti-reflets. La netteté est particulièrement bonne, les couleurs très réalistes ce qui permet d’obtenir une présentation plus dynamique, plus motivante et captivante. De plus, la taille de 70 pouces des écrans interactifs est une taille idéale parfaitement adaptée aux salles de classe et n’altère pas la vue des enfants.

    ‘’Un fonctionnement immédiat’’

    Quand on utilise un vidéoprojecteur interactif, il faut d’abord attendre que la lampe soit suffisamment chaude pour avoir l’affichage de l’écran de l’ordinateur connecté. Ce temps d’attente est inévitable. Avec un écran tactile interactif, l’utilisation est immédiate. L’écran est immédiatement opérationnel même quand on branche un nouvel appareil.

    La synchronisation est directe et il n’est pas nécessaire de rajouter un driver ou de procéder à une calibration.

    Cela donne un grand confort d’utilisation et pas d’attente pour des élèves.

    ‘’Cinquième avantage : la mobilité’’

    Un appareil facilement déplaçable est toujours un atout. Or, le vidéoprojecteur interactif est à courte focale. C’est-à-dire qu’il doit impérativement être installé de manière définitive au-dessus du tableau ou du mur d’affichage. Il est extrêmement difficile le passer d’une salle à l’autre. Dans un établissement scolaire, il faut donc que toutes les salles soient équipées ou que les classes tournent dans celle dédiée au vidéoprojecteur.
    Cela entraine une organisation compliquée.

    Avec un grand écran interactif, le problème ne se pose pas. Il est compatible avec différents types de supports qui peuvent être fixes ou mobiles.

    Dans le cas d’un support mobile, il est très simple de déplacer l’écran d’une salle à l’autre en fonction des besoins.

    ‘’Aucune ombre portée’’

    Avec un vidéoprojecteur interactif, l’ombre portée sur le tableau gêne la visibilité. Cette ombre est inévitable puisque l’intervenant se trouve obligatoirement entre la source lumineuse et l’écran. Avec un écran interactif, ce problème n’existe pas puisqu’il émet sa propre lumière. Quelle que soit la position de la main qui pointe un endroit de l’écran, elle ne se trouve jamais entre la lumière et l’écran. Il n’y a pas de gêne et tout le public peut suivre au mieux.

    De plus, la luminosité s’adapte aux différentes circonstances. Une utilisation prolongée n’entraîne pas de fatigue visuelle.

     

    Voici un résumé en vidéo illustrant les avantages de l’écran interactif :

    En conclusion, cette tendance enregistrée pour les écrans interactifs est très générale au niveau des marchés internationaux. La disponibilité des technologies alternatives avancées telles que les écrans plats interactifs avec plus de fonctionnalités et pas ou très peu de coûts d’entretien sont les principales raisons pour la croissance des écrans tactiles interactifs au détriment des TBI et VPI.

    Reste à savoir, comment choisir un écran interactif adapté à l’usage souhaité ? Plusieurs critères sont à prendre en considération …

     

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  • Les élèves ne sont pas des tomates ! 2e article, droit de réponse

    Les élèves ne sont pas des tomates ! 2e article, droit de réponse

    L’interview de Philippe Bihouix parue dans Libération le 2 septembre dernier «Avec l’école numérique, nous allons élever nos enfants « hors-sol », comme des tomates» est, comme le livre du même auteur, un ramassis de poncifs anti-numériques agglomérés pour arriver à la conclusion que nos établissements scolaires devraient rejeter les écrans pour se concentrer sur les FONDAMENTAUX !

    Tout d’abord, les élèves ne sont pas des tomates !

    Ils ne sont pas passifs à l’école en attendant gentiment que les professeurs les exposent aux savoirs et les nourrissent de contenus scolaires… Ce sont les enfants qui apprennent et cela suppose une mise en action, une appropriation volontaire et donc oui, des situations engageantes, motivantes et le numérique peut-être un des ingrédients -pas le seul !- utile pour ça.

    Et cela notamment parce que le numérique permet de publier son travail, de le rendre utilisable par d’autres et de le mettre en forme de façon attractive et valorisante.

    Une école sans numérique serait une école hors-sol

    Aucun syndicat de personnel enseignant, même le plus réactionnaire, ne rejette la nécessité de travailler avec et sur le numérique dans les établissements scolaires. Notre société est numérique, le numérique est loin d’être seulement un outil au service des apprentissages des élèves, il est aussi et surtout un contexte et une culture.

    L’évacuer de l’école est juste un non-sens. La question n’est pas : “les élèves apprennent-ils mieux avec le numérique ?” mais “est-ce bien raisonnable de vouloir préparer nos enfants à vivre, à être citoyen et à travailler dans un monde numérique sans les y préparer avec les outils d’aujourd’hui ?

    Les études montrent qu’ils n’apprennent pas moins bien avec le numérique (au regard des critères d’évaluation classique) ce qui est déjà une bonne nouvelle ! Et la note de la DEPP de janvier 2016 sur les collèges connectés montre clairement que “faire utiliser le numérique en classe par les élèves va de pair avec des pratiques pédagogiques « actives »« .

    Après, personne de sérieux ne prétend que le numérique, à lui seul et de façon “magique” améliore les apprentissages des élèves. Philippe Bihouix utilise ici la stratégie de l’épouvantail qui consiste à présenter de façon caricaturale et fausse un soi-disant argument de ses adversaires. Je profite de l’occasion pour recommander ici l’excellent ouvrage “Halte aux arguments fallacieux !” qui est très utile et éclairant.

    L’argument suprême et imparable

    Je passe sur la fracture numérique qui est on le sait bien dans les usages et non dans les équipements (ce qui pénalise d’autant plus les enfants de milieux défavorisés si l’école n’intègre pas le numérique), sur le raccourci “numérique = temps d’écran” et aussi sur le danger des ondes (présent dans le livre mais pas dans l’article) pour passer à l’argument suprême de monsieur Bihouix : “Je sais utiliser un ordinateur et Internet alors que je n’en avais pas au collège”. Là, tout est dit : JE sais parfaitement bien faire sans, donc c’est inutile d’apporter autre chose aux élèves que ce que J’ai eu, JE suis l’exemple vivant que c’est possible et que cela doit être la norme de toute éternité ! CONSTERNANT…

  • Numérique en classe : élève t-on nos enfants hors-sol ? 1er article, droit de réponse

    Numérique en classe : élève t-on nos enfants hors-sol ? 1er article, droit de réponse

    Suite à un article de M. Philippe Bihouix le 02 septembre dernier « Avec l’école numérique, nous allons élever nos enfants « hors-sol », comme des tomates » paru ici, Ludomag a souhaité interroger ses lecteurs et chroniqueurs et leur accorder un droit de réponse. Démarrons donc notre série avec Ninon Louise Lepage, pédagogue franco-canadienne et chroniqueuse pour Ludomag… qu’on ne présente plus !

    Sans revenir à la chandelle . . .

    Monsieur Philippe Bihouix, ingénieur, homme instruit et observateur des réalités minéralogiques contemporaines a judicieusement exposé par le passé les limites des ressources de notre planète. Ce constat l’a peut-être mené à réfléchir sur le bien-fondé de l’usage des outils technologiques consommateurs de minéraux rares. Dans ce contexte, il n’y a sans doute qu’un pas pour questionner la pertinence de la promotion du numérique par l’Éducation nationale et s’assurer du même coup le support de ceux que cette réforme effraie.

    Monsieur Philippe Bihouix appuie partiellement son plaidoyer contre l’école numérique sur le soi-disant rejet du numérique à l’école par les gourous de Silicon Valley. Peut-être ces parents très riches désirent-ils que l’école apporte à leurs enfants ce que l’univers technologique qui les entoure ne sait pas leur offrir ? Ces enfants ont toutes les technologies à la maison et des parents qui savent très bien leur apprendre les secrets de leurs usages.

    Monsieur, tout comme vous avez su ouvrir vos yeux sur les ressources minéralogiques limitées de notre planète, j’aimerais que vous jetiez un regard tout aussi « scientifique » et « réaliste » sur la société autour de vous.

    Ces « digital natives » ont réellement un portable à l’oreille et le langage SMS qu’ils utilisent ne leur vient ni de leurs parents, ni de l’école.

    La lecture de l’article du 2 septembre de Libération : « Avec l’école numérique, nous allons élever nos enfants «hors sol», comme des tomates », me déçoit. On y lit tous les clichés anti-numérique véhiculés un peu partout depuis quelque temps déjà. C’est dommage qu’un homme qui a su analyser avec tant de justesse les limites des ressources de notre planète n’ait pas étudié un peu les fondements de l’usage du numérique à l’école, ni observé quelques-uns de ses nombreux usages avant de se prononcer.

    Quantité d’enseignants de France intègrent avec intelligence et créativité les technologies numériques à leur pédagogie et initient leurs élèves à cette culture, pas si nouvelle maintenant, dans laquelle nous baignons.

    Pour terminer, il me semble Monsieur que vous rêvez d’une école pour les élites, « ces enfants bien élevés » qui apprennent selon la tradition bourgeoise, les bonnes manières à table, les bonnes manières à l’école, qui savent s’ennuyer poliment et devenir « poètes » en attendant de reprendre traditionnellement la profession ou l’entreprise familiale.

    Dans une société fondée sur « fraternité » et « égalité », l’école a le devoir d’éduquer tous ses citoyens, même ceux dont les parents ne peuvent pas leur enseigner les écueils de l’usage des technologies numériques ni les éveiller au potentiel de ces technologies et de cette culture du 21ème siècle.

  • ENT et espaces plus « ouverts » : comment la complémentarité peut-elle s’opérer ?

    ENT et espaces plus « ouverts » : comment la complémentarité peut-elle s’opérer ?

    Ce fut la question posée lors de la table ronde « Espaces d’apprentissage » qui a eu lieu à Ludovia#13 le jeudi 25 août dernier.

    Rappel de la problématique

    Les exemples se multiplient qui montrent que les jeunes s’emparent de toutes les possibilités d’échange qu’offrent les réseaux sociaux (periscope, snapchat…).

    L’éducation nationale doit former les élèves à un usage responsable de ces nouveaux outils, pour en faire des acteurs du monde numérique et non des consommateurs. Pour cela, les ENT doivent donner accès à de multiples outils et services, dans un cadre respectueux du droit et propice aux activités pédagogiques.

    Comment les ENT évoluent et s’adaptent pour répondre à ces nouveaux usages?

    Pour y répondre, Christine Childs, enseignante en allemand AC Toulouse, Lionel Tordeux – IEN 1er degré dans l’académie d’Amiens, expert sur les dossiers ENT Premier degré et Internet responsable pour la DNE A3, MENESR , Martial Gavaland, enseignant en sciences-physiques AC Nantes,  Dominique Zahnd coordonatrice de la Délégation académique au numérique pour l’éducation (Dane) de Strasbourg  et Pierre Clot, conseiller pédagogique numérique du département du Tarn AC Toulouse ; autour de Pascale Montrol-Amouroux – DNE cheffe du département de la valorisation des usages et de la diffusion des pratiques DNE, MENESR qui a animé cette table ronde.

    La synthèse a été assurée par Jean-Marie Gilliot et Jennifer Elbaz de Brainpop.

    La thématique de cette table ronde est poser la question de comment est-ce que l’on va amener nos élèves à travailler dans le cadre des ENT (dit de confiance) à une Education aux Medias et à l’Information (EMI) pour leur donner les compétences nécessaires afin de pouvoir utiliser des espaces plus ouverts [comme Facebook, Twitter etc]. Comment est-ce que la complémentarité peut s’opérer ?

    Que représente l’espace d’apprentissage dont il est question ?

    Dominique Zahnd nous propose une analogie avec un randonneur.

    Espace : pour y entrer, encore faut-il trouver l’entrée. On peut y entrer librement ou pas. Une fois qu’on est entré dans l’espace regardons autour de nous : est-ce que quelqu’un peut nous aider à évoluer dans cet espace ? Est-ce qu’on peut se laisser aller, emprunter les chemins ou sentiers ou bien doit-on suivre un parcours balisé ? Qu’est ce qui nous est offert comme possibilité ?

    Apprentissage : visant à transmettre quelque chose, l’idée étant que l’élève ait de quoi apprendre, puisse évoluer avec sécurité dans l’espace, qu’il puisse trouver motivation, trouver quelque jeux de piste sur le chemin.

    Martial Gavaland, enseignant dans l’académie de Nantes dispose d’un ENT bien installé depuis 10 ans, institutionnel.

    Seulement voilà : les fonctionnalités ne lui permettent pas de mener son projet pédagogique comme il l’entend. De fait, il utilise alors Edpuzzle. C’est un logiciel ultra simple à efficacité pédagogique immédiate. La DANE lui pose la question de la teneur et respect des CGU vis-à-vis de la loi française. Martial se rend rapidement compte qu’il a outrepassé bon nombre de règles données. Quelles sont ses possibilités afin de maintenir son projet ? Contrat local ? Accord du chef d’établissement ?

    Christine Childs, enseignante dans un établissement privé sous contrat ne dispose pas d’un ENT. Dans le cadre de ses cours, elle a crée, avec ses élèves, une véritable entreprise. Cette année les élèves ont créé des tee-shirts pour les vendre. Ils utilisent alors un certain nombre de stratégies marketing, commerciales et communication et ouvrent une page Facebook, dans ce cadre. Ils se retrouvent sur un espace ouvert.

    Son rôle devient modérateur : expliquer aux élèves qu’ils sont responsables de leurs propos, qu’ils doivent respecter l’image des autres etc. A noter, elle bénéficie du soutien de son chef d’établissement. Elle fait donc le choix de l’éducation et la responsabilisation des élèves dans un cadre ouvert.

    La question qui est alors posée sur la table ronde : l’intérêt pédagogique est-il plus important que le cadre juridique ? Mais la réponse n’est pas apportée.

    Lionel Tordeux nous cite l’exemple d’une élève de CE1 ayant un compte Facebook découvert par son enseignante. L’ENT arrive dans l’établissement, l’enseignante décide alors de travailler sur le profil que chacun va mettre en place dans l’ENT. Conclusion : grâce à l’ENT, on pratique directement l’EMI.

    Lionel TORDEUX affirme que la volonté de l’institution dans l’écriture du schéma est bien la mise à disposition d’outils qui offrent des services autant au moins pédagogique que Facebook peut l’être.

    Pierre Clot entre autre formateur sur l’académie de Toulouse explique son cas : les outils extérieurs préalablement utilisés, remplacés par l’ENT : « on a gagné en sécurité et en tranquillité d’esprit ». Confirmant le gain en efficacité et précisant chaque élève identifié est mieux responsabilisé. Il y a eu aussi la mise en place d’une charte signée par les élèves et les familles, et des règles ont été mises en place en cas de dysfonctionnement.

    Il précise avoir enfin trouvé sur Educatice un ENT branché réseau social.

    En tant que formateur il confirme sa volonté de préférer ne pas laisser les collègues prendre des risques.

    Pascale Montrol-Amouroux pose alors la question : l’idée, c’est de comprendre comment l’ENT peut s’ouvrir vers les réseaux sociaux ? L’ENT a-t-il évolué et a-t-il su se mettre à jour ?

    Dans l’académie de Strasbourg, l’ENT existe depuis 2004 : les élèves pouvaient voir la liste des enseignants et leurs prénoms, ce qui était une révolution à l’époque. Les enseignants ont pris en main l’ENT puis au bout de quelques années ne trouvaient plus leur compte dans ses fonctionnalités. La DANE a donc fait en sorte que l’outil s’adapte aux besoins de l’enseignant et a décidé de tester Moodle en 2011. De nouvelles fonctionnalités ont été intégrées à l’ENT : le travail est devenu collaboratif. En observant le terrain une académie fait évoluer le projet.

    Christine fait remarquer que chez nos voisins anglais, Facebook n’est plus une question, en ayant construit et diffusé un guide « Facebook à destination des éducateurs ».

    Lionel Tordeux précise que de schéma en schéma directeur le produit a évolué. Les professeurs ont eu des commandes, des besoins, les industriels étaient à l’écoute ; on a maintenant des outils qui nous rendent service pour le 1er degré. Et pose la question : est-ce qu’il n’y a pas une méconnaissance des outils proposés ? Pour lui, la Classe inversée et les Twictées sont des dispositifs qui pourraient parfaitement utiliser les ENT.

    Un autre exemple venant de la salle démontre qu’on peut utiliser des forums dans un établissement et cite Babelio dans une perspective d’EMI.

    Est-ce qu’on doit interdire à nos élèves d’utiliser Facebook etc ou bien leur apprendre à utiliser Facebook ?

    Qu’est ce qui est à l’intérieur et qu’est ce qui est à l’extérieur ?

  • Ma sélection des twittos francophones inspirants

    Ma sélection des twittos francophones inspirants

    La métaphore est un peu facile en cette veille de championnat d’Europe des Nations de football mais je tente quand même la figure de style. Un peu en avance sur notre sélectionneur, j’ai décidé moi-même de rendre hommage et de remercier cette équipe qui m’a permis de progresser.

    Sans l’équipe, on n’est personne. L’enseignement, ce n’est pas une culture de travail hors sol ou plutôt hors relation sociale.

    Enseigner c’est être avec les autres pour la seule victoire qui compte : la réussite de l’élève.

    Une liste est forcément incomplète, sinon, il aurait fallu citer l’ensemble de ma TL car chacun oeuvre dans l’essaim en harmonie et pour le bien de l’autre. Comme pour une écriture contrainte, je vais tenter de m’en tenir à 22 noms. Promis j’essaierais de ne pas tricher : pas de trucage, pas de simulation.

    Du point de vue tactique comme technique

    En football, on fait des mathématiques. C’est un véritable code restreint pour le profane : 3.5.2, 4.5.1… Comme, j’ai le droit à 22 noms et comme finalement pour les listes inspirantes il n’y a pas de règles (de toute manière, c’est ma chronique !). Je tente, donc, le 0.0.22 soit une liste pédagogique 100 % offensive engagée pour la réussite de l’élève.

    Quand on parle tactique, je ne peux m’empêcher d’évoquer le catenaccio. Cette approche, dite du verrou, est rassurante du point vue pédagogique car elle ferme toute possibilité à l’imprévu mais ne donne pas l’espace suffisant à la créativité du joueur et donc pour nous à l’élève comme à l’enseignant (Je file la métaphore mais j’oublie peut-être de constituer ma liste).

    Quand je me suis intéressé au numérique pédagogique, j’ai eu la chance de suivre deux comptes inspirants : @mdrechsler et @mlebrun2. Tous deux m’ont permis de voir tout de suite qu’au delà de l’outil numérique, c’est l’engagement pédagogique qui comptait le plus. il faut pour devenir un bon alchimiste avoir les bons grimoires : @thot , @lasphere, @FCpixel, @anaerevue, @cafepedagogique, @Classe_Inversee et bien sur : @ludomag (N’aie pas peur, je ne nous ai pas oubliés @aurelie_julien !). Alors si quelqu’un pense que je triche déjà sur mes 22 noms, il aurait raison.

    Une liste pas un classement

    Je crois qu’il est important d’en venir à l’équipe et d’en préciser la construction. Cette liste n’a aucune vocation de classement, elle n’est pas exhaustive. Je n’ai que des comptes que je trouve chouette de suivre pour le partage professionnel mais aussi pour l’humanité qu’il y transparaît. Il y a ce que l’on pourrait appeler des jeunes rookies et des pionniers du numériques.

    En tout cas, ils appartiennent tous à mon EAP : mon équipe d’apprentissage professionnel. Je suis en contact avec certains, parfois je les ai vus en réalité mais souvent je ne connais d’eux que le profil (et c’est dommage !). Chacun a une belle interprétation du “jeu” pédagogique et cela m’a permis d’avancer.

    Je me lance

    @outilstice et @Ticeman01 parce que même si on a des intentions pédagogiques, la technique cela aide aussi. Le numérique c’est un état d’esprit collaboratif, une forme d’altruisme et de générosité. Il ne faut, jamais, oublier que derrière cette masse d’information et de tutos, il y a des heures de travail. Je ne peux que saluer l’engagement et le travail accomplis au service des collègues. Pour être moins ampoulé : simplement merci !

    @nbenyounes, @batier, @frompennylane, @Nipedu, @Karabasse77, @profdesecoles, @nicoguitare, @jourde , @marie34, @lvighier et @yannhoury a force de les lire, de consulter les blogs et les partages, j’ai l’impression d’être tout petit face à un monde d’innovation immense. Des pionniers au sens noble du terme. Que ce soit pour l’usage des réseaux sociaux, de la twittclasse, du transmedia, de l’audioguide ou bien du podcast… on a en face de nous des aventuriers. Eux aussi Ils me font penser à ces explorateurs qui tracent des voies pour que l’on puisse prendre le sentier de l’école buissonnière. Avec eux et pour paraphraser les Nipédus : on parle Pédagogie, École, Numérique et surtout Élève. On se nourrit les uns les autres et j’aime beaucoup cela.

    @VPatigniez, @karen_prevost, @infoprofdoc et @Tricardstef Mon équipe EMI quand tu nous tiens, au delà de la compétence, c’est le partage qui compte et les conseils. Il facilite la plus simple et la plus dure des questions “et toi comment tu ferais ?” J’y ai découvert trois professeurs documentalistes survitaminés à la pédagogie et au numérique. Il y en avait plein d’autres et je m’excuse de ne pas les avoir cités comme @roselyneberthon (je triche là non ?) Avec eux, j’ai parlé de différenciation, d’auto-socio-construction et de politique documentaire.

    Ils m’ont montré à quel point, il était important de ne pas rester enfermer dans son silo disciplinogeographique.

    @Fabmarrou, @ProfChrismath (qui doit rire quand il calcule ma sélection de 22 comptes), @YannPoirson @MurielMeillier et @AnneCeGabarrou c’est ma team #fabnum. On vient d’horizons différents, on n’est pas toujours d’accord mais c’est comme cela que l’on progresse ensemble. Comme des passionnés de Vespa, on se penche autour du moteur pour le plaisir de poser des questions, de travailler ensemble et de résoudre des énigmes.

    @PMarques_HG @igruet. Je ne peux m’empêcher de faire un détour par ma Bretagne natale (d’abord parce que c’est le coin le plus beau du monde !). Au delà de l’instinct grégaire, j’ai envie de dire quelle curation ! Une de mes principales sources d’information et de formation personnelle.

    Il serait étrange d’annoncer une équipe francophone uniquement composée de personnes habitant la France. Ce serait injuste car la pédagogie n’a pas de frontière et l’inspiration non plus. J’ai plein de noms en tête… mais comme je triche déjà un peu sur le nombre. Je vous partage deux profils : @BrigitteProf et @anneandrist car franchement je ne peux que leur dire merci pour tout ce qu’elles nous montrent et apportent. C’est important de regarder sur l’autre berge !

    J’entends déjà mon collègue et ami @lenyrobin18 avec son sourire malicieux me dire tu ne peux pas te contenter d’être d’accord avec les autres. Il faut plus d’ambition et se confronter à la parole de l’autre. Pas d’empathie sans altérité ! C’est là que mon non moins ami et collègue @cpoupet me dirait il te faut des profils “rantanplans”. Je n’aime pas trop l’expression un tantinet dévalorisante. Il est certain que si l’on rêve encore d’un internet espace ouvert, il est indispensable de s’ouvrir aux autres si l’on veut faire progresser le savoir échanger et finalement le vivre ensemble.

    En tout cas, j’espère que comme moi, vous arriverez à trouver votre équipe !