Catégorie : POINT DE VUE

  • Quelle culture numérique pour l’Ecole ? avec Milad Doueihi…

    Quelle culture numérique pour l’Ecole ? avec Milad Doueihi…

    Milad Doueihi, Titulaire de la chaire d’Humanisme numérique à l’Université Paris-Sorbonne (Paris IV), auteur de nombreux ouvrages sur l’évolution de la société avec le numérique a donc introduit la huitième édition d’EIDOS 64 aux côtés de Louise Tourret, journaliste, animatrice et productrice de l’émission « Rue des écoles » sur France culture.

    La notion de culture numérique est-elle réellement entrée à l’école?
    Quand on réfléchit à la place du numérique à l’école, on s’interroge sur ce qui doit être enseigné en la matière. Le socle doit-il être une fois encore, repensé à l’aune du numérique ? Mais alors comment reformuler ses exigences ? Le numérique pose également la question des outils et des supports d’apprentissages, des sources et ressources de la transmission. Et s’il faut distinguer entre culture technique, culture de la pensée computationnelle et de la pensée algorithmique, enjeux politiques et éthiques attachés à la question comment déterminer ce qui doit faire partie du curriculum contemporain ?

    Sans avoir la prétention de retranscrire la totalité du propos de Milad Doueihi lors de cette conférence, nous vous proposons une interview réalisée à la suite de son intervention ; et notamment pour découvrir la notion qu’il a exprimée de « Babellisation » des outils et des plateformes…

    En savoir plus sur Milad Doueihi : wikipedia.org/wiki/Milad_Doueihi

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  • Numérique et pédagogie au collège : témoignage et stratégie d’un chef d’établissement du Béarn

    Numérique et pédagogie au collège : témoignage et stratégie d’un chef d’établissement du Béarn

    Avec un établissement en zone rurale d’environ 180 élèves issus de milieux sociaux plutôt modestes et avec ses vingt enseignants, dont douze utilisent déjà le numérique, il a pour ambition de favoriser les usages sans faire la panacée du numérique mais en utilisant une technique d’essaimage entre enseignants.

    Le numérique est un outil parmi d’autres mais qui a vocation notamment à s’intéresser aux élèves en difficultés et en situation d’échec.

    C’est aussi sur ce point que veut miser Eric Sayerce-Pon par la mise en place de cette stratégie globale autour du numérique.

    Dans la vidéo ci-contre, vous découvrirez quelles méthodes il utilise pour faire en sorte que le numérique soit utilisé dans son établissement de manière harmonieuse et réfléchie et sans contraintes.

    « Au sein de l’établissement, ce n’est pas non plus la priorité des priorités ; on utilise le numérique si ça apporte quelque chose ; si c’est faire du numérique pour faire du numérique, ça n’a aucun intérêt », conclut-il.

     

    Retrouvez toutes les interviews des Rencontres Eidos 64

  • Guider, randonner pour favoriser l’engagement : réflexion autour du thème de Ludovia#13

    Guider, randonner pour favoriser l’engagement : réflexion autour du thème de Ludovia#13

    A la lecture de l’appel à communication scientifique de ludovia 12 : « Formes d’attention, formes de présence, engagement », j’ai pensé à une métaphore de la randonnée.

    NicolasLeLuherne_themeludovia_210116

    Chaque randonneur connaît la complexité que peut représenter un voyage hors des sentiers battus. Si l’aventure et l’inconnu sont toujours des facteurs de motivation importante, elles ne favorisent pas toujours un engagement sur le long terme.

    Chaque randonneur connaît les balises qui permettent de vivre un voyage au suspens contrôlé. C’est un peu comme le film Wild avec Rees Witherspoon où l’héroïne vit une véritable aventure intérieure le long d’un chemin borné. Il en est de même pour les apprentissages, c’est un parcours à étape intérieur individuel vécu et pratiqué en collectivité.

    Il est toujours plus facile de prendre le risque de s’engager quand on connaît l’objectif à atteindre.

    NicolasLeLuherne2_themeludovia_210116Les instruments et les outils d’apprentissages sont autant de route qu’il convient d’indiquer. Si on laisse la part au hasard alors souvent les possibles conduisent à se perdre et à arrêter.

    Tout comme un topo guide, l’enseignant construit dans sa scénarisation une architecture des choix en fonction du degré de difficulté et de complexité. Il indique la piste noire, mais conseille la piste verte au novice.

    Un engagement à long terme est souvent favorisé par un apprentissage guidé, autonome, progressif et différencié.

    NicolasLeLuherne3_themeludovia_210116

     

    Vous aussi vous souhaitez partager votre réflexion sur le thème du colloque scientifique Ludovia ? Ecrivez-nous à la rédaction, redaction@ludomag.com.

     

  • Collaboration, solidarité et partage pour un nouvel enseignement avec le numérique en toile de fond

    Collaboration, solidarité et partage pour un nouvel enseignement avec le numérique en toile de fond

     

    Aujourd’hui, être un jeune prof dans cet univers numérique, c’est formidable.

    Comme il en avait parlé dans le précédent épisode, le numérique ouvre le champ des possibles aux enseignants : créativité, imagination, échanges et partage.
    Par contre, la condition est que les enseignants travaillent ensemble, et aussi avec les élèves, dans une relation différente d’aujourd’hui qui est assez « asymétrique ».

    « Il y a même un échange intergénérationnel possible entre les élèves et leurs professeurs ».

    Les enjeux vont au-delà de la classe et les élèves vont pouvoir développer de nouvelles compétences sociales comme une capacité à collaborer, des processus coopératifs etc.

    C’est aussi tout un système d’ouverture qui va se mettre en place dans la communauté éducative.

    « On ne peut pas imaginer un instant que les personnels administratifs soient en dehors de la société numérique parce qu’on est à l’école ».

    Il s’agit bien de faire quelque chose de nouveau qui est rendu possible, d’après Jean-Marc Monteil, « car ça n’a pas encore été disciplinarisé »

    « Si nous étions dans une discipline, nous aurions la protection de la discipline ».
    Au contraire, le numérique va favoriser la transversalité et toutes les disciplines et activités sont concernées.

    La Mission Monteil tente de mettre en avant ces valeurs nouvelles et de formaliser ces « concepts » au travers des Appels à Projets qui ont été lancés.

    Aux remarques fréquentes des enseignants au sujet du numérique comme l’absence de formation aux outils, le temps et l’investissement que le numérique demandent ou encore la difficulté technologique à s’approprier les outils, Jean-Marc Monteil apporte quelques éléments de réponse.

    Les questions que tout enseignant se pose aujourd’hui sont : « comment vais-je faire pour réduire l’échec scolaire et pour que mes élèves réussissent ? Comment vais-je faire pour que le potentiel de chacun soit au meilleur niveau ? Et comment vais-je faire cela dans un univers collectif ? »

    Le numérique peut, peut-être, aider l’enseignant à répondre à ces questions. Seulement, la dimension technique entre en ligne de compte. Il n’est pas demandé aux enseignants d’être des ingénieurs en informatique et Jean-Marc Monteil proposerait la création d’équipes techniques afin « qu’elles puissent mettre en place physiquement ce que le professeur a pensé conceptuellement pour faire son enseignement ».
    Il ajoute que, sans le numérique, l’enseignant était déjà dans « l’obligation de penser ses leçons, aux tâches qu’il allait proposer, à la perspective évaluative qu’il allait mettre en place et aux objectifs qu’il voulait atteindre avec telle ou telle séquence ».

    Ce montage intellectuel va rester ; il y a juste une autre dimension, de préparation technique, à intégrer.

    Cette préparation technique peut s’organiser au sein des établissements avec des équipes mobiles et je ne pense pas que cela soit impossible.

    En outre, la collaboration et les échanges qui vont se mettre en place devraient aussi aider à la mise en place de ces nouveaux usages.

    « L’enseignement d’aujourd’hui est un laboratoire auquel on a donné de nouveaux instruments qu’il faut s’approprier » ; dans les termes énoncés ci-dessus, avec une organisation institutionnelle, cela ne paraît pas insurmontable à Jean-Marc Monteil.
    Il ajouterait même que le numérique pourrait être un moyen de remotiver les troupes, « car certains profs s’ennuient et les jeunes profs ont envie ».

    « La Classe est un univers un peu fermé et la salle des profs n’est pas un extraordinaire lieu de débat ; ce qui est intéressant avec le numérique, c’est de passer d’une pratique de l’enseignement plutôt solitaire à une pratique collective et s’installer dans un monde d’échanges y compris d’échanges numériques car les réseaux sont là pour ça », conclut Jean-Marc Monteil.

    Un grand merci à Jean-Marc Monteil pour sa disponibilité.
    Sa franchise et ses convictions nous ont fait rêver au monde de l’Ecole de demain (c’est à dire pas dans 10 ans, vous l’aurez compris si vous avez suivi ces cinq épisodes…), avec le numérique en toile de fond, celui qui inonde notre société et notre vie quotidienne.

    Episode 1 : Mission Monteil : évaluer et irriguer les pratiques numériques dans l’Ecole
    Episode 2 : Numérique à l’Ecole : une approche sociétale
    Episode 3 : L’enseignant d’aujourd’hui au coeur du dispositif numérique sociétal
    Episode 4 : Avec le numérique, on répond (enfin) aux intelligences multiples !

     

     

  • Tendances pour l’éducation : les 5 annonces que le ministère ne fera pas en 2016

    Tendances pour l’éducation : les 5 annonces que le ministère ne fera pas en 2016

    Article par Michel Guillou, @michelguillou sur www.culture-numerique.fr

    Pour ma part, quand ma vanité m’a laissé croire que j’étais capable de telles performances, je me suis également et régulièrement trompé. Sur ce blogue ou ailleurs. En conséquence, ne comptez pas sur moi pour vous dire ce qui va se passer demain en matière d’éducation et, en particulier, d’éducation avec le numérique. C’est trop compliqué. Je ne ferai donc aucun vœu, sauf peut-être celui de voir l’horizon éducatif s’éclaircir, tant il est embrumé des discours stériles sur les rythmes scolaires et la réforme du collège, quand il ne s’agit pas des programmes d’histoire ou de langues anciennes ou, pire !, des obligations de service des agrégés en collège. Je vous en reparle.

    Mon audace ira pourtant à vous faire connaître la liste des annonces que le ministère ne fera pas en 2016. Je ne prends pas grand risque, je n’ai aucun doute à ce sujet.

    1. L’article L511-5 du Code de l’éducation sera supprimé

    Ne rêvez pas, cela n’arrivera pas. Quand la hiérarchie de la grande maison ne veut pas quelque chose, elle invoque généralement deux raisons majeures auxquelles il n’est généralement pas possible d’opposer quelque argument : la santé et la sécurité. Il convient alors de s’incliner et de battre en retraite.

    En l’occurrence, tout concorde. Ce sont nos vaillants sénateurs, amollis par l’été naissant, qui ont ajouté en juillet 2010, dans la loi « portant engagement national pour l’environnement », un amendement qui modifie l’article L511-5 du Code de l’éducation, voir ci-dessous :
    Wi-Fi

    Au-delà de la syntaxe curieuse de cet article de loi, il convient de faire d’emblée la remarque que ces dispositions ne concernent nullement les lycées et l’enseignement post-bac et qu’elles ne concernent pas non plus l’utilisation par des adultes. Cette dernière tolérance est pour le moins curieuse : un téléphone mobile ne serait ainsi dangereux pour la santé et l’environnement que s’il est utilisé par un enfant et pas par un adulte ?

    Cet article, qui ne concerne que l’usage des téléphones mobiles, dont on ne sait d’ailleurs pas la manière dont ils sont connectés, est complété par l’article 7 de la loi n° 2015-136 du 9 février 2015 relative à la sobriété, à la transparence, à l’information et à la concertation en matière d’exposition aux ondes électromagnétiques (ouf !) :

    Wi-Fi2

    Qu’en est-il in fine ? Le tableau est bien sûr très hétérogène dans les 52 200 écoles, les 7 100 collèges et les 4 300 lycées du territoire mais il convient de noter que la situation locale est bien souvent pire que ce que permet la loi. En effet, cette dernière est appliquée de manière encore plus restrictive, quand la pression de certaines associations locales n’aboutit pas çà et là à l’interdiction pure et simple, et ce sont les services de l’État ou, surtout, des collectivités territoriales qui avancent des raisons de sécurité — traduisons : ils ne savent pas faire et ne veulent pas s’embêter avec ça — et qui entravent la mise en place des matériels qu’elles ont bien souvent elles-mêmes achetés — eh oui ! ce ne sont pas les mêmes services !

    BYODUbu s’est installé dans la place. Au même moment où le Plan numérique du gouvernement favorise le déploiement de tablettes numériques, où des groupes de travail sont constitués au ministère ou dans les académies pour permettre l’introduction raisonnée du BYOD, où des initiatives locales pionnières avec des terminaux divers utilisant le Wi-Fi prennent place dans les apprentissages, où d’autres pionniers n’ont d’autres recours que de partager la connexion 4G de leur smartphone personnel pour pallier l’absence de connectivité ou de raccordement, les textes ci-dessus et les règlements intérieurs plus limitatifs sont sentencieusement rappelés dans les conseils d’école et les conseils d’administration des collèges et des lycées. La morale est sauve.

    Cette schizophrénie est telle qu’elle aboutit à interroger les élèves professeurs dans certains CAPES, les rapports des jurys l’attestent, à propos de dispositifs BYOD qu’ils ne pourront mettre en œuvre, une fois titularisés.

    Ce ne sont pas les textes qui manquent, pourtant, pour ouvrir un peu la fenêtre des possibles, à commencer par la loi dont il est possible de faire une lecture moins restrictive. Mais le ministère propose aussi, à destination des écoles, établissements et collectivités un référentiel sur le Wi-Fi qui date de mai dernier, en trois documents séparés, le premier sur les usages (!) et le cadre juridique, le deuxième définissant le cadre technique, le dernier faisant le point sur les radiofréquences et la santé. Enfin, tout récemment, après d’autres plus indépendantes, peut-être, une étude de l’Agence nationale des fréquences (ANFR) a été publiée qui montre que, en France, les normes sont telles que l’exposition du public aux ondes électromagnétiques se situe à des niveaux « très faibles ».

    [Mise à jour du 4 janvier : Nextinpact publie aujourd’hui un article qui détaille et précise les résultats de cette enquête de l’ANFR]

    Et pendant ce temps-là, les élèves, les grands d’abord, bien sûr, continuent de regarder sous la table pour, au mieux, vérifier ce que dit le prof, au pire — quoique — continuer sa vie sociale sur les réseaux du même nom.

    2. Une plateforme nationale de blogues sera mise à disposition des élèves

    C’est Canopé qui sera chargé, après définition du cahier des charges, de la mise en œuvre.

    Cela concernera les étudiants et les lycéens d’abord puis, si l’expérience s’avère concluante, les collégiens et les écoliers seront progressivement invités à s’en emparer. Après Charlie, le gouvernement a pris conscience que la liberté d’expression, ça s’apprend. Cette plateforme est là pour ça. En toute responsabilité, seuls ou de manière collective, avec ou sans leurs professeurs, les jeunes s’en empareront, ce qui donnera l’occasion à leurs professeurs de mettre en œuvre les apprentissages leur permettant d’acquérir les compétences liées à l’exercice de cette liberté fondamentale.

    Ne rêvez pas, je divague.

    3. Une plateforme nationale de dépôt de documents sera proposée aux professeurs pour des échanges pair à pair

    La plus-value est dans la facilitation du flux et la valorisation du meilleur.

    Vous allez me dire, à juste titre, que Viaéduc existe déjà, censé aussi, car ce n’est pas son seul rôle, servir à ça. Oui mais non. Car Viaéduc, c’est du web centralisé où les possibilités de publication et de valorisation sont très insuffisantes, donc du stock bien conventionnel alors que le flux s’organise dans des services distribués et répartis. Et ça demande de l’animation, de l’humilité, de la responsabilité, la libération de certains droits.

    Donc ce n’est pas possible. Annonce suivante ?

    4. Un référentiel d’interopérabilité sera défini et respecté, la loi encouragera à se servir de ressources libres et protégera les biens communs

    Bon, on ne devrait pas rire de ces choses-là… Je demande humblement pardon à ceux dont c’est le combat depuis des années.

    5. Une large concertation sera lancée avec les professeurs et leurs syndicats pour refonder leurs missions

    Changer l’école avec le numérique, ce n’est pas mettre des tablettes sur les tables, en tout cas pas seulement, c’est surtout comprendre que le numérique change radicalement les modalités d’enseignement. C’est prendre conscience que les temps, les lieux, les groupes scolaires vont être chamboulés et qu’il faudra de l’imagination et de la souplesse pour répondre à ces nouveaux enjeux.

    Au moment ou la société des agrégés proteste parce qu’il est vaguement question de leur imposer 18 heures de cours par semaine en collège, comme les autres professeurs, il est temps de leur faire comprendre que cette définition des services a vécu car, à l’heure du numérique, le temps scolaire ne saurait s’arrêter sitôt que la cloche a sonné. La professionnalisation de ce métier demande sa revalorisation financière, la redéfinition des services et des missions des enseignants, incluant la collaboration entre professeurs sur des contenus transdiciplinaires, le recrutement aussi en plus grand nombre de nouveaux professeurs correctement formés.

    En liaison avec ces nouveaux enjeux, la concertation évoquera aussi la possibilité de redéfinir les champs disciplinaires, les programmes et la formation initiale.

    Je vous prie d’excuser la vulgarité des propos qui sont contenus dans les lignes ci-dessus.

    À tous, je souhaite toutes sortes de choses sympathiques en 2016, de telle sorte qu’elle soit meilleure que 2015, ce qui ne devrait pas être trop difficile.

    Auteur : Michel Guillou
    Crédit photo : via Torange en CC et « Mobile Geräte » par User:IHIZTravail personnel. Sous licence CC BY-SA 3.0 via Wikimedia Commons.

  • A quand l’appart 2.0 pour les enseignants ?

    A quand l’appart 2.0 pour les enseignants ?

    Il aborde des contraintes sociales car, considérant les contraintes matérielles et d’espace que nous avons découvertes dans le premier épisode et le 2ème épisode, il ne semble pas évident de toujours pouvoir y faire face, surtout en contexte urbain où la pression immobilière est forte.

    Autrement dit, l’enseignant ne pourra pas toujours disposé d’une pièce bien à lui pour pouvoir travailler dans des conditions optimales du fait du coût élevé pour quelques mètres carré supplémentaires.
    « Il va donc falloir adapter des lieux dont la vocation première est de dormir ou faire la cuisine ou se retrouver en famille et qui ne sont pas destinés au travail ».

    Jean-Paul Moiraud va plus loin dans sa réflexion en demandant aux enseignants de son réseau de lui envoyer des photos de leurs espaces de travail à leur domicile (voir aussi à ce sujet moiraudjp.wordpress.com) et il constate :

    « C’est une débauche de câbles, de multiprises et de prise, les bureaux sont faits de bric et de broc, c’est carrément dangereux ! » et il ajoute, toujours avec une pointe d’humour : « il doit y avoir un dieu du numérique pour que les appartements ne flambent pas du fait d’une surtension ».

    C’est donc une réflexion complexe qu’il est nécessaire d’avoir, mais pas seulement auprès des enseignants.

    Pour Jean-Paul Moiraud, elle engage aussi les collectivités locales mais aussi les architectes, « qui ne sont jamais présents dans les colloques », souligne t-il, « afin de penser des appartements “2.0“ qui soient adaptés à la société 2.0, ce qui , globalement, n’est pas le cas ».

    Cette dernière réflexion achève la série « Domicile & numérique, un espace de complexité pour les enseignants » par Jean-Paul Moiraud.

     

  • Faut-il éloigner les enfants des tablettes ?

    Faut-il éloigner les enfants des tablettes ?

    Par Laure Deschamps, Fondatrice de ScreenKids – La Souris Grise

    La technologie nous entoure, nous rassure, nous met en lien, cristallise nos relations et nos émotions. Les enfants, avant même leurs premiers pas, font usage des écrans avec leur entourage : ils regardent des photos de famille avec leurs parents, ils observent et participent aux jeux numériques de leurs frères et sœurs et ils imitent les pratiques digitales de leurs Papi, Mamie, cousins, oncles et tantes.

    Peut-on interdire les enfants d’écrans et de tablettes ? Si l’on observe la réalité quotidienne de la famille, c’est un souhait farfelu.

    De l’organisation de la vie quotidienne à la gestion des vacances, des devoirs scolaires au suivi des activités culturelles ou sportives, des échanges avec les parents éloignés aux SMS complices de tous les jours, les relations passent par les multiples écrans qui peuplent le foyer. Dont la tablette, reine des écrans des plus jeunes avant l’équipement en premier téléphone portable.

    C’est un fait, une réalité, un constat … et une superbe opportunité culturelle. Car utiliser les écrans en famille avec intelligence et parcimonie est à la portée de tous. Derrière les critiques et inquiétudes exprimées autour des écrans se cache la vraie question, celle des usages et des contenus.

    Et même un très jeune enfant, de moins de 6 ans, peut apprendre et jouer sereinement avec une tablette, de temps à autre, en complément de ses autres activités.

    Il faut simplement qu’il ait accès à des contenus pertinents, réellement adaptés à son âge, doux en rythme, beaux en graphisme.

    Des activités numériques qui respectent le rythme de l’enfance et qui laissent libre cours à l’imagination. Des jeux de société digitaux à partager en famille. Des applications intelligentes pour accompagner la scolarité sans transformer la maison en seconde école.

    Ces contenus, ces pratiques, cette profusion de créativité, restent inconnus des familles. Les parents d’aujourd’hui ont besoin d’aide pour gérer les multiples écrans, pour moduler les usages en fonction des âges et pour choisir des contenus adaptés. Ils sont en quête d’accompagnement, de conseils, d’idées dans un monde que nous avons voulu interconnecté, en mouvement perpétuel et en quête de performance technologique.

    Ne transformons pas la tablette en une télé aplatie et inactive.

    Plutôt que d’éloigner les enfants des tablettes, aidons les parents à les utiliser comme des vecteurs de culture, de voyages imaginaires et d’apprentissages.

    A propos de La Souris Grise :

    La Souris Grise est éditée par ScreenKids, l’expert des contenus numériques pour enfants. Cette jeune société parisienne, bien connue des professionnels culture jeunesse, organise formations et événementiels dans toute la France. Sa fondatrice, Laure Deschamps, l’auteure du livre, se passionne pour l’espace d’invention infini ouvert par le numérique et la diffusion de cette culture créative et innovante.

  • La classe à l’heure du numérique : vers de nouvelles postures d’enseignement ?

    La classe à l’heure du numérique : vers de nouvelles postures d’enseignement ?

    Grâce au numérique, nous avons de nouvelles possibilités d’enseignement ; pour autant, le numérique ne vient pas remplacer le présentiel et l’enseignant.

    Pour Vanessa Lalo, le numérique vient accompagner les apprentissages et « favoriser la prise en compte des intelligences multiples ».

    Le numérique permet de développer et mettre en valeur les intelligences multiples.

    L’erreur serait de se centrer sur tel ou tel usage ou sur tel ou tel outil numérique, ce qui peut s’avérer un frein dans la « numérisation de l’école lorsqu’on veut mettre du numérique à tout prix ».

    L’arrivée du numérique dans la classe pose davantage la question sur ce que sont les valeurs fondamentales de la transmission des savoirs et de la pédagogie de l’enseignant.

    Le numérique ouvre de nouvelles opportunités à chaque apprenant « qui va pouvoir trouver, avec le numérique, les réponses qui lui sont adaptées ».
    En effet, Vanessa Lalo avance l’idée que chaque jeune possède des modalités d’apprentissage différentes et donc, avec le numérique, « on va pouvoir utiliser plutôt les fonctions rythmiques, spatiales, verbales ou encore collectives ».

    « Ce qui est important, c’est de se dire qu’aujourd’hui, la transmission a changé ».

    L’inévitable changement de posture de l’enseignant : un effet induit par le numérique.

    Les jeunes et moins jeunes échangent de manière horizontale ; c’est ce qu’on on peut constater sur des plateformes comme, par exemple, Wikipédia où on prend de l’information mais où on peut aussi en déposer.

    « Le côté magistral et vertical est un peu révolu ». Rester dans cette posture et ne rien changer pourrait clairement avoir des effets négatifs sur les enseignants qui verraient leur public et donc les élèves, se désintéresser et décrocher.

    Laisser plus de liberté aux élèves tout en les guidant (relire à ce sujet, l’épisode 1 « Jeunesse interconnectée : communiquent-ils vraiment et pour quoi faire ?« ) serait une des clés de la réussite de l’intégration du numérique en classe sans forcément accueillir tout un arsenal d’outils.

    « Le fait de laisser des élèves expérimenter des situations grâce à de la simulation, les laisser collaborer entre eux ou s’entraider via les réseaux sociaux », autrement dit, utiliser des outils de leur quotidien favoriserait les apprentissages et seraient des facteurs de réussite.

    L’espace-temps de la classe va subir des changements au même titre que le numérique modifie notre perception de l’espace-temps : des temps courts, des temps longs adaptés à nos usages actuels et des espaces modifiables, modulables, proposant plusieurs lieux en un espace de classe, contribuant et cadrant tant l’individualité que le collectif (collaboration, temps d’échanges et de partage, temps de recherche ou de réflexion personnel).

    Être centré sur sa pédagogie, avec ou sans numérique.

    Pour Vanessa Lalo, « le numérique n’aidera pas un enseignant à être un meilleur enseignant si il n’est pas centré sur sa pédagogie et sur ses messages ».

  • Enseignant et numérique : vers une professionnalisation de son espace privé?

    Enseignant et numérique : vers une professionnalisation de son espace privé?

    [callout]Dans ce deuxième épisode, il se demande dans quelles mesures l’enseignant pourra t-il trouver un environnement adapté pour travailler avec le numérique : à son domicile ou ailleurs ?[/callout]

    « Nous sommes bien entrés dans cette aire de la complexité ». C’est ce que nous avons vu dans le premier épisode en détaillant les contraintes matérielles qui peuvent se poser à l’enseignant qui désire travailler chez lui.
    D’autre part, il faut également réfléchir à l’espace.

    L’espace de travail : se ménager une place à la maison ?

    « Travailler se fait dans un laps de temps entre 08h et 23h ; à certains moments, il n’y aura personne autour de vous et à d’autres, il peut y avoir des nuisances sonores ».
    D’autres personnes du foyer peuvent être présentes, des voisins bruyants, ou d’autres nuisances peuvent apparaître alors même que l’enseignant décide d’enregistrer un podcast, par exemple.

    Professionnaliser son espace, cela signifie aussi de devoir réfléchir à la « décoration » de cet espace.

    « Dans une maison, on peut vouloir faire sécher du linge ; dans le cas d’une visioconférence, la vue sur des sous-vêtements qui sèchent ou un jean qui pendouille n’est pas appropriée », souligne Jean-Paul Moiraud avec une touche d’humour.

    Des détails qui font sourire en effet mais qui sont des situations de la vie de tous les jours auxquelles les enseignants peuvent être confrontés lorsqu’ils envisagent de travailler avec le numérique.

    « On est dans une professionnalisation par intermittence de son espace privé ».

    L’enseignant peut tout aussi décider de faire un cours « hors la classe » ; « être en ligne avec ses étudiants est un réel travail de l’enseignant. Or, l’enseignant est en dehors du service sur site ».
    Jean-Paul Moiraud tient à attirer notre attention sur le côté caduque des statuts du travail de l’enseignant qui ne prévoient pas le travail hors la classe si ce n’est la correction et la préparation des cours.

    Vers une mutation du statut du travail des enseignants avec le numérique ?

    D’après Jean-Paul Moiraud, cela semble inévitable mais cela doit venir d’une décision politique.
    « Si nous ne sommes pas capables de le faire, cela signifie que tout ce temps de travail est forcément un temps qui est non payé ; c’est un temps “gris“ ».

    Cette vision ne lui semble pas avant-gardiste « puisqu’aujourd’hui, le e-learning se développe et que la formation continue se fait à la maison ».

    Donc ce qui peut paraître comme la conquête ultime de la liberté, travailler chez soi, peut s’assimiler à une servitude volontaire.

    Le modèle doit-il tendre vers un travail au domicile ou peut-on envisager d’autres solutions ?
    C’est ce que nous verrons dans l’épisode 3.