Catégorie : POINT DE VUE

  • Innovation et marchandisation, halte à l’amalgame !

    Innovation et marchandisation, halte à l’amalgame !

    Ces derniers mois, de façon très pernicieuse, certains accusent les profs qui innovent de jouer le jeu d’une marchandisation de l’école…

    Le schéma est à peu près toujours le même : un innovateur ou une innovation sont soi-disant analysés (souvent par quelqu’un qui n’est pas allé voir par lui-même ce qui était concrètement fait) puis cela débouche sur une série de remises en cause, à base souvent de fausses évidences, et… cerise sur le gâteau cela se termine par « cela est un marché juteux pour X, Y ou Z », ce qui sous-entend que « ce n’est pas très clair ni très éthique tout ça ! »

    Il est particulièrement injuste et malhonnête de s’attaquer ainsi à de très nombreux collègues qui ne comptent ni leur énergie, ni leur temps, pour que leurs élèves réussissent mieux et dans de meilleures conditions.

    Mais de quoi parle-t-on exactement ? Qui sont ces profs qui innovent ? Pourquoi les soupçonne-t-on de nuire au système ? Décryptage…

    Qu’est-ce-qu’un innovateur ?

    L’innovateur est à distinguer de l’inventeur… En effet l’inventeur est celui qui crée du nouveau, alors que l’innovateur est celui qui le met en oeuvre dans un milieu social. C’est ce que précise Norbert Alter, sociologue auteur d’un ouvrage sur le sujet* : « L’innovation est associée à l’idée de progrès, de vie, de créativité et d’entrain. S’opposant à la routine et à l’ordre établi de trop longue date, elle bénéficie souvent d’un jugement de valeur positif. » Par extension, le prof qui innove, ou plutôt, les profs qui innovent (cela se passe souvent en équipe) ne font pas forcément des choses très originales, totalement nouvelles ou extraordinaires. Non, ils font juste autrement que ce qui est traditionnellement fait depuis longtemps dans la majorité des classes.

    Pourquoi les profs innovent-ils ?

    Pour être à la mode ? Non pas vraiment… Dans la plupart des cas, un prof innove simplement dans le but d’améliorer l’efficacité de son enseignement. L’immense majorité des professeurs est à un moment ou à un autre engagé dans une démarche innovante.

    En effet, sauf à considérer que ce qu’il fait est complètement pertinent et efficace pour tous ses élèves, innover fait intrinsèquement partie du travail du professeur. Innover c’est s’adapter à ses élèves, repenser ses façons d’enseigner au regard de la recherche, répondre aux nouvelles demandes de l’institution, procéder par essais-erreurs pour trouver des façons plus efficaces d’accompagner les élèves dans leur diversité. Précisons qu’innover ne rime pas obligatoirement avec numérique. Il peut y avoir un lien, mais ce n’est pas automatique ! Le numérique peut aussi tout à fait être utilisé de façon extrêmement classique et traditionnelle, de façon descendante et fermée : le diaporama et le quiz en sont deux très bons exemples.

    Bizarrement les plus ardents défenseurs des “bonnes vieilles méthodes qui marchent” sont bien souvent les mêmes qui déplorent le niveau des élèves qui ne cesserait de baisser. On ne va pas leur faire l’insulte de considérer qu’ils estiment qu’il n’y a pas de lien entre ce que met en oeuvre le professeur et ce que les élèves savent. Bref, si les “bonnes vieilles méthodes marchent”, alors les élèves devraient déjà tous réussir, non ?

    Et si on arrêtait de taper sur les innovateurs ?

    Il semble que les innovateurs soient les nouvelles figures à abattre, ils sont attaqués de tous les côtés.

    Pourtant il est facile de constater que les “anti-innovations” manquent de curiosité et de rigueur…

    On a par exemple ceux qui à longueur de tribunes fustigent la classe inversée en pointant ses écueils, mais qui n’ont pas eu l’honnêteté intellectuelle de se renseigner un minimum. Sinon, ils se seraient rendu compte par eux-même que les “dangers” qu’ils pointent font tout à fait partie de la réflexion pédagogique de fond des “inverseurs” et qu’ils ont trouvé des moyens de les éviter ou de les contourner.

    On a ceux qui profitent de l’agaçant succès médiatique -et effectivement discutable- de Céline Alvarez pour prouver, par son exemple érigé en généralité, que tout enseignant qui innove veut attirer les feux de la rampe et monétiser sa méthode.

    On a enfin, ces collègues à l’affût sur les réseaux sociaux, prêts à se moquer avec cynisme de tout partage de séance pédagogique sortant un peu de l’ordinaire : projet interdisciplinaire, tâche complexe, travail collaboratif…, rien ne trouve grâce à leurs yeux. C’est forcément “stupide”, “ridicule”, “infaisable”, “usine à gaz”… Ces mêmes collègues se gardent bien par ailleurs de partager leurs propres séances pédagogiques !

    Enfin, nous n’oublions pas ce que Clisthène -collège expérimental bordelais- a subi et subit encore… De la levée de boucliers de certains syndicats à sa création (c’est logique cela a bousculé les règles du mouvement des profs) à la régulière remise en question par l’institution des bonnes conditions de son fonctionnement (qui ne demande pourtant aucun moyen supplémentaire) jusqu’à la non-extension de l’expérimentation malgré son succès attesté par la recherche !

    En effet, même si ces dernières années l’Éducation Nationale a eu un discours porteur encourageant les innovations, de nombreux collègues qui essaient de nouvelles façons d’enseigner doivent se confronter concrètement sur le terrain qui à la résistance de son chef d’établissement, qui à celle de son IEN, quand ce ne sont pas carrément des bâtons qui leur sont mis dans les roues.

    Pourquoi les innovateurs dérangent-ils ?

    Ce phénomène n’est pas nouveau, les innovateurs ont toujours été présents dans la société en général et dans l’enseignement en particulier. Françoise Cros**, chercheure en sciences de l’éducation et membre du Cniré*** précise que jusque récemment l’innovation a été synonyme de danger, en ce sens qu’elle engendre du déséquilibre et du désordre, qu’elle est potentiellement génératrice de désintégration de la société civile et de schismes religieux.

    Actuellement la tendance est qu’il faut innover dans tous les domaines, les connotations positives (voire injonctives) de l’innovation n’empêchent pas les paradoxes… L’innovation provoque depuis toujours un conflit entre anciens et modernes, entre la logique de la règle et celle de l’innovation puisque les innovateurs œuvrent pour transformer les règles d’organisation. Les transformations et conséquences diverses qui en résultent ne sont pas contrôlées mais découvertes progressivement au cours de l’expérimentation. De plus, l’innovation représente l’émergence d’un autre état du monde, dont on ne connaît jamais bien les contours et, évaluer l’impact de quelque chose de nouveau avec des critères prévus pour codifier de l’ancien, s’avère très difficile. En effet, on risque ainsi de négliger des effets non attendus mais qui pourraient être essentiels.

    L’innovation rentre donc en conflit avec l’ordre, même quand ses buts sont ceux fixés par l’institution. Elle n’est ni prévisible ni prescriptible, elle est à la fois demandée et redoutée par la société. Elle bouscule, déstabilise, rompt un équilibre fragile. Elle est source d’incertitude et inquiète la société dans son ensemble.

    Ne pas se tromper d’adversaire !

    Ce sont les marchands qui se servent de l’image positive de l’innovation pour vendre et non les professeurs innovants qui souhaitent tirer profit de leurs innovations. Que l’éducation devienne de plus en plus un marché est un fait, mais vouloir faire porter la responsabilité de la marchandisation de l’école aux innovateurs relève de la manipulation. C’est comme si on reprochait aux professeurs des écoles d’apprendre aux élèves à lire car des marchands de méthodes de lecture utilise l’argument “ça va apprendre à lire à votre enfant” pour vendre leurs produits !

    Et puis, attention, si l’école publique se détourne de l’innovation, en la rejetant hors de ses murs, les écoles privées -et notamment celles hors contrat- sauront monétiser grassement ce que l’école publique sera alors incapable de proposer…

    Une des façons efficaces de lutter contre la marchandisation de l’école n’est-elle pas plutôt de rendre inutiles les outils marchands de compensation des manques de l’institution, en faisant le maximum pour que tous réussissent à l’école ? En effet, plus l’école est équitable -et les innovateurs y contribuent largement- plus il devient inutile de recourir aux cours particuliers, d’investir dans des logiciels d’entraînement ou d’acheter ses devoirs maison sur un site de triche !

    La marchandisation de l’école est un problème sérieux, raison de plus pour ne pas se tromper d’adversaire !

    *Alter, N. (2010). L’innovation ordinaire. Presses Universitaires de France – PUF.
    **Cros, F. (1997). L’innovation en éducation et en formation. Revue française de pédagogie, 118(1), 127–156.
    ***Cniré : Conseil national de l’innovation pour la réussite éducative

     

    Photo : Pixabay CCO Public Domain

     

  • Ludovia#14 : l’Educ-Maker Faire au pieds des montagnes

    Ludovia#14 : l’Educ-Maker Faire au pieds des montagnes

    Une réflexion de @profleluherne sur LUDOVIA, ce qui vous donnera peut-être envie d’y aller ou PAS…

    Certains pourraient se dire, il se mouche pas du coude @profleluherne (oui je sais, je suis victime du syndrome patronymo-gazouilleur, et en même temps, à Ludovia : il n’est pas rare d’entendre : “ah mais oui ! Je te reconnais mais euh comment ah oui ! @profleluherne”) quand il a écrit son titre. Ils seraient peut-être susceptibles de croire que, Blogueur officiel, il n’est pas tout à fait partial ou même raisonnable. Trois remarques :

    • vous avez raison, je ne suis pas objectif mais qui l’est ?
    • franchement en toute objectivité, Ludovia c’est vraiment un colloque à faire une fois,
    • Serais-je victime du biais d’intention pour interpréter celle d’un lecteur qui n’existera peut-être jamais #jetravailletropsurlecomplot (#personnalBranding).

    Je sais Aurélie et Eric, encore une fois, je parle trop de moi !

    Maker Faire Kezako ?

    Alors, je vais vous dire la vérité : “en vrai, je ne sais pas !”. Enfin si, j’imagine ce que c’est. Si je reprends la définition donnée par l’édition du Maker Faire Paris* qui aura lieu à Paris du 9 au 11 juin, c’est à la fois “une fête de la science, une foire populaire et un événement de référence pour l’innovation”. Bon, oui là, je sais, on n’est pas bien avancé… Est-ce que le mot Kermesse vous dit quelque chose ? Beaucoup d’entre vous (souvent les plus vieux) voient la pêche au canard, les jouets emballés dans du papier journal (lowtech ?), le barnum et le camion prêté par l’assurance ou l’agence bancaire du village. (Au-delà du fait, qu’encore une fois, j’affirme ma bretonnité )

    La kermesse c’est un lieu où l’on présente son travail de l’année au travers du spectacle des enfants, où les parents discutent voir collaborent entre eux (c’est ce que je fais en ce moment), on joue, on se détend et où les enseignants échafaudent déjà le thème de l’année à venir.

    La fête de l’École, ce n’est jamais la fin de quelque chose, c’est le devenir de l’année scolaire qui vient.

    Si je reprends le fil sérieusement : Michel Lallement, dans l’Âge du Faire, parle “d’évènement populaire” et ajoute “non un obscur rassemblement de quelques geek en mal de sociabilité”. Ludovia est tout cela à la fois pour l’éducation : une fête de la pédagogie, une foire aux idées, un lieu où l’on joue à jouer de la musique connectée et où l’on est au contact. C’est un événement centré sur l’innovation pédagogique puisqu’il s’agit d’abord d’un lieu de discussion et de créativité. A Ludovia, on y va par choix à la fin de l’Été pour y rigoler peut-être ; mais surtout pour travailler.

    Oui, mais Ludovia alors

    Bien sûr Ludovia ( @ludovia14 ) n’a pas l’histoire, ni l’affluence de l’évènement né à San Matéo en 2006. Vous allez pourtant y croiser des dandys numériques, des chercheurs chevronnés, des chanteurs connectés, des professionnels, des institutionnels. Les gens se mélangent et prennent une pause à la terrasse d’un café. Le plus important à ludovia : l’apprentissage de l’élève en gardant l’idée en tête que nous sommes tous des apprenants qui

    • investiguent,
    • réfléchissent,
    • échouent,
    • transforment,
    • et finalement réussissent.

    Les lieux de sociabilité informels ont l’avantage de casser les barrières et peut-être les sylos disciplinaires qui empêchent tant de travail en équipe. Il s’agit avant tout d’humanité à Ax-Les-Thermes. L’échange est facilité parce que facilitant.

    Les chemins buissonniers


    Pechakucha1 Ludovia#13 : Christophe BATIER

    Il y a deux Ludovia : celui où l’on suit le programme et celui où l’on va au devant de l’autre. Les gènes de cet évènement sont peut-être le mieux représentés par les Edmustech. Voilà, une équipe d’enseignants d’éducation musicale qui au détour de quelques improvisations, ont construit leur association. Ludovia est un évènement qui se hacke. Il y a un air d’”eductivistes” qui se rencontrent, échangent, créent, partagent et contribuent à l’essor de nouvelles communautés. Le colloque se partage et couve les initiatives pédagogiques : des twictonautes, de la team ceinture de compétences ou des amis de Inversons la classe. Ces nouveaux collectifs reviennent même pour en faire un moment cosmopolite. C’est un Ludovia du bricolage qui participe à cette kermesse de la créativité parce que travailler sérieusement à la fin de l’été c’est éviter de se prendre au sérieux.

    Qu’est-ce qu’il manque alors à Ludovia ?

    Un Burning man (non, non Aurélie, c’est une blague enfin pas vraiment), non il manque celui qui lit ses lignes sans y avoir été. L’intelligence collective se nourrit de chacun, de l’altérité, car à Ludovia on aime l’ami critique. Qui sait demain, vous serez les “educ-maker” ?

    Source :

    http://paris.makerfaire.com*

  • Tablettes à l’Ecole : comment parvenir à la généralisation des usages ?

    Tablettes à l’Ecole : comment parvenir à la généralisation des usages ?

    Patrick Roumagnac, DAN de l’académie de Clermont-Ferrand, que nous avons rencontré à l’occasion des NetJournées à Vichy le 29 mars dernier, nous donnait son point de vue sur la question.

    Découvrez ses réflexions dans l’interview ci-contre.

  • Youtube en classe ?

    Youtube en classe ?

    Stéphanie De Vanssay est venue présenter sur le colloque écriTech’8, le concept de « Youtube en classe ».

    Stéphanie de Vanssay part du principe que, comme les jeunes sont massivement connectés à Youtube, il est pertinent de s’y intéresser.

    « Ils peuvent s’abonner à des chaînes, soigneusement choisies par leur professeur pour leur intérêt pédagogique et être touchés par ce biais là« .

    « On a aujourd’hui toute une génération de Youtubeurs qui ont envie de partager leur passion et leurs savoirs, appelés les vulgarisateurs ».

    En classe, Youtube peut être utilisé de manière différente… Propositions et explications dans la vidéo ci-contre.

    Retrouvez toutes les interviews et articles d’écriTech’8 ici.

  • Numérique & savoirs… autour de la problématique d’écriTech’8

    Numérique & savoirs… autour de la problématique d’écriTech’8

    Nous avons eu le plaisir d’interviewer Catherine Becchetti-Bizot sur le colloque écriTech’8 pour nous parler du thème de cette 8ème édition : « Numérique & Savoirs : appropriation, scénarisation, construction et coconstruction des savoirs ».

    « Nous nous sommes interrogés sur les modes d’appropriation des savoirs avec le numérique »,

    comment les élèves se les approprient de manière pérène.

    comment les enseignants, eux-mêmes, sont amenés à scénariser les savoirs, autrement dit le rôle de l’enseignant et l’évolution de sa mission pour tenter de se mettre dans une posture nouvelle.

    Enfin, comment peut-on coconstruire ses savoirs tout au long de la vie ?

    Retrouvez toutes les interviews et articles d’écriTech’8 ici.

  • Enseigner Wikipedia

    Enseigner Wikipedia

    Alexandre Hocquet, enseignant chercheur à l’université de Lorraine au Laboratoire d’Histoire des Sciences et de Philosophie – Archives Henri-Poincaré, argumente sur la manière dont il enseigne Wikipédia à ses étudiants. Interview réalisée sur le colloque écriTech’8 mercredi 05 avril 2017.

    « Apprendre cette communauté, c’est aussi apprendre une culture numérique ».

    Cet enseignement est censé être un enseignement critique.

    Retrouvez le point de vue d’Alexandre Hocquet dans l’interview ci-contre.

    Retrouvez toutes les interviews et articles d’écriTech’8 ici.

  • Moodle : le pour et le contre

    Moodle : le pour et le contre

    Pourquoi j’utilise Moodle ? Moodle est un outil extrêmement puissant. Reste à savoir comment s’en servir…Comment Moodle peut-il nous aider ? Par quels travers risque t-il également de nous piéger ? Germer Walch, professeur de lettres dans l’académie de Strasbourg, aborde ces différents aspects dans l’interview ci-contre.

    « Pour ma part, j’ai commencé à l’utiliser comme un simple manuel numérique en déposant des ressources et, progressivement, je me suis mis à utiliser la dimension interactive de Moodle au travers des exercices etc« .

    « Arriver à l’outil atelier, que je trouve génial, dans lequel les élèves sont amenés à s’évaluer entre eux ».

    Retrouvez tous les articles et interviews en vidéo sur notre lien dédié NetJournées 2017.

  • Les enjeux du leadership à l’ère du numérique

    Les enjeux du leadership à l’ère du numérique

    La révolution numérique affecte toutes les sphères de la vie sociale et communautaire. En effet, l’appropriation des outils numériques par les personnes leur permet de reconstruise un nouveau rapport à la vie en société et surtout des relations interpersonnelles. Le leadership n’y échappe pas. Et, à mon sens, deux des enjeux majeurs du Leadership à l’ère du numérique sont : le développement des compétences en leadership par la formation et l’expression du leadership.

    Mais avant d’aborder ces deux enjeux, il importe de définir ce que c’est que le Leadership.

    De toutes les définitions du Leadership, mot tiré de l’anglais, je retiens celle de Jean Luc Monsempès[1] pour qui « le leadership est un ensemble de compétences relationnelles permettant d’influencer les membres du groupe et leur donner envie de réaliser un projet, créer quelque chose de nouveau, réaliser une vision ».

    Cette définition fait ressortir le fait que le leadership est une autorité d’influence, basée sur l’exemplarité et les relations que le leader noue avec les membres d’un groupe. On retrouve dans cette définition ce que Bertrand Poulet[2] appelle la capacité de donner envie aux autres de s’impliquer et d’agir pour réaliser une ambition collective ou atteindre un objectif commun.

    Le leader apparaît ici comme porteur d’une ambition collective et joue un rôle de catalyseur et d’entraîneur. A cet effet, il est capable de guider, d’influencer et d’inspirer.

    Pour Jean Luc Monsempès , le leadership est au niveau des capacités et il ne s’exprimera que si l’individu s’autorise à mettre en œuvre ses capacités de leadership.

    La définition du leadership telle que abordée nous permet de mieux appréhender ses enjeux à l’ère du numérique : le développement des compétences par la formation et l’expression du leadership.

    Le numérique pour le développement des compétences en leadership

    Le leadership en tant qu’ensemble de compétences relationnelles permettant d’influencer est au niveau des capacités. Mais avant de mettre en œuvre ses capacités de leadership, il importe de les développer et cela à travers la formation. En effet, la formation permettra à l’apprenti leader d’être capable de cerner la bonne adéquation entre ses aspirations au leadership et les besoins réels de sa communauté. Elle lui permettra surtout de développer ses compétences relationnelles, utiles pour son leadership.

    S’il y a un domaine que le numérique est en train de démocratiser, c’est l’accès aux offres de formation de qualité. De plus en plus d’organismes aussi bien nationaux qu’internationaux proposent des formation sur le leadership. Ces formations peuvent être suivies à travers des plateformes de formation ouverte à distance.

    C’est le cas de la formation sur le Leadership Africain dans les TIC (LATIC) délivrée par la Global e-School Communities initiatives (GESCI), fondé en 2003 par la Task Force des Nations Unies pour les TIC.

    Le numérique permet aussi d’accéder à des opportunités d’offres de formation sur le leadership.

    Beaucoup de jeunes en Afrique ont pu ainsi suivre des formations de qualité en leadership comme le Young African Leaders Initiative (YALI) de l’ambassade des USA et le Young Leaders AfricaFrance soutenu par l’Agence Française de Développement (AFD).

    Par ailleurs, le numérique favorise aussi un autre type de formation au leadership : la formation par modelage.

    Suivre des leaders à travers des médias sociaux permet aux apprentis leaders d’apprendre des devanciers. De plus, les possibilités offertes par les médias sociaux de réseautage deviennent aujourd’hui un vrai espace de formation au Leadership. En effet, il est possible d’entrer en contact avec un leader à travers le réseau social, de pouvoir échanger avec lui, d’apprendre de lui et avec lui. Ces outils de réseautage social sont aussi des espaces d’apprentissage entre pairs jeunes leaders. Les interactions entres membres du réseaux peuvent favoriser l’apprentissage social.

    Le numérique pour l’expression du leadership

    L’avènement du Web social a bouleversé les lieux d’expression des citoyens. En effet, en permettant à l’utilisateur d’être au centre de la production de contenu, il a changé notre rapport à l’information sur internet. Désormais, tout individu connecté à internet et détenteur d’un compte sur un réseau social, est un potentiel média. A ce titre, le Web social lui offre la possibilité de s’exprimer sur tous les thèmes. Dans les pays d’Afrique de façon générale, ces outils du numériques permettent aux individus de porter leurs voix au-delà des frontières nationales.

    Les médias alternatifs, nouveaux espaces de communication abordables et accessibles, permettent aujourd’hui à tout un chacun d’exprimer son leadership dans son domaine d’expertise sans forcement passer par les médias traditionnels.

    Par exemple, les médias sociaux offrent des possibilités de pouvoir de guider, d’influencer et d’inspirer une communauté. La plupart des grandes marques en ont pris conscience et ont une présence très remarqués sur ces services numériques. La révolution arabe a aussi montré que ces outils numériques pouvaient permettre à des individus de jouer un rôle de catalyseur et d’entraîneur.

    Le blog est un formidable outil à la disposition de toute personne pour exprimer son leadership dans son domaine d’expertise.

    Il permet à son animateur de s’exprimer sur des thématiques de son domaine d’expertise et mobiliser ses lecteurs autour de celles-ci. En effet, les échanges occasionnées par ces articles publiés sur le blog peuvent donner lieu d’influencer des communautés afin d’elle s’engage pour une cause ou une vision. Facebook et Twitter en tant que plateforme de micro-bloging, sont aussi au service de l’expression du leadership. Ceci à travers du contenu de qualité qui permet d’engager une communauté.

    Ces plateformes favorisent l’expression du leadership collaboratif en permettant aux leaders de collaborer entre eux.

    Youtube, la plateforme de partage de contenus vidéos est devenu le média social le plus prisé. Les Youtubeurs sont de nos jours les plus grands « influenceurs » sur internet. A travers leurs vidéos qui cumulent des centaines de millions de vues, ils arrivent donner l’envie à des communauté de s’engager et réaliser une vision.

    En favorisant le développement des compétences en leadership et son expression, le numérique permet de démocratiser cette notion. Le leadership cesse ainsi d’être la chasse gardée du domaine de la politique, du syndicalisme et s’ouvre à tous les autres domaines.

    [1] Le Leadership pour les nuls http://www.institut-repere.com/Leadership/le-leadership-pour-les-nuls-1-2.html

    [2] La formation au leadership http://www.demos.fr/chaines-thematiques/management-equipe-leadership/Pages/post-200.aspx

    Auteur : Bi Sehi Antoine MIAN, Ph.D.Enseignant-Chercheur TICE, Techno pédagogue à l’Université Virtuelle de Côte d’Ivoire
    www.ticeduforum.ci

     

    source image : pixabay.com

  • L’élection présidentielle vue par les enfants

    L’élection présidentielle vue par les enfants

    A à peine plus d’un mois de l’élection présidentielle, Squla, plateforme de jeux éducatifs en ligne, et Ipsos ont interrogé des enfants de 6 à 12 ans sur la manière dont ils perçoivent ce temps fort de la vie politique française, leurs connaissances sur le sujet mais aussi leurs attentes à l’égard du prochain Président.

    Chiffres clés

    – Plus de 4 enfants sur 5 (86%) sont au fait de la campagne électorale en cours

    – 92% d’entre eux entendent parler politique à la maison

    – 90% des enfants connaissent le nom du Président actuel

    – Pour 52% d’entre eux, la principale priorité du Président doit être de lutter contre les terroristes

    – Améliorer l’école en faisant que ce soit plus facile et agréable d’apprendre, cité par 35% des répondants, vient en 4ème position

    La politique n’est pas un sujet tabou à la maison

    A deux mois de l’élection présidentielle, les petits Français sont tout à fait conscients de la campagne électorale qui est en cours : 86% des 6-12 ans (et même 95% des 10-12 ans) savent que l’élection présidentielle approche et une très large majorité d’entre eux sait que cette élection aura lieu cette année (92%).

    Si les enfants sont autant au fait de la campagne électorale en cours, c’est notamment parce qu’ils sont très nombreux à entendre parler politique à la maison (92% dont 16% souvent). Lorsqu’on parle politique chez eux, c’est avant tout pour expliquer (57%).

    La politique suscite dans l’ensemble un intérêt modéré chez les enfants : 27% disent s’y intéresser « beaucoup » ou « assez », une proportion comparable aux 30% d’enfants qui disent avoir de l’intérêt pour la campagne électorale en cours.

    Un niveau de connaissance sur l’élection présidentielle honorable

    Interrogés sur le nom du président de la République, les petits Français sont 90% à être capables de citer François Hollande, bien qu’avec des variations orthographiques importantes.
    François Hollande est d’ailleurs la personnalité politique la mieux reconnue par les enfants (parmi 5 photos de personnalités proposées aux enfants) : 98% d’entre eux savent en voyant sa photo qu’il s’agit de François Hollande.

    Soumis à un test de connaissances sur l’élection présidentielle relativement complexe, les enfants obtiennent en moyenne la note de 5,3/10. Les enfants plus âgés obtiennent assez logiquement une meilleure note (6,3 contre 4,6/10 pour les 6-9 ans), mais aussi les enfants de CSP+ (5,6 contre 4,9 pour les CSP-), plus exposés à cette thématique à la maison. En revanche, si les filles se disent moins intéressées par le sujet, elles obtiennent une meilleure note moyenne à ce test (5,5 contre 5,2 pour les garçons).

    Les priorités assignés par les enfants au futur président

    Reflet de ces temps troublés, la principale priorité assignée par les enfants au prochain président de la République est de lutter contre les terroristes (52%). De la même manière, si les 10-12 ans sont encore plus nombreux à citer cette priorité (55%), les plus petits assignent eux aussi au président le même objectif prioritaire (49%).

    Vient ensuite la lutte contre la pauvreté (« améliorer la situation des gens pauvres, des sans domicile fixe »), citée par 39% des enfants, à égalité avec la protection de la nature (39%).

    Améliorer l’école en faisant que ce soit plus facile et agréable d’apprendre vient en 4ème position, cité par 35% des enfants (38% des garçons), à égalité avec la lutte contre le chômage et devant la santé et le pouvoir d’achat.

    Pour améliorer l’école, les enfants ont une idée précise de ce qu’il faudrait faire. Ils ne demandent pas prioritairement plus de récréations (seulement 5%) ou de sport par exemple (7%), mais avant tout de pouvoir apprendre plus souvent les mathématiques et le français sous forme de jeux (24% en feraient même leur première décision pour l’école s’ils étaient président).

    Source : Squla
    Méthodologie : Ipsos a interrogé par internet, du 7 au 14 février, 502 enfants âgés de 6 à 12 ans (représentatifs de cette population en termes de sexe, d’âge, de profession de la personne de référence du foyer, de catégorie d’agglomération et de région).
     
    À propos de Squla :
    Squla est une plateforme de jeux éducatifs en ligne. Son contenu est entièrement basé sur le programme scolaire, proposé et/ou validé par les éditions Nathan. Elle est totalement sécurisée pour que les enfants puissent profiter… sans que les parents aient à s’inquiéter. Squla permet de préparer une évaluation en s’amusant, en dédramatisant et en développant le plaisir d’apprendre. La plateforme offre à chaque enfant la possibilité d’avancer à son rythme, en occupant efficacement le temps de celles et ceux qui terminent les exercices habituels en avance et permettant à d’autres de pratiquer davantage certaines matières si besoin ou de revenir sur certains points.