POINT DE VUE

Les élèves ne sont pas des tomates ! 2e article, droit de réponse

L’interview de Philippe Bihouix parue dans Libération le 2 septembre dernier «Avec l’école numérique, nous allons élever nos enfants « hors-sol », comme des tomates» est, comme le livre du même auteur, un ramassis de poncifs anti-numériques agglomérés pour arriver à la conclusion que nos établissements scolaires devraient rejeter les écrans pour se concentrer sur les FONDAMENTAUX !

Tout d’abord, les élèves ne sont pas des tomates !

Ils ne sont pas passifs à l’école en attendant gentiment que les professeurs les exposent aux savoirs et les nourrissent de contenus scolaires… Ce sont les enfants qui apprennent et cela suppose une mise en action, une appropriation volontaire et donc oui, des situations engageantes, motivantes et le numérique peut-être un des ingrédients -pas le seul !- utile pour ça.

Et cela notamment parce que le numérique permet de publier son travail, de le rendre utilisable par d’autres et de le mettre en forme de façon attractive et valorisante.

Une école sans numérique serait une école hors-sol

Aucun syndicat de personnel enseignant, même le plus réactionnaire, ne rejette la nécessité de travailler avec et sur le numérique dans les établissements scolaires. Notre société est numérique, le numérique est loin d’être seulement un outil au service des apprentissages des élèves, il est aussi et surtout un contexte et une culture.

L’évacuer de l’école est juste un non-sens. La question n’est pas : “les élèves apprennent-ils mieux avec le numérique ?” mais “est-ce bien raisonnable de vouloir préparer nos enfants à vivre, à être citoyen et à travailler dans un monde numérique sans les y préparer avec les outils d’aujourd’hui ?

Les études montrent qu’ils n’apprennent pas moins bien avec le numérique (au regard des critères d’évaluation classique) ce qui est déjà une bonne nouvelle ! Et la note de la DEPP de janvier 2016 sur les collèges connectés montre clairement que “faire utiliser le numérique en classe par les élèves va de pair avec des pratiques pédagogiques « actives »« .

Après, personne de sérieux ne prétend que le numérique, à lui seul et de façon “magique” améliore les apprentissages des élèves. Philippe Bihouix utilise ici la stratégie de l’épouvantail qui consiste à présenter de façon caricaturale et fausse un soi-disant argument de ses adversaires. Je profite de l’occasion pour recommander ici l’excellent ouvrage “Halte aux arguments fallacieux !” qui est très utile et éclairant.

L’argument suprême et imparable

Je passe sur la fracture numérique qui est on le sait bien dans les usages et non dans les équipements (ce qui pénalise d’autant plus les enfants de milieux défavorisés si l’école n’intègre pas le numérique), sur le raccourci “numérique = temps d’écran” et aussi sur le danger des ondes (présent dans le livre mais pas dans l’article) pour passer à l’argument suprême de monsieur Bihouix : “Je sais utiliser un ordinateur et Internet alors que je n’en avais pas au collège”. Là, tout est dit : JE sais parfaitement bien faire sans, donc c’est inutile d’apporter autre chose aux élèves que ce que J’ai eu, JE suis l’exemple vivant que c’est possible et que cela doit être la norme de toute éternité ! CONSTERNANT…

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