Auteur/autrice : Aurélie Julien

  • Le numérique, un levier au service de la Refondation de l’Ecole

    Le numérique, un levier au service de la Refondation de l’Ecole

    Ludomag : aujourd’hui vous êtes à la tête de la Direction du Numérique pour l’Education. Pouvez-vous nous expliquer la stratégie de cette Direction et les éléments qui la composent ?

    « La Direction du Numérique pour l’Education répond à des enjeux et à une ambition pour l’Ecole ».

    Catherine Bizot insiste sur le fait que la création de la DNE résulte d’une prise de conscience collective, à la fois du gouvernement et du ministère de l’Education, de donner une priorité à la jeunesse et de la préparer à vivre et à travailler dans le monde actuel.

    « Cette priorité se traduit par un outil administratif (la DNE), de pilotage de toutes les dimensions de ce projet ».

    LMag : Le numérique amène t-il à la refondation de l’Ecole ou l’Ecole va t-elle utiliser le numérique pour sa refondation ?

    Catherine Bizot souligne que le numérique est souvent vu de manière très instrumentalisée et utilitaire. Pour la DNE, le numérique est vu comme un levier des changements profonds de l’Ecole.

    Comme exemple, elle donne la pédagogie inversée qui existait déjà avant le numérique mais qui est mise en relief de manière plus évidente avec le numérique. Il en est de même pour la différenciation, l’autonomie, l’accompagnement qui sont accélérés grâce au numérique.

    « Le numérique est donc un levier au service de la Refondation de l’Ecole ».

    C’est un mouvement qui est en cours et Catherine Bizot insiste sur le terme « en cours » ; elle souligne en effet que les enseignants n’ont pas attendu d’être dotés en matériels et d’être autorisés à utiliser le numérique dans leur classe ; elle tient à mettre en valeur toutes les initiatives personnelles des enseignants, toutes académies confondues.

    « Aujourd’hui, nous tenons à les accompagner pour valoriser et promouvoir ce changement et utiliser le numérique pour le faire ».

    LMag : La DNE est à Paris ; comment fait-elle pour développer sa stratégie et atteindre ses objectifs  sur tout le territoire national ?

    « Idéalement nous aimerions que cette Direction ne soit pas trop verticale ;  par définition, quand on s’occupe de numérique, on ne peut pas fonctionner de manière trop verticale ».

    La DNE n’est pas le seul acteur dans cette stratégie. Elle fait notamment mention du rôle des collectivités locales avec lesquelles la DNE entretient tient entretenir un dialogue permanent.

    D’autre part, elle rappelle que l’organisation académique s’est mise en place par la création des Délégués Académiques au Numérique qui doivent, auprès de leur Recteur, veiller à la cohérence des projets numériques. De plus, ils ont pour mission de créer des instances de concertation, notamment avec les collectivités locales mais aussi de faire le lien avec les services de formation, les réseaux d’innovation ou encore le réseau Canopé, afin que tous les acteurs qui oeuvrent à la transformation de l’Ecole par le numérique puissent travailler ensemble.

    LMag : pour l’avenir, des plans sont annoncés. Quel va être le rôle de la DNE ?

    « Les plans annoncés ne naissent pas de rien. Cela fait plusieurs mois voire plusieurs années que nous travaillons à la mise en place d’un projet global », rappelle Catherine Bizot.

    Ce projet global intègre les équipements mais surtout, il se soucie du déploiement des usages et de la formation des enseignants, comme de la production de ressources numériques nouvelle génération.

    Pas d’annonces encore sur les modalités de ce « grand plan numérique pour l’Ecole ».

    Une chose est sûre « si certaines personnes se posaient encore la question sur l’intérêt d’avoir créer une DNE, force est de constater qu’elle a du travail pour les prochains mois et les prochaines années », conclut Catherine Bizot.

    Plus d’infos sur la création de la DNE :
    Voir notre précédent article ici

    crédit photo : Manolo Guizar

  • Wikipédia, espace de co-création de savoirs ?

    Wikipédia, espace de co-création de savoirs ?

    Il rappelle la genèse du projet Wikipédia qui s’est basé sur le style Wiki, « the Wiki way » qui rappelle que tout un chacun a des savoirs à apporter et peut les partager afin qu’ils circulent librement.

    « L’utopie de Wikipédia s’est beaucoup inspiré du monde du logiciel libre. Pouvoir créer une encyclopédie dont le mode d’élaboration est décentralisée ».

    Wikipédia en chiffres…

    Aujourd’hui, Wikipédia est le cinquième site le plus visité au monde alors que Wikipédia en langue française comptabilise environ 1,5 millions d’articles.

    « Sur la communauté francophone, on dénombre environ 15 000 contributeurs réguliers ; mais il faut souligner qu’il n’y a vraiment qu’un petit noyau de personnes qui assurent l’essentiel des contributions ».

    Dans l’histoire, Wikipédia s’est vu obligée d’imposer des règles pour assurer une certaine qualité, d’une part et d’autre part, pour gérer les conflits entre contributeurs.
    Le référencement et la citation des sources ont été les moyens d’arbitrer ces conflits.

    « Les références bibliographiques ont aussi pour fonction de « compenser » l’incertitude de l’expertise des contributeurs ».

    Finalement, Gilles Sahut explique que d’un système qui paraissait au départ très accessible où tout le monde pouvait librement écrire, « le système s’est complexifié notamment avec la contrainte de la citation des sources qui assure la fiabilité mais demande aussi un certain apprentissage ».

    L’encyclopédie en ligne est aussi victime de critiques récurrentes.

    Wikipédia introduit une dose d’incertitude là où les encyclopédies étaient l’assurance d’une certitude informationnelle.

    Pour lutter contre cette image, Wikipédia a mis en place un processus d’évaluation des articles qui se voit par exemple à travers la promotion des articles de qualité sur lesquels une étoile jaune apparaît. Cette qualité est définie par un vote de plusieurs contributeurs.
    A l’inverse, il existe des bandeaux d’avertissement avec des mentions comme « cet article manque de sources ou cet article n’adopte pas un style neutre ».

    « C’est une sorte d’autoévaluation de Wikipédia par les Wikipédiens eux-mêmes, ce qui n’est pas le cas des encyclopédies classiques ».

    Cependant, cette forme de « contrôle » n’enlève t-il pas un peu de liberté ?

    La nuance qu’apporte Gilles Sahut vient effectivement des articles qui pouvaient être issus d’une expérience personnelle que quelqu’un souhaitait faire partager. Avec les normes, si le sujet choisi ne peut être vérifiable, il peut ne pas être admis.
    Un problème se pose alors sur l’exclusion de certains thèmes ; Gilles Sahut donne l’exemple de l’Afrique où les sources sont souvent orales : « pourquoi donner la priorité à un article sur un village français et exclure un article similaire sur un village africain ? ».

    « C’est un peu la limite Wikipédienne actuellement où nous sommes sur du contenu qui rend compte de ce qui a déjà été publié ».

    crédit photo : Manolo Guizar

  • Vous avez dit cultures numériques ?

    Vous avez dit cultures numériques ?

    Quelle partie de notre vie est numérique ? Une question à laquelle il devient difficile de répondre.

    Nous sommes définitivement sortis de l’internet des internautes.

    C’est ainsi que nous pourrions résumer l’entrée en matière de Jacques-François lors de son intervention.
    Nous avons décidé de pointer notre interview sur une partie de sa présentation à savoir la définition de la ou plutôt DES cultures numériques.

    « Je me suis plongée dans des lectures, d’articles, de livres pour arriver à environ 12 à 14 définitions de la culture numérique », explique Jacques-François.

    En réalité, ces différentes définitions se regroupent plus ou moins mais d’après lui, il est plus juste de parler de la culture numérique au pluriel.
    Il avoue avoir réussi à une sorte de classification en cinq catégories.

    D’un côté, certains parlent de la culture numérique comme celle de l’informatique et de la programmation ; pour d’autres, la culture numérique, c’est une culture du travail en réseau, de la coopération autour de laquelle gravitent les cantines, les clusters, les pôles de compétitivité… On passe ensuite par la culture des écrans (il cite à ce sujet, François Taddei ou Serge Tisseron) ; Jacques-François inclut dans cette catégorie les « friands » de serious game ou de games tout court, ceux qui croient à une ludification de l’enseignement.

    Enfin, les « makers » représentent une des formes de culture numérique, avec les FabLab par exemple :
    « c’est la culture de l’artisanat numérique, de tests, de l’essai-erreur qui n’est pas étanche avec les autres ».

    « A peu près aucune de ces cultures n’existent à l’état pur, elles sont croisées ; elles racontent à chaque fois d’une part des traditions et d’autre part des capacités assez distinctes », conclut-il.

    C’est la raison pour laquelle Jacques-François a tenté de les isoler, non pas pour montrer qu’il y en a une plus impérialiste que les autres mais plutôt pour montrer comment elles se « parlent » entre elles.

    voir la présentation de Jacques-François Marchandise

    Plus d’infos : le site du Campus européen de l’Univerisité de Poitiers ici

  • Poitou-Charentes affirme son leadership européen dans le numérique éducatif

    Poitou-Charentes affirme son leadership européen dans le numérique éducatif

    « Territoires connectés » : cela évoque à Jean-François Macaire le rôle très important de la Région quant à la mise en place des réseaux de manière égalitaire sur le territoire.
    Une notion d’égalité qui lui est chère, notamment pour l’accès à l’éducation, action qu’il poursuit dans les pas de sa prédécesseur, Ségolène Royal.

    Dans le numérique, il voit des opportunités nouvelles et c’est une réelle volonté de la Région que d’approfondir le sujet : « est-il possible d’accéder, avec les technologies numériques, à une éducation plus individualisée qui permettrait enfin d’arriver à l’égalité des chances » ?

    La Région attend beaucoup du monde universitaire en ce sens pour pouvoir faire émerger des procédures pédagogiques nouvelles. De même, le travail des chercheurs lui parait essentiel pour mettre en lumière les résultats d’usages numériques ; un recul qu’il est nécessaire de prendre pour pouvoir réaliser des investissements en cohérence avec les attentes des enseignants.


    Investir face à l’enjeu du numérique ; voici aussi une des préoccupations de Christophe Ramblière. Sur la question du très haut débit, il est franc avec nous : cela ne fait pas partie des exigences premières du citoyen de Poitou-Charentes à l’heure actuelle, dont les demandes s’orienteraient davantage vers des nouvelles routes, autoroutes, une amélioration du réseau ferré ou encore davantage de sécurité.
    D’après les retours qu’il en a, l’enseignant se contenterait même de ce qu’il a comme débit sans faire de demandes particulières.

    Par contre, il reconnaît aussi  que « plus il y a de débit, plus il y a d’usages et plus on crée de nouveaux services pour les enseignants ».

    Le rôle de l’élu est bien de faire de la prospective et « nous sommes bien conscients que les besoins en débit vont et ont doublé depuis 10 ans».

    Une anticipation nécessaire car il faut bien une réflexion globale d’aménagement du territoire, « afin de ne pas créer de rupture entre le monde rural et le monde urbain, par exemple ». Christophe Ramblière rejoint dans ces propos la notion d’égalité, précédemment évoquée par son Président.
    Mais une anticipation qui reste délicate car « s’engager dans une démarche très haut débit du territoire demande beaucoup de volonté de la part des élus car il faut débloquer des moyens importants ».
    et il ajoute que « lorsque la demande sociale n’est pas très marquée, le choix politique n’est pas facile à faire ».

    Plus d’infos : le site du Campus européen de l’Univerisité de Poitiers ici

    crédit photo : Manolo Guizar

  • Le Master européen en Ingéniérie des Médias pour l’Education (EUROMIME)

    Le Master européen en Ingéniérie des Médias pour l’Education (EUROMIME)

    EUROMIME est un Master européen en Ingénierie des Médias pour l’Education.

    Il forme des chefs de projets dans le secteur de la conception, du développement et de la mise en œuvre de dispositifs de formation recourant aux médias numériques en réseaux. Il forme également des chercheurs spécialisés dans les études d’usage de ces dispositifs.

    Le master, qui ouvre droit à une formation doctorale ultérieure, prépare aussi bien à un emploi dans une structure industrielle marchande ou publique qu’à une carrière universitaire. Beaucoup des étudiants diplômés travaillent dans des structures publiques ou privées impliquées dans des projets d’enseignement à distance.

    Plus d’infos : www.euromime.org

    crédit photo : Manolo Guizar

  • Le dispositif de formation m@dos

    Le dispositif de formation m@dos

    Le dispositif de master M@dos pour la formation continue des personnels d’encadrement de l’Education nationale a été lancé en 2009.

    C’est un parcours de formation continue en e-learning à destination des personnels d’encadrement de l’éducation (chefs d’établissement scolaire, inspecteurs…).

    Initié par l’Ecole Supérieure de l’Education Nationale qui en assure une partie du financement, il s’appuie sur un consortium de sept universités (universités de Paris-Est Marne-la-Vallée (IAE Gustave Eiffel), Angers, Charles-de-Gaulle – Lille 3, Lorraine (ISAM-IAE Nancy), Poitiers (IAE de Poitiers et depuis 2013 l’Espé de Versailles (université de Cergy-Pontoise) et l’université de Limoges)). Il conduit à la délivrance d’un titre de Master.

    Le programme du M2 Professionnel destiné aux cadres de l’éducation vise à la fois l’acquisition de certains outils indispensables au métier et une meilleure connaissance des enjeux sociaux, économiques, politiques et pédagogiques qui constituent le contexte dans lequel se développe leur activité.

    Le dispositif M@DOS propose une formation hybride, collaborative, qui s’appuie sur une démarche active d’apprentissage soutenue par des techniques innovantes de l’enseignement à distance (espaces numériques partagés, classes virtuelles…).

    c’est un dispositif hybride, trois quarts distanciel et un quart présentiel, sur la totalité des 300 heures, précise Jean Duchaine dans la vidéo

    Plus d’infosmados.unilim.fr

    crédit photo : Manolo Guizar

  • Le rôle d’un opérateur telecom dans l’Education

    Le rôle d’un opérateur telecom dans l’Education

    [callout]Il nous explique le rôle d’un opérateur telecom comme Orange sur les questions de numérique en éducation.[/callout]

    Découvrez son point de vue en vidéo

    crédit photo : Manolo Guizar

  • Numérique et connaissances : et si on arrivait au «finage numérique» ?

    Numérique et connaissances : et si on arrivait au «finage numérique» ?

    Pour lui, l’idée de l’égalité avec le numérique n’est pas au rendez-vous. Il dresse le constat que les différences d’accès, comme celles d’accès aux soins ou à la culture par exemple, sont les mêmes avec le numérique ; selon un gradient de revenu économique, de formation initiale des individus…

    « La transformation d’un système éducatif est quelque chose de vraiment difficile à analyser », notamment parce que ce système est porteur de valeurs qui sont inscrites dans le pays.

    D’autre part, il soulève un autre point, celui du renouvellement d’un enseignant, en ces termes :

    « Le renouvellement de la technologie, c’est 18 mois. Le renouvellement d’un enseignant, c’est 30 ans ».

    Pour Didier Paquelin, l’enseignant doit s’affranchir de ce qui l’a formé pour devenir à son tour créateur. Certaines études montreraient que ce temps serait de sept à huit années d’exercice professionnel.

    Il aborde ensuite les notions de spatialité et de temps d’apprentissage. Comment le système éducatif peut-il s’adapter à ces changements ?

    Enfin, il introduit la notion de « finage numérique« .

    C2E_Paquelin1_150914Au moyen-âge, le finage est une communauté villageoise pour produire individuellement mais aussi collectivement… par analogie, le finage numérique est à la fois cette notion de communauté, qui permet à des individus de s’exprimer, mais aussi à des collectifs de se constituer et d’aller emprunter des composantes aux différents mondes, formels, informels … et de se constituer son territoire pour son apprentissage.

     Voir la présentation en PDF de Didier Paquelin

     

     

    Plus d’infos : le site du Campus européen de l’Univerisité de Poitiers ici

    crédit photo : Manolo Guizar

  • L’externalisation numérique des connaissances rend-elle nos sociétés plus intelligentes ?

    L’externalisation numérique des connaissances rend-elle nos sociétés plus intelligentes ?

    Externalisation numériques des connaissances

    « Le constat, issu d’une dynamique historique, est que la fabrication de l’humanité, montre que nous avons constamment développé nos capacités cognitives en déportant nos savoirs vers l’environnement ».

    Dominique Cardon donne l’exemple de l’outil, du livre et aujourd’hui du numérique.
    « On allège notre mémoire interne au profit d’une mémoire externe ».
    ET donc, la question se pose : si l’on déporte ces informations vers l’environnement, à quoi consacrons-nous la formation de notre propre anamnèse, de notre mémoire ?
    L’argument optimiste, d’après Dominique Cardon et que nous confions à notre activité cérébrale des fonctions cognitives de plus en plus avancées.

    La société devient-elle donc plus intelligente ?

    Elle devient plus compliquée parce qu’on a multiplié, interfacé différentes couches, répond Dominique Cardon.
    La connaissance ne se limite pas à du « presse-bouton ». Elle demande aussi des procédures, des règles d’acquisition du savoir (voir article et vidéo du premier épisode sur l’exemple de Wikipédia).

    Ramenée à l’échelle de la classe, comment puis-je rendre mes élèves plus intelligents avec le numérique ?

    Dominique Cardon, qui se dit non-spécialiste des questions d’éducation, tente de répondre à cette dernière question. « On fait reposer sur l’enseignant des activités pédagogiques qui lui donnent de plus en plus d’autonomie pédagogique pour que les outils numériques, qui en eux-mêmes ne servent à rien dans la classe, soient utilisés pour des exercices, des activités collaboratives etc. »
    « Bref, cela renvoie un peu la responsabilité vers ce que nous en faisons ».

    L’externalisation numérique nous permet donc de rendre nos sociétés plus intelligentes mais cela dépend de comment nous utilisons ces potentialités. Ne sommes-nous pas en deçà de ce qu’elles nous offrent ?

    « N’oubliez pas de regarder en périphérie », voici le conseil que nous pourrions retenir de cette interview.