Catégorie : POINT DE VUE

  • Le numérique à l’école : on fait quoi, maintenant ?

    Le numérique à l’école : on fait quoi, maintenant ?

    Par Jacques Cool
    Image : Pixar Films

    Ces poissons d’aquarium qui rêvent de vivre librement dans l’océan, qui font tout pour y arriver. Et là, on les voit, chacun dans son sac transparent, quittant le bureau, traversant la rue pleine de voitures, sautant dans l’eau du port de Sydney et célébrant leur réussite alors qu’ils flottent allègrement à la surface de l’eau, dans leur sac.

    Et puis cette réplique savoureuse : « Bon, on fait quoi maintenant ? » 🙂

    J’aime cette scène car elle nous rappelle des situations de vie personnelle et professionnelle; nous travaillons forts pour mettre en place une initiative, convaincre des gens, dégager des ressources, planifier les actions, surmonter les défis, les oppositions et l’indifférence de ceux qui ne prennent pas trop la peine de comprendre de quoi il s’agit, faire rayonner des réalisations, etc.

    Et pourtant, ce sentiment bizarre que la montagne franchie ne fait que rendre visible de nouveaux sommets plus loin. Quelques exemples comme ça, particulièrement pour le domaine des technologies à l’école :

    –          de nouveaux appareils numériques dans une école,
    –          l’accès à des applications de qualité,
    –          une connectivité plus performante,
    –          une participation à une conférence majeure,
    –          un plan de perfectionnement pédagogique axé sur les TIC qui reçoit un go!,
    –          un accès à une plateforme afin de se lancer dans une expérience d’apprentissage hybride,
    –          la création d’un blogue de classe ouvert et accessible,
    –          une initiative AVAN (BYOD) qui est acceptée,
    –          un réseau plus ouvert pour les professionnels de l’éducation,
    –          …

    Au fond ces cibles, il faut les voir comme des phares de mer (un de mes symboles préférés) vers lesquels on se dirige et qui nous guident. Mais ces phares se déplaceront toujours plus loin (the moving beacon) et nous incitent à poursuivre, à recommencer, à se revitaliser. J’imagine que les poissons d’aquarium sont en voie de rejoindre Nemo et son père sur le corail du Pacifique. J’imagine aussi leurs efforts renouvelés pour y arriver.

    C’est la même chose en éducation. Cette école, vibrante, ouverte, connectée sur le monde, où le jeune est l’acteur principal, on commence à la voir ici et là.

    Mais il reste beaucoup à faire. Pour nous guider, je retiens cet extrait fort éloquent du Equinox Blueprint: Learning 2030, qui nous rappelle :

    Imagine if we could gaze into the future and see the implications of our present-day approaches to important challenges. What would we do differently now to help build a better world for the next generation?

    Equinox Blueprint Learning 2030

    (Equinox Blueprint: Learning 2030, page 5.)

    Car le vrai défi, pour savoir « c’est quoi qu’on fait maintenant ? » réside grandement dans notre capacité de pouvoir se transposer dans un autre modus vivendi ou modus operandi, plus en synchro avec les réalités du monde aujourd’hui (et celui que l’on peut anticiper, autant que possible), ainsi que de savoir mettre de côté nos représentations souvent axées sur un modèle, voire un monde, qui n’est plus celui dans lequel vivent nos jeunes, qu’on le veuille ou non. C’est alors qu’on s’y lance avec plus de confiance, plus éclairés.

    « Le problème avec l’école, c’est qu’on y est tous allé. » dit Ron Canuel.

    Mais, des boules de crystal, ça n’existe pas, impossible de prédire l’avenir…

    Vrai. Toutefois, il y a des développements, des usages et des indications qui peuvent guider notre vision et nos actions. Des énoncés, certaines plus audacieuses que d’autres, qui risquent de rendre obsolètes ceux qu’on énonçait il y a à peine 10 ou 15 ans (le monde a bien changé…) et qui ont le vilain défaut de perdurer dans l’esprit de nombre d’intervenants. En voici quelques-unes, compilées par des éducateurs britanniques :

    – La prochaine génération d’enseignants, plus techno, plus branchée. Le nombre d’enseignants qui « ne font pas de techno » qui diminuera.

    Soit, ils seront en classe, avec leur appareil mobile/tablette et comptes Twitter ou Facebook ou autre réseau social qui prédominera, mais je me permets ce petit bémol : attention à cette généralisation, tout comme celle des « natifs numériques » (et c’est un gars de 55 ans qui vous écrit ceci 🙂 ).

    Le vrai défi est/sera celui des facultés de l’éducation qui formeront cette génération d’enseignants et qui n’auront plus le choix que de s’actualiser à la lumière des changements en profondeur sur nos finalités, la pédagogie, le numérique, nos rapports au savoir.

    – Portabilité 

    fini les labos d’ordinateurs bien ancrés au sol. Place aux tablettes, aux mobiles, au BYOD et même le BYON (bring your own network). Les sorties en milieu naturel, aux musées, les projets partout dans l’école et dans la communauté ne s’en porteront que mieux, à mon avis (lire : apprentissages des jeunes).

    – La vitesse de l’innovation

    Un grand défi pour tous les enseignants, celui de rester à l’affût des avancées et des nouvelles possibilités sans ressentir la noyade technologique; du moins, être au courant et accepter de se placer dans un mode « bêta perpétuel ». L’enseignant est apprenant et n’apprend plus seul. Marc Prensky a déjà dit : « You don’t need to know ALL the technology but you should know ABOUT the technology. »

    – La pertinence pédagogique

    Fini les bidules ou les apps qui prétendent être LA révolution en éducation. L’enseignant saura discerner la valeur pédagogique des outils car son référentiel pédagogique aura évolué et le point d’entrée sera invariablement celui de la pédagogie. Cette force sera de plus en plus prisée et prise en considération par les concepteurs de nouveaux produits/services numériques. Du moins, on le souhaite vivement.

    – La créativité 

    Ahh, je ne peux m’empêcher que de reproduire ici cette belle phrase de Katrina Schwartz dans Mindshift et qui résume bien l’apport de la créativité à l’école transformée :

    « If it’s true, in Sir Ken Robinson’s words, that “Creativity is not an option, it’s an absolute necessity,” then it’s that much more imperative to find ways to bring creativity to learning. »

    – La fiabilité 

    Ces ordis qui prennent 12 minutes à démarrer, des piles à faible rendement, un réseau peu fiable, des filtres internet frustrants, des mises à jour qui n’en finissent plus. Les outils, la vitesse et l’infrastructure de réseau seront de plus en plus performants et fiables. Plus de temps « hands on, minds on » alors.

    – La connectivité

    pas celle des réseaux (voir le point précédent) mais bien celle des gens, des professionnels, de la communauté et des jeunes. Le partage d’idées, de créations, de débats ne se limitent plus à la classe ou au « public de 1 ». On partage, on apprend ensemble. Avec des gens d’à-côté ou de l’autre bout du monde. Le face-à-face et le virtuel se complémentent et permettent des connexions plus fortes, plus vraies, plus stimulantes. L’isolement professionnel sera un choix de l’enseignant.

    – Les coûts

    On a vu depuis 15 ans environ des coûts et des achats à grande échelle qui ont eu l’effet pervers de limiter toute nouvelle tentative de renouvellement ou de déploiement à plus grande échelle, surtout avec un contexte économique mondial et local difficile.

    Leaders, teachers and students are now seeing through this, demanding costs come down to a more reasonable level and not being hood-winked into thinking they need technology because the marketers tell them. The shift of balance will once again fall onto the schools, which will drive down costs by shopping around more sensibly. Schools will reduce their costs by encouraging pupils to bring in their own devices into lessons, with less emphasis on the school providing tech. Leaders who ‘get tech’ will be at the forefront of innovation, with many who don’t expected to leave the profession within the next ten years.”

    – La simplicité

    Ou plutôt la convivialité d’usage des outils performants. Cela contribue grandement à ce sentiment de « pouvoir d’agir », ce qui sera bénéfique pour tous les usagers, experts ou profanes. Une meilleure courbe d’adoption est à anticiper alors.

    Et plus concrètement, on parle de quoi quand il s’agit de l’école « de demain » ? (*Ouf, je n’aime pas ce terme car il sous-entend qu’on peut la remettre à plus tard…)

    En 2009, Shelly Blake-Plock identifiait 21 choses qui seront obsolètes en 2020. Nous sommes à mi-chemin entre ce billet de Blake-Plock et cette année-phare que semble devenir l’an 2020.
    –          Pupitres d’élèves
    –          Laboratoire de langue
    –          Salle d’ordinateurs
    –          Les devoirs à la maison
    –          Les résultats aux examens externes comme critères d’entrée au post-secondaire
    –          L’enseignement à « la tranche du milieu »
    –          La crainte de Wikipedia
    –          Les livres en format papier seulement
    –          Le bureau des assiduités
    –          Les casiers
    –          Les Services informatiques
    –          Les institutions centralisées
    –          L’organisation par niveaux/grades scolaires
    –          Les classes sans technologie
    –          Le développement professionnel fourni par des agences externes
    –          Le curriculum bien ancré dans le roc
    –          La soirée parents-maître
    –          La  bouffe à la caféteria/cantine
    –          Les sites web montés par services externes spécialisés
    –          L’algèbre 1 pas avant le niveau secondaire
    –          Le papier, toujours le papier

    Où en sommes-nous, réellement ? La discussion est ouverte… Mais parions que plusieurs éléments de cette liste seront toujours là en 2020…

    Et référentiel technopédagogique dans tout ceci ? Il y a des pistes, de bonnes. Notamment, l’initiative de perfectionnement pédagogique iClasse, les normes ISTE-NETS, traduites par Marc-André Girard, et le référentiel Destination Réussite, volet II, qui nous offre notamment cette vidéo :

    Et l’organisation de l’école, dans un tel paradigme ? Les exemples sont de plus en plus nombreux, heureusement…

    logos écoles

    Celui que je retiens ces temps-ci est le cas de la Science Leadership Academy de Philadelphie, une école publique dans un quartier avec défis socio-économiques.

    Son directeur, le fantastique Chris Lehmann et son équipe ont pris le soin de décrire comment TOUTES les composantes pédagogiques et fonctionnelles dans leur école (l’organisation du temps, les espaces d’apprentissage, les rubriques d’évaluation, les activités d’apprentissage par projets signifiants et engageants, le curriculum, voire même le processus d’embauche des enseignants, etc.) sont calquées, façonnées, inspirées par, reliées à, conçues en fonction du profil de l’élève-apprenant qui y vit. Inspirant. Leur conférence est un must.

    Et puis, en parlant de conférences à caractère technopédagogique, je me permets un constat encourageant : le propos de fond, et en large, est surtout d’ordre pédagogique, les outils viennent après qu’on s’installe dans un référentiel où l’apprentissage est au coeur des interventions. Clair 2014, Sommet iPad 2014, Awakening possibilities, et j’en passe… On discute, on réseaute, on apprend.

    Des outils qui permettront à nous, ces poissons d’aquarium qui visent ou qui avons atteint la mer, d’aller au large et de se rapprocher un peu plus de cette école qu’on imagine, qu’on désire pour chaque enfant.

    Avant 2030, peut-être ?

    Retrouvez Jacques Cool sur son blog : http://zecool.com

  • L’adolescent connecté : consommateur ou créateur de numérique ?

    L’adolescent connecté : consommateur ou créateur de numérique ?

    Jean-François travaille depuis une trentaine d’années sur les questions relatives aux usages des technologies numériques dans le champ de l’éducation. Il s’intéresse plus spécifiquement aux processus d’appropriation des technologies par les institutions et par leurs acteurs et usagers ; ses recherches étant réalisées dans le cadre du laboratoire TECHNE qu’il dirige depuis 2012 ( voir son profil ici )

    L’adolescent connecté
 est-il un consommateur de numérique ? Comment agit-il en tant qu’élève dans l’environnement scolaire ? Est-il la même personne ?

    Alors que l’institution scolaire tente depuis 25 ans de scolariser les technologies numériques pour les intégrer à sa panoplie d’outils pédagogiques, les adolescents se les sont appropriées pour y conquérir les espaces-temps de liberté que les adultes leur refusent. Difficile dans ces conditions d’en faire un moyen de séduire les élèves !

    A ces questions, Jean-François Cerisier répond en images dans ce premier épisode et donne matière au débat du 25 août prochain (conférence-débat qui sera retransmise en direct sous la forme d’une Webconférence et que vous pourrez suivre sur www.ludovia.org/2014).

  • Décodage de l’e-sport : jeux vidéos et apprentissage ?

    Décodage de l’e-sport : jeux vidéos et apprentissage ?

    « Les pratiquants de l’e-sport sont des cyber-athlètes, des sportifs de haut niveau ; ils pratiquent un entraînement sportif, portent des valeurs sportives, ont un esprit d’équipe et une hygiène de vie », décrit Vanessa Lalo, psychologue du numérique.

    Pourquoi rapprocher l’e-sport de l’enseignement ?

    Vanessa Lalo explique dans la vidéo ci-contre que le rapprochement peut se faire dans un partage de valeurs ; l’e-sportif va rechercher la performance, atteindre le meilleur, s’entraîner et se dépasser ; de vraies valeurs qui sont aussi valables à l’école.
    « On va dépasser les notions d’efficacité et de productivité toujours présentes à l’école en développant de nouvelles compétences comme l’esprit d’équipe par exemple« .

    Elle part du principe que dans un jeu vidéo, le joueur prend du plaisir et gère sa frustration. « Finalement on a un impact d’apprentissage qui est directement lié au jeu« .

    « Le jeu vidéo serait donc un outil sérieux pour des professionnels comme c’est un outil de divertissement pour certains ou encore un outil pédagogique ou thérapeutique pour d’autres ».

  • Les adolescents, les smartphones et l’école totalitaire

    Les adolescents, les smartphones et l’école totalitaire

    Yann_leroux_220414Par Yann Leroux sur son blog « Psychologik »

    Nous avons maintenant de nouveaux kit identitaires. Ce sont les téléphones portables qui nous accompagnent dans notre quotidien. Ils sont des extensions de soi en ce sens qu’il permettent d’être en lien ou de s’isoler. Ils permettent d’appeler des proches et de communiquer avec eux de différentes façons.

    L’utilisateur peut capturer des moments en prenant des photographies ou des films. Il a accès à l’Internet ou il peut participer à des discussions en postant de nouveaux contenus ou en lisant ceux des autres. Il peut lire les flux d’information auxquels il est abonné (YouTube, Twitter etc…). Dans les moments de tension, le smartphone permet d’écouter de la musique ou de regarder des vidéo. Le téléphone est donc devenu bien plus qu’un téléphone.

    Il est un couteau suisse identitaire avec lequel les individus construisent et modèlent leurs identités.

    Bien trop souvent, ces outils sont maintenus à l’écart des établissements scolaires. Les règlements intérieurs interdisent aux élèves d’utiliser des smartphones ou même tout simplement de l’avoir dans la main. En cas de transgression, l’école peut faire des abus de pouvoir en confisquant l’appareil pendant plusieurs jours.

    En interdisant les téléphones portables, les établissements scolaires découpent un espace et un temps dans lequel l’expression de l’identité des enfants est amputée. Elle les rend muets à eux même et aux autres.

    L’école montre ainsi qu’elle fonctionne de manière totalitaire. En effet, les kit identitaires sont l’expression de ce que chacun peut avoir de personnel voire d’intime. Ils articulent l’identité sociale et l’identité personnelle. Les institutions qui les interdisent sont qualifiées de “totalitaires” par Goffman C’est le cas de l’hôpital et de la prison pour lesquels les caractéristiques individuelles des personnes importent peu. Elle construisent pour chacun l’identité dont elles ont besoin pour remplir leurs fonctions.

    C’est aussi le cas de l’école qui supprime pour chaque personne ce qu’elle a de plus personnel dans le but de le transformer en élève.

    Que sera la mémoire des enfants qui sont aujourd’hui à l’école ? C’est assez facile à imaginer. Leur quotidien sera massivement documenté dans leurs archives personnelles. Il sera également en images, en vidéo, et en status sur leurs comptes Facebook, Vine et autre Twitter. Ces mémoires téléversés sur l’Internet seront partagées et enrichies par les commentaires des autres. Mais elles seront frappées d’une immense tache blanche. On n’y verra ni les cours des collèges et des lycées, ni les salles de classes, ni les images d’amis et de professeurs en situation.

    En d’autres termes, un espace dans lequel les enfants passent 8 heures par jour et 3 a 6 années de leurs vies sera frappé d’amnésie numérique.

    Dans un monde ou les contenus numériques participent à la construction de soi, en interdisant les smartphones, les établissements scolaires amputent les mémoires individuelles et collectives. Elles font obstacle à la manière dont aujourd’hui, les enfants construisent leur expérience de soi et leur identité.

    Article de Yann Leroux sur son blog Pyschologik à suivre ici

  • Le portail Eduthèque, quels usages pour un enseignant de lettres ?

    Le portail Eduthèque, quels usages pour un enseignant de lettres ?

    « En tant qu’enseignant de lettres, je me suis d’abord demandé à quoi pourrait me servir le portail Eduthèque ».

    Au démarrage, Pierre Estrate nous décrit le côté pratique du portail qui donne accès au même endroit à 16 partenaires différents, « sans avoir besoin de se créer un compte chez chacun d’eux ».

    Tout en pensant aux droits d’auteur, l’accès gratuit à une multitude de ressources de qualité comme sur la BNF ou le Louvre, en haute définition, constitue un intérêt de taille pour les enseignants, souvent en recherche. Pour Pierre Estrate, « Eduthèque apporte une vraie plus-value par rapport à toutes autres ressources que j’utilise par ailleurs ».

    Il poursuit sa réflexion en donnant quelques exemples concrets de ses usages du portail Eduthèque.

    Comme par exemple, l’accès à un passage musical commenté de « la Marche des Turcs » de Lully, accessible en cliquant sur l’onglet de la Cité de la musique.

  • Elargir l’espace scolaire et le temps nouveau de la classe

    Elargir l’espace scolaire et le temps nouveau de la classe

    Un ensemble de questions sont posées à la communauté éducative, comment redéfinir l’espace architectural des bâtiments scolaires et universitaires ? Comment peut-on bâtir les espaces virtuels, leur donner du sens,les  cadastrer pour qu’ils renvoient du sens ?

    Apprendre et enseigner dans et hors la classe, c’est se mettre en capacité d’imaginer l’espace personnel qui, de facto, se professionnalise par intermittence. L’espace personnel des acteurs de la formation devient peu à peu un espace à réversibilité sociale.

  • Les écoles à l’ère du numérique

    Les écoles à l’ère du numérique

    Un nouveau tournant vers le numérique

    La création d’une Direction Numérique montre une volonté forte du gouvernement face aux enjeux du numérique à l’école en termes d’outils et de supports pédagogiques. On peut d’ores et déjà noter plusieurs initiatives concrètes et d’envergure du Ministère, à l’image du service D’COL, lancé fin 2013 à destination des 30.000 élèves de 6ème en difficulté scolaire, qui amène une palette complète de services de soutien aux élèves et aux établissements.

    Cependant, on voit trop d’initiatives et d’expérimentations locales, qui sont très intéressantes d’un point de vue pédagogique mais qui ne connaissent pas de généralisation à grande échelle. Un des enjeux pour cette Direction est donc de réussir à créer des conditions pour permettre des déploiements d’envergure et ainsi permettre de faire réellement entrer le numérique dans les pratiques pédagogiques.

    Les enseignants, pierre angulaire de ce projet

    Contrairement à certaines idées reçues, les enseignants ne sont pas réticents face au numérique. Ils attendent juste des outils simples leur permettant d’améliorer leur pratique pédagogique au quotidien. D’ailleurs, la grande majorité d’entre eux utilisent déjà internet dans la préparation de leurs cours. Le numérique n’est pas une baguette magique.

    Que l’on parle d’applications éducatives ou de cours interactifs, il faut garder à l’esprit qu’il ne s’agit que d’outils. Les enseignants n’adopteront le numérique que s’il n’est pas un frein dans leur pratique. Simplicité, fiabilité et gain de temps pour l’enseignant sont les maîtres mots pour une intégration réussie du numérique à l’école.

    Les clés du succès

    Aujourd’hui, le numérique à l’école reste pour les élèves cantonné dans les salles informatiques, ce qui n’est pas efficace. Les tablettes tactiles sont un moyen élégant de sortir le numérique de la salle informatique pour l’intégrer pleinement dans la pratique pédagogique. A condition d’aller jusqu’au bout des choses.

    Certaines collectivités font aujourd’hui le choix d’investir des sommes importantes dans des déploiements de tablettes pour tous les élèves. Or l’investissement en matériel n’est qu’un aspect du problème. Ce type de déploiement, qui a le potentiel de révolutionner l’enseignement, doit intégrer toutes les dimensions, à savoir les infrastructures réseau sans fil à haut débit, la gestion du parc (matériel et logiciel), les applications de contenus pédagogiques et surtout la formation des enseignants.

    Or l’attention est en général focalisée sur le coût d’acquisition des tablettes, au détriment des autres dimensions. D’où des retours parfois désenchantés.

    Certains élus commencent à évoquer des approches de type BYOD (BringYourOwnDevice, apportez vos appareils personnels), qui permettraient de s’affranchir des contraintes d’investissement et de maintenance d’un parc de terminaux. Cette approche séduisante deviendra de plus en plus pertinente au fur et à mesure de la baisse des prix d’équipements.

    On peut ainsi imaginer que la tablette devienne d’ici quelques années, au même titre que la calculatrice scientifique, un matériel scolaire standard, avec des spécifications suffisamment génériques pour être indépendantes du fournisseur, et soit à la charge des parents (quitte à envisager des mécanismes de subvention soumis à des conditions de ressources).

    Cette approche, qui est déjà une réalité de fait dans l’enseignement supérieur, où la quasi-totalité des étudiants sont dotés de leur propre ordinateur, pourrait très bien se transposer dans les années à venir dans les écoles et les collèges.

    Au-delà de la problématique de l’équipement individuel, un des objectifs de l’Etat semble être d’assister les collectivités dans la mise à disposition d’infrastructures de réseau à haut débit dans les établissements scolaires, mais également dans la création de conditions d’accès au marché favorables à une véritable concurrence.

    Cela permettra à l’avenir de dégager des économies considérables sur les achats de contenus pédagogiques. Le paradigme du manuel scolaire papier, qui est obsolète dans une approche numérique de l’enseignement, reste malheureusement encore aujourd’hui le modèle dominant.

  • 5 conseils pour éviter les frustrations dans l’intégration pédagogique de la technologie

    5 conseils pour éviter les frustrations dans l’intégration pédagogique de la technologie

    Même si nous ne l’utilisons pas tous de façon identique, la technologie peut tous nous apporter quelque chose de positif, autant au niveau personnel que professionnel, surtout si son intégration est bien planifiée. Cependant, avouons-le, le changement est presque toujours une étape difficile…

    Le World Wide Web a été créé en 1991 et Google en 1998. De ce fait, tous les enfants de moins de 16 ans sont nés dans un monde où Internet existait. Ils n’ont pas connu un monde sans la possibilité d’aller sur un moteur de recherche pour trouver de l’information. Pour eux, la technologie est tout simplement présente. Ils n’ont pas besoin de « l’intégrer » dans leur vie.

    Si nombre d’entre eux l’utilisent seulement dans un but ludique, et non de façon productive, il leur reste donc à apprendre cette facette, mais cette intégration en classe se fait beaucoup plus facilement pour eux que pour l’enseignant qui écrit sur un tableau noir depuis 25 ans !

    Justement, à ce sujet, Justin Tarte, directeur des programmes au Union R-XI School District, au Missouri, a récemment écrit un article intitulé 10 Tips to Avoid Technology Integration Frustration.

    Voici ici 5 des 10 conseils de M. Tarte qui, selon ma propre expérience, peuvent diminuer les frustrations d’une équipe pédagogique.

    En effet, une personne frustrée est plus portée à délaisser une nouveauté qu’à l’adopter!

    1) Établir un but pédagogique !

    La pire erreur à faire est d’intégrer la technologie sans aucun but pédagogique. La technologie n’est pas une bouée de sauvetage pour augmenter le nombre d’élèves dans une école…

    2) Avoir une infrastructure solide

    Le réseau sans fil de l’établissement doit être performant et l’équipement doit fonctionner. La pire chose à vivre pour un enseignant est de sans cesse craindre que la connexion à Internet va le laisser tomber et que l’ordinateur ne démarre pas ou ne se connecte pas au projecteur, par exemple.

    3) Avoir une sérieuse conversation interne avec tous les acteurs à propos de la gestion des appareils et de l’accès à Internet

    Déployer de la technologie dans une école tout en bloquant l’accès à ceci et à cela n’est pas la meilleure solution. À l’autre extrémité, tout ouvrir et ne rien contrôler peut finir par coûter très cher en bande passante et en gestion de crise. Les techniciens doivent travailler en équipe avec les enseignants, et un système de contrôle rigoureux doit être mis en place. Pour cela, agir comme un leader technologique du 21e siècle est capital.

    4) Ne pas se concentrer seulement sur la technologie et soutenir les enseignants

    Plusieurs affirment que la technologie est tout simplement un outil d’enseignement comme les autres. C’est vrai dans le contexte où la seule technologie est un portable et un projecteur pour l’enseignant. Par contre, c’est faux si tous les élèves ont en permanence un appareil entre les mains.

    La technologie amplifie autant ce qui fonctionne que ce qui ne fonctionne pas dans une classe. Il est donc important de bien soutenir les enseignants, par exemple en se basant sur un modèle d’intégration qui a fait ses preuves. Le modèle SAMR est un bon point de départ.

    5) Offrir une formation personnalisée aux enseignants

    Tous s’entendent sur le fait qu’enseigner d’une seule façon devant un grand groupe d’élèves ne favorise pas l’apprentissage de tous. Chacun apprend de façon différente. C’est aussi le cas des enseignants. Il est donc important de personnaliser le soutien aux enseignants.

    Pour poursuivre la réflexion, lisez les 5 autres conseils de M. Tarte dans son article 10 Tips to Avoid Technology Integration Frustration.

    À propos de l’auteur Sébastien est conseiller pédagogique TIC au Collège de Montréal et ancien enseignant de sciences. Il livre de nombreuses autres idées sur son site www.Edulogia.com

    Article publié le 28 février 2014 sur Infobourg.com et rédigé par Sébastien Wart, auteur du site edulogia.com

  • Le numérique : simple et efficace ?

    Le numérique : simple et efficace ?

    Une démarche de diffusion…

    Si on y regarde de près, sur le terrain des buts à atteindre, la connaissance précise des objectifs à se fixer et des étapes à franchir impose une conception méticuleuse des outils de régulation.

    Cette conception induit la possibilité d’une régulation rapide et efficace en temps réel.
    Ce dispositif a longtemps été valorisé, et le demeure, sur le terrain des applications ‘ouvertes‘ permettant à l’utilisateur de pouvoir y apporter les corrections nécessaires ou interventions souhaitées très rapidement.Ce concept fait les beaux jours des suites bureautiques (et en particulier les tableurs) ou, phénomènes encore récents, des livres à construire (type ibook, diaporama ou didapage), objets de création à partager que ce soit entre concepteurs ou du concepteur vers l’utilisateur.Ce mécanisme d’échange a produit de nombreux outils des plus simples aux très évolués qui ont impulsé un mouvement conséquent qui met en évidence une problématique réelle liée à la logique de son utilisation. On peut dire aujourd’hui que le numérique ne rencontre que peu d’obstacle à son utilisation de fond, mais par contre, se heurte assez souvent à l’écueil de la forme.Dans un précédent article, je mettais en avant la valeur de l’enseignant/développeur. Il apparaît incontournable de considérer ce propos comme allant au-delà d’une manifestation corporatiste qui renvoie dos à dos les éditeurs et les utilisateurs, et il s’agit bien de revenir sur cette notion de fond déterminante pour la valeur d’un outil. Un fond qui se construit sur l’idée et l’expérience.

    MartialP3_310314Des outils classiques aux outils numériques…

    J’ai un exemple très précis que j’utilise très souvent et dont je souhaite à nouveau me servir. Le relevé d’une performance temps : le chronomètre.Outil indispensable du professeur d’EPS, il symbolise aussi très certainement ce que peut être l’outil de base dans une discipline.Ce chronomètre, outil ‘classique‘ est devenu avec la technologie tactile un outil ‘numérique‘.
    Nous partons d’un usage simple, facile d’accès, y compris pour nos élèves, que nous passons de sa forme basique (un boîtier, 3 boutons, pour une somme modique) à une forme élaborée (un écran tactile, pour une somme plus conséquente). Sur le fond, il n’y a pas grand chose à avancer. On lance une activité de chronométrage, on valide des temps… Sur la forme, il apparaît plus compliqué de valoriser l’usage du numérique pour un coût bien supérieur et en considérant simplement la saisie de temps de course.Hors, la plus-value issue de ces actes simples s’attache à la manière dont est pensé l’application sur le support technique qui lui est attribué. Comment rester simple tout en offrant un service supplémentaire et de qualité aux utilisateurs, dont l’objectif principal demeure la mise en évidence du progrès, la valorisation des apprentissages et l’atteinte des meilleurs résultats ?
    Tout d’abord, bien penser que l’on ne peut pas tout demander au numérique. Son utilisation demeure, comme à beaucoup d’occasions, un acte ponctuel dont la vocation est de valoriser l’instant par la possibilité d’avoir une connaissance plus approfondie du résultat.
    L’acte pédagogique premier n’est pas d’offrir un résultat traité, mais bien de mettre en avant la réponse à des consignes, orientées par des buts et ponctuant l’atteinte progressive d’objectifs. De ce fait, la complexification permanente des outils n’est pas une mesure de l’évolution de ces mêmes outils, mais une complexification de l’utilisation qui finira par se transformer en abandon, pour ne pas dire rejet !MartialP_310314Une application faisant tout à ‘ma‘ place aurait en effet dévastateur sur l’image de ce qu’est apprendre, la position de l’enseignant et la valeur de l’essai/erreur avec une interaction humaine.
    L’association par la suite, d’information d’un nouveau genre (dans l’exemple la vitesse, l’amélioration par rapport à la performance précédente, l’atteinte de la meilleure performance) apportera le plus nécessaire à la valorisation de l’action et à la relation privilégiée à l’outil qui accumule des capacités qu’il est difficile d’avoir pour un enseignant en dehors d’une organisation méticuleuse mais ‘chronophage‘ !
    Très concrètement, je vous invite à aller faire le tour des différents Market pour y relever, dans cet exemple très précis, l’ensemble des applications gratuites et payantes qui se proposent de rendre ce service. Et la mission qui vous incombe est de pouvoir relier en un temps record (celui que vous impose la participation optimale de chaque élève lors d’une séance de pratique) la performance à celui qui l’a réalisé tout en lui permettant d’avoir accès à un bilan immédiat à la fin du cours ainsi qu’en rentrant chez lui.
    Et pour corser le tout, permettre de diffuser cette information dans le temps, de l’uniformiser dans une équipe éducative, car il me semble important d’offrir une formation de qualité à l’ensemble des élèves d’un établissement et pas seulement à quelques groupes par manque de formation et de moyens.
    Pour arriver à cela, il apparaît que la mise en place de telles séances doit être intuitive. Tirées des problématiques de terrain, des contraintes du quotidien et de la connaissance des moyens en place, un nombre restreint d’applications peuvent prétendre répondre à ces aspects, tout en gardant une fonction simple, ponctuelle et peu contraignante.La prise en compte minutieuse des manipulations nécessaires à l’organisation d’une séquence de prise de performance, de la création des groupes et des épreuves à l’apprentissage des manipulations à effectuer pour chronométrer, permet d’optimiser la valeur du numérique et renforce le côté performant de l’information supplémentaire décrit précédemment.
    Plus qu’une formation devenue nécessaire face à la multiplication des propositions d’application, d’usages et d’expérimentations, la structure des produits proposés par les développeurs revêt une importance capitale dans le choix d’entrer dans le numérique comme celui d’y poursuivre et y avancer.
    MartialP2_310314N’oublions pas que les outils passent de l’enseignant à l’élève. Si ce n’est pas le cas, ils doivent y passer obligatoirement. Pour arriver à ce que cet acte de confiance et de responsabilisation se fasse, il faut bien que chacun, à son tour puisse maîtriser dans sa quasi totalité l’application utilisée pour la fonction à laquelle il la destine et que cette application, ponctuellement, accomplisse ce à quoi on la destine… simplement…

    Les contraintes du changement…

    Par rapport à ce que nous connaissions des fichiers que nous échangions, et que nous échangeons encore, l’arrivée des tablettes et de nouvelles technologies ont considérablement réduit les utilisations tout en offrant malgré tout une vision très encourageante des avancées.La nécessaire adaptation à la mobilité s’est faite au travers de l’apparition d’outils d’un nouveau genre, fermant de manière évidente l’accès à des modifications personnelles, mais ouvrant l’usage à des publics variés, développant de ce fait une nouvelle pédagogie, numérique et résolument évolutive.L’école avance dans l’ère du numérique. Et ce ne sont pas les propositions les plus technologiques qui en sont la cause, mais bien les idées les plus adaptées, souvent simples, mais répondant de manière précise à des préoccupations précises.A cette place encore, nous trouvons les principaux intéressés. Eux-mêmes sous la pression de leur public quotidien.

    Il s’agit bien des enseignants et de leur capacité à juger de l’efficacité de ce qui leur est proposé au regard des résultats qu’ils recherchent, non pas pour que la technologie les remplace, mais bien pour qu’elle les épaule. Et simplement.