Catégorie : ACTION PUBLIQUE

  • La tablette, un nouvel outil dans le paysage de la classe

    La tablette, un nouvel outil dans le paysage de la classe

    article_tablette_MichelMonteil_190913

    graphique_michelmonteilEn progression continue depuis la rentrée scolaire 2010, c’est maintenant environ 15 000 tablettes qui sont en expérimentation dans les établissements scolaires avec la répartition suivante : 119 écoles, 174 collèges et 42 lycées.

    « Tous les témoignages convergent sur les qualités indiscutables de la tablette. Sa rapidité de mise en œuvre, son autonomie, sa légèreté, sa simplicité d’utilisation, sa mobilité modifieraient l’organisation et l’usage des TICE dans la classe, et cela aurait un impact positif sur les apprentissages dans de nombreuses disciplines », décrit Michèle Monteil dans son rapport.

    Du côté positif, on notera les atouts suivants pour le travail en classe : une souplesse de la durée et du rythme des séances, la possibilité d’alterner entre travail individuel et travail collectif et enfin l’ouverture vers des activités variées liées aux apports spécifiques de la tablette.

    Comme le décrit Michèle, « la tablette permet d’associer lecture et écriture par une circulation facilitée entre consultation, commentaires et échanges. Elle permet un accès différent aux savoirs et à des ressources multiples comme par exemple de très nombreux ouvrages (simplement stockés et conservés sur la machine ou mis à disposition par des serveurs spécialisés) ».

    Sans oublier les fonctionnalités qui permettent d’écouter, d’enregistrer, de prendre des photos ou même de filmer.

    D’une utilisation simple en apparence, le rapport n’oublie pas de souligner l’importance de la formation des enseignants dès lors que l’on introduit cet outil en classe : nécessaire prise en main du matériel et des systèmes d’exploitation qui les accompagnent et nécessaire appropriation pédagogique… mettant en lumière la charge de travail supplémentaire dont témoignent les enseignants pour réaliser de simples séquences de cours ou encore la faible quantité de ressources, adaptées à leurs besoins, dont ils disposent avec l’outil.

    Certains passionnés se sont accrochés, d’autres ont décroché !

    Quelles perspectives pour répondre au besoin du numérique pédagogique à l’école ?

    Il semblerait que des contraintes d’ordre technique et logistique aient été identifiées comme par exemples, les systèmes et applicatifs permettant la connexion à Internet avec la mise en place d’un dispositif de contrôle et des outils d’échange de documents ou encore une connexion WIFI efficace et entretenue.

    « Beaucoup d’enseignants se sont plaints d’un roulement aléatoire de tablettes qui refusent de se connecter ce qui représente un frein important à la rapidité de mise en œuvre des activités ».

    Mais aussi le manque d’adaptation du secteur industriel aux usages scolaires ; celui-ci restant encore très axé sur du déploiement « en nombre ».

    Pour nuancer ce propos, Michèle Monteil rappelle qu’en deux ans, le marché a considérablement évolué :

    « L’offre s’est diversifiée, depuis l’apparition de stylets jusqu’à l’option ardoise. Une nouvelle génération de tablettes hybrides plus puissantes (clavier détachable) permet avec un seul outil l’usage des fonctions tactiles de la tablette et celles des fonctions complexes des ordinateurs avec une gestion facilitée des fichiers. Les systèmes d’exploitation ont évolué, ils sont plus stables. Beaucoup de modèles de tablettes sont maintenant munis de connecteurs qui permettent de gérer les périphériques classiques et donc s’intègrent plus facilement à la classe ».

    En conclusion, le constat est fait que les tablettes viennent souvent remplacés les classes mobiles. Les retours d’expérimentations portent essentiellement sur la classe et très peu sur l’utilisation des tablettes à la maison, pour les élèves qui ont la chance de les emporter chez eux !

    Il est en effet à noter que peu d’établissements autorisent que les outils sortent de leurs « murs« , en avançant l’argument du coût élevé des matériels et de sa fragilité…
    Bref, une vision encore très centrée sur « l’outil est mobile donc l’enseignement peut être mobile », à confronter avec l’article de Jean-Paul Moiraud, « Mobilité des corps dans l’espace réel ou mobilité dans les espaces numériques ? »,  prônant davantage une analyse par « les intentions » sur le « pourquoi a-t-on besoin d’être mobile ? »

     

    Plus d’infos sur les expérimentations menées par l’Education Nationale :
    Consulter les rapports d’expérimentation de Grenoble et Bordeaux ici
    Consulter les usages pédagogiques des tablettes tactiles de l’académie de Grenoble ici
    Consulter les usages en cours d’EPS dans l’académie de Versailles ici

     

  • Former par et au numérique

    Former par et au numérique

    Un seul mot d’ordre : Améliorer la réussite des élèves grâce au numérique

    ACAmiens_190913Depuis plusieurs années, les équipes de la MATICE se sont engagées dans plusieurs pistes d’investigations dont les travaux ont été présentés lors de cet événement :
    • l’ENT que chaque collectivité fournit aux EPLE,
    • les ressources numériques,
    • les équipements informatiques récents,
    • les tablettes tactiles,
    • les nouveaux outils de communication,
    • la formation à distance.

    Présentation des ateliers
    Une restitution des ateliers est disponible,  sous forme de Didapages ici ou au format PDF.

    Une mutualisation de l’espace pour une cohérence de l’apprentissage
    •    Atelier 1 « labo numérique et apprentissages » : Apprendre et comprendre par l’investigation et le concret au travers d’activités  (paillasses numériques, maquettes réelles, ressources numériques, modélisation 3D, appareils de mesure numérique, scanner 3D, imprimante 3D, machine à commande numérique).

    •    Atelier 2 « Quelle utilisation d’une salle multimédia ? » : Découvrir les potentialités pédagogiques offertes par ce type d’espace, ainsi que la richesse et la pluralité des enseignements qui peuvent y être dispensés.

    Des pratiques différentes au service de tous les élèves

    •    Atelier 3 « Des outils de navigation et de communication » : qu’apportent les nouveaux outils numériques nomades que sont les tablettes (Repenser l’exposé, Navigation, communication, autonomie et personnalisation, capsules vidéo, outils de localisations et d’échanges de données) ?

    Atelier 4 « des ressources numériques : dédiées, contournées, fabriquées » : quelles utilisations des jeux sérieux ? Élaborer un  scénario pédagogique dans lequel le jeu prend une part cognitive importante.

    L’évaluation et la motivation de l’élève

    •    Atelier 5 « boitiers d’expression » : individualiser l’enseignement pour favoriser la réussite des élèves et les amener à travailler en autonomie.

    •    Atelier 6 « l’ENT et le suivi des apprentissages » : développer une liaison inter-degrés enrichie et continue.

    L’organisation du temps d’apprentissage

    •    Atelier 7 « Former un élève à distance » : Retour d’expérimentation d’enseignement à distance avec un jeune public.

    •    Atelier 8 « ENT dans et hors les murs » : développer la continuité des apprentissages.

    De plus, vous pourrez trouver une aide à la mise en situation pédagogique au travers d’une banque d’usages de jeux sérieux (Atelier 4). Cette banque de données, construite par la Matice, répertorie des jeux sérieux (testés en classe le plus souvent) ainsi que leurs usages pédagogiques.

  • Les transports scolaires d’Ille et Vilaine assurent en ligne grâce à e-Citiz

    Les transports scolaires d’Ille et Vilaine assurent en ligne grâce à e-Citiz

    Le service des transports réfléchissait depuis 2010 à une évolution significative de son service de prise et renouvellement d’abonnement. Jusqu’alors traité manuellement, il mobilisait de nombreux travailleurs manuels et ne mettait pas à l’abri d’erreurs lors de l’intégration des données saisies au sein du système d’administration.

    Vincent Vesvard, chef de projet au sein de la DSI du Département d’Ille-et-Vilaine détaille les étapes clé du projet de mise en œuvre du téléservice.

    La mise en place d’un module d’inscription en ligne pour le Transport Scolaire s’est inscrit à partir de 2010 dans un double objectif visant, d’une part à faciliter les démarches pour les usagers dans le cadre de la politique d’amélioration de la relation au citoyen et le développement de services en ligne (e-administration) menés par le Département, et , d’autre part, à optimiser le traitement des dossiers pour le service Transport, en substituant la gestion des formulaires papier par une chaine de traitement automatisée des demandes.

    Une première étude menée par le Service Transport dite « d’opportunité » a permis d’effectuer un benchmarking des initiatives similaires entreprises dans des départements voisins.

    A l’issue, les facteurs de succès ont été identifiés : Fournir une traçabilité complète des demandes et proposer une interface utilisateur permettant d’afficher des informations personnalisées tout en garantissant une qualité optimale des données saisies.

    Fort de ces constatations, un cahier des charges a été établi début 2012 fruit de la collaboration du service transport et de la DSI.

    Une mise en concurrence via un MAPA a démarré au Printemps 2012, pour aboutir à la sélection du module e-Citiz de l’éditeur Genigraph.
    En Novembre 2012, une première réunion de cadrage a permis de valider un calendrier opérationnel autour de deux grandes étapes. En 2013, le projet concernerait uniquement le renouvellement des abonnements existants. En 2014, tous les abonnés (anciens et nouveaux) seront concernés.

    Suite à cette réunion de cadrage, des ateliers fonctionnels ont permis de présenter le projet et de recueillir les attentes des utilisateurs opérationnels (gestionnaires de transports chargés d’exploiter les données collectées). Ces réunions ont permis de préparer le changement et vérifier l’ergonomie des écrans de saisie.

    Un grand « plus » de l’outil e-Citiz tient en la simulation très en amont du workflow et des champs de saisie sur écran. Grâce à ce module, il a été possible d’établir dès Novembre/Décembre les spécifications détaillées souhaitées par les équipes, ainsi que les données à injecter au Back Office et les référentiels métiers à relier au système d’information.

    A l’issue des phases de spécifications, une première démonstration de l’outil a été présentée début janvier 2013 auprès des utilisateurs métiers. Même si l’outil n’avait pas encore acquis de charte graphique, le workflow était très proche du téléservice final.

    « Les premiers retours sont très positifs », a déclaré Vincent Vesvard chef de Projet du Conseil Général,« je suis très optimiste pour la suite ».

    Une fois le projet présenté et les dernières demandes de modifications prises en compte, les services communication du Département ont lancé une grande campagne d’information à partir de mars 2013 afin de préparer les usagers à l’évolution de leur service.

    En avril 2013, l’outil a été présenté aux chefs de services des agences et aux élus avec également un retour positif. La mise en production a été fixée au 15 mai et complètement respectée.

    Bilan

    Avant la mise en ligne du service, 20 000 demandes de renouvellement étaient saisies une à une. Actuellement environ 30% passent par le service en ligne, ce qui est considéré comme un très bon taux d’adhésion pour une première année.

    Cela correspond à 6000/7000 formulaires ne passant plus par une gestion manuelle.

    Le contrôle à posteriori n’est également plus fait manuellement, les champs conçus par Genigraph permettant d’éviter les erreurs de saisies.

    Les demandes sont ensuite automatiquement intégrées dans l’outil « back-office » de gestion des transports scolaires par le biais d’un protocole sécurisé. En cas d’identification de statuts particuliers des alertes sont renvoyées aux agents.
    L’efficacité du système a été mesurée par la rapidité avec laquelle les usagers remplissent le formulaire et le très faible taux d’erreur.

    Quelques problèmes d’incompatibilité vis-à-vis de navigateurs ou de fournisseur de mails ont été identifiés et rapidement corrigés.

    Parmi les prochaines étapes
    – Paiement en ligne
    – Prise en compte des demandes initiales
    – Formulaire dédié aux transports adaptés pour les élèves et étudiants en situation de handicap

    Comme le rappelle Vincent Vesvard , chef de projet à la DSI du Département d’Ille-et-Vilaine, le grand « plus » de l’outil e-Citiz tient en la simulation très en amont du processus et de ses écrans de saisie et à son approche AGILE de conception et de déploiement de téléservices.
    Il a permis d’établir et de valider dès Décembre 2012, soit moins de 2 mois après le démarrage du projet, les spécifications souhaitées par les équipes métiers et de respecter parfaitement le calendrier de déploiement. Au final, le projet a emporté l’adhésion des personnels, usagers et élus du département.

    Plus d’infos sur le projet e-Citiz : www.e-Citiz.fr

  • Gouvernance territoriale du numérique : s’adapter au changement et aux nouvelles compétences

    Gouvernance territoriale du numérique : s’adapter au changement et aux nouvelles compétences

    Comment s’adapter au changement et aux nouvelles compétences que définit la loi sur la refondation de l’école ? Quelle gouvernance territoriale peut-on espérer pour mener à bien les projets éducatifs numériques ?

    Pour en débattre, trois acteurs d’expérience en la matière : Dominique Provot, chargée de mission e-education à l’agence départementale Numérique 64, Charline Genet, chargée de mission au Développement numérique du Conseil Régional d’Auvergne et Philippe Molès, consultant et conseiller aux usages du numérique, Mission Ecoter.

    La loi sur la refondation redéfinissait en juillet dernier, les nouvelles compétences des départements et des régions en matière d’acquisition et de maintenance des matériels informatiques et des logiciels, leur laissant l’entière charge de cette mission.

     

    La collectivité : simple financeur ou réel partenaire de l’Education Nationale ?

    Comme le souligne Laurent Brisset, animateur de cette session, « quel rôle donne-t-on à la collectivité : celui d’un réel partenaire de l’Education Nationale ou celui de simple financeur ?»

    Laurent Brisset pose ainsi d’entrée de jeu le problème de la gouvernance partagée, indispensable à la réussite des projets d’éducation numérique.

    Mais comme en témoigne Dominique Provot du Conseil Général des Pyrénées Atlantiques (64),

    «Seul un partenariat tripartite entre la collectivité, l’établissement et les services déconcentrés de l’Education Nationale permet d’atteindre une relative efficience dans le développement des usages du numérique dans les établissements ».

    Dominique Provot insiste sur l’importance donnée au qualitatif dans le projet d’e-éducation de l’Agence Numérique 64 :

    « Seules des formations conjointes entre l’Agence du Numérique et le CDDP ont permis aux enseignants de s’adapter et d’intégrer les usages fonctionnels et pédagogiques. Le développement des usages ne peut souffrir d’une déficience de l’un ou l’autre de ces deux aspects, intimement liés».

    Le développement du numérique nécessite donc un ajustement pas à pas des dispositifs, selon les besoins des classes et le rythme d’adaptation des enseignants.

    C’est la raison pour laquelle, l’Agence numérique 64 s’est concentrée dans un premier temps, sur un équipement de Tableau Numérique Interactif et de baladodiffusion, puis a mis en place des « contrats numériques entre les différents partenaires » pour le déploiement et les usages de vidéoprojecteur dans toutes les salles et de vidéoprojecteur interactif dans une salle sur deux.

    Le développement progressif des usages est également facilité par le partage d’expériences entre enseignants lors d’une journée annuelle de pratique du numérique de la maternelle aux ESPE (Ecole Supérieur du Professorat et de l’Education), où la motivation des uns entraîne celle des autres.

     

    Maintenance : le nerf de la guerre ?

    Mais la question de la gouvernance n’aurait été traitée dans son ensemble si le point névralgique de la maintenance dans les établissements à la charge exclusive des départements et des régions n’avait été abordé.

    Maintenance que les associations territoriales, rappelle Laurent Brisset, acceptent de gérer, « s’il s’agit uniquement d’un transfert de compétences, soit d’une compensation financière de l’Etat ».

    (voir à ce sujet l’article de Ludovia Magazine : « Les collectivités encore dans l’expectative ») : Ce qui a récemment fait l’objet d’une requête des associations ADF et ARF auprès des services du Ministère.

    Dans les Pyrénées Atlantiques, cinq agents ont été affectés à cette mission : ce qui, selon Dominique Provot, n’est peut être « pas en soi un exemple à suivre par les autres départements, s’ils souhaitent, en cette période de restriction budgétaire, solliciter un financement de l’Etat à cet effet ».

     

    Autre région, autre politique. En Auvergne, représentée par Charline Genet, la maintenance relève de la compétence des services académiques du rectorat : une des résultantes des divers partenariats public/privé/région/département, initiés par la région.

    Equipés à 100% en haut débit, les lycées d’Auvergne ont très vite bénéficié de la compétence numérique de la région, dont le mot d’ordre était d’avancer dans une démarche commune sur les infrastructures avec les différents acteurs impliqués.

    Charline Genet insiste à cet effet sur la «volonté de concertation et de coopération, unique condition de réussite d’un tel projet, dans une équité territoriale ».

    « Le numérique éducatif ne peut être cloisonné. Une stratégie globale est nécessaire et la mutualisation des compétences de chacun est essentielle pour optimiser les investissements».

    Pour illustrer son propos, Charline Genet, cite l’exemple de SCONEETA, un service destiné à offrir un accès équitable à l’enseignement numérique à tous les foyers auvergnats et à tous les personnels de la communauté éducative premier et deuxième degré.
    C’est dans cet esprit de co-construction, que les 4 départements et 6 agglomérations se sont lancés dans un projet de déploiement du très haut débit, avec pour objectif de couvrir tous les lycées d’ici 2017.

     

    Stratégie globale & mode projet : les maitres mots de la gouvernance

    On l’aura compris, mettre en place une gouvernance partagée, c’est avant tout travailler en mode projet et élaborer une stratégie globale de conduite du changement afin d’anticiper les futurs perspectives d’usages.

    L’exemple pris par Philippe Molès est à cet effet éloquent.

    Le rectorat de l’Académie de Dijon, pour lequel il est missionné, vient de constituer un groupement d’intérêt public, le GIP e-Bourgogne, financé pour partie par la Caisse des Dépôts et Consignations, pour mutualiser les compétences et définir son plan de stratégie numérique.

    Cette démarche novatrice a pour principe la mise en place d’une gouvernance interne dédiée au numérique, des actions de formation et la création d’un observatoire des usages numériques.

    Parmi les volets de cette stratégie, souhaitée par Mme la Rectrice, Sylvie Faucheux :

    • Un partenariat avec l’Ecole Supérieur de l’Education Nationale afin de former les cadre de ce futur plan ainsi qu’avec l’ESPE de Bourgogne
    • La formation des élèves pour repenser la pédagogie
    • Un partenariat avec les collectivités
    • Un travail adapté à chaque projet d’établissement.

    D’autre part, précise Philippe Molès, cette politique requerra un constant dialogue entre le rectorat, les collectivités territoriales ainsi que les services de l’Etat.

     

    Oui mais, quid de l’évaluation des usages ?

    Au-delà de la gouvernance, la question de l’évaluation des usages est posée par la salle.

    Permettre à la collectivité d’ajuster ses dispositifs vers des usages efficients et pérennes des enseignants et des élèves nécessite un suivi et une analyse régulière des usages.

    Quels seront les indicateurs de suivis des usages à mettre en place pour permettre à l’Education Nationale d’adapter au fil du temps les accompagnements pédagogiques qui leurs seront nécessaires ? Sur quels types de tableaux de bord, les collectivités pourront-elles travailler pour suivre les usages, ajuster les équipements et infrastructures, mais aussi légitimer leurs investissements ?

    Cette thématique faisait d’ailleurs l’objet l’an dernier de la session 2 du séminaire Collectivité Ludivia 2012. : «Mettre en place un Tableau de bord – analyser les usages des équipements »

    « Il est très difficile d’évaluer l’impact des outils numériques sur les résultats des élèves », souligne Philippe Molès, « mais on peut travailler sur quelques évaluations qualitatives, qui serviront de repère au fil du temps ».

    Ces indicateurs de suivis ne seraient bien sûr pas là pour sanctionner mais donner les bases d’un suivi afin de permettre aux collectivités d’adapter leurs stratégies et leurs moyens.

    Ce sujet engendre un véritable débat dans la salle et les propositions et les questions foisonnent :

    Comment définir les indicateurs de suivis pédagogiques qui mesureront le rôle des outils numériques et ainsi l’évolution des besoins ?

    A travers un ressenti de l’enseignant sur la motivation de ses élèves ou autour de quelques points du programme, pris comme repères annuels ?

    Et ensuite, comment croiser les résultats de cette évaluation avec ceux des audits techniques des infrastructures, afin de comprendre où le bât blesse et résoudre les éventuels problèmes ?

    Une véritable réflexion doit être engagée au cas par cas, au niveau local entre les différents partenaires : collectivités, établissements et services de l’Education Nationale.

     

    Les intervenants se réjouissent à ce titre de la création des Directeurs Académiques du Numérique (DAN), qui pourront consacrer plus de temps à la mise en place des partenariats avec les collectivités.

    Quoiqu’il en soit, la session s’achève sur un principe fondamental : qu’il s’agisse de formation des enseignants, de maintenance ou d’évaluation des usages, les restrictions budgétaires et les besoins de gouvernance partagés conduiront les collectivités à mutualiser leurs compétences à des niveaux inter-territoriaux.

    D’autre part, seule la volonté de travailler ensemble à l’écoute les uns des autres permettra des avancées sur le chemin de la gouvernance partagée.

    Article rédigé par Marie-France Bodiguian, Cabinet AMO-TICE

  • Numérique éducatif : un fort investissement des Régions

    Numérique éducatif : un fort investissement des Régions

    lyceebrugieremanuelnumerique17101132Les Régions investissent depuis longtemps dans les équipements informatiques et les réseaux des lycées. Afin de développer les usages, elles travaillent de plus en plus à enrichir les ressources pédagogiques et éducatives offertes aux enseignants et aux élèves.

    Investissement en matériel

    Grâce aux efforts financiers des Régions, le nombre moyen d’élèves par ordinateur ne cesse de diminuer pour atteindre 2,6 en lycée d’enseignement général et technologique et 2 en lycée professionnel en 20131. Les Régions ont également investi dans les vidéoprojecteurs et les tableaux numériques interactifs, désormais très présents dans les lycées, mais aussi dans les clés USB et les laboratoires de langues (ou les ateliers Média-Langues en Aquitaine).
    Des Régions lancent des expérimentations d’utilisation de manuels numériques (Centre, Rhône-Alpes, Auvergne…) ou de tablettes en lycée.
    D’autres ont mis en place des dispositifs de mise à disposition d’ordinateurs portables pour les lycéens, comme la Région Languedoc-Roussillon (projet « Lordi » : don d’un ordinateur portable à tous les élèves de Seconde), la Région Midi-Pyrénées (opération « Ordilib » : aide à acquisition d’un ordinateur portable, sous conditions de ressources), la Région Aquitaine (prêt d’ordinateurs portables), etc.

    Investissement dans l’ENT

    Toutes les Régions ou presque ont investi dans le déploiement d’un ENT, le plus souvent en partenariat avec le rectorat.
    Le coût moyen annuel d’un ENT est de 9€ par élève et il est rarement supérieur à 10€/élève. Mais si l’on exclut les dépenses d’achat, d’installation et de développement, le coût annuel d’exploitation et de fonctionnement est beaucoup plus faible (il est, par exemple, de 1,90€/élève en Région Centre).

    Investissement et engagement pour valoriser les ressources pédagogiques

    De nombreuses Régions contribuent à l’enrichissement des ressources en travaillant avec des opérateurs publics (CNDP, INA…) ou privés, notamment les éditeurs, les associations ou les enseignants eux- mêmes. Pour exemple, la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur a travaillé dans ce sens, avant même la mise en place d’un ENT, par le déploiement de Correlyce, avec le concours des CRDP d’Aix-Marseille et de Nice.
    Pour autant, malgré tous ces investissements, les Régions regrettent le retard dans le développement des usages qu’elles attribuent aux différents plans ministériels mis en place jusque là qui n’ont pas abouti « faute d’une réelle coopération entre les différents acteurs (ministères, collectivités, opérateurs publics, privés, associatifs…), d’une répartition claire des responsabilités et d’un effort suffisant en matière de formation et d’accompagnement des personnels« .

    Par ailleurs, les Régions sont plutôt confiantes dans les projets lancés pas l’actuel Ministre de l’Education qui prévoit entre autres, la création d’un service public du numérique éducatif,  la formation des personnels, la relance des ENT etc.
    Elles affichent un enthousiasme plus nuancé sur le principe de prendre en charge la maintenance des matériels et des logiciels.

    « Si l’ARF avait demandé cette clarification des responsabilités, elle n’envisageait logiquement ce transfert de la maintenance informatique qu’avec sa juste compensation financière. A défaut, avec cette nouvelle charge confiée aux collectivités territoriales, le ministère prend le risque d’une baisse de l’investissement des collectivités territoriales dans le numérique éducatif ».

  • Ordival : un vrai succès

    Ordival : un vrai succès

    Ordival_110913En 2012, le Conseil général du Val-de-Marne a  décidé d’équiper les collégiens de 6ème d’un ordinateur portable.

    13 300 collégiens de 6e et les 3 700 enseignants des collèges publics ont bénéficié de ce dispositif.

     

    En septembre 2013, 16 000 nouveaux collégiens se verront remettre Ordival. L’expérience sera étendue aux élèves des 23 collèges privés du département.

    Une étude détaillée menée auprès de 1 219 élèves, parents et enseignants, indique un remarquable taux de satisfaction et d’appropriation du dispositif Ordival par l’ensemble des acteurs concernés.

    L’initiative du Conseil général est jugée « plutôt ou très positive pour les élèves » par 68 % des enseignants et 88 % des parents interrogés. Ordival est vu comme   « un atout pour la scolarité » par 69 % des enseignants et 74 % des parents. Pour 39 % d’entre eux, l’intérêt pour l’école en est même renforcé chez leur enfant  (75 % des non équipés !).

    Chez les élèves, le plébiscite est patent : 96 % sont « satisfaits d’avoir reçu leur ordinateur ».

  • Aménager et faire vivre des établissements à l’ère du numérique

    Aménager et faire vivre des établissements à l’ère du numérique

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    Autour d’elle, deux intervenants : Pascal Bringer, Agrégé de SVT et co-fondateur de la société Maskott, et Jean-Paul Moiraud, professeur de gestion au Lycée La Martinière Diderot de Lyon qui, grâce à des retours d’expérience, nous ont projeté, le temps d’une session, dans les méandres d’une école connectée et décloisonnée…

    Permettre aux enfants de manipuler le tactile sur des parcours pédagogiques

    A travers la présentation du projet TACTILEO, réponse de la société Maskott à l’appel à projet du ministère en 2012, Pascal Bringer nous plonge dans un univers, que Jules Vernes aurait pu imaginer pour nous en son temps, pourtant aujourd’hui technologiquement accessible et concret.

    Grâce à l’infrarouge, les objets sont reconnus et deviennent interactifs et tactiles, toute projection devient possible sur tout support : la surface peut interagir avec le reste. Voir Tactileo en image

    Ludovia_sem1bis2La salle informatique n’est plus d’actualité. Le numérique est partout, dissociant nos repères traditionnels : la salle devient polyvalente et nous immerge dans un nouvel espace, optimisée et augmentée au fil des technologies.

    Dans des lieux connectés et décloisonnés, toute salle peut alors être adaptée aux besoins du moment. On se construit de façon hybride tant dans l’espace d’apprentissage dédié qu’en dehors ou dans ses déplacements.

    De l’apprentissage des connaissances à celui des compétences

    Autre expérimentation présentée par Jean-Paul Moiraud : la simulation virtuelle qui permet aux élèves ou étudiants de passer de l’apprentissage des connaissances a celui des compétences.

    Dans le cadre d’une simulation virtuelle, on a mis des étudiants en situation d’urgence, afin de leur permettre de s’entraîner et se projeter dans une réalité augmentée.

    Cette expérimentation a fait prendre conscience de  l’importance tant pour les élèves que pour les enseignants d’une mise en situation de compétences en prolongation des simples connaissances dont on se contentait avant, mais qui restent aujourd’hui insuffisantes.

    Pour Jean-Paul Moiraud , l’école de demain devra impérativement donner à l’élève, grâce à des outils de virtualisation, les moyens de passer de l’acquisition des connaissances à celle des compétences, grâce à un tuteur qui le guide, selon ses besoins.

    A partir de ces deux retours d’expérience, et dans une société connectée en permanence, JPM pose le problème des normes juridiques du travail de l’enseignant liés aux unités de temps et de l’espace.

    L’enseignant peut travailler et préparer ses cours mais aussi se former à distance à l’école comme chez lui :

    le temps architecturale et le temps pédagogique n’évoluent plus de la même façon. Une zone grise juridique apparaît.

     

    La perruque inversée, métaphore du temps de travail numérique des enseignants

    « Le numérique fait voler en éclat les murs de la classe en abolissant les contours traditionnels de l’espace éducatif. De très nombreux enseignants lancent des expérimentations dans leurs classes, par conviction personnelle du potentiel pédagogique des fonctionnalités des outils numériques ou dans le cadre d’expérimentations institutionnelles. La réflexion pédagogique avance mais … les champs connexes (L’analyse institutionnelle, les conditions de travail, la réglementation …) sont les grands absents ».

    Même si l’enfant peut être élève à l’école comme à la maison, car dans notre société le temps de l’enfant est normé, celui de l’enseignant devient élastique.

    Pour illustrer son propos JP cite l’exemple de la « perruque inversée comme  métaphore du temps de la structure du temps de travail des enseignants ». Il présente sa théorie dans son blog ici

    Le travail en perruque est un usage développé dans les ateliers des entreprises industrielles. Le salarié utilisait le temps de travail rémunéré (donc normalement consacré à l’employeur) pour se consacrer à des pratiques personnelles. Michel De Certeau parle de subversion du temps.

    À l’heure du numérique on inverse le principe (c’est en tout cas la position que je défends), les salariés occupent une partie de leur temps libre au service de leur employeur (ce temps va en s’accroissant). On passe de pratiques de subversion à des pratiques de « soumission« . Les philosophes parlent de servitude volontaire.

    Concrètement comment devra-t-on juridiquement inscrire le temps de l’espace numérique ?

    D’autant que le statut de l’espace privé de l’enseignant se posera des la rentrée avec les 9h de formation a distance, que l’enseignant pourra effectuer à l’école comme chez lui.

    Question abordée dans le monde de l’entreprise avec le télétravail mais qui n’a pas encore été abordée pour le travail des enseignants.

     

    Article rédigé par Marie-France Bodiguian, Cabinet AMO-TICE

  • 10 ans après le lancement des ENT où en est-on ?

    10 ans après le lancement des ENT où en est-on ?

    Ludovia_ENT2
    Voici donc ce qui nous en a été restitué, sachant que le travail n’est pas encore terminé et qu’un document public sera proposé prochainement.

    Le détail du travail sur les différents thèmes est consultable en ligne ici.

    Dans une ambiance de “satisfaction généralisée” qui a paru bien artificielle par moments, voici quelques points saillants qui ont été abordés :

    L’ENT et les réseaux sociaux

    Cela pose beaucoup de questions non résolues mais c’est la première fois que la problématique était abordée dans ce cadre : Faut-il intégrer les réseaux sociaux à l’ENT ? En créer un privé ? Intervenir sur les réseaux publics pour apprendre aux élèves à gérer leur identité numérique ? Comment imbriquer les espaces ? À aucun moment n’est évoqué le fait que l’ENT puisse être considéré déjà en lui-même comme étant un réseau social !

    Des préoccupations juridiques

    Elles ont été nombreuses autour des droits à respecter, des données et des responsabilités des différents acteurs, 10 ans après le lancement des ENT ces questions ne semblent pas réglées, à moins qu’elles ne reflètent plus de peurs que de problèmes non résolus. Il est également possible que ces questions ne soient pas correctement posées et que par conséquence il soit impossible d’y répondre.

    Entre cadrage et de souplesse

    La nécessité de la cohérence est omniprésente dans les propos mais semble difficile à trouver ; l’ENT est tour à tour présenté comme protecteur, ouvrant sur l’extérieur, divers mais devant converger vers un ou des modèles nationaux et permettant de travailler sur tous les cycles… Généraliser et unifier ou diversifier, la question n’est pas tranchée ! Pourtant le nouveau cycle à cheval sur le primaire et le collège pose la question de la continuité des ENT voire d’un ENT commun pour pouvoir travailler en inter-degré.Ludovia_ENT

    La mutualisation et la collaboration

    Elles sont au coeur des souhaits exprimés, mais les favoriser via les ENT n’est pas chose aisée… Plus généralement, nous manquons de retours et d’analyses sur les usagers, ce qu’ils font sur les ENT, ce dont ils ont besoin et envie.

     

     

    Une définition de l’ENT

    Elle a été construite pendant la consultation :

    “l’ENT est un projet de portail sécurisé (pour garantir le droit à l’erreur de l’élève) donnant accès à des services numériques collaboratifs et pédagogiques, choisis et organisés par et pour la communauté éducative d’un territoire et de ses établissements”

    Une carte mentale a été réalisée pendant la restitution. Elle reste modifiable et améliorable par ceux qui le souhaitent sur  http://www.mindmeister.com/321589632

    Réaction de Bruno Devauchelle  :

    • Quelle généralisation des ENT ? le concept reste à définir ou tout du moins à préciser.
    • Un fait, les ENT sont là et correspondent à des besoins, des craintes et des attentes
    • Nécessité d’harmoniser, impossible de mettre en place les ENT dans le bricolage et l’anarchie, il faut que ça marche pour que ce soit acceptable et accepté !
    • A-t-on les moyens techniques et intellectuels de relever le défi de la complexification ? On ne peut pas concurrencer Google et pourtant il le faudrait ! Il faut aussi l’admettre quand ça ne marche pas…
    • Les mots « pédagogique » et « éducatif » sont à clarifier, ils sont fourre-tout et on oublie le didactique !
    • Mobilité versus nomadisme, interopérabilité…
    • Notion de cadre, volonté de rationalisation mais comment éviter que le cadre ne devienne une contrainte ? Le fantasme des profs persiste sur le contrôle par le Ministère via un ENT national ou sur le contrôle par les parents.

    Axes de réflexions proposés par Bruno Devauchelle (@brunodev sur Twitter) :

    – Il y a un affrontement entre fait scolaire et fait social qui ne sont plus au diapason depuis 10 à 15 ans, le numérique et les réseaux sociaux en sont un élément : par exemple que fait-on de l’interdiction des smartphones dans les collèges si l’ENT est accessible dessus ?

    – Il y a une fausse confrontation entre LMS et ENT :  le LMS est un outil intéressant et c’est une des briques pédagogiques d’un ENT. Il est nécessaire d’arrêter les querelles car il y a une grande expérience dans les LMS et des évolutions positives (comme Spiral Connect avec les universités de Lyon1 et Louvain la Neuve, par exemple)

    – Il est nécessaire d’éclaircir les concepts “pédagogique” versus “éducatifcar il reste trop de confusion entre les deux notions. L’école a d’abord une action pédagogique, puis par effet de système une mission éducative mais il manque l’éducation hors de l’école. Par exemple qu’est ce que la vie scolaire ? Tout ce qui est n’est pas scolaire ! Mais les cloisonnements structurants disparaissent. On ne sait plus où sont les frontières.

    Le lien avec les parents est encore chargé de fantasmes. Oui ceux-ci sont content de savoir ce qui se passe dans l’établissement mais ils ne souhaitent pas fouiller ou interférer (sauf peut être une toute petite minorité qui peut amener à des réactions disproportionnées).

    – De quoi parle-t-on quand on utilise les termes culture numérique ? Enseigner au et par le numérique, savoir où se situe le numérique dans mes activités ?

    Distinguer pédagogie et didactique : clarifier ce que l’on appelle pédagogie, et l’ingénierie didactique

    Quelle place des ressources ? On n’entend pas parler des documentalistes et de la place du CDI, lieu d’où l’on accède au monde extérieur. Quels sont le rôles de ceux ci et comment les ressources sont-elles intégrées et utilisées par les enseignants et les élèves ?

    Collaboratif : Avant de parler de collaboration il faut parler de communauté éducative, faire corps avec les élèves ce qui implique d’autres organisations et visions que celles en cours actuellement.

    Problèmes juridiques : étonnant qu’il faille 10 ans pour aborder les questions juridiques. Ce retard est sans doute lié à un imaginaire du juridique ? Faut il s’asseoir dessus ?

    L’interopérabilité va se jouer avec la mobilité et le nomadisme, elle est liée avec l’articulation vie réelle / vie scolaire. Fermer ou ouvrir, il va falloir faire des choix éducatifs radicaux. Il est indispensable de préciser ce concept également : interopérabilité entre les solutions ? intégration d’autres services et ressources mutualisées issues de prestataires publics ou privés, récupération par les enseignants et les élèves de leur informations et documents lors de changement d’établissement, …

    L’harmonisation est à rechercher sinon ce seront des opérateurs externes non coordonnés qui obligeront l’école à s’adapter à leur solution (NDLR : l’ombre de Google plane encore à ce moment de l’exposé).

    – Qui sont les vrais usagers des ENT ? Les données sur les retours d’usages sont nettement insuffisantes. Il faut interroger les élèves, les profs, les parents et l’institution, tenir compte de leurs besoins, préparer un livret d’accueil (pas un mode d’emploi) et rendre les ENT plus affordants (évident à utiliser et répondant à des besoins partagés par le plus grand nombre).

    Pour conclure, face à l’imaginaire sur le développement des ENT notamment lié à une sous information des problèmes techniques ou fonctionnels rencontrés, les institutions doivent avoir le souci d’expliquer aux gens et de mieux communiquer.

    NDLR : un document papier assez volumineux a été remis pendant la session mais celui ci ne semble pas disponible en ligne dans l’attente d’une publication validée et définitive sur le site du Ministère.

     

     

     

  • Construire et imaginer ce que devrait être l’établissement du XXIème siècle, à l’ère du numérique

    Construire et imaginer ce que devrait être l’établissement du XXIème siècle, à l’ère du numérique

    Ludovia_Sem1
    Le sujet par excellence, que tout acteur de l’Education Numérique rêverait de réaliser.

    Tour a tour, Catherine Stasser de la Région Wallonne, Henriette Zoughebi – Vice-Présidente chargée des lycées de la Région Ile-de-France et représentante de l’ARF, Marie-Christine Cavecchi – Présidente de la commission éducation numérique à l’ADF, et Pascale Luciani-Boyer – Maire-adjointe de St Maur, représentante AMF au Conseil National du Numérique se sont prêtées au jeu de la projection vers une nouvelle ère numérique dans l’éducation, pour les 10 ans à venir.

    Pourquoi s’interroger aujourd’hui sur cette question ? Ne menons-nous pas depuis 10 ans déjà ce type de réflexion ?

    Tous s’accordent à dire qu’après 10 ans d’expérimentations variées sur les usages numériques, après 10 ans de réflexions diverses sur les problématiques aujourd’hui connues de tous (maintenance, financement, équipements, intégration des ressources numériques, formation et suivis pédagogiques des enseignants, etc.), l’heure est à  la généralisation des usages.

    Mais cette généralisation ne pourra se faire que si l’on tient compte de l’environnement dans lequel baignent au quotidien, enfants et ados : le partage des savoirs et des ressources numériques conditionne les usages et a fait exploser depuis déjà plusieurs années les frontières éducatives et pédagogiques de l’établissement scolaire.

    L’établissement scolaire : entre partage des savoirs et structuration des compétences

    Ludovia_ZoughebiSelon Henriette Zoughebi, la prolifération des ressources auxquelles nos jeunes et nos enseignants ont aujourd’hui accès, change la donne pédagogique : les lycéens souhaitent aujourd’hui être actifs dans la construction de leurs apprentissages.

    Les ENT mis en place par les régions serviront au partage et à la structuration des savoirs.

    Mais la question majeure qui reste encore en suspend est bien celle des ressources numériques.

    « Le ministère retravaille actuellement les programmes, mais quelle place donnera t-il réellement aux ressources numériques? Les fera t-il rentrer par la grande porte des nouveaux programmes ou laissera t-on encore le champs libre au monopole de Google ou autre leader américain ?« , s’interroge Henriette Zoughebi.
    La seule solution qui prévaut en la matière est “d’orchestrer une gouvernance inter-académique, afin de nous aider en tant qu’entité régionale à uniformiser l’égalité des chances entre les élèves tel que le souligne la loi”.

    Nos établissements ne sont plus adaptés pour favoriser la continuité éducative.

    Aussi, dans un monde de plus en plus complexe ou chaque jour apporte son lot de nouvelles ressources et d’informations diverses, l’enjeu éducatif majeur repose sur la manière dont les acteurs pédagogiques permettront aux élèves de se structurer dans une continuité éducative.

    La salle de classe, l’établissement scolaire de demain ou l’espace virtuel dédié doit donc permettre aux enseignants de remplir pleinement leur rôle de pédagogue, non plus dans l’unique transmission des savoirs tel que l’entendait nos parents mais dans une structuration de ces connaissances, auxquels les élèves et les enseignants ont accès aujourd’hui si facilement.

    De part cette perpétuelle circulation et partage des savoirs et des connaissances, dans et en dehors de l’établissement,  Henriette Zoughebi pose ainsi très vite le problème d’une Ecole qui ne serait plus uniquement dans ses murs mais également au-delà, dans une architecture virtuelle.

    Les jeunes sont parties prenantes du monde, et ne structurent plus leurs connaissances et leurs compétences exclusivement dans l’espace dédié de l’école.

    Ceci suppose alors une réorganisation architecturale des bâtiments.

    « On croyait que les lycées ou les collèges étaient construits une fois pour toute », précise Marie-Christine Cavecchi, « mais l’Ecole de demain qui vivra avec les usages transversaux du numérique va devoir être repensée dans son architecture ».Ludovia_Cavecchi

    Cette question suscite immédiatement un intérêt particulier de la salle qui nourrit le débat à travers de pertinentes questions ou des propositions sur la réorganisation des salles de classe et des espaces communs, sur la place des espaces dédiés aux apprentissages virtuels, sur la nécessité de changer de paradigme afin de ne plus organiser la pédagogie par programme mais par projet.

    Comment établira t-on donc le lien entre ce qui se passe à l’école et ce qui se passe à la maison ?

    Nos établissements ne sont plus adaptés pour favoriser la continuité éducative, soutient Marie-Christine Cavecchi.

    Les collèges ont été conçus pour aider les élèves à passer de l’enfance à l’adolescence. Or, depuis plusieurs années, les élèves vivent dans deux mondes parallèles, dans celui du numérique en mobilité et dans l’établissement scolaire qui n’a pas encore reconnu et exploité les usages du numérique.

    Deux siècles (XXeme et XXIeme) qui se côtoient, essaient de dialoguer dans des salles informatiques désuètes, sans pour autant se comprendre.

    La transversalité des usages du numérique permettra de ramasser davantage les espaces, en réorganisant les salles de classes et les espaces communs par projet.

    Les espaces communs devront en effet être redéfinis car des salles telles que celles dédiées au CDI, qui mettent des ordinateurs à disposition des élèves, n’auront plus de raison d être. Les fonctions du CDI pourront être redéployées dans les différentes classes.

    Nous pourrons, de ce fait, partager les espaces de façon différente en travaillant mieux avec le périscolaire » précise Marie-Christine Cavecchi.

    Une gouvernance élargie aux parents

    Henriette Zoughebi renchérit, « le jeune a également besoin de la dimension physique et du contact réel pour se construire donc ne pas uniquement évoluer dans le virtuel ; aussi, la question essentielle que nous aurons à résoudre sera justement liée au devenir du nouveau centre de connaissance et de culture, car le centre de ressources ouvert vers l’exterieur est le cœur battant d’un établissement. Et pour cela nous aurons besoin de consulter l’ensemble des futurs usagers et acteurs directement ou indirectement impliqués, dont les parents”.

    La participation des parents dans une nouvelle gouvernance devient alors indispensable dans le cadre d’une redéfinition des frontières du scolaire, du périscolaire et parascolaire, dans une libre circulation des savoirs dans et en dehors de l’établissement.

    Un nouveau collège s’ouvre à nous » conclut Marie-Christine Cavecchi. « Mais penser une telle restructuration suppose bien évidement la mobilisation de moyens, et une maintenance que les départements et les régions sont prêtes à assurer, si les compétences territoriales sont transférées comme il se doit par l’Etat« .

    Les dimensions pédagogiques de demain, antinomiques avec les raisonnements d’aujourd’hui…

    Ludovia_PBoyerA cette prospective, Pascale Luciani-Boyer pose le problème du décalage entre la projection de l’école de demain et les freins de mise en œuvre, qui “limite l’école numérique d’aujourd’hui à une prolifération d’expérimentations/vitrines, sans pouvoir envisager une quelconque politique de généralisation sérieuse.”

    Or, ce décalage est, selon Pascale Luciani-Boyer,  exclusivement dû à un raisonnement faussé où ne sont pas pris en compte les bons facteurs et modèles économiques qui font notre société d’aujourd’hui.

    Depuis 10 ans on se pose toujours les mêmes questions, se désole t-elle, on ne cesse de  rêver de l’école décloisonnée, ou, aujourd’hui, de l’école inversée »
    « On déplore que les collectivités aient des finances en berne, et ne peuvent assurer l’équipement ou la maintenance des outils, on imagine que le numérique puisse aider l’enseignement à ne plus être uniquement un passeur de connaissances mais également un développeur de compétences pour les futurs citoyens. Mais on raisonne sur l’Ecole de demain en ne tenant compte que des paramètres des moyens d’hier et d’aujourd’hui”.

    Or, pour se projeter vers l’école de demain où les échanges pédagogiques pourront s’effectuer sur des lieux différents, encore faut-il s’assurer que les élèves dans leurs familles ou en mobilité soient eux même équipés comme le reste de la société dans laquelle se place l’école.

    Cessons d’attendre que les collectivités fournissent tous les équipements et assurent la maintenance ! Pourquoi ne pas envisager que les élèves soient eux-mêmes, individuellement, équipés ?”

    Pascale Luciani-Boyer s’appuie à cet effet sur la traditionnelle liste de fournitures de rentrée scolaire, qui intègre avec les vêtements et autres cahiers, une calculette…

    Or, la baisse progressive et inévitable de la tablette numérique ou de tout autre appareil mobile connecté, permet d’envisager que l’élève travaille avec son propre matériel comme il le fait déjà avec sa calculette, ou ses stylos sans que personne depuis des années n’ait même pensé mettre les collectivités à contribution pour ce type de matériel”, souligne t-elle.

    La collectivité devra bien sûr subvenir aux équipements individuels des enseignants et, pour les familles les plus défavorisées, d’autres leviers publics sont à l’œuvre . “On peut penser ici, rappelle Pascale Lucini-Boyer, au rôle de la CAF au travers de l’allocation de rentrée scolaire par exemple”. Un acteur public, qui n’est en effet jamais pris en compte dans la définition de nos modèles d’équipements pour l’école de demain.

    Osons mettre un terminal connecté pour chaque enfant de France scolarisé, c’est juste une volonté politique”, conclut Pascale Luciani Boyer.

    De nouveaux modèles économiques seraient donc à réfléchir pour l’école numérique de demain ainsi que les architectures de connections correspondantes.

    Article rédigé par Marie-France Bodiguian, Cabinet AMO-TICE