La qualité de l’enseignement est-elle réellement améliorée grâce aux TICE ?

Casio_260413Néanmoins, chacun est en droit de s’interroger sur leur réelle utilité dans une salle de classe.

En quoi l’usage d’un vidéoprojecteur ou d’un TBI apporte-il concrètement une valeur ajoutée à l’élève et au professeur ? Parce qu’aujourd’hui, le savoir et l’apprentissage sont démocratisés.

De la démocratisation du savoir découle une nécessaire adaptation de l’enseignement à l’apprenant ; et cette démarche à un double intérêt, à la fois pour l’élève mais également pour le professeur, dans la mesure où elle permet l’absorption des connaissances dans un cas et facilite leur transmission dans l’autre.

 

En effet, dans une société de l’image où près de 60% des apprenants français sont de type visuel et près de 40% auditif(1), il est fondamental de faire évoluer le mode de transmission. L’assimilation et la mémorisation sont décuplées lorsque les fonctions cognitives sont stimulées. Ceci a été démontré depuis des années avec des pionniers tels que Tony Buzan par exemple, qui a mis en avant le rôle de la visualisation spatiale, de la couleur…dans l’apprentissage.

D’ailleurs, il est prouvé que dans les pays de l’OCDE, les élèves utilisant ne serait-ce que modérément l’informatique à l’école, peuvent obtenir des scores légèrement supérieurs à ceux des élèves l’utilisant rarement (2).

Les TICE pour retenir l’attention de son auditoire

Aussi, n’est-il pas plus facile pour un enseignant d’avoir la possibilité de capter immédiatement l’attention de l’élève dès le début de son cours ? Plutôt que de devoir faire face à une classe, qui, au mieux est péniblement réceptive, et au pire, en prise au désordre voire au chahut ? Ceci peut se matérialiser par une introduction filmique du thème de la leçon par exemple, ou même simplement par une image projetée à l’aide d’un vidéoprojecteur et d’une clé USB.

L’objectif de l’enseignant étant de retenir l’attention de son auditoire, les outils numériques permettent de travailler plus facilement des activités variées, ludiques, sonores, visuelles et même interactives, qui rendent l’étudiant actif et donc acteur de son apprentissage : cette responsabilisation de l’apprenant est essentielle à sa progression.

Au-delà du respect des styles d’apprentissages stricto-sensu, l’enseignement revu ces dernières années doit être envisagé, tel qu’il est d’ailleurs aussi décrit dans le socle commun de compétences et de connaissances. Ceci, dans la perspective de développer non seulement des savoirs mais aussi les diverses habiletés intellectuelles, les capacités de raisonnement, de communication… En somme, d’apprendre à apprendre!

Faire réfléchir, débattre, disserter ses élèves à partir d’un extrait du journal télévisé ou d’un documentaire abordant l’idée de progrès par exemple en cours de langues ou de philosophie, c’est connecter le monde réel de l’étudiant au savoir théorique (3).

En France, cette dynamique prend encore plus de valeur dans les zones sensibles. L’enseignement prend alors une toute autre dimension : d’un côté l’enseignant se voit valorisé dans sa démarche, devenant alors un facilitateur, un mentor, un guide dans la découverte et la maîtrise des savoirs. De l’autre – la faute étant facilement corrigible et le support optimum et ludique – le travail de l’apprenant effectué avec des outils numériques devient intéressant, valorisable et source de motivation.

Ainsi, les outils numériques, autant valorisants pour l’apprenant que pour celui qui enseigne, ne peuvent, pour les années à venir, que s’inscrire comme les outils indispensables à l’apprentissage du futur.

(1) Miao Lin-Zucker, Elli Suzuki, Nozomi Takahashi et Pierre Martinez (7 avril 2011). Compétences d’enseignant à  l’épreuve des profils d’apprenant. Paris. Edition des archives contemporaines.
(2) Etude PISA 2009, Technologie Numérique et Performance Volume VI, chapitre 6, p 205.
(3) Bransford, John, Brown, Ann L., & Cocking, Rodney R. (Eds.). (1999). How People Learn: Brain, Mind, Experience, and School. Washington, D.C.: National Academy Press.

Interview de Sonia Canville, chef de produit vidéoprojecteurs et spécialiste Education chez CASIO France. Elle a exercé pendant 12 ans à Cambridge en tant que professeur et directrice de département langues étrangères.

Commentaires

2 réponses à “La qualité de l’enseignement est-elle réellement améliorée grâce aux TICE ?”

  1. Avatar de MC - Enseignant d'arts plastiques
    MC – Enseignant d’arts plastiques

    Ma lecture de cet article a été motivée par l’intérêt suscité par la question titre. Au lieu d’y trouver une ébauche de réponse détaillant quelques exploitations pédagogiques des TICE, des succès, d’éventuels échecs, les intérêts, mais également les difficultés rencontrées j’y ai trouvé des poncifs peu flatteurs sur ce que peut être une séance de cours sans usage des TICE, des pistes de travail aujourd’hui régulièrement explorées et finalement assez peu de regard critique…
    L’intérêt de cet article est-il de vendre des produits ou de mettre en lumière le(s) bénéfice(s) apporté(s) par leur usage et d’en questionner l’adaptation aux exigences pédagogiques ?
    N’aurait-il pas également été le prétexte à mettre en lumière, succinctement, les difficultés d’une large majorité des établissements scolaires à être équipés en matériels adéquats, en suites logiciels compatibles avec les réseaux auxquelles sont contraints les établissements ou en connexions internet dignes du 21ème siècle ?
    Enseignant d’arts plastiques depuis une vingtaine d’années, fervent usager des nouvelles technologies, ayant vécu l’émergence du numérique au sein de plusieurs collèges, je peux régulièrement constater les ambitions pédagogiques liées aux TICE de nombreux collègues amis aussi leur découragement face aux difficultés rencontrées. L’écart entre les volontés pédagogiques et les objectifs atteints (ou pas) mérite à mon sens des articles plus éclairants.
    J’y resterai attentif…

    1. Avatar de Aurélie Julien

      Je vous remercie de votre commentaire sur cet article, qui, je constate, ne vous a pas donné entière satisfaction.
      Je comprends votre déception ; il s’agit là d’un point de vue d’un industriel privé sur le sujet des TICE dans l’enseignement, qui, traite essentiellement de l’aspect matériel sans aborder le côté pédagogique.

      Nous avons bien d’autres articles dans le magazine qui tentent, par des retours d’usages et au travers de reportages en classe, d’aborder les aspects critiques et les réalités du terrain que vous décrivez. Comme par exemple ce retour d’enseignant http://www.ludovia.com/2013/04/faire-la-classe-en-cm2-avec-des-ardoises-numeriques-temoignage-denseignant/ ou encore http://www.ludovia.com/2012/06/le-tni-la-perle-de-joyeuse/….

      Sur le point des espérances souvent attribuées à l’arrivée des TICE et les contraintes peu visibles au départ, qui en découlent pourtant, nous tentons également d’aborder cet aspect, notamment au travers d’articles sur les collectivités locales qui investissent… Il est vrai que l’aspect « galère des enseignants » n’est peut-être pas assez visible pour vous qui vivez cela au jour le jour ; pour notre argumentaire, j’avoue que nous faisons souvent appel à des enseignants pour nous raconter leur quotidien et nous n’obtenons que trop peu de réponses pour pouvoir avoir suffisamment de matière à des rédactionnels réguliers. C’est dommage !

      Sachez enfin que nous sommes une entreprise totalement privée, de 3 personnes (et pas toutes à plein temps) ; nous essayons de faire au mieux pour répondre aux attentes de chacun. Ne pouvant pas être partout et interroger tout le monde, il est vrai aussi que nous aurions besoin de plus de « contributeurs rédacteurs » pour enrichir notre contenu, notamment sur les thèmes que vous évoquez.

      Enfin, nous tenons absolument à ne pas nous limiter à des retours d’expériences ou points de vue d’une seule partie de la communauté éducative ; enseignants, chef d’établissement, cadres de l’enseignement, collectivités locales.. et interroger également les privés, qui font aussi partie de la chaîne ; même si leurs opinions, je vous l’accorde, peuvent parfois, être orientées.
      Sur ce point, je tiens également à souligner que ce sont ces sociétés qui nous permettent en grande partie de vivre pour ne pas dire survivre, par le biais de la publicité notamment.

      En espérant avoir répondu à vos remarques, nous vous remercions de vous compter parmi nos fidèles lecteurs.
      Et si l’envie vous prend, nous sommes tout à fait disposés à recueillir votre point de vue sous forme d’article pour enrichir nos pages.

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