Pour Ilham Laaziz, il est difficile de répondre à cette question. Les résultats des études qui ont été menées internationalement nous donnent des réponses contradictoires. «Au niveau du Maroc, nous n’avons pas ignoré le numérique et le Ministère de l’Education a mis en œuvre depuis 2005, date du début du programme « Maroc Numérique 2013 » un certain nombre d’actions». Le Maroc s’est notamment engagé dans la mise en place d’un réseau haut débit.
D’autre part, 1 milliard de dirhams ont été dépensés ce qui se concrétise en chiffres : environ 3000 écoles ont été équipées et connectées, 6500 écoles du primaire ont bénéficié d’une valise multimédia, 140 000 enseignants formés et 80 % de ressources numériques couvrant les disciplines scolaires ont été acquises.
Le Maroc a également mis en place un observatoire de l’usage des TICE (par rapport aux équipements dans lesquels ils ont investi).
Dans son exposé, Ilham Laaziz est parti de la formation des enseignants pour terminer par l’équipement ; ce qui fait tout son sens dans les problématiques actuels quand on aborde la thématique «éducation et numérique». Et elle avoue, les usages sont désormais l’enjeu des 15 prochaines années.
Houdaifa Ameziane donne son point de vue sur la question. Le numérique est une pratique adoptée par l’Université marocaine depuis plusieurs années. Et cela est lié à la poussée du numérique dans la société (réseaux sociaux, blogs….) «et nous avons la nécessité de nous adapter à ces nouvelles générations, les « natifs digital »». Nous connaissons un problème de «massification» à l’Université ; le Maroc compte environ 400 000 étudiants, pour 15 universités publiques.
Une des solutions qui nous est offerte avec le numérique est de développer des formations à distance, du e-learning. «L’entrée dans l’ère du numérique n’est pas un luxe mais une obligation». De plus, en ce qui concerne l’Université Abdelmalek Essaadi, elle est répartie sur 3 sites (Tanger-Larrache-Tétouan) ; le numérique est encore un outil qui va servir les étudiants.
L’ENT a été mis en place dans cette université. Il permet de disposer d’un certain nombre d’informations sans se déplacer, en direct. Le côté collaboratif est aussi avancé par Houdaifa Ameziane dans cette démarche. De nombreux enseignants utilisent l’ENT pour communiquer avec leurs étudiants.
Au sujet de la mise en place d’un e-learning, un étudiant interroge le Président de l’Université de savoir si cette méthode sera efficace et si elle ne va pas être réservée à une minorité d’étudiants ?
En réponse, M. le Président souligne qu’un certain nombre d’étudiants sont accompagnés pour suivre le e-learning et des enseignants sont également formés pour exercer en distanciel. Il ajoute qu’il envie les «natifs digital» de pouvoir bénéficier d’autant d’informations avec le numérique.
Un enseignant pose une autre question : Comment peut-on concilier la réussite de l’entrée du numérique à l’Ecole dans un pays où les indicateurs nous placent parmi les derniers pays du monde ? Par exemple, les 400 000 étudiants ne représentent même pas 10% de la population en âge d’être à l’Université.
En réponse, M. le Président rappelle que le numérique est un outil ; le choix reste libre à l’enseignant d’utiliser ou non cet outil. Et il ne faut pas non plus rendre le numérique responsable de l’absentéisme des enseignants ou d’autres problèmes.
Pour Mme Ilham Laaziz, l’Ecole n’a peut-être pas évolué aussi rapidement que la croissance de la population ; mais elle rappelle que quelque soit l’endroit reculé du Maroc, il y a une école. Et cela date d’il y a 20 ans où un programme avait été lancé. «Je suis d’accord pour dire que les enfants doivent d’abord savoir lire, écrire et apprendre à calculer avant d’utiliser le numérique ; de toute façon le numérique ne servira à rien si l’enfant n’a pas ces connaissances de base».
«L’Ecole est une affaire de tous et pas seulement un problème à résoudre par l’Education nationale».
Pour en savoir plus sur la politique d’éducation numérique au Maroc : www.portailtice.ma