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  • L’e-éducation, moteur de la refonte de l’Ecole Républicaine par Vincent Peillon

    Dressant un constat sur l’existant, il s’est ensuite attaché à décrire l’e-Ecole de demain en abordant les grandes mutations mais aussi des thèmes précis comme privilégier l’écriture fluide sur clavier.
    Equipement des écoles primaires jusqu’alors délaissées, soutien scolaire et ressources collaboratives au travers d’une plateforme publique et gratuite ou encore nouvelle collaboration entre les collectivités locales et l’Etat pour effacer la fracture numérique territoriale… font partie des principaux axes de son discours ; projet porté par le candidat socialiste pour les Présidentielles, que Ludovia magazine a retranscrit pour vous.

    L’école, un enjeu démocratique

    Nous devons porter une très grande ambition pour la e-éducation, nous devons changer d’échelle. Et ce changement intervient alors que le monde change. Et si l’école est en retard alors qu’elle devrait, comme le disait Edgar Quinet «être le messager de l’avenir». alors elle n’est plus à sa place ; le risque étant que d’autres légitimités peuvent prendre le pas, quelque soient leurs natures.
    Pour traiter cette question sérieusement, nous avons besoin d’un état des lieux assez précis sur ce qui existe.

    Les écoles primaires oubliées dans les programmes d’équipement

    La France, dit-on, n’est pas si mauvaise en terme d’équipement puisqu’elle se place dans les dix premiers pays européens. En réalité, cela concerne les établissements du secondaire mais ce n’est pas le cas pour le premier degré. Le primaire a été oublié et aujourd’hui, seules 2% des classes ont un Tableau Numérique Interactif. Ensuite, il faut souligner que ces équipements sont répartis de manière disparate entre les collectivités territoriales puisque ce sont elles qui font les investissements dans les établissements. Il y a une fracture numérique.

    Et de ce point de vue là, il faut repenser l’articulation entre l’Etat et les collectivités locales puisque nous restons sur un schéma assez ancien.

    La France, la tortue dans la course aux usages

    La France est très en retard au niveau des usages. Seuls 8% des enseignants se servent d’un ordinateur en école primaire et, dans certaines études, si nous réfléchissons à l’usage de l’informatique dans un contexte pédagogique, nous serions avant dernier dans l’Union Européenne. Cela est peut-être lié à nos traditions pédagogiques mais c’est aussi lié à la formation des professeurs et à la création des contenus pédagogiques.

    L’e-éducation n’est pas un gadget ; c’est quelque chose qui doit nous permettre de refondre en profondeur les méthodes pédagogiques.

    Le numérique au service de l’Ecole

    Nous avons pour cela trois objectifs :

    •    le premier est d’éduquer les enfants au numérique. Cela peut se décliner en plusieurs points : faire apprendre aux enfants l’informatique, l’usage des logiciels et l’usage d’internet. On croit que cela est une évidence pour tous mais quand on regarde certaines études, on voit que la fracture territoriale et la fracture sociale se superposent pour montrer qu’un certain nombre de familles et donc d’élèves et d’enfants n’ont pas accès à ces usages (au moins 30%).

    •    Deuxièmement, c’est un objectif éducatif de donner des repères dans la société telle qu’elle est, cette civilisation numérique ; apprendre à manipuler, à discriminer, à hiérarchiser, les sources d’information, les sources du savoir. Et enfin, préparer à la société, à la culture et à l’économie numérique dans laquelle nous vivons. Toutes ces approches relèvent d’une approche pédagogique centrée sur l’apprentissage du numérique. L’enjeu est encore plus grand : il est de changer l’éducation elle-même et les pratiques pédagogiques grâce au numérique.

    •    Et en troisième point, préparer la société à la culture et à l’économie numérique.

    Il ne s’agit pas de mettre l’école au service du numérique mais plutôt de mettre le numérique au service de l’école.

    Si nous voulons lutter contre l’échec scolaire ; si nous voulons qu’il y ait une pédagogie de l’action et du projet, mettre en œuvre des pratiques pédagogiques plus collectives et si nous voulons changer la pratique de nos évaluations, il est évident que le numérique est un instrument formidable de refondation de notre école, il est un moteur possible du changement de notre système éducatif.

    Les atouts pédagogiques sont nombreux. Renforcement de la motivation des élèves ; réorganisation de l’espace classe ; nécessité du travail en équipe et possibilité de travailler à la collaboration entre les élèves ; il y a les moyens d’améliorer les relations entre les parents et le système éducatif ; décloisonner les disciplines ; et enfin, le concept d’autonomie des élèves est encouragé par ces pratiques. Je crois, par exemple, que pour l’apprentissage des langues étrangères qui posent quelques difficultés dans notre pays, nous avons là un instrument de réforme de nos pratiques et d’encouragement aux élèves qui est considérable.

    A partir de là, sur la base de l’idée qu’il faut apprendre le maniement de l’outil informatique et que le numérique peut être l’instrument de la réforme de l’école, nous souhaitons présenter un grand plan pour la e-éducation.

    Les résultats des différents plans qui ont été lancés sont aujourd’hui bien trop pauvres et bien trop faibles et nous devons changer d’échelle.

    Un grand plan pour la e-éducation

    La première urgence, et c’est peut-être une faiblesse française, c’est de produire des contenus pour des pédagogues pensés par des pédagogues, que ce soit des didacticiels, des serious games ou des manuels numériques, qui, au passage, ne peuvent être uniquement la transposition des manuels papier.

    Le Ministère a un rôle moteur à jouer dans le développement à une échelle nationale de ces contenus pédagogiques innovants, comme dans les outils de formation individualisée. Cela ne peut pas être laissé soit aux marchés privés, soit à la libre initiative de quelques-uns (même si il faut l’appuyer). Le secteur privé devra, à ce titre là, être aidé pour la création d’une véritable filière de contenus pédagogiques. L’Etat a cette responsabilité et doit impulser cette politique industrielle.

    Sur les 60 milliards de l’éducation nationale, il ne serait pas sot qu’une partie de cet argent soit mobilisé pour la création de cette filière.

    Une plateforme collaborative de service public, pour les ressources et le soutien scolaire.

    Le deuxième objectif est de créer une véritable e-école publique. Il faut créer les savoirs mais aussi les diffuser et les rendre accessibles à tous. C’est pourquoi l’e-école publique doit se transformer et permettre la création d’une plateforme publique collaborative, gratuite, de ressources numériques éducatives dont l’usage sera pour les enseignants, pour les élèves et pour les parents.

    Les familles devront y trouver un service public en ligne de soutien scolaire qui peut contribuer à garantir l’équité dans l’accompagnement des élèves après la classe. Les enseignants devront y trouver la possibilité de se familiariser avec les meilleurs outils, les meilleures pratiques et les réutiliser dans leur classe. Les plateformes qui existent déjà proviennent d’initiatives privées, souvent limitées à des disciplines ou à des académies ou à des niveaux, même parfois payantes ; il est de la responsabilité de l’Etat de porter ce grand projet.
    L’école de la République, ce n’est pas seulement d’être spectateur ; nous devons reprendre les initiatives dans ce domaine.

    Nous devons mettre à disposition de tous au travers de l’e-école publique, les ressources qui sont produites par les établissements publics de l’Education nationale mais aussi celles des grands établissements culturels et scientifiques. Un gros travail est fait par ces établissements mais l’Etat n’a pas su jusqu’à présent rassembler toutes ces initiatives de telle sorte qu’elles soient accessibles à tous ; cela doit faire partie du projet de cette plateforme. Il y aura aussi par cette plateforme des espaces d’échange, de discussion, de retours d’expériences.

    Formation des enseignants au numérique, une priorité

    Le troisième axe de ce plan est de donner aux enseignants, aux personnels d’inspection et d’encadrement, une véritable formation à l’usage du numérique. Le projet des écoles supérieures, du professorat et de l’éducation doit intégrer un module d’éducation au numérique. Il est bon de souligner, par rapport à une image trop souvent négative, même si certains blocages existent, que les enseignants sont prêts à avancer dans ce domaine. Ils veulent simplement que les garanties pédagogiques leur soient données et que ces outils soient des outils véritablement pédagogiques.

    Il y aura donc une formation initiale et continue pour les enseignants et les personnels d’encadrement avec des modules renforcés de telle sorte qu’on puisse intégrer le numérique dans la didactique de la discipline. Les compétences numériques seront estimées dans la formation initiale, quel que soit le niveau d’enseignement auquel on se destine et quelle que soit la discipline.

    Enfin, il faut réfléchir à enrichir les enseignements du numérique pour tous les élèves. L’apprentissage, par exemple, d’une écriture fluide sur clavier me semble relever d’une mission qui doit être confiée à l’Education Nationale. Ensuite, nous introduirons une spécialité optionnelle numérique au baccalauréat, offerte à l’ensemble des bacs technologiques et généraux (elle n’est actuellement possible que pour les filières S et STI2D).

    Une é-éducation équitable

    Nous avons à donner la priorité à l’équipement en écoles primaires et dans les zones en difficulté. Le première priorité est de réduire la fracture numérique ; c’est à l’école primaire que les inégalités se creusent.

    Le deuxième est de réduire l’inégalité entre les territoires. En effet, à la fracture numérique et sociale s’ajoute la fracture territoriale qui s’accroît.

    Repenser la collaboration Etat-Collectivités locales

    C’est pourquoi l’Etat doit assurer pleinement sa responsabilité et que nous reviendrons sur les textes de 1985 afin de repenser la collaboration entre les collectivités locales et l’Etat de telle sorte que nous soyons en capacité de doter toutes les écoles d’équipement qui permettent le développement de la e-éducation.

    Le numérique est un outil formidable pour se saisir du monde, pour se saisir des enjeux de connaissances et de citoyenneté de façon horizontale.

    Bien entendu, comme toutes les grandes révolutions industrielles, il appartient à une civilisation qui porte des valeurs d’accompagner, d’encadrer et de permettre cette émancipation dont nous avons parlé, cette construction de la citoyenneté mais qui passe aussi par des processus qui sont à la fois cognitifs et relationnels. De ce point de vue là nous avons une réserve formidable avec la civilisation numérique ; nous avons pris beaucoup de retard ; c’est le souci dans nos sociétés, l’institution publique a parfois du retard par rapport à ce qui émerge  dans la société. Il faut le rattraper.

    Dans la refondation de l’école républicaine qui est notre projet, l’e-éducation trouvera toute sa place parce qu’elle est un des moyens de renouer avec la vocation originelle de l’Ecole, permettre à tous l’accès au savoir, permettre à tous une citoyenneté active.

  • Le candidat Nicolas Sarkozy ne laisse pas de côté le numérique dans l’éducation

    Nicolas Sarkozy en campagne officielle depuis quelques jours, ne propose pas à l’heure actuelle de programme détaillé sur l’éducation numérique sur son site lafranceforte.fr. Il donne avant tout son bilan depuis 2007 en éducation autour de cinq points : l’école primaire a été réformée, les lycées ont été réformés, l’égalité des chances au cœur de l’école, la sanctuarisation de l’école et la lutte contre l’absentéisme, la revalorisation du statut des enseignants.

    Pour avoir une vue des projets en matière de numérique à l’école, nous sommes donc allés chercher dans les propositions de son parti, l’UMP, qui a rédigé en juin 2011, un rapport général sur le numérique.

    Dans ce programme, on peut bien entendu relever plusieurs points concernant l’e-éducation, largement inspirés du rapport Fourgous. Bien décidé à rattraper son retard en la matière, l’UMP déclare via Laure de Raudière, être très attaché à la mise en place d’une «approche technique, éthique et civique du numérique au sein de la famille, à l’école, dès la primaire».

    Il est question d’un développement du numérique à l’école, d’une réappropriation de cette technologie par les enseignants et même par les élèves et les étudiants.

    Une étude TNS Media Intelligence révèle que les jeunes, pourtant souvent associés au terme «digital natives» n’utiliseraient le numérique, pour 38% d’entre eux, que pour jouer aux jeux vidéos et auraient très peu de connaissances d’internet. L’école servirait donc à apprendre aux jeunes à se servir des technologies numériques de manière intelligente et utile.

    Parmi les propositions de l’UMP, les principaux points que nous avons relevés sont les suivants :

    Question matériel…

    • Généraliser dans 100% des établissements scolaires les tableaux blancs interactifs  associés à un ordinateur et à un logiciel de création de séquences pédagogiques multimédia.
    Il souhaite en ce sens réduire le fossé qui s’est creusé avec certains voisins européens, comme le Royaume-Uni qui affiche 78% de classes équipées en TNI.

    • Une généralisation des manuels numériques dans tous les établissements.
    Le manuel numérique devrait apporter une nouvelle pédagogie et favoriser un suivi plus personnalisé de l’élève. Il y voit aussi comme avantage le fameux allégement du poids du cartable de l’élève, réflexion qui ne date pas d’aujourd’hui !

    • Numériser une sélection de livres, en concertation avec les maisons d’édition, pour constituer une bibliothèque numérique de grands classiques de la littérature, libres de droit

    Question formation…

    • Former les enseignants à l’usage des technologies numériques dans leur cursus et de façon continue.
    Outre le fait d’inclure une formation aux TICE pour les enseignants qui entrent dans le métier avec des examens spécifiques à valider, il s’agit aussi de les inclure dans les formations continues des personnels déjà en activité.

    • Nommer dans chaque établissement du second degré un référent sur l’usage des nouvelles technologies.
    En quelque sorte, un enseignant volontaire qui serait en charge de diffuser la «bonne parole TICE», d’assurer leur développement dans l’établissement… tout ça contre rémunération car il s’agit là d’intérêt collectif !

    • Réadapter le Brevet Informatique et Internet (B2I) et le Certificat Informatique et Internet (C2I), en développant une approche éthique, économique et technique de l’univers du numérique.
    «L’enseignement doit dépasser l’approche instrumentale».

    • Créer une matière spécifiquement dédiée à l’internet et au numérique au collège et au lycée.
    Il entend par là former les jeunes aux dangers d’internet et les sensibiliser à la saisie de leurs données personnelles et donc à un usage responsable.

    • Uniformiser la mise en ligne des cours pour les enseignants.
    Il est question dans cette proposition de «e-learning», comme vecteur pouvant largement favoriser le travail créatif de l’élève.

    Et du côté des ENT…

    • Dernier volet, les ENT
    Mettre en place l’ENT dès le CP, incluant le cahier de textes et de liaison pour instaurer, dès le début de la scolarité, une relation école-famille.

    Rendre l’ENT dans le second degré (collèges et lycées) ainsi que dans les universités, obligatoire dès la rentrée 2012. Pour les universités, l’UMP voit l’ENT comme un véritable outil de modernisation, à l’image des grands campus américains, entrés depuis longtemps dans l’ère du numérique.

    En conclusion, un vaste programme pour l’école numérique d’après 2012, bien que ces lignes d’actions soient déjà d’actualité ou en partie engagées.

    Il semblerait que l’UMP les ait identifiées avec la ferme intention de s’y attaquer…On pourra cependant se poser la question des moyens qui seront attribués pour développer cette politique, au vu des baisses quasi systématiques de budgets (formation , déplacements, personnels,..) qui sont imposées depuis plusieurs années dans toutes les académies. L’UMP et son candidat auraient-ils l’ambition de réinvestir lourdement dans l’éducation ?  La campagne devrait nous éclairer sur ces derniers points.

    Plus d’infos sur : www.projet-ump.fr/

  • Point de vue de François Bayrou sur l’éducation numérique

    Il dit son indignation de voir l’école d’aujourd’hui douter, mais également de voir la France se positionner à la 23ème et 24ème place des nations développées en termes de compréhension de l’écrit et de calcul mental, alors qu’elle était donnée en modèle il y a pas si longtemps pour son éducation.

    Dans son livre «2012. Etat d’urgence», François Bayrou décrit les priorités qu’il faut donner à l’éducation aujourd’hui. Pour lui, le socle commun de l’enseignement doit reposer sur trois notions essentielles, «Les trois outils de la liberté, dans l’ordre, la langue, le nombre et le bagage culturel». En d’autres termes, revenons aux fondamentaux !

    Il déplore l’image dégradée que la société a des enseignants et prône le «partage». Pour cela, il voit dans le numérique, un outil très utile. Il a développé quelques-unes de ses idées à ce sujet lors d’une conférence organisée par Sankoré sur le salon Educatice en novembre dernier.

    Partager par le numérique

    François Bayrou décrit dans un premier temps l’arrivée d’internet comme une véritable révolution, qui a pris son temps. Entamée depuis les années 90, les choses ont mûri progressivement et internet donne désormais accès à une multitude de données, réservées au départ aux bibliothèques et maintenant ouvertes à tout le monde. Et c’est ce foisonnement de données qu’il trouve intéressant.

    Le numérique à l’école a pour François Bayrou un rôle «émancipateur» ; et il croit à cette révolution du numérique, persuadé même que cela peut influencer l’acte pédagogique. Mais cette révolution n’est pas seulement en marche pour la transmission ; c’est là tout l’intérêt du numérique pour lui.

    Il met d’ailleurs l’accent sur «le modèle de société nouveau», et prend comme exemple la possibilité de partage gratuit de données grâce au modèle wiki et aux logiciels libres.

    «Je suis un fervent défenseur du modèle wiki, car cette édification d’une architecture de savoirs gratuits, partagée avec l’ensemble de l’humanité me donne la sensation d’une vraie révolution et il y a dans cette révolution un modèle de société nouveau», déclare t-il.

    L’éducation numérique, un projet « humaniste »

    François Bayrou est aussi fervent défenseur du logiciel et de la ressource pédagogique libres car l’idée de pouvoir partager et apporter gratuitement «sa pierre à l’édifice» est, d’après lui, un véritable projet «humaniste», au sens concret du terme, «comme il en existe peu dans la société d’aujourd’hui».

    Par contre, il est convaincu que les outils et le matériel ne suffisent pas à introduire le numérique et qu’ils ne remplaceront pas non plus l’enseignant. «Je ne crois pas que le logiciel remplacera définitivement l’intervention de l’enseignant car le « maître » est un médiateur du monde».

    François Bayrou met l’accent sur la nécessité d’apprendre à naviguer dans ce nouveau monde : «Plus le nombre de données croît et plus la forêt est dense, plus il est nécessaire d’avoir une carte et une boussole», «je ne pense pas que la mise à disposition suffise», signifiant sans doute la nécessité de l’accompagnement des enseignants pour réussir cette révolution numérique.

    Le numérique, un moyen rapide et moderne d’échanger, de partager, de construire entre enseignants pour améliorer leurs pratiques pédagogiques… 

    Dans son livre, rappelons le, il évoque l’idée d’étudier comment travaillent les 5% d’enseignants qui sont les meilleurs de France pour étendre leurs méthodes à toute la France… Au vu de son discours sur le numérique à l’école, un des critères d’excellence pour l’enseignant serait qu’il sache utiliser le numérique dans sa pratique…

    Concernant les moyens, François Bayrou s’engage à préserver dans les cinq années les moyens de l’école, du collège, du lycée, de l’université, de remplacer poste pour poste tous les départs à la retraite, tous les changements d’orientation professionnelle (…).

    Retrouvez son programme sur : www.bayrou.fr/article/instruire

  • Les propositions de la candidate Martine Aubry pour le développement des TICE

    «Le vrai passeport pour l’avenir, c’est l’accès à l’éducation, à la culture et au meilleur niveau de qualification». Pour cela, la candidate veut refonder le système éducatif aujourd’hui en crise, retrouver l’école de la République, celle qui instruit les élèves, leur transmet des savoirs, des compétences et des valeurs, contribue à leur insertion citoyenne, sociale et professionnelle.
    Voici en quelques lignes, les objectifs qu’elle se propose de donner à son éventuel gouvernement en 2012 :

    – priorité à l’école primaire : «tout enfant doit en sortir en maîtrisant les savoirs et les compétences fondamentales, la lecture, l’écriture, le calcul, mais aussi en étant familier de l’informatique et de l’anglais».

    La candidate ne précise pas comment, mais nous voyons là les lignes qui concernent l’utilisation des TICE dans le primaire. Fait rare, elle mentionne les problématiques de moyens et de financement que se partagent collectivités locales et Etat, tout en restant cependant dans le flou sur ces questions. Il reste que ce débat est important surtout au niveau des communes qui ne peuvent assurer elles-même une péréquation de moyens, avec une fracture probable entre communes riches et communes «pauvres».

    «Les moyens accordés à l’éducation nationale seront mieux répartis entre les territoires et les établissements. Lorsqu’ils sont nécessaires, des recrutements nouveaux de professionnels seront destinés à ceux qui en ont le plus besoin : le primaire, l’éducation prioritaire».

    – mobilisation massive contre l’échec au collège : personnalisation des parcours scolaires et des pédagogies, valorisation des matières technologiques et professionnelles et à une meilleure orientation.

    – une formation pour tous : 100 % des lycéens doivent sortir du secondaire avec une formation générale, technologique ou professionnelle.

    – rétablir la sécurité : dans les établissements scolaires, «pour la sécurité des établissements, j’accorderai un nombre suffisant de professionnels formés là où il y en a besoin. Ils seront accompagnés par des emplois d’avenir pour encadrer les élèves. Je créerai un nouveau métier de l’éducation dédié à la surveillance dans l’enceinte scolaire et à ses abords».

    De manière générale sur ce programme éducation, la candidate Martine Aubry, propose de mettre fin aux suppressions de postes que l’éducation nationale vit depuis quelques années, «l’éducation doit être prioritaire dans nos choix budgétaires».

    Martine Aubry veut revaloriser les salaires et le métier d’enseignant en commençant par recréer une véritable formation pratique initiale et continue et en leur accordant davantage d’autonomie pédagogique.

    Encore une fois, l’autonomie pédagogique est un bon point pour le développement des usages des TICE en classe, ainsi que la formation pratique initiale, qui fait défaut avec la récente réforme de formation des nouveaux enseignants, mais encore une fois aucune «trace» d’innovation pédagogique via les TICE ou le numérique, dans sa profession de foi.

    – repenser les rythmes scolaires : «nos élèves ont les journées parmi les plus longues et l’année la plus courte. Je reviendrai sur la réforme absurde qui a imposé les quatre jours à l’école primaire.»

    «Ma méthode reposera sur le dialogue avec toute la communauté éducative, l’implication des parents d’élèves, des associations d’éducation populaire, la mobilisation accrue des élus locaux, l’expérimentation avant toute généralisation. J’engagerai d’ailleurs dès le lendemain des primaires une large concertation avec les enseignants, pour être prêts, dès la rentrée 2012».

    plus d’infos sur le programme de la candidate sur www.martineaubry.fr

  • Les propositions du candidat François Hollande pour le développement des TICE

    Pour la petite enfance et l’école, François Hollande propose un nouveau pacte éducatif
    «Nos enfants doivent absolument acquérir les bases. Cela signifie plus de moyens, plus d’instituteurs, avec un renforcement de l’encadrement dans les écoles, notamment celles qui sont surchargées, dans nos quartiers populaires et nos zones dites sensibles.» François Hollande propose donc d’ouvrir 500 000 places pour accueillir les jeunes enfants. «L’État et les collectivités doivent coopérer avec les associations pour que l’enfant à partir de deux ans puisse être pris en charge, si les parents en font le choix. Pour les 2,7 millions d’élèves les plus démunis, il faut aussi donner à leur famille un droit prioritaire pour la garde de leurs enfants.»

    S’il fait peu de mention des TICE en classe dans son programme, il propose visiblement d’inverser la tendance de ces dernières années : ré-investir dans la formation des enseignants, et stopper les suppressions de poste dans le cadre d’une grande loi de programme, ce qui pour l’intégration des TICE en salle de classe devrait redonner une motivation au corps enseignant et aux cadres.

    Le candidat socialiste, qui est aussi président du Conseil Général de la Corrèze, a récemment engagé un programme ambitieux d’équipement en tablettes numérique des collégiens, il n’est donc pas ignorant de l’importance des équipements et usages des TICE en salle de classe, puisqu’il propose une «généralisation» des nouvelles technologies. Pourtant, aucune précision sur les équilibres financiers et rôle des collectivités dans le soutien au secteur éducatif ; la répartition des rôles et attributions entre l’Etat et les collectivités n’est pas précisée…

    «Pour les études et la formation, je propose le contrat d’autonomie. Un contrat qui leur assure des conditions de vie dignes, à travers des systèmes d’allocations d’étude ou de prêt pour financer leurs études. Je propose aussi quelques pistes de débat avec les enseignants sur le nombre de jours de classes dans l’année, le renforcement de l’encadrement des exercices par petits groupes ou encore la généralisation des nouvelles technologies, comme je l’ai fait en Corrèze en distribuant des tablettes tactiles. Plus aucun jeune ne doit sortir du système scolaire sans une vraie qualification. Et pour bien les orienter, je veux mettre en place un référent dans les écoles, qui suivra l’élève tout au long de ses choix.»

    La jeunesse est au cœur de la candidature pour 2012 de François Hollande. Il propose de renouer avec le «Rêve français», celui qui offre la perspective à chaque génération qui vient de vivre mieux que la précédente. Cela implique de donner la priorité à l’éducation. «C’est une nécessité sociale : notre système éducatif est un de ceux qui reproduit le plus les inégalités sociales. C’est aussi une nécessité économique : les pays qui réussissent le mieux dans la mondialisation sont ceux qui investissent le plus dans l’éducation. La France n’investit pas assez dans l’éducation.»

    Les constats effectués par le candidat

    Les comparaisons internationales le confirment : selon les classements PISA, qui notent les enfants de 15 ans de 30 pays, nos enfants sont 17ème en mathématiques 19ème en lecture et 22ème en sciences. De plus, 150.000 jeunes sortent chaque année de l’école sans qualification et notre taux de chômage des jeunes nous classe au 24ème rang des 27 pays de l’Union européenne.

    Résultats : le taux de scolarisation des enfants de moins de trois ans est passé en dix ans de 34% à 13% et la France est devenue le pays de l’OCDE où le nombre d’élèves par enseignant dans le primaire est le plus élevé. Or, toutes les études le démontrent, c’est durant la petite enfance et durant le primaire que se construit la structure intellectuelle de l’enfant.

    «C’est pour cette raison que je propose de créer 12.000 emplois par an dans l’Education nationale pendant cinq ans et que je propose d’affecter ces emplois à l’accueil de la petite enfance et à l’école primaire. Ces postes ne seront pas tous des postes d’enseignants, mais aussi des postes d’encadrement, d’éducateurs, d’infirmières et de psychologues.»

    Les créations d’emplois à l’Education nationale se feront dans le cadre d’une loi programme pour l’école sur cinq ans, qui sera votée dès le début du quinquennat, parallèlement à la loi portant réforme fiscale.

    Cette loi programme exigera des contreparties de l’Education nationale et des enseignants sur la base d’un contrat d’objectifs : amélioration des résultats dans l’apprentissage des savoirs fondamentaux (lecture, écriture, calcul), réduction du nombre de redoublements, plus grande sécurité dans les établissements, adaptation des rythmes scolaires aux besoins des enfants.

    Il ne s’agit pas, pour le candidat, «de donner des moyens pour le plaisir de donner des moyens, mais pour améliorer notre système éducatif et pour redonner des perspectives d’avenir à nos enfants.»

    En savoir plus, sur le site du candidat www.francoishollande.fr

  • Les propositions d’Arnaud Montebourg pour le numérique à l’école

    «La France accuse un fort retard pour ce qui est de l’équipement et de l’utilisation des technologies de l’information et de la communication en cours par les enseignants. (..). Les problèmes de maintenance et de formation représentent des freins importants».
    Ce constat, mis en avant par Jean Michel Fourgous, député des Yvelines et auteur du rapport Parlementaire «Réussir l’école numérique» a tout son sens dans le programme d’Arnaud Montebourg.

    Focus sur les principales difficultés et constats qu’il fait 

    Il parle bien évidemment d’un manque de formation des enseignants.
    Pour exemple, certains «items» du C2I ne sont pas obligatoires pour les enseignants sortant de l’IUFM et devinez ce qu’on retrouve, entre autres : «choisir et utiliser les ressources et services disponibles dans un espace numérique de travail», «anticiper un incident technique ou savoir y faire face»… premier problème.

    D’après lui, le maillon faible du numérique dans l’enseignement est le Premier Degré. La France s’est focalisée sur l’investissement dans le secondaire et maintenant, le premier degré accuse un retard sévère, certes rattrapable, mais cela dépend du pouvoir financier des communes.

    Nous sommes partis à l’inverse de nos voisins européens et comme il le dit «répondant à une logique descendante».
    Dans cet état de fait, il pointe du doigt les inégalités qui sont entrain de se mettre en place d’une école à l’autre ; car toutes les communes ne peuvent pas investir de la même façon.

    Persuadé de l’utilité du numérique dans l’enseignement, il reproche au Ministère de ne voir le numérique que «comme un outil de communication et non comme un véritable levier de changement du système».
    Partage, simulation, jeux sérieux… sont apparemment les nouveaux outils du savoir que souhaite promouvoir notre candidat.

    Les propositions du candidat et la classe, vue par Arnaud Montebourg 

    C’est une classe à trois espaces qu’il souhaite mettre en place. Il cite Seymour Papert : «Imaginons une civilisation avancée qui viendrait juste d’inventer l’écriture. De nouvelles questions se poseraient à elle : combien doit-il y avoir d’élève pour chaque crayon ? Doit-on avoir une salle séparée pour l’écriture» ?(…).

    Il est vrai qu’aujourd’hui, l’outil informatique est, la plupart du temps, cloisonné à la fameuse «salle informatique», qu’il faut réserver à l’avance, dans laquelle il faut se rendre avec ses élèves… bref, pas très simple tout ça.

    Arnaud Montebourg propose de concevoir trois espaces : un premier avec une dizaine d’ordinateurs, un second dit «papier/crayon» pour les activités individuelles des élèves et un troisième dit «espace tableau». «Cette organisation permet le travail par ateliers et la pédagogie différenciée au sein d’un même groupe classe, comme des moments collectifs centrés sur le tableau».

    Le manuel numérique comme priorité

    Une priorité budgétaire d’abord, car comme il le dit, les manuels coûtent actuellement 100 euros/ élève pour les Régions. Sans oublier la problématique du poids du cartable que le manuel numérique pourrait solutionner.
    Il est décidé à rentrer en négociation avec les maisons d’édition (bonne chance !), pour réduire les coûts. Et comme l’expérimentation lancée par le Ministère en 2009 (manuels numériques et espaces numériques de travail) s’avère concluante, il est prêt à se lancer à grande échelle.

    Des « moniteurs numériques« , en guise de personnes ressources dans les TICE

    Serait-ce le «retour» sur le devant de la scène de nos animateurs TICE… le retour, car leur situation actuelle n’est pas franchement au beau fixe. Dans son programme, Arnaud Montebourg compte bien donner une réelle importance à ces personnes ressources tel qu’il l’énonce «Recruter des moniteurs numériques pour accompagner la transformation numérique (…)».

    Au delà du numérique, voici ses grandes propositions pour l’école de demain :
    •    Changer les modalités de recrutement et de formation des enseignants.
    •    Développer une organisation du travail collectif des enseignants
    •    Jouer la carte de la pédagogie différenciée (dédoublement, co-intervention et cours en petits groupe) et en finir avec la vision uniforme du groupe classe.
    •    Fonder une école commune à taille humaine du CP à la troisième
    •    Créer un vrai lycée polyvalent
    •    Instaurer des rythmes scolaires adaptés à ceux des enfants
    •    Mieux associer les parents à la gouvernance de l’école
    •    Réformer les cartes scolaires
    •    Favoriser l’école des quartiers populaires

    En conclusion, un candidat qui a l’air bien lancé pour faire que le Numérique ne soit plus «une option» à l’école.

    «Notre pays doit prendre le virage du numérique, le numérique non pas comme instrument mais comme lieu de savoirs et de pédagogie et j’entends ici fixer un cap».

    Plus d’infos : sur son site de campagne www.arnaudmontebourg2012.fr

  • Les propositions des candidats à l’élection présidentielle 2012 pour le développement des TICE en classe

    Une fois tous les 5 ans, nous allons connaitre une élection présidentielle, l’occasion de faire le point sur ce que les différents courants politiques en France proposent en matière d’éducation.

    Ce qui nous interessera le plus, bien entendu, sera le développement des usages des TICE et les réformes ou propositions en matière de développement du numérique.

    En effet, le « dossier » est actuellement partagé entre le Ministère de l’Education Nationale et les Collectivités Locales, ainsi, pour ceux qui ne l’auraient pas compris, cette élection est d’importance en matière de numérique à l’école. En fonction de l’alternance politique ou non, les réformes envisagées des collectivités auront ou non un impact sur leur capacité à investir dans les équipements des collèges et lycées dans le numérique.

    Ou encore, nous rencontrerons des propositions qui engageront peut-être un jour l’autonomie des établissements qui, comme chacun sait, est une piste reconnue pour améliorer la prise en main des différents projets ENT portés par les rectorats et les régions et départements français.

    Si nos premières approchent des différentes propositions montrent que le numérique est encore le parent pauvre des programmes politiques en matière d’éducation, nous ne désespérons pas que les candidats puissent s’essayer à plus de précisions sur le développement des TICE, et nous ne manquerons pas de proposer des pistes du programme « idéal » qu’il serait envisageable d’adopter au regard des contraintes budgétaires que la France devra embrasser dans les mois à venir.