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  • Ecole numérique : booster le « numérique au service du pédagogique »

    Ecole numérique : booster le « numérique au service du pédagogique »

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    Les Gouvernements wallon et des Communautés française et germanophone font, depuis plus de 10 ans, de la lutte contre la fracture numérique à l’école une priorité.  Après le plan Cyberécole lancé dès 1999, le Projet Cyberclasse, relatif à l’équipement informatique des écoles, a été initié en 2005.

    L’échéance du Plan Cyberclasse et de l’installation des 40 000 ordinateurs (avec leurs serveurs) au sein de 3 350 implantations scolaires, situées en Région wallonne, relevant de l’enseignement primaire, secondaire, spécialisé et de promotion sociale, étant programmée en 2013, une Task Force, créée à l’initiative des Ministres de l’Enseignement et des Technologies nouvelles, a donné naissance à deux appels à projet « Ecole numérique » (2011 et 2013) afin de booster le « numérique au service du pédagogique » dans l’enseignement.

    Apport du numérique 

    Dans le cadre des projets « Ecole numérique », ce ne sont pas moins de 100 écoles, tous réseaux confondus, qui ont été désignées suite au dépôt de près de 600 dossiers de candidature.  C’est dire combien ces projets créent l’unanimité.

    Portables, TBI, baladeurs numériques, caméras et appareils photos numériques, tablettes et autres smartphones, clouding, cyberclasses mobiles seront désormais expérimentés dans le cadre des 100 projets pilotes.

    Relation avec le thème de l’édition

    Sur le sujet et en prospective, le Ministre Jean-Claude MARCOURT précise : « l’objectif reste d’améliorer la qualité de notre enseignement, les approches pédagogiques innovantes, la motivation des étudiants, leur démarche créative et critique ainsi que l’individualisation des apprentissages. »

    Cette action, portée par les différents ministres et administrations, poursuit les objectifs stratégiques proposés en 2011 dans le nouveau Plan TIC pour l’éducation, à savoir :

    – implémenter davantage l’usage des TIC dans l’approche pédagogique tout au long du cursus éducatif afin de dynamiser et motiver les apprentissages par des outils et des approches plus en phase avec la réalité des jeunes et l’évolution de notre société et des technologies ;

    – créer les conditions afin que le système éducatif tire profit de la société numérique pour soutenir l’épanouissement des jeunes et développer leurs compétences, leur créativité, leur esprit critique, leurs capacités d’analyse, ce, notamment, pour dépasser le stade de la simple « consommation » des TIC ;

    – améliorer et moderniser le fonctionnement de la Communauté éducative par une mise à disposition des outils TIC adéquats, ce via la création, dans le cadre des synergies entre la Wallonie et les Communautés française et germanophone, d’un Centre de ressources alliant pédagogie et TIC, qui animera des Réseaux d’échanges d’outils et de bonnes pratiques transversaux et/ou au sein des différents niveaux d’enseignement et des différentes disciplines.

     Voir le programme général de l’Université d’été LUDOVIA 2013 ici

  • De Cyberclasse à Ecole numérique : vers un troisième plan TIC pour l’Education

    De Cyberclasse à Ecole numérique : vers un troisième plan TIC pour l’Education

    Après le plan Cyberécole, lancé dès 1999 et qui avait permis de diffuser près de 20.000 ordinateurs dans les classes des écoles de la Région wallonne, le plan Cyberclasse a été initié en 2005, visant l’installation de 40.000 ordinateurs  fixes dans les 3.350 implantations scolaires (enseignements primaires et secondaires et de promotion sociale).

    Ce deuxième plan  se termine. En vue de préparer l’avenir en termes d’équipement, de formation  et d’accompagnement des équipes éducatives, de partage de ressources,  les ministres respectivement en charge de l’enseignement obligatoire et de promotion sociale, et de l’enseignement supérieur et des technologies nouvelles, ont invité en 2011 et en 2013 les établissements scolaires à introduire un projet pédagogique novateur intégrant l’usage des technologies de l’information et de la communication.

    Dans le cadre de ces projets « Ecole numérique », ce ne sont pas moins de 100 écoles, tous réseaux confondus, qui ont été sélectionnées suite au dépôt de près de 600 dossiers de candidature.  C’est dire combien ces projets créent l’unanimité.

    Un focus particulier a été mis sur les principales technologies de soutien à l’enseignement, dont :

    ·       les nouveaux dispositifs de projection et de présentation tabulaire,

    ·       les classes mobiles (kits d’ordinateurs portables, tablettes),

    ·       les équipements multimédia (appareils photos numériques, caméras vidéo, smartphones, lecteurs MP3, …) et les logiciels permettant de les utiliser,

    ·       les dispositifs de partage et de production en ligne,

    ·       les outils de communication en ligne,

    ·       les manuels numériques et autres ressources numérisées,

    ·       les logiciels, dédiés ou non, exploitables dans un but éducatif,

    ·       …

    Ces 100 projets ont pour tâche d’expérimenter des scénarios novateurs intégrant TIC/TICE et permettront de   baliser le terrain pour une mise en œuvre à l’échelle régionale et au bénéfice de l’ensemble des écoles.

    Les porteurs de projets sont donc missionnés afin de :

    ·       tester de nouveaux usages pédagogiques supportés par les TIC s’inscrivant dans le contexte de l’enseignement par compétences, tel qu’il est mené en FWB ;

    ·       d’évaluer la pertinence de l’utilisation, dans le contexte éducatif, d’une large gamme d’équipements technologiques et de ressources numériques ;

    ·       d’identifier les facteurs favorisant l’essaimage des usages pédagogiques et des technologies sur lesquelles ils s’appuient, ainsi que les moyens de résoudre les difficultés éventuelles.

    Synthèse et apport du retour d’expérience en classe

    Dans le cadre de cette large réflexion la Région wallonne et la Fédération Wallonie Bruxelles ont identifié et entamé le travail sur plusieurs chantiers majeurs pour l’école numérique : équipements technologiques, connexions à Internet à très haut débit  couplées à un réseau local performant, formations des enseignants, développement et diffusion de ressources.

    A termes, les objectifs poursuivis sont de :

    ·      implémenter davantage l’usage des TIC dans l’approche pédagogique tout au long du cursus éducatif.

    ·      créer les conditions pour que l’éducation des jeunes tire profit de la société numérique et ainsi d’utiliser les TIC avec efficience et à bon escient, à exercer leur créativité, leur esprit critique, leurs capacités d’analyse.

    ·      améliorer et moderniser le fonctionnement de la Communauté éducative par une mise à disposition des outils TIC adéquats.

    A voir aussi : http://www.ludovia.com/2013/05/la-wallonie-invite-dhonneur-de-ludovia-2013-sengage-un-peu-plus-dans-lecole-numerique/

    Plus d’infos sur le programme du séminaire collectivités à Ludovia ici

  • Faire entrer l’école dans l’ère du numérique

    Faire entrer l’école dans l’ère du numérique

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    Cet appel à projets «Services et contenus numériques innovants pour les apprentissages fondamentaux à l‘Ecole» s’inscrit dans le cadre du soutien des investissements en faveur de l’innovation de procédé et d’organisation dans les services et contenus d’une part, et de la recherche et au développement (R&D) qui inspire les nouveaux usages du numérique d’autre part.

     

    Dans une société où le numérique bouleverse les modes d’accès aux savoirs, les modes de travail et les rapports sociaux, l’Ecole doit être actrice des évolutions pour accompagner tous les élèves dans leurs apprentissages « avec le numérique », « par le numérique » et « au numérique ».

    Il ne s’agit pas seulement de mettre l’École à l’heure du numérique, mais plus encore de poursuivre les efforts déjà initiés et de se saisir du numérique pour refonder l’École.

    Le développement généralisé du numérique est à même de faire évoluer et progresser l’efficacité de notre système éducatif dans la prise en charge des élèves, mais aussi dans son fonctionnement et son ouverture. Le numérique offre la possibilité d’adapter la formation aux parcours individuels, au niveau de connaissance et au rythme d’apprentissage de chacun, et cela en particulier dès l’école primaire et les premières années du collège.

    Cette formation enrichie permet ainsi la familiarisation des élèves avec le numérique, leur donnant une compétence clé pour s’insérer dans une société exploitant les technologies de l’information et de la communication de manière extensive.

    Conformément aux priorités définies lors du lancement de la stratégie numérique par le ministre de l’éducation nationale en décembre 2012, cet appel à projets concerne tout particulièrement les apprentissages fondamentaux dans l’enseignement primaire et dans leur articulation avec le début du collège (lire écrire, compter, apprendre une langue étrangère à caractère universel, utiliser les technologies de l’information et de la communication).

    Au‐delà de la mobilisation des enseignants, des chercheurs et des collectivités territoriales, l’entrée de l’École dans l’ère du numérique doit aussi être propice à l’essor d’une filière numérique française compétitive dans la création de contenus numériques et d’e‐services pédagogiques de haute qualité technologique.

    Cet appel à projets s’inscrit donc dans une démarche collective d’innovation technologique, économique, sociale et pédagogique. Il constitue enfin une étape de la mise en œuvre de la feuille de route du numérique du Gouvernement, dont un des trois axes vise à faire du numérique une chance pour la jeunesse.

    La gestion de cette action, pour laquelle une quinzaine de projets pourront être soutenus pour un montant total indicatif d’aide de dix millions d’euros est confiée au Fonds pour la société numérique (FSN) qui est géré par la Caisse des Dépôts, en son nom et pour le compte de l’État.

    L’appel à projets sera clos le 30 septembre 2013 à 12h.

    Pour télécharger l’appel à projets:

    http://cdcinvestissementsdavenir.achatpublic.com

    En savoir plus : bientôt sur ludovia.com, après le 10 juin, un nouvel article sur ce programme

  • Apprendre à utiliser le numérique en classe : une formation suffit-elle ?

    Apprendre à utiliser le numérique en classe : une formation suffit-elle ?

    Pour atteindre cet objectif, il semblerait qu’ils aient plusieurs étapes à franchir, avec, comme ingrédient principal de la recette, beaucoup d’investissement personnel.

    Les premiers pas, la découverte

    Avant de se lancer dans l’aventure, l’idéal serait d’assister à plusieurs cours de collègues utilisant déjà le numérique.
    C’est en tout cas ce que conseille Bernard Chabrerie, enseignant en mathématiques, pour que le professeur débutant se rende compte par lui-même des apports du numérique.

    « Il va s’apercevoir qu’il y a une convivialité, une efficacité et une richesse du cours qu’il va pouvoir développer grâce au numérique et seulement après, l’enseignant peut aller voir un formateur ou un autre professeur pour se lancer dans un processus de formation ».

    Suivre une formation spécifique à un outil numérique

    L’intérêt que portent les enseignants pour une demi-journée de formation est certain, car ils avouent découvrir à chaque fois de nouvelles fonctionnalités, « des trucs et astuces » qui leur permettent d’être plus à l’aise devant leurs élèves.
    « Tout ce qui est interactif permet de mieux capter leur attention », souligne Nicolas Giudicelli, enseignant en mathématiques.
    et Panpan Chen, enseignante en chinois poursuit « dès qu’on ajoute des petites étoiles, des smileys ou autres gadgets, ils adorent ».

    Pour Bernard, L’idéal serait d’avoir une session par trimestre, soit sur des outils généralistes, soit par matière pour aborder spécifiquement tel ou tel aspect pédagogique.

    Pourtant, ce type de sessions de formation ne constitue pour eux qu’une base de départ pour la maîtrise du TNI ; « après, il faut pratiquer tous les jours, sinon on oublie tout », nous confient-ils.

    De l’autoformation en continu 

    L’obstacle majeur à leur perfectionnement est le manque de temps.  « Entre le moment où le prof est en cours, où il prépare ses cours et où il corrige les copies, cela lui laisse très peu de latitude pour s’entraîner ».

    Pourtant, c’est indispensable, car comme le souligne Nicolas  « s’entraîner pendant les cours, ce n’est pas terrible ». Il utilise par contre beaucoup plus le TNI lorsqu’il donne des cours de soutien dans lesquels le groupe d’élèves est restreint.
    « Même tout seul, cela m’est déjà arrivé d’aller dans une salle pour faire des tests et tenter de découvrir des choses ».

    L’idéal pour Panpan serait d’avoir un genre de « tutoriel » avec les fonctionnalités par discipline, « car il y a des choses qu’on utilise tous les jours », souligne t-elle. Cela lui permettrait de gagner du temps et de ne pas avoir à chercher dans ses notes.

    L’aspect chronophage de ce perfectionnement personnel est aussi abordé par Bernard qui souligne qu’il a « mis un certain nombre d’heures et de jours à mettre en place certains outils ». Pour lui, l’apprentissage des outils numériques se fait vraiment en continu, « j’ai toujours besoin d’être encore plus performant », ajoute t-il.

    La mutualisation entre enseignants, une forme d’apprentissage peu pratiqué mais pourtant si efficace

    Entre la découverte, la formation et l’autoformation, que se passe t-il ?

    Aujourd’hui, il ne se passe pas grand-chose, ce que regrettent les enseignants que nous avons interrogés ; ils trouveraient par exemple très utile des rencontres entre professeurs pratiquants pour échanger sur leurs usages, toutes disciplines confondues. Ce manque de mutualisation est évident et pourtant, ce travail collaboratif est le meilleur complément à un programme de formation.

    « Quand je vois quelqu’un travailler et m’apporter un outil efficace et rapide, je perçois tout de suite ce que je vais pouvoir en faire, ce qui me permet d’optimiser car je n’ai pas le temps d’aller tout lire, faire des recherches… (…). Apprendre du savoir-faire des autres est essentiel », affirme Bernard.

    D’après lui, ce modèle ne peut se mettre en place à cause de certaines barrières qu’il décrit ainsi : « cela demande à chacun d’entre nous une humilité, se dire « oui, je peux apprendre des autres, ma façon d’enseigner n’est pas forcément la meilleure, je peux l’optimiser »(…). Je pense que dans le monde de l’enseignement, c’est une remise en question qui doit se faire continuellement ».

    Avoir une ouverture d’esprit, la clé pour réussir à apprivoiser le numérique ?

    La conclusion de Bernard résume bien l’état d’esprit dans lequel chaque enseignant devrait entrevoir sa formation au numérique.

    « Installer des tableaux interactifs parce que ça fait bien, ça montre qu’on est une école à la pointe, ça n’a aucun intérêt (…). Donc la formation est essentielle mais tout aussi bien que l’investissement des enseignants. De toute façon, nos jeunes sont dans un monde complétement numérique donc il faut que les enseignants se forment et arrêtent de dire « je ne sais pas faire » (…).
    Ils peuvent avoir des connaissances mais s’ils ne savent pas les transmettre par les outils d’aujourd’hui, je crois pas que cela ne va pas les aider à asseoir une autorité devant les élèves (…).
    Il faut également que les enseignants apprennent à avoir une autocritique sur eux-mêmes et sur l’utilisation de ces nouveaux outils pour aider les jeunes à les prendre en main et les utiliser efficacement
     ».

    Une remise en question pour chaque enseignant sur sa manière d’enseigner, sur ses relations au sein de l’établissement et avec ses collègues pour acquérir de solides compétences en numérique seraient la clé de la réussite ?

    Cela pourrait s’appliquer, d’ailleurs, à d’autres compétences que le numérique dans le monde de l’enseignement…

  • De nouveaux services pour que l’École entre dans l’ère du numérique

    De nouveaux services pour que l’École entre dans l’ère du numérique

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    Pour les élèves

    La mise en ligne des sujets du baccalauréat général, technologique et professionnel des trois dernières années. À compter de la session 2013, les sujets du diplôme national du brevet seront intégrés à la base de données des sujets d’examens.
    En proposant ainsi un accès en « open data » aux sujets de ces épreuves, puis progressivement à des éléments de correction, ce nouvel outil facilite pour les élèves la préparation des examens.

    L’ouverture d’un service d’orientation pour les jeunes en situation de décrochage scolaire « Ma seconde chance » (Onisep). Constitué d’un site web et d’une application mobile « Ma seconde chance » doit permettre aux jeunes décrocheurs de trouver un lieu d’accueil proche et adapté à leurs besoins grâce à un service de géolocalisation des offres de formation ainsi qu’à une plate-forme de « tchat« . Ce service d’orientation innovant va permettre de guider plus efficacement les jeunes en situation de décrochage scolaire.

    La mise en place d’une offre d’orientation, accessible aux élèves en situation de handicap sur Smartphone : « Total accès » (Onisep).
    « Total accès » est constitué d’un site mobile et d’une application smartphone. Il propose des informations sur les formations ante et post-bac, les métiers, les établissements, ainsi que des témoignages et une recherche dédiée pour les jeunes en situation de handicap. Ce service permet de trouver les structures d’accueil et des organismes d’aide. « Total accès » dispose d’un lecteur d’écran qui restitue les contenus du site de façon orale.

    Pour l’ensemble de la communauté éducative

    La mise en ligne d’un service à destination des parents pour les aider à suivre la progression de leurs enfants dans l’apprentissage de la lecture (Scérén-CNDP).
    Ce dispositif interactif informe les parents sur ce qui se passe en classe et leur permet de comprendre le déroulement de l’année clé qu’est le cours préparatoire grâce à un contenu pédagogique riche : vidéos, extraits de séances de classes, illustrant les divers domaines de l’apprentissage de la lecture, des témoignages d’enseignants, parents, chercheurs, experts …

     

    Plus d’infos :
    www.education.gouv.fr/EcoleNumerique
    Pour la préparation des examens : eduscol.education.fr
    Pour les parents, apprentissage de la lecture par leurs enfants : www.education.gouv.fr
    la mise en place d’une offre d’orientation : www.education.gouv.fr

  • Yann Leroux : Les jeux vidéo, ça rend pas idiot !

    Yann Leroux : Les jeux vidéo, ça rend pas idiot !

    Les 3 objectifs de cette collection, qui comprend dans un premier temps 6 ouvrages, sont d’explorer des tendances futures, qui peuvent provoquer des mutations profondes :
    – contribuer à stimuler ;
    – proposer des contenus innovants ;
    – véhiculer les tendances.

    L’ISG, en tant que grande école de commerce, s’inscrit ainsi dans une réflexion actuelle, avec un regard neuf sur les technologies numériques innovantes, qui sont au cœur des changements majeurs de nos sociétés.

    Stimulo est une collection « culture à 360° », qui traite des TIC et de tous les thèmes porteurs d’innovation ou sujets à une profonde transformation.

    FYP éditions publie depuis sept ans des ouvrages de référence sur tous les champs de l’innovation et sur des questions de société.

    Plus de 40 % de la population joue aux jeux vidéo. Les femmes représentent 52 % des joueurs. 63 % des Français de plus de 10 ans ont joué aux jeux vidéo. L’âge moyen des joueurs, aujourd’hui de 35 ans, est en constante augmentation. C’est le divertissement préféré des Français, et la première industrie culturelle dans le monde. En une poignée d’années, les jeux vidéo se sont positionnés comme une locomotive de l’économie numérique. Ce succès tient à des logiques de marché que les éditeurs de jeux savent habilement exploiter. Mais cette explication ne suffit pas !

    Les jeux vidéo ont pu prendre cette place grâce à leurs qualités propres. Ils sont devenus un média incontournable parce qu’ils sont des objets de plaisir pur. Ils sont des manières de se mettre en lien avec soi-même et avec les autres. Mais ils sont aussi plus que cela. Ils sont une manière d’apprivoiser le futur.

    Small-YannLeroux-211x300Yann Leroux est docteur en psychologie et psychanalyste. Il étudie depuis de nombreuses années la dynamique des relations en ligne. Membre de l’Observatoire des mondes numériques en sciences humaines, son expérience de joueur l’a amené à porter un autre regard sur le jeu. Il contribue, dans la lignée de psychanalystes comme Serge Tisseron, à porter un autre regard sur les médias. Inventeur du mot digiborigène, on le trouve sur Azeroth et sur des plateformes comme Twitter ou Facebook. Il a créé le blog de référence Psy&Geek.

     

    Extraits :

    Invité à l’émission Philosophie sur la chaine Arte pour parler du jeu, le philosophe Colas Duflo est tombé en arrêt devant une immense photographie qui montre un groupe de joueurs à une LAN party. « Ils ont des têtes d’abrutis », commente-t-il. Le propos est symptomatique de l’écart qui s’est creusé en France entre des élites et les mondes numériques.

    Ce commentaire laisse un gout amer. Il montre qu’un travail de transmission ne se fait pas. Il pointe une attaque en règle des pères contre les fils. Toute culture est basée sur la transmission. Les temps présents sont particuliers parce que les parents doivent transmettre à leurs enfants des éléments qu’ils ne maitrisent pas tout à fait, ou dont ils imaginent que leurs enfants les maitrisent déjà. Ce n’est cependant pas l’aspect décisif. On a déjà vu des parents soutenir des transmissions dont ils ignorent tout, comme lorsque des parents illettrés dans la langue du pays d’accueil soutiennent la scolarité de leurs enfants. Si aujourd’hui les illettrés des écrans ne soutiennent pas les apprentissages de leurs enfants, c’est bien plutôt du fait d’une position de mauvaise foi, qui a décidé par avance que ce qui vient des écrans est à priori suspect.

    Il est une autre raison qui laisse à ces « têtes d’abrutis » un goût amer. Alors qu’une génération se prépare à gérer la gabegie de l’après-guerre, alors que nous prenons petit à petit conscience d’une fin possible que l’humanité, alors que plus que jamais nous avons besoin de nous appuyer sur les acquis de culture du passé, ceux qui doivent soutenir les transmissions s’en font les fossoyeurs. Les pères attaquent les plaisirs des fils, et tournent le dos aux intérêts des enfants. Ils se refusent de porter la culture. Ils se font thanatophores.

    Pour la nouvelle génération, c’est un coup terrible. C’est toujours un obstacle pour une génération que d’avoir à grandir dans l’opprobre de la génération qui l’a précédé. Tout homme a besoin de se sentir en lien avec ce qui le précédait. Tout homme est aidé dans son développement lorsque ses actes reçoivent l’accord de ses pairs.

    Les jeux vidéo ne sont pas une activité vaine et stérile. Ils sont des manières de se mettre en lien avec soi-même, et avec les autres. Mais ils sont aussi plus que cela. Ils sont une manière d’apprivoiser le futur. Il est évident que l’humanité aura à vivre au contact d’écrans et de machines, et que les limites entre les uns et les autres vont être remodelées.

  • Pourquoi le changement vers le numérique, c’est maintenant…?

    Pourquoi le changement vers le numérique, c’est maintenant…?

    26022013512cbaed9152cPourquoi ? 

    Vivons-nous donc une dichotomie entre les impulsions successives créées par les ministères, et certaines communes, qui reportent d’année en année l’intégration du numérique dans leurs écoles ?
    Tentons d’en comprendre les causes pour se risquer, dans un second volet, de souffler aux collectivités, qui n’en seraient pas convaincues, les raisons pour lesquelles elles ne pourront rater le coche du numérique dès 2013.

    Le numérique à l’école, ajourné dans les conseils municipaux ? 

    Certes l’annonce du projet de loi Peillon, qui institutionnalise le numérique comme un volet pédagogique essentiel, est encore très récent, mais nous avons malgré tout enquêté auprès de communes, afin d’en comprendre les répercussions sur les nouveaux projets municipaux. Tant pour les communes, pour lesquelles le numérique restait marginal, il y a encore un an et que pour celles, déjà lancées dans un projet TICE.
    Ces dernières, confortées dans leurs choix par le projet de loi, poursuivent leurs projets.

    Mais pour celles, qui n’avaient encore rien initié, la question : « intégrerez-vous en 2013 un projet d’équipement numérique dans vos écoles ? », les propos recueillis restent en grande majorité presque inchangés, à ceux enregistrés l’an dernier, à la même époque.

    « Ce n’est pas notre priorité pour le moment…. Nous équiperons nos écoles en numérique sûrement d’ici un ou deux ans », quand les projets ne sont pas remis à des dates ultérieures. Réponses que nous enregistrions de ces mêmes communes déjà l’an dernier.
    « Trop de communes sont encore installées dans une ère de procrastination, en remettant à plus tard des projets pourtant essentiels au développement et au dynamisme de leur territoire » confirme et regrette Pascale Luciani Boyer, en charge des questions éducation et numérique, à l’Association des Maires de France.

    À ce constat, des raisons diverses tant structurelles que circonstancielles

    La première raison évoquée par les élus et les services des villes lors de notre enquête est liée aux restrictions budgétaires et aux problèmes de financement, sur lesquelles nous reviendrons dans notre prochain article.
    Mais Anna Angeli, Maire adjointe du Pré Saint-Gervais (93) et consultante des projets éducation auprès de Villes internet, précise que « les problématiques financières ne sont pas la raison unique et réelle. Un manque de connaissances encore important des enjeux de l’éducation au numérique pour les élèves du 1er degré persiste au sein des communes. Les élus et les services concernés ont besoin d’expertise, et de formation pour construire leur politique numérique éducative ».

    C’est ce que nous confirme Thierry Coilhac, Directeur Stratégie Éducation chez Orange, auditeur du rapport du Conseil National du Numérique de mars 2012, relatif au choix du numérique à l’École. « Nous constatons régulièrement une méconnaissance des usages et des besoins des enseignants de leurs écoles, ce qui impacte sur les problématiques budgétaires, car méconnaître les usages, c’est faire l’impasse sur les équipements et infrastructures précis dont auront besoin les enseignants localement. Ce qui, par voie de conséquence, entraîne trop souvent des choix et des budgets inadaptés, exposés à des dépenses inutiles ».
    « Sans compter un manque d’accompagnement de la part de l’éducation nationale pour faire évoluer ces collectivités et les aider », ajoute Anna Angeli.

    Autre motif, là, plus « ancré dans les mentalités des élus est, poursuit-elle, de considérer que l’apprentissage du numérique, et les usages pédagogiques correspondants, peuvent attendre le collège et ne constituent pas une priorité en primaire ».

    « D’autant qu’ils ont ce qu’il faut à la maison ! » nous a-t-on, même avancé, lors de notre enquête.

    C’est ignorer les réelles inégalités entre les enfants, moins en matière d’accès à Internet, qu’en matière d’éducation et de recul face à ce média, où l’école joue dès le plus jeune âge un rôle primordial : l’un des leitmotivs de la mis en place du B2i et de l’inscription du principe d’éducation numérique dans le projet de loi Peillon.

    Et Anna Angeli de confirmer « le fossé numérique se creuse entre les villes qui équipent leurs écoles et celles qui ne le font pas, générateur d’inégalités inacceptables au sein de notre système éducatif républicain.
    Les nouvelles générations se retrouvent, comme si l’Internet était inné et génétique, sans repères culturels pour profiter des opportunités formidables d’accès aux droits, à la connaissance, à la citoyenneté et de fait à l’emploi induit par ces technologies de l’information et de la communication
     ».

    « Un système éducatif rénové doit garantir l’accès aux savoirs et à la culture numérique et ne pas laisser une grande partie de la jeunesse s’adjoindre la fracture numérique, aux fractures sociales et culturelles déjà existantes. Dans un contexte de budgets contraints, le besoin d’un État garant de l’équité des moyens et coordonnant les différents niveaux de collectivités est plus que criant » ajoute t-elle.

    À ces problématiques, vient s’ajouter la réorganisation des temps scolaires et périscolaires, qui d’après les entretiens que nous avons menés, absorbe actuellement les emplois du temps des élus et des services, et de ce fait gèle souvent les nouveaux projets d’écoles numériques.

    Le numérique, l’outil de choix pour des Plans éducatifs territoriaux efficaces et efficients

    « Toutes ces raisons sont bien compréhensibles car la gestion comptable, administrative et politique d’une commune est d’une grande complexité. Mais en cette période de crise nous devons, reconsidérer nos repères et nos valeurs, pour donner à nos enseignants, les moyens d’une plus grande efficacité, en matière de réussite éducative, grâce à des outils efficients. Or, le numérique est justement à terme source d’efficacité augmentée, et d’économie pour les frais de fonctionnement de nos écoles », avance Pascale Luciani Boyer.

    Source à termes d’efficience, mais aussi, prix en baisse des matériels et des infrastructures, technologies qui se hissent au plus haut niveau, pour entre autres, permettre une pédagogie différenciée, et soutenir pour le moins les enfants en difficulté, sont quelques-unes des réponses, qu’apporte le numérique aux problématiques que rencontrent les collectivités, tant sur les plans de gestions administratives, de gouvernances territoriales éducatives, de continuité pédagogique, ou d’économie budgétaire.

    Autant d’éléments que nous développerons dans un second volet sur ce sujet.

    Pourquoi le changement vers le numérique, c’est maintenant…… ? 2ème volet, prochainement sur ludovia.com

    MF. Bodiguian, 
    AMO-TICE

    Avis aux lecteurs de cette rubrique :
    Appel à Témoignages de collectivités engagées ou en projet sur le numérique et la refondation de l’école : vos réactions concernant le projet de loi, vos initiatives, vos idées et propositions, et les problématiques que vous rencontrées, contactez-nous !
    Merci d’envoyer vos mails à mfb@amotice.com, ou vous coordonnées sur twitter @amotice, pour nous faire partager votre expérience.
    .

  • Réduisons le décalage entre la « promesse » et l’utilisation réelle des technologies numériques

    Ludovia Magazine : Dans le contexte de crise économique, est-ce que vous notez une perte de vitesse sur le marché e-éducatif ? Quels changements ? Quelles adaptations ?

    Thierry Klein : La baisse du marché e-educatif est, grosso modo, un phénomène mondial, lié à la faillite des états occidentaux. Des sociétés spécialistes de l’éducation numérique, comme par exemple Smart ou Promethean, ont vu leur capitalisation boursière divisée par 10 au cours des 2 dernières années, ce qui crée des problèmes de développement industriel et peut être même de survie.

    La France est relativement peu équipée par rapport à d’autres pays dans le domaine du numérique.  Paradoxalement, ce n’est pas forcément une mauvaise chose car, actuellement, aucune étude fiable ne montre que l’investissement numérique se traduit par une amélioration du niveau des élèves.  Au contraire, les études, lorsqu’elles ne sont pas directement ou indirectement financées par les constructeurs, montrent plutôt  le contraire.

    Malheureusement, le taux d’équipement relativement faible du pays n’est nullement le résultat d’une quelconque sagesse mais d’une certaine lourdeur administrative conjuguée à l’absence de moyens. Les investissements français en matière de numérique restent opportunistes et naïfs.

    Opportunistes parce qu’ils sont un bon moyen pour les politiques de montrer leur attachement à l’école.

    Naïfs parce qu’état et collectivités locales, dont la culture numérique reste faible, font beaucoup trop confiance au discours des constructeurs.

    Les politiques, eux aussi peu formés au numérique, subissent de plein fouet le chantage à l’éducation numérique présentée par les constructeurs comme la seule façon de s’adapter au futur.

    Aujourd’hui, l’industrie de l’éducation numérique est structurée un peu comme celle du médical. C’est un lobby qui cherche à influencer la puissance publique pour parvenir à ses fins en termes économiques et qui parfois y arrive remarquablement, comme l’a montré le récent rapport Fourgous.  Mais alors qu’il existe des procédures rigoureuses pour valider l’intérêt d’un médicament, rien, absolument rien n’a été fait pour évaluer l’apport réel des outils numériques !

    Même si on peut juger – c’est mon cas –  que l’introduction des technologies numériques à l’école résulte avant tout d’une vision politique et que le développement du numérique en milieu scolaire est inévitable, il n’est pas admissible que les investissements se fassent en dehors de tout cadre sérieux d’évaluation des politiques. Cela nous nuit à tous en tant que citoyens et cela nuit aussi, à moyen terme, à l’industrie e-numérique qui sera complètement décrédibilisée le jour où la supercherie sera dévoilée.
    Certains états, comme le Canada, vivent actuellement ce phénomène et d’ailleurs, la baisse du cours de bourse des principaux acteurs, que j’évoquais plus haut, le reflète en partie.

    LM : Les annonces (recrutement d’enseignants… ) et le rapport sur la refondation de l’Ecole (inclus la concertation Etat-collectivités locales) vont-ils avoir des répercussions sur votre secteur d’activité en 2013 ? Comment l’appréhendez-vous ?

    TK : D’abord, je ne sais pas si la concertation Etats – collectivités locales est une bonne chose en matière de politique e-numérique. Chaque région, chaque département, chaque mairie passe son temps à évaluer les technologies numériques de façon indépendante sans qu’aucun enseignement d’utilité générale soit réellement dégagé pour la collectivité dans son ensemble.

    Henri Emmanuelli avouait récemment dans Ludovia magazine que 12 ans après le lancement de l’opération « Un collégien, un ordinateur » et malgré une enquête Sofres sur le sujet, il est difficile d’obtenir une analyse globale. Le principal enseignement semble être que « les résultats dépendent de l’implication des études éducatives ». Tout ça pour ça ? (On pouvait s’en douter…).

    Comprenez moi bien le problème que j’ai avec ce type d’expérimentation n’est pas leur coût, ni leur échec. Mon problème est qu’il est impossible d’en retirer quelque généralisation ce soit parce qu’il n’y a aucun cadre d’étude préalable mis en place.

    Comme aucun cadre un peu structurant pour analyser les initiatives n’est mis en place, presque toute l’activité e-numérique se ramène à une sorte de mouvement brownien, les gagnants étant ceux qui communiquent le plus ou qui dépensent le plus. Tout ça n’a rien à voir avec l’intérêt profond des élèves.

    Le plan numérique annoncé par Vincent Peillon ne me semble pas de nature, pour l’instant, à changer radicalement les choses. Au-delà du côté purement politique de certaines annonce, une erreur majeure sous tend le plan, qui, comme les précédents, vise à développer les usages plutôt que l’enseignement du numérique.

    L’enseignement du numérique lui-même est bouclé en 2 petites lignes totalement marginales (“Extension progressive d’une option “sciences du numérique” dans l’éventail des options proposées en terminale générale et technologique“). Or, le numérique est une matière à part entière.

    Je suis frappé par la multiplication des investissements visant à faire utiliser les technologies numériques (tableaux interactifs, classes numériques…) par les élèves et la quasi-absence, avant le niveau bac, des formations leur permettant de comprendre comment ces technologies sont développées – je parle de cours de programmation, de génie logiciel, d’algorithmie et d’architecture des ordinateurs, bref, de tout ce que les anglo-saxons recouvrent sous l’appellation “Computer Science”.

    De telles formations sont devenues indispensables pour comprendre le monde qui nous entoure. Elles font partie de la culture générale que devrait avoir tout bachelier qui se destine à faire des études supérieures (avec – et non pas contre – le latin, la philo, les maths…).

    Il ne s’agit pas de créer une génération d’informaticiens, pas plus qu’il ne s’agissait de créer une génération de latinistes ou de mathématiciens. Simplement de créer des citoyens cultivés dans ce domaine, capables de comprendre et, pour les meilleurs, de créer les outils de demain. On n’obtient pas cet effet en faisant utiliser des IPADs aux élèves, mais en leur expliquant comment ils sont faits – pas plus qu’on ne formerait des cuisiniers en se contentant de leur faire manger des plats.

    L’informatique est devenue une science indispensable à l’honnête homme de notre temps, mais sa présence dans le socle scolaire commun est quasi-nulle.
    Pour moi, l’éducation nationale fait fausse route en s’attaquant au retard dans les usages qui est un symptôme et non pas la source du problème.

    LM : Au delà des annonces, pour l’instant théoriques, quelles mesures pensez-vous qu’il faudrait privilégier pour l’avenir du numérique en éducation ?

    TK : Le foisonnement actuel des expériences n’est pas spécifique à la France. La maîtrise du numérique créera, demain, les avantages compétitifs des états. Tout le monde en a conscience. La difficulté est que tout le monde a un avis, autorisé ou non, sur la question. Au nom de leurs visions respectives sur l’école, les nombreux ministres de l’Education Nationale n’ont cessé, depuis 30 ans, de secouer l’Education Nationale.

    Pour l’un, la clé est dans l’apprentissage de la lecture. Pour l’autre, c’est le soutien individualisé. Pour un troisième, il s’agit de la motivation des professeurs, du nombre d’élèves par classe, du rythme scolaire ou bien encore de la quantité de graisse disponible sur le mammouth. On voit bien que de telles initiatives imposées par le haut, quelle que soit leur pertinence, ne font pas avancer l’école.

    Malheureusement, la vérité ne sortira pas non plus d’un quelconque consensus. Le grand débat national sur l’école organisé il y a 10 ans, qui avait recueilli quelque 50 000 contributions, n’a pas non plus fait bouger quoi que ce soit. Et d’ailleurs, rien ne prouve, en matière d’éducation, que les mesures obtenues de façon consensuelles soient intrinsèquement meilleures que la vision d’un ministre, d’un professeur ou d’un chef d’entreprise !

    Jusqu’à présent, le développement du numérique en classe a été uniquement basé sur les usages. Or, il se trouve que la technologie numérique nous apporte aussi des méthodes d’évaluation nouvelles qui nous permettent de trancher presque tous les problèmes concrets de méthodologie, de rythme scolaire, d’usage qui se posent dans l’éducation aujourd’hui.

    Ces techniques ont été négligées jusqu’à présent mais représentent bien à elles seules une révolution : en gros, la méthode expérimentale peu, pour la première fois, être appliquée à l’école et la pédagogie scolaire, qui n’a que peu évolué depuis l’antiquité, va pouvoir suivre un chemin d’amélioration permanent, continu et observable, comparable à celui que la science a suivi depuis l’écriture du Discours de la méthode.

    Un grand nombre d’élèves, dès le plus jeune âge (qu’on le déplore ou pas) disposent aujourd’hui de téléphones intelligents, tablettes pouvant être utilisés en permanence pour mener des évaluations agiles, peu coûteuses et rapides dont des résultats statistiques significatifs peuvent être dégagés.  Ces outils (aujourd’hui interdits à l’école !) peuvent permettre de réaliser des évaluations selon la technique dite « aléatoire »  et ainsi de faire bouger les pratiques.

    La méthode aléatoire repose sur des évaluations faites sur des petits groupes (quelques centaines d’élèves) dont les caractéristiques sont identiques au départ. Un de ces petits groupes adopte un “processus nouveau” (par exemple il va utiliser une méthode de lecture nouvelle jugée prometteuse, tester un rythme scolaire différent). On compare ensuite, sur des critères précis, la performance de ces groupes (rapidité de lecture, compréhension, etc.).

    Depuis quelques années, Esther Duflo, a utilisé la méthode aléatoire pour évaluer les effets des politiques de lutte contre la pauvreté avec des résultats remarquables. Les techniques qu’elle a développées peuvent être appliquées à l’école.
    Avec des moyens très faibles, la méthode aléatoire a donné, en Inde, plus de renseignement sur les usages du numérique que dans tous les pays développés.

    Les processus d’évaluation actuels sont lourds, coûteux, longs et ne peuvent pas influencer les politiques d’éducation. En les remplaçant, ou en les complétant, par un grand nombre de micro-évaluations aléatoires peu coûteuses, rapides à effectuer, bien ciblées et déterminées avec méthode, on peut disposer d’un outil remarquablement efficace, permettant d’obtenir des premiers résultats en quelques mois, d’infléchir les politiques, de mieux dépenser l’argent public et de sortir de l’inefficacité actuelle.

    LM : Au regard de ce qui se passe sur les marchés internationaux, européens et autres, quelles préconisations pourriez-vous soumettre au Ministère de l’éducation nationale français ?

    TK : Quels que soient les affirmations et le lobbying des constructeurs, un taux d’équipement numérique faible ne traduit pas en soi un retard. Le Royaume-Uni a équipé intégralement ses écoles de tableaux interactifs sans amélioration quantifiable du niveau des élèves et le principal avantage qu’ont les anglo-saxons sur nous aujourd’hui, c’est qu’ils comprennent de mieux en mieux  que l’avenir n’est pas forcément dans les usages.  Je pense en synthèse qu’il y a trois types de mesure à adopter pour mener une politique numérique efficace et cohérente :

    1. Enseigner l’informatique plutôt que les usages (j’en ai parlé plus haut)

    2. Créer des écoles numérique pilotes et un cadre d’expérimentation simple, léger et rigoureux.

    Le Ministre actuel fait souvent référence à Jules Ferry mais l’époque ayant changé ne peut gérer l’Education Nationale avec les mêmes méthodes. En revanche, il faut se souvenir que Jules Ferry avait accompagné et soutenu le développement de l’école Alsacienne pour l’expérimentation de méthodes pédagogiques nouvelles . Il faudrait créer un nombre importants d’écoles numériques pilotes (peut être 50) et y rassembler des professeurs d’élite, ceux qui comprennent le mieux la technologie numérique et qui innovent, de façon à pouvoir évaluer un grand nombre de nouveautés pédagogiques induites par la révolution numérique.

    Ces enseignants existent évidemment et nous en connaissons un certain nombre chez Speechi. Le recrutement initial dans ces écoles serait effectué sur la base du volontariat, complété ensuite par un concours.
    Les innovations pédagogiques pourraient toucher à tous les domaines de la pédagogie, de la société, de l’environnement de l’école. Les enseignants auraient carte blanche à partir du comment où le processus d’évaluation suivi est rigoureux et agile.
    Dans cette tâche, ils seraient aidés par des fonctionnaires issus de l’INSEE et de la Direction de l’Evaluation du Ministère de l’Education Nationale.

    3. Utiliser les nouvelles technologies pour développer le savoir et pas pour détourner du savoir.

    Le potentiel éducatif d’Internet est immense et Google a pour objectif de numériser tous les livres. Mais, comme personne n’a la possibilité physique de lire toutes ces pages, tout ceci ne constitue que le savoir disponible potentiel. Dans la réalité, un outil comme Google a pour but de créer du trafic sponsorisé par des bandeaux publicitaires et ces bandeaux sont optimisés de façon à maximiser le nombre de clics, c’est-à-dire que toute recherche faite à travers Google soumet un étudiant à une pression publicitaire qui le détourne du savoir (et ceci de la façon la plus rapide et la plus efficace possible).

    C’est ce que voulait dire Steve Jobs quand il affirmait que « Sur le Web, la publicité détourne du contenu ».

    De même, le potentiel pédagogique des IPADs est énorme, mais malheureusement, ces outils ne sont pas utilisés pour apprendre mais pour jouer.

    C’est ce que veut dire Obama lorsqu’il déclare que « Avec les iPods, Ipads, Xbox et autres Playstations, l’information devient une distraction, un détournement, une forme d’amusement vain, plutôt qu’un outil qui ouvre des possibilités, qui permet une vraie émancipation. » (ce qui montre la différence de culture numérique entre les dirigeants américains et les dirigeants français, qui se cantonnent, au mieux, à la contemplation admirative des nouvelles technologies numériques – avec tendance extatique prononcée).

    Il faudrait aussi, très tôt, former les élèves aux dangers de la distraction numérique. Pour les petits, cet enseignement devrait être dispensé en cours d’instruction civique (numérique). Au niveau du lycée, tout élève devrait être initié, en cours de géographie ou d’économie, aux modèles de revenu de sociétés telles que Google, Apple ou Facebook.

    La politique éducative en matière de technologie numérique, au sens noble du terme, doit avoir pour but de réduire le décalage entre “la promesse” et l’utilisation réelle, moyenne, statistique, des technologies numériques (aujourd’hui, une vraie catastrophe).

  • TBI versus Vidéoprojecteur

    CyrilGibelin_TNIvsvideo_18011341Aujourd’hui il m’arrive d’entendre des critiques sur le TBI et son intérêt par rapport à un simple vidéoprojecteur. Alors le TBI est-il vraiment plus intéressant que le vidéoprojecteur ? Est-il vraiment plus cher ? Est-il plus facile d’utiliser un vidéoprojecteur ou un TBI ?

    Avec près de 50 TBI installés dans les classes de ma circonscription et environ autant de vidéoprojecteurs à disposition dans des classes ou écoles, à partir des observations que j’ai pu faire en classe, je vais essayer d’analyser les caractéristiques de chacun de ces matériels pour savoir si l’achat d’un TBI est superflu ou à privilégier.

    Les points communs :

    1. Une image de grande taille avec du contraste et des couleurs.
    2. C’est l’écran d’ordinateur qui est projeté, donc tout ce que l’on peut faire à l’ordinateur peut être vu par la classe. De ce fait, ces outils utilisés avec un ordinateur connecté à internet ouvrent la classe au multimédia et aux contenus disponibles sur internet.

    Les différences :

    La posture de l’enseignant

    – Avec le vidéoprojecteur : Bien souvent l’enseignant se retouve assis derrière son ordinateur, afin de pouvoir le manipuler, et explique de sa place, ce qui donne l’impression d’être devant un écran de TV avec une voix « off » qui commente ce qui apparait à l’écran. L’élève doit faire un choix entre regarder l’écran ou regarder celui qui lui parle. Si l’enseignant fait l’effort de se placer à l’écran, il doit sans arrêt faire des aller-retours avec le lieu où se trouve l’ordinateur pour continuer le déroulement de sa leçon, ce qui a pour conséquence de rompre le rythme de la séance et provoque ainsi les décrochages de certains élèves.

    – Avec le TBI : L’enseignant est au tableau, il annote, pilote son ordinateur sans être obligé de quitter le tableau.

    L’interactivité

    – Avec le vidéoprojecteur : L’interactivité du document dépend des logiciels que l’utilisateur va installer ou des sites internet que l’enseignant va trouver. À chaque fois que l’enseignant ou l’élève devra utiliser l’interactivité, il devra le faire depuis l’ordinateur. Dans les classes, j’ai très peu vu de collègues utiliser l’interactivité avec le vidéoprojecteur, l’utilisation prédominante est la visualisation de documents multimédias.

    – Avec le TBI : le logiciel livré avec le TBI est prévu pour l’interactivité, ainsi il est aisé de créer des cours dynamiques, de créer des exercices interactifs, autocorrectifs, autonomes et pouvant même aller jusqu’à l’évaluation.

    L’annotation

    – Avec le vidéoprojecteur : il n’y a pas de logiciel prévu, alors si on veut annoter un document il faut le faire dans un traitement de texte avec les contraintes de celui-ci, page limitée, insertion d’images et de cadres texte fastidieuse, capture d’images utilisant d’autres logiciels. Il est très difficile d’annoter un document trouvé sur internet, une image ou une image tirée d’une vidéo.

    – Avec le TBI : le logiciel livré avec permet l’annotation directe sur tout type de document par capture d’écran ou simplement en sélectionnant l’outil stylo. La page s’agrandit automatiquement, on peut zoomer / dé-zoomer facilement pour annoter avec aisance.

    L’écriture manuscrite

    – Avec le vidéoprojecteur : elle est impossible avec ordinateur muni d’un clavier et d’une souris.

    – Avec le TBI : c’est le point principal de la différence entre les deux outils, le TBI est fait pour être utilisé avec l’écriture du maître et des élèves. D’autre part, il est possible de transformer notre écriture manuscrite en écriture dactylographiée, et pour certaines marques de TBI comme HITACHI il est possible de reconnaitre automatiquement l’écriture dans tous les logiciels installés sur l’ordinateur ce qui rend l’enseignant totalement libre de son clavier et lui permet de tout faire au tableau.

    Les ressources

    – Avec le vidéoprojecteur : rien n’est livré avec, l’utilisateur doit chercher tout ce dont il a besoin.

    – Avec le TBI : le logiciel intégré donne accès à une banque de ressources directement utilisable depuis le logiciel ; d’autre part des fonctions disponibles dans le logiciel (Starboard d’Hitachi par exemple) permettent une recherche d’images en direct sur internet, il est aussi possible par simple clic sur un mot écrit d’en faire la recherche sur les moteurs inclus ou de choisir ses propres moteurs de recherches comme un dictionnaire en ligne ou un site qui répertorie des vidéos. L’accès à la ressource est facilité.

    Le confort visuel

    – Avec le vidéoprojecteur : tout dépend du matériel utilisé, bien souvent on est attiré par les vidéoprojecteurs premiers prix, mais ils imposent un éloignement important pour obtenir une image de grande taille. Cependant plus on s’éloigne de la surface de projection plus la luminosité diminue, de plus leur résolution est souvent bien faible, seulement de 800 x 600. Si le vidéoprojecteur n’est pas fixé au plafond, il se retrouve au milieu de la classe et des élèves, installation à proscrire absolument.

    Il y a d’une part un risque élevé d’accidents à cause des câbles, et d’autre part on aura surtout la présence d’un « point chaud » particulièrement génant et fatiguant pour les yeux, « point chaud » d’autant plus fort si la surface de projection est un tableau blanc brillant. Seule solution pour éviter tous ces désagréments utiliser un vidéoprojecteur Ultracourte focale (comme pour les TBI) et fixé au mur.

    – Avec le TBI : la surface de projection est adaptée pour le confort visuel, pas de « point chaud« , pas de fatigue visuelle, et si vous êtes bien conseillé, normalement, vous devez être équipé d’un vidéoprojecteur ultracourte focale, les seuls qui garantissent une ombre portée minimale.

    À la lumière de ces constations, je dirai que le vidéoprojecteur et le TBI n’ont pas du tout les mêmes objectifs, la vidéoprojecteur sera d’une utilisation très ponctuelle et limitée, alors que le TBI a le potentiel de remplacer avantageusement le tableau à craie ou blanc.

    Si l’on tient compte du confort visuel, les modèles à retenir pour le vidéoprojecteur seul ou pour le TBI sont des vidéoprojecteurs ultra-courte focale, donc le tarif de l’appareil de projection est le même environ 1000 € HT bras compris. Il faut rajouter le TBI proprement dit, le tableau interactif que l’on trouve à 700 € HT environ pour les moins chers. On peut même s’orienter vers des TBI portables qui s’adaptent à toutes les surfaces il en existe à 499 €HT tactiles et jusqu’à trois utilisateurs simultanés.

    Compte tenu des possibilités qu’offre le TBI par rapport au vidéoprojecteur seul, il paraît évident que la différence de prix en vaut réellement la peine pour la classe.

    Mon conseil : ne perdez pas de temps, choisissez la solution TBI, assurez-vous que votre animateur TICE pourra vous former (condition indispensable pour une utilisation pédagogiquement « efficace« ) et vous ne le regretterez pas.

    Plus d’infos :
    retrouvez l’article et l’auteur sur tice11.ac-montpellier.fr