Catégorie : RETOURS D’USAGES

  • Le numérique à l’Ecole, et si ce n’était qu’un support ?

    Cette envie d’y aller et d’y rester, c’est Susanna Deutsch et son équipe, par leur dynamisme et leur motivation, qui l’ont créée. Devenu collège numérique grâce aux investissements du Conseil Général du Val d’Oise, toute l’équipe utilise ces nouveaux outils de manière positive et convaincante pour proposer aux élèves et aux familles un environnement moderne et accueillant.

    Sur 33 enseignants, trois quarts d’entre eux utilisent le numérique de manière assidue, via l’ENT et la messagerie élèves-enseignants, en postant des ressources sur l’ENT ou encore via les usages du TNI dans toutes les matières (chaque classe du collège est équipée d’un TNI fixe). Et contrairement aux apparences, qui pourraient laisser penser que ces bons résultats peuvent être attribués à l’âge peu élevé des enseignants « parachutés » en banlieue, ce n’est pas la seule explication.

    « Le fait que nous soyons jeunes et dynamiques dans l’équipe implique que nous utilisions plus facilement ces outils, mais lorsqu’on regarde les plus anciens enseignants, qui ont pratiquement fait toutes leur carrière à Argenteuil, ils utilisent tout autant ces outils (…) La demande de passer au « collège numérique » a été clairement faite par tout le monde, indépendamment de l’âge de chacun », précise Sandrine Chedouteaud, référent numérique du collège.

    Témoignage : création de ressources numériques en histoire-géographie

    Pour exemple, François Wartelle, 61 ans, professeur d’histoire-géographie depuis plus de 20 ans dans l’établissement a adopté le numérique dès son arrivée.
    Il avoue ne pas pouvoir utiliser le numérique pour la totalité de son cours. « Le TNI est utilisé comme support de cours mais un contenu entièrement axé sur le numérique, cela reste exceptionnel », souligne notre enseignant.

    Néanmoins, il voit de nombreux avantages à l’utilisation du numérique ; entre autres, la possibilité à l’enseignant d’individualiser les corrections et à l’élève de revenir sur son travail.

    François Wartelle essaie, au maximum, de donner aux élèves des devoirs à réaliser sur outil numérique mais là encore, cela implique des changements dans son quotidien.  Il donne comme exemple un travail sur les espaces portuaires qui nécessite de la recherche documentaire, l’utilisation d’un logiciel «Paint» et le chargement d’images. Plusieurs problématiques viennent modifier son organisation.

    D’une part, un travail comme celui-ci exige de laisser du temps aux élèves pour le réaliser (environ 1 mois), ce qui signifie aussi qu’à chaque séquence de classe, les élèves peuvent poser des questions sur le travail en cours de réalisation.

    D’autre part, l’enseignant doit «former» ses élèves à faire de la recherche sur support numérique ou tout simplement à utiliser le logiciel dont ils ont besoin…
    Cet effort d’introduction du numérique dans sa pédagogie quotidienne, François Wartelle ne le regrette pas car il sait que le fait de demander aux élèves de produire des ressources peut être un facteur de valorisation de leur travail.

    Une ressource numérique originale : création d’un «Pinterest» pour le club de lecture du collège

    Une autre production de contenus, peu banale, attire notre attention : celle d’Anouck Marchais, professeur documentaliste qui nous présente l’utilisation de «Pinterest» avec ses élèves du club de lecture. Elle a récréé les étagères du CDI sur son «Pinterest» pour que les adhérents du club lecture puissent partager entre eux et avec les autres élèves du collège, voire sur internet, leurs «coup de cœur».

    Ils peuvent poster des images et surtout, ils doivent rédiger leurs commentaires sur les ouvrages choisis ; une manière de rendre ces élèves acteurs responsables de leur rédactionnel.

    Au delà des usages personnels de chacun dans sa classe, le numérique au collège Joliot-Curie se pense avant tout «collectif».

    Une toile solide, tissée par des collaborateurs actifs et engagés dans leur mission

    L’esprit d’équipe et la communication entre enseignants, y compris interdisciplinaires, sont, dans cet établissement, les facteurs de réussite de l’intégration du numérique.  Pour preuve, lors de l’interview d’Anouck Marchais, elle souligne l’entente entre collègues.

    « C’est un travail de collaboration avec les enseignants de discipline mais aussi avec l’infirmière- souvent, on ne parle pas assez des collaborateurs extérieurs qui ne sont pas des enseignants- pour proposer à nos élèves et aux familles, des ressources sélectionnées en amont par le collège ».

    Anouck Marchais effectue un travail pour ses élèves, comme nous l’avons évoqué précédemment avec « Pinterest », mais pas seulement ; elle aide aussi les enseignants à trouver des ressources, des idées de sortie…Pour elle, le numérique n’est qu’un support, « la communication est parfois le fruit du hasard ou le résultat d’un travail de veille, mais c’est aussi parce qu’il y a une communication directe entre nous que nous pouvons nous servir du numérique comme support ».

    La communication semble être le point fort de ce collège en zone sensible. En fait, le numérique est venu se greffer sur un travail d’équipe déjà bien ancré ; il vient compléter la dynamique, peut-être rendre les échanges plus fluides et plus rapides et, incontestablement, apporte une richesse de données et de contenus à disposition de toute une communauté éducative.

    Plus d’infos :
    Retrouvez Anouck Marchais et ses explications détaillées sur le Pinterest, dans la vidéo ci-contre
    Retrouvez le travail de François Wartelle sur les espaces portuaires « TNI & ENT supports des échanges autour de Travaux interactifs » ici

  • Des tablettes accueillies à bras ouverts par toute la communauté éducative

    Des tablettes accueillies à bras ouverts par toute la communauté éducative

    Dans ce projet, le Collège Desaix a fait l’acquisition de 44 tablettes réparties de la façon suivante : 25 pour les élèves, 13 pour les professeurs, 1 pour le CDI, 1 pour la direction et 4 de réserve.

    Les élèves de la classe de 4e1 du collège Desaix ont plutôt bien accueilli ce nouvel outil. On peut même dire qu’ils étaient pressés de l’avoir en main. Normal, vu que cette tablette leur est confiée pour la classe mais aussi pour la maison. Autant dire qu’elle risque de changer leur quotidien.

    Jean- Christophe et Lorie, délégués de classe, nous confient sérieusement : « il ne faut pas non plus être tout le temps sur la tablette, il faut savoir faire la part des choses (…) la tablette, c’est éducatif, même si on va se divertir un peu, c’est un outil essentiellement pour l’éducation, c’est un outil pédagogique différent« .

    Un objectif à vertus pédagogiques comme le souligne l’enseignant responsable du projet, Fabien Vergez (enseignant en histoire géographie et référent numérique du collège) « L’idée est que l’on ne doit pas être asservi à la technologie, c’est la technologie qui doit être utile à notre cours et on doit l’oublier et je pense qu’avec une tablette on en est pas très loin (…) ».

    La problématique récurrente de ces dernières années sur le poids des cartables revient sur le devant de la scène. La tablette numérique est vue ici comme une solution… Les élèves y croient en tout cas : « on a vraiment des journées chargées (…) quand on arrive le soir, on a mal au dos, comme si on était déjà vieux, mais en fait non, c’est le poids du manuel ! (…) La tablette va alléger notre cartable« , ajoutent Jean-Christophe et Lorie.

    Les parents d’élèves y croient eux aussi et abordent l’arrivée de ce nouvel outil avec beaucoup d’enthousiasme « Pour moi, c’est globalement positif« , souligne Yollande Pointecouteau, Déléguée FCPE  . Même si pour eux, quelques zones d’ombres subsistent, notamment en ce qui concerne les problèmes d’assurance liés au vol ou à la casse. « C’est sûr que tous les aspects pratiques ne sont pas réglés, mais ce n’est pas une raison pour refuser l’expérimentation et les choses se régleront au fur et à mesure en avançant (..)« , ajoute Sabine de Redon, Déléguée FCPE.

    En guise de conclusion, Michel Pélieu, Président du Conseil Général des Hautes-Pyrénées a rappelé à cette occasion la dimension «révolutionnaire des tablettes numériques. Nous sommes heureux que le Conseil Général des Hautes-Pyrénées soit partenaire de l’Etat pour cette première expérimentation. Je salue également les professeurs du collège Desaix qui se sont engagés fortement dans ce projet. Le Conseil Général poursuit sa volonté de moderniser les collèges avec la mise en place d’un Environnement Numérique de Travail au sein des établissements des Hautes-Pyrénées.
    Les tablettes numériques vont permettre d’optimiser cet investissement. Avec ce nouvel outil, je suis persuadé que dans quelques années, il n’y aura plus de cartables et de cahiers. Tout sera numérisé. La tablette numérique, c’est l’outil de demain
    ».

  • Le numérique, levier d’intégration sociale et de communication vers les familles


    Cette envie d’y aller et d’y rester, c’est Susanna Deutsch et son équipe, par leur dynamisme et leur motivation, qui l’ont créée. Devenu collège numérique grâce aux investissements du Conseil Général du Val d’Oise, toute l’équipe utilise ces nouveaux outils de manière positive et convaincante pour proposer aux élèves et aux familles un environnement moderne et accueillant.

    Au bord d’une cité sensible mais aussi d’une zone pavillonnaire, le collège accueille des enfants de milieux sociaux très différents. Afin de ne pas marginaliser les familles les plus en difficultés, Susanna et son équipe ont eu l’idée d’organiser, à l’occasion de l’inauguration du collège numérique, une soirée porte ouverte à destination des parents.

    Intéresser les familles à la vie de l’établissement

    Cette opération « collège numérique » a été entièrement financée par le Conseil Général du Val d’Oise et inclut notamment un TNI dans chaque classe et la mise à disposition de l’ENT Netcollège d’Itop éducation.

    L’objectif de cette soirée : intéresser les familles à la vie de l’établissement et leur expliquer les apports du numérique dans un contexte de classe mais aussi pour la maison. Cet événement a remporté un vif succès ; les parents ont pu voir fonctionner les TNI fraîchement installés et la démonstration de l’ENT dans une salle dédiée où du personnel ressources de l’établissement et de l’académie leur expliquait comment se connecter et comment s’en servir.

    De même, à chaque rentrée en 6ème, les parents sont invités à se réunir en soirée autour du professeur principal de leur enfant pour découvrir le TNI et les usages de l’ENT.

    Enfin, en début d’année scolaire, les familles sont invitées à compléter un formulaire où elles indiquent si elles possèdent un ordinateur à  la maison avec accès internet ; « majoritairement, les familles ont un ordinateur ; par contre, les connexions internet sont plus aléatoires car souvent liées aux situations économiques des familles », souligne la chef d’établissement.

    Une fois ces étapes passées, la réflexion se poursuit au sein de l’établissement pour maintenir la communication avec les familles, notamment via l’ENT.

    Le numérique, vecteur d’intégration sociale ?

    Au-delà du clivage « est-ce que les familles ont un ordinateur ou internet à la maison ? », d’autres paramètres sont à prendre en compte, notamment celle de la langue, comme nous l’explique Naïma :  « on ne parle pas assez de la barrière de la langue qui est réelle et très présente dans beaucoup de familles et qui est souvent perçue comme un désintéressement, mais c’est en fait une incapacité à utiliser l’outil ». Cette représentante de parents d’élèves nous parle de pudeur et même parfois de honte que certains parents peuvent ressentir à avouer qu’ils n’utilisent pas l’ordinateur et donc l’ENT, tout simplement parce qu’ils ne savent pas le faire.

    Pour tenter de ne pas laisser se creuser les écarts, l’établissement a mis en place des formations à destination des familles ; et encore une fois, tout a été pensé de manière à faire tomber les barrières : la formation est, dans un premier temps, dispensée à des représentants de parents, comme Naïma, qui deviennent des parents « ressources » qui seront en mesure d’accompagner, au travers d’un langage simple et accessible, les familles qui en éprouvent le besoin.

    En effet, une formation directement dispensée par des enseignants aux parents aurait été mal perçue et aurait certainement dissuadé certains d’entre eux, comme l’explique, Sandrine Chedouteaud, référent numérique de l’établissement.  « Je vais peut-être un peu loin en disant cela, mais les parents formés par des enseignants auraient l’impression d’être jugés ; c’est pourquoi une formation dispensée par des parents à des parents nous a paru plus appropriée au vu du contexte social ».

    Elle ajoute que les parents ont bien conscience de l’importance du numérique pour la réussite de leurs enfants mais ont, malgré cela, du mal à s’investir personnellement dans l’utilisation du numérique. « Pourtant, ils n’imaginent pas leur foyer sans outil informatique ». Dans cet investissement il pense uniquement à leurs enfants ; le manque de matériel à la maison serait perçu comme un décrochage social de la société actuelle. Leur implication personnelle est, à l’heure actuelle, très limitée. C’est pourquoi, au travers de ces formations, l’équipe du Collège Joliot-Curie espère leur faire comprendre que leur usage personnel et leur implication sont tout aussi importants pour le futur de leurs enfants.

    Des actions menées conjointement entre établissements et collectivités locales

    Ces efforts d’intégration sociale sont conjointement menés avec la collectivité ; la commune propose également des formations et groupes d’accompagnement au numérique, notamment au « cybercafé » de la maison de quartier. Il existe même un groupe spécifique de femmes, car, comme nous le précise Christophe Rousseau, Coordonnateur du Réseau de Réussite Scolaire (RRS)Joliot Curie « nous nous sommes aperçus que sur le quartier, ce sont les femmes qui pouvaient être porteuses de l’amélioration de l’investissement des parents au suivi de la scolarité en général comme aux usages du numérique ».

    Face à la problématique soulevée par Naïma dans son discours sur la barrière de la langue, Christophe Rousseau évoque les cours d’alphabétisation et d’apprentissage de la langue française, en complément des formations aux usages du numérique. Il précise :
    « Nous constatons, ici comme ailleurs, que dans l’accompagnement des familles non francophones, les actions doivent intégrer le renforcement des compétences langagières dans leur langue d’origine et dans le respect de l’échange interculturel. Ce travail de fond modifie le rapport aux institutions et à l’apprentissage de la langue écrite et/ou française.  Vecteur d’intégration, cela peut permettre d’aborder alors aussi l’outil numérique et ses usages ».

    Finalement, c’est grâce au numérique et à la volonté de le faire adopter par tous les parents, notamment au travers de l’ENT, que la communication s’est établie entre le collège et les familles. Il a permis, en outre, de s’attaquer de plus près aux problématiques linguistiques, dans une zone géographique socialement complexe.

    Un bel exemple encourageant sur ce que peut engendrer l’arrivée du numérique dans les établissements, et assez inhabituel des « classiques » écrits ou filmés sur ce sujet. On sort du champ des TICE dans l’enseignement et cet exemple, qui n’est peut-être pas le seul, démontre aussi tout l’intérêt d’une collectivité à investir dans le numérique à l’Ecole, qui n’a pas que des retombées dans les salles de classe.

  • La voie numérique pour des élèves différents

    La voie numérique pour des élèves différents

    0312201250bcb2c3e7206

    En retard par rapport à d’autres pays vis à vis de l’intégration des nouvelles technologies, la France souffre également d’un manque de mise en place cohérente de recherche scientifique de terrain et d’un système de pilotage capable d’évaluer le cheminement effectué et à venir.

    Toutefois, entre initiatives fortuites et ouvertures avancées d’enseignants sur le monde, il arrive que certaines chevillettes soient tirées au bonheur de ceux qui ne rentrent pas dans le cadre.
    Louise et Michael, sont deux de ces réfractaires au cadre pour qui le bénéfice d’une entrée ponctuelle et pensée par le numérique aura permis d’obtenir des résultats inattendus et prometteurs.

    L’histoire de Louise
    Louise a 4 ans. Après déjà un an de scolarisation les enseignants pointent lourdement du doigt les maigres difficultés de motricité fine de cette jeune élève. Effectivement la tenue du stylo ou des ciseaux n’est pas complément assurée, et le geste encore peu précis. Louise comprend, joue avec les mots et questionne toujours avec un brin d’humour. Ce qui, a 4 ans, est rare.

    Mais le fonctionnement traditionnel de classe obligeant la validation d’un travail de la compétence par un passage obligé à une motricité fine aboutie, bloque Louise. Nous assistons alors à un retranchement de cette élève dans un questionnement  légitime sur le sens des activités proposées. Le “pourquoi“ devient omniprésent. Et finalement le temps d’activité, de manipulation reste réduit.

    Le besoin de trouver un outil capable de décharger Louise de certaines contraintes momentanément afin de se centrer le travail sur la compétence visée sans autre surcharge cognitive  a amené l’équipe enseignante à se tourner vers les nouvelles technologies et plus particulièrement vers la tablette numérique.

    De manière simple un certain nombre d’activités du type manipulation de lettres, de sons, de chiffres, de repérage dans l’espace ont été proposés à Louise en complément des activités aux supports traditionnels. Le mode de fonctionnement est toujours identique à celui proposé à ses camarades. Déplacement d’objets, reconstitution de collections, de mots. La différence réside essentiellement dans le fait que l’outil permet à Louise de simplement faire glisser les éléments utilisés et non plus essayer de prendre maladroitement ces mêmes objets fin, très mobiles et éparpillés.

    L’équipe pensait initialement uniquement palier aux difficultés de motricité fine rencontrées afin d’aider Louise à effectuer de manière complète une activité proposée. Mais en définitive se sont ajoutées des bénéfices bien plus importants. A savoir, en premier lieu un nombre de manipulation 12 fois supérieur à ce qui était initialement effectué et un temps de concentration par conséquent allongé.

    Le regard des enseignants change et Louise s’affirme désormais en prenant alors avec beaucoup plus de motivation l’envie de réussir à manipuler les outils de la classe avec ses mains.

    L’histoire de Michael
    Michael a 8 ans. Après plusieurs années déjà de scolarisation il est étiqueté comme élève perturbateur qu’il faut “avoir à l’œil”. Il dérange la classe aux dires des enseignants et se met fréquemment en stratégie d’évitement de travail. Les apprentissages sont difficiles et représentent pour lui une source de grande frustration, particulièrement lors des passages à l’écrit. Les acquis sont fragiles et soumis à rude épreuve lorsqu’il s’agit de laisser une trace écrite personnelle définitive.

    Après avoir pointé pour un certain nombre d’enfants de la classe l’entrée dans l’écrit comme facteur central de difficultés, l’équipe a fait le choix d’utiliser l’outil informatique afin de permettre un encodage plus visuel des notions.  Associer les étapes de la démarche scientifique au support de la bande dessinée via le logiciel Comic Life devait autoriser une mise en perspective plus large en permettant aux élèves de mettre en valeur des concepts et de les articuler de façon dynamique.

    Grâce à ce support les élèves peuvent à tout moment ajouter, supprimer, ou mettre en valeur les étapes de la démarche loin des contraintes linéaires de l’écriture traditionnelle.

    Très rapidement l’équipe a pu observer des éléments de fonctionnement totalement imprévus initialement. En effet lors des deux premières séances, les élèves ont dû apprendre à utiliser ce nouvel outil et le temps d’interaction élève/enseignant a eu lieu massivement avec les élèves en réussite scolaire : Elèves ayant à cœur la réussite et demandant l’approbation de l’adulte pour chaque nouveau clic sur le logiciel.

    Les élèves en difficultés dont Michael ont donc œuvré à leur grand bonheur en totale autonomie et liberté. Ils ont été « laissés pour compte » malgré la volonté de l’équipe encadrante d’être attentive.

    En se faisant oublier, n’ont-ils rien fait ? Bien au contraire. Ils ont découvert un outil riche, et l’exploration de ces nouveaux champs de possibles les a mobilisés pleinement.  Moins de contraintes et plus de liberté ont amené la fin des perturbations.

    Lorsque les travaux ont été regardés plus attentivement, la richesse et la qualité de la mise en page choisie par Michael dépassait de bien loin celle de la moyenne de la classe. Un certain nombre d’options non présentés par les enseignants avaient été trouvées afin de mettre en exergue un mot ou un concept. Très rapidement Michael a émis la volonté de pouvoir utiliser cet outil afin d’encoder ou résumer certaines notions d’histoire ou de littérature. Le début des transferts arrivait, le début d’une appropriation des apprentissages.  Il a de même basculé dans un fonctionnement totalement autonome de l’outil sans utilisation de modèle de formats proposés.

    « Je veux commencer avec un modèle blanc ; sans rien » déclare fermement Michael prêt à se lancer.
    Là aussi surpris par les produits finis, le regard des enseignants porté sur l’élève a changé.  « Il est capable ». Michael le sent… L’agitation quotidienne se fait moins présente.

    A l’image de ces deux exemples, le cadre de travail restreint aujourd’hui proposé par l’école (un seul lieu, un seul temps, un seul système d’encodage) ferme la porte à trop d’élèves.

    S’il apparaît que le regard de l’adulte enseignant sur l’élève joue un rôle primordial dans ces deux exemples, il apparaît aussi nettement que les méthodologies de travail et les outils traditionnels proposés à nos élèves aujourd’hui sont loin de pouvoir les amener de manière équitable à exprimer et construire au plus haut de leurs possibilités.

    L’utilisation des TICE comme éléments de réponse dans ces deux classes et bien d’autres encore peut servir de levier pour associer plus efficacement les recherches de type action-formation au sein même de l’école et ce de façon systématique.  Donner la possibilité à chacun d’être réellement actif dans ses apprentissages passera par une ouverture sur un monde virtuel vécu par les élèves. Il s’agira alors d’une école ouvrant la porte a ceux qui vivent, perçoivent, projettent et PENSENT dans d’autres limites que celles du papier et du crayon.

    L’auteur de l’article a été respectivement conseiller pédagogique en France, sur la côte ouest des Etats Unis ainsi que directrice d’école en amérique du sud. Elle est actuellement directrice pédagogique au Lycée International de Los Angeles et travaille activement depuis 5 ans désormais pour une integration réfléchie des nouvelles technologies au sein de l’établissement.

  • La tablette tactile au service du handicap

    La tablette tactile au service du handicap

    26102012508a87f71e86c
    La tablette, comme pour chaque apparition de nouveaux outils, contribue à développer les usages du numérique. Dans un cadre scolaire, par sa mobilité, sa proximité par rapport à l’utilisateur et son mode de fonctionnement tactile, elle ouvre de nouvelles perspectives en offrant notamment la possibilité de prolonger le geste. Elle participe au mouvement vers la simplicité et facilite l’accès aux ressources grâce notamment à l’ergonomie du système d’exploitation. Elle offre également la possibilité de différencier plus aisément les activités et de prendre ainsi en considération les difficultés rencontrées par certains élèves. Les commentaires des professeurs engagés dans l’expérimentation et des inspecteurs témoignent des perspectives d’usage des tablettes.

    Les observations d’une année d’expérimentation caractérisée par une grande diversité des produits testés et des champs d’utilisation ont fait l’objet d’un rapport détaillé, enrichi par les actes du colloque Ecritech 3 consacré au sujet.

    Parmi ces projets, dans les Alpes-Maritimes, le Conseil général a souhaité cette année mettre l’accent sur une utilisation particulière des tablettes :les élèves en situation de handicap.

    Deux équipes pédagogiques ont souhaité s’y consacrer : le collège Paul Langevin de Carros avec une division Ulis et le collège Port Lympia de Nice avec une classe de collégiens déficients visuels. Ces deux projets seront complémentaires car ils travaillent selon deux axes : d’un coté, la classe mobile, de l’autre côté, le cartable numérique.

    C’est donc tout naturellement que les projets ont été soumis à la candidature du 4ème Trophée des Actions Éducatives organisés dans le cadre du Salon Educatec-Educatice qui se tiendra du 21 au 23 novembre prochain.

    Les projets
    Le collège Port Lympia de Nice mène une expérimentation en faveur des élèves aveugles et déficients visuels. La classe de cinquième concernée regroupe à la fois des élèves déficients visuels et des élèves voyants ( 22 élèves, dont 7 mal voyants et six enseignants). 30 Apple Ipad 2 ont été déployés, soit un budget de 20 000 €.

    Grâce à l’application Voice Over, native sur les tablettes Apple, l’élève pilote sa tablette tactile, par l’intermédiaire de son interface Braille.

    L’objectif des enseignants du collège Port Lympia de Nice, qui œuvrent en faveur des élèves déficients visuels  depuis plusieurs années, est d’utiliser un même matériel pour tous les élèves qui composent la classe : voyants et mal voyants.
    Les élèves non-voyants, habitués à la technologie, essaient de gommer en partie leurs différences. L’objectif principal est basé sur l’entraide qu’engendre l’introduction de ce nouvel outil.

    Le second établissement, le collège Paul Langevin de Carros, conduit une autre expérimentation « tablettes tactiles » avec des élèves handicapés moteurs et mentaux.

    Tous les élèves des deux classes d’Ulis (unités localisées pour l’inclusion scolaire) sont concernés par ce projet (20 élèves et leurs enseignants respectifs).  Des applications ont été déployées pour chaque élève, et utilisées en fonction du degré et de la nature de son handicap (22 Apple Ipad 2, soit un budget de 14 000 €).

    Grâce à cette expérimentation, les élèves handicapés des divisions ULIS du collège pourront améliorer leur « estime de soi » et renforcer leur autonomie. Leur travail est valorisé par la présence de la tablette comme objet didactique individuel.

    L’objectif global de ces expérimentations est de mesurer la plus-value pédagogique de la tablette tactile au service des élèves handicapés.

    Plus d’infos :
    Une présentation filmée des projets peut être visionnée sur le serveur Acamédia

    Le dossier de candidature déposé par le Conseil Général des Alpes Maritimes
    Le dossier Tablettes Numériques sur le site de la MATICE, présente la totalité des projets en expérimentation sur l’Académie de Nice, en particulier le projet mené dans le département du Var, au collège Gustave Roux de Hyères, autour des enfants hospitalisés à Pomponiana.

     

  • Le leadership en éducation : participatif et collaboratif ?

    Le premier sujet porte sur le comportement de l’élève au travers du Mobile Learning (apprentissage mobile), sans se limiter à l’environnement scolaire ; le deuxième présente le concept de « BYOD » ou « AVAN » en français qui signifie « apporter votre appareil numérique » et qui suppose de tirer profit de l’usage quotidien du numérique par une utilisation intelligente à l’école. En troisième point, il est question de la formation des enseignants à qui sont offerts ces nouveaux outils ; enfin, les questions de « leadership » et de décideurs sont abordées en guise de conclusion.

    Pour réussir le virage numérique des écoles, personne ne niera l’importance du leadership assumé par les dirigeants, qu’ils soient directeurs ou politiciens. Il faut se rendre à l’évidence, toutefois, que les meneurs sont trop peu nombreux pour la nature herculéenne de la tâche. À l’échelle nationale, l’audace de Julia Gillard, première ministre d’Australie, est rarissime. Les révolutions, heureusement, créent leurs propres leaders.

    En démocratisant les moyens de publication, les nouvelles technologies de la communication ont aussi diffusé le pouvoir. Ipso facto, l’influence, les hiérarchies et le leadership se sont disséminés. L’influence se joue désormais dans la mémétique des réseaux, la hiérarchie des hyperliens se moque des institutions, tandis que le leadership est assumé par les créateurs, les innovateurs et les acteurs bien avant les décideurs. Dans ce changement paradigmatique mu par le numérique, le leadership n’est plus pyramidal, mais rhizomatique et réticulaire.

    Avec l’avènement des réseaux, le leadership est distribué. Parfois même, il est partagé, car la collaboration permet de prendre des risques que l’individu seul ne saurait prendre. Celui qui veut changer les choses ne ciblera pas les gens, mais l’environnement dans lequel ils évoluent, de sorte qu’ils puissent changer eux-mêmes.

    Le leadership en éducation n’est plus seulement assumé par les éducateurs. Des visionnaires en nouvelles technologies ont transformé l’éducation sans préméditation pour autant. Je pense notamment à Vincent Cert (Internet) et Tim Berners-Lee (Web), Steve Jobs (Apple), Jimmy Wales (Wikipédia), Sergey Brin et Larry Page (Google), Chad Hurley et Steve Chen (YouTube), et j’en passe. Sans pour autant dénigrer les théoriciens de l’éducation, lequel d’entre eux a plus transformé l’apprentissage cette dernière décennie que Google ?

    Les jeunes sont conscients du pouvoir que leur confèrent les TIC et les réseaux. On voit bien qu’ils forcent les enseignants et les institutions au changement. Les jeunes ne sont pas seuls, évidemment. Plusieurs professionnels de l’éducation, dont des directions d’école, sont aux commandes et ne craignent pas d’innover. Le maillage des élèves, des enseignants, des gestionnaires, des chercheurs, des autres professionnels de l’éducation, voire de certains politiciens, parents et journalistes illustre bien la dissémination de l’autorité à laquelle nous faisions allusion plus tôt.

    Nous assistons ainsi à l’émergence d’une structure informelle de gestion participative en réseau que l’on pourrait qualifier de cogestion collective. Du coup, le partage du contrôle devient une évidence.

    Cette cogestion collective est bien soulignée par des auteurs tels l’américain Will Richardson (« Why school ?« ) et le canadien Michael Fullan (« All Systems Go« ). À cette cogestion, Fullan ajoute l’engagement personnel des gens en autorité, tel qu’un chef d’État, des cibles prioritaires judicieusement établies et, à la base (dans une école, en particulier), d’un engagement de tous. Il nous rappelle, fort heureusement, que le succès engendre le succès. Devant une certaine urgence de transformer le monde de l’éducation, on ne peut qu’être encouragé par de tels propos. En fin de compte, ce n’est une gestion des ressources humaines comme une gestion humaine des ressources qui saura susciter un engagement des acteurs et de leurs partenaires, pour le bénéfice direct des apprenants. La mesure de l’innovation doit incontournablement se faire en termes de leurs succès, i.e. la qualité de leur apprentissage.

    Au regard de la sclérose que manifestent certaines institutions, il n’y a pas de leadership sans audace, ni délinquance. La culture libérale qui prévaut le plus souvent dans les écoles canadiennes a assez bien servi les innovateurs et l’expérimentation pédagogique en matière de TICE. Puisque l’union fait la force, le maillage de tous ces explorateurs confère à cette communauté éparse un rayonnement qui permet non seulement de résister aux détracteurs, mais d’assumer la direction des changements à venir. Ludovia bâtit en France les mêmes leviers.

  • Tablettes ou manuels papier aux Etats-Unis : ça coince ?

    Tablettes ou manuels papier aux Etats-Unis : ça coince ?

    121020125077e71412375
    La tablette comme moyen de faire des économies dans l’éducation ?

    Selon la FCC (Federal Communication Commission), il est dépensé 7 milliards de dollars aux Etats-Unis chaque année pour les manuels scolaires papier qui deviennent désuets au bout de 7 à 10 ans. Les membres de la commission cherchent à démontrer qu’équiper les écoles en tablettes, permettrait d’économiser de l’argent. Et ils argumentent par une addition mathématique. Ils estiment que la tablette qui coûte aujourd’hui environ 250$ devrait voir son prix baisser à 150$, partant du principe que les achats se feraient en nombre et que les prix des logiciels vont baisser du fait des avancées technologiques.

    Sur ces paramètres, ils estiment que sur 49 millions d’enfants scolarisés dans les écoles publiques des Etats-Unis, l’achat de tablettes reviendrait à un coût total de 3 milliards de dollars, soit moitié moins que l’achat des manuels scolaires papier.

    Les dépenses cachées de la tablette à l’école

    Selon l’article, à la fin de l’année dernière, la ville de New York a interdit l’utilisation du WIFI des écoles pour les iPads et autres appareils mobiles ; l’utilisation de tous ces gadgets iPhone, iPod touch, iPad et autres smartphones aurait fait saturer les serveurs du département informatique ! Pourtant, la ville de New York a investi 1 million de dollars au début de l’année 2012 pour doter les enseignants d’iPads. Il semblerait qu’elle n’ait pas anticipé sur les besoins en infrastructures réseaux et autres technologies qui doivent accompagner cet investissement.

    Et c’est là-dessus que l’auteur veut attirer notre attention. Il ne suffit pas d’investir dans les outils mais penser à toute l’infrastructure à mettre en place autour et à son coût.

    Outre ces constats, les éducateurs américains restent pourtant persuadés des atouts de la tablette en classe. « Dans un monde où le quotidien nous impose un rythme soutenu, l’apprentissage moderne doit passer par les tablettes avec les manuels scolaires en ligne qui offrent aux enseignants des outils interactifs et répondent aux exigences de nos enfants de la génération hyper-connectée« .

    Mais l’auteur s’interroge, y a t-il des études scientifiques qui prouvent que les tablettes améliorent le travail en classe et les résultats des élèves. Elle évoque quelques exemples d’études réalisées et les résultats sont « mi-figue, mi-raisin« .

    Les tablettes améliorent-elles vraiment l’apprentissage ?

    Elle évoque d’abord une école en Californie. Dans cette classe, des élèves ont fait des exercices d’algèbre avec, comme support, le manuel papier et d’autres avec les iPads. Ceux qui ont utilisé les tablettes ont obtenu de meilleurs résultats (20% de mieux que les autres) sur les tests réalisés. Apparemment les élèves utilisant l’iPad étaient « plus motivés, plus attentifs, plus concentrés » que ceux qui avaient les manuels papier.

    Ce programme pilote lancé dans certaines écoles de Californie, révèle que ce n’est pas le contenu mais l’outil utilisé pour faire l’apprentissage de ce contenu qui compte. C’est en tout cas ce que prouvent les tests réalisés avec les iPads, comme celui évoqué précedemment.

    A contrario, un petit groupe de chercheurs (et ils sont de plus en plus nombreux) mettent en évidence que l’on retient mieux ce qu’on a lu sur un livre que sur un écran, ce qui repose la question de l’utilisation de la tablette dans un contexte de classe. « The crucial difference between knowing et remembering« .

    Kate Garland, Maître de Conférences en psychologie à l’Université de Leicester en Angleterre, a mené une recherche sur les effets de l’e-book sur la mémoire. Il semblerait que les personnes qui lisent sur e-book doivent relire le même passage plusieurs fois avant de le retenir comparativement à ceux qui le lisent sur un livre traditionnel…

    Pour terminer, l’article évoque la panoplie d’applications existantes pour les tablettes dans lesquelles l’enseignant a du mal à se retrouver ; ou encore les usages positifs reconnus de la tablette pour des publics spécifiques tels que les enfants autistes, les enfants avec des problèmes de langage ou encore les enfants ayant des problèmes familiaux ; dans ce cas, la tablette permettrait de réduire leur stress.

    La tablette à l’école, c’est inévitable ?

    L’auteur de l’article conclut ainsi, la tablette à l’école, c’est inévitable ?
    Qu’elle vienne du foyer de l’enfant pour les milieux sociaux qui peuvent se le permettre ou qu’elle rentre à l’école par la voie normale des établissements qui feront « le grand plongeon », le monde est à l’outil mobile, tablette ou autre, et personne ne pourra y échapper.
    Un rapport de MC Kinsey et GSMA (organisme qui représente les intérêts des opérateurs mobiles à travers le monde) prévoit que le marché du mobile-learning pèsera près de 70 milliards de dollars dans le monde à l’échelle de 2020.

    Pour ce qui est des classes, Margaret Rock ne manque pas de rappeler qu’il ne faut pas oublier d’autres composantes qui entrent dans la balance lorsque la tablette arrive dans les écoles, à savoir les infrastructures réseaux, les outils pédagogiques, les ressources et la sécurité internet.

    Plus d’infos :
    Retrouvez l’article de Margaret Rock en version originale sur www.mobiledia.com
    L’article en VO sur les constats sur la mémoire par l’utilisation d’un e-book ou d’un livre papier, ici.
    L’article en VO sur l’expérience californienne sur les exercices d’algèbre, ici

     

  • Le perfectionnement professionnel revu et corrigé


    Le premier sujet porte sur le comportement de l’élève au travers du Mobile Learning (apprentissage mobile), sans se limiter à l’environnement scolaire ; le deuxième présente le concept de « BYOD » ou « AVAN » en français qui signifie « apporter votre appareil numérique » et qui suppose de tirer profit de l’usage quotidien du numérique par une utilisation intelligente à l’école. En troisième point, il est question de la formation des enseignants à qui sont offerts ces nouveaux outils ; enfin, les questions de « leadership » et de décideurs sont abordées en guise de conclusion.

    Entamer la profession d’enseignant est le début d’une aventure professionnelle et non la fin d’un parcours de formation. Que ce soit sur des questions de pédagogie, de didactique ou de l’intégration judicieuse des TICE, chaque professionnel de l’éducation est interpelé à s’engager dans un processus de formation continue, car le métier, rappelons-le encore, reste en transformation constante, voire accélérée en ces années de développements technologiques importants. La formation professionnelle, somme toute, est affaire d’apprentissage. Il n’y alors aucune raison pour que les enseignants ne bénéficient des mêmes avantages liés aux technologies numériques qui contribuent tant à l’apprentissage chez les élèves.

    La vitesse phénoménale du changement concernant les technologies de l’information et de la communication a une double implication pour les enseignants. D’abord, ils s’avèrent de formidables moyens d’apprentissage sur le plan de la formation professionnelle; mais surtout, ils constituent des outils dont les affordances sur le plan de la créativité et de la coopération donnent lieu à des méthodes pédagogiques qui étaient impensables avant l’avènement des TICE. Abstraction faite du connectivisme, qui est une théorie de l’apprentissage, des phénomènes tels que l’apprentissage en ligne (e-learning), l’apprentissage nomade (m-learning), l’apprentissage bimodal (blended learning), l’apprentissage adaptatif (adaptive learning), l’instruction inversée (flipped classroom), le microlearning, les environnements d’apprentissage personnalisés, et les MOOCs permettent déjà de nouvelles applications pédagogiques malgré que nous soyons seulement à l’aube des TICE.

    L’enseignement est la seule profession dont la formation commence dès la maternelle. Dans le changement paradigmatique qu’entraînent les TICE, par conséquent, l’enseignant doit procéder à certains désapprentissages ou, du moins, à remettre en question des pratiques établies. En ces temps de changement, ce n’est pas seulement de formation dont nous avons besoin, mais de déformation.

    La formation professionnelle, si elle doit suivre le rythme de l’évolution, repose sur les réseaux électroniques. En outre, la formation aux réseaux passe indubitablement par lesdits réseaux. Aussi observe-t-on une fracture du second degré : la formation en réseaux n’est pas seulement une question de technicité informatique; c’est beaucoup une affaire de culture numérique.

    En plus de donner accès à l’information en tout temps et en tous lieux, ce qui en soi constitue une révolution, la plasticité numérique confère à l’utilisateur le façonnage de ses outils. Les environnements d’apprentissages personnalisés, puis les réseaux d’apprentissages personnalisés, permettent à quiconque d’être l’agent de son changement, agissant non seulement sur le contenu, mais sur le média, de sorte que ce dernier, comme l’avait entrevu McLuhan, s’avère le corps du message.

    Traditionnellement, la formation des enseignants se fait par le biais de l’oral et de l’imprimé (bien souvent dans des moments structurés et formalisés), tandis que les jeunes apprennent à la vitesse des réseaux. Au Canada du moins, elle mise principalement sur la formation en présence, alors que les conseillers pédagogiques ou les directions d’établissement donnent une formation sur un point précis à l’ensemble de l’équipe enseignante réunie. Cette façon très occasionnelle de former l’ensemble du corps enseignant ne suffit plus à l’énormité des besoins de formation.

    Voilà pourquoi des efforts sont faits pour varier l’offre de formation professionnelle afin de répondre non seulement à la diversité de la clientèle, mais à la panoplie des nouveaux moyens. À la formation en présentiel, dont plusieurs dépendent, des efforts sont faits pour initier les enseignants à la formation en ligne, puis à la formation en réseaux, plus informelle et en temps réel. La tendance révèle manifestement un effort pour libérer les enseignants de leur dépendance à la formation institutionnalisée, vers une autonomie d’apprentissage. Sans cette autonomie de formation, nous, les auteurs de ce texte, ne serions probablement jamais passés de la classe au ministère de l’Éducation.

    Le bénéfice est double. D’une part, on libère l’institution d’une très grande part du fardeau de la formation, laquelle de toute façon ne suffit plus à la demande. D’autre part, on transforme les enseignants de demandeurs de formation qu’ils étaient, en formateurs actifs au sein des réseaux.

    La complémentarité des stratégies de formation, fussent-elles en présentiel, à distance ou en réseaux, assure une relative harmonisation et mutualisation des besoins institutionnels et personnels. En ajoutant les élèves à l’équation, on augmentera encore la synergie de formation.

    Jamais l’expression « enseignant en tant qu’apprenant », interpelante et porteuse de potentiel, n’aura eu autant de sens pour une profession appelée à se transformer.

  • Quels usages des Tice en EPS ?

    Quels usages des Tice en EPS ?

    081020125072d926287cc

    L’Education Physique et Sportive est une discipline qui permet de connaître les élèves sous un autre éclairage qu’en classe. Peut-on alors évaluer les élèves de la même manière en EPS que dans les autres disciplines, s’est demandé Bernard Dancoisne. Une des particularités de l’EPS consiste en ce qu’elle autorise à interroger davantage sur le savoir-faire que sur le savoir. Le contrôle des connaissances traditionnel n’a pas autant de sens en EPS car la discipline est basée sur la motricité.

    Un premier pas dans l’introduction des Tice en EPS peut être le travail sur l’évaluation des élèves par d’autres élèves. Néanmoins il faut garder à l’esprit que les Tice peuvent être utilisées en EPS dans la mesure où tous les élèves participent, que tous fassent les exercices. À titre d’exemple, en gymnastique, les élèves réalisent des enchaînements et se font noter par leurs camarades qui disposent de boîtiers de réponse eInstruction CPS Pulse. Les boîtiers sont utilisés pour évaluer des pratiques. Un élève fait un exercice et il est noté par ses camarades. Ensuite, le professeur établit une comparaison entre la moyenne des notes récoltées et les notes aux écarts, pour en discuter.

    Il s’agit d’amener les élèves à réaliser un arbitrage immédiat en temps compté. Le moment où les élèves notent ceux qui passent correspond dans le cadre de l’exercice à un temps de repos. On peut aussi faire travailler les élèves par groupes sur différentes activités : trois qui notent sur tel exercice pendant que l’un passe et ainsi de suite sur différents ateliers. On demande alors aux élèves de prendre une décision face à une action faite, avec une mise en situation réelle et pression temporelle. Il s’agit avec ce type de séquence à la fois d’apprendre à évaluer une action et à se familiariser les élèves avec les boîtiers etc.

    Les Tice peuvent aussi être utilisées dans le cadre de l’UNSS, lors de la formation des jeunes officiels, par exemple. L’UNSS est une association dans laquelle les élèves découvrent un sport, soit en le pratiquant, soit en souhaitant devenir jeunes organisateurs ou jeunes organisateurs. Jeune organisateur est un label officiel comme jeune arbitre…. etc

    Ainsi il s’agit de développer à la fois des connaissances, des compétences et des attitudes. Et cela passe par le biais de rôles sociaux moteurs : arbitres, chronométreurs, observateurs. Ici l’utilisation des Tice peut amener les élèves en difficulté scolaire à mettre en valeur leurs compétences de terrain. En effet, il existe habituellement pour être validé jeune officiel des questionnaires passés par écrit qui contrôlent les connaissances dans le sport concerné. En dehors du fait de mobiliser des enseignants, ces questionnaires ont tendance à reproduire le système scolaire en ce qu’ils ne tiennent pas compte des difficultés de lecture ou de rédaction de certains élèves qui sont efficaces sur le terrain.

    Pour les enseignants qui organisent les championnats de France, les boîtiers de réponse présentent un avantage certain parce qu’ils permettent une correction automatique et que les résultats sont immédiats.

    L’UNSS devrait permettre de donner une chance à chacun. Ainsi Bernard Dancoisne souhaite pour cela remplacer les questionnaires par des vidéos et faire passer les questions avec des boîtiers de réponse. Il faut dans un premier temps réaliser les vidéos et ensuite adapter les questionnaires, afin de se rapprocher le plus possible de la situation réelle d’arbitrage : une  prise d’informations à partir d’une vidéo, suivie d’une prise de décision en appuyant sur le boîtier de réponse au lieu d’utiliser le sifflet.

    Les boîtiers de réponse offrent, comme les tableaux blancs interactifs depuis quelques temps déjà, une technologie facile à utiliser qui permet d’appréhender différemment les élèves et de les impliquer d’une autre manière dans le développement de leur cours. Il existe plusieurs utilisations possibles des boîtiers, en Course d’Orientation (voir article ci-contre à droite sur ce sujet), pour que les élèves s’évaluent entre eux, dans le cadre d’une formation spécifique (arbitres etc), qui peuvent être des alternatives aux méthodes d’évaluation traditionnelles.

    Plus d’information :
    sur le logiciel www.getmyflow.com et sur les boîtiers www.einstruction.fr