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  • L’utilisation de Twitter pour développer l’envie et le plaisir d’écrire

    L’utilisation de Twitter pour développer l’envie et le plaisir d’écrire

    L’équipe de Ludomag a le plaisir de vous présenter, en vidéo et au travers d’un court résumé en quelques lignes, plusieurs intervenants du colloque écriTech’7 qui s’est déroulé à Nice les 18 et 19 mai 2016.

    Guillaume Bourgin est enseignant à l’école Paul Langevin à Vallauris près de Cannes et utilise Twitter dans sa classe depuis trois ans à différents niveaux. Il nous explique comment…

    « J’étais moi-même utilisateur du réseau social Twitter et je voyais passer beaucoup de Twitts concernant des Twittclasses ».

    Guillaume Bourgin a suivi cela avec attention pendant toute une année et beaucoup échangé avec des enseignants qui pratiquaient Twitter en classe.
    Il s’est ensuite lancé dans l’aventure Twitter en classe à l’occasion d’une classe de mer avec ses élèves, « pour pouvoir communiquer avec les parents ».

    Devant l’enthousiasme des parents, des enfants et le mien, nous avons décidé de poursuivre et de développer l’usage qu’on en avait au départ.

    Aujourd’hui, Twitter est devenu un outil du quotidien en classe, car comme le souligne Guillaume Bourgin, « c’est un outil qui est assez souple et qui s’adapte facilement au rythme de la classe ».

    J’ai retrouvé à chaque fois, une grande motivation des enfants à écrire et à transmettre leur message et à partager ce qu’ils avaient à dire.

    Découvrez tous les avantages que décrit Guillaume en termes pédagogiques en primaire dans la vidéo ci-contre.

    Toutes les interviews et articles réalisés sur écriTech’7 sont à découvrir ici.

  • La linguistique numérique avec Carole Lipsyc

    La linguistique numérique avec Carole Lipsyc

    [callout]Carole Lipsyc, auteur pionnière dans le transmedia, chercheur et entrepreneur, est venu nous présenter la notion de « linguistique numérique ».[/callout]

    « Le numérique bouleverse la logique de l’adaptation ; on a des œuvres qui peuvent vivre sur tous les médias et on a pas d’œuvres premières ».

    Ce que défend Carole Lipsyc, c’est de dire que lorqu’ on veut construire des projets éditoriaux dans le temps et dans un espace qui nous appartient, il y a peut-être des règles, ce qu’elle appelle une « grammaire ».

    Comme pour le langage, pour la médiatisation, il y a aussi des grammaires.

    Découvrir l’intégralité du propos de Carole Lipsyc dans la vidéo ci-contre.

    Toutes les interviews et articles réalisés sur écriTech’7 sont à découvrir ici.

  • Nos rapports aux technologies et au numérique par Stéphane Vial

    Nos rapports aux technologies et au numérique par Stéphane Vial

    [callout]Stéphane Vial, maître de conférence en design et médias numériques à l’université de Nîmes, a eu la chance de présenter la conférence inaugurale sur le sujet de cette 7ème édition à savoir : « Le numérique : pratiques d’écritures nouvelles et plurielles ».[/callout]

    Stéphane Vial a démarré sa conférence en montrant que nous avons toujours été conditionnés dans notre rapport aux êtres et aux choses, par des techniques, comme l’arrivée de l’électricité ou la machine à vapeur, parmi d’autres exemples.

    « Je compare ces différentes périodes avec l’époque actuelle pour montrer que ce n’est pas nouveau de subir un grand changement perceptif dans notre rapport au monde du fait de l’arrivée de nouvelles technologies ».

    Et je montre que l’arrivée du numérique s’inscrit dans une dynamique qui la précède et qu’elle vient renouveler, en apportant des perceptions inédites avec les écrans, l’interactivité etc, ajoute Stéphane Vial.

    Découvrir l’intégralité du propos de Stéphane Vial dans la vidéo ci-contre.

    Toutes les interviews et articles réalisés sur écriTech’7 sont à découvrir ici.

  • ÉcriTech’7. Le numérique : pratiques d’écritures nouvelles et plurielles

    ÉcriTech’7. Le numérique : pratiques d’écritures nouvelles et plurielles


    Entre confiance en l’avenir et volontarisme éducatif, les professionnels de l’éducation ont très tôt fait le choix de ne pas opposer numérique et pensée, écrans et savoirs, pour explorer leurs complémentarités, expérimenter les outils au service de la transmission, utiliser de nouvelles formes au service d’une pédagogie motivante et efficace.

    Écritech 6 a souhaité engager la réflexion collective sur la question épineuse et cruciale des effets du numérique sur la construction du sujet, dans son rapport à lui, au monde et aux autres. Si nombre de questions restent sans réponse, du fait même du peu de distance que nous avons, au niveau temporel mais aussi au niveau paradigmatique, il est très nettement apparu que les besoins du sujet, c’est-à-dire de tout individu derrière l’élève, demeurent inchangés.

    L’individu, encore plus lorsqu’il est en construction, a besoin d’être en empathie, de générer  et d’éprouver de l’empathie, d’être assuré pour prendre des risques, d’être autorisé à la créativité. Être avec les autres est la voie pour être soi, former et travailler en communauté est la voie pour résoudre un problème…

    Bref, là où l’on pouvait penser l’écran comme obstacle à l’humanité, il est apparu que l’écran dit l’humanité, et le besoin d’humanité. Tout cela se lit dans les pratiques privées et continues de production, de publication et de diffusion des jeunes.

    Et l’on s’aperçoit que là où l’on pouvait craindre la disparition de l’écrit par la dévoration de l’écran, s’impose le fait que l’écran, les écrans, sont écrits, sont supports de productions écrites, appellent de l’écrit voire le font sourdre.

    Écritech 6 concluait en appelant à développer l’au-delà de l’écran.

    Écritech 7 s’interrogera pour savoir si cet au-delà de l’écran n’est pas l’écrit, les écrits, anciens et nouveaux, hérités et à naître, nécessaires ou jubilatoires, codés ou répondant au besoin ontologique du récit.

    En écoutant et en interrogeant experts et praticiens, Écritech 7 explorera ce que le numérique et les écrans changent à l’écrit, puis se penchera sur l’enseignement de l’écriture avec le numérique / de l’écriture numérique pour enfin questionner ce qu’est écrire le monde et s’engager dans le monde à l’ère du numérique.

    ÉcriTech’7 se déroulera les 18 et 19 mai 2016 sur le campus de l’Université de Nice Sophia-Antipolis au Pôle universitaire Saint Jean d’Angély.

    Un évènement couvert par ludomag.com que nous vous invitons à suivre sur notre home page avec une série d’interviews.

    Tout le programme ici.

  • La pédagogie inversée et le numérique : comment en arriver là ?

    La pédagogie inversée et le numérique : comment en arriver là ?

    L’académie de Montpellier a organisé jeudi 7 avril 2016 son troisième séminaire académique sur le numérique éducatif à CANOPÉ Montpellier. Un certain nombre d’ateliers, retours d’usages et nouveautés, ont été présentés à cette occasion. Frédéric Davignon nous a fait l’exposé de comment il en est arrivé à utiliser une méthode de classe inversée avec ses élèves de seconde, pour les remotiver d’une part et pour qu’ils apprennent, d’autre part.

    La classe inversée : un outil à la disposition des enseignants pour remotiver les élèves et favoriser la persévérance scolaire ainsi qu’un vecteur d’intégration du numérique dans l’enseignement et de son utilisation par les élèves.

    Cette approche alternative permet aussi une réorganisation des moments d’apprentissage et permet de mieux accompagner les élèves.

    Qu’est-ce que la classe inversée ? Comment créer une séquence en intégrant le principe de classe inversée ? Y a-t-il une classe inversée ou plusieurs voies ? Illustration en vidéo avec Frédéric Davignon en anglais.

    Suivre aussi Frédéric sur Twitter sur @freddav

  • Les Serious Games, plaisir de jeu et/ou plaisir d’apprendre ?

    Les Serious Games, plaisir de jeu et/ou plaisir d’apprendre ?

    Les Serious Games ou Jeux Sérieux, sont un support pédagogique qui tente d’associer plaisir de jeu et plaisir d’apprendre. Encore relativement expérimentale, cette approche nécessite un réel investissement de la part des enseignants pour identifier des jeux à potentiel pédagogique, ainsi que pour les adapter à leur classe.

    Damien Djaouti a tout d’abord fait découvrir les avantages et les limites des Serious Games pour l’enseignement, à grand renfort d’exemples. Puis il a abordé des questions plus pratiques à savoir « où trouver des Serious Games » ? « Comment sélectionner un jeu adapté à ses élèves » ? « Comment le mettre en œuvre dans sa classe » ?

    Retrouvez une synthèse de l’atelier dans la vidéo ci-contre.

  • Au cœur des pratiques numériques des jeunes dans le cadre de la Vie Lycéenne

    Au cœur des pratiques numériques des jeunes dans le cadre de la Vie Lycéenne

    [callout]Des jeunes élus lycéens faisaient la démonstration de leurs pratiques très actives sur le net : blog, pages Facebook et vidéos sur Youtube ! Souvent une meilleure manière de faire passer les informations que par les canaux classiques…[/callout]

    Témoignages de Valérie Descours, chargée de mission à la délégation académique et à la vie lycéenne et collégienne du rectorat de Montpellier ; de Tom Belhomme, élu CVL au lycée Jules Raimu de Nîmes qui a notamment aidé à la création de « Raimu fait son blog » et qui a fait également des vidéos ; de Nicolas Cohen, alias Nico’s Diesel, vice-président au CVL du lycée Joliot Curie de Sète.

     

  • Les Rencontres de l’Orme 2.16 les 8 et 9 Juin 2016

    Les Rencontres de l’Orme 2.16 les 8 et 9 Juin 2016

    [callout]Thématique 2016 :
    Innover pour éduquer, éduquer dans un monde qui innove ?[/callout]

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    L’accélération des cycles d’innovation que connaît la société exerce une tension qui réinterroge les valeurs fondamentales de la République. Dans ce contexte, comment, la communauté éducative peut-elle s’emparer du numérique éducatif pour accompagner les apprentissages et la formation du citoyen de demain ?

    Des responsables des politiques éducatives, des enseignants et des chercheurs, mais également des professionnels des industries de l’information et des représentants des collectivités territoriales et d’associations échangeront durant deux jours autour de cette thématique.

    Temps forts 2016

    Mercredi 8 juin 2016 – 10.00/12.30
    Conférence d’ouverture officielle, suivie de la visite des espaces institutionnels et partenaires

    Avec la ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (sous réserve), Bernard Beignier, recteur de l’académie d’Aix-Marseille, chancelier des universités et Jean-Marc Merriaux, directeur général de Réseau Canopé. Et en présence des collectivités territoriales partenaires : la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, les Conseils départementaux – notamment Martine Vassal, présidente du Département des Bouches-du-Rhône – et la Ville de Marseille.

    Mercredi 8 juin 2016 – 15.00/16.45 – Table-ronde inaugurale
    « Innover pour éduquer, éduquer dans un monde qui innove ? »

    Table-ronde dédiée à la thématique 2016, elle sera animée par Jean-Michel Perron, directeur de la Direction de la recherche et du développement sur les usages du numérique éducatif de Réseau Canopé.
    Intervenants :
    Arnaud Albou, créateur et associé de la société WebServices pour l’Éducation.
    Brigitte Courbet-Manet, directrice de la Direction territoriale Canopé Alsace-Champagne-Ardenne-Lorraine.
    Déborah Elalouf, directrice de la société de production de contenus éducatifs numériques pour les enfants Tralalère.
    Hervé Le Crosnier, maître de conférences en informatique à l’Université de Caen.

    Jeudi 9 juin 2016 – 10.00/11.45 – Table-ronde Acteurs culturels
    « L’innovation numérique au service du Parcours d’Education Artistique et Culturelle »

    Le Parcours d’Education Artistique et Culturelle (PEAC) est l’ensemble des connaissances acquises par l’élève dans les domaines de la culture et des arts, grâce aux enseignements spécialisés mais également à des actions et projets éducatifs tout au long de sa scolarité. Dans ce cadre, comment le numérique peut-il contribuer à améliorer le suivi du parcours ? Comment s’intègre-t-il dans le corps de projets ?

    Jeudi 9 juin – 14.30/16.15 – Table-ronde IntégraTice
    « Le passage de l’adolescence à l’âge adulte, l’accès à l’autonomie des élèves en situation de handicap à l’ère du numérique »
    La prise en compte de l’accessibilité dans la production des documents et applications numériques, la mise à disposition de matériels adaptés pour la scolarisation font partie des solutions nécessaires pour mieux accompagner des élèves en situation de handicap à devenir des citoyens autonomes et responsables. Que peut apporter l’école inclusive ? Quelles évolutions sont apportées par les solutions interactives adaptées ? L’usage du numérique est-il un moteur d’accès à l’autonomie pour l’adolescent porteur de handicap ?

    OrmeLeLab_130516Le LAB

    Espace de création, d’expérimentation et d’échanges commun, il réunit des acteurs culturels et du numérique autour de projets qui seront présentés. Il s’articule autour de 3 pôles :

    Le FabLab : ateliers de co-design et d’expérimentation. Possibilité de créer des objets inédits et novateurs.
    À ne pas manquer : La Fruitière numérique / Fablab de Lourmarin. Démonstrations interactives sur les débouchés professionnels offerts par des projets ou dispositifs intégrant des technologies telles que l’impression ou le scanner 3D.

    Le LearningLab : présentation et manipulations des différents outils, objets et projets innovants.
    À découvrir : Initiation à la robotique – Les Francas (à partir de 7 ans). À partir de l’application Lightbot, les élèves manipuleront un robot au travers d’une tablette numérique, afin de comprendre le principe du code informatique de manière ludique | Atelier Minecraft – Les Petits débrouillards (à partir de 8 ans et collège). Construction d’un objet 3D via l’interface du célèbre jeu Minecraft, puis impression sur imprimante 3D.

    Le LivingLab : laboratoire d’idées et espace de rencontres, avec la participation d’élèves, d’étudiants, de chercheurs et d’industriels.
    À signaler : Rencontres autour de la formation à l’heure du numérique, les écritures numériques, les dispositifs de médiation culturelle innovants à destination du public scolaire.

    L’espace média

    Lieu d’activités et de productions médiatiques réalisées par des élèves, le Labo des médias conclut l’opération Marathon Presse lancée le 24 mars, avec la participation des Ateliers Canopé des académies d’Aix-Marseille et de Nice et des élèves. La radio « Le Bocal » diffusera des entretiens radiophoniques en direct de la manifestation et en streaming, en partenariat avec la radio locale Radio Grenouille, ainsi qu’avec la radio lycéenne Radio-Mix à Orange. Élèves et étudiants prendront la parole.

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    Les espaces dédiés aux politiques éducatives numériques

    La Direction du numérique pour l’éducation réunit les cadres de l’Éducation nationale au sein d’un séminaire de travail national autour du Plan numérique pour l’éducation.

    Le Conseil régional Provence-Alpes-Côte d’Azur et le Conseil départemental des Bouches-du-Rhône mettent en œuvre depuis de nombreuses années des politiques éducatives ambitieuses, avec des projets majeurs tels les plates-formes de ressources en ligne Corrélyce (lycées) et Courdecol13 (collèges).

    Partenaires de longue date des Rencontres de l’Orme, ces collectivités s’impliquent fortement dans la manifestation et proposent un programme spécifique d’activités : ateliers sur l’environnement numérique Atrium pour la Région, présentation du plan d’informatisation des collèges et mise en œuvre dans les territoires pour le Conseil départemental.

    Et toujours au programme : L’École communicante | ateliers et séminaires | stands et espaces thématiques (édition numérique, villes numériques, projets européens) | programme IntégraTice (numérique et handicap).

    Plus d’infos : tout savoir sur les Rencontres de l’Orme 2.16

    Un évènement couvert par ludomag.com

  • Face au “complotisme” : éduquer à l’esprit critique, pour mettre des mots entre les diapos

    Face au “complotisme” : éduquer à l’esprit critique, pour mettre des mots entre les diapos

    Il reste qu’une présentation ne se suffit pas à elle-même, surtout quand on parle de complot.

    Je me suis dit qu’il serait intéressant de vous laisser cette porte ouverte afin de vous ouvrir la trappe et le chemin qui m’ont conduit à produire ce qui reste un simple support de présentation. Je vais essayer au travers de ces quelques lignes de vous retracer l’élaboration de ma scénarisation pédagogique pour éduquer à l’esprit critique face au complot, entre autres.

    Un essai de définition

    Mon premier geste était de me constituer un portrait robot du “complotiste”. Je suis un enfant des années 1980 / 1990 et j’ai, comme beaucoup de ma génération, un goût prononcé pour les séries.

    La mère de toutes les séries modernes est pour moi X-Files, le seul rendez-vous qui m’empêchait de sortir le samedi soir. A l’époque, je ne pouvais penser à aucun moment qu’elle serait d’une aide incroyable pour appréhender le complotisme. Il reste qu’elle rassemble une grande partie des “mantras” de la théorie conspirationniste.

    Le Pitch comme grille de lecture

    Je sais que tout le monde connaît mais un petit retour sur l’histoire pour nous rafraîchir la mémoire (Non, pas de spoiler ici !). Fox Mulder est un agent du FBI chargé des dossiers non résolus. Il enquête pour cela à l’aide de sa collègue : l’agent Dana Scully. Tous les deux forment les deux faces d’une même pièce entre rationalité et empirisme. Le problème est que ces deux agents vont devoir, très vite, affronter un monde trouble empli de zones d’ombres.

    Mulder est un frère traumatisé par l’enlèvement de sa soeur qu’il attribue aux extra-terrestres. Comme l’affiche de son bureau le dit “I want to beleive”,  il fait sien ce slogan. Cet homme est guidé par une conviction : le gouvernement ment sur ce qui s’est passé à Roswell en 1947 à travers une version officielle farfelue. S’il ment sur ce sujet, le mensonge est général. Il doute alors de tout, guider par la conviction que lui seul détient et accouche de la vérité. Sa conviction se renforce au moment de l’enlèvement de la cartésienne Scully.

    Ils se rendent compte qu’elle a été contaminée à l’Huile Noire. Cet agent chimique aurait pour objectif de mettre en esclavage l’humanité au profit des extra-terrestres. Ce complot est soutenu par une officine clandestine dirigée par l’Homme à la cigarette. Heureusement pour Dana et Fox que les Lone Gunmen, citoyens sentinelles, diffusent rumeurs, intox ou informations secrètes pour les aider dans leur combat. (Le spoiler a été évité de justesse !).

    Si la vérité est ailleurs, les “mantras” du complot sont là.

    Un retour sur l’histoire :

    Rumeurs, intox (hoax), informations secrètes, officines clandestines (false flag), agent toxique (chemical trail),  version officielle… N’avons-nous pas tous les ingrédients du complotisme ?

    Dans nos sociétés, il faut toujours un diable qui permet d’expliquer l’inexplicable. Le souffre-douleur permet souvent de calmer les angoisses. La foule, en s’en prenant à ces populations, vit une expérience cathartique. En 1821 à Odessa, à la suite d’une rumeur concernant la participation de Juifs au meurtre du patriarche gréco-orthodoxe Grégoire V de Constantinople, un pogrom est organisé dans la ville. C’est un peu la parabole des “caquins ou caquous” de Bretagne ou les “cagots” dans le Sud Ouest de la France. Frappés de la marque indélébile de la lèpre, les “caquins” vivaient comme des proscrits. Ces populations victimes d’une forme de ségrégation étaient toujours regardées comme “des personnes louches”.

    Il s’agit souvent de petits groupes, de minorités stigmatiseés qui centralisent la vindicte (C’est vrai, des gens qui fabriquent des cordes pour les pendus, faut s’en méfier. C’est sur, ils complotent. Et puis, c’est pas comme si personne ne voulait le faire). Le parallèle est facile à faire avec le complot juif des Protocoles des Sages de Sion monté de toutes pièces par l’Okhrana. C’est la peur millénariste de l’extinction ou de la contamination finale.

    Paranoïa et sentiment de détenir la vérité

    Le principal problème quand on envisage de travailler sur l’esprit critique face au complotisme est que les complotistes ne se voient pas comme tels mais comme des “truthers” : “diseurs de vérités”. C’est le sentiment d’appartenir à une avant-garde éclairée que le système cherche à museler absolument. Il n’y a qu’à voir la réaction de certains tenants de ces théories quand on commence à les contredire :  “Vous êtes profs, vous appartenez au système” ou “j’arrête d’argumenter, à la fin vous allez me traiter de nazi”.

    Ce sentiment d’assiégé n’est pas sans rappeler, en effet, le nazisme par sa culture de l’angoisse, du sentiment d’être isolé et seul face au monde.

    Être complotiste c’est un univers mental complet. On y trouve des mythes, des croyances, un au delà, une explication du monde, une langue, un univers musical, des signes de reconnaissance.

    Il y a des stigmates du complot que seul l’initié peut déceler. La question se pose : peut-on parler du complotisme comme d’une Culture qu’il faut appréhender comme telle pour mieux la comprendre ?

    Attention au point Godwin

    Invoquer le nazisme, c’est risquer l’argument béton : “ah, je l’attendais le point godwin”. Cette “Loi” du web développée par Mike Godwin dit que :  “Plus une discussion en ligne dure longtemps, plus la probabilité d’y trouver une comparaison impliquant les nazis ou Adolf Hitler s’approche de 1”.

    Autrement dit, c’est le meilleur moyen pour être discrédité, car pour devancer ce que je vais dire au prochain paragraphe, parmi les complotistes, il y a des collègues aussi. L’idée n’est pas de dire que l’autre est un nazi mais  de comparer pour mieux singulariser. Tous les complotistes ne sont pas nazis mais d’une manière peut-être anachronique tous les nazis le sont (le complot judéo-maçonnique pour détruire l’Allemagne). La série V emprunte et réinterprète “le bestiaire” vestimentaire des organisations de combat du NSDAP (Comme les Forces de l’Empire dans Star Wars).

    On ne peut pas traiter de nazi, un homme qui pense que les dirigeants du monde sont des lézards. Le processus et le système de pensée qui mènent à cette conclusion par contre eux sont très comparables. Le risque avec un argument d’autorité en classe est l’effet “guerre de tranchées”, cliver la classe. Toute discussion devient impossible et ne ressemble plus qu’à une guerre de position.

    Qui ?

    Toutes les couches de la société peuvent être touchées par le complotisme et c’est bien pour cela qu’il ne suffit pas d’annoncer que le complot n’existe pas pour désarmer le complot.  Au cours des dix dernières années et notamment pour le 11 septembre, combien de “peoples” sont venus sur les plateaux de télévision présenter leur version de ce qui n’a pour eux jamais existé.

    Deux articles m’ont aidé à mieux appréhender les cibles du complotisme : l’article des Inrocks “Le complotisme touche tous les milieux, Bac +10 comme Bac -5” du premier septembre 2012  et celui du Monde Diplomatique : “Personne n’est à l’abri” de juin 2015.

    Les adeptes des théories du complot ne sont pas des individus irrationnels. Les raisonnements sont “relativement ordinaires” et font même preuve d’un certain esprit critique. Le problème est que le doute devient systématique pour toute chose, tout évènement et pour tout le monde. Le rapport de confiance à l’autre est cassé et le complot devient la règle. Quelle est la valeur de la parole de l’enseignant dans ce contexte de défiance ?

    Ma stratégie : la métaphore de l’eau

    L’eau a deux qualités, elle peut contourner un obstacle sans perdre de vue son objectif et elle peut éroder la roche jusqu’à la faire disparaître. Elle répond à la stratégie que je souhaite mettre en place en classe. Je ne désire pas braquer les élèves directement par un rapport “front contre front”. Ce rapport d’opposition, s’il ne renforce pas la position de chacun, ne fait pas évoluer les choses.

    J’ai toujours préféré travailler à côté des lycéens.

    Apprendre et enseigner, c’est un parcours qui ne peut être réussi sans l’autre. J’ai préféré poser “des casiers” (un autre moins breton dirait des jalons) un à un qui remonteront au moment où la question du complot se posera. Il s’agit donc pour moi de travailler sur un temps long.

    Cette éducation à l’esprit critique prend le temps du cycle baccalauréat. Les programmes de lettres histoire géographie sont autant d’occasions de construire celui-ci et de prendre des chemins officiels de traverse pour déconstruire le complotisme.

    Le docufiction comme indices “Canada Dry”

    Il serait trop long de retracer l’ensemble de la scénarisation mais le docufiction Bye-Bye Belgium est très symbolique de cette “philosophie”. L’étudier, c’est jouer un peu l’effet Canada Dry,  “Ça ressemble à la réalité c’est doré comme la réalité… mais ce n’est pas de la réalité ».

    Dans un premier temps, je laisse les élèves étudier le film avec un questionnaire. Tout semble réel pour lui. Souvent, ils se font avoir et ne remarquent pas tous les indices de la supercherie. Ils n’ont pas l’habitude de questionner l’image pour peu qu’elle possède les attributs de la réalité.  Je dévoile la vérité et nous décryptons ensemble le docufiction. Comme pour la vidéo, il n’y a pas de parole sacrée mais des indices qui permettent d’élaborer une échelle de confiance.

    L’idée : inviter l’élève à réfléchir au schéma de communication et à  confronter les sources. Il se construit, à travers l’étude, une grille de lecture et des clefs de compréhension du monde.

    Ensemble, il est important de poser les questions des enjeux et de la stratégie de la communication. Mon objectif est de recréer du lien.

    Faire appel à la créativité des élèves

    Quand la mise en scène est fascinante, les idées passent au second plan, la foule réagit comme un seul homme, synchronisée par l’émotion”, Boris Cyrulnik.

    La musique est vecteur d’émotion qui installe le récepteur dans un univers qui fait sens. La bande originale de Requiem for a Dream, en toile de fond, installe dans un univers angoissant. Les élèves le comprennent rapidement. C’est un gimmick du complotisme.

    Encore une fois, nous pouvons passer par d’autres oeuvres. En classe, on travaille sur la Vie est Belle de Roberto Benigni. On s’intéresse à la bande son et comment elle construit le sens du film. C’est peut être évident pour nous, mais le réalisateur nous installe dans une ambiance. Il prévoit à l’avance quand il va nous mettre en colère, nous faire rire ou nous émouvoir. Il a des outils pour cela : le jeu d’acteur, la couleur mais aussi le son. Pour créer une empathie envers l’histoire et le personnage, il joue sur ces “manettes”. On y note toute l’importance du storytelling.

    Avant l’assassinat de Guido, la musique installe le drame. Elle se fait toujours plus basse jusqu’au son de l’exécution et remonte ensuite.  Supprimer le son au moment où le garde SS explique les règles du camp. Demander aux élèves d’imaginer celles-ci en s’appuyant sur les images. Ils sont loin d’imaginer les règles qu’invente le père pour protéger son fils. Il est facile de s’inspirer du jeu des sept erreurs pour faire ressortir les incohérences de ce centre de destruction (les habits civils dans le baraquement, la présence d’un enfant après la sélection…).  C’est une manière d’expliciter aux élèves les ressorts pour créer un univers d’émotions.

    Savoir agir sur les bons leviers, c’est percevoir la “manipulation”. Comprendre est toujours plus efficace qu’imposer. La tactique à mettre en place est l’art de ne pas se faire avoir.

    Et finalement : faire face au complotisme

    Est-ce que finalement, je ne renonce pas à faire face au complotisme pendant au moins deux ans puisque dans les programmes d’histoire géographie, le 11 septembre n’est abordé qu’en Terminale professionnelle ?

    Je ne crois pas car je compte sur l’effet d’aubaine.  Je ne renonce jamais mais j’agis plutôt au coup par coup. J’essaye de créer un univers intelligible et rassurant. J’ai des outils dans les mains qui m’aident dans cette tache : l’Éducation aux médias et à l’information, le cours d’histoire, le programme d’EMC. Ils sont autant d’occasions pour expliquer, décrypter et déminer. Il y a un cadre de la parole. Un échange a un début et une fin. Il y a des règles de communication à poser et une “éthique du débat” : écouter l’autre, pas de jugement, respect de l’autre et un ton à ne pas dépasser.

    J’essaierais de ne jamais juger mais d’échanger pour éviter le sentiment de persécution et la paranoïa. Je compte sur le mimétisme face à l’attitude de l’enseignant. Il faut savoir dire :”je ne sais pas mais je vais faire des recherches”, “je me suis trompé” et même “vous avez raison”. Accepter la parole légitime de l’autre permet de construire la confiance. L’apprentissage est un processus. Il faut laisser à chacun le temps du parcours pour se construire sa propre grille de lecture critique du monde. La contradiction appartient à l’adolescence et il est important de laisser chacun grandir.

    Une journée d’étude pour échanger nos stratégies

    Écouter les autres, c’est souvent prendre du recul par rapport à soi-même.

    Un enseignant dans son geste professionnel est souvent celui qui donne plus qu’il ne reçoit. On oublie souvent la règle la plus évidente de tout maître d’apprentissage : la simplicité. Thomas Huchon et Laurent Renaudet me l’ont rappelée. Il y a une première évidence que j’ai perdue de vue. Les complots ont toujours existé et la littérature regorge de références. “Toi aussi mon fils” (Tu quoque, fili) est une des expressions favorites de César dans Astérix. Cette formule interroge le jeune lecteur. La citation est liée à un complot qui a réellement existé. L’autre évidence, c’est le retournement. Faire de l’élève, le maître et lui demander d’étayer son propos.

    Qu’est ce qui te prouve que c’est vrai ?” ; cette question renverse les rôles puisqu’elle pose la question de la preuve. Il est toujours plus facile d’écouter, de répondre que de poser les questions.

    Pour compléter cet article, découvrez aussi le Prezi de Nicolas.

    Photo : Pixabay CC0 Public Domain