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  • Eloge de la modération

    Eloge de la modération

    Nicolas Le Luherne n’aime pas entrer dans la polémique ; l’article de Philippe Bihouix dont nous avons déjà parlé dans ludomag avec « Numérique en classe : élève t-on nos enfants hors-sol ? » de Ninon Louise LePage, »Les élèves ne sont pas des tomates ! » avec Stéphanie De Vanssay et « Hors-sol ou l’école déconnectée » par Caroline Jouneau-Sion lui ont pourtant donné matière à réagir « positivement ».

    J’ai longtemps hésité à réagir à un article de libération qui stimule un peu plus les lignes de fracture qui apparaissent depuis quelques mois au sein du monde de l’éducation. Je me suis, toujours, imposé un minimum de commentaires et d’évoquer uniquement ce qui me paraît positif.

    Ce n’est pas de l’angélisme mais j’aime laisser aux autres la polémique. Puis à l’image des rêveries d’un promeneur solitaire, je suis allé fouiller dans ma bibliothèque mondiale accessible par cet outil formidable qu’est le World Wide Web.

    Je suis, alors, tombé sur un article d’une de mes revues préférées : les inrocks (oui, comme tous les hipstprofs de moins de 40 ans). Quand on a introduit les instruments et les outils numériques dans sa pratique professionnelle, il est difficile d’entendre que le numérique serait un désastre pour l’École.

    Les barricades…

    Le mot désastre évoque : le malheur, la ruine, la calamité quand je consulte mon OPNI (Objet Papier Non Identifié) : Le Robert illustré 2014. Je ne vais pas invoquer Umberto Eco et la sémiologie pour relever ce qu’a de clivant et de violence, ce terme, d’autant que j’ai été tenté d’y céder. Je suis comme tout le monde, je cède parfois à l’irrationnel comme si il existait des barricades.

    Forcément, comme elles n’ont que deux côtés, je suis du bon. Je vais chercher dans ma bibliothèque la référence qui “tue”, le titre punchline. J’aime les pastiches et ce coup-là je voulais détourner le titre du pamphlet du comité invisible : L’insurrection qui vient. Cela ressemblait au “Désastre qui ne viendra pas”. Je voulais, d’ailleurs, utiliser ce paragraphe : “Sous quelques angles que l’on prenne, le présent est sans issue…. à tous ceux qui prétendent détenir des solutions, ils sont démentis dans l’heure”.

    J’avais pour consolider tout cela, une liste d’articles prélevés sur le web (je les partage dans les sources) pour étayer la dispute.

    …mais ça, c’était avant.

    Oui, ça c’était avant. D’abord, je ne suis pas Nostradamus et je ne peux pas prédire de l’école. Je n’ai pas l’autorité d’un chercheur en sciences de l’éducation pour faire de la prospective. Cela ne veut pas dire que je n’ai pas mon avis mais tout simplement qu’il faut faire preuve d’humilité.

    A relire les deux articles (il faut dire que je n’ai pas encore lu le livre), je nous ai trouvé des points communs (eh oui !). D’abord, j’ai relayé un article du blog de Philippe Silberzhan. Il évoque quatre erreurs que l’on commet facilement quand on passe au digital.

    Pour résumer, un peu rapidement, le numérique n’est pas une baguette magique. En matière de pédagogie comme de management, c’est l’humain qui compte. Les outils ne sont qu’au service de la démarche pédagogique.

    Le soucis de l’élève :

    Nous avons tous une vision de l’école.

    L’École, c’est un peu l’équipe de France de football, il y a 60 millions de sélectionneurs.

    C’est une bonne nouvelle car nous sommes tous concernés par ceux qui seront la France de demain. Ces visions ne sont ni meilleures, ni moins bonnes que les autres. Elles sont les nôtres. Le plus important est le souci de l’élève et de la réussite de leurs apprentissages. Le titre est très bon et accrocheur, cependant, il interroge aussi sur l’état de la communication entre les différents acteurs de l’éducation. Si j’avais écrit cet article, j’aurais participé à cette fuite en avant eschatologique. Je ne voulais pas me trouver dans la situation de Bruce Willis dans Armageddon (oui, j’ai une série de film culte dont j’ai un peu honte), surtout que pour être honnête, je ne serais jamais le sauveur de l’Éducation et plus encore celui de l’humanité.

    Sortons de nos bulles :

    Alors, qu’est-ce qui m’a décidé à écrire finalement ? Le partage d’un ludovien bien connu : Lyonel Kaufman. Je suis tombé, grâce à lui, sur cet article du Monde intitulé La propagande des algorithmes ? Vraiment ?

    Il ne s’agit pas, bien sûr, d’une attaque bien maladroite et mal venue au livre qui vient de paraître. Deux passages, de cet excellent papier, m’ont marqué. Le premier nous explique que “les réseaux sociaux notamment ont renforcé l’absence de consensus, l’absence de vérité partagée”. Le second nous dit que : “Les algorithmes des médias sociaux nous enferment dans nos bulles de filtres nous proposent une vision du monde soigneusement sélectionnée pour aller dans le sens de nos croyances et de nos convictions, nous éloignant de toutes réfutations”.

    Ma réaction témoigne de ces deux symptômes : le manque de prise de hauteur et l’effet citadelle. Je ne suis pas une victime du numérique. J’ai tendance à ne suivre (comme beaucoup) que les gens avec qui je partage des affinités pédagogiques. C’est, toujours, plus facile d’échanger avec notre cercle que de débattre avec l’autre. Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir été prévenu !

    Une démarche didactique et pédagogique :

    J’ai relu les deux articles et on y parlait beaucoup d’outils et d’instruments. Quelque chose nous unit pourtant : le soucis de faire progresser nos élèves.

    J’ai le sentiment qu’il y a maldonne parce que tous ceux que je connais et qui utilisent le numérique, ne le font qu’au service d’une démarche didactique et pédagogique.

    Par exemple, j’ai utilisé édugéo pour faire de la diachronie. Mon objectif était de montrer l’étalement urbain de la ville où j’habite. Quand j’étais étudiant, il fallait plusieurs cartes IGN, une grande table… avec cet instrument pédagogique : je pouvais le faire en un clin d’oeil.

    Ici, ce n’est pas par facilité mais simplement pour consacrer l’attention de mes élèves à mon réel objectif pédagogique et didactique.Cet instrument me permettait de penser l’apprentissage du croquis en granules.

    Je commençais par le système d’information géographique pour finir par le papier. Parfois, je n’ai pas honte de le dire : j’utilisais un OPTD (Objet Pédagogique Technologiquement Dépassé) : le rétroprojecteur. Oui, oui, ce machin est idéal pour s’entraîner aux croquis fait à la main. Il permet de recommencer, de comparer à l’aide du transparent et finalement de se mettre en confiance.

    Enseigner hors-sol ou plutôt enseigner hors-âge ?

    Je ne sais pas ce qu’est enseigné hors-sol. Philippe Zilbersahn répond d’une certaine manière quand il nous dit “qu’on ne peut pas penser un changement technologique hors-sol, que la technologie est toujours le produit d’une société, qu’elle modifie en retour”. Mon objectif est, surtout, de ne pas enseigner hors-âge. Enseigner c’est un chemin avec quelques embûches et parfois des erreurs d’orientation. Chaque classe est différente mais il faut tenter de trouver des outils qui permettent de différencier les parcours (cela ne se fait pas, je me site, mais cet article explicite mon parcours d’enseignant).

    Vous savez, je suis même plutôt “réac” d’une certaine manière, mes références pédagogiques sont du début du XX siècle quand le monde passait beaucoup plus de temps à se déchirer qu’à penser à construire une école au service des élèves. Freinet, Montessori, Janusz Korshak, j’en ai retenu la bienveillance. Loin du laxisme : cette philosophie est de créer des conditions favorables pour que les élèves progressent. Être bienveillant, c’est encourager tout le temps, et parfois sanctionner, pour progresser.

    Une autre manière de voir le monde :

    L’introduction du numérique dans la classe, cela a été l’occasion de me poser de nouvelles questions. Qu’est-ce que je vais faire de ce nouvel outil ? Qu’est-ce que cela change à la manière dont j’anime la classe, à la géographie. Je suis allé voir ce qu’il se faisait ailleurs.

    J’ai lu le livre de Chris Anderson : Makers. « Quand je construis un scénario pédagogique, comme le grand-père de l’auteur, j’ai toujours aimé réfléchir, construire des prototypes, tenter de résoudre des casses-têtes, trouver des solutions. C’est passionnant d’être enseignant !  »

    Les rencontres se sont multipliées au même rythme que les questions. Il n’y a pas longtemps, j’ai entendu parler d’école lassalienne (c’est pas tout jeune). J’ai retrouvé des mots qui rimaient avec ma passion de la musique underground des années 1980. Le Do-it yourself, devenir un enseignant bricoleur, autonome et en même temps dans une équipe plus large.

    Les murs sont tombés et pourtant je n’ai jamais senti être autant ancré dans la classe.

    Je me suis même intéressé au Jugaad ou l’art de faire plus avec moins. J’ai bien conscience qu’il n’y a pas de corne d’abondance ouverte. Si je traverse la rue, le fablab du coin organise des cours pour programmer avec un kit Arduino (il faut que j’y aille) et surtout un “Repair café”. Et pourquoi pas réparer, recycler et bricoler avec mes élèves. Aller voir ailleurs, réfléchir aux conséquences… Une belle leçon d’écologie appliquée non ?

    Des gardes-fous :

    Je regarde une nouvelle fois ma bibliothèque et j’y vois trois livres “de chevet pédagogique” : Serge Tisseron : 3-6-9-12, André Tricot et Franck Amadieu : Apprendre avec le numérique et un nouveau : le cerveau funambule de Jean Philippe Lachaux. Les deux premiers livres sont des gardes-fous, ils permettent de discerner les mythes des réalités. Le dernier permet de revenir au principal comment mettre l’élève dans des conditions optimales d’apprentissages.

    Le dernier samouraï :

    Le problème principal, quand on ne se parle et ne s’écoute plus, est de voir l’autre comme un pompier pyromane. Les échanges sont entre le sarcasme, l’argument d’autorité et l’affrontement de bibliothèque à bibliothèque. Qui connait, réellement, les ambitions de l’autre pour les élèves ? J’ai le sentiment que l’on tombe dans les travers du Dernier Samouraï.

    L’image est un peu étrange, mais elle est plus explicite quand on regarde l’émission Motion vs History de Nota Bene (Je conseille cette chaîne youtube à tout le monde). Les deniers Samouraï ont utilisé des fusils et pas des katanas ! Le danger des citadelles, c’est l’image d’épinal qu’elle soit pro ou anti-numérique.

    Et si on se parlait ?

    Empathie et respect de l’altérité, appliquons-nous les valeurs que l’on souhaite transmettre aux élèves. Il n’y a pas une bonne manière d’enseigner, il n’y a pas de formule magique.

    Le numérique n’est pas la pierre philosophale et les enseignants ne sont pas des alchimistes.

    Il y a simplement des stratégies qui relèvent de la classe, de l’enseignant, de la programmation mais aussi de l’instant. Nos élèves méritent mieux que des punchlines, ils méritent de la modération. Il est temps que nous sortions des “tranchées et de se dire” : “Et si on se parlait ?”

     

    Sources :

    Philippe Bihouix : «Avec l’école numérique, nous allons élever nos enfants « hors-sol », comme des tomates», entretien Par Noémie Rousseau, Dessin Sylvie Serprix, Libération, 2 septembre 2016.

    Le numérique est-il un désastre pour l’école ?, Fanny Ménéghin Les Inrocks, 1 septembre 2016.

    Former à la transformation digitale: Quatre erreurs fréquentes, Le blog de Philippe Silberzahn, 25 avril 2016.

    La propagande des algorithmes ? Vraiment ?, Hubert Guillaud, Le Monde, 17 septembre 2016.

    Le métissage pédagogique. Découvrez l’auto-socio-construction, Thot Cursus, Nicolas Le Luherne.

    La vérité sur le dernier samouraï, Motion VS History #7, Nota Bene, 7 septembre 2016

    Makers : la nouvelle révolution industrielle, Chris Anderson, 2002

    3 – 6 – 9 -12 : Apprivoiser les écrans et grandir, Serge Tisseron, Eres, 2013.

    Apprendre avec le numérique, Franck Amadieu, André Tricot, Retz, 2014.

    Ce qui aurait dû être les sources de mon article :

    Bernard Stiegler : « Avec le numérique, nous sommes dans l’obligation de repenser l’éducation », Christophe Castro, Inriality, 11 septembre 2013.

    Les Z, ces « digital intuitives », Roxane Baché, Snip, 27 juillet 2016.

    Dix expériences innovantes pour changer l’école, Le Monde, 5 septembre 2016.

     

     

     

     

  • Quand le collège et l’école se rencontrent. Coopération autour d’un livre numérique sur le programme Argonautica

    Quand le collège et l’école se rencontrent. Coopération autour d’un livre numérique sur le programme Argonautica

    Marie-Noëlle Martinez, professeur des écoles à Mazères et Sandrine Larrieu-Lacoste, enseignante en mathématiques au collège exposent leur retour d’expérience avec un projet proposé par le CNES et le programme “Argonautica” ( pollution des océans par les plastiques) .

    Ce projet a permis une prise de conscience de la part des élèves : ils sont citoyens du monde et pas uniquement d’une commune de la banlieue toulousaine . Grâce au numérique, les échanges se sont vus favorisés et ils ont développé de nombreuses compétences et notamment la coopération et la collaboration.

    « Les élèves se sont sentis engagés dans le projet et ont travaillé plus facilement« , explique Marie-Noëlle au micro de Ludomag, interviewée par François Jourde.

    Veuillez nous excuser pour la qualité en fin de vidéo ; interview réalisée dans des conditions du direct, sans montage.

  • Classe inversée, démarche de projet et parcours individuels

    Classe inversée, démarche de projet et parcours individuels

    Martial Gavaland, professeur de sciences physiques à Nantes croit beaucoup au numérique comme un élément du changement de pédagogie. Il nous décrit sa philosophie de pensée au micro de ludomag, interviewé par Michel Guillou à l’Université d’été de Ludovia#13.

    « Derrière cette technologie, se cache la pédagogie ; et si la technologie peut enfin faire émerger, modifier une posture ou en tout cas amener à une vraie prise de conscience, nous aurons peut-être atteint l’objectif ».

    Martial Gavaland fait également partie de l’association « Inversons la classe » ; il croit en ce dispositif pour « améliorer les temps où il y avait une totale opacité : que fait l’élève chez lui« , explique t-il.

    Point de vue et retours d’expérience à découvrir dans la vidéo ci-contre.

  • Big data et Big Datathon : échanges et collaboration d’une nouvelle dimension au C2E du GIS INEFA

    Big data et Big Datathon : échanges et collaboration d’une nouvelle dimension au C2E du GIS INEFA

    Le C2E 2016 a eu lieu comme chaque année à Poitiers autour de nombreux partenaires, regroupés aujourd’hui en un groupement d’intérêt scientifique : le GIS INEFA. Autour du big data, thématique phare de l’évènement et thématique forte de notre quotidien, les publics ont pu échanger, débattre et collaborer pour donner ce qu’on pourrait communément appeler « un bon cru 2016 ».

    Le C2E existe depuis une dizaine d’années et s’est beaucoup transformé au cours de cette période. Au départ, plutôt lié à une formation universitaire et un master international, l’événement s’organise aujourd’hui autour et avec de nombreux acteurs de l’éducation et du numérique du territoire, anciennement Picto-Charentais et désormais Nouvelle Aquitaine.

    Ces acteurs se sont d’ailleurs regroupés autour d’un Groupement d’Intérêt Scientifique intitulé « GIS INEFA » pour « Innover avec le Numérique pour l’Enseignement, la Formation et les Apprentissages » afin d’engager, au-delà du Campus Européen d’été, une réflexion commune autour du numérique.

    Nouvelle dimension du C2E autour d’un nouvel organisateur : le GIS INEFA

    Le GIS INEFA se compose d’acteurs locaux mais aussi nationaux puisque, rappelons-le, Poitiers a la chance d’avoir sur son territoire des entités comme Canopé, le CNED ou encore l’ESENESR et des locaux telles que les entreprises et acteurs publics (rectorats, etc) et pas moins de cinq universités en Nouvelle Aquitaine.

    Le C2E est donc devenu en 2016 la manifestation du GIS INEFA, comme le précise également Vincent Rosseli, chef de projet ENT à la direction de l’éducation du conseil Régional Nouvelle Aquitaine et directeur du GIS INEFA.

    Une thématique d’envergure : le big data.

    Sur le choix de la thématique du C2E, le principe est le même chaque année à savoir que le comité de programmation réfléchit à un sujet dans le champ de la e-éducation autour de l’actualité scientifique, de l’actualité professionnelle – « ce qui se passe sur le terrain »- ou encore de l’actualité industrielle et économique.

    « Avec le choix du big data cette année, je crois qu’il est inutile de démontrer qu’il est d’une grande actualité », souligne Jean-François Cerisier, Directeur du Laboratoire Techné de l’Université de Poitiers.

    Sur une semaine, il a donc été question de big data autour de trois axes de réflexion principaux à savoir :

    . Comment utiliser la collecte et l’analyse de données pour mieux comprendre les apprentissages des élèves et mieux orienter leur trajectoire d’apprentissages, soit plus communément le « Learning Analytics ».

    . Comment utiliser les techniques, modèles et méthodes du big data comme des ressorts de nouvelles activités d’apprentissage.

    . Enfin, une dernière question essentielle, « à la fois parce qu’elle est très critique aujourd’hui », est : comment éduquer aux données et aux algorithmes qui évidemment sont associés à ces données.

    Une autre dimension pour un événement accueillant des participants de nouveaux horizons.

    L’originalité et une des richesses de l’événement repose aussi par la présence d’un public international, rappelant les origines de l’événement (autour du master international et du Consortium « Euromime », Master Erasmus Mundus en Ingénierie des Médias pour l’Education), et de retours d’expérience et présentation d’ateliers par des personnes « qui ne viennent pas nécessairement des pays auxquels on pense le plus spontanément quand on évoque le numérique » ( Pérou, Brésil, Chili, Mexique etc), mais qui font aussi toute la richesse de ces échanges, ce que relève Jean-François Cerisier.

    « Comment avancer sans échanger dans d’autres contextes économiques, culturels éducatifs » ?

    C’est aussi l’avis d’un habitué du C2E car faisant partie du consortium Euromime, Jacques Viens, directeur du département de psychopédagogie et d’andragogie de l’Université de Montréal.

    Le campus européen d’été C2E et le cadre d’Euromime se rejoignent dans le sens où ils permettent à des chercheurs, à des étudiants de contextes de vie différents, de regarder et de partager leurs expertises. Pour lui, « la recherche isolée qui n’est pas intégrée dans des situations réelles sert bien peu ».

    En effet, comme l’aime à le rappeler Jean-François Cerisier, la réflexion est indissociable de la pratique c’est aussi pourquoi le C2E programme, au-delà des traditionnelles tables rondes et conférences, des ateliers et autres formes d’engagement et de pratiques comme une CryptoParty (un rendez-vous convivial pour échanger sur les outils et les bonnes pratiques), par exemple.

    Nouvelle dimension donnée aux pratiques : l’exemple du hackathon pédagogique devenu « Big Datathon pédagogique ».

    C’est aussi dans ce sens qu’a été proposé l’année dernière le premier Hackathon pédagogique et qu’est né cette année le Big Datathon pédagogique, organisé sur une durée de 6 mois et dont le dénouement a eu lieu pendant la semaine du C2E dans les locaux de Canopé Poitiers, partenaire de l’événement au même titre que le SPN (Réseau Professionnel numérique Poitou-Charentes).

    « Nous avons eu la chance aussi de pouvoir l’organiser avec un partenariat très élargi à Grand Poitiers, à l’AUF, à l’OIF et au groupe des ambassadeurs francophones en France, ce qui nous a permis d’accueillir à distance et en présentiel 72 équipes de toute la francophonie en mai 2016 », rappelle Jean-François Cerisier.

    Des pays « dont on peut penser, à tort, que ce ne sont pas les premiers concernés » ont proposé plusieurs projets comme c’est le cas pour Madagascar, par exemple.

    Ce partenariat avec les acteurs de la francophonie a également permis de faire venir, pendant la semaine du C2E, pour participer à l’atelier « d’accélération », une équipe marocaine et une équipe du Gabon, lauréats parmi les 6 équipes sélectionnées à l’issu de la première étape.

    « L’atelier d’accélération consiste à aider les équipes sur trois jours, à partir de l’idée qu’elles ont eu et sur laquelle elles ont travaillé depuis le mois de mai, à transformer cette idée en un projet », explique Jean-Michel Perron, Directeur de la R&D sur les usages du numérique éducatif au Réseau Canopé.

    « L’idée du processus Big Datathon n’est pas seulement le hackathon lui même mais aussi la production de projets qui, nous l’espérons, seront diffusés d’une manière ou d’une autre et au travers de structures qui pourraient devenir des starts-up créées par les lauréats », souligne Jean-François Cerisier.

    Le C2E, un des résultats d’une collaboration vraiment partagée entre acteurs impliqués dans le numérique, dans un environnement à dominante rurale.

    C’est bien la synthèse que nous pouvons faire de cet événement « Campus européen d’été » ou « C2E » : la dimension multi-facettes qu’il affiche autour d’une dynamique commune.
    Et c’est ce que se plaît à rappeler Jean-François Cerisier, en fin d’interview : « nous avons la chance d’être dans une région à dominante rurale et qu’ici on peut se connaître très facilement et, si on a envie de travailler ensemble, c’est vraiment très simple ».

    Autour du GIS INEFA ou encore du label French Tech fraîchement obtenu en juillet dernier, très fédérateur, et enfin autour d’événements comme le C2E, les outils sont là pour collaborer, « avec une méthode de travail qui elle-même est génératrice de collaboration puisque tous les partenaires ne sont pas seulement ceux qui mettent la main au portefeuille pour financer une manifestation annuelle, ce sont des structures qui toutes se réunissent pour travailler tout au long de l’année sur ces sujets ».

    En effet, c’est bien habilement que Jean-François conclut sur cette image du « partenaire qui n’est pas uniquement là pour payer » et c’est aussi ça qui fait toute la différence…

     

     

     

  • Viaéduc : les analytics pour mesurer les usages !

    Viaéduc : les analytics pour mesurer les usages !

    François Catala, directeur du dispositif Viaéduc au réseau Canopé, est venu présenter à nouveau le réseau social conçu pour les enseignants dans un contexte de data, ou comment les données recueillies sur ce réseau pourraient aider à comprendre les évolutions du métier d’enseignant.

    Le réseau Viaéduc existe depuis 18 mois maintenant. « Il a été lancé pour répondre à une problématique qui était d’accroître la dimension collaborative du travail entre enseignants« , rappelle François Catala.

    Aujourd’hui, ce sont près de 40 000 utilisateurs qui évoluent sur le réseau et une des spécificités de Viaéduc par rapport aux réseaux privés que tout le monde connaît « est que, au regard des données personnelles, nous avons une politique extrêmement stricte ; nous ne nous servons pas des data à des fins commerciales« , argument François Catala.

    En revanche, ces données anonymisées doivent servir à comprendre comment les enseignants travaillent entre eux : « Qui vient, pour quoi faire, de quelle académie viennent-ils, quel comportement ont-ils sur Viaéduc etc » ; et c’est uniquement dans ce sens que les data du réseau peuvent être mises à profit.

    Grâce à ces données, déjà des constats se dressent que François Catala détaille dans la vidéo ci-contre.

    « Compte tenu du fait que Viaéduc doit devenir un « hub », soit un centre de socialisation pour d’autres plateformes, en s’interconnectant avec Myriaé, M@gistère, ou encore Canoprof, Viéduc va être une plateforme qui permet de socialiser les autres services ».

    En terme d’analytics, cela devrait permettre d’avoir aussi une vision sur l’utilisation des autres plateformes.

    Tous les sujets, articles et vidéos réalisés sur le C2E 2016 sont à retrouver dans notre dossier spécial ici.

    Plus d’infos sur Viaéduc : www.viaeduc.fr

  • L’Edutainment : le projet du SPN lauréat de la French Tech en ex-Poitou-Charentes

    L’Edutainment : le projet du SPN lauréat de la French Tech en ex-Poitou-Charentes

    Fabien Audat est chargé de mission French Tech pour le SPN, le réseau des professionnels du numérique en ex-Poitou-Charentes. Le réseau, membre du GIS INEFA, a profité du C2E 2016 pour lancer le label French Tech, fraîchement obtenu le 25 juillet dernier à Laval.

    Le Cluster a candidaté pour l’obtention du label French Tech avec un projet intitulé « Edutainment », « qui est en fait « l’apprentissage de façon ludique avec la production de nouveaux contenus enrichis et attractifs« , explique Fabien Audat.

    Le SPN porte ce projet pour animer l’écosystème régional sur cette thématique avec les agglomérations d’Angoulême, La Rochelle, Niort et Poitiers et tous les partenaires du GIS INEFA.

    « Une de nos grosses ambitions avec le label, c’est d’accompagner des entreprises qui sont déjà positionnées sur cette filière dans leur développement mais aussi de permettre à toute entreprise du numérique de se positionner sur ces nouveaux marchés en développant des technos en lien avec l’Edutainment« .

    Le Label est décerné pour une durée de deux ans. Le SPN l’a obtenu au même titre que 14 autres écosystèmes français, « ce qui veut dire que nous allons pouvoir établir des collaborations à l’échelle nationale et construire de nouveaux plans d’action qui seront favorables au territoire« .

    Sans parler de ce que cela apporte en terme de marketing territorial et d’image de marque ainsi que de l’aide consentie par le ministère de l’économie en matière d’outils d’internationalisation des entreprises, « afin de permettre que nos entreprises françaises soient en capacité d’aller chercher des marchés à l’international et si possible dans l’espace francophone« , a souligné Fabien Audat lors de la conférence qui a eu lieu sur le C2E et dont vous retrouverez un extrait dans la vidéo ci-contre.

    Tous les sujets, articles et vidéos réalisés sur le C2E 2016 sont à retrouver dans notre dossier spécial ici.

    Plus d’infos sur le label French Tech : www.lafrenchtech.com/la-french-tech/utiliser-la-marque

  • Learning Analytics : des questions au coeur de la réflexion du NumériLab de la DNE

    Learning Analytics : des questions au coeur de la réflexion du NumériLab de la DNE

    Claudio Cimelli est responsable du NumeriLab, autrement dit la mission d’incubation à la Direction du Numérique pour l’Education au MENESR. Il a participé au C2E 2016 à Poitiers sur la thématique du big data et évoque lors de cette interview, le positionnement de la DNE par rapport à ces enjeux des Learning analytics.

    « La DNE s’intéresse aux learning analytics car elle s’intéresse aux apprentissages et à la manière dont on peut travailler sur les apprentissages« , souligne Claudio Cimelli.

    Il rappelle que dans les premiers appels à projets, il y a déjà eu des propositions de solutions faites par des éditeurs et des industriels de mise en oeuvre d’outils d’analytics « qui sont des outils au service des apprentissages ».

    La DNE se pose toutes sortes de questions sur le sujet et notamment l’intérêt de ces outils du point de vue des élèves et des enseignants.

    « Globalement les Learning analytics, c’est une façon d’analyser de ce qu’on est entrain de faire » ;

    « et de bénéficier de l’analyse de traces et de données d’apprentissage pour à la fois étayer soit l’élève, soit étayer l’enseignant pour qu’il puisse aider l’élève et puisse lui permettre de parfaire un parcours de formation ».

    Les questions que se posent le NumériLab sont surtout liées à l’évolution extrêmement rapide dans ce domaine notamment au niveau des solutions industrielles. Et Claudio Cimelli prend l’exemple des Etats-Unis où le phénomène est particulièrement étendu.

    Questions d’éthique, questions juridiques et questions de « est ce que cela sert vraiment à faire progresser les élèves ? »…

    Retrouvez la totalité de l’interview dans la vidéo ci-contre.

    Tous les sujets, articles et vidéos réalisés sur le C2E 2016 sont à retrouver dans notre dossier spécial ici.

  • Infobésité et big data : faites parler les données!

    Infobésité et big data : faites parler les données!

    Stéphane Chauvin dirigeant de la société R2C System et de mydataball.com est venu témoigner de son point de vue en tant que représentant de la filière numérique, sur la thématique de cette année à savoir le big data. En effet, le c2E, au-delà des chercheurs, fait venir de nombreux intervenants extérieurs pour ouvrir les points de vue sur la thématique.

    « Nous sommes des industriels de l’analyse et nous avons une mécanique qui va prendre depuis les données jusqu’aux besoins des décideurs à transformer la donnée en connaissance utilisable et pertinente« .

    Exemples de ce travail et utilisation concrète de la data illustrés par le propos de Stéphane Chauvin dans la vidéo ci-contre.

    Tous les sujets, articles et vidéos réalisés sur le C2E 2016 sont à retrouver dans notre dossier spécial ici.

    A propos de mydatball.com : mydataball.com

     

  • L’enjeu des Learning Analytics

    L’enjeu des Learning Analytics

    Serge Garlatti est professeur à Télécom Bretagne et responsable du département informatique, membre du laboratoire LabSTICC, du CSV du pôle Images et réseaux, président de l’ATIEF et membre de l’AFIA.Il est intervenu sur le C2E sur l’un des volets de la thématique annuelle du big data à savoir l’analyse des données d’apprentissage. Il a utilisé quelques cas d’études dans le cadre du projet Hubble.

    « Cela fait maintenant environ 15 ans que je travaille à l’intersection des domaines de l’Intelligence Artificielle et des EIAH. Mes activités de recherche portent sur les domaines de la e-Education, de la E-Formation (apprentissage tout au long de la vie) et de la médiation culturelle pour des apprentissages formels et informels.
    Je m’intéresse à des problématiques de conception d’environnements d’apprentissages et de médiation culturelle fondés sur des démarches par investigation ou le connectivisme, en utilisant des média sociaux dans des environnements ouverts de type MOOC.

    D’un point de vue informatique, il s’agit de problématiques d’acquisition et de représentation de connaissances, de traces et d’analyses de ces dernières, de web sémantique et de Linked Data, de sensibilité au contexte et d’adaptation, de learning analytics, et de génération dynamique de tableaux de bord pour accompagner toutes les parties prenantes ».

    L’enjeu des Learning Analytics aujourd’hui est d’être capable d’analyser le comportement des apprenants sur des plateformes numériques, de plus en plus utilisées.

    « Le but est bien d’adapter, grâce à ce travail d’analyse, les outils à chaque apprenant ou à chaque groupe d’apprenant et il y aura de biens meilleurs résultats au niveau des apprentissages« , explique t-il.

    Retrouvez toute sa réflexion sur le sujet dans la vidéo ci-contre.

    Tous les sujets, articles et vidéos réalisés sur le C2E 2016 sont à retrouver dans notre dossier spécial ici.