Catégorie : Rapport

  • “Jules Ferry 3.0″ : récit d’une convergence

    “Jules Ferry 3.0″ : récit d’une convergence

    Par Daniel Kaplan, le 13 octobre 2014

    [callout]Je faisais partie de ce groupe piloté par Sophie Pène. Il s’y est passé quelque chose que je vois assez rarement arriver dans les débats sur l’éducation : entrés dans ce travail collectif avec des positions parfois très divergentes, nous en sommes sortis avec des convictions communes.[/callout]

    Kaplan2_RapportCNN_171014Les ateliers que nous avons organisés avec toutes sortes d’acteurs de la communauté éducative, ainsi que la multitude des entretiens, visites, lectures, échanges en ligne qui ont nourri nos séances, ont construit cette convergence. Cela mérite en soi d’être mentionné, tant on finit par s’habituer, sur le sujet de l’éducation, à voir des gens cultivés et intelligents mobiliser tout leur talent à traiter leurs contradicteurs en mauvais élèves qui n’auraient pas fait leurs devoirs.

    Sur un point en particulier, ma position a évolué. Je souhaiterais expliquer comment, pour aider ceux que cela intéresse à comprendre ce travail collectif.

    Tout le monde veut tout changer

    Comme beaucoup d’acteurs du “numérique éducatif”, y compris ceux qui ne se retrouvent pas dans nos propositions, je considère que “le numérique doit être l’affaire de toutes les disciplines” et participer au “décloisonnement disciplinaire“. Je crois d’ailleurs que chacun des auteurs du rapport pourrait signer cette phrase. Nous n’ignorons pas non plus que des milliers d’enseignants, des dizaines d’établissements, de nombreux cadres des rectorats ou de l’administration centrale, etc., y travaillent. Au contraire, nous en avons rencontré beaucoup et ils nous inspirent encore. Nous demandons explicitement qu’on reconnaisse, valorise et utilise leur travail à sa juste valeur.

    Mais force est de constater que tous ces efforts, ainsi qu’une multitude de “plans numériques” nationaux et territoriaux, n’ont pas produit d’effets significatifs à l’échelle de notre système éducatif. Certes, les choses bougent, mais trop lentement.

    Les innovateurs innovent, mais chacun connaît l’isolement dans lequel ils le font, qui les épuise les uns après les autres.

    Personne n’est coupable, mais il faut changer d’approche.

    Je crois désormais à la nécessité de proposer des “points d’application” précis pour faire levier, pour engager une vraie dynamique de changement à l’échelle, non plus d’expériences individuelles (aussi excellentes soient-elles), mais de l’ensemble du système.

    Il faut commencer quelque part

    L’enseignement de l’informatique est l’un de ces points d’application.

    Au démarrage de notre travail, j’étais plutôt opposé à l’idée d’en recommander l’introduction systématique et volontariste. Certes, je crois profondément que l‘“honnête homme” (ou femme) de demain devra comprendre comment fonctionnent les machines qui produiront la majorité de nos informations, de nos connaissances et de nos décisions. Je crois aussi que cette compréhension doit être pratique, ce qui signifie qu’elle passe par une forme ou une autre de programmation. Je crois enfin, comme Serge Pouts-Lajus, que “la programmation d’un automate est, à tout âge, une expérience d’apprentissage d’une très grande richesse” – au point qu’elle constitue pour beaucoup d’élèves (ou ex-élèves) un moyen de “raccrocher”, de retrouver le plaisir et la fierté d’apprendre.

    Fallait-il pour autant souhaiter que tous les enfants apprennent des éléments d’informatique ?

    J’en doutais pour deux raisons. D’une part, je considère qu’au cœur de la transformation numérique, il y a tout autant la “science informatique” qu’un ensemble de pratiques sociales, de travail et d’expression, toutes aussi importantes à maîtriser : je ne voulais donc pas que l’Education Nationale privilégie la première dimension, plus facile à cerner, pour éviter de faire face à l’autre, plus diffuse. D’autre part, j’estimais que les disciplines étouffent suffisamment notre système pour ne pas vouloir en ajouter une.

    Mais alors, que faire ? La réponse “utilisons le numérique pour changer de l’intérieur toutes les disciplines et brouiller leurs frontières” est évidemment excellente, mais elle présente plusieurs faiblesses [1].

    Lorsqu’elle se traduit par l’usage de logiciels disciplinaires tout faits ou de ressources numériques, même de qualité, elle ne change au fond pas grand-chose à l’expérience d’apprentissage et n’apporte aucune compréhension de cette “mécanique cognitive” qu’est l’informatique.

    Surtout, elle peut servir de paravent à l’immobilisme de l’institution : car c’est en effet ce que l’on fait (ou prétend faire ?) depuis 20 ans. On a bel et bien fait entrer un peu de numérique dans toutes les disciplines, les inspecteurs pédagogiques régionaux et les Délégués académiques au numérique (DAN) sont mobilisés depuis longtemps là-dessus. On a laissé se développer une multitude d‘“expériences” formidables (mais sans reconnaissance, sans lendemain ou en tout cas, sans modalité en permettant l’extension, la reproduction, etc.)

    Des appels à projets ont financé toutes sortes de produits numériques éducatifs. A-t-on pour autant le sentiment d’en être arrivés beaucoup plus loin aujourd’hui qu’il y a 20 ans ? Dans l’immense majorité des établissements et des classes, la réponse est non.

    À nouveau, les personnes ne sont pas en cause : l’effort est tout simplement trop diffus pour une organisation de cette taille et de cette complexité.

    Le cheval de Troie

    D’où l’idée autour de laquelle nous avons convergé, entre ceux qui, dès le départ, militaient en faveur de l’enseignement de l’informatique et ceux qui n’y croyaient pas : faire de cet enseignement le “cheval de Troie” par lequel élèves et enseignants explorent de nouvelles formes de travail et d’apprentissage. Nous considérons en effet qu’il serait absurde et même néfaste d’enseigner l’informatique au tableau noir (voire au tableau blanc interactif), que son enseignement passe nécessairement par une organisation en projets et par un travail collectif. Et où trouver des “projets” qui ont du sens ? Dans les autres disciplines ! Voici notre angle, et je le crois nouveau :

    faire de l’enseignement de l’informatique le levier d’un changement qui le dépasse et qui introduit avec lui, par la pratique autant que la théorie, une “littératie numérique” que nous plaçons au même niveau d’importance.

    Ça sera difficile ? Oui. Tous les partisans de l’enseignement de l’informatique à l’Ecole ne pensent pas que le “mode projets” et le travail collectif sont la condition de son introduction ? Sans doute pas, mais ceux d’entre eux qui participaient à notre groupe ont fait ce chemin. On risque à chaque pas de conserver le contenu disciplinaire et d’oublier les nouvelles formes de travail ? Certainement, d’où la nécessité d’un pilotage énergique et vigilant – et tout simplement d’oser, parce que le résultat parlera de lui-même.

    Bac et Capes, les gros mots ?

    Le bac “Humanités numériques” dont nous proposons la création constitue un autre levier d’application. Il ne faudrait pas pousser beaucoup pour me faire dire que le bac lui-même est un problème ; et pourtant, si l’on veut que quelque chose change vite, ce nouveau bac est une proposition futée et féconde – l’idée originelle ne vient pas de moi : montrons qu’on peut imaginer un bac de notre époque, mariant science, technologie et humanités, un bac tellement désirable que les autres filières du lycée finiront naturellement par converger vers son modèle (au point de le rendre obsolète ? Chiche !)

    Et puis, évidemment, il y a la proposition du Capes d’informatique (1/2 page du rapport). Là encore, j’y ai résisté longtemps et l’on notera que le rapport propose bien d’autres manières de trouver les enseignants d’informatique qui deviendront nécessaires, si l’on décide d’enseigner cette connaissance et cette compétence. Mais soyons logiques :

    soit le Capes est une mauvaise manière de recruter tous les profs (ça se discute, sûrement !) et il faut le supprimer, soit c’est la manière standard et reconnue et l’on se demande bien pourquoi seuls les profs d’informatique y échapperaient ?

    Impairs et manques

    Il manque beaucoup de choses à notre rapport. Plusieurs absences nous ont été signalées à juste titre : une réflexion plus approfondie sur les filières professionnelles, des développements sur les espaces et les architectures… La liste n’est pas close. Les commentaires en ligne l’enrichiront sans aucun doute.

    Il y a aussi, dans ce rapport, beaucoup d’autres choses dont la Toile s’est moins emparé : sur la transformation du contenu même des disciplines (en lien avec la recherche), sur l’école ouverte, sur la puissance du secteur de l’”EdTech”…

    Nous avons parfois fait le choix délibéré de ne pas descendre trop profondément dans le détail, par exemple à propos du contenu du Bac HN : définir le programme d’une filière de lycée mobilise des compétences dont nous ne disposons pas.

    Nous serons suivis ou ne le serons pas ; on pourra certainement nous démontrer que nous avons tort sur plusieurs points. Ma conviction est néanmoins que ce rapport apportera au moins deux contributions durables à l’évolution de notre Ecole : d’une part, une réflexion sur les points d’application et la recherche d’actions précises à effet de levier maximal ; et d’autre part, la démonstration que, même à propos d’éducation, il est possible de se changer les uns les autres et de tomber d’accord. Si, si, je vous assure !

    [1] La question de savoir si la “transformation numérique” passe par un effort diffus ou, au contraire, concentré et spécialisé, se pose ou s’est posée dans de très nombreuses organisations. A chaque nouveau gouvernement, par exemple, on débat de l’intérêt d’avoir un “ministre du numérique” (au risque de trop spécialiser le sujet) ou au contraire de mettre du numérique partout (au risque qu’il ne se passe rien). Depuis 2007, cependant, la France a fait le choix de se doter d’un(e) ministre ou d’un(e) secrétaire d’Etat au numérique, et ne s’en porte pas mal.
    Auteur Daniel Kaplan sur le site InternetACTU.net

    Accéder au site du CNN et au rapport ici

  • PISA 2012 dans l’UE : des progrès en sciences et lecture mais insuffisant en maths !

    PISA 2012 dans l’UE : des progrès en sciences et lecture mais insuffisant en maths !

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    Si l’ensemble de l’UE accuse un retard considérable en mathématiques, les résultats sont plus encourageants en sciences et en lecture, matières pour lesquelles l’Europe est en passe d’atteindre son objectif pour 2020, soit la réduction du pourcentage de personnes ayant une maîtrise insuffisante.

    «D’ici 2020, la proportion de personnes âgées de 15 ans ayant une maîtrise insuffisante de la lecture, des mathématiques et des sciences devrait descendre sous le niveau des 15 %».

    Voir les conclusions du Conseil de mai 2009 concernant un cadre stratégique pour la coopération européenne dans le domaine de l’éducation et de la formation.

    Ces conclusions ont été présentées à Bruxelles par Yves Leterme, secrétaire général adjoint de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), et Jan Truszczynski, directeur général en charge de l’éducation et de la culture à la Commission européenne.

    Les résultats font apparaître que depuis 2009, dans dix États membres (BG, CZ, DE, EE, IE, HR, LV, AT, PL et RO), la diminution du nombre d’étudiants ayant une maîtrise insuffisante des trois compétences de base a bien progressé. Par contre, dans cinq autre pays de l’UE (EL, HU, SK, FI, SE), ce nombre a augmenté.

    Les autres États membres affichent des résultats mitigés.

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    Source : OCDE, PISA2012 , tableau non exhaustif

    De manière générale, l’Union européenne s’en sort légèrement mieux que les États-Unis, mais le Japon reste en tête de ce trio.

    La commissaire européenne chargée de l’éducation, de la culture, du multilinguisme et de la jeunesse, Mme Androulla Vassiliou, a fait la déclaration suivante:

    «Je félicite les États membres qui ont amélioré leurs résultats mais il est évident que l’UE, dans son ensemble, doit travailler davantage. Les États membres doivent soutenir leurs efforts de lutte contre la maîtrise insuffisante des compétences dans l’enseignement scolaire pour faire en sorte que les jeunes possèdent les compétences dont ils ont besoin pour réussir dans le monde moderne. Ces résultats nous rappellent qu’investir dans un enseignement de qualité est fondamental pour l’avenir de l’Europe

    Cette opinion est partagée par Yves Leterme: «L’étude PISA indique quelles sont les compétences des jeunes de 15 ans et ce qu’ils peuvent faire de ces compétences. Dans une économie mondialisée, le succès ne se mesure plus seulement à l’aune des normes nationales, mais à celle des systèmes d’enseignement les plus performants. Les résultats au niveau de l’UE soulignent le besoin d’accélérer le rythme de progression si les États membres ne veulent pas se laisser distancer par d’autres économies», a ajouté l’ancien Premier ministre belge.

    L’enquête PISA est réalisée tous les trois ans depuis son lancement en 2000. L’ensemble des 34 États membres de l’OCDE ainsi que 31 pays partenaires ont participé à PISA 2012, ce qui représente plus de 80 % de l’économie mondiale. Quelque 510 000 élèves âgés de 15 ans et 3 mois à 16 ans et 2 mois ont pris part aux contrôles, qui couvraient les mathématiques, la lecture et les sciences, l’accent étant mis sur les mathématiques.

    Les données recueillies grâce à PISA permettent aux décideurs politiques et aux éducateurs de dégager les caractéristiques des systèmes éducatifs très performants et d’adapter leurs politiques.

    La Commission européenne et l’OCDE ont signé récemment un accord de coopération visant à collaborer plus étroitement dans trois domaines: les stratégies en matière de compétences, les analyses par pays et les études internationales.

    Que disent les conclusions à propos de l’UE — analyse de la Commission

    Lecture: le pourcentage d’élèves ayant une maîtrise insuffisante de la lecture est passé de 23,1 % en 2006 à 19,7 % en 2009 et 17,8 % en 2012. Si cette tendance se poursuit, le critère de référence de 15 % pourrait être atteint d’ici 2020. À ce jour, seuls sept pays de l’UE ont atteint cet objectif (EE, IE, PL, FI, NL, DE et DK). Des progrès notables ont été réalisés en CZ, DE, EE, IE, HR, LT, LU, AT, PL et RO.

    Mathématiques: le pourcentage d’élèves ayant une maîtrise insuffisante des mathématiques n’a pas diminué au niveau de l’UE depuis 2009. Quatre États membres (EE, FI, PL, NL) occupent toutefois le haut du classement mondial avec un taux d’élèves ayant une maîtrise insuffisante des mathématiques qui est inférieur au critère européen de référence de 15 %. Aucun autre État membre n’a encore atteint ce niveau. Des progrès importants (plus de 2 points de pourcentage) ont été réalisés en BG, EE, IE, HR, LV, AT, PL et RO.

    Sciences: amélioration constante des compétences scientifiques dans toute l’Union. Le pourcentage d’élèves de l’UE ayant une maîtrise insuffisante des sciences est passé de 20,3 % en 2006 à 17,8 % en 2009 pour atteindre 16,6 % en 2012. Dix États membres sont sous la barre des 15 %: CZ, DE, EE, IE, LV, NL, PL, SI, FI, UK. Des progrès constants ont été réalisés en CZ, DE, EE, IE, ES, LV, AT, PL et RO.

    L’analyse souligne que la situation socioéconomique des élèves a une incidence considérable sur les niveaux de performance, les apprenants issus de ménages à faibles revenus étant bien davantage susceptibles de présenter des lacunes en mathématiques, en sciences et en lecture. Parmi les autres facteurs significatifs, citons les conséquences essentiellement négatives de l’origine pour les personnes issues de l’immigration, l’importance de la prise en charge de l’éducation et de l’accueil des jeunes enfants et l’écart entre les garçons et les filles en lecture (les dernières ayant de bien meilleurs résultats que les premiers).

    L’analyse révèle aussi le lien entre les résultats de PISA et l’enquête publiée récemment par l’OCDE sur les compétences des adultes (IP/13/922). Elle conclut que pour être efficaces, les politiques doivent se concentrer sur l’amélioration des structures d’enseignement primaire et secondaire. Après, il est généralement trop tard pour compenser les occasions manquées à l’école.
    Pour plus d’informations :
    PISA 2012: EU performance and first inferences regarding education and training policies in Europe

    PISA 2012, analyse du cas français à lire ici

  • Jeux vidéo : une industrie culturelle innovante pour nos territoires

    Jeux vidéo : une industrie culturelle innovante pour nos territoires

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    Le groupe de travail sénatorial conjoint aux commissions de la culture et des affaires économiques a, durant six mois, rencontré les acteurs de l’industrie du jeu, des chercheurs et des représentants des secteurs économiques, éducatifs et culturels.

    Il ressort des travaux menés que les contenus et la pratique des jeux vidéo font largement débat. A quel point leur pratique constitue-t-elle un risque sanitaire et social pour les joueurs les plus dépendants ? Comment contrôler la diffusion de jeux violents auprès des jeunes publics ?

    Les jeux éducatifs représentent-ils une chance ou, au contraire, un leurre pour l’école?

    L’avenir économique de la filière sur le territoire national constitue une autre source de préoccupations.

    Mondialisé et hyperconcurrentiel, le marché des jeux vidéo dépasse aujourd’hui en valeur celui de l’industrie du cinéma ou de la musique. Explosion des coûts de production et des dépenses de marketing et essor de jeux sur réseaux sociaux et téléphones portables très peu rémunérateurs constituent désormais un enjeu majeur pour cette industrie.

    Figurant longtemps parmi les pays leaders du secteur, la France compte aujourd’hui quelques entreprises « phare » reconnues internationalement, mais également une multitude de studios de petite taille dont le taux de mortalité est élevé.

    Si notre pays peut compter sur l’excellence de ses formations et sa célèbre « french touch », mêlant maîtrise technique et créativité, il doit renforcer son offre de capital-risque, pallier les carences managériales des PME et adapter son dispositif de soutien financier et fiscal aux particularités du secteur. C’est le sens des dix propositions que formule le groupe de travail.

    Le propos qui intéressera plus spécifiquement nos lecteurs est le lien entre jeux vidéo, école et apprentissage. Un extrait du rapport aborde ce sujet : :

    Le jeu comme médium éducatif ?

    L’autre débat qui agite le monde de la recherche vidéo concerne le rôle des jeux vidéo dans l’apprentissage et, singulièrement, leur place à l’école.

    Sylvain Genevois, dans son article « Les jeux vidéo ont-ils droit de cité à l’école ? », rappelle à cet égard que le jeu n’a été que tardivement considéré comme un outil pédagogique : « Du latin jocus (badinage, plaisanterie), le jeu est étymologiquement tout sauf sérieux. Il n’a donc pas droit de cité à l’école avant le XIXe siècle, où des philosophes et des psychologues commencent à s’y intéresser, montrant son utilité dans la société et dans l’enseignement. D’Aristote aux philosophes de l’Encyclopédie, le jeu est dévalorisé, tout juste considéré comme une ruse pédagogique qui aide l’enfant à travailler.

    Le jeu entre vraiment à l’école avec les pédagogues de l’Education nouvelle (John Dewey, Maria Montessori). (…) Le jeu (devient) un prétexte pour apprendre, un détour utile pour amener l’apprenant à s’intéresser à une question et à résoudre – souvent collectivement – un problème. »

    À l’heure actuelle, un nombre croissant d’enseignants, eux-mêmes « digital natives » pour les plus jeunes d’entre eux, réfléchissent à la place du jeu à l’école sous l’angle des nouvelles technologies, même si les usages scolaires des jeux électroniques sont encore largement minoritaires en France (ils occupent en revanche une place de choix dans les programmes dans les pays scandinaves et anglo-saxons).

    Sylvain Genevois explique le retard français en la matière par le fait que « la violence, les valeurs idéologiques et les codes sociaux véhiculés par certains jeux vidéo ne contribuent pas à améliorer la confiance des pédagogues vis-à-vis des jeux, tout juste tolérés à l’école sous la forme de « serious games ». »

    Un exemple, cité par Sébastien Genvo dans son ouvrage précité, illustre bien l’image négative des jeux vidéo « non sérieux » en milieu scolaire : « Depuis que le collège d’enseignement secondaire Albert Camus de Moulins-les-Metz s’est pourvu, en février 2001, d’une connexion Internet accessible aux élèves ; deux types de sites ont été censurés : les sites pornographiques et les sites portant sur les jeux vidéo. »

    Certains auteurs considèrent, plus théoriquement, que le jeu d’apprentissage est une notion inepte par essence.

    Se basant sur la définition du jeu issue des travaux de Roger Caillois qui considère le jeu comme « une action libre, sentie comme fictive et située en dehors de la vie courante, capable néanmoins d’absorber totalement le joueur ; une action dénuée de tout intérêt matériel et de toute utilité », ils estiment que l’activité du joueur est fondamentalement superflue. Elle se distingue des activités utiles auxquelles appartient en revanche l’apprentissage.

    La suite et le rapport ici

  • Les territoires numériques de la France de demain

    Les territoires numériques de la France de demain

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    Les nouvelles technologies sont devenues un outil incontournable de la vie en société. Pourtant, les individus et les territoires ne sont pas égaux face au numérique. Des inégalités persistent dans l’accès aux équipements et aux réseaux de télécommunications.

    De manière plus inquiétante, c’est dans la capacité des individus à utiliser les outils multimédias que les inégalités se creusent. Elles risquent d’aggraver les inégalités sociales et culturelles présentes dans notre société.

    C’est dans les territoires où se concentrent les inégalités – territoires prioritaires de la politique de la ville, zones hyper-rurales, villes petites et moyennes frappées par la désindustrialisation – sans doute plus qu’ailleurs que les technologies de l’information et de la communication ont un rôle fondamental à jouer.

    Développement économique, valorisation du patrimoine, accès à la santé, à l’éducation, aux services publics : dans tous ces domaines, les technologies numériques sont des outils précieux pour dépasser la dichotomie urbain/rural et offrir de nouvelles opportunités à tous les territoires.

    Cependant, jusqu’à présent, les questions d’infrastructures ont trop largement monopolisé les débats politiques et les investissements. Dans le champ des services et des usages numériques, de nombreuses expérimentations ont été conduites, mais trop souvent de manière isolée.

    Les pistes de réflexion et d’action proposées dans ce rapport convergent vers la nécessité de s’approprier les nouvelles technologies dans la proximité, sur la base des territoires vécus. La culture numérique – collaboration, ouverture, mutualisation, reconnaissance de l’initiative individuelle, etc. – doit être mise au service du développement territorial. La création de biens communs qui en résultera (logiciels, services, connaissance, données) offrira l’assurance de mécanismes de solidarité durables, tant au niveau local que global.

    Figurent à ce titre, parmi les 22 propositions qui concluent ce rapport, l’urgence de développer massivement le télétravail, la signature de conventions numériques au sein des collectivités territoriales pour le développement des services et des pratiques numériques, la création de Conseils locaux du numérique ou encore la nomination de coordinateurs des politiques publiques du numérique à l’échelle des bassins de vie.

    Des recommandations sont également formulées pour une meilleure appropriation du numérique dans les domaine de l’éducation, de la santé, de l’e-administration, de l’énergie ou des transports.

    Les Recommandations du rapport

    1. Une coordination dans la proximité, à l’échelle des bassins de vie, pour promouvoir la culture et les pratiques numériques ainsi que le développement des services
    2. Des conventions numériques permettant d’établir le consensus entre les collectivités territoriales sur la définition d’un cadre de référence
    3. Un observatoire national de la culture, des pratiques et des mutations sociales liées au numérique
    4. Des espaces publics innovants inscrits dans un maillage territorial plus dense
    5. Renforcer la mutualisation volontaire de l’ingénierie informatique pour le développement de l’administration et des services publics numériques
    6. Mettre en œuvre une stratégie interterritoriale mutualisée de stockage et d’archivage des données
    7. Développer massivement le télétravail
    8. Créer un statut de territoire de transition et d’innovation au profit des territoires ruraux les plus fragiles
    9. Développement de nouvelles solidarités à travers la mise en réseau des structures sociales locales (services, associations et bailleurs sociaux)
    10. Un pilotage de la stratégie nationale de déploiement rénové
    11. Mettre l’enseignement et la formation à la culture numérique au rang de discipline fondamentale du système d’éducation
    12. Coordonner l’action de tous les acteurs de l’éducation et de la formation à travers des conventions territoriales d’innovation pédagogique
    13. Développer la démocratie locale via le numérique
    14. Territorialiser l’e-santé
    15. Développer les transports multimodaux et l’information en temps réel sur les transports
    16. Prendre en compte l’impact environnemental du numérique
    17. Promouvoir le développement des réseaux d’électricité intelligents et interopérables
    18. Faire des territoires d’Outre-mer des espaces pilotes sur le numérique
    19 . Développer une économie de proximité grâce au numérique
    20. Développer et défendre un modèle de société numérique pour la France et l’Europe
    21. Développer la coopération décentralisée
    22. Accélérer le déploiement de réseaux mobiles très haut débit dans tous les terrioires

    Plus d’infos :
    Rapport – Les territoires numériques de la France de demain
    Cliquez ici pour télécharger directement le rapport en PDF
    Interview de Claudy Lebreton, « Ancrer la culture numérique dans le quotidien » sur Localtis.info ici

  • Structuration de la filière économique du numérique éducatif : Un enjeu pédagogique et industriel majeur pour la France

    Structuration de la filière économique du numérique éducatif : Un enjeu pédagogique et industriel majeur pour la France

    EducnatCP240913Commandé par Vincent Peillon, Pierre Moscovici, ministre de l’économie et des finances, Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif et Fleur Pellerin, ministre déléguée aux PME, à l’innovation et à l’économie numérique, il a vocation à préparer le volet industriel et économique de la stratégie pour « Faire entrer l’Ecole dans l’ère du numérique », présentée en décembre 2012.

    La filière du numérique éducatif recouvre une grande diversité de productions de contenus pédagogiques issues de l’édition publique et privée (manuels scolaires numériques, jeux sérieux, portails documentaires et logiciels pédagogiques, vidéos éducatives…) ainsi que les équipements et les infrastructures de la classe connectée et les plateformes de diffusion de ressources et de services (tablettes tactiles, tableaux numériques interactifs, espaces numériques de travail, plateformes d’accès à des applications éducatives, services pédagogiques…).

    Le rapport détaille les atouts de la France dans ce domaine (un secteur de l’édition scolaire performant, une tradition pédagogique, des opérateurs publics reconnus, un écosystème numérique de qualité, un potentiel à l’export lié à la francophonie…) et en identifie les freins (trop faible niveau d’équipement, manque de structuration du marché et notamment de la demande, en matière de gouvernance pour porter la transition vers le numérique…).

    Il souligne que le développement d’une filière industrielle du numérique éducatif performante est un véritable enjeu politique, une source de création d’emplois et un élément clef pour permettre à la France de continuer à avancer pour faire entrer l’École dans l’ère du numérique.

    Le rapport énonce une dizaine de recommandations pour le développement de cette filière qui portent notamment sur :
    – une politique volontariste de formation des enseignants
    – une gouvernance resserrée avec la mise en place d’une structure en charge du pilotage de ces sujets et une coordination des acteurs au niveau déconcentré
    – le développement de la recherche dans le domaine des utilisations pédagogiques du numérique
    – une structuration de la demande publique au sein d’une Conférence des financeurs et la mobilisation du Comité stratégique de la filière numérique
    – la poursuite de la politique d’infrastructure et d’équipement des établissements
    – une stratégie en matière de définition de standards et de normes applicables à la filière éducative.

    Le ministère de l’éducation nationale partage les analyses du rapport et s’est déjà engagé dans la mise en œuvre de certaines recommandations, notamment : en matière de gouvernance avec la mise en place prochaine d’une direction du numérique éducatif au sein du ministère, en matière de formation dans les Écoles supérieures du professorat et de l’éducation, en matière d’équipement avec les collèges connectés et le déploiement du très haut débit pour les établissements scolaires.

    En lien avec les autres ministères concernés et après concertation avec les acteurs économiques de la filière, un point d’étape sera réalisé dans les prochains mois pour préciser les suites données aux différentes recommandations du rapport.

    Ce rapport, issu du travail conjoint des inspections générales concernées (Inspection générale des finances, Inspection générale de l’éducation nationale, Inspection générale de l’administration de l’éducation nationale et de la recherche) et du Conseil général de l’économie, de l’industrie, de l’énergie et des technologies, est consultable sur : www.education.gouv.fr/rapport-filiere-numerique-educatif

  • Enfants et écrans : grandir dans le monde numérique

    Le rapport dresse un état des lieux des travaux, des systèmes de régulation et de protection et en mesure l’efficacité. Il pointe l’apport bénéfique de ces nouvelles technologies mais également les dangers auxquels les mineurs sont exposés.

    Ce monde numérique qui peut sembler virtuel aux adultes est un monde bien réel pour les jeunes. Le nomadisme des supports et l’accès large à une connexion Internet rendent de plus en plus difficile la surveillance des adultes.
    Le repérage des effets de la consommation précoce et parfois intense des écrans par les enfants, l’information et la sensibilisation relatives aux enjeux de la protection de la vie privée des jeunes enfants et des adolescents sont un complément indispensable au dispositif de protection juridique existant.

    Il reste à mener une campagne de sensibilisation centralisée (et non plus par différents acteurs) directement auprès des enfants et des adolescents, qui méconnaissent encore trop leurs droits sur Internet.

    Le rapport « Enfants et écrans » formule 10 propositions reprises intégralement dans la synthèse jointe.

    Plus d’infos : consulter la synthèse ici

  • Jouer en classe, est-ce bien sérieux ?

    Jouer en classe, est-ce bien sérieux ?

    09112012509d2a6749b26« Les « jeux sérieux », déjà très utilisés pour la formation professionnelle en entreprise, font une entrée remarquée dans le monde de l’éducation. On peut rappeler notamment que les programmes rénovés de sciences et technologies du management et de la gestion (STMG) en préconisent explicitement l’usage.
    Mais toutes les disciplines et spécialités sont aussi concernées et certains jeux sont mis en œuvre dans le cadre de dispositifs tels que l’accompagnement personnalisé au collège et au lycée.


    Ce nouveau type de ressources numériques favorise-t-il les apprentissages ? Comment les aspects ludiques et éducatifs peuvent-ils cohabiter ? Quel impact peut avoir l’introduction d’un jeu sérieux dans la gestion d’une classe? Comment les élèves le perçoivent-ils ?
    Ces questions et bien d’autres ont été à l’origine de l’expérimentation conduite durant deux années scolaires dans l’académie d’Aix-Marseille, sous l’égide d’Anne Wix, professeur documentaliste et collaboratrice du pôle TICE de l’académie ».

    préface Brigitte Jauffret, Conseillère TICE AC Aix-Marseille.

    Huit jeux ont été sélectionnés pour être utilisés dans 34 établissements (collèges, lycées, général ou technique et lycées professionnels). La centaine d’enseignants qui a suivi l’aventure a été formée au préalable (présentation du jeu, prise en main et réflexion autour des usages possibles), soit par les éditeurs des jeux, soit par l’équipe de la mission TICE. Les jeux ont été utilisés dans différents dispositifs, disciplines ou niveaux.

    Le point de vue des enseignants

    Les enseignants ayant participé à l’expérimentation ont répondu à un questionnaire.
    86% des répondants ont été satisfaits de l’utilisation des jeux en classe, ce qui est un résultat très encourageant.

    Parmi les témoignages, en voici des extraits : «ce jeu nous a permis d’initier les étudiants aux jeux de rôle dans le cadre des négociations» ; «le jeu ne couvre pas l’essentiel des prescriptions ; par contre, il a le mérite de motiver les élèves et de les rendre autonomes. Le jeu est très adaptable pour l’enseignement de la technologie en cinquième».

    Ils expriment également leurs points de vue quant à l’apprentissage des élèves. Enthousiasme, concentration, motivation, implication sont autant de termes qui qualifient le comportement des élèves sur l’utilisation des jeux en classe. Les apports pour les apprentissages sont, par ordre d’importance une réflexion approfondie,  l’acquisition des connaissances et une mémorisation améliorée.
    Aucun répondant n’a signalé d’effet négatif des jeux sérieux sur l’activité des élèves.

    Les jeux sérieux sont utilisés différemment par les enseignants. Certains vont les faire entrer dans leur cours pour aborder une nouvelle notion ; d’autres vont s’en servir pour remotiver leurs élèves ou encore pour s’assurer que les connaissances sont bien assimilées ; enfin, le jeu sérieux permet l’individualisation des parcours, le travail au rythme de chaque élève.
    Au-delà de tous ces aspects positifs, les enseignants émettent certaines limites telles que, par exemple, le « zapping » d’une situation de jeu à l’autre, la focalisation sur le jeu et non les apprentissages par les élèves… Pour éviter cela, ils émettent quelques conseils et mises en garde avant d’introduire le jeu dans une classe.

    L’enseignant reste maître de sa classe ; tout en étant le détenteur du savoir, il est à la fois animateur, accompagnateur du jeu et même joueur. Il peut adopter différentes postures pendant un même cours, telles qu’elles sont décrites dans le rapport de l’expérimentation : accompagnateur, en retrait, frontal ou joueur.
    L’essentiel est que l’élève comprenne pourquoi il joue.
    Une autre clé de réussite est que le jeu doit s’adapter au cadre scolaire.

    Enfin, en interrogeant les enseignants sur l’ambiance de la classe pendant l’utilisation des jeux sérieux, 35 % d’entre eux avouent la gestion plus facile, face à des élèves studieux et attentifs.

    Le point de vue des élèves

    « Les élèves ont été interrogés sur le fait qu’ils aient appris ou non quelque chose ». Etant donné la difficulté de la question, les résultats des répondants sont les suivants « 52% des élèves ayant répondu à l’enquête considèrent qu’ils ont appris quelque chose. 26% n’ont pas su répondre (choix « Je ne sais pas »). 22% considèrent qu’ils n’ont pas appris quelque chose ».

    D’autre part, 60% d’entre eux pensent que les connaissances acquises pendant le jeu sont utiles au cours.
    Une part non représentative de l’échantillon et très marginale considère que le jeu ne leur a rien apporté et avoue s’être ennuyée. Pour la majorité des élèves (70% des répondants), le jeu rend le cours plus intéressant.

    L’envie d’aller à l’école et le plaisir d’apprendre sont deux éléments phares que nous retenons de l’analyse des réponses des élèves.

    Enfin, lorsqu’on leur a demandé de se positionner sur trois affirmations : « Etudier, ce n’est pas jouer » ; « le jeu est fait pour jouer, pas pour étudier » ; et « si on peut étudier et jouer en même temps, c’est mieux », la dernière remporte la palme sans hésitation à 85%.

    En conclusion, le rapport de l’expérimentation « Jouer en classe, est-ce bien sérieux ? »,  amène essentiellement à des constats positifs sur l’apport de ces nouvelles ressources dans l’apprentissage des élèves. 96% des enseignants interrogés considèrent qu’il y a une réelle plus-value à utiliser les jeux sérieux dans l’enseignement de manière général, ce qui n’est pas négligeable.

    Du côté élèves, il semblerait que les jeux sérieux éliminent le facteur tant redouté actuellement de « l’ennui à l’école».

    Le rapport précise bien qu’il n’a pas pour vocation de faire la promotion des jeux sérieux et de leur utilisation en classe comme les outils idéals, mais bien de montrer qu’ils peuvent être intégrés, comme toute autre ressource pédagogique, de manière intelligente, étudiée et réfléchie aux pratiques des enseignants et des élèves.

    C’est d’ailleurs en ce sens que l’aventure « jeux sérieux » se poursuit dans l’académie d’une part, par la mise en place d’un groupe académique d’accompagnement s’adressant à tous les enseignants désireux d’utiliser des jeux sérieux avec leurs élèves, et d’autre part, par des formations aux usages de jeux sérieux en anglais et en économie-gestion dès cette année (d’autres matières à venir pour la prochaine année scolaire).

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  • Le rapport sur la refondation de l’Ecole parle aussi de numérique

    52 pages d’un rapport très complet partant des constats d’échecs et de retard qui ont amené à cette réflexion, « des résultats qui baissent, des inégalités qui se creusent, une confiance qui s’effrite, un mal être qui s’installe… », autant d’expressions qui ne posent aucun doute sur le bien-fondé de l’existence de ce rapport. Puis vient la deuxième partie intitulée « Refonder l’école pour refonder la République », dans laquelle il est question de lien civique, de vivre ensemble, de rénover la pédagogie…

    Le numérique arrive en dernière partie, intitulée « vers l’école du futur », assez pertinent, non ?

    Une page lui est consacrée (p49). Toutes les priorités que nous connaissons y sont énoncées « architecture des établissements scolaires, équipement des salles de classes, des élèves et des enseignants, formation des enseignants, pilotage du système, recherches et production de ressources, modèle économique de la ressource pédagogique, politique industriel du numérique, apprentissage de la compréhension de la culture numérique, insertion professionnelle par le numérique… ». Le rapport fait aussi mention de la question de la répartition des compétences entre Etat et collectivités locales. Bref, la liste est exhaustive.

     

    Entreprises privées du secteur e-éducatif, collectivités locales, enseignants et autres acteurs de l’éducation nationale, élèves et parents, etc, n’ont qu’à se réjouir : la prise de conscience est bien réelle.

    Plus d’infos :
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  • Résultats du plan DUNE de Luc Chatel : vers plus de collaboration ?

    Résultats du plan DUNE de Luc Chatel : vers plus de collaboration ?

    Plan DUNE

    Cinq groupes de mots pour résumer les objectifs de ce plan : ressources numériques qualitatives, accompagnement des enseignants, partenariat collectivités territoriales, généralisation des ENT, usage responsable des TIC par les élèves.

    Sans vouloir être trop catégorique, disons que le premier objectif est à peu près rempli et qu’on est encore loin du compte pour les autres. Mais ces propos sont, bien entendu, à nuancer.
    Nous pouvons déjà apporter une nuance par rapport au temps écoulé : un peu plus d’un an pour réussir un chantier d’envergure, ce n’est pas très long. Ce rapport, assez complet et autocritique, a le mérite d’exister et permettra sans doute d’apporter les améliorations nécessaires pour la poursuite et la réussite de ce plan.

    Le « catalogue chèque ressources » (CCR) : la partie la plus visible du plan

    Le plan a été mis en place pour combler un déficit : celui des usages. De plus, il s’est opéré dans un contexte budgétaire contraint. L ‘énergie et les forces (et 80% du budget) se sont concentrés dans la première phase sur « la véritable innovation du plan, son premier axe : la mise à disposition de ressources numériques ». Les matériels et différents équipements étant bien installés (pour la majorité financés par les collectivités locales), le manque de « matière » était pointé du doigt.

    C’est ainsi que l’opération Catalogue Chèque Ressource a vu le jour. Une difficile mise en route, dûe à des contraintes multiples, a retardé l’arrivée des nouvelles ressources dans les établissements – « si le CCR a été ouvert (discrètement) fin novembre 2011, les premières commandes significatives de la part des établissements-majoritairement les collèges- et des écoles ne sont intervenues que fin janvier ou début février 2012 ».

    D’autres aspects tels que la classification des ressources dans le catalogue, où l’enseignant se perd, sont des points négatifs relevés: « les enseignants dénoncent son manque de commodité et d’ergonomie : pas de vision globale pour un niveau, une discipline ou une thématique, pas de repérage par année et par programme, pas de recherche possible par mot-clé, lenteur de la consultation, incomplétude de certaines notices, absence d’information utile sur le produit, sauf à pointer chaque fois sur le site de l’éditeur  (…)».

    Des modifications ont été apportées pour la prochaine phase du plan, notamment un travail de concertation avec les enseignants pour connaître leurs besoins. Il semblerait en effet que le CCR ait été élaboré par le « haut » de la structure institutionnelle et par les éditeurs, les principaux intéressés (les enseignants) ayant été (encore ?) laissés de côté. Pourtant le numérique n’est-il pas censé favoriser le travail collaboratif ?

    La formation des enseignants et l’animation du dispositif : deuxième objectif non atteint

    « La principale innovation du plan réside dans la mise en place de professeurs référents pour les usages pédagogiques du numérique dans chaque établissement ». Ces enseignants devaient d’abord être formés pour pouvoir former les autres. Et c’est là que le bât blesse. Des contraintes organisationnelles et financières n’ont pas permis de réaliser pleinement cette mission, pourtant très pertinente.
    Il est à noter que la formation est devenue une priorité pour la deuxième phase.

    Une articulation contraignante à une politique volontariste de développement des ENT

    Dans le cahier des charges adressé aux académies désireuses de mettre en place DUNE se trouvait l’obligation d’utiliser un ENT. Mais cette mention n’a pas toujours été respectée, certaines académies ayant été retenues sur simple « lettres d’intention ».

    Dans les faits, il s’est avéré que des solutions diverses et variées ont été mises en place au niveau local, départemental ou régional, favorisant le plus souvent les aspects pratiques et pédagogiques. L’ENT étant ressenti comme « une usine à gaz », un handicap pour certaines utilisations (comme par exemple l’utilisation de certaines ressources numériques en ligne), les collectivités ont plébiscité des solutions légères faciles à mettre en œuvre et moins coûteuses.

    D’autre part, un mouvement de création a été constaté à des degrés divers –  (Envole (solution logicielle Eole) à Créteil, Argos (solution logicielle Ilias) à Bordeaux  – « mais on n’a pas enregistré la réalisation de nouveaux ENT à la faveur du plan DUNE », soulignent les IG dans leur rapport.

    Un déficit de concertation avec les représentants nationaux des collectivités locales

    Le plan DUNE était censé favoriser la reprise et l’harmonisation des échanges avec les collectivités. A ce jour, sauf quelques cas isolés, peu de nouveaux partenariats ont vu le jour.
    Plusieurs partenariats existaient déjà entre académies et collectivités territoriales avant le plan DUNE, notamment par la dynamique ENT depuis 2007. « Le plan DUNE se traduit donc plutôt par un effet « catalytique » pour des projets déjà prévus que par une refondation des politiques partenariales ».

    Comme l’expliquent les IG, le code de l’éducation étant encore imprécis pour définir les obligations respectives de chacun, il est à supposer que les collectivités sont encore frileuses à s’engager avec l’Etat sans avoir les garanties d’une formation et d’un accompagnement des enseignants une fois leurs investissements réalisés.

    Si il s’avère que les engagements de formation sont tenus en 2ème phase du plan, la réalisation de ce quatrième objectif en sera largement facilitée.

    La formation aux usages responsables : des réalisations modestes, malgré l’enjeu reconnu et les intentions affichées

    Les académies tentent tant bien que mal de prendre en charge cette mission par différentes actions telles que la validation des items du B2i, la signature (par les élèves et les enseignants) d’une charte sur le bon usage des TIC, des conférences d’information destinées aux élèves ou encore l’intervention de correspondants « informatique et liberté ». Les collectivités territoriales mettent parfois leur pierre à l’édifice (réalisation de brochures d’information par exemple dans le département des Bouches du Rhône).

    Néanmoins, toutes ces actions semblent insuffisantes et surtout uniquement à destination des élèves ou enseignants et jamais des parents.
    L’éducation à l’usage des médias numériques ne semble pas encore être intégrée à l’Ecole.

    En terminant sur une note optimiste, bien que toutes les réalisations n’aient pas encore abouti ou même démarré (mais il bien trop tôt pour dresser un bilan complet), les IG parlent du rôle de « levier » que joue le plan DUNE dans les académies déjà engagés dans le numérique.

    Ils déplorent que tous les œufs (comprenez, les euros) aient été mis dans le même panier à savoir les ressources numériques éditoriales, détournant, d’après eux, la vocation première du plan « la pratique pédagogique, les usages et donc la formation ».

    Oubliés aussi les enseignants et leurs « référents numériques » qui devraient, à l’aveni,r être invités à travailler en réseau.

    Les notions de partage et de collaboration si souvent plébiscitées lorsqu’il s’agit de pointer les atouts du numérique vont-elles enfin être mises sur le devant de la scène ?
    Réponse au prochain rapport de l’IGEN sur le plan DUNE…

    Plus d’infos :
    le rapport complet ici