Auteur/autrice : Jean-Paul Moiraud

  • Pédagogie en tous lieux, équipements mobiles

    Pédagogie en tous lieux, équipements mobiles

    [info]Rappel de la Problématique :
    Pendant longtemps, la problématique de la mobilité a consisté à s’interroger sur les types de matériels et les services accessibles : notebook, matériels hybrides, accessibilité du matériel à l’ENT, authentification des utilisateurs en classe, connexion aux réseaux des établissements, utilisation du WIFI, etc.
    Aujourd’hui, la question qui se pose avec la mobilité est celle des apprentissages et de l’accès à l’information partout, en tout temps et avec n’importe quel équipement. Dans ce cadre, le programme des collèges préfigurateurs s’engage dans cette logique avec la mise à disposition dés la 5ème, d’équipements individuels mobiles, permettant aux élèves à la fois d’apprendre en classe, mais également en dehors de la classe.
    Dans ce contexte, quid de l’accès aux ressources et aux services (aux ENT), quid de l’organisation spatiale des salles de classe et de l’établissement pour pouvoir travailler par groupes de besoin. Comment s’engager dans une pédagogie différenciée ? Quelle posture pour les enseignants ? Quels travaux proposer aux élèves en classe et en dehors de l’école ? Comment assurer la formation à la citoyenneté numérique ? Comment adapter ou choisir un écosystème numérique en fonction des besoins des équipes pédagogiques et éducatives ?[/info]

    Elodie Maurel, enseignante en lettres à Mirepoix dans l’académie de Toulouse, Marie Soulié enseignante en lettres à Orthez dans l’académie de Bordeaux, Martial Pinkowski enseignant en EPS à Evry dans l’académie de Versailles, David Arderiu enseignant en techno à Albi dans l’académie Toulouse et Max Aubernon chef de projet collèges connectés au ministère de l’éducation nationale, Direction du numérique pour l’éducation nous ont proposé leurs expériences sur le sujet autour de l’animateur et enseignant Jean-Marie Gilliot.

    Synthèse en vidéo avec Jean-Marie Gilliot interviewé par Christophe Batier

    Les intervenants de la table ronde ont expliqué leurs usages au quotidien en démontrant en quoi le numérique est intégré dans leur pratique et en quoi il favorise une forme de mobilité.

    Elodie Maurel, enseignante en collège a présenté son expérience avec ses élèves dans le cadre d’une visite au musée.

    Ses intentions pédagogiques très scénarisées nous ont montré en quoi il était possible d’apprendre en dehors de l’espace physique de l’établissement.

    Par cette expérience, l’enseignante souhaitait s’affranchir des cadres habituels de la visite du musée (visite en troupeau, élève absent par l’esprit de la visite, discours descendant de l’enseignant commentant une oeuvre …). Son scénario est basé sur l’utilisation du smartphone (fonction photographique) pour modifier le regard de l’élève sur une œuvre, sur le musée.

    Martial Pinkowski fait partie d’un groupe d’expérimentation. La mobilité induite par défaut en EPS dans la mesure ou le travail s’exerce dans des lieux diversifiés. Pour Martial, le stade de l’expérimentation est dépassé, il convient désormais de gérer l’autonomie des élèves, de pratiquer le métier en développant la transversalité disciplinaire.
    L’objet central est le développement des compétences chez les élèves. « Si l’élève est autonome alors on peut gérer la différenciation », « il faut que les élèves puissent se saisir des ressources »

    Les usages enseignants

    Ils développent un ensemble d’usages liés à la mobilité (dans et hors la classe) conformes à leurs intentions pédagogiques. On peut citer la réalisation d’audio guide, la modification de la situation de la classe, la visite de musée, les usages des Tice dans la pratique sportive . La tablette numérique est très présente dans ces usages, parce que l’outil s’y prête et parce que les politiques d’équipements (collèges connectés, collèges préfigurateurs) ont largement porté sur l’équipement en tablettes.

    David Arderiu dit que « le nomadisme est vécu au jour le jour dans son collège préfigurateur ».

    La mobilité engagée dans les usages des établissements pose un ensemble d’interrogations :

    • Le suivi et l’observation des projets à fin d’analyse pour une future généralisation

    Des projets divers sont initiés au niveau du ministère, ils portent sur des grands volumes car ils sont développés sur l’ensemble du territoire. Les projets suivis le sont sur la base d’appels à projets. Les budgets qui sont engagés sont partagés entre le financement des équipements et la formation des personnels.

    Le ministère a bien compris que les effets de leviers sont sur le couple équipements et facteur humain.

    Ces projets sont suivis par un ensemble de partenaires comme l’Université, la DANE, les collectivités locales, le Numerilab de la DNE.

    • La possibilité de suivre les effets et conséquences des usages

    Jean-Marie Gilliot pose la question suivante : « Les projets sont-ils publiés et consultables ? » La réponse est non car les profils sont différents.

    • Le passage de l’expérimentation à la généralisation

    Le stade de l’expérimentation n’est pas encore dépassé par tous, il convient d’imaginer comment faire pour convaincre la grande masse des enseignants à s’engager dans des usages mobiles ?

    • Le sourcing, la veille sur les usages

    Cet ensemble d’expérimentations est un mine de renseignements sur le champ des possibles. Comment faire pour capitaliser ce travail d’expérimentation et en retirer des conclusions utiles ?

    Les réponses sont multiples. Il existe un réseau de correspondants qui regarde ce qui se passe dans les classes, cherche à détecter les tendances, analyse ce qui se passe.

    La recherche s’est engagée dans l’observation des usages de terrain ; les DANE sont chargées de cette veille.

    • La formation des enseignants

    L’introduction des pédagogies qui instrumentent les logiques su nomadisme, sont à la fois le fruit des politiques impulsées sur le terrain par les différents acteurs mais c’est aussi une question de formation des nouveaux enseignants. Un représentant de l’anaé pose la question de la formation dans les Espé ? Le débat engagé a montré la sensibilité de la question :

    Les jeunes enseignants doivent apprendre leur métier, ce qui est difficile. La mise en place d’une couche numérique complexifie les processus d’enseignements. Les jeunes enseignants ne souhaitent pas prendre le risque du numérique pour ne pas être destabilisés (machine qui dysfonctionne, élèves plus habiles que l’enseignant etc). Un participant lance l’idée qu’il y aurait des jeunes enseignants « réacs », réfractaires à la technologie.

    L’introduction du numérique et de la mobilité engage les enseignants à être en capacité de justifier leur enseignement.

    Un point a évoqué le champ des possibles de la formation par les pairs. Dans les collèges préfigurateurs, les enseignants plus avancés dans les usages, aident les enseignants désireux de s’engager dans une pédagogie plus instrumentée.

    • Les besoins des élèves

    Nos élèves sont, par essence, dans une configuration mobile ; ils passent d’un lieu à un autre (changement de salle de classe, passage du domicile à l’établissement, temps de transports …). Les équipements mobiles sont en phase avec un mode de vie.

    Les équipements mobiles sont aussi conformes à l’existence d’un savoir qui est présent dans les espaces virtualisés (ENT, banques de données, livres numériques …)

    Plein d’apprentissages se font en dehors de l’école.

    • Partager les matériels

    L’idée émerge qu’il serait possible de mutualiser les équipements des établissements notamment lorsque ceux-ci sont utilisés sur des temps réduits dans une année scolaire.

    • Domicile / école

    Le nomadisme, c’est donner les moyens aux élèves d’emmener le matériel à la maison. Les méthodes pédagogiques comme la classe inversée consistent à demander aux élèves de consulter des ressources avant le cours. Le nomadisme pose donc la question de l’écosystème technologique des domiciles des élèves. Quelles connexions ? Quelle capacité à l’organiser correctement …

    Dans un collège préfigurateur, il est prévu de recourir à une société prestataire de service qui peut aller au domicile des parents pour intervenir en cas de problème technique avéré…

  • Le développement des usages dans les ENT & espaces d’apprentissage n’est-il qu’une histoire d’appropriation ?

    Le développement des usages dans les ENT & espaces d’apprentissage n’est-il qu’une histoire d’appropriation ?

    [info]Rappel de la Problématique
    Diffusé largement dans toutes les académies, l’usage des ENT et/ou plateformes d’apprentissage de type Moodle ou MOOCs impose une appropriation forte des techniques de collaboration, de travail à distance, de travail en mode projet… en même temps que le renouvellement de la pédagogie.
    L’enjeu de réussite de la plupart des modèles actuels dépend du niveau d’appropriation de ces différentes techniques. Au sein de ces ensembles structurés, il existe parfois des contournements et des détournements d’objets et services numériques non conventionnels qui permettent d’accroître les usages qui gravitent autour de ces plateformes. Et d’autre part, que fait-on des détournements d’usages autour des plateformes ?
    Faut-il les encourager, les mettre en avant ? Que fait-on des détournements d’usages autour des plateformes privées ? Comment faire collaborer ces plateformes? Comment mettre ces détournements au service des usagers? Comment étendre la collaboration entre les usagers de différentes communautés éducatives ?[/info]

    Adeline Bossu enseignante en gestion et systèmes d’information, Caroline Jouneau-Sion enseignante en Histoire – géographie et étudiante en master architecture de l’information, Bernard Baumberger docteur en psychologie – HEP Vaud et Christian Mertz chef de projet ENT Direction du numérique pour l’éducation ministère de l’éducation nationale de l’enseignement supérieur et de la recherche, accompagné par Bertrand Moquet, Vice-Président de l’Université de Perpignan en charge du numérique, ont tenté de répondre à ces questions…

    Les ENT font partie de l’environnement des établissements scolaires. Les acteurs de l’éducation exercent leurs métiers dans le cadre physique de l’école mais aussi dans le cadre virtualisé des ENT. Ils oscillent entre l’un et l’autre. Si le cadre physique est assez bien maîtrisé, le cadre dématérialisé l’est beaucoup moins et suscite encore de nombreuses questions, notamment celle de l’appropriation.

    Les solutions numériques ont envahi l’espace des enseignants et des apprenants. Des espaces de savoirs se sont constitués petit à petit, toujours au service de l’apprentissage mais selon des logiques différentes. Fort de ce constat, la communauté enseignante se pose la question suivante : quelle est la compatibilité entre les ENT institutionnels et les environnements personnels d’apprentissage créés par les enseignants (EPA) ?

    Pour Caroline Jouneau-Sion, les ENT viennent raser les usages personnels des enseignants. Ils doivent accepter de voir nier leurs pratiques antérieures pour se réapproprier de nouveaux usages. L’ENT est organisé et permet de stocker les informations.

    Pour Bernard Baumberger, la vision de la conception de l’ENT est assez large, il est pour la cohabitation entre les ENT personnels et les ENT institutionnels ; « Je suis pour le multi ENT , dit-il.

    En Suisse, il existe un ENT educa.ch [1] qui permet de créer des connexions entre les acteurs de monde de l’éducation Suisse. S’il est favorable aux solutions hybrides, il reconnaît cependant qu’il faut que les ENT officiels soient suffisamment utilisés pour justifier les investissements officiels.

    Christian Mertz présente la politique de la DNE pour le développement des ENT en France.

    En 2003, le rapport Proxima[2] est publié et pose les bases du développement des ENT. Ce rapport ancien posait déjà les bases de ce qui constitue l’essence même des ENT.

    Le SDET a été créé pour piloter la mise en place des ENT. Il pose un cadre pour la conception des ENT. Il est le lieu des réunions des acteurs de la communauté scolaire, il réunit en son sein 18 profils différents.

    En donnant un cadre d’orientation, il est bien évident que les pionniers ont été désorientés car ils ont vécu les directives comme l’imposition d’un cadre venu du haut (le bottom up). Les ENT sont conçus, certes, dans un cadre rigide qui éloigne des usages bricolés avec les solutions hétérogènes mais … le cadre mis en place protège les utilisateurs.

    Le cadre légal mis en place (les déclarations légales sont toutes faites) est un facteur de sécurité.

    À partir du moment où L’ENT est mis en place selon les recommandations, il permet une entrée unique qui donne accès à plusieurs fonctionnalités. C’est dans ce cadre que l’ENT doit devenir communicant.

    La mise en place d’un ENT est donc soumise à un cadre fixé par le SDET mais c’est la condition d’une bonne sécurisation et de la mise à disposition d’un environnement spécifique spécialisé pour les questions d’éducation. Il est peut être moins « souple », moins « ouvert » que l’EPA mais il est sécurisé et ouvert aux membres de la communauté éducative.

    Le PDG de la société itop[3] précise les termes du débat en disant que la conception passe par la consultation des acteurs mais à un moment donné, il faut nécessairement opérer des arbitrages.

    Le cadre réglementé ne signifie pas cadre verrouillé.

    Christian Mertz précise que les utilisateurs peuvent faire des remontées pour obtenir des évolutions de l’ENT. Cela est d’autant plus vrai que les enseignants demandent à être écoutés dans leurs pratiques. C’est une façon de répondre aux attentes des enseignants qui souhaitent avoir un lien entre l’ENT et leurs usages personnels.

    Le solutions mises à disposition de la communauté éducative doivent donc répondre à la contrainte de satisfaire les utilisateurs tout en s’inscrivant dans un cadre contraint qui satisfasse les impératifs légaux et budgétaires.

    La table ronde fait émerger plutôt des problèmes de communication entre la base et le sommet, plutôt que des réels problèmes de technologie.

    La question des temporalités semble être une dimension qu’il faut prendre en compte.

    Les enseignants veulent disposer de solutions fluides que l’on peut modifier rapidement, au gré des besoins exprimés, les collectivités locales, l’État doivent œuvrer pour un groupe large.

    Exemple tiré de la discussion, témoignage d’une enseignante utilisatrice : « Je crée des séquences et je me suis heurtée aux problèmes de configurations sur les terminaux. L’ENT est verrouillé et ne permet pas de choisir les formats. »

    La réponse : « Faire une demande d’évolution et la question sera répercutée à la collectivité via le rectorat »

    On constate bien ici les questions de temporalité, entre le besoin d’évolution rapide et la nécessaire remontée des informations au sein de la chaine administrative (forcément plus longue).

    On peut compléter ce constat par une autre intervention – Témoignage DANE Toulouse – ENT commun collège / lycée : « Nous recueillons les remontées des enseignants. Double contrainte : respecter les demandes des enseignants et respecter les enveloppes budgétaires. ». Là encore nous constatons ce besoin de recueil d’information auprès d’une communauté large.

    La question de l’interopérabilité – Rendre communicants

    La conception des ENT est à mettre en relation avec la construction de nos structures administratives. La France est structurée par un ensemble administratif fait de communes, de départements et de régions. À chacune de ces briques correspond (souvent) un ENT en raison des transferts de compétences. Il faut que les ENT puissent communiquer.

    Le public pose des questions sur ce besoin d’interopérabilité entre les ENT, et ce à plusieurs niveaux : « Il faudrait une passerelle entre les ENT ». Au sein des collectivités locales qui sont structurellement « étanches » entre elles, les enseignants sont mobiles. Ils peuvent demander leur mutation sur l’ensemble du territoire, ils peuvent avoir des services répartis sur plusieurs établissements et sur plusieurs niveaux (collèges, lycées).

    Les nouveaux modes de travail intègrent la coopération et la collaboration ce qui fait émerger de nouveaux besoins « Ne pas se replier sur l’établissement et favoriser la coopération inter-établissements ».

    L’interopérabilité est aussi celle des ENT avec les solutions privées comme «  Twitter, Facebook … » Comment peut-on opérer les connexions ?

    Caroline Jouneau-Sion estime que « nous sommes encore dans un système complexe qui ne favorise pas l’émergence de solutions « user friendly ; il y a une marge de progrès vers laquelle il faut aller ; Il faudrait aller vers l’autonomie du choix des outils. »

    L’identité numérique dans les ENT – Le détournement d’identité.

    Les ENT sont basés sur des annuaires. Les utilisateurs sont dotés d’une adresse mail officielle (ac-académie.fr) mais utilisent très souvent des adresses différentes notamment celles des FAI. Les élèves et étudiants détournent cette identité officielle au profit de solutions autres.

    Le débat est engagé sur ce point.

    Il en ressort que le mail institutionnel participe de la vie citoyenne des étudiants, il faut la conserver parce que apprendre à différencier l’adresse perso et l’adresse pro fait partie de l’éducation au numérique.

    L’identité, la perception détournée ( ?) des ENT.

    Les échanges de la table ronde ont fait émerger une vision (réelle, supposée, fantasmée ?) des ENT. Il serait fermé, clos, hermétique.

    Serge Pouts –Lajus est intervenu pour dire que : « Le ton est critique sur les ENT, une habitude à Ludovia. Des critiques recevables sur certains points mais … Une critique n’est pas recevable dire que l’ENT est fermé. Il est fermé par nature. »

    Il est peut être aussi possible que les utilisateurs soient dans une contradiction qui se situe entre une volonté de détournement et une attitude très ancrée de respect des objets de l’institution. C’est ce que fait remarquer le responsable d’Itop : « Peut être ne faut-il pas hésiter à détourner l’ENT ? Y a t-il une peur de détourner l’outil institutionnel ? »

     

    [1] Educa. Ch – www.educa.ch/fr

    [2] Rapport Proxima, Pour une appropriation de l’Internet à l’Ecole et dans les Familles – www.netgouvernance.org/NG2/Rapport

    [3] ITOP education – www.itopeducation.fr/

  • Construisons les espaces : l’immobilier et le mobilier au service des apprentissages

    Construisons les espaces : l’immobilier et le mobilier au service des apprentissages

    L’espace réel doit être réaménagé pour que nos élèves apprennent, qu’ils puissent collaborer, coopérer ; cela implique qu’il y ait des interrogations de type immobilière mais surtout mobilière.

    « La grande difficulté est que les collectivités locales construisent des bâtiments qui vont durer 40 à 50 ans à l’intérieur desquels les pratiques d’enseignement vont muter ».

    La question des structures mobilières se posent alors car, « vouloir collaborer, c’est à nouveau se poser la question du corps » :

    si je travaille avec un Smartphone ou une tablette, ai-je besoin d’avoir un corps rigide devant moi?

    Il s’agit en fait de revisiter les espaces et pas nécessairement de façon numérisée.

    Si nous supposons que le corps dans l’espace de formation est corseté et conditionné par une organisation administrative bien installée. Pouvons-nous alors engager une réflexion sur le corps apprenant et imaginer qu’elle est de l’ordre de la subversion ?

    La salle de classe, l’amphithéâtre, le salle de formation pour les adultes en formation continue sont devenues transparentes tant elles sont inscrites dans notre paysage professionnel.

    Nous devons prendre le temps du recul réflexif et interroger point par point ce qu’est cet espace.

  • Les espaces de formation, aller du réel au virtuel. Cadastrons !

    Les espaces de formation, aller du réel au virtuel. Cadastrons !

    « A l’heure actuelle, nous travaillons à la fois dans le réel et dans le virtuel alternativement » ; il faut donc interroger ce virtuel.

    « Nous sommes dans la posture des conquérants de l’Ouest et nous explorons le “Far Web“ ».

    Il est nécessaire de cadastrer, d’apprendre des règles de ponctualité, des règles de politesse, des règles de normes.. Comment interpeler un enseignant, comment le questionner ? Et poser des jalons car

    le web est ouvert 24h/24 alors que la vie sociale est séquencée.

    « Et c’est … très simple » ! Voilà une conclusion que l’on peut entendre en incise du discours de certains intervenants, dans les formations et les colloques consacrés au numérique et à l’éducation.

    « Ce n’est pas le terme de simplicité qui me vient à l’esprit lorsque je tente de mettre à plat les structures du quotidien professionnel des enseignants quel que soit le niveau de formation ». Comment peut-on soutenir raisonnablement l’argument de l’acte simple quand s’est construit un écosystème technologique personnel (Philip Ely, 2011) et institutionnel d’une rare complexité ?

  • La réintroduction du corps dans les espaces réels de formation

    La réintroduction du corps dans les espaces réels de formation

    Les stratégies actuelles d’enseignement et d’apprentissage sont spatialisées ; or, l’introduction du numérique nous a fait croire que seul l’esprit dominait.

    Pourtant, le numérique tend à réintroduire le corps dans les espaces de formation et dans les espaces d’apprentissage.

    Lorsque le numérique est entré dans nos pratiques d’enseignement et d’apprentissage nous avons tous tenté d’imaginer un ailleurs pédagogique, nous avons rêvé (nous rêvons encore) à une forme de « grand soir » de la formation, fort de l’idée que les technologies peuvent, d’une certaine façon, contribuer à dynamiser nos méthodes, nos travaux, transformer notre culture.

    Historiquement, on enseigne dans une classe de type autobus : un tableau, un bureau, un enseignant et des apprenants.

    Nous imaginons et nous œuvrons en simultané pour plus de collaboration, de coopération, pour un accès au plus grand nombre au savoir en instillant la dimension du plaisir d’apprendre.

    « Alors comment aménager la collaboration et la coopération au milieu des espaces réels » ?

    L’espace réel est l’espace institutionnel (l’école maternelle, primaire, le collège, le lycée et l’université) ; mais c’est aussi l’espace personnel dans lequel, avec le numérique, il est aussi possible d’apprendre.

    Nous sommes évidemment tiraillés entre la nécessité de mobiliser les classiques où la pédagogie et la didactique siègent en bonne place et la réflexion sur la place des technologies que nous qualifions encore de nouvelles. Les tensions sont fortes sur ces liens nouveaux.

    Le virtuel faisant table rase du réel était l’utopie sur laquelle nous avons bâti nos réflexions, organisé nos scénarios pédagogiques, dans l’enthousiasme de la naissance de la révolution numérique et au fil de ses développements. Pourtant …

    Voilà l’enjeu à venir : penser l’espace !

    Soit réinterpréter la salle de classe, réinterpréter l’établissement, quelle est la place de la chaise, quelle est la place du bureau, utilise t-on les murs etc.

     

  • Le web 2.0 est-il un établi pédagogique ?

    Le web 2.0 est-il un établi pédagogique ?

    J’ai souvent évoqué dans mon blog la notion de bricolage pédagogique en citant Claude Levi Strauss dans la pensée sauvage – Agora (1962). Le livre de Robert Linhart « L’établi » – Éditions de minuit (1978), donne  aussi un éclairage  intéressant sur cette notion.

    Robert Linhart très engagé dans le mouvement de 68 a décidé d’aller travailler dans les usines Citroën sur les chaines de montages des 2CV (il s’établit). Dans un passage, il décrit un ouvrier, Demarcy. Il a organisé son poste de travail (son établi). Il est constitué de bric et de broc, il sert à  « décabosser » les ailes de voitures abimées. Demarcy a su, avec le temps, construire un outil qui réponde à ses besoins, un outil construit au fil du temps, ne répondant pas à des critères scientifiques, mais efficace.

    La suite du passage, cité ci-dessous, est consacré à la visite des techniciens de l’OST (organisation scientifique du travail) qui mettent de côté l’établi. L’auteur décrit ensuite la détresse de Demarcy qui ne se reconnaît plus dans ce système centralisé et organisé rationnellement.

    Une belle métaphore pour comprendre les enjeux de l’introduction du numérique dans les processus d’apprentissage, les rapports entre le PLE et les ENT.

    L’introduction des outils du web 2.0 qui ne sont pas spécialement conçus pour la pédagogie mais qui, bricolés par les enseignants le deviennent.

    Il me semble que le web 2.0 est une sorte d’établi numérique, les enseignants inventent sans cesse « des méthodes inédites » que dira l’OST pédagogique ?

    C’est un excellent passage pour expliquer les enjeux du bricolage :

    Le blog de Jean-Paul Moiraud, c’est ici
  • Apprendre avec les écrans, entre défis pédagogiques et opportunités technologiques, 3ème partie

    Apprendre avec les écrans, entre défis pédagogiques et opportunités technologiques, 3ème partie

    Les écrans sont les vecteurs qui permettent d’interagir dans le réel et dans le virtuel. Il convient d’apprendre à ouvrir et à fermer les écrans selon les besoins, selon les âges, selon les professions.

    Ces écrans ne sont pas neutres car selon leurs usages ils peuvent revêtir un caractère public ou privé. Cette qualification engage à penser l’utilisation des écrans. Lorsqu’ils sont utilisés dans un cadre professionnel, il importe de les intégrer dans un scénario adapté à l’usage, un scénario qui ne sombre pas dans l’effet diligence. Les écrans apportent une plus- value aux enseignements mais il faut les contextualiser.

    À la fin du XXème siècle et au début du XXI ème siècle la plupart des métiers mettent les individus devant un écran (c’est ce que souligne Michel Serres), les métiers sont lissés dans leur représentation extérieure.

    Le scénario devient donc primordial dans la construction des séances de formation, l’écran doit y être inclus.

    Il convient donc de penser l’écran sous divers aspects : l’intention pédagogique, le contexte pédagogique, les acteurs des dispositifs passant par les écrans, les ressources produites qui passeront par les écrans et les outils (quels types d’écrans seront utilisés).

    Les dernières évolutions mettent l’écran en tension car on utilise très souvent l’écran privé pour des applications professionnelles, notamment dans le cadre du BYOD (bring your own devices). Quelle place faut-il réserver aux outils privés pour les applications professionnelles ? S’il est simple de formaliser l’idée il est très complexe de le mettre en application.

    L’écran est pourrait-on dire, devenu pervasif, il est partout et multi usages. Cette nouvelle dimension liée à l’omniprésence des écrans oblige à repenser les espaces de formation. Comment doit-on agencer une bibliothèque au moment ou la voix est réinvestie ? Comment doit-on concevoir une salle de classe qui ne soit pas de type autobus ?

     

     

     

  • Apprendre avec les écrans entre défis pédagogiques et opportunités technologiques, 2ème partie

    Apprendre avec les écrans entre défis pédagogiques et opportunités technologiques, 2ème partie

    Les écrans modifient le rapport au corps , il modifie aussi le rapport à l’espace. C’est en ce sens qu’il importe de penser à nouveau l’espace de formation parce qu’il ne cesse de s’élargir. Il est à la fois le résultat d’un agencement spatial du réel et d’une réflexion sur le virtuel.

    Les écrans, et par extension le web, nous amènent à  faire un retour historique. Au moyen âge il y a confusion entre le lieu de travail et le lieu privé, on vit dans le même espace. À la révolution industrielle on cherche à extraire le salarié de son lieu privé pour qu’il consacre toute sa force de travail (on dissocie vie privée et vie professionnelle). L’apparition du web redistribue les cartes en instillant doucement mais régulièrement un principe de porosité des espaces.

    Avec les écrans on fait entrer en collision une multitude d’espaces chez les enseignants et chez les apprenants. On peut affirmer sans trop se tromper que le domicile des enseignants (et des apprenants) se professionnalise par intermittence. De la même façon le lieu de formation historique (l’école) doit s’adapter à l’immixion des écrans et imaginer des solutions immobilières innovantes. Tout est à inventer.

    Il faut que nous sachions trouver des solutions pour gérer cette situation inédite. De nombreux projets émergent au titre desquels on peut citer le projet scaleup.

    L’écran partout qui ouvre de nouveaux horizons qui mélange les espaces est un espoir mais c’est aussi, une crainte. Faut-il savoir se décconnecter, s’éloigner des écrans par intermittence ?

     

     

  • Apprendre avec les écrans numériques, entre défis pédagogiques et opportunités technologiques, 1ère partie

    Apprendre avec les écrans numériques, entre défis pédagogiques et opportunités technologiques, 1ère partie

    L’écran est un terme souvent utilisé dans la langue française, on peut faire écran, on peut percer l’écran, parfois il faut franchir l’écran (souvent de nos certitudes). L’enseignement et l’apprentissage du 21ème siècle font entrer la métaphore dans le vécu des acteurs des dispositifs.

    L’écran s’est résolument inscrit dans l’horizon du quotidien des enseignants et des apprenants.

    educatank_Moiraud_030614L’écran qu’il soit déposé sur un bureau, qu’il soit accroché au poignet ou bien encore sous forme de tablette engage à penser différemment la posture du corps dans l’espace de formation. Historiquement, les enseignants et les apprenants ont développé un langage corporel inscrit dans un triangle constitué par la chaise, le bureau et l’ordinateur. Le corps pouvait faire l’objet d’un référencement spatial à l’image du projet « body measurement ».

    Peut-on continuer à s’inscrire dans ce trytique lorsque l’écran est embarqué ? L’accès à l’information, au savoir et  à la collaboration peut désormais s’effectuer de lieux divers parce que les écrans sont divers. La position du corps s’en trouve modifiée, debout, assis, allongé, dans le métro, dans le train, à la maison …

    L’écran est « polysitué ».

    La modification des postures corporelles n’est pas sans incidence sur nos modes d’interaction.

    À partir du moment où les écrans perturbent nos espaces réels, les espaces sociaux sont eux aussi transformés.

    Je pense ici particulièrement aux relations de travail. Les écrans d’une certaine façon interrogent les modalités de passage des structures hiérarchiques aux structures de réseaux (réticulaires).

    Prochain épisode de la série de 3, la semaine prochaine.. à suivre sur LudoMag.

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