Auteur/autrice : Marie-France Bodiguian

  • Gouvernance territoriale du numérique : s’adapter au changement et aux nouvelles compétences

    Gouvernance territoriale du numérique : s’adapter au changement et aux nouvelles compétences

    Comment s’adapter au changement et aux nouvelles compétences que définit la loi sur la refondation de l’école ? Quelle gouvernance territoriale peut-on espérer pour mener à bien les projets éducatifs numériques ?

    Pour en débattre, trois acteurs d’expérience en la matière : Dominique Provot, chargée de mission e-education à l’agence départementale Numérique 64, Charline Genet, chargée de mission au Développement numérique du Conseil Régional d’Auvergne et Philippe Molès, consultant et conseiller aux usages du numérique, Mission Ecoter.

    La loi sur la refondation redéfinissait en juillet dernier, les nouvelles compétences des départements et des régions en matière d’acquisition et de maintenance des matériels informatiques et des logiciels, leur laissant l’entière charge de cette mission.

     

    La collectivité : simple financeur ou réel partenaire de l’Education Nationale ?

    Comme le souligne Laurent Brisset, animateur de cette session, « quel rôle donne-t-on à la collectivité : celui d’un réel partenaire de l’Education Nationale ou celui de simple financeur ?»

    Laurent Brisset pose ainsi d’entrée de jeu le problème de la gouvernance partagée, indispensable à la réussite des projets d’éducation numérique.

    Mais comme en témoigne Dominique Provot du Conseil Général des Pyrénées Atlantiques (64),

    «Seul un partenariat tripartite entre la collectivité, l’établissement et les services déconcentrés de l’Education Nationale permet d’atteindre une relative efficience dans le développement des usages du numérique dans les établissements ».

    Dominique Provot insiste sur l’importance donnée au qualitatif dans le projet d’e-éducation de l’Agence Numérique 64 :

    « Seules des formations conjointes entre l’Agence du Numérique et le CDDP ont permis aux enseignants de s’adapter et d’intégrer les usages fonctionnels et pédagogiques. Le développement des usages ne peut souffrir d’une déficience de l’un ou l’autre de ces deux aspects, intimement liés».

    Le développement du numérique nécessite donc un ajustement pas à pas des dispositifs, selon les besoins des classes et le rythme d’adaptation des enseignants.

    C’est la raison pour laquelle, l’Agence numérique 64 s’est concentrée dans un premier temps, sur un équipement de Tableau Numérique Interactif et de baladodiffusion, puis a mis en place des « contrats numériques entre les différents partenaires » pour le déploiement et les usages de vidéoprojecteur dans toutes les salles et de vidéoprojecteur interactif dans une salle sur deux.

    Le développement progressif des usages est également facilité par le partage d’expériences entre enseignants lors d’une journée annuelle de pratique du numérique de la maternelle aux ESPE (Ecole Supérieur du Professorat et de l’Education), où la motivation des uns entraîne celle des autres.

     

    Maintenance : le nerf de la guerre ?

    Mais la question de la gouvernance n’aurait été traitée dans son ensemble si le point névralgique de la maintenance dans les établissements à la charge exclusive des départements et des régions n’avait été abordé.

    Maintenance que les associations territoriales, rappelle Laurent Brisset, acceptent de gérer, « s’il s’agit uniquement d’un transfert de compétences, soit d’une compensation financière de l’Etat ».

    (voir à ce sujet l’article de Ludovia Magazine : « Les collectivités encore dans l’expectative ») : Ce qui a récemment fait l’objet d’une requête des associations ADF et ARF auprès des services du Ministère.

    Dans les Pyrénées Atlantiques, cinq agents ont été affectés à cette mission : ce qui, selon Dominique Provot, n’est peut être « pas en soi un exemple à suivre par les autres départements, s’ils souhaitent, en cette période de restriction budgétaire, solliciter un financement de l’Etat à cet effet ».

     

    Autre région, autre politique. En Auvergne, représentée par Charline Genet, la maintenance relève de la compétence des services académiques du rectorat : une des résultantes des divers partenariats public/privé/région/département, initiés par la région.

    Equipés à 100% en haut débit, les lycées d’Auvergne ont très vite bénéficié de la compétence numérique de la région, dont le mot d’ordre était d’avancer dans une démarche commune sur les infrastructures avec les différents acteurs impliqués.

    Charline Genet insiste à cet effet sur la «volonté de concertation et de coopération, unique condition de réussite d’un tel projet, dans une équité territoriale ».

    « Le numérique éducatif ne peut être cloisonné. Une stratégie globale est nécessaire et la mutualisation des compétences de chacun est essentielle pour optimiser les investissements».

    Pour illustrer son propos, Charline Genet, cite l’exemple de SCONEETA, un service destiné à offrir un accès équitable à l’enseignement numérique à tous les foyers auvergnats et à tous les personnels de la communauté éducative premier et deuxième degré.
    C’est dans cet esprit de co-construction, que les 4 départements et 6 agglomérations se sont lancés dans un projet de déploiement du très haut débit, avec pour objectif de couvrir tous les lycées d’ici 2017.

     

    Stratégie globale & mode projet : les maitres mots de la gouvernance

    On l’aura compris, mettre en place une gouvernance partagée, c’est avant tout travailler en mode projet et élaborer une stratégie globale de conduite du changement afin d’anticiper les futurs perspectives d’usages.

    L’exemple pris par Philippe Molès est à cet effet éloquent.

    Le rectorat de l’Académie de Dijon, pour lequel il est missionné, vient de constituer un groupement d’intérêt public, le GIP e-Bourgogne, financé pour partie par la Caisse des Dépôts et Consignations, pour mutualiser les compétences et définir son plan de stratégie numérique.

    Cette démarche novatrice a pour principe la mise en place d’une gouvernance interne dédiée au numérique, des actions de formation et la création d’un observatoire des usages numériques.

    Parmi les volets de cette stratégie, souhaitée par Mme la Rectrice, Sylvie Faucheux :

    • Un partenariat avec l’Ecole Supérieur de l’Education Nationale afin de former les cadre de ce futur plan ainsi qu’avec l’ESPE de Bourgogne
    • La formation des élèves pour repenser la pédagogie
    • Un partenariat avec les collectivités
    • Un travail adapté à chaque projet d’établissement.

    D’autre part, précise Philippe Molès, cette politique requerra un constant dialogue entre le rectorat, les collectivités territoriales ainsi que les services de l’Etat.

     

    Oui mais, quid de l’évaluation des usages ?

    Au-delà de la gouvernance, la question de l’évaluation des usages est posée par la salle.

    Permettre à la collectivité d’ajuster ses dispositifs vers des usages efficients et pérennes des enseignants et des élèves nécessite un suivi et une analyse régulière des usages.

    Quels seront les indicateurs de suivis des usages à mettre en place pour permettre à l’Education Nationale d’adapter au fil du temps les accompagnements pédagogiques qui leurs seront nécessaires ? Sur quels types de tableaux de bord, les collectivités pourront-elles travailler pour suivre les usages, ajuster les équipements et infrastructures, mais aussi légitimer leurs investissements ?

    Cette thématique faisait d’ailleurs l’objet l’an dernier de la session 2 du séminaire Collectivité Ludivia 2012. : «Mettre en place un Tableau de bord – analyser les usages des équipements »

    « Il est très difficile d’évaluer l’impact des outils numériques sur les résultats des élèves », souligne Philippe Molès, « mais on peut travailler sur quelques évaluations qualitatives, qui serviront de repère au fil du temps ».

    Ces indicateurs de suivis ne seraient bien sûr pas là pour sanctionner mais donner les bases d’un suivi afin de permettre aux collectivités d’adapter leurs stratégies et leurs moyens.

    Ce sujet engendre un véritable débat dans la salle et les propositions et les questions foisonnent :

    Comment définir les indicateurs de suivis pédagogiques qui mesureront le rôle des outils numériques et ainsi l’évolution des besoins ?

    A travers un ressenti de l’enseignant sur la motivation de ses élèves ou autour de quelques points du programme, pris comme repères annuels ?

    Et ensuite, comment croiser les résultats de cette évaluation avec ceux des audits techniques des infrastructures, afin de comprendre où le bât blesse et résoudre les éventuels problèmes ?

    Une véritable réflexion doit être engagée au cas par cas, au niveau local entre les différents partenaires : collectivités, établissements et services de l’Education Nationale.

     

    Les intervenants se réjouissent à ce titre de la création des Directeurs Académiques du Numérique (DAN), qui pourront consacrer plus de temps à la mise en place des partenariats avec les collectivités.

    Quoiqu’il en soit, la session s’achève sur un principe fondamental : qu’il s’agisse de formation des enseignants, de maintenance ou d’évaluation des usages, les restrictions budgétaires et les besoins de gouvernance partagés conduiront les collectivités à mutualiser leurs compétences à des niveaux inter-territoriaux.

    D’autre part, seule la volonté de travailler ensemble à l’écoute les uns des autres permettra des avancées sur le chemin de la gouvernance partagée.

    Article rédigé par Marie-France Bodiguian, Cabinet AMO-TICE

  • Aménager et faire vivre des établissements à l’ère du numérique

    Aménager et faire vivre des établissements à l’ère du numérique

    Ludovia_Sem1bis
    Autour d’elle, deux intervenants : Pascal Bringer, Agrégé de SVT et co-fondateur de la société Maskott, et Jean-Paul Moiraud, professeur de gestion au Lycée La Martinière Diderot de Lyon qui, grâce à des retours d’expérience, nous ont projeté, le temps d’une session, dans les méandres d’une école connectée et décloisonnée…

    Permettre aux enfants de manipuler le tactile sur des parcours pédagogiques

    A travers la présentation du projet TACTILEO, réponse de la société Maskott à l’appel à projet du ministère en 2012, Pascal Bringer nous plonge dans un univers, que Jules Vernes aurait pu imaginer pour nous en son temps, pourtant aujourd’hui technologiquement accessible et concret.

    Grâce à l’infrarouge, les objets sont reconnus et deviennent interactifs et tactiles, toute projection devient possible sur tout support : la surface peut interagir avec le reste. Voir Tactileo en image

    Ludovia_sem1bis2La salle informatique n’est plus d’actualité. Le numérique est partout, dissociant nos repères traditionnels : la salle devient polyvalente et nous immerge dans un nouvel espace, optimisée et augmentée au fil des technologies.

    Dans des lieux connectés et décloisonnés, toute salle peut alors être adaptée aux besoins du moment. On se construit de façon hybride tant dans l’espace d’apprentissage dédié qu’en dehors ou dans ses déplacements.

    De l’apprentissage des connaissances à celui des compétences

    Autre expérimentation présentée par Jean-Paul Moiraud : la simulation virtuelle qui permet aux élèves ou étudiants de passer de l’apprentissage des connaissances a celui des compétences.

    Dans le cadre d’une simulation virtuelle, on a mis des étudiants en situation d’urgence, afin de leur permettre de s’entraîner et se projeter dans une réalité augmentée.

    Cette expérimentation a fait prendre conscience de  l’importance tant pour les élèves que pour les enseignants d’une mise en situation de compétences en prolongation des simples connaissances dont on se contentait avant, mais qui restent aujourd’hui insuffisantes.

    Pour Jean-Paul Moiraud , l’école de demain devra impérativement donner à l’élève, grâce à des outils de virtualisation, les moyens de passer de l’acquisition des connaissances à celle des compétences, grâce à un tuteur qui le guide, selon ses besoins.

    A partir de ces deux retours d’expérience, et dans une société connectée en permanence, JPM pose le problème des normes juridiques du travail de l’enseignant liés aux unités de temps et de l’espace.

    L’enseignant peut travailler et préparer ses cours mais aussi se former à distance à l’école comme chez lui :

    le temps architecturale et le temps pédagogique n’évoluent plus de la même façon. Une zone grise juridique apparaît.

     

    La perruque inversée, métaphore du temps de travail numérique des enseignants

    « Le numérique fait voler en éclat les murs de la classe en abolissant les contours traditionnels de l’espace éducatif. De très nombreux enseignants lancent des expérimentations dans leurs classes, par conviction personnelle du potentiel pédagogique des fonctionnalités des outils numériques ou dans le cadre d’expérimentations institutionnelles. La réflexion pédagogique avance mais … les champs connexes (L’analyse institutionnelle, les conditions de travail, la réglementation …) sont les grands absents ».

    Même si l’enfant peut être élève à l’école comme à la maison, car dans notre société le temps de l’enfant est normé, celui de l’enseignant devient élastique.

    Pour illustrer son propos JP cite l’exemple de la « perruque inversée comme  métaphore du temps de la structure du temps de travail des enseignants ». Il présente sa théorie dans son blog ici

    Le travail en perruque est un usage développé dans les ateliers des entreprises industrielles. Le salarié utilisait le temps de travail rémunéré (donc normalement consacré à l’employeur) pour se consacrer à des pratiques personnelles. Michel De Certeau parle de subversion du temps.

    À l’heure du numérique on inverse le principe (c’est en tout cas la position que je défends), les salariés occupent une partie de leur temps libre au service de leur employeur (ce temps va en s’accroissant). On passe de pratiques de subversion à des pratiques de « soumission« . Les philosophes parlent de servitude volontaire.

    Concrètement comment devra-t-on juridiquement inscrire le temps de l’espace numérique ?

    D’autant que le statut de l’espace privé de l’enseignant se posera des la rentrée avec les 9h de formation a distance, que l’enseignant pourra effectuer à l’école comme chez lui.

    Question abordée dans le monde de l’entreprise avec le télétravail mais qui n’a pas encore été abordée pour le travail des enseignants.

     

    Article rédigé par Marie-France Bodiguian, Cabinet AMO-TICE

  • Construire et imaginer ce que devrait être l’établissement du XXIème siècle, à l’ère du numérique

    Construire et imaginer ce que devrait être l’établissement du XXIème siècle, à l’ère du numérique

    Ludovia_Sem1
    Le sujet par excellence, que tout acteur de l’Education Numérique rêverait de réaliser.

    Tour a tour, Catherine Stasser de la Région Wallonne, Henriette Zoughebi – Vice-Présidente chargée des lycées de la Région Ile-de-France et représentante de l’ARF, Marie-Christine Cavecchi – Présidente de la commission éducation numérique à l’ADF, et Pascale Luciani-Boyer – Maire-adjointe de St Maur, représentante AMF au Conseil National du Numérique se sont prêtées au jeu de la projection vers une nouvelle ère numérique dans l’éducation, pour les 10 ans à venir.

    Pourquoi s’interroger aujourd’hui sur cette question ? Ne menons-nous pas depuis 10 ans déjà ce type de réflexion ?

    Tous s’accordent à dire qu’après 10 ans d’expérimentations variées sur les usages numériques, après 10 ans de réflexions diverses sur les problématiques aujourd’hui connues de tous (maintenance, financement, équipements, intégration des ressources numériques, formation et suivis pédagogiques des enseignants, etc.), l’heure est à  la généralisation des usages.

    Mais cette généralisation ne pourra se faire que si l’on tient compte de l’environnement dans lequel baignent au quotidien, enfants et ados : le partage des savoirs et des ressources numériques conditionne les usages et a fait exploser depuis déjà plusieurs années les frontières éducatives et pédagogiques de l’établissement scolaire.

    L’établissement scolaire : entre partage des savoirs et structuration des compétences

    Ludovia_ZoughebiSelon Henriette Zoughebi, la prolifération des ressources auxquelles nos jeunes et nos enseignants ont aujourd’hui accès, change la donne pédagogique : les lycéens souhaitent aujourd’hui être actifs dans la construction de leurs apprentissages.

    Les ENT mis en place par les régions serviront au partage et à la structuration des savoirs.

    Mais la question majeure qui reste encore en suspend est bien celle des ressources numériques.

    « Le ministère retravaille actuellement les programmes, mais quelle place donnera t-il réellement aux ressources numériques? Les fera t-il rentrer par la grande porte des nouveaux programmes ou laissera t-on encore le champs libre au monopole de Google ou autre leader américain ?« , s’interroge Henriette Zoughebi.
    La seule solution qui prévaut en la matière est “d’orchestrer une gouvernance inter-académique, afin de nous aider en tant qu’entité régionale à uniformiser l’égalité des chances entre les élèves tel que le souligne la loi”.

    Nos établissements ne sont plus adaptés pour favoriser la continuité éducative.

    Aussi, dans un monde de plus en plus complexe ou chaque jour apporte son lot de nouvelles ressources et d’informations diverses, l’enjeu éducatif majeur repose sur la manière dont les acteurs pédagogiques permettront aux élèves de se structurer dans une continuité éducative.

    La salle de classe, l’établissement scolaire de demain ou l’espace virtuel dédié doit donc permettre aux enseignants de remplir pleinement leur rôle de pédagogue, non plus dans l’unique transmission des savoirs tel que l’entendait nos parents mais dans une structuration de ces connaissances, auxquels les élèves et les enseignants ont accès aujourd’hui si facilement.

    De part cette perpétuelle circulation et partage des savoirs et des connaissances, dans et en dehors de l’établissement,  Henriette Zoughebi pose ainsi très vite le problème d’une Ecole qui ne serait plus uniquement dans ses murs mais également au-delà, dans une architecture virtuelle.

    Les jeunes sont parties prenantes du monde, et ne structurent plus leurs connaissances et leurs compétences exclusivement dans l’espace dédié de l’école.

    Ceci suppose alors une réorganisation architecturale des bâtiments.

    « On croyait que les lycées ou les collèges étaient construits une fois pour toute », précise Marie-Christine Cavecchi, « mais l’Ecole de demain qui vivra avec les usages transversaux du numérique va devoir être repensée dans son architecture ».Ludovia_Cavecchi

    Cette question suscite immédiatement un intérêt particulier de la salle qui nourrit le débat à travers de pertinentes questions ou des propositions sur la réorganisation des salles de classe et des espaces communs, sur la place des espaces dédiés aux apprentissages virtuels, sur la nécessité de changer de paradigme afin de ne plus organiser la pédagogie par programme mais par projet.

    Comment établira t-on donc le lien entre ce qui se passe à l’école et ce qui se passe à la maison ?

    Nos établissements ne sont plus adaptés pour favoriser la continuité éducative, soutient Marie-Christine Cavecchi.

    Les collèges ont été conçus pour aider les élèves à passer de l’enfance à l’adolescence. Or, depuis plusieurs années, les élèves vivent dans deux mondes parallèles, dans celui du numérique en mobilité et dans l’établissement scolaire qui n’a pas encore reconnu et exploité les usages du numérique.

    Deux siècles (XXeme et XXIeme) qui se côtoient, essaient de dialoguer dans des salles informatiques désuètes, sans pour autant se comprendre.

    La transversalité des usages du numérique permettra de ramasser davantage les espaces, en réorganisant les salles de classes et les espaces communs par projet.

    Les espaces communs devront en effet être redéfinis car des salles telles que celles dédiées au CDI, qui mettent des ordinateurs à disposition des élèves, n’auront plus de raison d être. Les fonctions du CDI pourront être redéployées dans les différentes classes.

    Nous pourrons, de ce fait, partager les espaces de façon différente en travaillant mieux avec le périscolaire » précise Marie-Christine Cavecchi.

    Une gouvernance élargie aux parents

    Henriette Zoughebi renchérit, « le jeune a également besoin de la dimension physique et du contact réel pour se construire donc ne pas uniquement évoluer dans le virtuel ; aussi, la question essentielle que nous aurons à résoudre sera justement liée au devenir du nouveau centre de connaissance et de culture, car le centre de ressources ouvert vers l’exterieur est le cœur battant d’un établissement. Et pour cela nous aurons besoin de consulter l’ensemble des futurs usagers et acteurs directement ou indirectement impliqués, dont les parents”.

    La participation des parents dans une nouvelle gouvernance devient alors indispensable dans le cadre d’une redéfinition des frontières du scolaire, du périscolaire et parascolaire, dans une libre circulation des savoirs dans et en dehors de l’établissement.

    Un nouveau collège s’ouvre à nous » conclut Marie-Christine Cavecchi. « Mais penser une telle restructuration suppose bien évidement la mobilisation de moyens, et une maintenance que les départements et les régions sont prêtes à assurer, si les compétences territoriales sont transférées comme il se doit par l’Etat« .

    Les dimensions pédagogiques de demain, antinomiques avec les raisonnements d’aujourd’hui…

    Ludovia_PBoyerA cette prospective, Pascale Luciani-Boyer pose le problème du décalage entre la projection de l’école de demain et les freins de mise en œuvre, qui “limite l’école numérique d’aujourd’hui à une prolifération d’expérimentations/vitrines, sans pouvoir envisager une quelconque politique de généralisation sérieuse.”

    Or, ce décalage est, selon Pascale Luciani-Boyer,  exclusivement dû à un raisonnement faussé où ne sont pas pris en compte les bons facteurs et modèles économiques qui font notre société d’aujourd’hui.

    Depuis 10 ans on se pose toujours les mêmes questions, se désole t-elle, on ne cesse de  rêver de l’école décloisonnée, ou, aujourd’hui, de l’école inversée »
    « On déplore que les collectivités aient des finances en berne, et ne peuvent assurer l’équipement ou la maintenance des outils, on imagine que le numérique puisse aider l’enseignement à ne plus être uniquement un passeur de connaissances mais également un développeur de compétences pour les futurs citoyens. Mais on raisonne sur l’Ecole de demain en ne tenant compte que des paramètres des moyens d’hier et d’aujourd’hui”.

    Or, pour se projeter vers l’école de demain où les échanges pédagogiques pourront s’effectuer sur des lieux différents, encore faut-il s’assurer que les élèves dans leurs familles ou en mobilité soient eux même équipés comme le reste de la société dans laquelle se place l’école.

    Cessons d’attendre que les collectivités fournissent tous les équipements et assurent la maintenance ! Pourquoi ne pas envisager que les élèves soient eux-mêmes, individuellement, équipés ?”

    Pascale Luciani-Boyer s’appuie à cet effet sur la traditionnelle liste de fournitures de rentrée scolaire, qui intègre avec les vêtements et autres cahiers, une calculette…

    Or, la baisse progressive et inévitable de la tablette numérique ou de tout autre appareil mobile connecté, permet d’envisager que l’élève travaille avec son propre matériel comme il le fait déjà avec sa calculette, ou ses stylos sans que personne depuis des années n’ait même pensé mettre les collectivités à contribution pour ce type de matériel”, souligne t-elle.

    La collectivité devra bien sûr subvenir aux équipements individuels des enseignants et, pour les familles les plus défavorisées, d’autres leviers publics sont à l’œuvre . “On peut penser ici, rappelle Pascale Lucini-Boyer, au rôle de la CAF au travers de l’allocation de rentrée scolaire par exemple”. Un acteur public, qui n’est en effet jamais pris en compte dans la définition de nos modèles d’équipements pour l’école de demain.

    Osons mettre un terminal connecté pour chaque enfant de France scolarisé, c’est juste une volonté politique”, conclut Pascale Luciani Boyer.

    De nouveaux modèles économiques seraient donc à réfléchir pour l’école numérique de demain ainsi que les architectures de connections correspondantes.

    Article rédigé par Marie-France Bodiguian, Cabinet AMO-TICE

  • Faire entrer l’école dans l’ére du numérique :  premier point d’étape du ministère

    Faire entrer l’école dans l’ére du numérique : premier point d’étape du ministère

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    Annoncée en décembre dernier comme un pilier de la loi sur la refondation de l’école, la stratégie numérique est destinée à « mettre fin à l’échec des plans successifs du numérique à l’école » précise le ministre, qui rappelait la place de la France, classée au 24ème rang sur 27 des pays de l’OCDE dans les usages du numérique à l’école.

    « Permettre enfin en particulier la réussite des initiatives des collectivités, dont l’acquisition de matériels dans les écoles s’est trop souvent vu sous-utilisée »,

    ajoute le ministre faute essentiellement de formation initiales et continue des enseignants, d’un manque de contenus et de « services pédagogiques de haute qualité », mais aussi faute de raccordement des établissements au très haut débit.

    Pour Vincent Peillon, « la révolution numérique dans  les écoles est donc à présent en marche », car « le numérique est là comme un outil pour réduire les inégalités sociales et territoriales d’accès à la culture.  Il ne s’agit pas pour nous simplement d’un phénomène de mode, mais d’accompagner une transformation majeure », un « changement de civilisation » et où l’Etat se doit d’être « l’Architecte de cette Ecole Numérique » a déclaré le ministre.

    Ce qui va changer à la rentrée dans la classe…

    Le ministère et les services déconcentrés de l’Education Nationale, avec la contribution du CNED mettent en place pour la rentrée onze mesures, qui devraient permettre une pédagogie différenciée et collaborative grâce au numérique.

    Tous les acteurs de l’école seront ainsi servis, élèves, du primaire au lycée, enseignants, parents d’élèves et l’ensemble de la communauté éducative.

    En primaire l’apprentissage par le ludique à l’honneur :

    Des films d’animations développé par le Centre National de Documentation Pédagogique (CNDP), pour comprendre, les notions fondamentales liées à l’apprentissage du français, des mathématiques, des sciences, etc.

    Pour les 8-11 ans, « English for schools », un service de ressources numériques pédagogiques, développée par le Centre National d’Enseignement à Distance, avec des vidéos, articles ou jeux, accessible en ligne pour un apprentissage facilité de l’anglais en classe et à la maison. Il sera disponible à partir d’octobre sur www.englishforschools.fr avec 250 documents dans un premier temps. Des ressources pédagogiques pour les professeurs y figureront aussi.

    Au collège et lycée, D’COL, un service d’accompagnement interactif personnalisé pour 30 000 élèves de l’éducation prioritaire, sur proposition de leur établissement et avec l’accord des parents, moyennant également un tutorat.

    « Prep’exam » , un accès en ligne au sujet du brevet et du bac des trois dernières années, qui intégrera progressivement les éléments de corrigés.

    Plusieurs services d’orientation destinés à accompagner les élèves (« mon stage en ligne », « mon industrie », etc.)

    Pour soutenir la lutte contre le décrochage scolaire, un service de géolocalisation des structures de formation destiné aux jeunes en situation de décrochage.

    « Total Accès », une application et un site mobile qui fournissent un accès aux informations relatives à l’orientation et à l’insertion professionnelle adapté aux personnes en situation de handicap visuel.

    20 sites pilotes, « des collèges connectés », qui feront par ailleurs l’objet d’une labellisation, développeront des usages pédagogiques du numériques, grâce à un partenariat avec le rectorat et le conseil général, un engagement de raccordement au très haut débit et à un équipement de toutes les classes en tableaux numériques interactifs, tablettes numérique pour les élèves, etc.

    Cela se traduira notamment par une utilisation quotidienne du numérique, en moyenne une à deux heures par jour, une communication régulière avec les familles, un plan de formation des enseignants, et un projet pédagogique numérique de l’établissement, sans oublier le suivi et l’évaluation tout au long de l’année.

    Les parents d’élèves, auront accès à « Lire, une année d’apprentissage de la lecture« , un web-documentaire pour aider enseignants et parents à accompagner les  enfants de cours préparatoire dans cette étape importante de leur scolarité et « S’inscrire au lycée », un service permettant d’effectuer l’inscription au lycée directement sur internet.

    Ce qui va changer pour les enseignants….

    C’est une question cruciale…. On le sait, trop d’expérimentations ont été stoppées ou n’ont pas été généralisées, faute d’accompagnement pédagogique des enseignants.

    Dans sa stratégie, le ministère veut mettre en place des formations « au » et « par » le numérique et une filière « métier » dédiée au numérique éducatif.

    Les professeurs du 1er degré pourront suivre des modules de formation continue sur une plateforme baptisée,  « M@gistère« , accompagnée par un formateur présent ou à distance qui devrait compléter l’offre de formation existante.

    Côté ressources, les enseignants pourront trouver sur le site « EduThèque », un service destiné aux enseignants du 1er et du 2nd degré leur permettant d’accéder gratuitement à des ressources numériques libres de droit des grands établissements publics scientifiques et culturels dont ils pourront faire un usage pédagogique

    Ce qui va changer pour les collectivités…

    Outre les mesures très concrètes et organisation en cours pour pallier aux usages en classe et à la formation des enseignants, restait à savoir si les collectivités disposeront réellement à présent de l’aide et du soutien de l’état, comme « Architecte de l’Ecole Numérique », comme se plait à préciser Vincent Peillon.

    Côté équipement, dont les collectivités ont la charge, le ministre a reconnu que « la France est confrontée à de grandes inégalités, entre les niveaux d’enseignements mais aussi entre les territoires ». En effet, on dénombre seulement dans les écoles élémentaires, un ordinateur pour dix élèves, un pour cinq au collège, et un pour 2.7 au lycée.

    Ce retard devrait être comblé par le lancement d’une « boutique école numérique », qui sera disponible à la mi-juin, « afin de permettre aux communes de faire des achats groupés, aux bons standards et au juste prix ».

    La « boutique école numérique » sera proposée par l’Union des groupements d’achat public (UGAP) et présentera une extension de l’offre de tablettes tactiles pour une utilisation en classe, un renouvellement de l’offre de tableaux blancs interactifs et de vidéoprojecteurs et une offre de « prestation groupée » qui devra permettre, dans la plupart des cas, de « proposer une prestation de livraison et d’installation groupée assurée par le titulaire des marchés de matériels, plutôt que de recourir à un prestataire tiers de maintenance ».

    Quant au besoin de gouvernance des collectivités, le ministère orchestrera « la mise en place d’une gouvernance académique dédiée au numérique, fédérant tous les acteurs territoriaux autour du recteur et pilotée par un délégué académique au numérique éducatif ».

    D’autre part, il y aura une plus grande coopération entre le rectorat et les collectivités locales, notamment pour la constitution de dossiers éligibles au Fonds européen de développement économique régional (2014-2020)

    Les moyens engagés par le ministère

    La stratégie numérique mise en place par le ministère se fera grâce à des développements internes. Le plan numérique s’appuiera essentiellement sur l’appel à projet « investissements d’avenir », doté de 10 millions d’euros, dans le cadre du programme de développement de l’économie numérique, du commissariat général à l’investissement. Cette enveloppe sera consacrée à l’accompagnement des projets de développement de services et de contenus numériques innovants pour l’apprentissage des fondamentaux à l’école.

     

  • Le wifi, frein politique contre l’école numérique?

    Le wifi, frein politique contre l’école numérique?

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    Mais que penser des différentes études contradictoires sur les risques encourus par les enfants devant l’exposition aux ondes? Comment concilier les principes de précaution de santé publique, pour protéger les enfants de risques éventuels et permettre aux enseignants d’utiliser des outils en phase avec leurs besoins pédagogiques ?

    Un débat plus politique que scientifique ?

    Quelque soit la collectivité, cette question ne laisse pas indifférent, en particulier en période de campagne électorale, où chacun y va déjà de son argument en bon lobbyiste, pour défendre sa position.

    D’autant que l’on peut facilement penser que le rejet des amendements à l’Assemblée, qui demandaient l’interdiction du wifi dans les écoles, dans la loi sur la refondation de l’école, durcira les débats en local : en particulier à travers des associations très actives telles que « Robin des Toits« , ou de parents d’élèves qui s’élèvent contre les usages du numérique sans fil dans les écoles.

    Ce sujet rejoint celui des antennes relais qui occupe encore le terrain politique depuis plusieurs années. En effet, les élus se sentent à cet effet pris « en otage » entre l’absence de prise de position des différents ministères successifs face aux études de l’OMS et les pressions exercées en local par les différentes associations ou élus écologistes, qui on le sait, utiliseront entre autre ce type d’argument comme menace électorale.

    Bien qu’aucune étude n’ait encore démontré avec recul et certitude les effets néfastes du wifi, en particulier sous exposition modérée, la réciproque reste vraie. Aussi les élus, dans leurs responsabilités de choix des équipements et des lieux d’accueil pour les enfants, s’ils n’adoptent pas de façon définitive le principe totale de précaution, ont souvent choisi d’opter, dans un premier temps pour ce principe, afin de se donner le temps de la réflexion.

    C’est ainsi que l’on a pu observer, au-delà des problèmes de coût, un démarrage très lent voir parfois avorté, des expérimentations de tablettes dans les écoles.

    Or, se priver totalement du wifi dans les écoles, serait aujourd’hui un non sens au moment où un élan concret est donné pour soutenir la pédagogie différenciée grâce aux usages transversaux du numérique dans la classe.

    Non sens également, d’obliger certains élus par pression politique, de supprimer des antennes-relais, lorsque l’on sait suite à une étude de l’AFNOR, que « plus on éloigne une station de base des utilisateurs afin de diminuer les niveaux d’expositions aux champs induits par les antennes, plus la puissance moyenne d’émission des terminaux, (qu’ils soient ordinateur, tablette ou téléphone portable),  augmente pour conserver une bonne qualité de communication ».

    Quels consensus trouver?

    Quoiqu’il en soit entre le tout wifi qui, s’il inonde les enfants à l’école toute la journée, et le principe de précaution totale qui en interdit tout usage, des solutions intermédiaires existent.

    Mais tout d’abord, d’expérience, les élus ont tout intérêt, comme a pu le faire la ville d’Ivry par exemple, de commanditer une étude de mesures des ondes en circulation dans les écoles concernées, avant la mise en service de tout outil mobile :

    Un moyen de poser sérieusement le cadre d’un tel projet en faisant partager les résultats, donc en impliquant les acteurs concernés dans le débat.

    Cette étude peut être effectuée par des experts spécialisés, tels que ceux du CRIIREM – Centre de Recherche et d’Information Indépendant sur les Rayonnements ÉlectroMagnétiques – qui mesurent l’état de l’art des ondes électromagnétiques et réalisent également des mesures lors de simulations en présence d’ordinateurs mobiles et / ou de tablettes, selon les hypothèses d’équipements de la ville.

    Ces mêmes experts émettent ensuite des préconisations autour desquelles des consensus peuvent être trouvés.

    En particulier, ceux de réduire la puissance des ondes et non le débit ainsi que ceux de la maîtrise de la durée d’exposition des ondes, par l’usage d’un wifi temporaire, le temps d’une séquence pédagogique.

    La borne, branchée au réseau filaire, est alors munie d’un interrupteur, activable selon les besoins.

    Mais qui dit réseau filaire, implique encore dans beaucoup d’esprits, de lourds investissements de câblage. Or, selon les configurations des écoles, il est également possible, de connecter la classe grâce à une technologie, moins coûteuse.

    Il s’agit du CPL – Courant Porteur en Ligne – dit « professionnel », qui contrairement à la version domestique, totalement inefficace dans de grands bâtiments, s’est technologiquement développé et industrialisé.

    Malgré le scepticisme encore très présent de nombreux directeurs informatiques des collectivités, cette technologie a aujourd’hui fait ses preuves dans les établissements scolaires car les professionnels savent à présent contourner le problème de bande passante, l’un des reproches que l’on faisait au CPL Professionnel.

    Pour un futur proche, une autre technologie pourrait également être une alternative au wifi. Il s’agit du LiFi (Light Fidelity) dont le principe est de diffuser des données numériques par la lumière. Si cette technologie économique et écologique (bande de fréquences gratuites et illimitées débits pouvant atteindre 1 Gbits, diffusion basée sur les lampes LED) s’avère être reconnue par l’OMS, les freins politiques n’auront plus lieux d’être ou changeront de discours !

    Retrouvez tous les articles de MF. Bodiguian dans la rubrique « Refondation et collectivités » ici

  • OPPIDUM, modèle de gouvernance pour les territoires

    OPPIDUM, modèle de gouvernance pour les territoires

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    C’est l’une des problématiques pour lesquelles le dispositif OPPIDUM, Observatoire des Pratiques Pédagogiques Innovantes et Des Usages du Multimédia, a été conçu et mis en place par la maire adjointe aux usages numériques de Saint Maur des Fossés (Val de marne),  Pascale Luciani-Boyer, par ailleurs en charge des questions Education et Numérique pour l’AMF, et membre du Conseil national du Numérique.

     

    Réfléchir avant d’agir, en impliquant tous les acteurs concernés

    Suite au triste constat des faibles usages des Tableaux Numériques Interactifs acquis par la commune, et consciente très en avance, que la réussite d’un projet numérique dans les écoles repose essentiellement sur l’implication des acteurs concernés, Pascale Luciani Boyer, a très rapidement, organisé une gouvernance autour d’un triple partenariat : L’académie  de Créteil, la ville de Saint-Maur-des-Fossés et l’Université René Descartes.

    « Oppidum est né de la volonté de mieux allouer les ressources pour accompagner la réussite scolaire par le numérique ( 1€ investi = 1€ utilisé), couplée au constat que les moyens investis dans l’école numérique jusqu’à aujourd’hui ont davantage répondu à une volonté de modernisation qu’a une réflexion sur son efficacité », explique Pascale Luciani-Boyer.

    L’objectif est avant tout de mener une réflexion mutualisable sur les dispositifs les plus performants tant sur les plans des réponses pédagogiques que sur ceux liés à l’utilisation réelle des investissements, à une recherche d’indicateurs pertinents de suivi, et un accompagnement de mise en œuvre.

    « Les achats d’équipements restant du ressort des collectivités, il était légitime que celles-ci se posent la question de l’efficience avant de faire les choix d’investissement avec le fruit de l’impôt collecté. Pour répondre à ces choix, le seul recours de l’Éducation nationale n’y aurait pas suffit », précise Pascale Luciani-Boyer.

    A cet effet, aux côtés des services déconcentrés de l’Education Nationale, le CRDP, des responsables du périscolaire, des services municipaux et des élus délégué à l’Enseignement et aux Usages Numériques réunis au sein d’un Comité de Pilotage, l’unité de recherche spécialisée constituée de chercheurs et doctorants du professeur Georges-Louis Baron avait pour mission de renseigner les décideurs municipaux sur les usages à l’école des TICE et permettre la mise en place d’un dispositif prospectif d’analyse des besoins dans ce domaine.

    Il s’agissait donc non seulement de produire des connaissances (à partager  en mode Open data) mais aussi de fournir aux acteurs concernés des ressources pouvant avoir une dimension formative.

    Comme nous le confirme Pascale Luciani-Boyer : « Après avoir décidé du choix d’investir dans les dispositifs numériques pour ses écoles, la collectivité s’est donc donné le temps de la réflexion et de la concertation auprès des quatre acteurs que composent les politiques éducatives des villes : les enseignants, les parents, les élèves et les animateurs municipaux ».

    Cette étude  recherche-action  à caractère scientifique avait donc pour objectif dans un premier temps de mener une étude exploratoire de faisabilité auprès des enseignants, des animateurs des centres de loisirs mais aussi des élèves, des parents d’élèves, de comprendre et appréhender :

    • les habitudes d’usages et les freins de chacun sur les équipements et outils informatiques et numériques
    • leurs réels besoins en équipement et ressources numériques, selon leurs objectifs.

    Les COCA : Des concertations dans chaque école.

    Suite aux résultats de cette étude, le dispositif OPPIDUM prévoit la tenue dans chaque école de COCA : Comité Oppidum de Consultation Active.

    Chaque établissement scolaire primaire, suite au conseil d’école, est doté d’un comité de citoyenneté avec pour mission d’aider aux choix des dispositifs d’école numérique (matériels, logiciels, suivi, formation…) et d’assurer le suivi en participant à l’évaluation et à la pertinence de ces investissements scolaires.

    Cette instance de consultation entre parents, enseignants, élèves et animateurs  a pour objectif d’apporter une réponse la plus près des besoins numériques de chaque école et des possibilités d’usages des enseignants.

    « La composition du COCA est le reflet du regard croisé des différents acteurs concernés et permet une participation citoyenne au sens premier : des acteurs de la cité qui collaborent  aux choix des investissements de la ville et à leurs évaluations » précise Pascale Luciani-Boyer.

    « La responsabilité de tous est ainsi engagée pour se prémunir du gaspillage d’argent public en adaptant les réponses apportées et en suivant de près leur utilisation. Chaque parent, enseignant, élève et animateur de la vie éducative de l’établissement peut devenir acteur du dispositif Oppidum ».

    Des indicateurs de suivi pour ajuster les besoins

    La dernière étape du dispositif OPPIDUM en cours de réalisation, avec l’accompagnement de l’université, est d’établir des indicateurs de suivi qui serviront d’aide au choix pertinent pour suivre le bien fondé des investissements et l’évolution des usages.

    Car rien n’étant immuable, les enseignants et les co-acteurs d’oppidum se donne  droit à l’erreur. Aussi, un suivi permanent des utilisations  des matériels, s’impose pour un réajustement continu des besoins en matériel, logiciel ou ressources numériques et en formation.

    Un dispositif reproductible pour les territoires

    • Eclairer les acteurs sur les questions d’équipements, d’infrastructures et sur les actions d’animation et de formation à mettre en œuvre,
    • Intégrer l’usage du numérique dans la pratique éducative des élèves de façon transversale,

    Sont ainsi les principaux objectifs auxquels répond le dispositif OPPIDUM dans un souci d’efficience.

    Ainsi, OPPIDUM permet par son concept d’articuler à travers la mise à disposition des équipements et ressources,  des solutions de continuité éducative entre le scolaire, périscolaire, et le périéducatif, entre l’école et les familles, entre l’école et le collège.

    Mis en pratique à Saint-Maur, le processus du dispositif OPPIDUM a été conçu pour être partager avec d’autres villes.

    Comme l’exprime Pascale Luciani-Boyer, « le projet Oppidum placé sous le haut patronage de l’AMF s’inscrit dans une logique de mutualisation de la démarche pour en faire profiter notamment les autres territoires, mais aussi l’ensemble de la communauté éducative ».

     

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  • Clé de la réussite d’un projet numérique : orchestrer sa gouvernance locale !

    Clé de la réussite d’un projet numérique : orchestrer sa gouvernance locale !

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    Pourtant, nombre équipements numériques ont ainsi été acquis et restent dans les placards, faute d’inadéquation avec les infrastructures,  ou configuration des bâtiments, maintenance technique, ou encore de formation ou d’accompagnement pédagogiques auprès des enseignants.

    Des compétences et des arbitrages politiques fragmentés

    Comment une collectivité peut-elle donc, dés lors qu’elle choisit de se lancer dans un projet d’école numérique, éviter ces écueils ?

    La future loi Peillon a relancé au sein des collectivités un débat déjà latent depuis la mise en place du B2i et des différents plans numériques des précédents ministères : Quels équipements et infrastructures choisir au sein des établissements, et pour quelle organisation générale opter ?

    Avant d’effectuer ces choix, plusieurs questions se posent à la collectivité afin que les équipements informatiques et numériques puissent, entre autres :

    • être performants tout en respectant les contraintes budgétaires de la ville,
    • s’adapter aux configurations techniques des établissements sans solliciter sans cesse le service informatique, voire demander au directeur ou à l’enseignant de se transformer en informaticien.
    • offrir une large palette d’usages sans pour autant prétendre remplacer la pédagogie des enseignants,
    • diffuser internet avec une grande flexibilité sans compromettre la santé publique,
    • être mobiles sans risquer d’être dérober, etc.
    • être fréquemment utilisés par les enseignants grâce des accompagnements de l’Education Nationale.

    Avec les salles informatiques, déployées massivement dans les années 2000, puis les recommandations de l’Education Nationale d’installer des ordinateurs en fonds de classe, ou encore les besoins aujourd’hui d’usages transversaux qui nécessitent l’acquisition d’outils mobiles, de nombreuses collectivités s’interrogent.

    Faut-il renouveler ou dynamiser les salles informatiques classiques, aménager des ordinateurs en fond de classe, et/ou s’équiper de Classes Mobiles ? Faut-il opter pour des ultrabooks, ou des tablettes tactiles ? Et qu’en est-il de l’accès à internet….

    Entre les facilités offertes par le Wifi, et le principe de précaution que revendiquent ici certains politiques, là les parents d’élèves, ou là des enseignants, les débats sur la santé publique et le numérique battent leurs plein au sein des collectivités.

    Tous les projets d’écoles numériques réussis nous enseignent aujourd’hui, que seuls de solides partenariats tripartites, entre collectivités territoriales, Education Nationale et établissements scolaires, permettent d’aboutir à des usages efficients grâce à une réflexion commune en amont sur le projet pédagogique, les équipements, et infrastructures à mettre en regard, sans oublier la formation, le suivi et l’analyse régulière des usages.

    Mais reste à savoir qui, au sein même des collectivités, est en mesure d’étudier les différents schémas,  préparer, gérer le projet et prendre les décisions : Les élus nouvelles technologies ou  service informatique, qui sauf exception, n’a pas mission pour jauger des besoins et objectifs d’usages des enseignants ? Les élus ou service éducation, qui généralement ne maîtrisent ni la technique, ni les problématiques de maintenance ?

    Les responsables TICE locaux de l’Education Nationale, apportent leurs savoir faire en la matière mais n’ont bien sûr ni la main sur les arbitrages politiques budgétaires, ou de santé publiques locaux, ou sur la gestion globale du projet  en interne.

    Sans compter que dans un contexte de continuité éducative cohérente (école, collège, lycée)  la gouvernance doit pouvoir s’orchestrer, selon les organismes territoriaux et l’ANDEV, par bassin d’éducation entre les collectivités et les instances locales de l’Education Nationale.

    Des compétences donc fragmentées au sein même des collectivités, qui pour autant, dés lors qu’elles sont pilotées de manière cohérentes, ouvrent aux enseignants et aux collectivités  les champs des possibles.

    Trouver la bonne alchimie entre les différents acteurs impliqués

    En réalité, la réussite d’un projet d’Ecole numérique ne réside pas uniquement sur le choix des équipements et des infrastructures mais sur l’organisation d’un dispositif, qui permet d’échanger, de consulter les acteurs impliqués et de mettre à disposition du projet, les compétences de chacun.

    Que ce soit au niveau de la région comme en PACA, Rhône Alpes, au niveau des départements du Val d’Oise, de l’Ariège ou de la Corrèze, ou au niveau des communes comme à Elancourt, Limoges, Angers, La Ciotat ou Saint Maur des Fossés, tous ont réuni au sein d’un comité de pilotage les différents acteurs impliqués, que sont :

    • les élus, préoccupés par le budget, la politique de santé publique/wifi, ou les délais de mise en œuvre.
    • l’Education Nationale (représentant du rectorat et de l’Inspection Académique), en charge des formations aux outils, des ressources numériques, des accompagnements pédagogiques.
    • les services de la ville (éducation et jeunesse, techniques et informatiques), en charge de la coordination logistique avec les établissements pour les uns, de la maintenance et du bon fonctionnement des infrastructures pour les autres
    • les responsables du périscolaire qui pourront assurer une continuité éducative des usages du numérique par la mutualisation des outils dans les espaces d’accueil périscolaire.

    D’expérience, seule la volonté politique permet d’initier et d’orchestrer les prérogatives de chacun et de trouver avec persévérance un chemin consensuel.

    Mais, organiser son comité de pilotage mensuel reste insuffisant si en amont et au fil du projet les enseignants, directeurs d’établissements et parents d’élèves – voire les élèves eux mêmes –  ne sont pas consultés sur la base du volontariat, et impliqués dans le processus d’étude et de décision.

    Les enseignants, intéressés par des solutions leur permettant d’être soutenus dans leur pédagogie différenciée, les représentants de parents d’élèves, préoccupés par le soutien scolaire, les rythmes scolaires, la politique éducative et de santé publique de la ville, apportent tous des éléments constructifs au projet au côté des représentants du COPIL.

    C’est ce que la ville de Saint Maur des Fossés dans le Val de Marne a formalisé au sein d’un dispositif appelé OPPIDUM, par la création des COCA : Comité Oppidum de Consultation Active

    « La composition du COCA est le reflet du regard croisé des différents acteurs concernés et permet aux concitoyens de collaborer  au choix des investissements de la ville »,

    précise Pascale Luciani-Boyer, maire adjointe de Saint Maur et en charge des questions Education et Numérique pour l’Association de Maires de France, qui a initié ce programme pour la ville.

    Au-delà des appels à projets, que les villes effectuent couramment, consulter régulièrement les acteurs finaux, c’est faire émerger leurs objectifs d’usages en présence des représentants de l’Education Nationale et de la Ville, et s’assurer ainsi de l’implication et de l’engagement de chacun, dans un suivi et une évaluation de la pertinence des choix et des équipements installés.

    Mais les différentes contraintes techniques et budgétaires de chaque commune, les configurations de chaque école en matière de réseaux, d’accès à internet de grandeurs de bâtiments, ou de classes, les motivations aléatoires des enseignants d’un établissement à l’autre ne permettent pas aux communes d’appliquer à la lettre, une architecture TICE standard.

    Aucune solution standard n’existe, tous doivent  adopter une approche méthodique circonstanciée, une analyse et une recherche de solutions qui tiennent compte des expertises de chacun, dans une gouvernance bien orchestrée.

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  • Collectivités et Refondation : pourquoi est-ce donc vraiment LE MOMENT ?

    Collectivités et Refondation : pourquoi est-ce donc vraiment LE MOMENT ?

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    L’échéance des municipales

    Echéance des élections municipales oblige, les réflexions pour la prochaine mandature battent leur plein depuis plusieurs mois dans les communes.

    Les projets d’écoles numériques pourraient, espérons-le, y trouver leur place.

    Si l’on en croit un sondage effectué en 2008 par Ipsos, les lieux d’accueil de l’enfant (« écoles et crèches ») constituaient la deuxième thématique déterminante de vote lors des dernières élections municipales. Et ce, devant le développement économique de la commune, et la sécurité des biens et des personnes !

    D’autre part, selon une enquête réalisée toujours en 2008, par l’ANDEV, les projets d’écoles numériques étaient présents dans 80% des projets municipaux de leurs adhérents des dernières élections.

    Les deux enquêtes conjuguées devraient donc théoriquement propulser l’école numérique dans les premiers rangs des préoccupations municipales. D’autant que depuis 2008, les expériences du numérique dans l’éducation se sont développées et l’on est en mesure d’en appréhender les bienfaits et de connaître les pré-requis de réussite.

    Certes la crise économique et les restrictions budgétaires ont également depuis creusé leurs lits, et découragé plus d’un projet. Mais regardons de plus près si le numérique n’est pas justement une source d’efficience, qui mériterait des choix politiques et budgétaires particuliers.

    Restriction budgétaire ? Le numérique, source d’efficience !

    Au moment où les élus réfléchissent à leurs prévisionnels budgétaires pour leur prochaine mandature, ne serait-il pas opportun de repenser certains frais de fonctionnements dédiés aux écoles ? Au-delà des choix d’investissement qu’il suppose, le numérique, peut à cet effet, être une solution intéressante.

    Pour les écoles qui utilisent à présent des ressources numériques, ou un espace numérique de travail par exemple, les villes ont pu constater une baisse des frais de photocopies et surtout un gain de productivité des services et des enseignants, grâce à la dématérialisation des courriers administratifs avec l’éducation nationale ou avec les parents.

    D’autre part, le numérique permet également de réduire le coût des frais d’intervenants extérieurs tant en langue que pour les projets pédagogiques culturels.

    Comme le précise Pascale Luciani Boyer, en charge des questions Education et Numérique pour l’Association des Maires de France et nouvellement nommée au sein du Conseil National du Numérique au titre des représentations d’élus,

    « les outils numériques constituent des choix politiques et budgétaires incontournables, si l’on souhaite favoriser une efficacité  pédagogique augmentée  et les échanges école- famille. Sans compter, que le numérique permet également une amélioration de la productivité des services et présente des avantages écologiques incontestables ».

    Et Janine Bouvat, directrice de l’Education de la ville de La Ciotat, de rajouter : « les prix des technologies baissent d’année en année, et des solutions à moindre coût existent. Les restrictions budgétaires entrainent des choix financiers et le numérique est à terme un outil permettant d’optimiser ces investissements ».

    La clé de cette efficience repose essentiellement sur l’étude de l’accointance entre les besoins d’usages des enseignants et les configurations, et  infrastructures des écoles en regard. Ce qu’Anne Angéli, Maire adjointe du Pré Saint-Gervais (93) et consultante des projets éducation auprès de Villes internet, nous confirme : « lorsque l’architecture de l’école numérique est bien pensée, les villes évitent bien des dépenses inutiles et ont accès à des solutions économiques ».

    Prochaine loi Peillon : le numérique, source d’efficacité augmentée

    Avec son projet de loi, Vincent Peillon a posé le cadre d’une exigence de réussite éducative, réclamée de tous les acteurs éducatifs et les organisations territoriales. Principales mesures prises dans ce sens : efficacité augmentée de la pédagogie différenciée, aide accrue aux enfants en difficulté, enseignement de l’anglais dès le CP, activités pédagogiques complémentaires, et encouragement vers des activités périscolaires éducatives dans le cadre des nouveaux rythmes scolaires, sans compter les apprentissages propres aux outils numériques et leurs usages transversaux.

    Un champ de travail colossal pour les enseignants….et les services d’accueils.

    Même si le Ministère embauche comme il le prévoit 7 000 enseignants pour atteindre l’objectif de « plus de maîtres que de classes », avec plus de 250 000 classes (289 000 en 2009 – source RERS), il serait difficile d’atteindre, sans l’aide des outils numériques, une excellence de pédagogie différenciée au vu des multiples niveaux existants déjà dans une même classe et de l’augmentation des enfants en difficulté.

    Les outils numériques sont en effet aujourd’hui reconnus pour permettre aux enseignants de les soutenir et de leur permettre de démultiplier leur pédagogie différenciée, ainsi qu’aux élèves d’acquérir autonomie et confiance et de maximiser leur chance de réussite.

    Or, comme nous le voyions dans un précédent article, la loi ne contraint pas les communes à investir dans différents équipements informatiques pour soutenir les enseignants de leurs communes, dans ces enjeux pédagogiques. Mais on le sait, les élus impliqués dans la vie de leurs communes s’inquiètent de la réussite éducative des enfants et si l’on choisit la voie d’une efficacité augmentée : le numérique est reconnue pour être une des solutions à développer

    Les technologies de pointe dédiées à l’éducation telles que le cloud, les tablettes et les réseaux sociaux etc. facilitent en effet la pédagogie différenciée, le partage et la diffusion des ressources. Tout dépend si l’étude des besoins en regard a été effectuée avec précision pour des choix d’outils et de technologies, et une gouvernance de suivi, parfaitement adaptés.

    Prenons l’exemple de l’apprentissage de l’anglais dès le Cp, demandé dans le projet de loi Peillon : de nombreuses ressources diffusées via balladodiffusions, tablettes ou TNI permettent aux enseignants de créer des séances dynamiques, efficaces et captivantes.

    Un moyen sans doute de les soutenir car selon Anne Marie Voise, maître de conférences à l’université de Bourgogne et formatrice à l’IUFM de Dijon, «les enseignants ont peur d’être de mauvais modèles pour les enfants » car « les professeurs d’écoles viennent de filières uni­ver­si­taires très diverses : psy­cho, socio, sciences de l’éducation, lettres (…) et seulement 10 à 15%  sont d’anciens linguistes ».

    Encore une raison, s’il en faut, de justifier les usages transversaux du numérique dans les parcours pédagogiques et les investissements à effectuer rapidement en ce sens par les communes.

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  • Le numérique, vecteur d’une culture partagée : problématiques territoriales d’aujourd’hui et demain.

    Le numérique, vecteur d’une culture partagée : problématiques territoriales d’aujourd’hui et demain.

    Entre éducation culturelle et culture du numérique

    Au côté d’une pléthore de ressources numériques culturelles issues de la valorisation du patrimoine, les Rencontres de l’Orme mettaient à l’honneur cette année les contenus numériques comme clé de voûte entre éducation culturelle et culture du numérique.
    L’objectif des Rencontres de l’Orme était cette année comme l’exprime Gérard Puimatto, directeur adjoint du CRDP de l’Académie d’Aix Marseille de montrer comment « développer une culture globale du multimédia et de l’interactivité – pour communiquer, s’informer, créer – devient un enjeu majeur de l’école et des structures impliquées auprès des jeunes ».

    Une des thématiques, traitée par les collectivités territoriales présentes au sein des ateliers, était de comprendre comment l’Ecole, et à travers elle, la collectivité en charge de définir son projet éducatif territoriale, « peut-elle donner aux jeunes les moyens d’être des consommateurs responsables des produits et services qui leurs sont proposées, des usagers avertis de la culture transmise par le numérique ? »

    Quand ressources culturelles numériques riment avec continuité éducative territoriale

    La question est donc alors de savoir comment l’ensemble des ressources numériques proposées, permet de tendre vers une culture du numérique réfléchie, et par là, vers des usages numériques efficients : comment les collectivités territoriales, traditionnellement en charge des équipements et des infrastructures, interviennent également de concert au côté de l’Éducation Nationale, sur les contenus mis à disposition de la communauté éducative pour un objectif commun de réussite éducative ?

    Sur ce point, bon nombre d’intervenants des ateliers expriment la nécessité de travailler en mode projet, dans le cadre d’une gouvernance assidue : seul moyen d’optimiser l’usage de ces ressources numériques dans un objectif de continuité éducative entre programmes scolaires et activités périscolaires, ou école et offres d’activités culturelles locales auprès des familles.

    Mais l’optimisation des usages de ces ressources, à des fins de continuité éducatives ne peut s’inscrire que dans le cadre d’un projet d’éducation territoriale, au sein d’un même bassin d’éducation, s’accordent à préciser Chantal Blandel, secrétaire nationale de l’ANDEV, et Laurent Brisset, en charge des questions d’éducation au sein de l’Association des Régions de France.

    Un mode projet à l’échelle d’un bassin d’éducation, école collège lycée, c’est orchestrer des ressources numériques de façon à susciter, selon les différents âges et niveaux de scolarité, l’intérêt des enfants et des jeunes et les encourager à développer leur créativité en utilisant de nouvelles ressources éducatives, leur permettre au fil des années de l’école au lycée de devenir acteurs de la société numérique et les former à cette nouvelle culture.

    Et si les ressources numériques remplaçaient les manuels scolaires papiers…

    Evoqué lors de plusieurs ateliers, ou dans les allées autour de l’espace dédié à l’Edition Numérique, certains caressent l’idée que les ressources et contenus numériques pourraient à terme remplacer les manuels scolaires papiers.

    C’est en tout cas, la conviction par exemple de Patrick Palisson, représentant de la Fédération des Conseils de Parents d’Elèves ou de Pascale Luciani Boyer, élue, en charge des questions Education et Numérique au sein de l’Association des Maires de France et, à ce titre, membre du Conseil National du Numérique.

    Certes, l’usage des ressources numériques offre l’avantage, reconnu par les enseignants, de favoriser la pédagogie différenciée. Elles permettent, on le sait également, des choix adaptés et modulables en cours d’année, contrairement à l’unicité du manuel scolaire papier, dont le choix est effectué initialement.

    « Les ressources numériques seraient alors peut-être un des moyens d’éradiquer un jour le syndrome de l’algue verte de l’éducation », qui selon un inspecteur général de l’éducation, est celui de la photocopie…

    Autre avantage et non des moindres, « les ressources numériques sont sources d’économies budgétaires pour les collectivités, en charge d’acquérir les manuels scolaires ». C’est ce que nous confie Pascale Luciani Boyer au cours d’un des ateliers consacrés à la refonte de la loi Peillon et les répercussions pour les collectivités.

    En tant qu’élue, elle défend l’idée que « les économies réalisées sur l’acquisition de manuels scolaires par les collectivités et parfois plus directement par les écoles à travers la caisse coopérative pourront être réinvesties dans l’acquisition de support numérique de lecture et permettre ainsi à chaque enfant de bénéficier d’un manuel numérique individuel ».
    Si, de plus, ce support numérique propose une calculatrice, une bibliothèque sur le monde grâce à internet et un espace collaboratif, il présentera alors des avantages cognitifs qui accompagneront l’élève dans tous ses parcours de réussite éducative.

    Mais pour atteindre un tel objectif, il est nécessaire d’envisager des outils à une échelle volumétrique conséquente qui, pose bien sûr alors le problème du modèle économique, que nous aurons l’occasion d’aborder lors d’un prochain article.

    Article rédigé par Marie-France Bodiguian, Cabinet AMO-TICE