Auteur/autrice : Marie-France Bodiguian

  • Pourquoi le changement vers le numérique, c’est maintenant…?

    Pourquoi le changement vers le numérique, c’est maintenant…?

    26022013512cbaed9152cPourquoi ? 

    Vivons-nous donc une dichotomie entre les impulsions successives créées par les ministères, et certaines communes, qui reportent d’année en année l’intégration du numérique dans leurs écoles ?
    Tentons d’en comprendre les causes pour se risquer, dans un second volet, de souffler aux collectivités, qui n’en seraient pas convaincues, les raisons pour lesquelles elles ne pourront rater le coche du numérique dès 2013.

    Le numérique à l’école, ajourné dans les conseils municipaux ? 

    Certes l’annonce du projet de loi Peillon, qui institutionnalise le numérique comme un volet pédagogique essentiel, est encore très récent, mais nous avons malgré tout enquêté auprès de communes, afin d’en comprendre les répercussions sur les nouveaux projets municipaux. Tant pour les communes, pour lesquelles le numérique restait marginal, il y a encore un an et que pour celles, déjà lancées dans un projet TICE.
    Ces dernières, confortées dans leurs choix par le projet de loi, poursuivent leurs projets.

    Mais pour celles, qui n’avaient encore rien initié, la question : « intégrerez-vous en 2013 un projet d’équipement numérique dans vos écoles ? », les propos recueillis restent en grande majorité presque inchangés, à ceux enregistrés l’an dernier, à la même époque.

    « Ce n’est pas notre priorité pour le moment…. Nous équiperons nos écoles en numérique sûrement d’ici un ou deux ans », quand les projets ne sont pas remis à des dates ultérieures. Réponses que nous enregistrions de ces mêmes communes déjà l’an dernier.
    « Trop de communes sont encore installées dans une ère de procrastination, en remettant à plus tard des projets pourtant essentiels au développement et au dynamisme de leur territoire » confirme et regrette Pascale Luciani Boyer, en charge des questions éducation et numérique, à l’Association des Maires de France.

    À ce constat, des raisons diverses tant structurelles que circonstancielles

    La première raison évoquée par les élus et les services des villes lors de notre enquête est liée aux restrictions budgétaires et aux problèmes de financement, sur lesquelles nous reviendrons dans notre prochain article.
    Mais Anna Angeli, Maire adjointe du Pré Saint-Gervais (93) et consultante des projets éducation auprès de Villes internet, précise que « les problématiques financières ne sont pas la raison unique et réelle. Un manque de connaissances encore important des enjeux de l’éducation au numérique pour les élèves du 1er degré persiste au sein des communes. Les élus et les services concernés ont besoin d’expertise, et de formation pour construire leur politique numérique éducative ».

    C’est ce que nous confirme Thierry Coilhac, Directeur Stratégie Éducation chez Orange, auditeur du rapport du Conseil National du Numérique de mars 2012, relatif au choix du numérique à l’École. « Nous constatons régulièrement une méconnaissance des usages et des besoins des enseignants de leurs écoles, ce qui impacte sur les problématiques budgétaires, car méconnaître les usages, c’est faire l’impasse sur les équipements et infrastructures précis dont auront besoin les enseignants localement. Ce qui, par voie de conséquence, entraîne trop souvent des choix et des budgets inadaptés, exposés à des dépenses inutiles ».
    « Sans compter un manque d’accompagnement de la part de l’éducation nationale pour faire évoluer ces collectivités et les aider », ajoute Anna Angeli.

    Autre motif, là, plus « ancré dans les mentalités des élus est, poursuit-elle, de considérer que l’apprentissage du numérique, et les usages pédagogiques correspondants, peuvent attendre le collège et ne constituent pas une priorité en primaire ».

    « D’autant qu’ils ont ce qu’il faut à la maison ! » nous a-t-on, même avancé, lors de notre enquête.

    C’est ignorer les réelles inégalités entre les enfants, moins en matière d’accès à Internet, qu’en matière d’éducation et de recul face à ce média, où l’école joue dès le plus jeune âge un rôle primordial : l’un des leitmotivs de la mis en place du B2i et de l’inscription du principe d’éducation numérique dans le projet de loi Peillon.

    Et Anna Angeli de confirmer « le fossé numérique se creuse entre les villes qui équipent leurs écoles et celles qui ne le font pas, générateur d’inégalités inacceptables au sein de notre système éducatif républicain.
    Les nouvelles générations se retrouvent, comme si l’Internet était inné et génétique, sans repères culturels pour profiter des opportunités formidables d’accès aux droits, à la connaissance, à la citoyenneté et de fait à l’emploi induit par ces technologies de l’information et de la communication
     ».

    « Un système éducatif rénové doit garantir l’accès aux savoirs et à la culture numérique et ne pas laisser une grande partie de la jeunesse s’adjoindre la fracture numérique, aux fractures sociales et culturelles déjà existantes. Dans un contexte de budgets contraints, le besoin d’un État garant de l’équité des moyens et coordonnant les différents niveaux de collectivités est plus que criant » ajoute t-elle.

    À ces problématiques, vient s’ajouter la réorganisation des temps scolaires et périscolaires, qui d’après les entretiens que nous avons menés, absorbe actuellement les emplois du temps des élus et des services, et de ce fait gèle souvent les nouveaux projets d’écoles numériques.

    Le numérique, l’outil de choix pour des Plans éducatifs territoriaux efficaces et efficients

    « Toutes ces raisons sont bien compréhensibles car la gestion comptable, administrative et politique d’une commune est d’une grande complexité. Mais en cette période de crise nous devons, reconsidérer nos repères et nos valeurs, pour donner à nos enseignants, les moyens d’une plus grande efficacité, en matière de réussite éducative, grâce à des outils efficients. Or, le numérique est justement à terme source d’efficacité augmentée, et d’économie pour les frais de fonctionnement de nos écoles », avance Pascale Luciani Boyer.

    Source à termes d’efficience, mais aussi, prix en baisse des matériels et des infrastructures, technologies qui se hissent au plus haut niveau, pour entre autres, permettre une pédagogie différenciée, et soutenir pour le moins les enfants en difficulté, sont quelques-unes des réponses, qu’apporte le numérique aux problématiques que rencontrent les collectivités, tant sur les plans de gestions administratives, de gouvernances territoriales éducatives, de continuité pédagogique, ou d’économie budgétaire.

    Autant d’éléments que nous développerons dans un second volet sur ce sujet.

    Pourquoi le changement vers le numérique, c’est maintenant…… ? 2ème volet, prochainement sur ludovia.com

    MF. Bodiguian, 
    AMO-TICE

    Avis aux lecteurs de cette rubrique :
    Appel à Témoignages de collectivités engagées ou en projet sur le numérique et la refondation de l’école : vos réactions concernant le projet de loi, vos initiatives, vos idées et propositions, et les problématiques que vous rencontrées, contactez-nous !
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  • Nouveaux rythmes scolaires : le numérique, une chance pour les communes ?

    Nouveaux rythmes scolaires : le numérique, une chance pour les communes ?

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    Ludovia a cherché à comprendre auprès des communes, déjà investies dans les TICE, la place et le rôle que pourra prendre le numérique dans les futurs activités périscolaires, et la politique éducative territoriale de la commune.

    Levier de continuité éducative et logistique

    Le ministère, dans son projet de loi sur la refondation de l’école, exprime une ambition de continuité éducative à travers différentes mesures : création d’un cycle Cm2-6éme, d’un service public numérique « pour prolonger l’offre des enseignements » et «rapprocher les familles de l’école », développement « des activités périscolaires, prolongeant le service public de l’éducation ».

    Dans le guide publié sur les nouveaux rythmes scolaires publié par le ministère le 5 février dernier, le numérique y est également encouragé comme l’une des activités possibles, qu’i s’agisse d’activités dites « d’épanouissement » ou « d’activités pédagogiques complémentaires »

    Si le projet de loi suggère la mise en place pour les enseignants d’ « une plateforme d’échange et de mutualisation » ou la mise en place d’une plateforme de ressource collaborative, soit un espace numérique d’échange, ne peut-on pas imaginer que ce type d’outil constitue un véritable trait d’union entre les projets d’école et programmes pédagogiques des enseignants et le projet éducatif de la ville ?

    D’autre part « penser le temps de l’enfant tout au long de la journée suppose inévitablement, pour Janine Bouvat, directrice de l’Education de la ville de La Ciotat,que nous partagions les lieux et les équipements entre les équipes scolaires et périscolaires, donc également les infrastructures et matériels numériques ».
    Anne Sophie Benoit, présidente de l’ANDEV, voit également dans « le numérique, un levier de continuité éducative entre le scolaire et le périscolaire, qui peut favoriser le flux des contenus et de la coordination administrative ».

    C’est ce que l’on observe en particulier dans les villes, qui dans le cadre de leurs politiques éducatives territoriales, définissant le cadre de la continuité éducative entre le scolaire et le périscolaire, ont privilégié la mutualisation des outils, la formation des animateurs, et la mise en œuvre d’un partenariat suivi entre l’Education Nationale et la ville.
    A Issy les Moulineaux par exemple, l’usage d’un espace numérique collaboratif partagé entre l’équipe enseignante et périscolaire a été expérimenté dans une école entre février et juin 2012, pour être étendu à plusieurs écoles depuis septembre 2012.
    Cet espace numérique d’échange intègre les partenaires associatifs naturels de la ville, qui œuvrent dans le cadre des animations périscolaires : développement d’un serious game, atelier d’écriture, animation numérique suite à la visite d’un musée avec la classe grâce à l’usage d’une mallette de ballado-diffusion, etc.

    A Angers, on mutualise également les équipements numériques entre le scolaire et le périscolaire. A l’école élémentaire Isoret en particulier, où a été maintenu le rythmes des 4 jours ½, l’un des projets d’école était de suivre un coureur du Vendée Globe. Ce projet permettait, entre autres dans le cadre des objectifs pédagogiques, de faire travailler en groupe les enfants sur l’expression écrite et parlée : concevoir en équipe un message et savoir l’exprimer. En parallèle, afin d’animer ce projet, les enfants ont participé sur le temps périscolaire à la fabrication d’un bateau, conçu au départ avec les outils numériques de l’école.

    Dans une autre école de la ville, certaines applications sur tablettes vont permettre, pendant les activités périscolaires, la création d’une pièce de théâtre.
    « Ces exemples illustrent bien, selon Luc Belot,  député de la 1ère circonscription du Maine-et-Loire, le trait d’union établit entre les activités scolaires et périscolaires et cristallise l’homogénéité et la cohérence du projet éducatif territorial ».
    Mais « chaque école devra monter son propre projet progressivement, et l’adapter, précise t-il, selon le contexte aux parcours pédagogiques, définis avec la ville dans le cadre de son projet éducatif territorial ».

    Des choix financiers nécessaires

    Mais créer des ponts organisationnels entre les équipes enseignantes et périscolaires engendrent auprès de nombreux directeurs éducation des villes des interrogations sur les conditions de mutualisation des outils et de sécurisation et de maintenance de ces matériels, sans oublier la formation des animateurs, et, donc par voie de conséquence des investissements et des coûts de fonctionnement supplémentaires.

    « Nos animateurs n’ont pas la compétence pour manier les usages numériques, et nous craignons que des incidents techniques survenus lors de séances périscolaires entravent les usages des matériels dédiés aux enseignants »,  avance la responsable des affaires scolaires d’une ville des Yvelines.

    « L’organisation à mettre en place pour faire face aux nouveaux rythmes scolaires sera très coûteuse et investir dans des équipements informatiques et dans la formation des animateurs n’est pas notre priorité », affirme le directeur éducation et jeunesse d’une autre ville des Bouches du Rhône.

    Pourtant peu argentées, certaines communes comme La Ciotat estiment néanmoins que les outils numériques sont justement une réponse réaliste aux questions que pose le réaménagement des temps de vie scolaire et périscolaire.
    « Bien pensé, une architecture et un équipement numérique dans une école peuvent être une réponse aux problématiques rencontrées avec l’aménagement des nouveaux rythmes scolaires tant au niveau des objectifs éducatifs de la ville, que dans la gestion administrative des personnels. D’autant que des solutions à moindre coût existent », souligne Janine Bouvat.
    « L’usage d’un espace numérique collaboratif de travail ou d’échange, poursuit-elle, permet une meilleure gestion et coordination des plannings et des contraintes logistiques. D’autre part les restrictions budgétaires entrainent des choix financiers et le numérique est à terme un outil permettant d’optimiser ses investissements ».

    Même discours du côté des grandes villes : « Aménager des activités périscolaires aura un coût indéniable, et le numérique en est un. Mais il présente de tels avantages, qu’il devient aujourd’hui incontournable de l’intégrer dans les plans éducatifs territoriaux », confirme Luc Belot.

    MF. Bodiguian, 
    AMO-TICE

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  • Refondation de l’Ecole : ce que le projet de loi ne précise pas…

    Refondation de l’Ecole : ce que le projet de loi ne précise pas…

    12022013511a150a1d566Malgré un cadre budgétaire, organisationnel et juridique qu’elles considèrent délicat (voir article du 5/02/2013, « Les collectivités encore dans l’expectative« ), les collectivités territoriales ont déployé, ces dernières années, un nombre croissant de projets TICE au sein des établissements scolaires. Mais la faiblesse des usages découragent peu à peu certaines bonnes volontés, ce qui nuit à la généralisation des équipements, qui devrait faire suite aux diverses expérimentations.

    La question est donc aujourd’hui de savoir si les outils, ressources et formations annoncées dans le projet de loi seront suffisants pour créer un réel élan sur les usages auprès de la communauté éducative et pédagogique et inciter les collectivités à poursuivre leurs efforts.

    Entre motivation des enseignants et gouvernances territoriales auprès des collectivités, qu’en est-il du rôle attendu par le ministère des services déconcentrés de l’Education Nationale, maillon essentiel et clé de voûte de la réussite de ce projet de loi ?

    Un projet de loi inscrit dans la continuité 

    Quoiqu’il en soit, le projet de loi de Vincent Peillon est reconnu par les acteurs de l’éducation numérique qui œuvrent au sein de l’Education Nationale comme un texte pilier et fondateur, qui institutionnalise un volet essentiel de la pédagogie.

    Comme Pascal Cotentin,  directeur du CRDP et conseiller Tice de M. le Recteur de l’académie de Versailles le souligne, « le projet de loi sur la refondation de l’Ecole propose une dynamique et des mesures concrètes qui devraient encourager les usages du numérique à l’école ».

    Jean-Michel Fourgous, maire d’Elancourt, et auteur de deux rapports sur l’école numérique sous le gouvernement Fillon, considère le volet numérique du projet de la loi pour la refondation de l’école comme « une bonne nouvelle »,  et salue la démarche de Vincent Peillon d’avoir tenu compte des préconisations des derniers rapports FOURGOUS, sur l’apport des outils numériques dans les apprentissages scolaires mais aussi sur la transformation de la pédagogie par le numérique.

    Encourager les usages par la valorisation des enseignants

    Mais nombreuses collectivités, qui ont déjà engagées des investissements et développer un projet d’école numérique, restent relativement réservées, exprimant une inquiétude au niveau de la motivation des enseignants, en raison d’un manque de reconnaissance vis-à-vis de leur hiérarchie sur l’utilisation des outils numériques.

    C’est ce que nous confirme le chef de projet du déploiement numérique dans les écoles d’une des villes pionnière, en matière de TICE.

    « Beaucoup trop d’enseignants en France ne prennent pas en compte le numérique en raison d’un manque de reconnaissance de leurs inspections de circonscription, qui considèrent le numérique comme un outil gadget, un artifice ludique au détriment du véritable contenu pédagogique ».
    « C’est fortement pénalisant pour les usages », poursuit-il, « donc pour les services et les élus qui doivent justifier des investissements engagés par la ville. J’espère que la future loi créera peu à peu une réelle motivation au niveau des services déconcentrés de l’Education Nationale, et impactera sur les usages, sans quoi nous ne pourrons avancer ».

    La valorisation hiérarchique  des enseignants utilisateurs des TICE avait d’ailleurs fait l’objet, dans le rapport Fourgous  d’une  proposition, intitulée : « Réinventer le management des enseignants : incitation, reconnaissance, valorisation ».

    Etablir une collaboration entre l’Inspection académique et la collectivité permet en effet aux enseignants de travailler dans un environnement constructif et de confiance, où les matériels sont mis à la disposition des enseignants, qui ont le droit à l’erreur.

    C’est par exemple le principe du dispositif OPPIDUM* à Saint Maur-des-Fossés dans le Val de Marne, où l’inspection académique, partie prenante dans les objectifs d’usages, entreprend un suivi permanent des enseignants, utilisateurs des matériels, pour un réajustement continu des besoins en matériel, logiciel ou ressources numériques.

    Quid de la gouvernance territoriale avec l’Education Nationale…. ?

    Quoiqu’il en soit, tous les projets d’écoles numériques réussis nous enseignent aujourd’hui, que seuls de solides partenariats tripartites, entre collectivités territoriales, Education Nationale et établissements scolaires, permettent d’aboutir à des usages efficients grâce à une réflexion commune en amont sur le projet pédagogique, les équipements, et infrastructures à mettre en regard, sans oublier la formation, le suivi et l’analyse régulière des usages.

    Citons en exemple parmi les plus connues, les actions menées dans les villes de Limoges, Elancourt, Saint Maur des Fossés avec le programme OPPIDUM*, dans les départements du Val d’Oise, de l’Ariège ou de la Corrèze, ou en encore en région PACA avec le CRDP de l’académie Aix-Marseille.

    C’est la raison pour laquelle les associations d’élus territoriales ainsi que l’ANDEV avaient proposé à Ludovia 2012, que le projet de loi intègre des mesures de continuité éducative cohérentes (école, collège, lycée) par bassin d’éducation entre les collectivités et les instances locales de l’Education Nationale.

    « Il est aujourd’hui contreproductif de séparer la réflexion sur les acquisitions des matériels, la gestion de la maintenance, et les objectifs d’usages de ces équipements. C’est dans le cadre d’une convention interterritoriale structurée numérique pluriannuelle, où serait clairement définie une politique d’usage pédagogique numérique par bassin d’éducation, que pourront être définis les meilleures conditions de maintenance, de renouvellement de matériels, de connexion, d’usages et de formation.
    C’est cette nouvelle gouvernance qui pourrait déterminer les transferts de compétence les plus judicieux
     », souligne Jean-Pierre Quignaux de l’ADF.

    Les associations représentantes des collectivités militent donc pour une co-élaboration cohérente des politiques éducatives numériques territoriales avec l’Education Nationale, pour des usages et des investissements efficients.

    L’exemple de l’observatoire ObserTice 92 est en cela très instructif puisqu’au sein du département des Hauts de Seine, une large concertation se poursuit entre les représentants des communes et la DSDEN (direction académique). Tous s’efforcent de mener à bien une réflexion permanente entre les besoins et les contraintes des communes, l’identification d’indicateurs destinés à mesurer les effets d’une politique TIC concertée, les retours d’expérience des enseignants et les orientations pédagogiques de l’Education Nationale sur l’usage des équipements.

    « Nous avons trouvé un format de collaboration efficace, confirme Elisabeth Hordequin, Conseillère Technique TICE du DASEN des Hauts-de-Seine, qui nous permet de diffuser et de mutualiser les démarches, ainsi que les retours des politiques d’équipement, en vue d’optimiser les investissements de chaque commune et dynamiser les usages des enseignants ».

    Si ce travail de coordination est là rendu possible grâce à la faible étendue du 92, ne pourrait-on pas imaginer que ces actions soient également menées au sein des bassins d’éducation ?

    MF. Bodiguian, 
    AMO-TICE

    Dans le cadre des actions que les collectivités engageront sur le développement du numérique dans les établissements scolaires, Ludovia vous propose de poster à cette adresse mfb@amotice.com vos réflexions et questions, afin par la suite de vous donner la parole dans ces colonnes, et de vous apporter, si ce n’est des réponses, au moins un partage des réflexions et des expériences des autres collectivités.  

    OPPIDUM* : Observatoire des Pratiques Pédagogiques Innovantes et des Usages du Multimédia.
    Dispositif initié et mis en place à Saint Maur des Fossés (94), associant dans un partenariat tripartite entre l’Education Nationale, l’Université René Descartes et le territoire, une réflexion mutualisable sur les dispositifs les plus performants tant sur les plans des réponses pédagogiques que sur ceux liés à l’utilisation réelle des investissements, à une recherche d’indicateurs pertinents de suivi, et un accompagnement de mise en œuvre.

  • Refondation de l’Ecole : les collectivités encore dans l’expectative

    Refondation de l’Ecole : les collectivités encore dans l’expectative

    numérique
    Globalement, l’ensemble de la communauté éducative et des collectivités territoriales saluent l’initiative de Vincent Peillon d’inscrire à présent dans la loi le principe d’une éducation numérique pour tous les élèves, et de vouloir intensifier les élans donnés par ses prédécesseurs en développant « une grande ambition pour le numérique à l’Ecole (…) pour enseigner par le numérique et enseigner le numérique ». Tous reconnaissent la volonté  d’institutionnaliser pour la première fois ce volet pédagogique.
    Dans ce contexte,  Ludovia magazine a souhaité comprendre comment sont aujourd’hui perçues ces nouvelles mesures du numérique par les collectivités territoriales, et quelles en seront les répercussions sur leurs organisations logistiques et financières.

    L’ADF et l’ARF pour un transfert des compétences

    Développer une grande ambition pour le numérique dans l’Education, donc des usages dans les écoles collèges ou lycées, suppose bien évidemment un développement des équipements en matériels, infrastructures et logiciels et la maintenance qui y est associée.

    Le  Chapitre II du projet de loi consacre de nouveaux articles à la coordination des actions entre les collectivités territoriales et l’Etat et donne à cet effet aux départements et aux régions, la charge de l’acquisition et de la maintenance des matériels informatiques et des logiciels prévus pour leur mise en service dans les collèges et les lycées.
    Equiper les établissements scolaires de matériel informatique engage d’énormes investissements, mais c’est la délicate question de la maintenance et des centaines d’emplois indispensables pour assurer la continuité de service de ces équipements qui reste dans l’état actuel du projet de loi, un point névralgique pour sa mise en œuvre.

    Suite aux remarques de la CCEN, le ministère reconnaissait d’ailleurs  l’existence d’un « flou au niveau législatif, sur la question de savoir qui, de l’Etat ou des collectivités territoriales, est compétent en la matière ».
    Mais si l’ARF et l’ADF sont favorables à une clarification des compétences, celles-ci contestent largement la présentation qui en est faite dans le projet de loi. Selon elles, celui-ci devrait « préciser clairement qu’il s’agit d’un transfert de compétences, ce qui de ce fait impliquerait une compensation financière de l’Etat ».

    Pourquoi cette précision des représentants régionaux et départementaux ?

    Suite au lancement du plan « Informatique pour tous ». en 1985, le code de l’Education précisait en 2004 que l’Etat prenait en charge le premier équipement informatique. Aussi, le législateur considère qu’il revient aux départements et régions d’équiper et de maintenir les équipements qui se sont succédés depuis.
    Raisonnement qualifié de « spécieux ».par l’ARF qui précise : « l’Etat s’appuie là sur cette disposition, pour affirmer qu’il n’a donc la responsabilité de la maintenance que de ce premier équipement, disparu depuis bien longtemps ».

    Selon les associations territoriales, on ne peut assimiler les équipements informatiques d’il y a 30 ans avec ceux liés aux technologies d’internet, qui depuis les années 2000, ont totalement transformées nos modes de communication, donc les besoins de maintenance en matériels.

    Et l’ARF, de poursuivre : « l’Etat a d’ailleurs consacré, suite au « plan informatique pour tous » d’importantes sommes à l’acquisition d’équipements informatiques divers. Un décret (D.211-14 et 211-15), ne peut restreindre son champ d’application aux premiers équipements, sauf de manière purement indicative (cf. jurisprudence du Conseil d’Etat) ».

    Les départements et les régions ont exprimé auprès du ministère leur opposition à prendre en charge l’acquisition et la maintenance informatique des infrastructures des collèges et des lycées, à moins que ne soit effectivement reconnu le transfert de compétence qui donne alors lieu à une compensation financière.

    Inquiétude du côté des communes

    Du côté des communes, on s’inquiète dans le projet de loi d’une absence de précision concernant la coordination de ces actions entre l’Etat et les communes.

    Pascale Luciani Boyer, en charge des questions Education et Numérique à l’AMF, qui reconnaît au texte de Vincent Peillon une véritable volonté politique de faciliter les usages du numérique dans le primaire, regrette qu’aucun article ne vienne préciser le rôle des communes dans l’équipement informatique et numérique ainsi que dans l’orchestration de la maintenance, ni soutenir les collectivités dans cette initiative à travers un quelconque engagement de l’Etat.
    Les communes ont en effet à ce jour, selon la loi en vigueur, obligation d’assurer dans les écoles les équipements nécessaires aux enseignements, sans pour autant avoir la charge de développer des projets informatiques.

    « Quelle mesure incite les communes à donner aux enseignants les moyens nécessaires de travailler avec le numérique et  à ne pas laisser leurs écoles avec un tableau noir et une craie »?  demande Pascale Luciani Boyer. «Les textes en l’état n’encadrent pas les communes en ce sens et rien ne leur permet non plus de se sentir épaulées si elles décident de s’engager dans cette dynamique ».

    Pour sa part, la SE-Unsa, qui milite pour la réduction de la fracture numérique rappelle que les petites communes ne pourront financer les parcs informatiques ou les outils numériques qui seront nécessaires aux usages du futur service public du numérique ni assurer la maintenance, qui « trop souvent fait appel aux bonnes volontés ».

    Les petites communes ont d’ailleurs fait savoir qu’elles ne pourraient pas assumer ce rôle et demanderaient à l’Etat de le faire.

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