Début d’après-midi dans la classe de 4e de Madame Gaggelli (merci pour l’accueil), au collège Pierre Bonnard du Cannet (06). J’étais venu avec ma tablette et, dans la poche, mon smartphone. Je ne connaissais pas les élèves. Deux d’entre eux, des garçons, acceptent de s’installer avec moi à une table, au fond de la classe. J’ouvre sans trop y réfléchir L’allée de Jules Supervielle. La photo du Playmobil en page d’accueil les fait ricaner.
C’est le moment difficile. Les trois ou quatre premières minutes. Faut retenir leur attention, les accrocher très vite. Mais cinq minutes ne se sont pas écoulées que Robin (nom inventé) dit : « Cette application, elle est trop bien, ce soir je la télécharge… » Je ne relève pas, nous poursuivons, mais en même temps qu’il continue de lire en écho avec son camarade (je suis assis entre les deux), je le vois qui sort de sa poche un smartphone et pianote d’une main.
Deux minutes plus tard : « Je ne trouve pas cette application. » Je lui réponds alors qu’il ne s’agit pas d’une application, qu’il ne la trouvera pas sur Apple Store, mais qu’il faut aller sur un site et télécharger les m@p un à un. Qu’ils sont gratuits. Il me demande quel site. Je vais écrire l’adresse au tableau et je reviens lire avec eux.
Les deux compères sont maintenant très volontaires à la tâche, ils bataillent, si bien que je sors mon smartphone de ma poche et le mets dans les mains de l’un (Robin), avec le m@p ouvert dans ma bibliothèque iBooks, tandis que l’autre élève s’accapare la tablette. Robin remarque que mon smartphone est de la même marque que le sien. Tout en lisant, il ouvre sur son propre smartphone le site VoixHaute.net qui s’affiche en version mobile (il a alors un smartphone dans chaque main). « Que dois-je faire ? », veut-il savoir. Je lui réponds qu’il trouvera bien comment s’y prendre, ce soir, à la maison. Mais j’ajoute : « Si tu veux, en attendant, je t’envoie ce m@p sur ton smartophone... » Il sourit.
Cela commence à beaucoup lui plaire. Et pour qu’il voie comment je procède, je lui demande d’entrer lui-même son adresse email. « Je peux? – Mais oui, tu peux...! » La PJ est un peu lourde, il s’impatiente, puis voici qu’il reçoit le courriel dans l’autre main. Le PDF s’ouvre tout seul. Il le déroule très vite. Je l’interromps : « Attends ! tu dois maintenant l’ouvrir dans ta bibliothèque iBooks ! »
Il n’a jamais entendu parler de cela. Il me fait répéter. J’écris iBooks au tableau, et je lui montre comment faire, où elle est. Et Robin est ravi. « Ce soir, je montre cela à mes parents ! » Pendant ce temps (vingt minutes grand maximum), son camarade n’a pas lâché la tablette au-dessus de laquelle je le vois qui marmonne comme un vieux moine. Une pensée pour Steve Jobs.
Par Christian Jacomino, retrouvez tous les billets sur www.voixhaute.net/2012
Retrouvez également François Guité et Jacques Cool et leur vision Outre-Atlantique du BYOD ici, causerie canadienne à propos d’e-éducation