Il montre la complexité d’un rôle spécifique créé par l’Éducation nationale, attribué à des enseignants experts, à des fins de diffusion des pratiques des technologies éducatives chez les enseignants et les élèves.
Sans régime administratif véritablement stabilisé et agissant selon des configurations multiples, ces acteurs constituent aujourd’hui une communauté de pratiques singulière mobilisée par un double projet, institutionnel et professionnel que reflète les échanges issus de leur liste de discussion depuis plus d’une dizaine d’années.
D’une part ils ont un projet individuel et collectif de diffusion des pratiques instrumentées : c’est un engagement militant constituant le moteur central de leur activité et les engageant dans une production collaborative et mutualisée de ressources particulièrement adaptées aux contraintes de terrain.
D’autre part, ils sont animés par un projet professionnel permanent de légitimation d’une expertise revendiquée. Ce projet doit aboutir à une définition institutionnelle pérenne et homogène de leur rôle, ce qui paraît entrer en contradiction avec la labilité et l’instabilité du champ des technologies en éducation où croisent de multiples enjeux.
Ainsi, une enquête auprès de 350 individus doublée d’une étude des messages de leur liste de discussion permet d’identifier les formes d’un discours depuis la fin des années 1990. S’y expriment intérêts et valeurs, controverses et consensus dans les deux registres de leur activité discursive. Leur identité professionnelle se construit en tension entre deux figures : celle du pair-expert légitimé par son expertise pédagogique et celle de l’auxiliaire de prescription, au service d’une institution qui ne peut se passer de son appui technique.
La communauté de pratiques des ATICE s’engage dans un projet de professionnalisation passant par la négociation de leur expertise en valeur d’échange statutaire, bien que ce point ne fasse pas entièrement consensus.
En arrière plan de cette étude se dessinent les enjeux du champ des technologies en éducation. De nombreux acteurs gravitent: institution éducative, collectivités, constructeurs, communautés de pratiques d’enseignants autour d’enjeux parfois divergents.
Ce livre s’adresse donc aux cadres de l’éducation, aux formateurs, aux enseignants auxquels il rend intelligible un champ de pratiques complexe en proie à des évolutions importantes, mais dans lequel rebouclent des processus et des discours déjà connus.
Il s’adresse également aux chercheurs en sciences de l’éducation, en sociologie ainsi qu’en sciences de l’information et de la communication en constituant un apport à la réflexion sur le développement de professionnalités spécifiques à l’institution éducative française.
Il participe à la continuité des travaux récents engagés dans l’étude des réseaux, collectifs et communautés de pratiques professionnelles qui utilisent aujourd’hui régulièrement les technologies liées à internet comme vecteur de communication.
Plus d’infos sur l’auteur :
François VILLEMONTEIX a été successivement enseignant, formateur, inspecteur de l’Éducation nationale et conseiller TICE adjoint du recteur de Créteil. Il est aujourd’hui maître de conférences en sciences de l’éducation à l’université de Cergy-Pontoise et chercheur au laboratoire École, Mutations, Apprentissages (ÉMA).
Ouvrage disponible sur www.editions-harmattan.fr