Voici quelques pistes d’analyse en image grâce à un reportage réalisé par Ludovia Magazine dans la classe de Jean-Louis Janin, professeur de SVT au lycée Evariste Galois de Noisy le Grand, qui expérimente la 3D en classe depuis une quinzaine d’années.
Il nous explique qu’il a d’abord utilisé la 3D sur des images fixes par diapositives avec deux projecteurs, puis par deux vidéoprojecteurs (ce qui permet des images animées), puis depuis cette rentrée avec le projecteur 3D DLP. Il nous en fait une démonstration avec sa classe de 1ère L sur le sujet «système visuel rétinien».
Dans le cadre de l’expérimentation menée par l’Académie de Créteil, plusieurs sociétés qui travaillent ensemble autour d’un consortium* d’entreprises, ont fourni un matériel simple : un ordinateur portable, un vidéoprojecteur 3D et des lunettes 3D.
Le dispositif mis au point s’adresse essentiellement à un public de collégiens, comme nous l’explique Julien Llanas, chargé de mission au pôle académique de Créteil : «pour le collège, on dispose des ressources nécessaires ; pour le lycée, il faudrait des ressources qui correspondent de manière plus adéquate aux points de programme, repérés par les enseignants, pour lesquels la 3D aura une valeur ajoutée».
Il reste donc un travail conséquent à réaliser sur les ressources 3D ; certains enseignants, comme Jean-Louis Janin, produisent eux-mêmes leurs ressources, pour faire face à cette pénurie. Mais cette activité est très chronophage ; «je passe environ deux heures par jour sur la 3D stéréoscopique», confie Jean-Louis Janin.
De plus, créer de la 3D ne s’improvise pas ! «La stéréographie est complexe, il y a des règles à respecter afin que l’image soit bien acceptée pour qu’il n y ait aucune gêne chez le spectateur». Et il ajoute : «c’est super, mais si les gens ressortent en ayant mal aux yeux, cela perd de son intérêt» !
On comprend donc qu’il y a deux voies, d’ordre éditorial, à explorer pour que cette technologie se fasse une place dans le monde de l’enseignement :
– y a t-il des sociétés capables de fournir la matière première adaptée ?
– la création «interne» (celle des enseignants) ne mériterait-elle pas d’être plus valorisée ?
Outre cet aspect, non négligeable, la 3D offre de nombreux atouts ; pour exemple, les professeurs relèvent chez leurs élèves une meilleure motivation et une meilleure mémorisation. Un point de vue confirmé par Maeva et Inès, élèves en classe de 1ère L «Avant on ne s’imaginait pas forcément les bonnes choses ; avec la 3D, tout est plus clair et puis c’est plus ludique».
Quant à notre professeur de SVT, il n’est pas en mesure d’affirmer avec chiffres à l’appui que l’usage de la 3D a amélioré les résultats de ces élèves, mais il est certain néanmoins que cela facilite leur mémorisation du cours.
Une situation d’enseignement qui reste malgré tout très frontale ; il serait nécessaire de la faire évoluer vers quelque chose de plus interactif, comme le suggère Jean-Louis Janin qui souhaiterait faire participer les élèves à la création de ressources ou encore les faire travailler en binôme sur de la 3D interactive en temps réel.
Il nous confie n’être pas totalement satisfait du résultat de son travail sur la création de ressources. Perfectionnisme ? Vous l’aurez compris, comme toute activité pionnière, quand on crée ses propres ressources, la 3D stéréoscopique nécessite des connaissances spécifiques et demande un investissement personnel de l’enseignant et quelques week-ends sacrifiés…
Enseigner avec la 3D est un enjeu pédagogique fort pour cet enseignant passionné ; C’est un défi qu’il relève ; il regrette juste de ne pas avoir assez de temps pour pouvoir l’utiliser davantage dans sa classe.
Après une démonstration enthousiasmante, l’activité pionnière pour pouvoir se développer nécessite de développer de nouvelles approches pédagogiques et un accès plus aisé et a des ressources de qualité.
La 3D rejoint la problématique plus générale du développement de l’usage des contenus numériques à l’école, que sont les possibilités qui sont offertes aux enseignants d’accéder de façon aisée à des ressources de qualité, de se les approprier et de les intégrer dans leurs stratégies pédagogiques. Cette approche nécessite souvent un premier investissement important, notamment de la part de l’enseignant.
*Consortium d’entreprises ayant fournit les éléments de la solutions : DELL, ACER, Xpand, la technologie DLP de Texas Instrument, Amazing Interactives et Design Mate pour les ressources.
Plus d’infos sur l’expérimentation de la 3D stéréoscopique dans l’académie de Créteil :
Un bref historique : en 2010/2011, l’Académie a travaillé avec deux lycées et trois collèges dans le cadre d’un partenariat avec Texas Instruments. En 2011/2012 , cinq autres établissements se sont greffés à l’expérimentation dans le cadre d’un partenariat avec Nec. Dés janvier 2012, des enseignants chercheurs de l’institut télécom devraient travailler sur le projet. Afin de palier au manque de ressources, un collège d’éditeurs est en constitution pour soutenir ces expérimentations avec le soutien d’acteurs importants comme Design Mate, E-On Reality ou encore Xpand.