Étiquette : Réseaux sociaux

  • Le réseau social Facebook, un outil pour travailler avec ses élèves ?

    Le réseau social Facebook, un outil pour travailler avec ses élèves ?

    Christine Childs, enseignante en allemand et en économie au collège et lycée St Joseph de Lectoure dans le Gers, a choisi d’utiliser le réseau social Facebook dans son cours de PFEG pour les classes de seconde.

    Elle nous a présenté son expérience lors de l’Université d’été de Ludovia, 13ème édition.

    Dans cet enseignement d’exploration, elle a proposé à ses élèves de créer une association nommée « les entrepreneurs de St Joseph » dans le but de créer une entreprise pour les élèves, de A à Z jusqu’à la vente du produit.

    Ce projet a été mis en place également avec l’aide du programme « Esprit d’entreprendre-Schola Ingeniosa » de l’académie de Toulouse.

    En quoi le numérique intervient-il dans ce projet ?

    N’ayant qu’une heure et demi de cours dans cet enseignement par semaine, Christine Childs a décidé d’emprunter un outil dont les jeunes sont très familiers, à savoir Facebook et également le réseau Instagram. Ils ont été utilisés pour faire la promotion des produits, échanger sur leurs actions via Messenger, etc.

    « Le fait de sortir des murs de la classe, nous a permis d’avoir plus de temps que les traditionnelles heures de cours, pour finaliser ce projet« .

    Christine a endossé le rôle de modérateur. « Il y a bien eu des petits débordements et j’ai du faire le gendarme quelque fois« .

    Certains élèves avaient des comptes Facebook et d’autres non ; Christine souligne qu’elle n’a pas incité les jeunes à en créer un. Les retours sur l’expérience de la création d’entreprise ont été vraiment positifs. Elle avoue par contre que si c’était à refaire, elle prendrait la précaution d’en parler aux parents avant de se lancer.

    Plus d’infos :
    Schola Ingeniosa est un dispositif académique créé en 2010, dont l’objectif vise à développer l’esprit d’entreprendre chez les lycéens et lycéennes de l’Académie de Toulouse.

    La page Facebook « Rainbow Tees » créée par les élèves.

  • Non au harcèlement

    Non au harcèlement

    Armande Le Pellec Muller, recteur de la région académique Occitanie, recteur de l’académie de Montpellier, chancelier des universités, a présidé la journée « Non au harcèlement », organisée en partenariat avec la MAE et les associations engagées Hope for Education, E-enfance et Le Refuge.

    Dire NON au harcèlement, un engagement de l’académie de Montpellier

    Le programme de cette journée de mobilisation, placée sous le signe de la coopération entre adultes et élèves, répondait à un objectif de valorisation des actions mises en place par les écoles et les établissements de l’académie de Montpellier en faveur de la lutte contre le harcèlement.

    Le recteur a participé à une conférence de presse au cours de laquelle des élèves reporters l’ont interrogé sur la problématique du harcèlement aussi bien en milieu scolaire que dans le cyberespace.

    Parallèlement, des témoignages d’élèves, des réalisations audiovisuelles et des initiatives prises par plusieurs collèges et lycées de l’Académie de Montpellier ont été présentées tout au long de la journée.

    S’appuyant sur une citation d’Edmond Burke, un parlementaire britannique qui disait dès le 18ème siècle que « pour triompher, le mal n’a besoin que de l’inaction des gens de bien« , le recteur de l’académie a invité les jeunes, et l’ensemble des équipes éducatives à se mobiliser contre ce harcèlement, et à rompre la loi du silence.

    « Ne faites rien, ne dites rien, et vous permettrez au mal de se produire, et de se reproduire encore. » Armande Le Pellec Muller, recteur de la région académique Occitanie, recteur de l’académie de Montpellier, chancelier des universités.

    Des mesures pour lutter

    Le plan d’action se poursuit autour de 4 axes : sensibiliser, prévenir, former des équipes d’encadrement et prendre en charge les victimes.

    Pour lutter contre le fléau du harcèlement et du cyber harcèlement, de nombreuses mesures existent :

    – un numéro vert, le 3020, pour signaler des faits de harcèlement

    – un site internet « Non au harcèlement » et une page Facebook qui proposent des ressources d’information et des ressources pédagogiques pour travailler ce sujet en classe et avec la classe

    – un partenariat renforcé sur ce sujet avec les autres acteurs concernés, associations, collectivités, et au premier chef les parents d’élèves.

    – un prix « Non au harcèlement », en partenariat avec la MAE, qui entre dans sa 4e année et connaît un important succès.

    – La présence dans chaque département de l’académie d’un référent « harcèlement », qui a reçu une formation appropriée, et qui est prêt à intervenir dès qu’un cas de violence physique, verbale ou psychologique lui a été signalée, que ce soit à partir du numéro vert national (3020) ou à partir du numéro vert académique (0 800 009 634).

    – La formation des personnels : un dispositif de formation qui a permis de former en 2015-216 plus de 150 directeurs d’école.

    – Une campagne annuelle de sensibilisation, dont cette journée constitue le lancement, car c’est de l’engagement de chacun, et en particulier des élèves, que viendra la solution.

    Le harcèlement scolaire : un enjeu national

    Face à un phénomène qui touche aujourd’hui près de 700 000 élèves dont 12% des écoliers (CE2, CM1, CM2) soit 295 600 élèves sur 2 463 065, 10% des collégiens soit  332 000 élèves  sur 3 332 000 collégiens et 3,4% des lycéens soit 73 000 lycéens sur 2 140 900, Najat Vallaud-Belkacem, Ministre de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a lancé depuis 2010 une campagne nationale de lutte contre les violences physiques, morales et psychologiques aussi bien en milieu scolaire que sur le cyberespace. Celle-ci a contribué à faire diminuer le harcèlement chez les collégiens.

    Ainsi, le site internet « Agir contre le harcèlement à l’école », une page Facebook destinée aux professionnels et au grand public, la plateforme téléphonique « Stop harcèlement », le concours national « Mobilisons-nous contre le harcèlement » et bien d’autres initiatives ont depuis émergé.

    Plus d’infos :

    Retrouvez la campagne de sensibilisation 2016/2017 via le lien suivant.

     

    Source : Direction de la communication, Cabinet de Madame le recteur, Académie de Montpellier

     

     

     

  • Du harcèlement au cyber-harcèlement (Cyber-bullying)

    Du harcèlement au cyber-harcèlement (Cyber-bullying)

    Deux jours pour dire “NON au harcèlement”; c’est ce que nous propose Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Elle a tenu une conférence de presse de présentation de la 2ème journée nationale dédiée au « Non au harcèlement » consacrée au thème du cyberharcèlement.

    Au cours de cette même conférence de presse, l’équipe de Rose Carpet a par ailleurs dévoilé le nouveau spot de sensibilisation ainsi qu’un numéro d’appel.

    Le 0 800 200 000 est un numéro gratuit, anonyme et confidentiel, disponible de 9h à 19 h en semaine. Des conseillers répondent aux questions des appelants pour les accompagner dans leur démarche. Les conseillers peuvent également être contactés par email, chat, Skype.

    Un rassemblement sur Paris s’est même tenu dans les locaux de Facebook France ce 3 novembre 2016 avec des élèves des Hauts de France. Comme quoi ce numéro 1 des réseaux sociaux se sent bien concerné par ces actes. De tout cela devrait ressortir un film à destination des jeunes et des adultes pour essayer de mieux comprendre mais surtout d’aider nos jeunes dans cette épreuve tant qu’il est encore temps.

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    Constats

    En tant que réserviste citoyen de l’Education nationale je commence seulement depuis un an à être sollicité dans ce domaine bien qu’étant specialisé depuis plus de 10 ans dans l’éducation aux cyber-risques.

    Le phénomène serait stable selon certains mais il ne faut pas oublier que l’on en parle peu (22 % des enfants harcelés n’en parlent à personne) et que beaucoup vivent ce fléau dans l’ombre jusqu’au point de mettre fin à leurs jours.

    En effet, plus d’un tiers des victimes de cyber-harcèlement ne parlent à personne et finissent par passer à l’acte.

    C’est ainsi que 3 ou 4 adolescents se suicideraient chaque année à cause du cyber-harcèlement. 40 % des élèves déclarent aussi avoir déjà subi une agression en ligne. Les faits de cyber-harcèlement ont lieu pour 85 % dans le cadre d’un groupe et 61 % des élèves harcelés disent avoir des idées suicidaires.

    Sur le site www.education.gouv.fr/nonauharcelement on peut retrouver la chronologie suivante

    1983 : La première campagne de prévention est lancée en Norvège à l’initiative de Dan Olweus. Professeur en psychologie à l’Université de Bergen, il conçoit le concept de « School bullying » à la fin des années 70.

    1994 : En Grande-Bretagne, le pack antiharcèlement scolaire « Don’t suffer in silence » est distribué gratuitement dans les écoles.

    1998 : En Grande-Bretagne, Tony Blair fait adopter une loi d’orientation et d’éducation qui oblige tous les établissements à mettre en oeuvre des mesures de prévention contre le harcèlement.

    2011 : En France, première campagne de lutte « Stop harcèlement » par le ministère de l’Éducation nationale.

    2012 : Création d’une délégation ministérielle en charge de la prévention et de la lutte

    Ce que dit la loi

    La loi n° 2013-595 du 8 juillet 2013 prévoit que chaque école et établissement réalise un plan d’actions pour lutter contre le harcèlement en milieu scolaire.

    La circulaire n° 2013-100 du 13-8-2013 détaille le programme d’actions du ministère. Le règlement est le « document de référence pour l’action éducative ».

    La loi du 8 juillet 2013 prévoit de mettre à disposition des parents, des témoins et des victimes de la documentation, des fiches conseils.

    Depuis le 4 août 2014, la loi pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes introduit un nouvel article (222-33-2-2) dans le Code pénal.

    Le harcèlement moral est explicitement reconnu comme un délit. Il concerne le harcèlement entre pairs en milieu scolaire et également le cyberharcèlement.

    Les familles peuvent désormais déposer une plainte sur le fondement de cet article.

    Des témoignages poignants

    France 2 a recueilli le témoignage d’une jeune fille de 13 ans, Mathilde (nom d’emprunt) victime de Cyber-harcèlement. Aujourd’hui, elle boxe pour vaincre la colère et reprendre confiance. « Je pense à ce qui m’arrive dans la semaine et ce qui m’est arrivé avant aussi« , explique Mathilde.

    Il y a un an, elle était devenue le souffre-douleur de quelques-unes de ses camarades de classe, des copines de toujours qui l’ont mise à l’écart à l’entrée en 6e. Des mots anonymes, des brimades, des insultes… mais le pire s’est passé hors des murs du collège, sur internet.

    Marion n’a pas eu cette chance de survivre à ce mal, ses parents s’inquiétaient des milliers de SMS reçus sur son portable. Ils ont aussi découvert à sa mort que Marion avait ouvert un compte Facebook, sur lequel elle se faisait insulter et menacer jour et nuit, comme ce message glaçant : « Va te pendre sale p... ». Une phrase que Marion, 13 ans, a prise au mot puisque le 13 février 2013, cette collégienne s’est pendue dans la chambre de sa maison à Vaugrigneuse (Essonne). Sa tragédie a été racontée dans le livre « Marion, 13 ans pour toujours » (Editions Calmann-Lévy) par Nora Fraisse, sa maman.

    L’ouvrage vient lui-même d’inspirer un téléfilm diffusé sur France 3. Le long-métrage sera suivi d’un débat animé par Carole Gaessler puis du documentaire « Souffre-douleur : Ils se manifestent ».

    C’est parfois le quotidien dés le plus jeune âge, on se raquette, on se dislike lors des récréations et pauses puis on se cyber-harcèle dés le retour à la maison une fois la chambre retrouvée. Voici le décor décrit par certains enseignants qui commencent à comprendre, à déceler et à décrypter les signes du (cyber)harcèlement chez certains jeunes.

    L’Education nationale estime qu’un élève sur cinq est victime d’insultes ou d’humiliations par SMS ou sur internet. Premier vecteur en cause : le smartphone qui a envahi les cours de récré.

    Les faits sont punis de 1 an à 3 ans d’emprisonnement et de 15 000 euros à 45 000 euros d’amende selon la gravité des préjudices.

    Des modes opératoires de plus en plus diversifiés

    Le bashing (mot qui désigne en anglais le fait de frapper violemment, d’infliger une raclée) est un anglicisme utilisé pour décrire le « jeu » ou la forme de défoulement qui consiste à dénigrer collectivement une personne ou un sujet. C’est une des pratiques les plus courantes sur les smartphones et platerformes de réseaux sociaux.

    Le flaming, terme anglophone qui désigne toutes les interactions de mépris notamment trouvées lors d’échanges d’e-mails, mais s’applique également aux propos diffamatoires échangés via SMS. Cela regroupe aussi des approches sexuelles par e-mail, dont le cyber-viol est la variante la plus extrême (celui-ci consiste en des actes sexuels non souhaités via Internet) ;

    L’outing est une pratique visant à mettre la victime dans une détresse profonde, voire à l’humilier. Elle est caractérisée par l’envoi d’informations confidentielles, sensibles ou gênantes ;

    La mascarade passe par une modification de l’identité en ligne de l’individu harceleur. On compte deux formes principales dites de mascarade : la première est caractérisée par l’usurpation de l’identité de la victime en ligne, et se présente à ses contacts en tant que telle ; la seconde consiste en le fait que l’individu harceleur se fait passer pour quelqu’un d’autre que la victime ou lui-même, souvent pour brouiller les pistes. Dans ce dernier cas, l’individu, en ligne, change de sexe ou de statut ;

    Le put-down proche du bashing désigne le fait de dénigrer certains aspects de la victime. Par exemple, la propagation de rumeurs via les réseaux sociaux, des communications abusives avec des relations de la victime par e-mail…

    Enfin les hate-sites, littéralement « sites de haines ». Ces sites Internet sont créés dans le but de viser une cible bien précise ; ils sont entièrement conçus pour harceler la victime. Souvent, ces sites disposent d’un espace communautaire où les visiteurs ont la possibilité de laisser des messages (dans un livre d’or, par exemple) ; des commentaires qui ont concrètement pour effet d’enfoncer la victime. (voir http://lecyberharcelement.e-monsite.com/pages/les-formes-de-cyber-harcelement.html).

    On a même pu déceler chez certains acteurs un comportement qui consistait à enregistrer les pages de mur de Facebook pour en garder les traces sur un autre espace de la toile en vue de les ressortir plus tard. Je leur explique pourtant que le Web est indélébile et que tout est traçable !

    Pour aller plus loin on peut aussi retrouver sur ce site 6 autres formes de cyber-harcèlement.

    Le cyber-harcèlement plus seulement chez les jeunes

    Le cyber harcèlement pas seulement envers les élèves mais aussi envers le personnel enseignant : apprendre à se cyber protéger pour mieux enseigner pourrait bien être le prochain stade.

    Dans le cadre de l’AREF 2016 et dans le cadre de la session « Education et citoyenneté » a été présentée du 4 au 7 juillet 2016 une communication à laquelle j’ai contribué avec d’autres collègues à l’international sur le thème :
    Le cyber harcèlement envers le personnel enseignant : apprendre à se cyber protéger pour mieux enseigner.

    Être enseignant(e) implique la présence d’interactions avec les collègues et les apprenants et dans certains cas, avec les parents. Ces multiples interactions peuvent confronter les enseignants à toutes sortes de situations qui peuvent même s’avérer agressives ou violentes (Mcmahon et Martinez, 2014).

    Ces difficultés, jumelées à la présence des technologies de l’information et de la communication (TIC), génèrent des dérives qui se transposent maintenant en ligne. En effet, par l’entremise d’Internet, des actes de cyberintimidation sont perpétrés régulièrement entre élèves et font partie des problématiques de violence repérées dans les milieux scolaires (Gumbus & Meglich, 2013; Patchin, 2013).

    La cyberintimidation consiste en des actions individuelles ou collectives pouvant causer un mal à autrui de manière volontaire et/ou répétée, par le biais d’Internet et l’utilisation d’outils technologiques (cellulaire, tablette, etc.). Lorsque ces actions sont vécues spécifiquement chez les adultes, le terme cyber harcèlement est privilégié.

    Les actes de violence en ligne entre jeunes sont fréquemment soulevés dans les médias, cependant, qu’en est-il du cyber harcèlement dirigé envers le personnel enseignant ? Ce domaine de recherche est très peu étudié au Canada et dans le monde alors que les TIC sont pourtant bien présentes dans toutes les sphères de l’éducation. Les outils de communication et les réseaux sociaux sont d’ailleurs des moyens de prédilection pour les intimidateurs ainsi que des lieux où la formulation de menaces est désormais simple et accessible (Shariff et Churchill, 2009).

    L’objectif de cette présentation était double en exposant, dans un premier temps, une brève revue de littérature sur les recherches internationales qui se sont intéressées à la problématique ainsi que la présentation de quelques résultats issus d’une recherche canadienne portant sur le cyber harcèlement envers les enseignant(e)s.

    L’étude visait à rejoindre les enseignants du Québec intervenant aux niveaux préscolaire-primaire et secondaire par voie de questionnaire électronique. Elle a permis de recueillir des témoignages d’enseignants victimes de cyber harcèlement. Environ 80% des participants étaient des enseignantes et un pourcentage quasi égal d’enseignant(e)s provenaient des niveaux préscolaire-primaire et du secondaire. Les participants étaient issus d’écoles de tous les milieux sociaux économiques. Parmi le personnel enseignant ayant vécu du cyber harcèlement, seuls 20% d’entre eux ne connaissaient pas qui était la personne intimidatrice. Quant aux périodes d’intimidation, elles pouvaient s’étaler autant en termes de jours que de mois.

    Dans un deuxième temps, à l’aide de témoignages d’enseignants cyber harcelés et suite à l’analyse de la littérature, les plus récents outils technologiques (réseaux sociaux, etc.) utilisés par les cyber harceleurs seront exposés. L’apprentissage de moyens à préconiser pour sécuriser ses données personnelles par les enseignant(e)s seront également présentés.

    Enfin, cette communication a permis de répondre au thème transversal du congrès ainsi qu’à la triple démarche de compréhension, d’évaluation et de proposition. Cette étude cherche ainsi à « COMPRENDRE » la prévalence et l’impact des TIC, des réseaux sociaux et l’émergence de nouveaux moyens pour harceler les enseignants. Elle nous permet de nous questionner sur l’avancement des technologies et de son impact dans la profession enseignante générant de nouveaux défis à relever.

    Cette étude permet également de s’interroger sur la dimension « ÉVALUER ». En effet, comment les changements technologiques viennent modifier les problématiques vécues par les enseignants ? Le cyber harcèlement ne faisait pas partie des préoccupations des chercheurs avant l’arrivée d’Internet, mais les changements induits par la présence des technologies sur la société fait émerger de nouvelles problématiques sur la profession enseignante, dont le cyber harcèlement.

    Pourtant, cette problématique est très peu étudiée par les chercheurs. Pourquoi ? Une réflexion sur cette dimension a été discutée. Finalement, la dimension « PROPOSER » a été abordée en se questionnant sur l’intérêt de ce type de question de recherche. En effet, le chercheur de par son expertise et son expérience fait émerger des questionnements nouveaux, cependant les organismes subventionnaires orientent souvent les recherches dans une direction et peuvent influencer négativement le développement de questions de recherche pertinentes. Cette communication a tenté d’apporter des réponses à cette démarche à trois dimensions.

    Sources :

    Gumbus, A.& Meglich, P. (2013). Abusive Online Conduct: Discrimination and Harassment in Cyberspace. Journal of Management Policy and Practice, 14(5), 47-56.

    McMahon, S. D., Martinez, A., Espelage, D., Rose, C., Reddy, L. A., Lane, K., . . . Brown, V. (2014). Violence directed against teachers: Results from a national survey. Psychology in the Schools, 51(7), 753-766. doi: 10.1002/pits.21777

    Patchin, J. W. (2006). Bullies Move Beyond the Schoolyard: A Preliminary Look at Cyberbullying. Youth Violence and Juvenile Justice, 4(2), 148-169.

    Shariff, S. and Churchill, A. (Eds.). Truths and myths of cyber-bullying: International perspectives on stakeholder responsibility and children’s safety. New York, NY: Peter Lang, 2009.

     

    Plus d’infos :

    Tous les renseignements sur le service d’appel gratuit sont sur ce site.

    Le dossier complet du “Non au Harcèlement” est ici.


    Non au harcèlement – Liker, c’est déjà harceler par EducationFrance

  • Viaéduc : les analytics pour mesurer les usages !

    Viaéduc : les analytics pour mesurer les usages !

    François Catala, directeur du dispositif Viaéduc au réseau Canopé, est venu présenter à nouveau le réseau social conçu pour les enseignants dans un contexte de data, ou comment les données recueillies sur ce réseau pourraient aider à comprendre les évolutions du métier d’enseignant.

    Le réseau Viaéduc existe depuis 18 mois maintenant. « Il a été lancé pour répondre à une problématique qui était d’accroître la dimension collaborative du travail entre enseignants« , rappelle François Catala.

    Aujourd’hui, ce sont près de 40 000 utilisateurs qui évoluent sur le réseau et une des spécificités de Viaéduc par rapport aux réseaux privés que tout le monde connaît « est que, au regard des données personnelles, nous avons une politique extrêmement stricte ; nous ne nous servons pas des data à des fins commerciales« , argument François Catala.

    En revanche, ces données anonymisées doivent servir à comprendre comment les enseignants travaillent entre eux : « Qui vient, pour quoi faire, de quelle académie viennent-ils, quel comportement ont-ils sur Viaéduc etc » ; et c’est uniquement dans ce sens que les data du réseau peuvent être mises à profit.

    Grâce à ces données, déjà des constats se dressent que François Catala détaille dans la vidéo ci-contre.

    « Compte tenu du fait que Viaéduc doit devenir un « hub », soit un centre de socialisation pour d’autres plateformes, en s’interconnectant avec Myriaé, M@gistère, ou encore Canoprof, Viéduc va être une plateforme qui permet de socialiser les autres services ».

    En terme d’analytics, cela devrait permettre d’avoir aussi une vision sur l’utilisation des autres plateformes.

    Tous les sujets, articles et vidéos réalisés sur le C2E 2016 sont à retrouver dans notre dossier spécial ici.

    Plus d’infos sur Viaéduc : www.viaeduc.fr

  • Numérique en classe : élève t-on nos enfants hors-sol ? 1er article, droit de réponse

    Numérique en classe : élève t-on nos enfants hors-sol ? 1er article, droit de réponse

    Suite à un article de M. Philippe Bihouix le 02 septembre dernier « Avec l’école numérique, nous allons élever nos enfants « hors-sol », comme des tomates » paru ici, Ludomag a souhaité interroger ses lecteurs et chroniqueurs et leur accorder un droit de réponse. Démarrons donc notre série avec Ninon Louise Lepage, pédagogue franco-canadienne et chroniqueuse pour Ludomag… qu’on ne présente plus !

    Sans revenir à la chandelle . . .

    Monsieur Philippe Bihouix, ingénieur, homme instruit et observateur des réalités minéralogiques contemporaines a judicieusement exposé par le passé les limites des ressources de notre planète. Ce constat l’a peut-être mené à réfléchir sur le bien-fondé de l’usage des outils technologiques consommateurs de minéraux rares. Dans ce contexte, il n’y a sans doute qu’un pas pour questionner la pertinence de la promotion du numérique par l’Éducation nationale et s’assurer du même coup le support de ceux que cette réforme effraie.

    Monsieur Philippe Bihouix appuie partiellement son plaidoyer contre l’école numérique sur le soi-disant rejet du numérique à l’école par les gourous de Silicon Valley. Peut-être ces parents très riches désirent-ils que l’école apporte à leurs enfants ce que l’univers technologique qui les entoure ne sait pas leur offrir ? Ces enfants ont toutes les technologies à la maison et des parents qui savent très bien leur apprendre les secrets de leurs usages.

    Monsieur, tout comme vous avez su ouvrir vos yeux sur les ressources minéralogiques limitées de notre planète, j’aimerais que vous jetiez un regard tout aussi « scientifique » et « réaliste » sur la société autour de vous.

    Ces « digital natives » ont réellement un portable à l’oreille et le langage SMS qu’ils utilisent ne leur vient ni de leurs parents, ni de l’école.

    La lecture de l’article du 2 septembre de Libération : « Avec l’école numérique, nous allons élever nos enfants «hors sol», comme des tomates », me déçoit. On y lit tous les clichés anti-numérique véhiculés un peu partout depuis quelque temps déjà. C’est dommage qu’un homme qui a su analyser avec tant de justesse les limites des ressources de notre planète n’ait pas étudié un peu les fondements de l’usage du numérique à l’école, ni observé quelques-uns de ses nombreux usages avant de se prononcer.

    Quantité d’enseignants de France intègrent avec intelligence et créativité les technologies numériques à leur pédagogie et initient leurs élèves à cette culture, pas si nouvelle maintenant, dans laquelle nous baignons.

    Pour terminer, il me semble Monsieur que vous rêvez d’une école pour les élites, « ces enfants bien élevés » qui apprennent selon la tradition bourgeoise, les bonnes manières à table, les bonnes manières à l’école, qui savent s’ennuyer poliment et devenir « poètes » en attendant de reprendre traditionnellement la profession ou l’entreprise familiale.

    Dans une société fondée sur « fraternité » et « égalité », l’école a le devoir d’éduquer tous ses citoyens, même ceux dont les parents ne peuvent pas leur enseigner les écueils de l’usage des technologies numériques ni les éveiller au potentiel de ces technologies et de cette culture du 21ème siècle.

  • ENT et espaces plus « ouverts » : comment la complémentarité peut-elle s’opérer ?

    ENT et espaces plus « ouverts » : comment la complémentarité peut-elle s’opérer ?

    Ce fut la question posée lors de la table ronde « Espaces d’apprentissage » qui a eu lieu à Ludovia#13 le jeudi 25 août dernier.

    Rappel de la problématique

    Les exemples se multiplient qui montrent que les jeunes s’emparent de toutes les possibilités d’échange qu’offrent les réseaux sociaux (periscope, snapchat…).

    L’éducation nationale doit former les élèves à un usage responsable de ces nouveaux outils, pour en faire des acteurs du monde numérique et non des consommateurs. Pour cela, les ENT doivent donner accès à de multiples outils et services, dans un cadre respectueux du droit et propice aux activités pédagogiques.

    Comment les ENT évoluent et s’adaptent pour répondre à ces nouveaux usages?

    Pour y répondre, Christine Childs, enseignante en allemand AC Toulouse, Lionel Tordeux – IEN 1er degré dans l’académie d’Amiens, expert sur les dossiers ENT Premier degré et Internet responsable pour la DNE A3, MENESR , Martial Gavaland, enseignant en sciences-physiques AC Nantes,  Dominique Zahnd coordonatrice de la Délégation académique au numérique pour l’éducation (Dane) de Strasbourg  et Pierre Clot, conseiller pédagogique numérique du département du Tarn AC Toulouse ; autour de Pascale Montrol-Amouroux – DNE cheffe du département de la valorisation des usages et de la diffusion des pratiques DNE, MENESR qui a animé cette table ronde.

    La synthèse a été assurée par Jean-Marie Gilliot et Jennifer Elbaz de Brainpop.

    La thématique de cette table ronde est poser la question de comment est-ce que l’on va amener nos élèves à travailler dans le cadre des ENT (dit de confiance) à une Education aux Medias et à l’Information (EMI) pour leur donner les compétences nécessaires afin de pouvoir utiliser des espaces plus ouverts [comme Facebook, Twitter etc]. Comment est-ce que la complémentarité peut s’opérer ?

    Que représente l’espace d’apprentissage dont il est question ?

    Dominique Zahnd nous propose une analogie avec un randonneur.

    Espace : pour y entrer, encore faut-il trouver l’entrée. On peut y entrer librement ou pas. Une fois qu’on est entré dans l’espace regardons autour de nous : est-ce que quelqu’un peut nous aider à évoluer dans cet espace ? Est-ce qu’on peut se laisser aller, emprunter les chemins ou sentiers ou bien doit-on suivre un parcours balisé ? Qu’est ce qui nous est offert comme possibilité ?

    Apprentissage : visant à transmettre quelque chose, l’idée étant que l’élève ait de quoi apprendre, puisse évoluer avec sécurité dans l’espace, qu’il puisse trouver motivation, trouver quelque jeux de piste sur le chemin.

    Martial Gavaland, enseignant dans l’académie de Nantes dispose d’un ENT bien installé depuis 10 ans, institutionnel.

    Seulement voilà : les fonctionnalités ne lui permettent pas de mener son projet pédagogique comme il l’entend. De fait, il utilise alors Edpuzzle. C’est un logiciel ultra simple à efficacité pédagogique immédiate. La DANE lui pose la question de la teneur et respect des CGU vis-à-vis de la loi française. Martial se rend rapidement compte qu’il a outrepassé bon nombre de règles données. Quelles sont ses possibilités afin de maintenir son projet ? Contrat local ? Accord du chef d’établissement ?

    Christine Childs, enseignante dans un établissement privé sous contrat ne dispose pas d’un ENT. Dans le cadre de ses cours, elle a crée, avec ses élèves, une véritable entreprise. Cette année les élèves ont créé des tee-shirts pour les vendre. Ils utilisent alors un certain nombre de stratégies marketing, commerciales et communication et ouvrent une page Facebook, dans ce cadre. Ils se retrouvent sur un espace ouvert.

    Son rôle devient modérateur : expliquer aux élèves qu’ils sont responsables de leurs propos, qu’ils doivent respecter l’image des autres etc. A noter, elle bénéficie du soutien de son chef d’établissement. Elle fait donc le choix de l’éducation et la responsabilisation des élèves dans un cadre ouvert.

    La question qui est alors posée sur la table ronde : l’intérêt pédagogique est-il plus important que le cadre juridique ? Mais la réponse n’est pas apportée.

    Lionel Tordeux nous cite l’exemple d’une élève de CE1 ayant un compte Facebook découvert par son enseignante. L’ENT arrive dans l’établissement, l’enseignante décide alors de travailler sur le profil que chacun va mettre en place dans l’ENT. Conclusion : grâce à l’ENT, on pratique directement l’EMI.

    Lionel TORDEUX affirme que la volonté de l’institution dans l’écriture du schéma est bien la mise à disposition d’outils qui offrent des services autant au moins pédagogique que Facebook peut l’être.

    Pierre Clot entre autre formateur sur l’académie de Toulouse explique son cas : les outils extérieurs préalablement utilisés, remplacés par l’ENT : « on a gagné en sécurité et en tranquillité d’esprit ». Confirmant le gain en efficacité et précisant chaque élève identifié est mieux responsabilisé. Il y a eu aussi la mise en place d’une charte signée par les élèves et les familles, et des règles ont été mises en place en cas de dysfonctionnement.

    Il précise avoir enfin trouvé sur Educatice un ENT branché réseau social.

    En tant que formateur il confirme sa volonté de préférer ne pas laisser les collègues prendre des risques.

    Pascale Montrol-Amouroux pose alors la question : l’idée, c’est de comprendre comment l’ENT peut s’ouvrir vers les réseaux sociaux ? L’ENT a-t-il évolué et a-t-il su se mettre à jour ?

    Dans l’académie de Strasbourg, l’ENT existe depuis 2004 : les élèves pouvaient voir la liste des enseignants et leurs prénoms, ce qui était une révolution à l’époque. Les enseignants ont pris en main l’ENT puis au bout de quelques années ne trouvaient plus leur compte dans ses fonctionnalités. La DANE a donc fait en sorte que l’outil s’adapte aux besoins de l’enseignant et a décidé de tester Moodle en 2011. De nouvelles fonctionnalités ont été intégrées à l’ENT : le travail est devenu collaboratif. En observant le terrain une académie fait évoluer le projet.

    Christine fait remarquer que chez nos voisins anglais, Facebook n’est plus une question, en ayant construit et diffusé un guide « Facebook à destination des éducateurs ».

    Lionel Tordeux précise que de schéma en schéma directeur le produit a évolué. Les professeurs ont eu des commandes, des besoins, les industriels étaient à l’écoute ; on a maintenant des outils qui nous rendent service pour le 1er degré. Et pose la question : est-ce qu’il n’y a pas une méconnaissance des outils proposés ? Pour lui, la Classe inversée et les Twictées sont des dispositifs qui pourraient parfaitement utiliser les ENT.

    Un autre exemple venant de la salle démontre qu’on peut utiliser des forums dans un établissement et cite Babelio dans une perspective d’EMI.

    Est-ce qu’on doit interdire à nos élèves d’utiliser Facebook etc ou bien leur apprendre à utiliser Facebook ?

    Qu’est ce qui est à l’intérieur et qu’est ce qui est à l’extérieur ?

  • Attention et co-présence des élèves : des “champs de germination” numériques et collaboratifs pour la prise de notes et la publication

    Attention et co-présence des élèves : des “champs de germination” numériques et collaboratifs pour la prise de notes et la publication

    L’université d’été Ludovia aura lieu du 23 au 26 août 2016 dans l’Ariège. Lors de cet événement des ateliers Explorcamps et Fabcamps seront proposés. François Jourde présente « Attention et co-présence des élèves : des “champs de germination” numériques et collaboratifs pour la prise de notes et la publication » ?

    Problématique pédagogique

    La prise de notes est une compétence importante, mais cognitivement complexe : combinant compréhension et production, elle doit être sélective, synthétique et fidèle, mais aussi critique. Elle exige une attention soutenue. Pour accompagner son apprentissage, on peut s’intéresser à deux leviers. 1) La présence des apprenants dans une même salle de classe, car elle invite à des synergies et à des travaux d’équipes, qui peuvent favoriser l’engagement dans l’apprentissage. 2) La disponibilité des outils numériques (applications et terminaux mobiles), car elle favorise de nouvelles modalités d’écritures.

    Quels dispositifs pédagogiques peuvent accompagner au mieux l’apprentissage de la prise de notes numérique individuelle et collective (collaborative ou coopérative) ? Comment développer à cette occasion l’apprentissage de l’écriture et de la publication “académique” sur les réseaux sociaux (tels que Twitter) ? Comment mettre en place des espaces d’édition “fermés” (réservés aux élèves), avant d’éventuelles publications hors de la classe ?

    Apport du numérique ou présentation de la techno utilisée

    Le numérique permet d’organiser la collecte, l’édition et publication commune des prises de notes des élèves. Il permet d’articuler des espaces d’écriture fermés (sécurisés et sécurisant, accessibles seulement aux élèves) à des publications ouvertes (lestant les écrits d’une dimension “publique”). Plusieurs dispositifs sont présentés et discutés, en complément de ceux explorés par de nombreux enseignants.

    • Todaysmeet : écriture de messages de 140 signes maximum (un bon “bac à sable” pour Twitter) dans des espaces de conversations fermés et modérés ; exportation des écrits au format texte.
    • Google Sheets (tableur en ligne) et Google Forms (formulaires en ligne) : pour collecter, éditer collaborativement et publier des messages au format Twitter (procédure présentée dans ce billet : “Un tableur qui gazouille”).
    • Workflowy : application en ligne et mobile d’écriture au format “liste”, avec possibilité de partage et de collaboration (sans compte élèves), utilisation de mots-dièses (hashtags) et exportation au format texte.
    • Storify, Smore et Tackk : applications de curation et d’augmentation des prises de notes (exemple dans ce billet : “twittons le manuel de philo”).

    Relation avec le thème de l’édition de Ludovia#13

    L’apprentissage de la prise de notes exerce l’attention individuelle. La dimension collaborative valorise la présence effective des élèves et peut améliorer leur engagement. La dimension numérique exerce les élèves à se défier des écritures trop impulsives sur les réseaux sociaux, et à se construire des “champs de germination” pour élaborer des textes réfléchis.

    Synthèse et apport du retour d’usage en classe

    Les activités de prises de notes directement publiées sur Twitter (via des comptes individuels d’élèves) sont stimulantes, mais périlleuses (au niveau primaire, bien entendu, mais aussi au niveau secondaire). En effet, les messages postés par les élèves comportent trop souvent des fautes d’écriture et des erreurs de compréhension. Il est alors laborieux de les corriger. Les dispositifs présentés ici ont l’avantage d’offrir des espaces d’élaboration des écrits, permettant leur correction et leur tri avant une éventuelle publication. Ces espaces sont sécurisants pour les élèves, — comme pour l’enseignant. Ces espaces fonctionnent aussi comme de canaux de rétroactions et de conversations intégrés au cours (backchanneling).

    Le partage et la projection (écran de la classe ou écrans des élèves) des prises de notes sert de guide aux prises de notes individuelles. Les traces numériques permettent de nombreuses activités de réécritures, individuelles ou collaboratives.

    Plus d’infos sur les ateliers EXPLORCAMPs Ludovia#13
    http://ludovia.org/2016/ateliers-sur-explorcamps-ludovia13/

    A propos de l’auteur

  • Et si on donnait un smartphone aux personnages de contes ?

    Et si on donnait un smartphone aux personnages de contes ?

    L’université d’été Ludovia aura lieu du 23 au 26 août 2016 dans l’Ariège. Lors de cet événement des ateliers Explorcamps et Fabcamps seront proposés. Bruno Mallet et Régis Forgione présentent le projet Twittconte : « Et si on donnait un smartphone aux personnages de contes »?

    Problématique pédagogique :

    Imaginez que le Petit Poucet, l’Ogre, le Chaperon Rouge ou le Loup disposent d’un smartphone, qu’ils vivent et racontent leurs aventures en direct sur un réseau social…

    Comment interagissent-ils ? Que (se) racontent-ils ? Comment vivent-ils l’histoire de l’intérieur ? Quid du traditionnel schéma narratif ? Que se passe-t-il pendant les ellipses et raccourcis temporels de l’histoire ?

    C’est à ce type de questionnements que se frottent les élèves quand ils élaborent un #Twittconte. Il s’agit de (ré)écrire un conte traditionnel, à plusieurs classes, du point de vue des personnages, en se mettant dans leur peau et en les faisant dialoguer à voix multiples via leurs comptes Twitter. Avec une “contrainte” qui donne tout son sel au projet : après préparation, la publication de l’histoire se déroule en temps réel et en direct sur Twitter : de la haute twittérature !

    Apport du numérique ou présentation de la techno utilisée :

    Le format contraint (140 caractères) et social (interactif) de Twitter sont parfaitement adaptés à la forme d’oralité-écrite du conte narratif à voix multiples. Le réseau social permet également d’en “exploser” certaines contraintes en favorisant la créativité et l’adaptivité des élèves puisque les réactions des personnages distribués entre les classes ne sont pas connues à l’avance. Ainsi le conte, forme simple définie au sens de André Jolles captive l’attention des élèves lors de sa production, il « s’élabore, se modèle et se remodèle en même temps qu’il se transmet ».

    Scénariser, écrire et publier un twittconte amène à explorer une vaste palette d’outils numériques : outils d’écriture collaborative, photographie, montage vidéo, recherches internet… Par exemple pour le twittconte LA SORCIÈRE DU PLACARD AUX BALAIS, les classes de Christelle Lacroix (collège-lycée La Malassise, Saint-Omer) et Caroline Gerber (collège le Caouson, Toulouse) ont produit une bibliothèque de livres numériques pour le personnage de la sorcières.

    Plus récemment les classes quebécoises de Julie Chandonnet (école Saint-Denys-Garneau à Sainte-Catherine-de-la-Jacques-Cartier) et Kathleen Godard (académie Lafontaine à Saint-Jérome) ont réalisé des détournements de presse ou encore utilisé la technique vidéo du fond vert pour illustrer quelques scènes clefs de leur twittconte Les 3 Petits Cochons.

    Les outils numériques sont utilisés en cohérence dans un ecosystème au service d’une production écrite protéiforme et rigoureuse.

    Relation avec le thème de l’édition :

    Produire un #twittconte mobilise l’attention, l’engagement et la présence des élèves à plusieurs niveaux et sur différentes temporalités : temps courts individuels (se mettre dans la peau d’un personnage), en groupe (écrire des réactions et dialogues de personnages), en classe entière sur un temps long puisque plusieurs classes travaillent et élaborent un même #twittconte parfois sur plusieurs semaines. Point d’orgue et pic d’engagement à la publication qui demande adaptation, créativité et réactivité des élèves. Twittconte peut être un levier cognitif pour que l’élève prenne conscience et apprivoise son attention, pour qu’il apprenne à maintenir en équilibre son “cerveau funambule” au sens défini par le neuroscientifique Jean-Philippe Lachaux, dans une activité aux atours ludiques mais exigeante du point de vue des compétences mises en oeuvre.

    Synthèse et apport du retour d’usage en classe :

    Écrire et publier un twittconte peut être un projet de plusieurs semaines qui demande de lire des contes (de typologies et d’origines diverses), d’en tirer les composantes et de comprendre le schéma narratif, d’apprendre à adopter le point de vue d’un personnage, de réfléchir à une intégration créative et cohérente des codes d’écriture numérique (usage des balises Twitter, photo, vidéo)…

    Les retours d’expériences des participants font ressortir des éléments comme la motivation, l’engagement, le plaisir de création, de collaboration et de coopération des élèves comme celle des enseignants.

    À l’origine, lancé avec des classes élémentaires, le projet Twittconte est largement transférable puisque des classes de collèges y participent. Avec une solide préparation et selon le degré de compétence en écriture et la créativité des élèves il est envisageable de réaliser un #Twittconte “sur le vif”. Ainsi les élèves de 11 à 13 de Julie Chandonnet ont produit la totalité des réactions de leurs personnages en direct le jour de la publication.

    Le projet ouvre également des partenariats hors la classe puisque les élèves de Sandrine Descombes (école la Chapelle-de-Guinchay) et Yannick Choulet (école Pierre et Marie Curie, Roissy-en-Brie) ont travaillé avec un parent d‘élève dessinateur de presse qui a croqué les personnages de LA MARMITE PLEINE D’OR.
    Et puisque ce sont les élèves qui en parlent le mieux, voici les retours des élèves des classes de collège citées plus haut : padlet.com/mmegerber/twit…

    Chaque twittconte amène de nouvelles idées créatives tant sur le plan esthétique des productions visuelles que sur l’utilisation d’outils numériques ou artistiques utilisés pour la création de celui-ci.

    Pour partciper à Twittconte :  https://twittconte.org

    Liens vers les différents twittconte :

    Plus d’infos sur les ateliers EXPLORCAMPs Ludovia#13
    http://ludovia.org/2016/ateliers-sur-explorcamps-ludovia13/

    A propos de Bruno Mallet et  Régis Forgione

  • L’être-en-ligne : phénoménologie d’une présence. Les exemples Skype et WhatsApp

    L’être-en-ligne : phénoménologie d’une présence. Les exemples Skype et WhatsApp

    L’université d’été Ludovia aura lieu du 23 au 26 août 2016 dans l’Ariège. Au sein de cet événement le colloque scientifique vous propose une trentaine de communications que vous pouvez découvrir sur Ludomag. Peppe Cavallari vous présente « L’être-en-ligne : phénoménologie d’une présence. Les exemples Skype et WhatsApp ».

    L’être-en-ligne, cette catégorie existentielle intégrant la « quotidienneté moyenne » heideggerienne, sera assumé dans ma communication comme étant une aptitude physique aussi bien qu’un état d’esprit. L’être-en-ligne constitue la condition nécessaire pour toute forme d’interaction simultanée dans un contexte de communication numérique, là où on écrit, on lit, on répond, on parle, on regarde et on voit l’autre.

    Il s’agit d’une instantanée création de relation d’altérité : je ne peux être en ligne sans que cela se fasse par rapport à quelqu’un d’autre : en voyant qui est en ligne – donc, étant vu par ce dernier –, je me découvre moi aussi en ligne.

    Cette définition désormais routinière, propre au lexique informatique qu’on a adopté, implique par ailleurs la recherche et la production d’un espace et d’une présence. Il s’agit d’une vraie mise en scène qui, en réalité, se passe simultanément dans plusieurs scènes multitâches – évidemment interdépendantes les unes des autres – où l’espace et la présence résultent en tant qu’effets, presque de symptômes, de notre interaction avec nos outils. L’ensemble de ces espaces forme l’interface, qui se mesure alors en tant que dispositif spatiale d’abord, et corporel par la suite, avant d’être aussi visuel.

    Au prisme de l’anthropologie historique et culturelle et de la théorie de la cognition incarnée, je vais envisager la spatialité de l’interface comme facteur d’une visibilité nouvelle et ressource sociale en train de faire surgir de rituels nouveaux. Agir dans le web comporte avant toute chose l’accomplissement d’une série de mouvements et de micro-mouvements qui, étant interprétés comme dotés de sens pour la société et pour le logiciel, sont de vrais gestes.

    La routinière chorégraphie des gestes de l’être-en-ligne (allumer et ouvrir, sortir et enfiler, regarder, taper, cliquer, écrire, glisser, effleurer, déplacer, bouger, zoomer) constitue la première des transformations que les pratiques numériques apportent à notre être-dans-le-monde : Vilém Flusser, par sa phénoménologie des gestes, a montré que toute modification du Dasein est lisible dans le changement des gestes, étant donné que nous, les humains, sommes dans-le-monde à travers notre gestuelle. Loin d’engendrer le défilement, la raréfaction ou la disparition de notre corps physique, la corporéité numérique comporte l’émergence de nouvelles « techniques du corps » qui ne sont pas accessoires par rapport à la présence dite numérique, car, bien au contraire, le sentiment de présence qui se dégage en ligne dépend de tout ce que l’on fait pour y être et y agir.

    Lors d’un chat en ligne, par exemple, la première des choses créant en moi le sentiment de deux présences –celle de mon interlocuteur et la mienne – est qu’il est en train, lui, tout comme moi, de se coller à son outil en se courbant sur son écran, en écrivant comme un forcené, en cherchant à s’isoler de tout le reste pour se dédier aux mots et aux images qu’on partage, veillant – on espère – à ne déranger personne autour de soi. Je sens que son attention s’adresse à moi, exactement comme la mienne est tournée vers lui. Sa présence émerge alors dans mon empathie, un état possible grâce au fait de pouvoir reconnaître facilement son comportement, étant donné l’universalité des actions à faire et l’univocité du logiciel. Ainsi nos gestes se prolongent dans l’espace techniquement numérique où ils trouvent leur traduction et leur épiphanie, selon la propriété du logiciel, le graphisme de la page, l’ergonomie du site, etc.

    Dans ma communication, je focaliserai mon discours sur Skype et WhatsApp.

    Skype qualifie notre présence selon quatre états possibles, nous signalant aux autres comme étant « connecté », « absent », « invisible » ou « indisponible », évoquant donc notre corps. Le dispositif de la vidéoconférence, quant à lui, produit un très satisfaisant sentiment de présence, car le temps liant les deux espaces est le même : c’est pourquoi il est réel.

    L’interface de WhatsApp relève de la pure extériorité : impossible de se cacher dès qu’on y est ; l’application fait rouler sous nos doigts un carrousel de visages et de noms qui deviennent un paysage intime, le panorama de nos pensées écrites. Dès qu’on entame une conversation, on peut lire que l’autre est « en ligne » et on peut voir s’il est en train d’écrire ou d’enregistrer un message audio.

    Cette attente est représentée ici comme dans Facebook, soit par l’oscillation de quelques petites bulles, amorçant le suspense comme étant au cœur de la présence d’autrui. L’écriture devient ainsi l’instrument « autrui-scopique » qui crée un même état de conscience : bien qu’il ait le petit décalage entre enregistrement, envoi et écoute, cet écart est le même pour l’autre et moi et il nous embrasse dans un moment de présence.

     

    Références :

    1. Varela, E. Thompson, E. Rosch, L’inscription corporelle de l’esprit, Seuil, Paris, 1993
    2. Anzieu, Le Moi-peau, [1985], Dunod, Paris, 2006
    3. Flusser, Les gestes, Cahier du Midi, Al Dante Aka VI, Bruxelles, 2014
    4. R. Galloway, The Interface Effect, Polity press, Cambridge, 2012
    5. Merleau-Ponty, L’œil et l’Esprit, Gallimard, Paris, 1964

    J.-P. Sartre, L’être et le néant, Gallimard, Paris, [1943], 2012

    1. Schindler, L’image du corps, [1950], Gallimard, Paris, [1968], 2014
    2. Tisseron, Rêver, fantasmer, virtualiser, Dunod, Paris, 2012
    3. Varela, E. Thompson, E. Rosch, L’inscription corporelle de l’esprit, Seuil, Paris, 1993
    4. Vitali-Rosati, Corps et virtuel, L’Harmattan, Paris, 2009
    5. Vitali-Rosati, Egarements, Hermann, Paris, 2014
    6. Wulf, Une anthropologie historique et culturelle : Rituels, mimésis sociale et performativité, Editions Téraèdre, Paris, 2007
    7. Zumthor, Performance, réception, lecture, Le Préambule, Longueuil, 1990

     

    A propos de l’auteur

    Voir le programme du colloque scientifique LUDOVIA