Étiquette : école

  • EIM & Présence mobile de l’élève

    EIM & Présence mobile de l’élève

    L’université d’été Ludovia aura lieu du 23 au 26 août 2016 dans l’Ariège. Lors de cet événement des ateliers Explorcamps et Fabcamps seront proposés. Nicolas Bertos présente « EIM & Présence mobile de l’élève ».

    Problématique pédagogique : 

    A la rentrée 2016, 39 collèges numériques de l’académie de Montpellier transmettront aux collégiens de 5ème un EIM (Equipement Individuel Mobile). Comment s’appuyer sur l’expérience vécue par les 11 collèges préfigurateurs  (2015-2016) ? Comment les enseignants de ces collèges préfigurateurs peuvent-ils servir de relais et de formateurs auprès des collègues des collèges numériques ? Quelles ressources la DANé de Montpellier peut-elle apporter aux collèges numériques ? Quels usages pédagogiques nouveaux ou modifiés apparaissent avec les EIM ?

    Apport du numérique ou présentation de la techno utilisée :

    Avec le plan national numérique, l’usage des tablettes tactiles en classe tend à se répandre. Ces outils sont un levier particulièrement efficace pour faire pénétrer dans la classe des éléments d’une culture numérique fondée sur l’engagement des élèves. Leur utilisation peut-être très diverse selon la créativité du professeur, il est donc crucial de partager et mettre à disposition les ressources et les pratiques utiles pour la classe. Cette présentation sera donc axée sur les usages et potentialités des tablettes, outils vecteurs de renouvellement de pratiques, mais aussi de postures pour les enseignants et les élèves.

    Parallèlement, la DANé de Montpellier a mis en place eStore, une banque d’applications pour EIM https://estore.ac-montpellier.fr/ à l’intérieur de laquelle les enseignants de l’académie peuvent, après authentification, déposer un avis pédagogique et attribuer une note pour chaque application.

    La présentation de l’utilisation pédagogique des EIM pourra se faire autour d’un ExplorCamp, par un enseignant d’un collège numérique, Nicolas Bertos.

    Relation avec le thème de l’édition :

    L’Equipement Individuel Mobile accompagne l’élève de 5ème en classe, au CDI, dans la cours de récréation, à son domicile… Avec cet outil, le temps de la mise en activité n’est plus exclusif à l’enceinte de la classe : la mobilité de l’EIM induit une mobilité de production de ressources. Ce nouveau rapport espace / temps peut être un facteur favorisant l’autonomie et l’engagement de l’élève.

    Synthèse et apport du retour d’usage en classe : 

    Après 3 ans d’utilisation en classe, le regard que je porte sur les tablettes n’est plus le même qu’au début de cette expérience. En particulier, les contraintes techniques, omniprésentes lors des premières utilisations, ont été surmontées avec des solutions pragmatiques. On retrouve les mêmes appréhensions chez les collègues des collèges préfigurateurs (panne du réseau, stockage des documents, utilisation de manuels numériques ou d’applications spécifiques, etc…) lors de la mise en route du dispositif dans leurs établissements. Cependant, la majorité de ces problèmes peuvent être anticipés et donc partiellement contournés avec une bonne connaissance matérielle et une scénarisation du cours adaptée. Ainsi, en classe l’utilisation des tablettes est au service de la pédagogie voulue par le professeur, que ce soit lors d’une séance d’intense production (scénarisation complexe du cours) ou d’une utilisation plus simple, d’un « moment numérique » plus ciblé dans le temps.

    Plus d’infos sur les ateliers EXPLORCAMPs Ludovia#13
    http://ludovia.org/2016/ateliers-sur-explorcamps-ludovia13/

    A propos de l’auteur 

  • La mission R2T2 avec le robot Thymio

    La mission R2T2 avec le robot Thymio

    Francesco Mondada, professeur de robotique et chercheur à l’EPFL, est venu présenter « La mission R2T2 avec le robot Thymio » lors du colloque Robotique & éducation du mercredi 22 juin 2016 à Bordeaux.

    « On est parti au départ de l’idée de faire un robot pour permettre aux enfants d’expérimenter ».

    Le robot Thymio est le résultat de travaux de recherche ; il est open-source donc tout est disponible : « ça se démonte, ça se répare, ce qui est important pour les écoles d’avoir un outil durable« .

    Plus d’infos sur la mission R2T2 : https://www.thymio.org/fr:thymio-r2t2

  • Duo classrooms cycle 3 :  une nouvelle application éducative et collaborative pour le cycle3

    Duo classrooms cycle 3 : une nouvelle application éducative et collaborative pour le cycle3

    COMMENT ELLE FONCTIONNE

    L’utilisateur choisit le mode « individuel » (entrainement seul) ou le mode défi (Duo) en invitant un partenaire connecté.
    Dans ce dernier cas(duo) deux élèves se lancent un défi sur un exercice. Chacun des deux élèves visualise en temps réel sur l’écran les actions de l’autre. Le premier des deux à trouver la bonne réponse est déclaré vainqueur.

    POURQUOI CETTE APPLICATION

    MartinJombe_duoclassroom_150616

     

     

    Pour permettre un réinvestissement des acquis dans les matières fondamentales, de manière ludique et suivie.

    Pour organiser des exercices d’application après une nouvelle leçon (séance d’acquisition)

    Pour permettre une progression thématique individualisée (chaque utilisateur travaille à son rythme).

     

    Les bénéfices de l’utilisation de cette application :
    Un apprentissage facilité et conforté
    Une forte motivation : les élèves sont attirés par les nouvelles technologies, qui, à l’image des jeux éducatifs, permettent un vrai apprentissage sous un aspect ludique.
    Une concentration accrue.
    Une plus grande autonomie : travail individualisé, liberté d’action, progression personnalisée ;

    UTILISATION

    L’application peut être utilisée  lors d’un tutorat numérique ce qui modifie favorablement la place de l’enseignant et de l’élève. Entre deux élèves, entre un élève et son enseignant, en classe, à la maison, en vacances pour ne pas tout oublier…
    Situation de duel à distance entre deux établissements.
    Duel entre deux élèves  à distance.
    Duel entre deux élèves  à distance

    AU MENU

    MartinJombe_duoclassroom2_150616Contenu varié conforme au programmes officiels du cycle 3 –  CM1/CM2/6° :
    – les nombres ( opérations sur les entiers , le décimaux et les fractions …)
    – la conjugaison ( verbes du 1er , 2ème et 3ème groupes)
    – l’orthographe
    – la grammaire
    – …

    DISPONIBILITÉ : 

    Initialement sur tablette Android et windows, 10 mais maintenant pour des raisons de diffusion maximale  sur internet à www.duoclassrooms.com.

    Plus d’infos :
    www.duoclassrooms.com

    Source des images- illustration : ecolecarlepont.fr
    Contact : contact@duoclassrooms.com

    Une des utilisations de l’application duo classrooms permettant à deux établissements distants de travailler ensemble au même moment à voir ici.

  • L’écriture numérique

    L’écriture numérique

    [callout]Serge Bouchardon, professeur des universités à l’Université Technologique de Compiègne qui est une école d’ingénieurs, enseigne notamment « écritures interactives et multimédia ». Il est intervenu sur la table ronde « ce que l’écran change à l’écrit » et plus précisément sur le sujet : «  L’écrit à l’écran : une redéfinition de l’écriture ».[/callout]

    Pour lui, il est très important de resituer l’écriture numérique et les pratiques d’écriture numérique dans une longue histoire des supports de l’écrit et des pratiques de l’écrit, « mais en même temps, force est de constater qu’il y a des choses qui sont vraiment nouvelles et notamment l’accent mis sur la dimension visuelle de l’écriture ou encore la dimension multimédia qui permet d’étendre l’écriture pas seulement à son caractère alphabétique mais aussi aux images et aux sons ».

    Il aborde la dimension gestuelle de l’écriture numérique avec une écriture qui peut être manipulée notamment avec les supports tactiles.

    Enfin, il souligne l’écriture collaborative synchrone qui ne pouvait être pratiquée avant.

    L’enjeu passe par l’acquisition d’une littéracie numérique et la compréhension des pratiques d’écriture numérique, « qui va de l’écriture du code, écriture pour la machine, mais aussi par la machine et ce que l’on fait au quotidien, l’écriture avec la machine comme les SMS par exemple ».

    C’est l’articulation de ces trois dimensions-là, par, pour et avec la machine, qui fait que le numérique devient notre nouveau milieu de l’écriture.

    « La littéracie numérique doit nous sensibiliser à cela et ça commence par l’Ecole ; et donc former à une écriture numérique, ça soit aussi se passer dans l’Ecole ».

    Retrouvez l’intégralité du propos passionnant de Serge Bouchardon dans l’interview ci-contre.

    Toutes les interviews et articles réalisés sur écriTech’7 sont à découvrir ici.

     

     

     

     

     

  • L’usage de l’agrafeuse pourrait éradiquer l’échec scolaire !

    L’usage de l’agrafeuse pourrait éradiquer l’échec scolaire !

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    L’agrafeuse, a pour usage premier de relier ensemble des feuilles de papier, auparavant éparses. Cela a un sens très fort si on l’applique aux Savoirs, notamment à la nécessité de relier entre elles différentes disciplines pour avoir une vision globale et sensée des concepts étudiés à l’école.

    Une étude menée par Jacques Graphe montre très clairement que faire agrafer aux élèves des feuilles de notes issus de différents cours mais traitant de sujets semblables ou complémentaires facilite grandement la mise en lien cognitive de ceux-ci dans le cerveau des enfants.

    Attention, cela doit être fait par l’élève lui-même après avoir déterminé, en groupe ou avec l’aide d’un professeur, ce qui doit être agrafé ensemble et dans quel ordre ! Il semblerait également que cet usage pourrait aider les professeurs de collège à élaborer des EPIs (Enseignements Pratiques Interdisciplinaires) pertinents et cohérents dans le cadre de la réforme des collèges.

    Autre avantage non négligeable de l’usage de l’agrafeuse, son aspect dangereux… En effet, on peut se pincer très fort, ou pire, s’enfoncer une agrafe dans un doigt si on n’y prend pas garde ! L’agrafeuse est donc un excellent outil d’éducation à la prudence et à la gestion du danger. Les élèves qui en ont un usage régulier développent une vigilance particulière pour un usage raisonné et responsable nous a confirmé le psychologue Tim Héraire.

    Enfin, l’agrafeuse est un objet technique complexe sous son apparente simplicité, en effet, l’ouvrir pour la recharger (avec les agrafes de la bonne taille, mises dans le bon sens, ni trop nombreuses ni trop peu) est une opération délicate. Éviter qu’elle ne se coince, et y remédier le cas échéant, suppose patience et ténacité. Le goût de l’effort et l’ingéniosité des élèves sont donc mis à rude épreuve et c’est une excellente chose !

    Pourquoi ne pas équiper rapidement chaque élève d’une agrafeuse à l’aide d’un plan ambitieux ? L’Éducation Nationale y songerait très sérieusement, affaire à suivre…

    Ce billet est un hommage rendu à Stéphanie Fontdecaba qui a eu l’intelligence de dire le 7 mars dernier à la journaliste Christelle Brigaudeau du Parisien qu’ « une tablette ne lutte pas mieux qu’une agrafeuse contre l’échec, ce qui compte c’est ce qu’on fait, pas l’outil ». Elle a dit cela très à propos lors d’un reportage fait dans sa classe, où elle utilise des tablettes, suite à la sortie du rapport de l’Institut Montaigne qui prétend, très sérieusement, que le numérique pourrait diviser par deux l’échec scolaire !

    Le numérique est là dans notre société, il est bien plus qu’un simple outil puisqu’il provoque des changements profonds et crée une culture, l’école doit le prendre en compte c’est évident. Néanmoins, le numérique est ce que nous en faisons dans nos classes, il peut être un levier formidable d’émancipation intellectuelle mais il peut aussi automatiser sans sens des apprentissages scolaire et être un outil de pilotage rationnalisant et déshumanisant. Parer bêtement le numérique et ses outils de « pouvoirs magiques » n’aide personne, il vaut bien mieux apprendre à le connaître, à l’apprivoiser, pour l’intégrer à des pratiques pédagogiques émancipatrices pour les élèves et leurs professeurs ! 

    Source image : Pixabay CC0 Public Domain  

     

  • Réflexions sur numérique et enseignement avec Sylvain Decelles

    Réflexions sur numérique et enseignement avec Sylvain Decelles

    Sylvain Decelles est enseignant en français et en géographie au collège (école Selwyn House de Montréal).  Il est aussi président du Conseil d’administration du Conseil pédagogique Interdisciplinaire du Québec (CPIQ).  Cet organisme regroupe une vingtaine d’associations professionnelles d’enseignants du Québec.

    Le CPIQ s’intéresse principalement au développement de la pédagogie et de la compétence professionnelle des enseignants.

    Le CPIQ participe à des comités nationaux sur les programmes d’études, l’évaluation des apprentissages, la formation des enseignants, etc.

    Rôle du conseiller au numérique

    L’enseignant est l’expert en pédagogie.   Le conseiller au numérique dans les écoles et les collèges doit être en mesure d’interpréter ce que les enseignants veulent réaliser dans leurs classes en utilisant les technologies numériques.  Il doit pouvoir conseiller l’enseignant sur les façons d’adapter l’offre numérique aux exigences pédagogiques.

    Relation entre les connaissances et les compétences en éducation contemporaine

    NinonLouise2_DecellesitwAutrefois, on transportait notre bagage de connaissances dans nos têtes.  L’Homme instruit était celui qui avait mémorisé la plus grande quantité de connaissances. L’Homme éduqué lisait des journaux pour se tenir informé. L’information, c’est le pouvoir disait-on alors.

    Maintenant, tout savoir est instantanément accessible au premier venu grâce à l’internet. Cependant, connaître le nom de tous les pays et leurs capitales ne permet pas de comprendre les enjeux géopolitiques.  L’élève peut nommer les participants à ces enjeux mais sait-il analyser, interpréter les systèmes politiques, comprendre leur fonctionnement, les interactions entre les parties?

    La technologie remet en question la place des connaissances dans l’enseignement.  La mémorisation de faits devient caduque. L’ordinateur exige une réflexion sur l’orientation à donner aux apprentissages.

    Le renouveau pédagogique

    NinonLouise_DecellesitwLe renouveau pédagogique est le programme d’étude du ministère de l’Éducation du Québec publié en octobre 2005. On y prescrit un modèle éducatif adapté aux réalités du 21e siècle.  Tout en conservant une part importante aux connaissances (compétences disciplinaires), ce programme innove en centrant le processus éducatif sur les compétences transversales.

    Il vise à apprendre aux jeunes Québécois à exploiter l’information, à résoudre des problèmes dans les grandes sphères de l’activité citoyenne par d’efficaces méthodes de travail. Cette tentative d’adapter le curriculum aux réalités du 21e siècle a été fortement critiquée.

    Avec le renouveau pédagogique, les compétences se situent au centre des apprentissages.  Le système scolaire sait comment évaluer l’acquisition des connaissances par l’élève.  Mais l’évaluation des compétences est un domaine où  presque tout est à construire pour l’école aux traditions séculaires.

    La difficile évolution du système éducatif

    L’éducation n’est pas un lieu d’innovation. Les structures éducatives ont peu évolué depuis le 19ème siècle, contrairement à la société.  C’est très difficile pour l’école de changer car la personne qui choisit la profession d’enseignant reproduit spontanément sa propre expérience scolaire et la formation universitaire en pédagogie renforce souvent cette structure par laquelle l’éducateur contrôle la formation de celui dont il a la charge. Ce savoir-faire est connu, confortable alors que le changement imposé par le numérique est anxiogène pour plusieurs enseignants.

    Le développement professionnel des enseignants

    La présence de la technologie complexifie la tâche de l’enseignant et le premier problème auquel il doit faire face est celui d’un manque de temps.

    Le développement professionnel doit être dans les mains de l’enseignant et non pas un développement professionnel qui lui est imposé par des structures externes.  Si on demande à l’élève d’être responsable de son apprentissage, on doit proposer la même approche à l’enseignant.

    La peur du vide, la question de l’évaluation et l’éducation aux valeurs : trois bestions de l’éducation contemporaine

    Personne ne peut prévoir avec certitude le résultat des changements pédagogiques initiés par l’introduction du numérique en classe. Convaincre les enseignants craintifs des avantages à utiliser les technologies numériques, les persuader de la nécessité d’un enseignement centré sur les compétences dans ce contexte de changement pédagogique, sont deux défis à relever par les pédagogues du 21ème siècle.  De plus, comment évaluer adéquatement ces apprentissages fondés sur les compétences?

    La dernière partie de l’entretien a porté sur les difficultés rencontrées par les enseignants qui doivent travailler avec des élèves issus de communautés aux valeurs, aux principes très variés.

    Les élèves les plus doux, les plus sages diront comme le prof par peur des représailles.  Les élèves les plus contestataires manifesteront leurs opinions divergentes.

    L’enseignant, le système éducatif du 21ème siècle doit mener l’élève à comprendre et à accepter que l’évaluation n’est pas fonction de ses opinions politiques mais dépend des compétences avec lesquelles il justifie cette opinion.

    Conclusion de la pédagogue

    Pensées percutantes, descriptives des réalités de l’école contemporaine.

  • Gamification à l’Ecole

    Gamification à l’Ecole

    [callout]Sarah Lachise, chargée de mission à la DANE de l’académie de Versailles, nous explique comment elle a pris en main la notion de gamification pour l’intégrer en classe avec les enseignants.[/callout]

    La gamification, c’est l’utilisation des concepts de jeu dans une activité donc pourquoi pas dans une séquence pédagogique.

    « Le principe, c’est vraiment d’utiliser le concept de jeu et de faire vivre aux élèves une expérience de jeu dans le cadre pédagogique ».

    Que peut apporter la gamification dans l’enseignement ?

    La gamification peut apporter une sorte de motivation pour les élèves car cela fonctionne sur des concepts qu’ils connaissent déjà ; cela peut aussi aider l’enseignant à diversifier ses pratiques ; cela peut faire travailler les élèves en collaboration, par exemples.

    La gamification n’est pas nécessairement numérique même si le numérique peut la faciliter.

    Explications par Sarah Lachise, qui est aussi enseignante en histoire-géographie et qui a une expérience pratique d’enseignement en introduisant le jeu :

    Retrouvez tous les articles et retours d’usages des NetJournées mars 2016 ici

     

  • La vision du numérique à l’Ecole par Marc Neiss, DAN de l’académie de Strasbourg

    La vision du numérique à l’Ecole par Marc Neiss, DAN de l’académie de Strasbourg

    Marc Neiss, DAN de l’académie de Strasbourg, nous explique comment il voit le développement du numérique à l’Ecole.

    C’est bien par la porte des usages qu’il me semble essentiel de rentrer.

    « Lorsqu’un établissement se rapproche de nous avec une demande d’équipements ou d’infrastructures, je pose toujours la question de l’usage qu’il souhaite en faire ».

    Découvrez l’interview de Marc Neiss :

  • Le tableau interactif a échoué : c’est mérité

    Le tableau interactif a échoué : c’est mérité

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    Interview de Thierry Klein, le président de la société Speechi, spécialisée dans les solutions interactives. Il fait un constat lucide de la situation actuelle des constructeurs de tableaux interactifs et des enjeux cruciaux liés à l’éducation. Quelles sont les raisons de cet échec des TBI en France ? Quelles solutions ?

    Vous avez créé la société Speechi en 2004. Après plus de 10 ans d’activité, quel constat faites-vous de l’état actuel de l’industrie du TBI ? 

    Thierry Klein : Le constat est plus qu’édifiant : les plus grandes marques de TBI qui existaient déjà quand j’ai créé Speechi en 2004 ont soit disparu, soit été rachetées à cause de la faiblesse de leurs résultats, celles qui restent recherchent un acquéreur pour des raisons similaires.

    Même eBeam, marque de tableaux interactifs mobiles notamment, pour laquelle j’ai évidemment beaucoup d’affection [Speechi est revendeur exclusif des TBI eBeam en France, ndlr], n’a pas réussi au niveau mondial comme cela a pu être le cas en France, où notre part de marché est de l’ordre de 30 %.

    Quelles sont alors pour vous les raisons de cet « échec » du TBI en France ? 

    TK : Il y a quatre raisons principales à mes yeux : un manque de vision technologique, un modèle économique à court-terme, une vision de l’éducation inconsciente des enjeux et le peu d’avantages apportés par la technologie.

    Tableaux interactifs ou autres vidéoprojecteurs interactifs n’ont jamais révolutionné l’enseignement, comme la plupart des constructeurs ont tenté (et tentent encore) de nous le faire croire. Un tableau interactif est resté un simple moniteur branché sur un PC. Depuis 2012, rien n’a été fait (ou si peu !) pour permettre aux enseignants de donner cours à partir de leur tablette, sans fil. J’ai l’impression que l’industrie dans sa globalité s’est montrée peu impliquée, voire fainéante.

    Concernant le modèle économique, les principaux leaders du tableau interactif étant financés par du capital risque ou par la bourse, parfois par les deux, le manque de « patience » a été fatal. Ce modèle aide certes le développement des entreprises mais il souffre aussi d’une vision à court terme, d’une trop grande pression sur les résultats immédiats de l’entreprise. Inutile de dire que le modèle est peu stable quand le marché se retourne, ce qui a été le cas en 2011 / 2012. L’industrie du TBI est peut-être une industrie morte d’avoir eu trop d’argent, trop tôt.

    Pouvez-vous en dire plus sur ce que vous appelez « une vision de l’éducation indigne des enjeux » ? 

    TK : L’objectif initial était – et reste ! – d’utiliser les technologies numériques pour améliorer le niveau des élèves, mais les études montrent aujourd’hui que les tableaux interactifs n’améliorent pas le niveau des élèves. Les tablettes numériques, souvent utilisées par les élèves comme des consoles de jeu, ne font probablement que baisser leur niveau. Ce qui n’empêche pas les gouvernements d’investir, un peu partout, dans de coûteux programmes d’équipement des élèves en matériel électronique divers et varié. Mais jamais adapté.

    Tout ceci n’empêchant évidemment pas l’industrie du numérique de continuer à s’auto-féliciter, de se présenter comme indispensable et de multiplier les promesses éducatives. Des promesses qui depuis 10 ans ne sont tout simplement pas tenues.

    Le fait d’échouer n’est pas honteux. Ce qui est plus grave, et même parfois honteux, c’est que l’industrie numérique ne s’est pas donnée les moyens de ses ambitions.

    Elle a utilisé des moyens de lobbying très agressifs, allant sans doute jusqu’à la corruption dans le cas des tableaux blancs interactifs au Canada. Les techniques employées (débauchage de membres de cabinets ou de fonctionnaires influents) n’ont d’ailleurs pas été limitées au seul Canada.

    Elle a systématique caché la faible valeur ajoutée des TBI et pire, a financé des études favorables, comme ont pu le faire l’industrie du tabac ou du médicament.

    Paradoxalement, elle ne s’est jamais dotée d’indicateurs fiables permettant d’évaluer sa performance. Ce qui démontre clairement qu’elle n’en a pas grand-chose à faire.

    Autre point qui me dérange, les arguments mis en avant. Comme les tableaux interactifs ne pouvaient pas se justifier d’avoir un intérêt pédagogique, l’industrie a plaidé « la fin de l’ennui » et « la modernité dans les écoles ». Des arguments qui ne veulent rien dire mais qui sont visiblement bien acceptés politiquement, du même type que ceux que le gouvernement a avancé pour justifier la réforme du collège. L’industrie s’est noyée dans le ludique et les prétendues avancées technologiques au détriment du savoir. Cela continue d’ailleurs avec l’introduction des tablettes.

    Justement, pourquoi pensez-vous que les tableaux numériques n’apportent pas grand-chose sur le plan technologique ? 

    TK : Les principes techniques sur lesquels reposaient la technologie des tableaux interactifs fixes étaient simples et les points clés compliqués à protéger. Depuis 2005-2010, les usines chinoises produisent des TBI qui ont été d’abord de médiocres copies, puis se sont largement améliorées. La majorité des TBI que l’on voit aujourd’hui, même quand il s’agit de marques européennes ou nord-américaines, sont produits en Chine. Et on assiste donc au paradoxe suivant, pour moi désolant, que je vous laisser méditer :

    « Alors que leur plus-value pédagogique est le plus souvent nulle – ou difficilement observable, les sommes dépensées par les Etats occidentaux dans des réformes et autres plans numériques (plans tablettes, vidéoprojecteurs interactifs) ont contribué au développement de l’industrie et de la « recherche et développement » chinoise. »

    Que faudrait-il faire alors selon vous pour que le TBI se démocratise en France ? Et ainsi peut-être « sauver » l’industrie du TBI ? 

    TK : En fait, il faudrait faire quasiment tout le contraire.

    Premièrement, penser le TBI comme un module autonome, doté de son propre système d’exploitation. Pas comme un simple périphérique PC. Un peu comme le fait déjà Luidia avec le tableau interactif mobile eBeam, même s’il reste des efforts à faire.

    Arrêter de s’auto-congratuler et donc être enfin critique vis à vis de ses propres productions. On me reproche souvent d’être trop négatif. C’est sûrement le cas, mais je préfère la critique à l’auto-satisfaction systématique. Cela permet souvent de faire avancer les choses.

    Cesser le mélange entre intérêts privés et intérêts publics. Ce n’est pas le chemin pris ces derniers temps si j’en crois les dernières annonces concernant les partenariats Microsoft / Education Nationale par exemple ou même si j’analyse l’origine des intervenants lors des conférences organisées au récent salon Educatice.

    Enfin, avant tout se doter d’indicateurs fiables. Pas un euro ne devrait être investi dans le numérique sans évaluation associée et préalablement définie.

    Pensez-vous que c’est réalisable ?

    On n’en prend clairement pas le chemin. Et pourtant, malgré tous ces problèmes, ces erreurs, ce manque de clarté et de vision, il n’y a aucun doute pour moi : le numérique va changer profondément l’éducation dans les années à venir et je pense que ce sera vraiment pour le meilleur.

    Merci pour vos réponses.

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