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  • Quelle place pour le numérique dans les collèges ?

    Quelle place pour le numérique dans les collèges ?

    L’Assemblée des Départements de France et Klee Group, spécialiste du numérique, engagé dans la transformation digitale de l’État, ont rédigé un livre blanc « les politiques départementales sur le numérique éducatif », à destination des départements.

    Depuis près de 20 ans, les départements ont pris les devants en soutenant des expérimentations dans des collèges pionniers. Quels sont les projets numériques déjà mis en place ? Quels sont les freins et les leviers de leur déploiement ? Quels sont les retours d’expérience ? Comment mieux préparer l’avenir ?

    Ce livre blanc fait un état des lieux circonstancié et fournit des clés pour tenter de répondre à ces questions. La démarche de travail collaboratif réalisée avec huit départements, complétée par un éclairage sur les pratiques internationales, cible trois grands axes : Prospective – Stratégie et financement- Élaboration de plans d’actions opérationnels.

    Face à la diversité des situations des Départements, le déploiement du numérique dans l’éducation semble résider dans un subtil équilibre, propre à chaque territoire ou communauté éducative, entre l’État, garant de la qualité pédagogique, et le territoire, travaillant en étroite collaboration avec les établissements et les équipes enseignantes.

    Le fruit de ce travail a permis de mettre en évidence 4 axes essentiels pour lesquels des pistes d’actions ont été imaginées :

    => La gouvernance : Afin de donner une cohérence aux actions de l’Etat, des Rectorats et des Départements, il est nécessaire de mettre en place une gouvernance facilitant la coopération entre les acteurs.

    Exemple 1 : La mise en place d’une gouvernance partagée (Départements, Education Nationale et Collèges) en Meurthe-et-Moselle qui s’inscrit sur le long terme et qui fait ses preuves.
    Exemple 2 : La création d’un syndicat mixte « Fibre Numérique » par les départements du Nord et du Pas-de-Calais qui permet le déploiement de la fibre optique sur les zones non couvertes par les opérateurs privés.

    => L’infrastructure : Afin d’assurer la disponibilité des équipements et le développement des usages, l’infrastructure doit être envisagée et gérée dans sa globalité (réseau, matériel – software/hardware et maintenance de l’ensemble).Exemple : Le lancement du plan THD (Très Haut Débit) en Saône-et-Loire qui vise à équiper les collèges de la fibre optique, et la mise en place d’un centre de services informatiques externalisés en Seine-Saint-Denis qui ambitionne un équipement mobile pour les collégiens.

    => Le budget : Afin de maîtriser et d’optimiser l’allocation du budget alloué au numérique éducatif, il est nécessaire de penser les investissements à long terme, de planifier un budget récurrent et d’envisager la mutualisation inter- départementale (centrales d’achat, réseau/ressources communes…).

    Exemple : Le calcul optimisé du nombre de chariots « classe mobile » dotés de tablettes en Meurthe-et-Moselle qui répond strictement au besoin des établissements (nombre d’élèves, nombre d’espaces wifi couverts) et la centrale d’achats « Manche Numérique » qui permet aux établissements de la Manche de s’approvisionner.

    => L’expérimentation et l’évaluation : Afin d’orienter la politique départementale, il est nécessaire de pouvoir expérimenter et évaluer, sur des périmètres restreints, les usages/projets (« classe mobile » ? BYOD – Bring Your Own Device (« apportez vos appareils personnels »)? – réseau filaire ou wifi ?…). Cela est rendu possible avec une implication forte et une formation des enseignants.

    Exemple 1 : Le travail sur les nouvelles offres pédagogiques mises en place par le Territoire de Belfort et le Rectorat pour déployer des solutions d’enseignement en ligne.

    Exemple 2 : La mise en place d’une Convention avec l’Etat par la Saône-et-Loire qui permet de mettre à disposition 3 spécialistes à temps plein pour accompagner les équipes enseignantes.

    Faire connaître les impacts de la transformation digitale dans l’éducation numérique est essentiel pour l’émulation de chacun. Ce Livre Blanc permet aux Départements de prendre connaissance et de partager des constats, des expérimentations, des bonnes pratiques et des conclusions.

    Il devrait être le point de départ de la mise en place de nouveaux fonctionnements entre l’Etat et les Départements pour le numérique éducatif.

    La place du numérique dans les collèges est résolument majeure pour nos élèves et futurs citoyens.

    Plus d’infos :

    Vidéo réalisée par Claude Tran.

  • Les territoires numériques de la France de demain

    Les territoires numériques de la France de demain

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    Les nouvelles technologies sont devenues un outil incontournable de la vie en société. Pourtant, les individus et les territoires ne sont pas égaux face au numérique. Des inégalités persistent dans l’accès aux équipements et aux réseaux de télécommunications.

    De manière plus inquiétante, c’est dans la capacité des individus à utiliser les outils multimédias que les inégalités se creusent. Elles risquent d’aggraver les inégalités sociales et culturelles présentes dans notre société.

    C’est dans les territoires où se concentrent les inégalités – territoires prioritaires de la politique de la ville, zones hyper-rurales, villes petites et moyennes frappées par la désindustrialisation – sans doute plus qu’ailleurs que les technologies de l’information et de la communication ont un rôle fondamental à jouer.

    Développement économique, valorisation du patrimoine, accès à la santé, à l’éducation, aux services publics : dans tous ces domaines, les technologies numériques sont des outils précieux pour dépasser la dichotomie urbain/rural et offrir de nouvelles opportunités à tous les territoires.

    Cependant, jusqu’à présent, les questions d’infrastructures ont trop largement monopolisé les débats politiques et les investissements. Dans le champ des services et des usages numériques, de nombreuses expérimentations ont été conduites, mais trop souvent de manière isolée.

    Les pistes de réflexion et d’action proposées dans ce rapport convergent vers la nécessité de s’approprier les nouvelles technologies dans la proximité, sur la base des territoires vécus. La culture numérique – collaboration, ouverture, mutualisation, reconnaissance de l’initiative individuelle, etc. – doit être mise au service du développement territorial. La création de biens communs qui en résultera (logiciels, services, connaissance, données) offrira l’assurance de mécanismes de solidarité durables, tant au niveau local que global.

    Figurent à ce titre, parmi les 22 propositions qui concluent ce rapport, l’urgence de développer massivement le télétravail, la signature de conventions numériques au sein des collectivités territoriales pour le développement des services et des pratiques numériques, la création de Conseils locaux du numérique ou encore la nomination de coordinateurs des politiques publiques du numérique à l’échelle des bassins de vie.

    Des recommandations sont également formulées pour une meilleure appropriation du numérique dans les domaine de l’éducation, de la santé, de l’e-administration, de l’énergie ou des transports.

    Les Recommandations du rapport

    1. Une coordination dans la proximité, à l’échelle des bassins de vie, pour promouvoir la culture et les pratiques numériques ainsi que le développement des services
    2. Des conventions numériques permettant d’établir le consensus entre les collectivités territoriales sur la définition d’un cadre de référence
    3. Un observatoire national de la culture, des pratiques et des mutations sociales liées au numérique
    4. Des espaces publics innovants inscrits dans un maillage territorial plus dense
    5. Renforcer la mutualisation volontaire de l’ingénierie informatique pour le développement de l’administration et des services publics numériques
    6. Mettre en œuvre une stratégie interterritoriale mutualisée de stockage et d’archivage des données
    7. Développer massivement le télétravail
    8. Créer un statut de territoire de transition et d’innovation au profit des territoires ruraux les plus fragiles
    9. Développement de nouvelles solidarités à travers la mise en réseau des structures sociales locales (services, associations et bailleurs sociaux)
    10. Un pilotage de la stratégie nationale de déploiement rénové
    11. Mettre l’enseignement et la formation à la culture numérique au rang de discipline fondamentale du système d’éducation
    12. Coordonner l’action de tous les acteurs de l’éducation et de la formation à travers des conventions territoriales d’innovation pédagogique
    13. Développer la démocratie locale via le numérique
    14. Territorialiser l’e-santé
    15. Développer les transports multimodaux et l’information en temps réel sur les transports
    16. Prendre en compte l’impact environnemental du numérique
    17. Promouvoir le développement des réseaux d’électricité intelligents et interopérables
    18. Faire des territoires d’Outre-mer des espaces pilotes sur le numérique
    19 . Développer une économie de proximité grâce au numérique
    20. Développer et défendre un modèle de société numérique pour la France et l’Europe
    21. Développer la coopération décentralisée
    22. Accélérer le déploiement de réseaux mobiles très haut débit dans tous les terrioires

    Plus d’infos :
    Rapport – Les territoires numériques de la France de demain
    Cliquez ici pour télécharger directement le rapport en PDF
    Interview de Claudy Lebreton, « Ancrer la culture numérique dans le quotidien » sur Localtis.info ici

  • L’éducation nationale face à la dialectique entre promesse politique et imaginaire technologique

    L’éducation nationale face à la dialectique entre promesse politique et imaginaire technologique

    Fidèle au thème que s’est donné Ludovia cette année, cette grande conférence de fin de journée a réuni plusieurs grands acteurs pour discuter de la question de l’éducation nationale face à la dialectique entre promesse politique et imaginaire technologique. La table ronde, sous l’animation de Philippe Moles, fut divisée en deux temps : d’abord à savoir si les promesses des TICE ont été tenues, et deuxièmement ce qu’on peut imaginer en matière de numérique pour les dix ans qui viennent.

    Toute la conférence en vidéo

    1er sujet : regards sur le passé

    Le premier tour de table fit appel aux intervenants de manière à résumer les réalisations TICE, particulièrement dans les dix dernières années, dans leurs divers champs de compétence. Dans cette première partie, nous relatons les éléments du discours qui sont liés à la question.

    Ludovia_confpol_YernaRaymonde Yerna, Chef de cabinet adjointe du Ministre Marcourt, représentant la Wallonie, présente l’action actuelle de la région en matière de TIC et TICE.

    Après le plan Cyberécole, lancé dès 1999 et qui avait permis de diffuser près de 20.000 ordinateurs dans les classes des écoles de la Région wallonne, le plan Cyberclasse a été initié en 2005. Il visait cette fois l’installation de 40.000 ordinateurs dans les 3.350 implantations scolaires.

    Ce deuxième plan d’équipement se terminant bientôt, et en vue de préparer l’avenir en termes d’équipement et d’encadrement,  les Ministres respectivement en charge de l’enseignement obligatoire et de promotion sociale et de l’enseignement supérieur et des technologies nouvelles, ont souhaité initier une nouvelle dynamique. Dynamique qui s’inscrit dans un plan de redéploiement économique et créatif – ”Creative Wallonia”.

    C’est dans ce cadre et cette optique que le projet pilote “Ecole numérique” est initié. Celui-ci suit des objectifs stratégiques pour la région visant l’augmentation des usages des TIC dans l’approche pédagogique, l’amélioration et la modernisation le fonctionnement de la communauté éducative en vue de créer les conditions pour que l’éducation des jeunes tire profit de la société numérique.

    Les axes d’actions du projet permettront de tester de nouveaux équipements et connexions dans un système mouvant et en perpétuelle révolution. En parallèle augmenter la formation initiale et continuée des enseignants en favorisant de nouvelles formations aux usages. Enfin soutenir une communauté éducative active basée sur l’expérience et le partage.

    A termes, ce projet pilote doit et après retour d’expérience, être étendu et devenir le moteur de l’action TIC et TICE de la région.

    Selon Catherine Becchetti-Bizot, Inspectrice Générale chargée par le Ministre de la préfiguration de la direction du numérique éducatif, le tâtonnement a marqué la réflexion et les actions ces dernières années, tant au ministère qu’ailleurs, tantôt pour imposer, tantôt pour proposer des solutions. Aujourd’hui, on cherche davantage des stratégies intégrées, incluant les méthodes d’apprentissage.
    Ludovia_confpol_CBizot

    Parmi les autres nouveautés qu’elle décèle aujourd’hui, elle cite l’acceptation générale que l’école est désormais dans le numérique, le changement paradigmatique des TICE vers les usages, le phénomène global d’une culture numérique, l’urgence de réduire les inégalités sociales, la reconnaissance des TICE dans la lutte au décrochage, la possibilité de répondre aux besoins particuliers (notamment les usagers défavorisés), la démocratisation de l’accès et de la production des ressources culturelles, la préparation aux métiers de demain, et le développement d’une filière de développement de ressources numériques.

    À savoir si les promesses ont été tenues, elle demande « quelles promesses? »

    Des promesses ont-elles réellement été faites à l’avènement du numérique? Si oui, elles ne pouvaient guère anticiper l’énormité du changement à venir. Elle souligne également que dans ses débuts, les TICE manquaient cruellement de fondements.

    Elle reconnait que le numérique constitue un formidable accélérateur de changement. Elle a cette conviction personnelle que si on outille les enseignants, ceux-ci participeront au changement. Cependant, il faut changer les pratiques pédagogiques en fonction du potentiel des nouveaux outils numériques. C’est alors seulement qu’il y aura une réelle prise de conscience des enseignants de la valeur du numérique.

    Hélène Bernard, Rectrice de l’Académie de Toulouse, est d’avis que le numérique pour lui-même, dans les collectivités territoriales principalement, ne peut suffire. Beaucoup d’argent a déjà été dépensé, mais une sous-utilisation des moyens techniques n’a pu effectuer les changements nécessaires.

    Les difficultés observées plus tôt en Wallonie sont transposables à d’autres entités administratives. Par conséquent, il importe de former la communauté éducative dans son ensemble, non seulement les enseignants, mais aussi les chefs d’établissement, tous moteurs de changement. La formation demeure une question primordiale, et des initiatives ont cours afin de stimuler l’expérimentation des outils et des pratiques pédagogiques, sensibiliser les praticiens aux multiples dimensions des usages, offrir un soutien en ligne, proposer des ressources pédagogiques avec une granularité spécifique pour les enseignants et les usages souhaités (l’Académie est par ailleurs un producteur associé aux enseignants dans ce cadre), et organiser des réseaux de référents, d’innovateurs, de producteur de contenu et de nouveaux usages afin de communique au mieux les expériences.

    Pour Viviane Artigalas, Vice-Présidente en charge de l’enseignement secondaire et des TIC, région Midi-Pyrénées, la fracture numérique demeure un souci important, que la région souhaite réduire. Sur le plan des équipements, de 3 à 4 millions € sont mis en oeuvre annuellement pour ces politiques. Ces investissements reposent sur l’adéquation avec les besoins des établissements, dans la conviction que le développement de nouveaux usages passe par un équipement complet et un accès fluide.

    Aujourd’hui, tous les établissements sont dotés d’ENT, avec un  souci de répondre aux usages spécifiques des établissements. Cette évolution est rendue possible grâce à un plan de raccordement Internet en fibre optique de tous les établissements scolaires et établissements publics.

    Prenant la relève, Marie-Christine Cavecchi, Présidente de la Commission éducation numérique à l’Assemblée des Départements de France, évoque qu’à ses débuts, les TIC s’avéraient un objet de prédilection pour se faire du bénéfice politique. Les politiciens ont alors imaginé l’outil comme une réponse simple à un problème complexe, faisant miroiter des avantages pratiques. Il s’en est suivi une certaine concurrence entre les collectivités.Ludovia_confpol_Cavecchi

    Elle constate aujourd’hui que les outils numériques remettent en question les relations entre humains.

    De plus, ils ont transformé le rapport à l’intelligence et au savoir, maintenant collectif.

    Pascale Luciani-Boyer, Présidente de la commission numérique à l’Association des maires de l’Île-de-France et représentante de l’Association des maires de France au Conseil National du Numérique, fait valoir qu’on a été obnubilé par les outils, en négligeant de regarder comment ils allaient transformer toutes les sphères de la société. Au constat des erreurs commises, elle souligne l’importance de colliger des données de « benchmarking » pour le développement à venir.

    Heureusement, il y a aujourd’hui une réelle préoccupation des enjeux sociétaux. Dans la sphère scolaire, elle constate qu’un dialogue général s’est établi autour de numérique, mais qu’il y a encore loin de la coupe aux lèvres.

    En abordant la question sous l’angle de l’entreprise privée, Angelica Reyes, de Microsoft Éducation, affirme que les moyens numériques doivent être intégrés, ce qui n’est pas le cas actuellement. Par ailleurs, elle croit que la création de l’Association Française des Industriels du Numérique dans l’Éducation et la Formation (AFINEF), est un regroupement intéressant pour faire évoluer les TICE.

    Justement, Hervé Borredon, président de l’AFINEF, présente cette association composée de 36 acteurs de l’industrie techno-éducative, qu’il considère une véritable filière de ressources éducatives. Il rappelle que celles-ci ont énormément évolué depuis dix ans. En 2003, par exemple, on assistait aux débuts du iPod et des tableaux blancs interactifs, tandis que les ENT supportaient à peine les PowerPoint.

     

    2ème sujet : regards sur l’avenir


    Ludovia_confpol_general

    Le second tour de table, plus rapide en raison du temps qui filait, a porté cette fois sur les prospectives au regard des TICE durant la prochaine décennie. Quoique les prédictions sont toujours difficiles, particulièrement au vu de l’accélération de l’évolution, elles demeurent néanmoins intéressantes, quand on met en commun l’ensemble des analyses, pour tenter d’y voir plus clair.

    Angelica Reyes, de Microsoft, ouvre la discussion en évoquant des technologies déjà émergentes et remplies de promesses. Les appareils tactiles viennent d’abord à l’esprit. Elle donne ensuite en exemple des technologies sans doute moins connues, notamment les technologies immersives, l’inter-connectivité des objets et la visioconférence avec traduction simultanée. Au-delà des technologies, elle croit que la baisse des prix rendra les technologies actuelles plus abordables, accélérant ainsi le passage au BYOD (bring your own device / apportez votre propre appareil) et augmentant du coup la demande sur les infrastructures de bande passante.

    Pour Hervé Borredon de l’AFINEF, il importe d’écourter les délais entre l’adoption sociale des technologies et leur intégration scolaire. Pour y arriver, il y lieu de reconsidérer les rapports dans le triptyque gouvernement-éducation-industrie.

    Pour Raymonde Yerna de la Wallonie, il est indubitable que les outils numériques vont évoluer. Du coup, le rôle de chaque acteur va et doit aussi évoluer. Dès lors que le savoir est accessible en tout temps et en tout lieu, l’enseignant devient le centre de l’action pédagogique, celle-ci étant de plus en plus assistée des nouvelles technologies, d’où l’intérêt de développer des partenariats publics-privés.

    D’entrée de jeu, Catherine Becchetti-Bizot du ministère dément l’opinion trop répandue voulant que les TIC ne soient que des outils. En guise d’exemple, les instruments de lecture et d’écriture modifient fondamentalement les pratiques établies. Les outils ne sont donc pas neutres, ni sur le plan pédagogique qu’éducatif, voire économique et social. Par conséquent, les outils ont également un envers contraignant. L’outil ne fait pas tout, mais il fait beaucoup. Il importe désormais de comprendre le texte qui se dissimule sous le texte, soit le code ou les métadonnées, tout comme le langage des médias.

    Elle souligne que la verticale de la gouvernance n’est plus ce qu’elle était et qu’elle permet aujourd’hui la collaboration. L’occasion est belle de s’unir pour travailler à la reconstruction de l’espace et du temps scolaire, de changer les modes d’évaluation, et de ramener le plaisir et le jeu dans l’apprentissage.

    Hélène Bernard de l’Académie de Toulouse poursuit en évoquant la numérisation des manuels et en demandant si on en viendra à la disparition du papier. Ces exemples soulignent quant à elle l’urgence d’une réflexion nationale sur la prospective. Beaucoup d’argent et d’énergie sont consacrés au virage numérique. Il faut donc coordonner les actions entre les collectivités et l’État afin d’éviter les gaspillages et favoriser l’innovation.

    Viviane Artigalas, de la région Midi-Pyrénées, continuera de prioriser, du moins dans le proche avenir, l’enrichissement des ENT en contenus pédagogiques et l’implantation des équipements numériques. Pour sa part, Marie-Christine Cavecchi de l’ADF s’inquiète du décalage croissant entre l’État et les collectivités et réclame plus de moyens pour répondre à la motivation des collectivités. Par ailleurs, la mutualisation semble indispensable, tant les solutions proposées par l’industrie coûtent cher.

    Enfin, Pascale Luciani-Boyer de l’AMIF croit important de continuer à rattacher les TIC aux enjeux électoraux. Du côté des écoles, les nouvelles approches éducatives doivent être en cohérence avec ce que sera le citoyen de demain. Il faut donc se pencher, non pas sur les outils, mais sur une vision plus globale de l’enseignement et des TICE.

    Somme toute, il appert que d’importantes divergences existent entre les instances nationales, territoriales et locales, tant dans les bilans que dans les prospectives. Le clivage entre les considérations matérielles et pédagogiques, plutôt que de s’atténuer, semble au contraire se creuser. Si les promesses de la dernière décennie en matière de TICE ne se sont pas réalisées, il faut espérer qu’elles serviront de leçon pour celle qui s’amorce.

     

     

  • Le numérique à l’école, un virage vu par trois niveaux de collectivités

    Que va t-il se passer demain dans nos écoles, sommes-nous à un virage ?

    Les collectivités aimeraient avoir une vision plus claire sur ce qu’ils investissent et d’un autre côté, les acteurs de l’éducation nationale aimeraient être formés. Ces représentants des collectivités nous donnent leur état des lieux en matière d’e-éducation et surtout leur ressenti de ce qui devrait être fait pour que le numérique dans les écoles, collèges et lycées fonctionne mieux.

    Anne-Marie Cocula annonce que la région Aquitaine s’est lancée dans l’ENT avec le souci de faire participer tous les établissements et les amener progressivement à prendre ce virage.  D’après elle, la réussite dépend fortement du consentement des enseignants pour faire accepter et faire fonctionner l’ENT.
    L’idée des expérimentations est à retenir, « il ne faut pas non plus vouloir tout faire d’un coup ». Sur 154 EPLE que compte la région Aquitaine, pour l’instant 13 d’entre eux (dont 2 lycées agricoles), sont en phase d’expérimentation de « Léa », nom de l’ENT aquitain.

    Du côté de la Gironde, les services chargés du numérique ont constaté que dans les collèges, les connexions sont encore aléatoires, les débits insuffisants et les identifications imprécises. « Nous menons donc, avec le rectorat, un audit sur les 103 collèges pour les problématiques des réseaux internes », souligne Sylvie Loiseau.
    Elle ajoute que la clarté de la gouvernance doit être de mise. « Nous ne pouvons plus être sur des politiques de silos, qui ne sont pas articulées. Du fait des contraintes budgétaires, chaque euro dépensé doit l’être de manière la plus judicieuse ».

    Elle prend l’exemple du plan DUNE pour lequel un accord devait être signé avec l’ADF et l’ARF ; cela n’a jamais été fait ; « nous n’étions pas dans l’articulation ».

    Anne-Marie Cocula ajoute que les collectivités n’ont jamais cessé de vouloir collaborer avec l’Etat. Quand l’Etat décide de fermer une formation alors que la Région a investi pour équiper des salles destinées à cette formation, la collectivité ne peut rien contester et l’argent a été dépensé pour rien. C’est de cette concertation en amont dont il est question.

    Bernard Cuartero, Maire de Cambes, nous raconte comment il a découvert le numérique à l’école. Dans son village, il a équipé son école en classes mobiles puis en TNI, en accord avec l’éducation nationale et surtout avec les enseignants. Il avoue avoir eu la chance d’être confronté à un directeur d’école et une équipe motivés par cette idée. « Ma démarche était en faveur de l’Ecole de la République ». « Je n’arrive pas en « César » pour imposer mes choix, je discute avec les enseignants car c’est eux qui vivent dans l’école ».

    Les problématiques sont très différentes pour un département, une région, ou une petite commune de 1400 habitants comme celle de Cambes. Néanmoins, tous sont unanimes : ils ne souhaitent plus investir sans avoir la certitude que les outils soient utilisés.

    Une gouvernance est aussi à trouver au niveau d’un territoire : pourquoi ne pas prévoir des choix partagés de l’école maternelle au lycée ? La cohérence ne serait-elle pas dans la continuité ?

  • Plus de 250 millions d’euros par an dans le numérique éducatif

    Quel est le poids des investissements dans les nouvelles technologies éducatives des collectivités territoriales ? Que coûte le renouvellement des matériels chaque année ?  Quels choix stratégiques entre Tableaux Blancs Interactifs fixes ou mobiles, vidéoprojecteurs ?  Doit-on équiper des classes informatiques ou équiper des élèves en ordinateurs portables ou tablettes numériques ? Que coûte à la collectivité le raccordement des établissements en haut-débit et quels frais de fonctionnement et d’abonnement cela implique t-il ?

    Voici quelques-unes des questions que l’étude a tenté d’élucider et qui permet de mettre au jour le poids des TIC dans l’éducation au regard des investissements dans les collèges, supportés par les départements.

    Plus de 250 millions d’euros par an pour le numérique dans les collèges !

    Sur la base des réponses données lors de cette enquête, et après extrapolation, les collectivités départementales dépenseraient chaque année 257 millions d’euros* pour le numérique dans les collèges avec une croissance forte** de ces budgets depuis 2009. La part du numérique dans ces actions serait donc conséquente.

    Pour rappel, les départements français dépensent chaque année 4,565 milliard d’euros pour les collèges qui se répartissent en 2,099 milliard pour le fonctionnement  et 2, 466 milliard pour l’investissement (source OFL 2010)
    Un regard critique mais constructif sur le numérique en classe

    Ce sont les directions éducation des conseils généraux qui, à 69% qui pilotent les politiques en matière d’investissement et d’usage du numérique dans les collèges, bien que souvent les Directions des Services Informatiques soient également dans la boucle. Les principaux interlocuteurs des collectivités sont les missions TICE des rectorats et des autres collectivités territoriales notamment à l’échelle des Régions pour le déploiement des Espaces Numériques de Travail.

    En ce qui concerne l’évaluation des usages et des politiques d’appui au développement et à l’équipement, la plupart des départements, dans leur grande majorité, disposent d’outils de suivi ou d’analyse, soit élaborés en interne, soit fournis par leurs partenaires, mais un nombre important de départements soulignent que les collèges ne leur fournissent pas suffisamment de données significatives leur permettant d’évaluer l’usage réel par les professeurs et les élèves des équipements ou des ressources qu’ils financent  ! Un véritable dispositif d’évaluation des usages des TICE doit être mis en place.

    Pour l’avenir, face aux projets d’évolution des compétences et aux incertitudes budgétaires, 59% des départements interrogés pensent que les investissements dans le numérique seront affectés, ce qui pourrait se traduire par une diminution des lignes d’actions « expérimentations et investissements » dans le futur.

    Les partenariats public-privé sont des solutions qui sont parfois envisagées pour pallier à ces possibles évolutions, cependant les départements restent convaincus  pour la plupart qu’il faut garder la maîtrise dans ces domaines qu’ils pensent indispensables à la cohérence et au développement de leurs territoires. Ce qui ne les empêche pas de souhaiter également à la quasi-unanimité, un renforcement de l’Etat vis à vis de ses engagements financiers, et de son investissement dans la formation initiale et continue des enseignants et de l’ensemble des personnels impliqués dans le numérique.

    Forts de leur expertise, les directions éducation qui pilotent les actions de développement du numérique dans les collèges proposent plusieurs pistes d’actions qui pourraient doper les usages du numérique en classe :
    –    Equiper toutes les classes en matériels (Internet, TNI,..)
    –    Consolider l’existence et les moyens des référents numériques des établissements
    –    Développer et renforcer la formation continue des enseignants sur l’utilisation des TICE
    –    Développer une politique d’incitation aux usages au niveau de la hiérarchie (Etablissement et Ministère)
    –    Adapter l’organisation de l’établissement en fonction du numérique et non le contraire.

    Quelques données chiffrées (premières estimations)
    • Part des budgets éducation dans le budget général des départements : 11,7%
    • Part du numérique dans le budget éducation : 4,9% (4,86% pour 2011)
    • La part du numérique a évolué de 2008 à 2010 de 3,5% à presque 5% aujourd’hui
    • Investissement moyen par élève : 835 euros(budgets général éducation)
    • Investissement« numérique » par élève : 40,30 euros

    Poids et échantillon représentatif constituant cette première évaluation.

    Cette première étude devra s’achever en décembre 2011, les premiers résultats de l’enquête sont estimés selon un échantillon de réponses qui représentent :
    – 2391 établissements publics et privés (collèges)
    – 1 123 276 élèves en collège (en croissance chaque année)
    Soit 35% des élèves en France scolarisés en collège (Chiffre Ministère de l’éducation nationale 2009-2010 : 3 206 112 élèves – source : http://www.education.gouv.fr/pid338/l-education-nationale-en-chiffres.html)

    Les partenaires de l’étude
    L’étude est gérée par l’équipe de Ludovia Magazine sous la responsabilité de la Mission Numérique de l’ADF.

    Des partenaires constructeurs et éditeurs ont souhaité s’associer à cette initiative et apportent leur soutien financier, qui permet la réalisation effective de l’étude : INFOSTANCE/IT’S LEARNING, éditeurs d’ENT, PROMETHEAN et SMART TECHNOLOGIES, fabricants de Tableaux Interactifs et SFR, fournisseurs de services et solutions liés à la téléphonie et à l’Internet pour l’enseignement scolaire.

    L’Assemblée des départements de France : www.departements.org

    Nota :
    * 129 millions en investissement et 128 millions en fonctionnement
    ** + 25% de 2009 à 2010, +9% de 2010 à 2011

  • Claudy Lebreton président des départements de France : Inventer ensemble l’éducation de demain, pourquoi ?

    Claudy Lebreton président des départements de France : Inventer ensemble l’éducation de demain, pourquoi ?

    LEBRETON09071013

    Assumant leurs obligations, les départements font face actuellement à une progression très importante de leurs dépenses sociales, notamment celles des allocations individuelles de solidarité qu’ils mobilisent pour le compte de la solidarité nationale. A ce rythme, dans deux ans, la moitié des départements risquent d’être en incapacité budgétaire si l’Etat ne respecte pas sa  responsabilité en la matière.
    Dans ce contexte difficile,  faire des choix est complexe et douloureux.

    Des repères sont nécessaires pour décider. Le devoir d’éduquer est l’un d’eux. Il a toujours signifié que le futur devait coûte que coûte s’imposer au présent. De ce point de vue, pour les départements,  il n’est pas question de cesser de conjuguer l’éducation et le futur, surtout au moment où la révolution numérique et du multimédia transforme en profondeur les conditions des transmissions culturelles  entre les générations.

    Il y a là un pari à tenir. C’est pour ces raisons que, pour la deuxième fois, l’Assemblée des départements de France (ADF) soutient l’Université d’été Ludovia de l’e-education et des applications multimedia ludiques et pédagogiques en Ariège.

    Ayant la charge de la construction, de l’équipement, de l’essentiel de la logistique et de la maintenance, des personnels de services, des restaurants et du transport scolaire des élèves, les conseils généraux sont désormais des partenaires incontournables des chefs d’établissements, des personnels enseignants et des académies. La crise des finances publiques n’entamera pas leur détermination à le rester.
    L’année dernière, les débats de l’université d’été Ludovia avaient fait apparaître trois nécessités. La première était  de promouvoir en priorité l’accompagnement personnalisé des élèves et de se projeter dans la mobilisation des ressources et contenus pédagogiques numériques pour y parvenir. La seconde était d’inclure  cet accompagnement dans une conception élargie de la communauté éducative mais aussi dans un suivi dépassant la stricte séparation de l’école, du collège et du lycée. La troisième était de s’orienter vers la notion de bassins territoriaux d’éducation afin de mutualiser les ressources entre les établissements et entre les collectivités territoriales.

    L’édition 2010 de Ludovia s’inscrit dans la poursuite des réflexions de 2009 puisqu’elle est placée sous le thème de la créativité et de l’innovation et que la notion d’« établissement  du XXIe siècle » sera au centre des débats. 

    Je ne doute pas que Ludovia 2010 démontrera une fois encore sa créativité et sera, comme à l’accoutumée « agitateur d’idées » et « laboratoire du futur ».  Nous avons besoin aujourd’hui de ces temps de créativité et d’expérimentation pour ne pas céder aux peurs ou aux conformismes du passé. L’architecte Buckminster Fuller a écrit « la meilleur façon de prévoir l’avenir est de l’inventer ».

    Que Martin MALVY, président de la région Midi-Pyrénées, Augustin BONREPAUX, président du conseil général de l’Ariège –avec Henri EMMANUELLI président du conseil général des Landes- et l’ensemble des partenaires de Ludovia, soient salués pour leur ténacité à inventer le futur de l’éducation.

    Au nom de l’ADF, je souhaite que de nombreux départements convergent cette année vers Ax-les Thermes. Plus que jamais, pour l’éducation de nos enfants et, demain, l’avenir de nos petit-enfants, nous avons besoin de créer et d’innover ensemble. Sur ce chemin, Ludovia et l’Ariège sont désormais une étape importante…

    Claudy Lebreton
    Président de l’Assemblée des départements de France
    Président du conseil général des Côtes d’Armor.