Catégorie : RETOURS D’USAGES

  • La classe est-elle plus mobile avec le numérique ?

    La classe est-elle plus mobile avec le numérique ?

     

    Ludovia_T4Introduction par Corinne Martignoni
    Qu’est-ce qui est vraiment mobile ? est-ce que cela met en cause le concept de classe ou cela l’enrichit-il ? quel bilan des expérimentations ?


    Marie-Noëlle Martinez, chercheur de l’Académie de Toulouse
    (expérimentation tablettes au collège d’Albi, classe de 6ème)
    Elle suit une expérimentation de tablettes dans un collège à Albi. Elle note la volonté de faire entrer l’école dans l’ère numérique. Cependant, nous disposons de très peu de retour sur les expérimentations de tablettes qui ont débuté en 2010. Dans l’AC Toulouse, 2 expérimentations. Une troisième a été mise en place de telle sorte que chaque système d’exploitation soit testé (Apple, Android, Microsoft).
    Méthodologie employée : un questionnaire initial a été distribué aux élèves, enseignants et parents pour recueillir les représentations, puis un questionnaire final (bilan). A cela s’ajoute l’observation en classe et l’évaluation des résultats scolaires.

    Perception de l’utilité des tablettes ; 89 à 100% des élèves, enseignants et parents pensent que l’usage des tablettes a une influence positive sur les apprentissages. Peu de différence après 5 mois d’utilisation, néanmoins ce sont les enseignants qui sont les plus sceptiques (89%) au départ et les plus convaincus après 5 mois (100%).

    L’outil est perçu comme un outil facile d’utilisation et donc utile dans le travail.

    Au début, les problèmes techniques sont un frein. Après 3 mois, on note une adaptabilité des enseignants et des élèves. De plus, les enseignants disposent de solutions de rechange en cas de problème technique (préparation de matériel de secours au format papier par exemple).

    Les plus-value sont difficilement mesurables. Néanmoins, 100% des parents souhaitent la poursuite de l’expérience. La motivation est très forte de la part des parents, des enseignants et des élèves.

    Il y a une corrélation entre l’utilité et l’affect: si l’élève aime l’outil, il en verra l’utilité et inversement.

    L’élève est sous influence de l’enseignant: comment influencer l’enseignant dans ses pratiques?  Par la formation ? Il n’a pas été noté de corrélation des parents sur les élèves: si le parent n’aime pas la tablette, l’élève l’aime quand même.

     

    André Delacharlerie de la Délégation de Wallonie intervient à son tour.
    On passe en Wallonie et leur utilisation de la tablette dans une éducation par et au numérique. Compte-rendu en 1ère primaire (CP) par une enseignante qui utilise 12 tablettes android et un projecteur.

    Apprentissage, différenciation et remédiation sont les axes d’utilisation des tablettes. L’avantage spécifique de la tablette, c’est sa mobilité : travail individuel avec ou par pair, puis travail par groupe en emportant à chaque fois sa tablette. Possibilité de l’utiliser en rue comme en classe. Les élèves peuvent expliquer les choses devant la caméra et ainsi, structurer leur pensée.

    La tablette a changé sa manière d’enseigner. Certaines choses ne seraient pas possibles au moyen de papier/crayon. Tablette et mobilité sont des concepts qui se chevauchent.

    Le rendement de travail est meilleur : l’enseignante constate 3 fois plus de travail en classe. L’outil est vite maîtrisé : la tablette est un couteau suisse.

    La tablette est un outil intéressant, mais pas le seul. D’autre part, beaucoup trop de logiciels partent de ce que savent faire les développeurs, mais pas des besoins des enseignants. Les enseignants ont besoin de logiciels ouverts (souples), simples et ergonomiques. L’utilisation du « Cloud » est aussi une demande importante en terme de portabilité (école/domicile/maison).

    20 tablettes, ce sont 20 cerveaux qui fonctionnent. Combien de cerveaux sont mobilisés avec un TNI ?

    Acquisition des apprentissages : il est important de  promouvoir la collaboration entre enseignants. L’enseignant ne doit pas inventer et développer seul les ressources.

    Pour lui, les nouvelles technos fonctionnent si on s’investit beaucoup.

    Intervention de Jean-Loup Burtin, Directeur de la société FORMATICE pour BIC Education,
    «On ne peut pas faire fi de son passé» Quelques jalons de réflexion :

    Quelques interrogations : la tablette pour parler de mobilité et nomadisme ? problématique des ressources ? Pas d’écosystème créé . Quels sont les usages pédagogiques des TICE ? Derrière les disciplines il y a bien de la didactique, quel est l’apport du numérique ?
    Le contexte de l’école et des élèves a changé: comment la pédagogie évolue ?

    Comment les élèves apprennent ? Le numérique outil discriminant selon l’accès au numérique.

    Les Lieux et temps d’apprentissage et d’éducation sont modifiés par le numérique. Il faut prendre en compte ces changements.

    JL Burtin évoque le problème de l’évaluation des usages de l’ENR qui n’a pas été fait.
    On a pas encore défini ce qu’est le numérique éducatif et son apport à l’enseignement.

    On est passé d’un empilement d’ordinateurs  à un empilement de tablettes.

    Le matériel devrait nous servir à réfléchir sur la finalité de leur utilisation en classe.

    Se pose ensuite la question des ressources à mettre à disposition. Dans la mesure où les lieux et les temps d’apprentissage sont modifiés par le numérique, l’organisation spatiale de la classe serait à repenser ainsi que les modalités d’apprentissage avec le numérique.

    Avantages :

    • travail scolaire bonifié : gain de temps et meilleur répartition du travail. On note aussi un accès accru à l’information actuelle (à jour)
    • les facteurs psycho-sociaux de la réussite scolaire : si la motivation est une tarte à la crème sans y ajouter l’intérêt de l’apprentissage. L’attention est néanmoins améliorée
    • Interactions entre les acteurs (profs, parent, élève)
    • Equité et ouverture sur le monde

    L’école est plus sur la mobiquité (un usage sédentaire d’outils mobiles) que sur la mobilité.

     

    2ème temps de la table ronde  Retour d’expérimentation tablettes tactiles

    Michèle Monteils, chef projet tablettes à la DGESCO
    La tablette s’inscrit dans le prolongement des expériences faites avec les ordinateurs portables. Des témoignages d’usages à retrouver sur Eduscol : usages très variés selon les académies. Les expérimentations de tablettes ont lieu plus massivement dans les collèges.

    15000 tablettes sont actuellement en expérimentation en France dans 119 écoles, 174 collèges et 42 lycées.

    Avoir une tablette sous la main représente un changement notable dans la présence du numérique en classe, car elle est vraiment sous la main et devient un outil parmi d’autres sur la table de l’élève.
    Dans de nombreuses disciplines, elle a un impact positif dans les apprentissages, mais toutes les disciplines ne sont pas égales en cette matière. La possibilité de faire des photos ou des vidéos est notamment mise en avant, notamment dans le contexte d’une sortie de classe.
    Une réserve est émise par Michèle Monteils sur l’utilisation et la plus-value de la tablette en mathématiques.

    L’aspect couteau suisse de la tablette est à nouveau mis en avant. Par contre, Michèle Monteils observe peu d’innovations des pratiques via la tablette. [Remarque perso : mais les expérimentations n’ont que 3 ans… stade normal de l’introduction d’un nouvel outil, on sait que l’enseignant adapte d’abord l’outil à ses pratiques habituelles avant de, peut-être, modifier ses pratiques]

    Quelles perspectives?
    Pour Michèle Monteils, la tablette mobile va l’emporter à l’école sur la tablette personnelle. Volonté de contraindre à l’activité des élèves au travers de dispositifs techniques permettant à l’enseignant de garder la maîtrise de l’accès aux applications et la connexion à internet. L’avenir est-il à la tablette hybride permettant d’être à la fois ordinateur et tablette ou à des tablettes dédiées (et donc fermées) – dans ce dernier cas pour le primaire.

    Elle dresse quelques constats sur des retours d’expériences :

    • rapidité de mise en œuvre  / autonomie / légèreté / simplicité d’utilisation / mobilité
    • Peu de mobilité hors de la classe : frilosité à sortir de la classe.
    • Modification des usages des tice en classe : outil parmi d’autres sur la table. Bonne séance quand l’enseignant suscite le désir de savoir, d’apprendre.
    • Impact positif sur les apprentissages de nombreuses disciplines : plus-value pour les langues / mobilité en cours d’EPS, modification des stratégies d’apprentissages quand il y a sortie / réserve sur l’usage en maths.
    • Alternance travail individuel/ collectif : tablette et tableau se complètent
    • Apparente simplicité : à nuancer
    • Contraintes techniques : nécessitent des compétences que ne maîtrisent pas tous les enseignants
    • Évolution rapide, offre qui se diversifie

     

    Jean-Paul Moiraud intervient à son tour
    Mobilité des corps ou des espaces? Inconstance et instabilité forment la définition première de la mobilité.

    La mobilité est souvent donnée comme égale à tablette. Or, il n’en est rien. Les ENT sont aussi un moyen d’être mobiles et sans tablette. Par ailleurs, la mobilité à l’école n’a pas attendu le numérique. Jean-Paul Moiraud rappelle que, dans les années 60, la mobilité des objets existait déjà en classe : ainsi en était-il des émissions de radio scolaire qui apportaient l’éducation musicale dans la classe. (cf entretiens de Jean Valérien). «On réinvente  ce qui existe déjà».

    Mobilité des espaces: Exemple des « maternages par skype » des nounous  philippines qui sont mamans à distance. Les espaces virtuels permettent la mobilité…
    La mobiquité  : on peut être mobile sans bouger…

    Ludovia_T4bis

  • 10 ans après le lancement des ENT où en est-on ?

    10 ans après le lancement des ENT où en est-on ?

    Ludovia_ENT2
    Voici donc ce qui nous en a été restitué, sachant que le travail n’est pas encore terminé et qu’un document public sera proposé prochainement.

    Le détail du travail sur les différents thèmes est consultable en ligne ici.

    Dans une ambiance de “satisfaction généralisée” qui a paru bien artificielle par moments, voici quelques points saillants qui ont été abordés :

    L’ENT et les réseaux sociaux

    Cela pose beaucoup de questions non résolues mais c’est la première fois que la problématique était abordée dans ce cadre : Faut-il intégrer les réseaux sociaux à l’ENT ? En créer un privé ? Intervenir sur les réseaux publics pour apprendre aux élèves à gérer leur identité numérique ? Comment imbriquer les espaces ? À aucun moment n’est évoqué le fait que l’ENT puisse être considéré déjà en lui-même comme étant un réseau social !

    Des préoccupations juridiques

    Elles ont été nombreuses autour des droits à respecter, des données et des responsabilités des différents acteurs, 10 ans après le lancement des ENT ces questions ne semblent pas réglées, à moins qu’elles ne reflètent plus de peurs que de problèmes non résolus. Il est également possible que ces questions ne soient pas correctement posées et que par conséquence il soit impossible d’y répondre.

    Entre cadrage et de souplesse

    La nécessité de la cohérence est omniprésente dans les propos mais semble difficile à trouver ; l’ENT est tour à tour présenté comme protecteur, ouvrant sur l’extérieur, divers mais devant converger vers un ou des modèles nationaux et permettant de travailler sur tous les cycles… Généraliser et unifier ou diversifier, la question n’est pas tranchée ! Pourtant le nouveau cycle à cheval sur le primaire et le collège pose la question de la continuité des ENT voire d’un ENT commun pour pouvoir travailler en inter-degré.Ludovia_ENT

    La mutualisation et la collaboration

    Elles sont au coeur des souhaits exprimés, mais les favoriser via les ENT n’est pas chose aisée… Plus généralement, nous manquons de retours et d’analyses sur les usagers, ce qu’ils font sur les ENT, ce dont ils ont besoin et envie.

     

     

    Une définition de l’ENT

    Elle a été construite pendant la consultation :

    “l’ENT est un projet de portail sécurisé (pour garantir le droit à l’erreur de l’élève) donnant accès à des services numériques collaboratifs et pédagogiques, choisis et organisés par et pour la communauté éducative d’un territoire et de ses établissements”

    Une carte mentale a été réalisée pendant la restitution. Elle reste modifiable et améliorable par ceux qui le souhaitent sur  http://www.mindmeister.com/321589632

    Réaction de Bruno Devauchelle  :

    • Quelle généralisation des ENT ? le concept reste à définir ou tout du moins à préciser.
    • Un fait, les ENT sont là et correspondent à des besoins, des craintes et des attentes
    • Nécessité d’harmoniser, impossible de mettre en place les ENT dans le bricolage et l’anarchie, il faut que ça marche pour que ce soit acceptable et accepté !
    • A-t-on les moyens techniques et intellectuels de relever le défi de la complexification ? On ne peut pas concurrencer Google et pourtant il le faudrait ! Il faut aussi l’admettre quand ça ne marche pas…
    • Les mots « pédagogique » et « éducatif » sont à clarifier, ils sont fourre-tout et on oublie le didactique !
    • Mobilité versus nomadisme, interopérabilité…
    • Notion de cadre, volonté de rationalisation mais comment éviter que le cadre ne devienne une contrainte ? Le fantasme des profs persiste sur le contrôle par le Ministère via un ENT national ou sur le contrôle par les parents.

    Axes de réflexions proposés par Bruno Devauchelle (@brunodev sur Twitter) :

    – Il y a un affrontement entre fait scolaire et fait social qui ne sont plus au diapason depuis 10 à 15 ans, le numérique et les réseaux sociaux en sont un élément : par exemple que fait-on de l’interdiction des smartphones dans les collèges si l’ENT est accessible dessus ?

    – Il y a une fausse confrontation entre LMS et ENT :  le LMS est un outil intéressant et c’est une des briques pédagogiques d’un ENT. Il est nécessaire d’arrêter les querelles car il y a une grande expérience dans les LMS et des évolutions positives (comme Spiral Connect avec les universités de Lyon1 et Louvain la Neuve, par exemple)

    – Il est nécessaire d’éclaircir les concepts “pédagogique” versus “éducatifcar il reste trop de confusion entre les deux notions. L’école a d’abord une action pédagogique, puis par effet de système une mission éducative mais il manque l’éducation hors de l’école. Par exemple qu’est ce que la vie scolaire ? Tout ce qui est n’est pas scolaire ! Mais les cloisonnements structurants disparaissent. On ne sait plus où sont les frontières.

    Le lien avec les parents est encore chargé de fantasmes. Oui ceux-ci sont content de savoir ce qui se passe dans l’établissement mais ils ne souhaitent pas fouiller ou interférer (sauf peut être une toute petite minorité qui peut amener à des réactions disproportionnées).

    – De quoi parle-t-on quand on utilise les termes culture numérique ? Enseigner au et par le numérique, savoir où se situe le numérique dans mes activités ?

    Distinguer pédagogie et didactique : clarifier ce que l’on appelle pédagogie, et l’ingénierie didactique

    Quelle place des ressources ? On n’entend pas parler des documentalistes et de la place du CDI, lieu d’où l’on accède au monde extérieur. Quels sont le rôles de ceux ci et comment les ressources sont-elles intégrées et utilisées par les enseignants et les élèves ?

    Collaboratif : Avant de parler de collaboration il faut parler de communauté éducative, faire corps avec les élèves ce qui implique d’autres organisations et visions que celles en cours actuellement.

    Problèmes juridiques : étonnant qu’il faille 10 ans pour aborder les questions juridiques. Ce retard est sans doute lié à un imaginaire du juridique ? Faut il s’asseoir dessus ?

    L’interopérabilité va se jouer avec la mobilité et le nomadisme, elle est liée avec l’articulation vie réelle / vie scolaire. Fermer ou ouvrir, il va falloir faire des choix éducatifs radicaux. Il est indispensable de préciser ce concept également : interopérabilité entre les solutions ? intégration d’autres services et ressources mutualisées issues de prestataires publics ou privés, récupération par les enseignants et les élèves de leur informations et documents lors de changement d’établissement, …

    L’harmonisation est à rechercher sinon ce seront des opérateurs externes non coordonnés qui obligeront l’école à s’adapter à leur solution (NDLR : l’ombre de Google plane encore à ce moment de l’exposé).

    – Qui sont les vrais usagers des ENT ? Les données sur les retours d’usages sont nettement insuffisantes. Il faut interroger les élèves, les profs, les parents et l’institution, tenir compte de leurs besoins, préparer un livret d’accueil (pas un mode d’emploi) et rendre les ENT plus affordants (évident à utiliser et répondant à des besoins partagés par le plus grand nombre).

    Pour conclure, face à l’imaginaire sur le développement des ENT notamment lié à une sous information des problèmes techniques ou fonctionnels rencontrés, les institutions doivent avoir le souci d’expliquer aux gens et de mieux communiquer.

    NDLR : un document papier assez volumineux a été remis pendant la session mais celui ci ne semble pas disponible en ligne dans l’attente d’une publication validée et définitive sur le site du Ministère.

     

     

     

  • EtiGliss ou comment créer sur tablette des activités structurantes pour les 5-8 ans.

    EtiGliss ou comment créer sur tablette des activités structurantes pour les 5-8 ans.

    Les tablettes numériques ont très vite montré un potentiel énorme pour l’éducation et en particulier pour les plus petits qui peuvent, du bout des doigts et sans le “frein” du clavier, réaliser diverses activités structurantes pour acquérir puis exploiter la lecture ainsi que bien d’autres apprentissages.

    Beaucoup d’applications très ludiques et fort attrayantes existent mais très rares sont celles qui laissent à l’enseignant la possibilité de définir lui-même le contenu exact de ses activités.

    EtiGliss a été développé sur les indications de Christine Van Hove, institutrice en Belgique, qui présentera – via une séquence vidéo – les objectifs de l’outil et quelques exemples d’exploitations en classe de CP. Aux dires des enseignants qui ont utilisé EtiGliss en classe cette année, ceux-ci ont spécialement apprécié la “facilité d’usage pour le prof comme pour les élèves”, “la capacité d’associer l’image, le texte et l’audio” qui permettent aussi de “créer des exercices pour dysphasiques et dyslexiques”.

    De façon plus courte encore : “Etigliss libère de l’écriture, l’énergie est portée sur la notion”.

    L’atelier montrera dès lors comment construire très simplement des activités qui pourraient être immédiatement exploitées en classe dès la maternelle mais aussi au CE et CM et même dans le secondaire, démontrant que les promesses du numérique et l’imagination du professeur peuvent être rapidement combinées pour déboucher sur des activités d’apprentissage attrayantes et efficaces.

    Voir le programme général de l’Université d’été LUDOVIA 2013 ici

  • Construction d’un iBook pédagogique… pour tous ?

    Construction d’un iBook pédagogique… pour tous ?

    Ludovia_Geuquet

    Construire une séquence pédagogique pour une classe « numérique » comporte plusieurs défis. Le premier est évidemment de cadrer au programme tout en apportant la plus-value de la tablette numérique. Celle-ci a beaucoup d’avantages. En effet, elle concentre dans un outil directement dégainable Internet, traitement de texte, applications ludiques et exerciciels, caméras, appareils photos, dictionnaire,… Tout en gardant la structure pédagogique de nos « anciens » cours, il faut laisser libre cours à son imagination pour intégrer des exercices motivants. Cependant, tout n’est pas rose… le défi principal est clairement la formation des enseignants. Beaucoup ne sont déjà pas à l’aise avec l’outil informatique « classique » et ont de sérieuses appréhensions à s’engager dans une voie numérique supplémentaire.

    La promesse…  Les tablettes numériques tiennent leurs promesses en classe, surpassant même nos attentes sur certains points.
    Cependant, pour remplir pleinement leurs rôles, la formation des enseignants doit elle aussi prendre en compte cette nouvelle réalité.

    Ludovia_Geuquet180813

    Construire son propre contenu numérique, c’est possible !

    En Belgique, le marché de l’édition scolaire est un tel casse-tête que les éditeurs ont des appréhensions à y ajouter la révolution numérique.

    De plus, la plupart des enseignants belges ont pris l’habitude de construire leurs propres séquences pédagogiques en « piochant » à droite et à gauche et en créant de toutes pièces les activités pédagogiques qui feront leurs cours.

    Forts de cette expérience, nous avons donc décidé, à l’Athénée d’Ans, de construire nos séquences numériques nous-mêmes.

    Nous utilisons aujourd’hui iBooks Author, programme convivial accessible au plus grand nombre, mais cadenassé « Apple ». Il nous permet d’apporter une structure numérique à nos cours et de compléter harmonieusement une version « papier ».

    La promesse… Difficile pour le milieu de l’édition de tenir sa promesse de contenu numérique ! Devant cet état de fait, les enseignants doivent construire leur propre contenu pédagogique mobile. Certains programmes, iBooks Author notamment, ont posé les rails pour que puisse se lancer les enseignants.

    Expérience en classe

    J’utilise les tablettes numériques en classe depuis maintenant un an et demi. Le résultat est très positif avec quelques considérations surprenantes. Tout d’abord, la motivation des élèves ne s’est en rien érodée. De plus, en intégrant l’outil numérique « en spirale », les élèves restent sur le même pied et acquièrent les compétences nécessaires petit à petit et tous ensemble. En effet, beaucoup d’entre eux n’avaient qu’une connaissance très approximative de l’ordinateur.

    Excepté les réseaux sociaux, leurs compétences s’avèrent très limitées en début d’année. Mais elles évoluent : ils maîtrisent en fin d’année les outils de partage, traitements de textes, …  et gagnent certainement en autonomie quand ils sont confrontés à une nouvelle problématique. Les applications dites « exerciciels » se sont par contre révélées assez limitées, voire décevantes. Un argument supplémentaire dans notre volonté de construire nous-mêmes nos propres activités pédagogiques.

    Voir le programme général de l’Université d’été LUDOVIA 2013 ici

  • booster le « numérique au service du pédagogique », exemple d’usages en Education Physique

    booster le « numérique au service du pédagogique », exemple d’usages en Education Physique

    Ludovia_XavierFlamme

    Dans le cadre du projet « École numérique », nous avons développé dans la section Education physique de l’Institut d’Enseignement Supérieur Parnasse-ISEI (Haute Ecole Léonard de Vinci) plusieurs dispositifs de formation initiale qui insèrent les Tics en tant qu’outils pédagogiques.

    L’objectif du projet est de former les étudiants (futurs enseignants) par l’analyse vidéo mais également de les former à utiliser cet outil dans le cadre de leur stage afin de faciliter l’apprentissage des élèves en éducation physique.

     Apport du numérique

    Concrètement, les dispositifs testés dans plusieurs disciplines (gymnastique, athlétisme, natation, etc.) se déroulent en deux étapes. D’abord, l’enseignant conçoit plusieurs ateliers où les élèves réalisent des prestations qui sont filmées à partir d’une tablette et/ou d’une caméra reliée à un ordinateur portable. A l’issue de leur mouvement, l’élève a la possibilité non seulement de s’observer en action via la vidéo mais également d’analyser celle-ci, seul ou à plusieurs, à l’aide d’outils proposés par le logiciel d’analyse vidéo Darfish classroom.

    Synthèse et apport du retour d’expérience en classe

    Les résultats montrent que l’utilisation de l’analyse vidéo à partir de tablettes et/ou d’ordinateurs portables permet une amélioration de la qualité de l’activité morpho-cinétique, ainsi qu’une augmentation de certaines facettes de la motivation et du sentiment d’autonomie des apprenants. Elle semble toutefois avoir tendance à diminuer le sentiment de compétence, nécessitant donc une attention et un encadrement particuliers dans ce sens. De manière globale, l’outil rencontre l’adhésion des étudiants et des enseignants.

    Dans le cadre de leurs travaux de fin d’études, les dispositifs ont également été testés par des étudiants dans trois écoles secondaires partenaires. L’objectif était de mesurer l’impact de l’analyse vidéo lors d’une séquence d’apprentissage sur l’évolution de la motivation et du niveau d’apprentissage des élèves. Une comparaison entre un groupe-classe ayant  bénéficié de l’analyse vidéo et un autre où ce dispositif n’a pas été utilisé a montré, dans le premier, une progression de 10% de l’apprentissage moteur des élèves, mais peu d’impact sur la motivation des élèves vis-à-vis du cours d’Education physique.

    Cette expérience met en évidence l’apport potentiel des nouvelles technologies dans l’enseignement en formation initiale mais également soulève des questions essentielles au niveau de la construction des savoirs et le rôle de l’enseignant dans ce processus.

  • Des QRcodes pour lier les publications numériques des élèves à l’espace physique de l’établissement et aux livres de la bibliothèque

    Des QRcodes pour lier les publications numériques des élèves à l’espace physique de l’établissement et aux livres de la bibliothèque

    Ludovia_Jourde180813
    Pour impliquer les élèves dans les apprentissages scolaires, c’est-à-dire pour favoriser leur motivation intrinsèque, on peut s’appuyer sur la publication finale de certains travaux scolaires. En effet, cette publication permet de dépasser le cadre strictement scolaire : elle donne aux travaux une existence publique, durable et ouverte à des possibles interactions. Elle renouvelle ainsi le sens et l’enjeu des activités scolaires. De plus, la publication des travaux permet de construire une mémoire et une certaine culture d’établissement.

    Apport du numérique ou présentation de la techno utilisée

    Concrètement, un site permet de publier les travaux. Mais pour en faciliter et en pérenniser l’accès, on peut placer des QRcodes en différents endroits de l’établissement ou, plus spécialement, sur les livres de la bibliothèque correspondants aux travaux.

    Les QRcodes renvoient directement aux ressources et sont décodables par smartphones, tablettes, ordinateurs portables ou postes fixes équipés de webcams.

    Pour optimiser et pérenniser le dispositif, chaque hyperlien renvoie vers un mot-clé (par exemple « Voltaire »), garantissant ainsi l’accès aux futures publications à propos de ce mot-clé.

    Le résultat est donc l’inscription par hyperliens de ressources numériques (produites par et pour de successives générations d’élèves) dans l’espace physique (ouvrages et/ou endroits de la bibliothèque).

    Site des travaux : http://travauxphilo.blogspot.fr/

    Quelques images du dispositif : http://wp.me/p28Np-iU

    Relation avec le thème de l’édition

    Cette démarche techno-pédagogique repose sur une promesse : assurer une diffusion  et une relative pérennité aux publications scolaires.

    Elle repose aussi sur les imaginaires des élèves : la plupart des publications sont des jeux de transformations et d’invention multimédias.

    Synthèse et apport du retour d’expérience en classe 

    Ce projet a vocation à s’inscrire dans la durée (les ressources correspondent actuellement à 3 années scolaires). L’expérience a déjà montré l’intérêt suscité chez les élèves comme chez une partie de la communauté éducative.

    Le dispositif peut évidemment concerner l’ensemble des disciplines scolaires et, dès lors, coloniser numériquement d’autres rayons de la bibliothèque !

    Un frein à la consultation des ressources reste actuellement l’absence de réseau WIFI dans la bibliothèque (ainsi que la faible couverture 3G).

    Voir le programme général de l’Université d’été LUDOVIA 2013 ici 

  • Les outils nomades, outils de cadrage ou moteurs de créativité ?

    Les outils nomades, outils de cadrage ou moteurs de créativité ?

    Avec l’évolution des technologies, le CDI prend une place de plus en plus centrale dans l’établissement scolaire. L’intégration d’outils nomades, comme les tablettes tactiles dans les pratiques professionnelles, redéfinit, d’une part, les missions du professeur-documentaliste, et d’autre part participe toujours plus à l’évolution des pratiques pédagogiques des documentalistes. Pour autant, ces outils ne sont pas une révolution en soi. Mais ils contribuent fortement à améliorer le travail des enseignants depuis quelques années maintenant et à rendre les élèves toujours plus autonomes.

    Le CDI, Centre d’Information et de Documentation, a également fait sa « révolution » vers ce que l’on nomme depuis peu le CCC Centre de Connaissances et de Culture. Ce tournant prend en compte les nouveaux outils et donc les nouvelles sources d’informations.

    La spécificité des outils nomades se caractérise à plusieurs niveaux :

    –       elle favorise une dynamique autour d’un projet collaboratif. Les élèves par petits groupes échangent et commentent leurs idées, les transcrivent via une tablette, qui passe de main en main. Ainsi, la tablette permet d’associer lecture et écriture ;

    –       elle développe la créativité des élèves et donc la motivation, mais aussi une confiance en soi nécessaire à leur progression et à leur développement personnel ;

    –       elle s’intègre dans l’environnement éducatif. Les élèves sont de plus en plus équipés d’outils nomades, téléphones portables notamment, qu’il faut s’approprier et intégrer au CDI ; on ne peut plus interdire les portables…

    –       elle permet un accès différent aux savoirs et aux ressources avec son système de stockage et de conservation ;

    –       elle s’adapte aux besoins éducatifs particuliers des élèves grâce à son aspect multi-sensoriel atteignant ainsi tous les publics ;

    Dans ce contexte, on peut se demander si le caractère intuitif des tablettes favorise la créativité chez les élèves ? Ou au contraire si les tablettes restent un outil numérique comme les autres à utiliser dans un cadre pédagogique défini ?

    Ce qui caractérise le CDI en établissement scolaire c’est la liberté de travail dont le professeur-documentaliste jouit au quotidien :

    –       grâce aux partenariats qu’il entretient avec ses collègues, avec les organismes extérieurs, qu’ils soient culturels, associatifs…

    –       dans la manière dont il gère son CDI : que communique t-il et à qui ? Comment et dans quel but ?

    Cette liberté est propice à la découverte de nouveaux outils tels que les tablettes, en laissant de côté le cadre institutionnel lourd mais nécessaire à la réussite des élèves. Alors comment laisser la place à l’imaginaire et à la création ?

     

     

     

     

  • Apprentissage de l’anglais et mondes immersifs : quelle plus-value ?

    Apprentissage de l’anglais et mondes immersifs : quelle plus-value ?

    Les questions initiales et hypothèse initialeEn tant qu’enseignante d’anglais en collège, je me suis posée un certain nombre de questions :

    – Comment stimuler l’intérêt des apprenants pour l’apprentissage de l’anglais tout en les familiarisant avec l’usage des Tice ?

    – La mise en œuvre d’un projet dans un environnement  d’apprentissage mêlant simulation globale, approche actionnelle et co-apprentissage pourrait-elle déboucher sur une motivation accrue des apprenants et, à son tour,  favoriser l’amélioration des compétences langagières en anglais ?

    – Quels outils peut-on alors proposer aux apprenants et comment réconcilier objectifs pédagogiques, démarche d’apprentissage et choix des outils ?

    Je vais donc vous présenter un projet e-twinning où les apprenants avaient pour mission de créer leur école dans une optique de simulation globale. Les mondes virtuels m’ont paru particulièrement adaptés à cette approche car, en tant qu’outil de simulation, ils constituent un cadre d’entraînement des apprenants à des situations de communication telles qu’ils peuvent les rencontrer dans la vie réelle. Ils s’immergent dans le monde qu’ils créent par le biais des « mondes immersifs ». La langue et son apprentissage sortent alors de la salle de classe pour aller vers l’autre.

    Le projet e-twinning : « A School over the Rainbow »

    Participants : cinq enseignants : France, Grèce, Turquie, Pologne et Roumanie, 160 élèves, âgés de 11 ans à 15 ans

    Public visé en France : des élèves de 6ième et de 5ième

    Objectifs : les élèves ont pour mission de créer virtuellement leur école, d’y assumer de nouveaux rôles et de réagir face à des situations qu’ils peuvent, par ailleurs, rencontrer dans la vie réelle et donc d’y simuler toutes les fonctions du langage nécessaires.

    • objectifs éducatifs :

    – développer les compétences interculturelles tout en apprenant une langue

    – sensibiliser à “l’éducation à la citoyenneté”

    objectifs  pédagogiques :

    – accroître les compétences orales et écrites (A2 dans le respect des directives du CECRL)

    – motiver en stimulant l’imagination au travers de l’usage d’outils informatiques innovants

    – promouvoir l’apprentissage collaboratif et en autonomie guidée pour des apprenants plus actifs

    Déroulement : les quatre tâches reprenaient les différentes étapes de création d’une école

    Cadre de déploiement de ce Travail Collaboratif Médiatisé par Ordinateur :

    1) une plateforme européenne e-twinning équipée de différents outils de communication. Ce dispositif de jumelage électronique encourage la coopération pédagogique entre des établissements scolaires européens des premier et second degrés via l’utilisation des TICE.

    2) un monde immersif mis à disposition par la société ACTENGO avec le soutien de la mission Tice du rectorat depuis le mois de mai. Il peut accueillir jusqu’à 160 élèves/ avatars. Cet outil peut fonctionner comme : 1) outil de communication synchrone, 2) outil de mise à disposition de ressources soit des documents texte (format PDF) soit des fichiers son (mP4) et 3) outil de développement des compétences informatiques.

    Lors de cet atelier,  je vais vous montrer quelques-unes des pistes d’exploitation pédagogiques que j’ai pu explorer.

     

    Voir le programme général de l’Université d’été LUDOVIA 2013 ici
     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

  • Comment l’usage pédagogique de la tablette numérique renforce-t-il les compétences des élèves ?

    Comment l’usage pédagogique de la tablette numérique renforce-t-il les compétences des élèves ?

    Ludovia_AtelierAlbiwindows8
    À l’heure où la société se fait envahir par le numérique, je m’interroge sur la place qu’il doit, ou devrait occuper dans l’enseignement. Le B2i, qui avait fait son apparition dans un B.O en 2001, puis l’apparition du socle commun de compétences en 2005, impulsaient déjà cette nouvelle orientation. Récemment, M. Vincent Peillon, Ministre de l’éducation nationale, a clairement affiché sa volonté de « faire entrer l’école dans l’ère du numérique ».

    On comprend parfaitement qu’une fracture numérique entre l’École et la société doit être évitée : l’École doit s’adapter et évoluer dans ce sens. D’ailleurs, il existe de fortes attentes de la part des enseignants, des élèves, et même des parents, en matière de numérique interactif. Il est clair que les avantages de certains outils sont indéniables : ils permettent d’améliorer l’efficacité des enseignements, de mieux les personnaliser et l’interactivité des cours est une source supplémentaire de motivation pour les élèves.

    Apport du numérique ou présentation de la techno utilisée

    L’académie de Toulouse a mis en place en 2011/2012 deux expérimentations d’utilisation de tablettes numériques dans deux le second degré : une avec des tablettes sous Android et une autre avec des tablettes Apple, des Ipad2. Pour compléter ces expérimentations, elle a donc lancé pour l’année en cours, une troisième expérimentation sous Windows 8 afin d’avoir une vision globale de l’ensemble (IOS, Android et Windows 8) et d’identifier les possibilités et les limites des trois principaux systèmes dans l’enseignement.

    Plusieurs expérimentations sont en cours sur les tablettes dans toute la France mais aussi outre-Atlantique. Il s’agit d’un outil multimédia nomade qui offre une multitude de possibilités. Sa facilité de prise en main et ses nombreuses fonctionnalités réduisent les freins technologiques que l’on pourrait rencontrer lors de son utilisation. Le côté tactile permet de prolonger le geste jusqu’à l’écran ce qui réduit la distance humain/machine. Les élèves peuvent l’utiliser à l’extérieur et ainsi enrichir leurs productions à l’aide de photos, vidéos, podcasts…

    Relation avec le thème de l’édition 

    Imaginaires du numérique, session V mobilité et nomadisme : l’utilisation des tablettes en situation pédagogique offre de nombreux avantages par rapport à l’utilisation d’un ordinateur. La mobilité et la facilité d’utilisation de la tablette, son autonomie, en font un outil mieux adapté à la classe, que ce soit dans l’enceinte du lycée, du collège, de l’école, sur le terrain lors de sorties pédagogiques ou encore à la maison pour le travail personnel.
    Synthèse et apport du retour d’expérience en classe 

    Toutes les personnes concernées par cette expérimentation tablettes sont en grande majorité satisfaites ou très satisfaites de cet outil (élèves, parents et professeurs).

    Du point de vue des élèves, ces pratiques n’engendrent  pratiquement que des retours positifs. Ils sont entourés depuis leur naissance par le numérique et ces changements de supports et de modes d’apprentissage, ne semblent pas les effrayer, au  contraire. Les parents sont confiants et considèrent la tablette comme un outil moderne qui offre les moyens d’apprendre différemment avec son temps.

    Du point de vue des enseignants, l’utilisation de ces nouveaux outils remet en question tout ou partie de leur manière d’enseigner. Ils sont tout de même une grande majorité à penser que l’usage des tablettes a une influence positive sur les apprentissages. Mais, lorsque l’on constate que plus les enseignants se sentent à l’aise avec cet outil, plus les élèves apprécient l’usage en classe, il semble primordial de ne pas négliger la formation et l’accompagnement des enseignants.

    Voir le programme général de l’Université d’été LUDOVIA 2013 ici