Réduction du nombre de professeurs, tentative de transformation d’un métier de vocation en un métier technique rémunéré “à la pièce”, mise à bas de la carte scolaire, augmentation du nombre d’élèves par classe, presque tout est allé dans le même sens: celui des opposants aux idéaux de 1789 qui, depuis Jules Ferry, cherchent à affaiblir l’école. Au final, on a fini par censurer les études qui faisaient mal et par leur substituer des papiers de pure propagande (j’avais parlé en 2011 de dévoiement politique à ce sujet).
Ce débat sur la semaine de quatre jours a un côté presque caricatural. D’un côté un Ministre qui prône l’intérêt des élèves et de l’autre, de l’autre une opposition (Xavier Bertrand) qui lui répond au nom de l’intérêt des familles (qui devront organiser leurs gardes différemment, qui ne pourront partir en week-end…).
Cet argument de l’intérêt des familles est vieux comme Jules Ferry et si l’école est obligatoire, c’est bien que la gratuité ne suffit pas – aux débuts de l’école, il a fallu parfois venir chercher les enfants avec des gendarmes pour forcer leur scolarisation. L’école républicaine est aussi un outil au service des enfants contre certaines formes d’aliénation familiale. Et je ne parle pas, pour rester correct, du lobby hôtelier qui pousse pour la semaine de quatre jours car elle fait monter le taux de réservation des hôtels !
Ne croyez pas cependant ceux qui vous disent qu’il est “prouvé” que la semaine de quatre jours est meilleure pour les enfants que celle de cinq. Les soi-disant “preuves” n’existent pas car toutes ces études sont contestables et n’ont pas de valeur probante au sens où elles ne résultent pas de statistiques faites en double aveugle sur des populations comparables.
D’un côté, Vincent Peillon prône le retour de l’évaluation statistique – ce qui est une excellente idée – et de l’autre, sa première mesure échappe, presque par nature, à toute évaluation statistique !
En rétablissant la semaine de cinq jours, Vincent Peillon est lui aussi dans une certaine forme d’idéologie pédagogiste et c’est bien le danger qui guette l’école aujourd’hui.
A droite, la destruction organisée résultant de la lutte des classes. A gauche, des mesures coûteuses et inefficaces, résultant de parti-pris idéologiques.
Il me semble possible de sortir de ce double enfermement – j’y reviendrai.
Source : Thierry Klein, speechi story