RETOURS D'USAGES

Le numérique et le travail en équipe

MartialPinkowski_numeriqueettravailequipe_100614L’expérience montre aujourd’hui que non ! un « non » ferme qui trouve sa justification dans la pratique.
Je peux avoir accès aujourd’hui, de n’importe où et n’importe quand à des documents très spécifiques qu’il me fallait transporter ou rechercher systématiquement auparavant. Et mieux que cela : des espaces professionnels me permettent aujourd’hui de communiquer rapidement et de manière très identifiée sur mes thématiques de travail.
Les ENT en sont le point d’orgue, venant s’ajouter aux webmails académiques et listes de diffusion professionnelles mises en place depuis une bonne quinzaine d’années maintenant.
Très rapidement, l’industrie du numérique a pris en compte ce souci et a proposé des espaces de stockage et de synchronisation des données, offrant au particulier cette nouvelle puissance du virtuel (le Cloud), dématérialisant les données, allégeant le cartable et assouplissant considérablement la contrainte des sauvegardes. A ces préoccupations se sont adjointes celles des connexions, et aujourd’hui, sur mon smartphone, j’ai accès à tout instant à la réponse à la question que je me pose sur mon quotidien professionnel et sur les dispositions à prendre à l’avenir. Mais pas seulement…
Dans un espace communautaire défini, je peux avoir accès à l’ensemble des documents essentiels au travail de toute notre équipe : calendrier, programmation, textes officiels, projets divers ou spécifiques.
Tout un historique sur un écran de « 4« , là où, plus de dix ans en arrière, il me fallait aller en cours « avec une brouette » pour transporter sur le terrain ce contenu si précieux à la cohérence d’une activité pédagogique.
Aujourd’hui, nous avons adopté un système d’échange et de synchronisation en partage (Dropbox.com) qui nous permet de déposer ou récupérer des documents partagés avec tous.Je lisais attentivement la publication de B. Devauchelle , « Des enseignants consommateurs encore peu partageurs »  sur LudoMag et je tombais assez d’accord sur l’analyse des rapports entre publication (10% des enseignants mettent à disposition leurs contenus sur le web) et appropriation (90% les utilsent…).Dans le domaine de l’éducation physique et sportive, un nombre considérable de blogs et forums ont un succès avéré au travers de cette démarche. Dans le cas très précis de mon établissement, ce rapport 10/90 est très différent, car le contact et la personnalisation, l’identification physique de l’auteur, apportent une attitude plus respectueuse sur les fondements des ressources produites. La mise à disposition génère nécessairement une discussion là où, au travers d’une publication quasi-anonyme, le mode d’entrée peut demeurer uniquement binaire (j’adhère ou non).

Les contenus que nous déposons ont également comme avantage d’être issus d’une analyse fine de notre environnement. Notre grande difficulté a été de pouvoir adapter nos découvertes à cet environnement si spécifique qui traduit notre quotidien éducatif et pédagogique.
C’est également pour cette raison que dans le cadre de nos développements d’outils numériques, nous insistons sur le côté généraliste et adaptatif: « des besoins, une application« .
Le professeur maître de ses contenus, trouve un support dans le numérique, au contraire d’un numérique qui dicte les stratégies et les enferme dans un modèle unique.
Une conclusion historique s’impose, mettant en avant le côté précurseur de la discipline EPS, impulsant très souvent les voies de développement de concepts d’usages et de contribution au sein des pédagogies et du temps.
Cette apparente autonomie se veut donc efficace, voir incontournable dans la routine des équipes pédagogiques alors même que nous pouvions penser le contraire à travers les critiques maintes fois répétées d’un numérique avilissant, se glissant, s’immiscent dans les espaces privés et générant un immobilisme des corps accrochés aux claviers… un comble pour une profession agissant sur le corps et le mouvement. Un comble renforcé de la raillerie du sport aux manettes ! Il apparait que les choses sont toutes différentes, et sur cet aspect en particulier.
Au-delà du partage des contenus, existe le partage des résultats. Car si il apparaît évident que la mise en œuvre des programmes et l’évaluation des compétences induit des stratégies communes. Le partage des résultats de ces stratégies demeure un aspect fondamental de leurs mises en œuvres. Tout naturellement, si nous avons pu défendre l’intérêt dominant de la connaissance du résultat, il est un domaine où le traitement des données va révolutionner la pratique et la concertation, c’est l’exploitation commune (et aussi locale) des informations.
Des outils de centralisation des données sont utilisés pour les examens afin de permettre une cohérence forte et éviter de trop grandes disparités dans l’évaluation des élèves. Si certaines différences peuvent apparaître de manière générale, il en est de même au niveau local.
L’évolution des pratiques nait de la progressive appropriation d’une pédagogie à laquelle se joignent les outils numériques au quotidien.Sur le terrain, cela se traduit par les réflexions de Jean-Paul Moiraud sur ce même site où il agrémente l’innovation et le bricolage de réflexions diverses.Là encore, je peux me référer à des positions personnelles sans trop de risque au regard de ce qu’il m’a été possible de constater ailleurs. Ce sont de démarches et d’initiatives toutes personnelles que naissent globalement les avancées… Ceci est valable dans tous les domaines de la pédagogie et existe au sein de tout établissement scolaire. La pratique innovante est parfois perçue comme surprenante ou inutile, puis elle fait son chemin progressivement, aidée par une évolution certaine des attentes et préoccupations institutionnelles et sociétales.

L’innovation bouleverse rarement les codes en vigueur, car elle est très souvent le fruit d’une réflexion en amont des mouvements d’intérêts, évolutions technologiques et courants d’influences. Notre ère de diffusion hyper informative en favorise justement la prolifération.

Dans un fonctionnement en équipe, et pour devenir efficace avec le numérique, il apparait nécessaire que l’innovation ne tienne plus qu’au seul enseignant mettant en avant une stratégie avec le numérique, mais bien à l’ensemble d’une équipe. Disciplinaire d’abord, puis pluridisciplinaire par la suite.
C’est à ce schéma que j’ai pu me confronter, sur un temps malgré tout assez long dont nous définirons les raisons dans une future publication. Une chose est actée aujourd’hui. La valeur des échanges au sein d’une discipline et avec les autres disciplines. Le point commun : les élèves ! Évidence me direz-vous !? Sûrement, et nous allons toutefois définir comment.
Sans surprise également, c’est à leurs résultats que nous allons nous référer. En cette période prioritairement axée sur les compétences, nous parlerons de leurs réalisations, car à mes yeux, elles englobent autant le résultat que les moyens mis en œuvre pour l’obtenir. Nous avons la chance, en EPS, de pouvoir nous confronter à la performance. Elle tient lieu autant de l’inné que de l’acquis dans certains cas. C’est dur à dire, mais il en est ainsi.Mais notre intervention d’éducateur/formateur nous permet de la modifier en travaillant sur les capacités (à moindre effet) et sur les compétences (un domaine beaucoup plus facile à aborder avec 3heures hebdomadaires).
Nous mettons donc en avant la progression de nos élèves au regard de l’amélioration des performances par l’affinement du geste. Utilisant des outils communs pour relever ces performances, et les habiletés transformées pour en améliorer la valeur, nous avons pu mettre en place des temps de concertation pour harmoniser facilement nos grilles.Un exemple trivial, mais très significatif : l’athlétisme; Sur la base d’un générateur de barèmes, la série des applications CHRONOPerf (iOS/Android), SAUTPerf, LANCERPerf (sur le site de PDAgogie.com http://www.pdagogie.com rubrique « Applications ») met en avant cette opportunité donnée localement de travailler sur des échelles adaptées à son environnement ou plus globales et attester de la progression des élèves.
D’un apport anodin, nous sommes passés en une année et demi à un apport considérable d’information et de mise en avant du suivi et de la progression des élèves.
Les réunions d’équipes pédagogiques, lieux de concertations diverses sur les facilités et les difficultés de nos élèves ont intégré la « matière numérique » comme objet de quantification, mais également comme lieu de création et de modification des outils.
Une réflexion sur les caractéristiques où le numérique vient accompagner les échanges par son côté « absolu« . Indépendamment de la valeur du résultat, les conditions de son relevé sont appréhendées, donnant à chacun le rôle qu’il mérite et de ce fait, puisque l’outil est entre les mains des élèves, il n’y a qu’un petit pas à franchir pour les intégrer dans le dispositif assez large du travail en équipe.C’est ainsi que nous leur présentons leurs actions, comme contributives de l’évolution des outils et des projets qu’ils accompagnent. Et à ce propos, au sein des équipes, et en fonction des compétences de chacun, se développent les outils de demain, modestement locaux et partagés ensuite avec la communauté éducative afin de retranscrire dans une ergonomie simple et efficace, les attentes, les besoins, les critiques, somme toute, la valeur des concertations passées.
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