Étiquette : recherche

  • Les classes inversées, une recherche pour en comprendre la variété et les effets différenciés

    Les classes inversées, une recherche pour en comprendre la variété et les effets différenciés

    Le but premier de la recherche présentée ici est de dégager une typologie des classes inversées[1] (des dimensions en interaction plus qu’une catégorisation disjonctive) et éventuellement de valider celle que nous avions proposée dès 2014 sur notre Blog (Lebrun, 2014).

    C’est ainsi que nous avons également souhaité mesurer, dans une première approche, à la fois des constituants explicatifs des classes inversées (rôle de l’expérience des enseignants, des disciplines enseignées, des options pédagogiques …) et leurs effets différenciés (sur la motivation des élèves, sur le caractère actif et interactif des situations pédagogiques mises en place par les enseignants en particulier au niveau de la différenciation pédagogique, sur les compétences développées …).

    La promotion d’un mémoire de Master en Sciences de l’éducation (Gilson & Goffinet, 2016) nous a offert l’opportunité de prendre en main une telle problématique. Après une revue de la littérature en cette matière, un questionnaire quantitatif a été développé. L’objectif étant de rencontrer la plus grande variété possible de classes inversées, ce questionnaire a été distribué largement au travers d’un appel à participation via les réseaux sociaux. Nous passerons maintenant en revue certaines rubriques du questionnaire organisées en deux grandes parties : (1) la description des classes inversées et (2) les effets de ces dernières.

    La première partie du questionnaire a une visée descriptive.

    Il s’agit de cerner qui sont les répondants à notre enquête, de quels pays ils proviennent, leur ancienneté dans la carrière enseignante, l’âge moyen de leurs élèves, les matières qu’ils enseignent ainsi que les caractéristiques principales des classes inversées qu’ils mettent en place.
    Pour ce dernier point, dont le but est de servir de base à la typologie, une première section est de nature plus conceptuelle et relative aux dimensions (Type 1 et Type 2) que nous avons suggérées jusque ici à titre d’hypothèse. En exemple du Type 1, voici un des items sur lesquels on demande aux participants de marquer leur accord ou désaccord éventuel : « Le temps en classe est consacré à la mise en pratique de la théorie qui a été vue à distance ».
    L’autre section permet de préciser davantage les outils et les activités des élèves dans le cadre de leurs dispositifs. En exemple du Type 2 : « Je demande à mes élèves de préparer un exposé sur un sujet ».

    La deuxième partie du questionnaire interroge les enseignants sur les effets qu’ils recherchent ou qu’ils perçoivent chez leurs élèves.

    Une échelle d’accord leur permet de se prononcer sur une série d’items (plutôt positifs ou négatifs) comme : Avec la pratique des classes inversées, « les élèves sont plus actifs », « l’enseignant est davantage disponible pour ses élèves », « la préparation des leçons demande plus de temps » ou encore « l’utilisation fréquente des vidéos peut lasser les élèves » …

    Le questionnaire est largement destiné à des enseignants dont les élèves sont âgés entre 6 et 18 ans. Le questionnaire a été diffusé via des réseaux sociaux tels Twitter et Facebook, en principal lors du mois de janvier 2016. Principalement, les réponses nous sont ainsi venues de France, de Belgique et du Québec.

    C’est ainsi que 286 questionnaires ont été récoltés dont 114 tout à fait complets. Néanmoins, 146 répondants avaient complété entièrement la première partie du questionnaire en particulier l’ensemble des items qui devaient nous permettre de dresser la typologie des classes inversées.

    1. Validation de la typologie

    En utilisant une technique d’analyse de recherche de composantes principales (les grandes tendances observées) parmi les 149 réponses complètes obtenues, nous avons pu dégager deux composantes fortement représentatives des Types 1 et 2 que nous avions suggérés à titre d’hypothèse. Ces deux composantes (horizontale et verticale sur la Figure ci-dessous qui schématise nos résultats) ont permis en fait d’isoler 4 types de classes inversées :

     

    Figure 1. Catégorisation de différents types de classes inversées selon notre enquête : de l’hybridation des Types 1 et 2 vers une approche hybride et systémique, le Type 3.

    • Le Type 1, représentatif de la classe inversée originale sur le mode « les leçons à la maison – ou en autonomie – et les devoirs en classe ». Il est représenté à environ 33% dans notre échantillon (50/149).
    • Le Type 2, représentatif d’un dispositif où des étudiants (souvent en groupe) préparent de manière active un sujet qu’ils présenteront à leurs condisciples. Il est représenté seulement à environ 7% dans notre échantillon (10/149).
    • Le Type 3 est constitué d’une hybridation entre le Type 1 et des éléments caractéristiques du Type 2. Il semblerait que ce dernier type existe peu « à l’état pur » mais qu’il se retrouve mélangé, avec un rôle catalytique, avec des caractéristiques du Type 1. Il est le plus représenté avec environ 47% de l’échantillon (70/149).
    • Le Type 0 pour lequel toutes les composantes sont présentes en quantité variable mais très faibles. Il s’agit probablement de répondants qui n’utilisent pas ou peu les ingrédients des classes inversées. Il est faiblement représenté avec environ 11% de notre échantillon (16/149).

    A ce stade, nous pouvons dire que la typologie présentée de manière intuitive dans notre cadre conceptuel ci-dessus est validée. Néanmoins, on remarque que le Type 2 est peu présent à l’état pur (N=10). Ses caractéristiques propres se retrouvent le plus souvent mélangées à celles propres au Type 1 (N=50) pour constituer une modalité distincte et davantage représentée dans notre échantillon, le Type 3 (N=70). Il s’agit probablement d’activités pédagogiques proches de celles que nous avons présentées en forme de cycles (cycle de Kolb et cycle de Nonaka, Lebrun, 2014) mêlant, dans un principe de variété fort intéressant, différents événements d’apprentissage.

    1. Caractéristiques des types de classes inversées mis en évidence dans cette recherche

    Tout d’abord, en ce qui concerne les pays d’où nous sont parvenues les réponses, nous avons constaté que les classes inversées de Type 1 est légèrement majoritaire au Québec alors que le Type 3 est fortement majoritaire en France et en Belgique. Le concept initial des classes inversées (le Type 1) s’est donc davantage transformé voire adapté dans ces deux pays. Une caractéristique de l’innovation est que celle-ci, loin de se transférer complètement, se diffuse, s’approprie, se transforme …

    Au niveau du lien entre la pratique des classes inversées et les disciplines, on constate une forte représentation des mathématiques dans le Type 1, celle des sciences dans le Type 3 et celle du français (considéré comme langue maternelle dans les pays étudiés dans cette enquête) dans le Type 2 relativement aux autres types. L’histoire et la géographie présentent des usages de Type 3 plus importants.

    Concernant l’âge des élèves, nous avons également remarqué que les classes inversées de Type 2 et de Type 3 sont pratiquées davantage avec des élèves généralement plus âgés (sans que cela ne soit fortement significatif).

    Finalement, au niveau des caractéristiques associées à cette typologie, nous avons remarqué que des compétences de nature transversale (recherche d’informations, travail d’équipe, communication …) sont davantage exercées dans le Type 3 que dans le Type 1 où elles sont davantage disciplinaires.

    1. Des effets différents en fonction des types de classes inversées

    Nous avons profité de cette recherche pour interroger les enseignants sur les effets qu’ils avaient remarqué suite à l’adoption des classes inversées au travers des pratiques qu’ils nous ont décrites (et qui sont à la base de notre typologie). Une série d’items, concernant certains effets des classes inversées, a ainsi été soumise aux participants à l’enquête. Ces items sont assortis d’une échelle d’accord à 6 niveaux Pas du tout d’accord, pas d’accord, plutôt pas d’accord, plutôt d’accord, d’accord, tout à fait d’accord.

    Nous présentons ci-dessous les items (et le pourcentage de répondants ayant manifesté un accord avec ceux-ci) qui présentent des différences significatives lorsqu’ils sont analysés selon les types de classes inversées :

    • Les interactions avec les élèves augmentent. Les différences les plus significatives sont entre le Type 1 (Accord = 73%) et d’une part le Type 2 et d’autre part le Type 3, ces deux derniers étant plus élevés au niveau des pourcentages d’accord (Accord > 93%).
    • L’enseignant est davantage disponible pour ses élèves. Ici aussi, le Type 1 est légèrement plus faible (Accord = 76%) que le Type 3 (Accord = 93%) avec une différence significative.
    • La motivation des élèves augmente. Les différences les plus significatives sont entre le Type 1 (Accord = 65%) et d’une part le Type 2 et d’autre part le Type 3, ces deux derniers étant plus élevés au niveau des pourcentages d’accord (Accord > 85%).
    • L’enseignant améliore sa gestion du temps en classe. La seule différence significative est à l’avantage du Type 3 (Accord = 85%) qui l’emporte sur le type 2 (Accord = 60%) au niveau des pourcentages d’accord.
    • Les chances d’appropriation de la théorie sont différentes pour les élèves. De nouveau, les répondants du Type 3 répondent favorablement (Accord = 63%) à cette proposition (manifestant ainsi leur souci de varier les approches) bien plus que les répondants du Type 1 pour lesquels le pourcentage d’accord est de 43%.

    Nous avons également examiné différents paramètres de différenciation pédagogique : par les structures (aménagement de la classe, organisation quant au travail d’accompagnement collectif ou individuel par l’enseignant …), par les contenus (quantité de matière, diversification et adaptation des niveaux d’exercices …), par les procédures (diversification des méthodes, variété des modes de communications et d’interaction …) et finalement par les productions (différents types d’évaluation et de modalités …). Nous avons interrogé les enseignants sur ces 4 possibilités de différenciation en leur demandant de se positionner sur ceux-ci avant qu’ils ne mettent en place la classe inversée et maintenant qu’ils la pratiquent. La figure ci-dessous présentent les scores attribués « avant la classe inversée » et maintenant (à l’heure de l’enquête) en fonction des types de classes inversées que nous leur avons attribués en fonction de leur description.

    Figure 2. Différenciation pédagogique (structure, procédure, production et contenus) avant la mise en place des classes inversées et selon les types mis en place au moment de l’enquête.

    Tous les types présentent des progrès (par rapport à l’avant) en termes de possibilités de différenciation pédagogique. Néanmoins, des différences significatives se manifestent principalement à l’avantage des Types 2 et 3 par rapport au Type 1. Le lecteur intéressé pourra se tourner vers un article[2] plus complet à paraître dans la revue (en ligne) Education & Formation de Janvier 2017.

    Conclusions

    Au terme de cet article, nous pouvons avancer que nous avons rencontré la plupart des intentions manifestées dans l’introduction. Nous avons contribué à une meilleure compréhension du large concept des classes inversées en mettant en évidence et en principal deux types relativement contrastés : le Type 1 très proche de la version originale des Flipped Classrooms (les leçons « à la maison » et les devoirs en classe) et le Type 3 une version à la fois enrichie et élargie, ancrée dans le premier type et complétée par des ingrédients d’un type, relativement rare à l’état pur, le Type 2.

    Nous avons montré, en fonction de ces différents types, que des effets relatifs à la motivation des élèves, aux rôles des différents acteurs (étudiants et enseignants) et à la différenciation des apprentissages sur plusieurs facettes ne peuvent être simplement et directement associés à la mise en place « pure et simple » de classes inversées.
    Plutôt, les différents types mis en évidence présentent de tels effets mais contrastés en fonction de leurs caractéristiques ou dimensions propres (les différents types et leurs caractéristiques).
    Bien évidemment, ces effets sont déclarés par les enseignants eux-mêmes, ce qui constitue un biais certain. Cette recherche pourrait être prolongée par d’autres interrogeant directement les élèves impliqués dans différentes configurations de classes inversées (nos types).

    Cette recherche est cependant loin d’être achevée. En particulier, nos mesures ne permettent pas de mettre en évidence des scénarios temporels types comme ceux que nous avons proposé dans la première partie de l’article : contextualisation (recherche de sens) d’abord (comme dans le cycle de Kolb ou l’enseignement stratégique de Tardif) ou conceptualisation (apports théoriques) d’abord (comme dans la méthode proposée par Mazur), telle reste la question.

    Aussi, il serait, malgré l’importance de notre échantillon, intéressant de l’étendre encore afin d’affiner certains éléments pour lesquels nous avons pu tout au plus montrer des tendances. Finalement, notre recherche installée dans le cadre de l’enseignement obligatoire (typiquement pour des élèves entre 6 ans et 18 ans) mériterait d’être complétée par des observations dans l’enseignement supérieur.

    Références

    Gilson, C. & Goffinet, C. (2016). Quelle place les classes inversées offrent-elles aux pratiques de différenciation pédagogique ? Mémoire de Master en Sciences de l’éducation, Université catholique de Louvain (Louvain-la-Neuve, Belgique).

    Lebrun, M. (2014). Classes Inversées, étendons et « systémisons » le concept ! Essai de modélisation et de systémisation du concept de Classes inversées. Blog de Marcel. En ligne, consulté le 20 juillet sur http://bit.ly/CI-Modele

    Notes

    [1] Le lecteur intéressé trouvera dans le magazine “The conversation” deux articles récents présentant cette typologie. Lebrun, M. (2016). Classes inversées, retour sur un phénomène précurseur (Octobre 2016) et Les classes inversées, vers une approche systémique (Novembre 2016). En ligne, consulté le 6 février 2017 sur http://bit.ly/Cycle-CI

    [2] Lebrun, M., Gilson C. et Goffinet, C. (2016). Contribution à une typologie des classes inversées : éléments descriptifs de différents types, configurations pédagogiques et effets. Education & Formation. En ligne, consulté le 21 février 2017 sur http://revueeducationformation.be/

    Version raccourcie de l’article.
    Auteur : Marcel Lebrun-Louvain Learning Lab
    Université catholique de Louvain
    Louvain-la-Neuve, Belgique

     

    Source image en home page : pixabay.com

  • Le bien-être dans l’éducation : un objet de recherche pour les sciences humaines et sociales

    Le bien-être dans l’éducation : un objet de recherche pour les sciences humaines et sociales

    Colloque « Le bien-être dans l’éducation : un objet de recherche pour les sciences humaines et sociales », sous le haut patronage du Ministère de l’Education Nationale, de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, les 2, 3 et 4 octobre 2017 à Paris.

    Les recherches sur le bien-être en milieu scolaire se développent rapidement depuis les années 1970. Elles connaissent un essor important depuis le début du millénaire, dans un contexte marqué par de profondes mutations socio-économiques, alors qu’une attention croissante est accordée au développement des personnes tout au long de la vie.

    Dans le cadre de l’arrivée du numérique, des transitions sociales que nous vivons et de changements que nous observons dans l’éducation, nous avons souhaité faire le point sur le fait qu’il n’y a pas d’éducation sans sécurité physique et psychique et que l’intégration du bien-être dans l’éducation est essentielle. Nous avons choisi de décliner le bien-être en éducation selon trois thématiques :

    . la première, Approches théoriques et pratiques du bien-être dans l’éducation, se situe dans la lignée des savoir-être et de la question de la capacitation (empowerment)
    . la deuxième, Espaces d’apprentissage et bien-être, renvoie à l’environnement d’apprentissage qu’il soit physique ou numérique
    . la troisième, Climat scolaire et vivre ensemble, renvoie au fait que le bien-être doit aussi être pensé dans le cadre d’un collectif
    Quel que soit l’axe, les recherches peuvent concerner les définitions du bien-être dans différentes disciplines, son évaluation – qualitative aussi bien que quantitative –, des projets de recherche-action ou d’intervention visant à améliorer le bien-être des enfants ou des enseignants, ainsi que ses liens avec la santé, la pédagogie, la réussite éducative, etc.

    Focus sur la thématique 2. Espaces d’apprentissage et bien-être

    Depuis la fin des années 90 et les travaux de Marie Claude Derouet-Besson sur l’évolution des bâtiments scolaires, il apparaît clairement que les liens entre pédagogie, architecture, urbanisme, économie et politiques sont complexes et soumis parfois à des tensions contradictoires [1]. Les profondes mutations sociétales induites par le numérique demandent de revisiter complètement ces questions. L’intégration de nouvelles technologies et des usages du numérique appellent ainsi une reconfiguration de l’espace scolaire, voire à « reconceptualiser les espaces d’apprentissage » [2].

    Cette nouvelle réflexion imposée par le numérique replace la question du bien-être des acteurs et utilisateurs de l’école comme paramètre clé du design des lieux, en particulier les questions de l’accueil, de la circulation ou de la communication se trouvent posées aujourd’hui en des termes nouveaux [3]. La modularité des espaces devient alors un objet de nouvelles pratiques pédagogiques, c’est ainsi qu’apparaissent de nouveaux lieux dans les établissements comme les fab labs.

    L’objet des communications proposées dans le cadre de cet axe pourra donc être, sans que ce soit limitatif :

    -> des études sur les liens entre le bien-être et la circulation au sein des espaces d’apprentissage ou plus globalement l’ergonomie de ces espaces.
    On appréciera particulièrement les réflexions sur l’aménagement de la classe, par exemple, en îlots, en forme de U, ou celui des espaces hors apprentissage tels que les cantines ou les foyers, ainsi que les liens avec la pédagogie, l’ambiance de travail et les rapports entre entre élèves et enseignants.

    -> des recherches sur l’aménagement de l’espace qui peut se décliner selon le niveau (primaire, secondaire, universitaire), la discipline enseignée, mais aussi selon le contexte d’apprentissage. La notion d’environnement capacitant et d’ergonomie professionnelle a également toute sa place dans cet axe.

    -> des recherches sur l’évolution de la forme scolaire au travers de la prise en compte du bien-être et des transformations des espaces d’apprentissage liées à l’impact du numérique. On pourra notamment traiter à ce titre des questions de l’ergonomie sonore, des formes d’échanges et de communication médiatisées par le numérique (en présentiel, à distance), les espaces et les temps d’apprentissage dans et hors école.

    Plus d’infos : les appels à communication sont ouverts jusqu’au 1er mars
    well-being-educ.sciencesconf.org/

    [1] Derouet-Besson Marie-Claude (1998). Les Murs de l’école. Paris : Métailié.

    [2] Oblinger Diana G. (dir.) (2006). « Space as a change agent ». In Learning Spaces. Washington: Educause.

    [3] Mazalto Maurice, Bonnault Marie-Claude & Boudjémaï Zahra (dir.) (2008). Architecture scolaire et réussite éducative. Paris : Fabert.

  • EIDOS 64 : éclairage sur les débats avec Catherine Becchetti-Bizot et Mireille Lamouroux

    EIDOS 64 : éclairage sur les débats avec Catherine Becchetti-Bizot et Mireille Lamouroux

    EIDOS 64 est un évènement sur une journée qui a lieu dans les Pyrénées Atlantiques, une année en Béarn, une année côté Basque ; mercredi 25 janvier, ce fut l’occasion de découvrir plusieurs conférenciers et plusieurs ateliers, autour du thème « L’élève hacker de son apprentissage : savoir connecter ses neurones ».

    Catherine Becchetti-Bizot, inspectrice générale de l’éducation nationale chargée de mission numérique et pédagogie, a été le grand témoin de la matinée, suite aux conférences animées par Eric Tardif sur « Neurosciences et éducation : un éclairage nouveau sur les fondamentaux de la pédagogie » et André Giordan sur « A l’ère du numérique, faut-il encore apprendre » ?

    Dans l’interview ci-contre, elle nous offre un condensé de ce qu’il faut retenir.

    « Les enseignants sont de plus en plus désireux de connaître les résultats de la Recherche » .
    « Nous avons déconstruit pas mal de “neuromythes“ ce matin
    « .

    Sur le rapprochement Recherche-enseignants, Catherine Becchetti-Bizot rappelle que La ministre de l’Education a confié à François Taddéi une mission, « Apprendre demain« , qui vise à réfléchir aux meilleurs moyens opérationnels pour que l’enseignement puisse bénéficier de la Recherche et que l’enseignement se fasse aussi par une démarche de recherche ; « former à la Recherche, former par la Recherche, un peu dans l’esprit des Savanturiers« , ajoute t-elle.

     

     

    Enfin, Mireille Lamouroux, chargée de mission à la Direction du Numérique pour l’Education, nous propose quelques éléments de réflexion sur la journée et sur la problématique choisie, « qu’elle trouve particulièrement intéressante car elle a permis de continuer à travailler sur des thèmes qui nous sont chers : apprendre à apprendre à l’ère du numérique, comment travailler en synergie avec la Recherche, comment lier le monde de la Recherche avec le terrain« , parmi quelques exemples de pistes de travail que mène la DNE.

    Elle dresse le constat que la prise de conscience est aujourd’hui évidente, de la part de tous les membres de la communauté éducative, « mais qu’il y a encore des freins et des résistances et que nous devons continuer à travailler dans ce sens ». Des évènements comme EIDOS 64 aident à avancer dans cette voie…

     

    Tous les articles et interviews d’EIDOS 64, janvier 2017, sont à retrouver sur www.ludovia.com/tag/Eidos-64-2017 et sur notre chaîne Youtube.

  • Une approche sociocritique du numérique en éducation : appel à propositions

    Une approche sociocritique du numérique en éducation : appel à propositions

    Le numérique en éducation constitue un domaine de recherche dans lequel les disciplines s’articulent plus ou moins étroitement les unes aux autres depuis la conception d’environnements numériques d’apprentissage jusqu’à l’étude des usages numériques éducatifs (Baron, 2014). Ce colloque international de l’Université de Sherbrooke les 15 et 16 mai s’inscrit dans cette dernière thématique et souhaite donner un aperçu de l’intérêt d’une approche sociocritique à cet égard.

    Thématique

    À l’origine de cette approche se trouve le constat que l’étude des usages numériques éducatifs s’est principalement articulée autour de l’enseignement et de l’apprentissage en contexte institutionnel (Bayne, 2014; Erstad et Arnseth, 2013; Ito et al., 2013), notamment en vue d’en mesurer l’impact (Eynon, 2012). Sans remettre en cause la pertinence de ces études, un nombre croissant de chercheurs appelle à appréhender le numérique dans sa relation dynamique aux acteurs éducatifs au sein des contextes sociaux et culturels dans lesquels cette relation prend place.

    Il s’agit donc d’un effort de contextualisation du numérique en éducation.

    Par l’élargissement des tenants et des aboutissants du numérique en éducation, une approche sociocritique permet de couvrir des enjeux connexes à l’enseignement et à l’apprentissage per se. Elle n’en est pas moins essentielle pour contribuer à une compréhension systémique du numérique en éducation et orienter ses développements pédagogiques et didactiques, en tenant compte de toute la complexité à l’œuvre. Ainsi, cette approche est susceptible de fournir un niveau d’analyse supplémentaire, qui dépasse le point focal habituel des études centrées sur l’enseignement et l’apprentissage, afin d’apporter un éclairage complémentaire.

    L’approche sociocritique, bien qu’elle ait de multiples origines (De Munck, 2011) et qu’elle ne soit pas uniforme et homogène (George, 2014), a été largement développée dans les disciplines s’intéressant aux relations entre la technique et la société. Elle apparait également, de manière parfois implicite et toujours hétérogène, dans les travaux de plusieurs chercheurs oeuvrant dans le domaine du numérique en éducation (voir, p. ex., Albero, 2009; Beynon et al., 1989; Bruillard, 2011; Bulfin et al., 2015; Chaptal, 2003; Collin, Guichon et Ntebutse, 2015; Cuban, 1993; Dieuzeide, 1982; Jacquinot, 1981; Moeglin, 1993; Selwyn, 2010), sans qu’on puisse parler d’une tradition pour autant. Dans le but de poursuivre la réflexion, un collectif interdisciplinaire de chercheurs francophones (voir Collin et al., 2016) s’est constitué récemment et travaille à structurer une approche sociocritique dans le domaine du numérique en éducation.

    Quatre axes

    Ce colloque international s’inscrit pleinement dans cette perspective. Il souhaite réunir des chercheurs adoptant une approche sociocritique dans leur étude du numérique en éducation. Plus précisément, il accueille à la fois des communications théoriques, qui réfléchissent aux tenants et aboutissants d’une approche sociocritique pour l’étude du numérique en éducation, et des communications empiriques, qui adoptent une approche sociocritique dans leur étude du numérique en éducation. Dans tous les cas, il est attendu que les communications problématisent le numérique en éducation et le contextualisent dans un ou plusieurs des axes suivants:

    • Contextualisation du numérique dans le quotidien des acteurs éducatifs et para-éducatifs, en tant qu’individus sociaux liés par des relations, des rôles et des normes variables suivant les interlocuteurs, les lieux, les classes sociales et les appartenances ethnoculturelles (voir, p. ex., Collin et Karsenti, 2013; Furlong et Davies, 2012);

    ->Questionnements: comment le numérique contribue à reconfigurer ou à maintenir les rôles éducatifs, la forme scolaire, le rapport au savoir ainsi que les temps et les lieux d’enseignement et d’apprentissage? Dans quelle mesure les usages numériques en contexte institutionnel sont-ils en continuité ou en rupture avec les usages numériques non institutionnels des acteurs éducatifs?

    • Contextualisation du numérique dans les logiques économiques, politiques, idéologiques qui privilégient certaines valeurs et certaines finalités plutôt que d’autres, et qui s’avèrent plus ou moins compatibles avec les missions de l’École (voir, p. ex., Chaptal, 2003; Moeglin, 2015);

    ->Questionnements: quels sont les motivations et les intérêts sous-jacents à l’intégration du numérique en éducation? Dans quelle mesure sont-ils convergents avec les finalités éducatives?

    • Contextualisation du numérique dans la filiation historique des objets techniques qui ont pénétré l’éducation (voir, p. ex., Jacquinot, 1981);

    ->Questionnement: dans quelle mesure situer le numérique dans la longue histoire des objets techniques en éducation?

    • Enfin, sur le plan scientifique, contextualisation du numérique en lien avec les disciplines s’intéressant aux relations entre la technique et la société, tout en spécifiant les enjeux éducatifs qui sont propres à ce domaine d’étude (voir, p. ex., Albero, 2009; Selwyn, 2014).

    ->Questionnement: quelles sont les contributions interdisciplinaires à la compréhension du rapport entre les objectifs techniques et l’éducation?

    Dans le cadre de ce colloque, seront privilégiées les communications qui se situent dans un ou plusieurs des axes ci-dessus et qui indiquent de manière explicite comment elles s’inscrivent dans la thématique du colloque.

    Références

    Albero, B (2009). Pratique sociale et recherche dans le champ de l’autoformation. In J-M. Barbier, E. Bourgeois, G. Chapelle, J-C. Ruano-Borbalan. Encyclopédie de la formation (pp. 659-685). Paris: Presses Universitaires de France.

    Baron, G.-L. (2014). Élèves, apprentissages et « numérique » : regard rétrospectif et perspectives. Recherches en Éducation, Vol. 18, n° 2, p. 91-103.

    Bayne, S. (2014). What’s the matter with ‘technology-enhanced learning’? Learning, Media and Technology.

    Beynon, J., Mackay, H. (1989). Information Technology into Education: Towards a Critical Perspective. Education Policy, 4(3), 245-257.

    Bruillard, É. (2011). Discours généraux sur les TIC en éducation: beaucoup de slogans peu étayés, en quête de débats. Association Enseignement Public et Informatique. Consulté le 23 août 2016 à http://www.epi.asso.fr/revue/articles/a1110e.htm

    Bulfin, S., Johnson, N. et Bigum, C. (Eds.) (2015). Critical perspectives on technology and education. New York, NY: Palgrave Macmillan.

    Chaptal, A. (2003) L’efficacité des technologies éducatives dans l’enseignement scolaire. Analyse critique des approches française et américaine. Paris: Éditions L’Harmattan.

    Collin S. et Karsenti, T. (2013). Usages des technologies en éducation: analyse des enjeux socioculturels. Éducation et francophonie, 16(1), 192-210.

    Collin, S., Guichon, N. et Ntebutse, J-G. (2015). Une approche sociocritique des usages numériques en éducation. STICEF, 22, 89-117.

    Cuban, L. (1993) Computers Meet Classrooms: Classrooms Wins. Teachers College Record, 95, 185-210.

    De Munck, J. (2011). Les trois dimensions de la sociologie critique. SociologieS, http://sociologies.revues.org/3576

    Dieuzeide, H. (1982, Novembre) Marchands et prophètes en technologie de l’éducation. Actes de colloque Les formes médiatisées de la communication educative (pp. 78-82). École normale supérieure de Saint-Cloud, France. Consulté le 23 août à https://edutice.archives-ouvertes.fr/edutice-00000772/document

    Erstad O., Arnseth H. C. (2013). Learning Lives Connected: Digital Youth across School and Community Spaces. Comunicar, Vol. 40, p. 89-98.

    Eynon, R. (2012). The challenges and possibilities of the impact agenda. Learning, Media and Technology, 37(1), 1-3.

    Furlong J., Davies C. (2012). Young people, new technologies and learning at home: Taking context seriously. Oxford Review of Education, Vol. 38, n° 1, p. 45-62.

    George, É. (2014). Quelles perspectives critiques pour aborder les TIC? tic&société, 8(1-2), 9-29.

    Ito, M., Gutierrez, K., Livingstone, S., Penuel, B., Rhodes, J., Salen, K. et al. (2013). Connected Learning: An agenda for research and design. Irvine, CA: Digital Media and Learning Research Hub. Consulté le 23 août 2016 à http://dmlhub.net/sites/default/files/ ConnectedLearning_report.pdf.

    Jacquinot, G. (1981). On demande toujours des inventeurs. Communications, 33(1), 5-23.

    Moeglin, P. (2015). Quand éduquer devient une industrie. Projet, 345(2), 62-71.

    Selwyn, N. (2010). Looking beyond learning: Notes towards the critical study of educational technology. Journal of Computer Assisted Learning, 26(1), 65-73.

    Selwyn, N. (2014). Making the most of the ‘micro’: revisiting the social shaping of micro-computing in UK schools. Oxford Review of Education, DOI: 10.1080/03054985.2014.889601

  • L’adoption d’innovations pédagogiques

    L’adoption d’innovations pédagogiques

    Jacques Viens, Directeur du Département de psychopédagogie et d’andragogie à l’Université de Montréal a assisté au C2E 2016 à Poitiers. Nous avons profité de sa présence pour l’interroger sur un sujet de ses travaux à savoir « l’adoption d’innovations pédagogiques ».

    Avec les nouvelles technologies, les chercheurs essaient de mettre en place de nouveaux usages. Et ce que souligne Jacques Viens est que les usages sont abordés différemment par les personnes : « bien souvent, il y a des détournements très riches mais aussi des usages de surface qui ne vont pas très loin« .

    Il part du principe, bien ancré maintenant que « au-delà de mettre les outils dans la classe, il faut penser à comment on va les utiliser et comment on va faire que les enseignants vont savoir les utiliser d’une façon qui va permettre à leurs apprenants d’en tirer un profit maximum« .

    L’adoption doit être par les étudiants et par les enseignants.

    Découvrez le développement de la réflexion de Jacques Viens sur ce sujet dans la vidéo ci-contre.

    Crédit photo : Ninon Louise Lepage

  • Le projet REMASCO ou réinventer le manuel scolaire

    Le projet REMASCO ou réinventer le manuel scolaire

    Le manuel scolaire conserve une place déterminante dans les apprentissages scolaires et constitue un segment parmi les plus importants de l’édition scolaire. Il est possible d’imaginer aujourd’hui, en fonction de l’évolution des pratiques pédagogiques et des technologies, de nouvelles formes pour les manuels scolaires qui, tout en en garantissant ses fonctions premières, constitueront à la fois une amélioration substantielle des moyens d’apprentissage et de nouvelles perspectives éditoriales.

    C’est la volonté du projet REMASCO (pour REinventer le MAnuel SCOlaire), lancé par le GIS INEFA, qui porte sur l’élaboration de nouveaux modèles de manuels scolaires fondée sur les usages.

    Explications par Luis Galindo du Laboratoire Techné de l’université de Poitiers, dans la vidéo ci-contre.

  • L’enjeu des Learning Analytics

    L’enjeu des Learning Analytics

    Serge Garlatti est professeur à Télécom Bretagne et responsable du département informatique, membre du laboratoire LabSTICC, du CSV du pôle Images et réseaux, président de l’ATIEF et membre de l’AFIA.Il est intervenu sur le C2E sur l’un des volets de la thématique annuelle du big data à savoir l’analyse des données d’apprentissage. Il a utilisé quelques cas d’études dans le cadre du projet Hubble.

    « Cela fait maintenant environ 15 ans que je travaille à l’intersection des domaines de l’Intelligence Artificielle et des EIAH. Mes activités de recherche portent sur les domaines de la e-Education, de la E-Formation (apprentissage tout au long de la vie) et de la médiation culturelle pour des apprentissages formels et informels.
    Je m’intéresse à des problématiques de conception d’environnements d’apprentissages et de médiation culturelle fondés sur des démarches par investigation ou le connectivisme, en utilisant des média sociaux dans des environnements ouverts de type MOOC.

    D’un point de vue informatique, il s’agit de problématiques d’acquisition et de représentation de connaissances, de traces et d’analyses de ces dernières, de web sémantique et de Linked Data, de sensibilité au contexte et d’adaptation, de learning analytics, et de génération dynamique de tableaux de bord pour accompagner toutes les parties prenantes ».

    L’enjeu des Learning Analytics aujourd’hui est d’être capable d’analyser le comportement des apprenants sur des plateformes numériques, de plus en plus utilisées.

    « Le but est bien d’adapter, grâce à ce travail d’analyse, les outils à chaque apprenant ou à chaque groupe d’apprenant et il y aura de biens meilleurs résultats au niveau des apprentissages« , explique t-il.

    Retrouvez toute sa réflexion sur le sujet dans la vidéo ci-contre.

    Tous les sujets, articles et vidéos réalisés sur le C2E 2016 sont à retrouver dans notre dossier spécial ici.

     

     

  • BarCamp innovation & recherche : de beaux échanges à Ludovia#13 !

    BarCamp innovation & recherche : de beaux échanges à Ludovia#13 !

    Le Barcamp Innovation & Recherche se proposait de répondre à la question produite lors de l’intervention de Jean-Marc Monteil le matin même sur sa conférence et les questions réponses qui ont suivi. Pourquoi la recherche en éducation numérique, ou comment cette recherche, doit-elle irriguer ou pouvoir se développer au sein des établissements ?

    Les freins, les opportunités pour un développement de cette recherche, la mise en oeuvre.. Quelle place à la recherche fondamentale aux cotés de la recherche appliquée ? Quelle place pour les enseignants ? Quels manques ? De la méthodologie, une initiation à la recherche. Pouvons nous faire l’analogie avec le secteur de la santé ou ses chercheurs en biologie qui font évoluer et progresser la médecine ?

    Ce sont toutes ces questions qui ont été posées.. Certaines réponses ont été envisagées avec notamment la présence des Savanturiers et du CRI qui oeuvrent dans cette dynamique et cette relation « enseignants-chercheurs » . Une vingtaine de personnes et 2 heures d’échanges ont pu dégager cette carte mentale où l’on peut voir que les enseignants et chercheurs présents sur ce Barcamp voient les choses de manière duale voire multiple : la recherche au bénéfice de la classe et des enseignants ..mais aussi l’enseignant comme sujet d’observation pour la recherche en même temps que « acteur » de cette recherche.

    Il est certain que le « système » actuel ne favorise pas les initiatives car se « frotter » à la recherche n’est pas valorisé pour un enseignant et, de la même manière,  il est relativement compliqué pour un chercheur d’observer les enseignants dans leur pratique au quotidien. Ce qui est certain, c’est que chacun a besoin de l’autre pour faire avancer les choses : le programme e-Fran et les nombreux projets de recherche qui vont se développer pour les 4 prochaines années mettront-ils une pierre supplémentaire à cet édifice ?

    Ludovia_synthese_barcamprechercge_010916

     

    Un BarCamp réalisé le mercredi 24 août à Ax-les-Thermes en partenariat avec Ludovia_Promethean_010916

  • Les projets éducatifs autour de Poppy : Poppy Education en Aquitaine

    Les projets éducatifs autour de Poppy : Poppy Education en Aquitaine

    Pierre-Yves Oudoyer, Directeur de l’équipe Flowers et directeur de recherche à l’INRIA Bordeaux Sud-ouest, est venu présenter « Les projets éducatifs autour de Poppy » lors du colloque Robotique & éducation du mercredi 22 juin 2016 à Bordeaux…Stéphanie Noirpoudre, ingénieur pédagogique, suit notamment les projets menés dans le cadre de Poppy Education dans les lycées d’Aquitaine.