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  • Placer l’être humain au centre des apprentissages de nos enfants

    Placer l’être humain au centre des apprentissages de nos enfants

    En 1999, Edgar Morin publiait Les sept savoirs nécessaires à l’éducation du futur dont les chapitres III, IV, V et VI ont pour titre :

    Enseigner la condition humaine . . .
    – Enseigner l’identité terrienne
    – Affronter les incertitudes . . .
    -Enseigner la compréhension . . .

    et propose en conclusion . . .

    . . . enseigner la citoyenneté terrestre.

    Ces questions, encore très actuelles, furent au coeur de nombreux échanges lors du Congrès mondial pour la pensée complexe tenu à l’UNESCO les 8 et 9 décembre dernier.

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    Je suis un être humain : ainsi commence, en Classe préparatoire, la première leçon du programme d’étude Pour le petit de l’Homme. Le texte ci-dessous en présente quelques extraits. Ce programme d’étude multimédia, holistique et interdisciplinaire répond-il à la quête d’Edgar Morin qui disait en 2013 : Il faut enseigner ce qu’est être humain?

    Les quelques activités plus bas renseignent un peu sur la pensée, l’approche éducative du programme. Ce texte s’adresse à des pédagogues d’expérience qui sauront en imaginer le rythme et le détail.

    Distribuez aux écoliers une copie d’un feuillet semblable à celui-ci.

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    Lisez aux élèves le texte : Je suis un être humain . Proposez-leur d’utiliser la(les) couleur(s) de leur choix pour tracer par-dessus les lettres du texte, appliquer de la couleur sur le bonhomme allumette et dessiner un décor s’ils le désirent. Ces oeuvres seront exposées dans la classe.

    Nous sommes citoyens de « La terre patrie », introduction.

    Dites aux élèves que nous, les êtres humains, habitons une planète, la Terre. La vidéo montre notre planète, la Terre, filmée de tout là-haut, de l’espace. Pointez l’espace visible par la fenêtre. Présentez aux élèves un vidéo semblable à celui-ci.

    Arrêtez la projection quand il fait jour sur Terre. Expliquez aux élèves que notre planète semble bleue car elle recouverte d’eau à 70%, plus de la moitié. On voit aussi les nuages blancs. On nomme parfois la Terre, la Planète bleue. Reprenez la projection pour l’arrêter quelques instant plus tard lorsqu’on voit bien les taches lumineuses.

    Expliquez aux élèves que ces tâches jaunes montrent les lumières des habitations des Hommes et les villes illuminées la nuit. Beaucoup d’êtres humains comme eux vivent sur Terre.
    Montrez aux élèves une feuille où vous avez écrit le chiffre 7 432 663 000.

    Ce gros chiffre est la population humaine de la Terre. Comptez avec les élèves la population de la classe. Écrivez ce chiffre sous celui de la population de la Terre. Terminez la projection. Écoutez les questions et les commentaires des élèves.

    Dites aux élèves que tous ces êtres humains ne parlent pas français. On parle des milliers de langues différentes sur la Terre. Distribuez aux élèves des feuilles où Je suis un être humain est écrit dans diverses langues : Ich bin ein Mensch, I am a human being, Io sono un essere umano, Sóc un ésser humà etc. Le bonhomme allumette peut être différent. Invitez les élèves à comparer leurs feuilles, à découvrir diverses façon d’écrire : Je suis un être humain. Laissez aux élèves le temps de colorier ces feuilles qu’on pourra exposer dans le couloir ou ailleurs dans l’école. Une activité similaire se fera avec des scripts différents : arabe, grec, russe, hébreux, chinois, japonais, hindi. . . Montrez aux élèves où vous rangez d’autres feuilles semblables qu’ils peuvent prendre à la maison ou colorier en classe à temps perdu. Cette activité essentiellement ludique éveille l’esprit de l’élève à la diversité humaine.

    Vers la mi-septembre, on introduira Nous sommes des êtres humains. Cette fois, les élèves travaillerons en équipe de quatre ou cinq. On donnera une feuille à chaque élève. Ils auront pour consigne de ne tracer qu’une ou deux lettre(s) à la fois, ajouter un trait de couleur aux bonhommes allumettes avant de faire passer la feuille à leur voisin de droite.

    Je conseille la diffusion d’une musique instrumentale pendant cette activité d’une quinzaine de minutes à la fin de laquelle chaque enfant aura une feuille représentative du travail de tous les membres de l’équipe. On pourra terminer en demandant à tous les enfants de l’équipe de se tenir par la main et dire en se souriant Nous sommes des êtres humains. Charmant!

     

    ninonlouise4_unescoAinsi se termine cette première activité. On ne discute pas de l’activité avec les élèves, on ne l’intellectualise pas. Les enfants vivent l’activité. Ils jouent. Ils retiendront sans doute que toutes ces phrases en langues inconnues signifient Je suis ou nous sommes un (des) être(s) humain(s) et que tous ces dessins représentent des êtres humains comme eux qui sautent, dansent, dorment, etc.

    Cette activité vise à semer dans l’esprit de l’élève une petite graine, une idée : je suis un être humain, je vis sur une planète que je partage avec des milliards d’autres êtres humains qui parlent quantité de langues différentes de la mienne. Un premier pas vers la conscience de son humanité.

     

    Les élèves peuvent continuer à colorier les feuilles mises à leur disposition tout au long de l’année.

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    Tout au long de l’automne, des activités concrètes ainsi que des applications et/ou des logiciels présenteront à l’écolier une variété de jeux par lesquels il comparera son corps et son comportement à celui de divers vertébrés et même quelques invertébrés.

    Début octobre, on invitera les élèves de CM2 dans la classe afin qu’ils participent à réaliser une ébauche de la silhouette de chaque élève. Vous aurez besoin d’un rouleau de papier kraft que vous couperez en feuilles d’environ 30 cm plus longues que vos élèves. Les grands traceront un trait à environ 5 cm de la base de la feuille et écriront le nom du petit élève auquel ils sont appairés ainsi que la date. Chaque petit élève se couchera sur une feuille et placera le talon de sa chaussure sur la ligne. L’élève de CM2 tracera la silhouette du petit couché sur la feuille. Ceci fait, on roulera les feuilles qui seront rangées pour être ressorties à la fin mai. On fera alors la même activité. Les enfants auront grandi, tout comme les plantes qu’ils auront semé en mars et dont ils auront mesuré la croissance.

    L’hiver et le printemps, jeux et activités permettront aux élèves de découvrir quelques propriétés physiques de la matière et percevoir certaines caractéristiques de la vie.

    Ainsi commence en classe préparatoire, Pour le petit de l’Homme. L’élève aura été éveillé au fait qu’il est un être humain vivant dans un monde matériel qu’il partage avec d’autres êtres vivants.

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    On trouvera dans chaque classe, année après année, la même représentation de la Terre et une ligne du temps. Ces accessoires seront utilisés pour localiser dans l’espace et le temps les cultures, les explorateurs, les scientifiques et l’acquisition des savoirs par l’humanité, etc. au fur et à mesure qu’on en discute en classe. À chaque année, les élèves situeront leur classe sur la carte du monde et sur l’échelle du temps. Puis on y inscrira les nouvelles cultures, les nouvelles connaissances acquises avant eux par leurs ancêtres humains et auxquelles ils s’intéresseront cette année-là.

    Permettre aux élèves d’observer, d’explorer, d’expérimenter. Favoriser une approche sensorielle de l’étude de son environnement physique et humain. Puis l’enseignant nommera l’objet, le lieu, la culture, le phénomène aux élèves. Apprendre les mots qui désignent ses observations et ses expériences, permet à l’élève de construire graduellement sa compréhension du monde. Les mots font alors du sens, car ils décrivent la réalité. Les mots sont alors utiles pour intérioriser les savoirs.

    L’éducation de base du jeune humain ne doit pas emplir son cerveau comme on emplit une boîte mais le nourrir d’une diversité d’expériences, d’idées, d’images, de savoirs qui favorisent le développement de circuits nerveux dans son cerveau en croissance. Par l’accumulation de certaines expériences il prendra doucement conscience de sa citoyenneté terrestre. Il raffinera avec le temps, au fil des ans, sa perception de lui-même en tant qu’être humain.

    Je conclus cette courte présentation par : Quand l’école laisse l’impression d’un nid où les oisillons humains sont nourris de savoir et d’amitié. dit Edgar Morin, dans L’école, un lieu d’amitiés. Souvenirs d’école, publié par Les clefs de l’école. C’est ce que je souhaite à tous les écoliers.

    Quelques Tweet #PenséeComplexe

    RT@reseau_canope Congrès mondial pour la #PenseeComplexe, envisageons ensemb@edgarmorinparisle l’éducation du futur @nvallejog

    Gaëtan Guironnet @GaetanGuironnet 8 dec. Pour une éducation à la connaissance Humaine: qui sommes nous? @edgarmorinparis #PenseeComplexe #culture

    Agathe Leproux @AgatheLeproux 8 dec. « Le trou noir dans notre système est que nulle part n’est enseigné ce que nous sommes » @edgarmorinparis

    #PenseeComplexe @fabricebulteau – 8 dec – 12:33 Maria Cândida Moraes : « Réformer la pensée et l’éducation pour apprendre à vivre » #PenseeComplexe

    Zorica @IdeesLumieres Enseigner, ce n’est pas remplir un vase,… c’est allumer un feu. Aristophane #PenseeComplexe @CNFUnesco #culturedelalumiere

    Ninon Louise LePage @LouiseNinon 8 dec. Ninon Louise LePage a retweeté Zorica Quels matériaux choisir pour alimenter ce feu #PenseeComplexe

    Ninon Louise LePage @LouiseNinon 8 dec. Avons-nous le réel désir, le courage de réécrire, de repenser nos systèmes d’éducation? #PenseeComplexe

    Plus d’infos :
    Pour en savoir un peu plus sur ce programme vous pouvez consulter les articles suivants :

    http://www.ludovia.com/2015/11/bubules-le-fil-dariane-un-programme-educatif-evolutif-qui-sadapte-aux-changements-technologiques/

    http://www.ludovia.com/2015/11/et-vint-bubules-le-fil-dariane/

    . . . et/ou me consulter.

    Source images : bonhommes allumettes de Pixabay

    Morin, Edgar. Les sept savoirs nécessaires à l’éducation du futur http://unesdoc.unesco.org/images/0011/001177/117740fo.pdf (consulté en décembre 2016) UNESCO. Octobre 1999, 67pages

     

     

     

     

     

  • Expériences numériques à l’école Selwyn House au Québec : du rêve à la réalité ?

    Expériences numériques à l’école Selwyn House au Québec : du rêve à la réalité ?

    NinonLouise_Selwyn_140116Malheureusement toutes les écoles du Québec ne bénéficient pas des conditions de travail d’un Jean Pierre Trudeau. Mais la vision d’un certain idéal permet de rêver et travailler à vouloir améliorer son sort, n’est-ce-pas ?

    Jean Pierre Trudeau est le Directeur de la technologie à Selwyn House, une école privée anglophone où, depuis 1908, on veille à l’instruction et l’éducation de garçons de la maternelle jusqu’à la  fin du secondaire (maternelle, primaire et collège du système français).

    Une formation continue

    Jean Pierre est diplômé du programme ITP (Information Technology Professional) du Collège Champlain, un Cégep (Collège d’enseignement général et professionnel) anglophone dont le niveau scolaire équivaut au lycée.  Je n’ai pas trouvé la correspondance de ce programme d’étude dans le système scolaire français.

    Par la suite, il a graduellement complété sa formation par plusieurs certifications professionnelles  A+ :
    Microsoft Certified Professional
    MCSA, Microsoft System Administrators
    Cisco IT Academy
    Apple

    Ces certifications professionnelles offertes par les entreprises étaient naguère uniquement proposées aux professionnels des technologies de l’information et de la communication.  Il existe maintenant des certifications dédiées aux enseignants :
    Microsoft Certified for Educators
    Éducateurs ADE (Apple Distinguished Educators)
    Google Education

    dont les contenus d’apprentissage sont très différents de ceux offerts aux techniciens professionnels.  Les certifications pour enseignants visent principalement à aider ces derniers à intégrer les technologies à leur enseignement.

    Jean Pierre assiste aussi à de nombreuses conférences. Au tout début de sa carrière en éducation, il a présenté des communications, trois années consécutives, à la conférence du Laptop Institute à Memphis, Tennessee.  Il est allé au Laptop Institute Worlwide à Frankfurt, en Allemagne où il a découvert une approche formative très différente.

    NinonLouise_Selwyn6_140116Cette expérience lui a fait prendre conscience qu’il existait plusieurs types de conférences EdTech.  Il y a les très grosses conférences : EdTechTeacher iPad Summit Boston ; le Sommet du iPad et du numérique en éducation de Montréal ; la conférence ISTE – International Society for Technology in Education, quatre jours où il faut choisir parmi 1000 communications et trouver le temps de visiter l’immense exposition commerciale où se retrouvent 500 compagnies du domaine de l’éducation numérique.
    Par contre,  Sommet EdTechTeam avec Google for Education présente plusieurs excellentes petites conférences à Montréal, Ottawa, Toronto, etc.  Chaque formule offre des possibilités différentes d’apprentissage et de réseautage.

    Jean Pierre est aussi très actif au sein de la communauté EdTech montréalaise.  Il se garde à l’affut des innovations et des expériences de l’un et de l’autre en EdTech. Les enseignants et les élèves de Selwyn House bénéficient de son dynamisme.

    Il souligne l’absence de développement professionnel offert en EdTech.  Cette carence, comblée par les échanges d’information accessibles grâce à ces conférences et ces rencontres informelles, est compréhensible compte tenu de l’évolution exponentielle  dans ce domaine.  Le réseautage et les échanges informels permettent à chacun d’apprendre de l’autre.  On convainc un collègue de nous accompagner à un EdCamp et la prochaine fois celui-ci en convaincra un autre.  C’est la recette de succès pour la propagation du numérique en éducation selon Jean-Pierre.

    Selon son expérience et ses observations, la méthode «Top down» ne fonctionne pas.

    Son travail et celui de ses collègues : le partage des tâches

    Jean Pierre a commencé sa carrière à Selwyn House il y a dix ans comme technicien informatique. Les premiers six ans, il a travaillé principalement au support technique et occasionnellement au support aux utilisateurs, les enseignants.

    Son travail a évolué. D’une tâche centrée sur l’assistance technique,  il s’applique davantage maintenant à un travail de support aux enseignants dans leur intégration du numérique au quotidien. Tous les élèves et les enseignants du secondaire ont un laptop. Les classes du primaire ont des chariots iPad.  Par contre, l’utilisation de ces ordinateurs varie selon l’enseignant et aucun enseignant de cette école est astreint à utiliser une technologie numérique quelconque.

    Jean Pierre se perçoit un facilitateur, un petit diable qui séduit et tente l’enseignant à utiliser la technologie.  Il est là pour supporter les enseignants dans leur démarche d’intégration du numérique et il leur propose des projets.

    Le projet Dragons où chaque écolier de la maternelle a dessiné un dragon et imaginé une histoire est un exemple. Grâce au fantastique studio multimédia de cette école choyée, les élèves ont mimé leurs histoires devant un écran vert.  Jean Pierre a utilisé Puppet pals, iMovie et Aurasma pour finaliser ce projet qui a été présenté aux parents lors de l’Art Fair (Foire des arts) de l’école.

    NinonLouise_Selwyn3_140116Selwyn House compte environ 80 enseignants qui bénéficient de la présence de Scott Kilbride, l’administrateur de réseau et de deux techniciens.

    Bill Bedard, est un enseignant spécialisé en informatique qui initie dès la maternelle les élèves à la programmation.  C’est dans le cadre de l’apprentissage de la programmation que les élèves utiliseront les imprimantes 3D.

    La robotique est une activité périscolaire. Plusieurs professeurs sont impliqués au département de robotique.

    Selwyn House est affilié au groupe CRC Robotics et participe à des compétition depuis 1995. Le type de robot utilisé changera d’année en année selon les exigences de la compétition Pythagorium.

    Le principal changement cette année est la migration vers Google Apps.

    Un directeur présent auprès des élèves et à l’écoute de son personnel

    NinonLouise_Selwyn5_140116Le vêtement formel de monsieur Hal Hannaford, directeur de Selwyn House,  est égayé d’une amusante cravate colorée.  Ce grand amateur de jazz joue de la batterie avec le Jazz band de l’école.  Le midi, il revêt un tablier et se rend à la cafétéria.  Il y veille sur les petits qui ont parfois de la difficulté à transporter leur cabaret ou ne choisissent pas suffisamment de nourriture.

    Il supporte l’enseignant enthousiaste et sérieux qui veut réaliser un projet particulier.  C’est ainsi qu’il y a maintenant un atelier de menuiserie (wood workshop)  à Selwyn House suite à la proposition d’un enseignant.

    NinonLouise_Selwyn4_140116Le projet de l’an prochain est de transformer le vieux laboratoire d’informatique en un MakerSpace (FabLab) spécialisé en programmation et qui intègrera plusieurs départements dont le laboratoire de robotique et le workshop.

    Conclusions de la pédagogue

    Selwyn House est une école privilégiée, mais c’est aussi une école où chaque enseignant peut s’épanouir avec ou sans numérique.  C’est une école en mutation où la modernité se manifeste au sein d’une tradition centenaire, où chaque année des éducateurs passionnés planifient sérieusement, intelligemment l’évolution pédagogique par l’élaboration de nouveaux projets.

    La plupart des écoles n’ont pas les moyens d’offrir à leurs écoliers tous ces appareils dispendieux. La plupart des écoles peuvent, par contre, supporter les initiatives sérieuses des enseignants qui cherchent utiliser leur créativité pour faire avancer leur profession.

     

     

    Pour en savoir plus sur les niveaux de certifications offerts :
    www.comptia.org

    Le blog de J.P. Trudeau qui offre des conseils, des idées, des informations au personnel enseignant :
    www.jptrudeau.com

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  • Et vint BUBULES le fil d’Ariane

    Et vint BUBULES le fil d’Ariane

    Episode 2
    Ce sont huit modules concentriques, un par année scolaire. Le sous-titre en est : « J’observe le monde matériel, je fais des sciences« .

    NinonLouiseepisode2_bubules1À chaque année scolaire, il y a plusieurs leçons de longueur variée où l’écolier s’initie à l’usage de l’une ou l’autre de ces habiletés manuelles et intellectuelles caractéristiques du travail scientifique.

    À partir d’observations d’objets et de phénomènes, de manipulations, de simples expériences, l’accès à une diversité d’informations et principalement grâce à l’approche holistique des savoirs et la progression des apprentissages en spirale, l’élève développera une pensée conceptuelle dépassant la connaissance factuelle.

    La description ci-dessous présente quelques-uns des principaux faits dont traite chaque module. Il vous faut imaginer comment l’étude du système nerveux se fonde à l’étude des systèmes de communications ; comment le concept d’habitat est proposé avec l’étude élémentaire des propriétés physiques et chimiques de la matière ; que la fabrication de divers types de bonbons selon la température du sirop est une analogie de la formation des roches ; que les adaptations des animaux à la vie aquatique, la poussée d’Archimède, la pression et les sous-marins peuvent être étudiés ensembles ; quelles représentations des conditions de vie sur Terre faudra-t-il avoir assimilé pour concevoir un modèle numérique de colonie sur la Lune ou sur Mars.
    légende photo : Nous n’avons pas inventé les tablettes et le stylet

    Il vous faut vous représenter de courts mélodrames (soap operas) de dix minutes environ ayant pour sujet l’histoire d’amour chez les molécules, les atomes et les particules.

    Ah! toutes ces liaisons !

    L’élève est au centre de l’univers. L’air qu’il respire et les objets qui l’entourent parlent à ses sens et l’éveillent à l’histoire de son humanité.

    1 – Moi

    NinonLouiseepisode2_bubules2Je suis un être humain qui vit dans un monde matériel et possède les caractéristiques des êtres vivants.

    Le concept d’espèce, les propriétés physiques de la matière et les principales caractéristiques de la vie sont abordées pendant cette première année.

    Si Cicéron fut le premier à appliquer le mot « culture » à l’être humain nous dit Internet, les sculptures et les pétroglyphes représentatives de l’Homme existaient avant lui, ainsi que les premières formes d’écritures.

    L’enseignant présentera à l’élève des images de représentation de l’Homme par diverses cultures primitives.  L’élève pourra en dessiner ou en reproduire quelques unes avec de la pâte à modeler,  apprendra le nom de la culture d’origine de ce modèle ainsi qu’à localiser cette culture à la fois sur une ligne du temps et sur un globe terrestre.

    Tous les enfants . . . enfin presque tous les enfants du monde sont eux-aussi astreint à apprendre à écrire. Jouons avec les lettres, les miennes et les tiennes. Oui, j’aime la calligraphie mais si au lieu d’être une obsession écrire devenait un jeu de dessin à faire en fin de journée ?

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    2 – Ma maison

    Liquides, solides et gaz, les états de la matière, les mélanges, les structures de la matière, initiation à la physique et à la chimie ainsi que l’introduction du concept d’habitat. On bricole des modèles d’abris primitifs à partir de matière végétale, des grandes herbes et des brindilles. On est informé du nom du groupe culturel qui a créé ce type d’habitation et on le localise sur un globe terrestre.

    NinonLouiseepisode2_bubules43 – Mon vaisseau spatial. la Terre

    L’histoire de la Terre, une planète en constante transformation. Introduction des

    concepts de populations, communautés et écosystèmes. Les premiers abris construits avec les pierres. Visiter son quartier. Y trouve-t-on des bâtiments de pierre? Les châteaux et les temples.

    4- Je fais le tour du monde en voilier

    NinonLouiseepisode2_bubules5Les climats, l’hydrologie, les besoins essentiels de l’être humain pour vivre isolé sur un bateau, les modes de communication, la succession écologique et les écosystèmes des îles Galapagos, l’île de Pâques.

    Les grands voyageurs, Ulysse, les Vikings, Marco Polo, les grandes explorations, les comptoirs commerciaux, la conquête des nouveaux continents, la découverte de nouveaux produits, etc.

    5- Je suis un astronaute

    Le spectacle de l’espace, le concept de gravité, les télécommunications, comment vivre dans un thermos – la vie à bord d’une station spatiale, pourrait-on établir une colonie dans l’espace? L’application de la méthode expérimentale.

    La cosmologie moderne et les cosmogonies culturelles. Pourquoi les élèves n’imagineraient-ils eux-aussi histoire de la formation de l’univers qu’ils illustreraient collectivement et publieraient sur le Net, après qu’on leur a raconté la formation de l’univers. https://fr.wikipedia.org/wiki/Cosmogonie

    6- Je suis la star de ma vie

    La beauté et la forme, la santé, le sport, les fleurs, la reproduction sexuée, le système nerveux, l’électricité, l’électronique.

    Ces êtres humains qui sont des vedettes de tous les temps – Jules César, Louis XIV, Léonard de Vinci, Boudha, Gutenberg, Christophe Colomb, Aristote, Washington, Alexandre le Grand, Descartes, Bach, Ford, Homère, cités ici en vrac. D’autres pourraient être choisis. Je ne nomme pas les scientifiques car le module suivant traite de l’histoire de la science et les présente.

    7- J’espionne la nature

    NinonLouiseepisode2_bubules6Les grands espions de la nature, les chasseurs ces premiers espions, qui étudient le comportement de leurs proies. Puis l’astronomie, la première science naturelle.

    Les grands voyageurs : Humboldt et Darwin qui furent aussi de grands observateurs.

    Ceux qui organisent l’information, comme Linné et Mendeleïev.

    Ceux qui ont étudié la constitution de la matière comme Lavoisier.

    Ceux qui ont étudié le comportement de la matière et de l’énergie comme Newton et Einstein.

    Ceux qui ont étudié la vie comme Mendel et Pasteur.

    . . .et plusieurs autres.

    On les situe dans l’espace, leur contrée d’origine et leur temps. On reprend certaines de leurs observations, de leurs manipulations. On apprend à démontrer leur théorie. On ne demandera pas toutefois aux élèves de reproduire les observations du LIGO (Laser Interferometer Gratitational-Wave Observatory) qui tente de capter les vagues de l’espace-temps, ces messagères d’Einstein.

    La police scientifique, un sujet qui fascine les adolescents.

    Les détectives des maladies, la médecine, un second sujet auquel s’intéresse ces jeunes dont le corps subit maintes transformations.

    8- Moi

    Je suis un être humain qui vit dans un monde matériel que je partage avec d’autres êtres vivants. C’est l’année synthèse de tous les acquis.

    L’élève retiendra peut-être la portée et les limites du savoir scientifique. On présente quelques exemples de la sagesse, par exemple, la création d’habitats protégés, tels les parcs nationaux ou la sauvegarde de la diversité des graines agricoles et de la bêtise humaine, par exemple la pollution des nappes phréatiques ou la consommation de drogues dures. Il y apprendra aussi que parfois l’enfer est pavé de bonnes intentions, par exemple, la destruction partielle de la couche d’ozone par les chlorofluorocarbonnes -CFC- une réaction chimique imprévue.

    L’élève pratiquera l’art de la dissertation, c’est-à-dire savoir prendre en considération des aspects contradictoires avant de tirer une conclusion. Il s’exercera à réfléchir au fait que la plupart des situations présentent des avantages et des inconvénients. La discussion, une activité très prisée des élèves de cet âge, sera utilisée pour lui permettre de raffiner sa compréhension de la science et des cultures.

    Une question se pose. Est-il nécessaire de bouleverser nos systèmes éducatifs ? Convertir notre traditionnelle approche disciplinaire en une approche holistique ?

    Le classement disciplinaire des savoirs, nomenclature généralement acceptée, est une création de l’Homme pour organiser ses connaissances. Les phénomènes naturels observables par les élèves en formation de base et les simples concepts sont très souvent de caractère transdisciplinaire. Par exemple, la croissance, la respiration, le mouvement, toutes ces caractéristiques générales des êtres vivants s’appliquent autant à notre jeune être humain qu’à la petite plante qu’il fera pousser au module de première année. Il saura alors que lui et cette plante sont vivants malgré leurs différences apparentes, mais que la roche ou sa peluche ne sont pas. Peut-être cette «révélation» aidera-t-elle le jeune citoyen à se percevoir comme un être membre d’une communauté de vivants et non comme cet être supérieur à qui la planète appartient.

    Jusqu’à tout récemment l’écolier n’avait que son manuel scolaire comme référence. Or les livres sont un médium à deux dimensions.   L’information y est présentée dans le plan et défile selon un classement logique, cohérent. Le sommaire nous en présente la synthèse. Il y a bien l’index direz-vous pour permettre de transpercer l’ouvrage et nous orienter dans le dédale d’informations. Mais l’index ne permet pas de sortir du livre.

    Le numérique est un médium à trois dimensions. On peut y vivre dans l’espace. Un écran du cahier de note interactif permet à l’élève d’accéder directement à des informations, des images, des vidéos. Un tel médium permet d’appréhender globalement l’univers, de manière holistique. Ce médium se rapproche davantage de la réalité malgré qu’il s’agisse d’un univers virtuel. Nous vivons dans un univers à trois dimensions et le numérique permet à l’écolier d’apprendre à le connaître avec plus de réalisme.

    Le numérique autorise les voyages dans l’espace culturel ainsi que dans le temps. Il fait des liens autrefois réservés aux grands esprits. Il permet de «comprendre», de «voir», de «prendre conscience.»

    Le numérique n’est pas une panacée. C’est une réalité de notre quotidien. Vous pouvez tenter, tel Josué de dire :» Numérique arrête-toi !» mais vous ne pourrez pas arrêter sa course exponentielle. Comme je ne connais aucun pouvoir pour stopper l’envahisseur pourquoi n’utiliserions-nous pas ses fantastiques propriétés pour l’éducation de base des générations montantes.

    C’est dans cet esprit que j’ai créé BUBULES™ le fil d’Ariane.

    Photographies prises à travers les vitrines de l’exposition : Objets culturels du monde entier du Musée Redpath de l’Université McGill de Montréal.  

    Les musées d’histoire naturelle et de l’Homme disposent d’une multitude d’objets témoins de la vie de ce que nous sommes pourquoi ne pas y référer pour l’éducation du Petit de l’Homme.

    Article écrit par Ninon Louise LePage, tous droits réservés.

  • Retour sur le EdCamp Montréal 2015, un modèle « tous participants »

    Retour sur le EdCamp Montréal 2015, un modèle « tous participants »

    Peu à peu, près d’une cinquantaine de personnes m’y rejoignent pour participer au quatrième CampEd (francisation de EdCamp) Montréal.  Cette population est hétérogène.  Il y a des anglophones et des francophones, des enseignants du primaire, du secondaire, des enseignants auprès d’élèves ayant des difficultés d’apprentissage, des membres de la direction des écoles, des étudiants au doctorat, des représentants du RÉCIT, un réseau du ministère de l’Éducation du Québec axé sur le développement des compétences des élèves par l’intégration des TIC ou de Carrefour éducation, un portail éducatif qui propose des ressources didactiques aux enseignants québécois.

    Ce qui nous réunit en ce samedi, cette journée de congé,  sont l’amour de l’éducation et l’intérêt pour le numérique.

    Un EdCamp ou CampEd,  c’est une non-conférence.  EdCamp s’inspire du modèle des BarCamps, ces non-conférences ouvertes sous forme d’ateliers-évènements participatifs : « pas de spectateurs » – « tous participants ».

    Le premier EdCamp a eu lieu en mai 2010 à Philadelphie.  La EdCamp Foundation fut créée en décembre 2011 et les premiers EdCamps tenus dans une autre langue que l’anglais fut EdCamp Stockholm le 31 octobre 2011 (en suédois) et EdCamp Montréal le premier novembre 2011 (en français).

    EdCamp Montréal est le seul EdCamp bilingue (français/anglais) au monde.

    Pierre Poulin, un dynamique éducateur a assisté à deux EdCamps à New York avant de lancer l’aventure montréalaise,  À son retour il a réservé les noms EdCamp Montréal et EdCamp Québec au Canada.  L’organisation de EdCamp Québec a été confié à Audrey Miller. Le but de Pierre Poulin en organisant ces journées de rencontre est de donner la chance à ses collègues éducateurs de découvrir de nouvelles pratiques éducatives et leur permettre de faire connaître leurs réussites aux autres participants.

    Les deux premiers EdCamps se sont tenus à l’école Wilfrid-Bastien grâce à l’autorisation de la directrice, madame Isabelle Massé.

    EdCamp est un réseau international auquel participe des éducateurs qui se rencontrent de manière informelle.  Il n’y a pas de thème déterminé à l’avance. Chaque participant peut proposer un sujet de discussion de son choix ou circuler d’un groupe à un autre selon ses intérêts.  C’est un modèle innovateur et dynamique de formation professionnelle pour les éducateurs. Et au EdCamp on ne paie que pour la bouffe.

    La journée commence par un café, quelques croissants et chacun se présente aux autres.  Les participants venaient non seulement de Montréal et sa banlieue mais aussi de Québec (275 km), Sherbrooke (149 km) et Gatineau (193 km).

    On distribue les post-it, petites feuilles autoadhésives  sur lesquelles chacun écrit le sujet dont il aimerait discuter.  Chacun colle sa proposition sur un tableau.   Un organisateur « organise », regroupe les questions en thématiques communes. Ce jour-là, neuf sujets furent retenus, six en français, trois en anglais.

    La journée est divisée en trois ou quatre sessions, chaque session propose trois ou plusieurs ateliers selon le nombre de participants.

    Le premier atelier auquel j’ai pris part : comment intégrer le numérique à notre enseignement?  était très populaire.  Les participants s’accordent sur l’importance d’y aller graduellement.  On cite le modèle SAMR pour Substitution, Amélioration, Modification et Redéfinition. Puis on échange des informations, chacun rapporte son expérience, des sous-groupes se forment, on questionne l’un ou l’autre sur l’usage d’un logiciel favori et c’est déjà l’heure d’aborder le deuxième atelier.

    Mon choix s’est porté sur Google pour l’éducation, un ensemble dont j’étais très curieuse. Les utilisateurs aguerris se montrent très satisfaits car Google Apps semble leur fournir l’ensemble des outils dont ils ont besoin pour être efficaces : agendas, messagerie électronique, éditeur de documents et quantité d’autres.

    À l’heure du lunch nous mangeons tous ensembles à de grandes tables.  Les échanges et discussions se poursuivent en toute collégialité.

    Pour ma troisième session, après le repas, j’ai choisi de participer à un Speed dating, qui malgré ce nom suggestif n’a rien d’un site de rencontre. Chaque participant qui le désire prend environ cinq minutes pour présenter un logiciel qui lui plaît particulièrement.  STUDYO, Showbie, BookCreator, Padlet, Thinkling, Aurasma, Tiny.cc, ThatQuiz . . . ouf ! c’est passionnant !

    La journée se termine dans la grande salle où tous réunis nous jouons à « Ça passe ou ça casse », version française What Sucks, what rocks !  traduction imaginée par Pierre Poulin suite à la discussion avec l’inventeur de ce type d’atelier à EdCamp New York à l’Université Columbia.

    Suite à un énoncé de l’animateur, les participants iront à droite ou à gauche selon qu’ils sont favorables ou non au propos.  Les indécis restent au centre.  À tour de rôle on argumentera pour tenter de convertir l’adversaire, en toute camaraderie.

    Voici deux sujets discutés ce samedi :
    êtes-vous d’accord ou non pour qu’il y ait de l’école pendant douze mois ;
    êtes-vous d’accord ou non pour l’évaluation des enseignants (nous n’avons plus d’inspecteurs des écoles au Québec).

    C’est cordialement que se termine cette journée dont chacun sort mieux informé, stimulé, prêt à faire un pas de plus vers l’intégration des technologies numériques à son enseignement.

    Les enseignants bénévoles qui ont permis de réaliser EdCamp Montréal 2015 sont :
    Édith Beaupré, François Bourdon, Tami Brewster, Nicolas Lusignan, Isabelle Marsan, Gilbert Olivier,  Sylvianne Parent, Pierre Poulin, Lydia Richard et Jean Pierre Trudeau.

    Commentaire de la pédagogue

    C’était ma deuxième participation à un EdCamp.  Je suis toujours aussi heureuse de ces journées où j’apprends énormément et je rencontre des tas de personnes formidables.
    Explorez le site ci-dessous. Vous y trouverez non seulement l’historique du EdCamp Montréal mais aussi en bas de page des informations pour organiser un EdCamp et une liste de dix raisons de convaincre vos collègues d’assister à ce type d’évènement.

    Lien : http://edcamp.wikispaces.com/edcamp+Montréal

  • Des hackathons pédagogiques, pourquoi pas ?

    Des hackathons pédagogiques, pourquoi pas ?

    Le 16 septembre, madame Axelle Lemaire, secrétaire d’État chargée du numérique a lancé un hackathon en vue de la production de « start-up éducatives » et  le C2E de Poitiers organisait son premier Hackathon pédagogique avec Réseau Canopé.

    Le numérique m’intéresse.  Je suis curieuse de ce qui se passe dans la société en regard de ces technologies. Le phénomène hackathon m’est apparu suffisamment significatif pour chercher à en connaître davantage sur ces manifestations toutes pacifiques.

    Dans cet esprit,  je me suis pointée à l’Espace ECTO, un lieu de coworking coopératif  (espace de travail coopératif). Je me nomme designer pédagogique, mais je ne suis pas un designer informatique.  À l’inscription, j’ai sélectionné l’option Citoyen qui me permettait d’assister à l’évènement, proposer un sujet, un angle de travail aux développeurs, d’observer et de voter pour le projet gagnant.

    Gabriel Galvis, un ingénieur en numérique croit le domaine culturel négligé par les technologies.  Il a donc proposé en septembre 2014 ce marathon d’idées au Lab culturel du plan culturel numérique du Québec.  Sa proposition fut retenue et le hackathon culturel a eu lieu les 25-26 et 27 septembre  2015.

    Qu’est-ce qu’un hackathon ?

    Ce mot-valise est formé de la synthèse de «hacker » et « marathon ».  Cet évènement sans règles établies rassemble développeurs et autres intervenants du projet numérique.  Ils travaillent en équipes et collaborent à la production d’une maquette ou d’un prototype qui répondra à une question ou permettra de résoudre un problème dans un temps très court.  C’est un marathon de travail, un moment de création intensif.

    Un hackathon pédagogique peut se rapprocher du thème de Ludovia12, « Appropriations et détournements dans les pratiques éducatives« ,  car pendant un hackathon, on détournera parfois l’usage familier d’un outil numérique pour le réorienter vers la résolution d’un problème particulier.

    Très souvent cependant, le prototype créé lors du hackathon, sera l’oeuvre de bidouilleurs qui transforment plus ou moins profondément des logiciels Open Source et utilisent des bibliothèques de code, pour répondre au problème réel à résoudre ou à la question énoncée.

    Madame Marika Laforest, chargée de projet pour le Plan culturel numérique du ministère de la Culture du Québec  et responsable du Hackathon des journées de la culture a eu la gentillesse de prendre quelques instants pour répondre à mes questions et m’indiquer quelques conditions à respecter pour assurer le succès de l’évènement.

    Il faut un promoteur, une entité responsable. Une commune, une Académie, un réseau Canopé, même une école, un collège ou un lycée peuvent initier un hackathon pédagogique.

    NinonLouise_hackathon1_051015On fixe d’une date qui donnera suffisamment de temps pour la planification, quelques mois.
    On invite des développeurs bidouilleurs, des designers d’interface, des concepteurs, des gestionnaires de projets, des experts en marketing, enseignants et pédagogues à former des équipes et à participer à un brassage d’idées où ils imaginent des projets en réponse à une question, à un problème pédagogique ou scolaire précis.

    C’est parfois difficile de rassembler ce public composite.

    Comment utiliser le numérique pour gérer efficacement les repas du midi ; pour améliorer les résultats des élèves en mathématiques ou en histoire et géographie ;  pour planifier un programme d’activités sportives visant à améliorer le comportement et l’intérêt pour l’école d’une clientèle à risque ; etc. sont quelques exemples de problèmes pouvant être présentés aux hackeurs.

    Toute personne ou groupe de personnes intéressée(s) par le sujet pourra/pourront proposer un projet et le déposer «dans le bac à idée», un bac virtuel évidemment.  Les organisateurs choisiront parmi les projets suggérés ceux qui leur semble les plus prometteurs.  Les intéressés peuvent s’inscrire et se présenter au hackathon même si leur projet n’a pas été retenu car ils pourront former équipe avec d’autres au moment du réseautage, au tout début du marathon de production.

    NinonLouise_hackathon2_051015Il faut procurer aux participants tout le matériel essentiel à leur travail intensif :
    . un espace de travail aéré, agréable avec de la lumière naturelle si possible ;
    . des papiers de différentes grandeurs, des stylos et marqueurs de toutes couleurs ;
    . un assortiment de câbles, des prises électriques accessibles  ;
    . une connexion Internet hyperfiable ;
    . accès aux données informatiques de base relatives au sujet du travail.  Les participants peuvent aussi alimenter leur projet aux bases de données de leur choix ;
    . des breuvages et de la nourriture pour toute la fin de semaine.

    Il est recommandé de prévoir une pause récréative autour de l’heure du souper de la deuxième journée pour permettre aux hackeurs de se détendre, un spectacle de musique ou d’humour par exemple.

    Les hackathons sont habituellement gratuits.  Les organisateurs doivent trouver des commanditaires qui paieront les frais généraux et les prix offerts aux gagnants.

    Les hackathons se déroulent souvent pendant le week-end.  L’activité commence le vendredi soir par le pitch des porteurs de projets suivi de la formation des équipes.  Chaque équipe recevra des organisateurs un rappel des règlements, la liste des données ouvertes qu’ils doivent mettre à profit, une liste d’outils de travail suggérés, les instructions relatives à la présentation de leur travail ainsi que la grille d’évaluation. Il est recommandé que deux ou trois développeurs/designers participent à chaque projet retenu.

    C’est le moment du réseautage et du brainstorm initial.

    Les citoyens  peuvent circuler d’une équipe à l’autre et donner leur avis.

    Les équipes formées travaillent tard en soirée le vendredi, de 15  à 18 heures le samedi et plus de six heures le dimanche matin.  Tout participant peut changer d’équipe s’il le désire car l’activité est à la fois compétitive et collaborative.

    Le hackathon se termine par la démonstration du prototype ou tout au moins de la maquette par un membre de l’équipe et par la remise des prix suite à l’évaluation du jury.

    Un hackathon, c’est aussi une compétition.

    NinonLouise_hackathon3_051015Contrairement à Saint-Germain-des-Prés, il y a-t-il un après au hackathon?  Les développeurs sont des auteurs compositeurs, le hackathon leur permet de démontrer  leur savoir-faire.  Il en tirent la reconnaissance des pairs,  même parfois une certaine gloire. . . et une chance de gagner des prix en argent ou de voir l’oeuvre dépasser l’étape du prototype et trouver preneur.

    Les élèves peuvent aussi faire des hackathons.

    Les élèves aussi peuvent faire des hackathons.

    Consultez Hackathons as a New Pedagogy qui relate l’expérience vécue dans une école de Toronto.

    . . . mais en français, il faut absolument consulter Informatique créative de Karen Brennan, Christian Balch et Michelle Chung, de la Harvard Graduate School of Education.  Ce guide pédagogique est gratuit et disponible en ligne.  Il vise l’enseignement de l’informatique créative . . . et le chapitre six à la page 109, intitulé  HACKATHON guide le lecteur pas à pas pour réaliser ce type d’activité avec les écoliers . . . qui devront par contre avoir déjà été initiés à la programmation.

    De plus, les hackathons sont une activité qui enchante les élèves.

     

    « . . ..le terme anglais « hack » a une connotation négative,

    mais c’est un terme qui à la base renvoie à un esprit ludique,

    à la curiosité, à la ténacité et à la créativité. . . .

    . . .en anglais le terme « hacking » peut signifier

    « de l’ingéniosité bien placée ». . .

    . . . un hackathon reprend la notion d’ingéniosité ludique

    et l’intègre à un contexte d’intense concentration

    et de temps limité . . .

    . . . les élèves vont s’appuyer sur leur expérience

    en informatique créative

    pour concevoir un projet ouvert de leur choix. . ..

    . . . Le hackathon est associé à une philosophie d’apprentissage et de résolution de problème juste à temps. . .

    Il encourage l’itération de phases de planification,

    de réalisation et de partage, . . .

    . . . une excellente occasion d’inventer . . .

    . . . de développer des compétences qu’ils possèdent déjà

    et de tester des idées au sein d’un environnement pédagogique

    collaboratif, créatif, flexible et ludique.»

    Brennan, Karen &al. Informatique créative, Harvard Graduate School of Education, pages 109 et 111 http://www.ac-grenoble.fr/savoie/pedagogie/docs_pedas/scratchjr_bl/CreativeComputing20140806_FR.pdf?PHPSESSID=28597fa4423f372e76ef630ddefd7922, consulté le 29 septembre 2015

     

    Conclusions de la pédagogue

    Pour certains, le phénomène hackathon prend de l’ampleur.
    Pour d’autres, il commence à s’essouffler.  

    Ma boule de cristal ne donne pas réponse à ce débat. Mais…

    la tenue de hackathons pédagogiques peut être un moment intense qui aidera peut-être à apprivoiser certains collègues que l’informatique rebute.

    Assister en quelques jours à la résolution d’un problème qui les ennuie depuis longtemps aidera-t-il à les convertir ? Il faut parfois croire aux miracles.

    De plus, les hackathons sont une activité créatrice qui enchante les élèves.
    Pour les élèves qui participent à un hackathon : Le futur c’est maintenant.

    Photos : les collages ont été photographiés à l’Espace ECTO et sont l’oeuvre d’artistes inconnus.

    Quelques références supplémentaires :
    Hackathon de l’Élysée, de Poitiers et de Rennes
    http://rue89.nouvelobs.com/2015/09/17/hackathon-a-lelysee-wifi-envoie-steak-261248
    http://www.c2e-poitiers.com/hackathon-pedagogique
    http://www.ac-rennes.fr/jahia/Jahia/site/academie2/accueil/pid/19479?entryId=99756

    Hackathon du Plan culturel numérique du Québec
    http://planculturelnumerique.culturepourtous.ca/blogue/hackathon-des-journees-de-la-culture

    Hackathons as a New Pedagogy
    http://www.edutopia.org/blog/hackathons-as-a-new-pedagogy-brandon-zoras, . . .

    Informatique créative
    http://www.ac-grenoble.fr/savoie/pedagogie/docs_pedas/scratchjr_bl/CreativeComputing20140806_FR.pdf?PHPSESSID=28597fa4423f372e76ef630ddefd7922

  • Pas unique mais tout aussi époustouflant : la robotique pédagogique version Québec

    Pas unique mais tout aussi époustouflant : la robotique pédagogique version Québec

    Par Ninon Louise LePage avec la participation de Dominic Bruneau

    Qu’est-ce que la robotique pédagogique ?

     

    La robotique pédagogique est l’usage de matériel de robotique dans le cadre des cours de sciences et de technologie, de mathématiques et d’activités de résolution de problèmes. Tout dépend du contexte dans lequel le robot sera utilisé.

    Les élèves de l’école Saint Joseph manipulent et programment les robots pendant une étape sur trois à chaque année, à raison d’une heure et demi par semaine.

    Quand la robotique a-t-elle fait son apparition à cette école comme domaine d’apprentissage?

     

    Le tout a commencé en 2006 avec les élèves du troisième cycle du primaire.

    À quel âge les élèves peuvent-ils commencer les activités de robotique ?

    À l’école Saint-Joseph, les élèves commencent la robotique dès la maternelle avec le matériel de LEGO Éducation WeDo.

    Les élèves sont associés en équipe de deux : l’un sera le robot et l’autre la manette (télécommande) qui active le robot. Le jeune élève apprend qu’il ne faut donner au robot qu’une seule consigne à la fois : avance de trois pas ; arrête ; tourne à droite ; arrête ; avance de cinq pas ; arrête : plie tes genoux ; arrête ; avance le bras droit ;œ etc. Puis les jeunes élèves manipulent la souris de l’ordinateur et programment leur robot avec des icônes simples. Les élèves travaillent toujours en équipes.

    Quel est le parcours proposé aux élèves ?

     

    Les robots proposés aux élèves sont différents à chaque année scolaire et les défis de plus en plus complexes.

    Vers la sixième année, les variables sont introduites dans un langage de programmation fourni par LEGO, mais à la fin du secondaire plusieurs équipes programmeront en JAVA ou en RobotC.

    Les élèves particulièrement intéressés peuvent aller très loin et les plus passionnés participent à des groupes de robotique en parascolaire et à des co-opétitions.

    Comment se déroule une activité de robotique dans une classe ?

     

    Les enseignants titulaires animent les activités de robotique dans leur classe. Dans plusieurs écoles ceux-ci sont assistés d’un animateur, d’un technicien ou d’un conseiller pédagogique. De plus, il est important de noter que les équipes doivent apprendre à travailler en coopération tout au long des activités alors qu’elles sont souvent constituées d’élèves plus avancés qui sont placés avec leurs amis qui éprouvent un peu plus de difficultés.

    À l’école Saint-Joseph un ensemble de robotique est utilisé par une équipe de deux élèves, mais dans d’autres écoles, trois ou quatre jeunes peuvent manipuler le même robot.

    Les filles semblent tout aussi intéressées que les garçons par cette activité pédagogique ; en général, elles sont plus actives en création et programmation et les garçons en construction.

    Qu’est-ce que Robotique Zone01 ?

     

    Voici comment Robotique Zone01 se définit sur son site Web.

    Un Organisme à But Non-Lucratif (OSBL) qui s’est donné quatre mandats importants en ce qui concerne l’avancement de la robotique pédagogique au Québec :

    1- Promouvoir l’enseignement de la technologie auprès des jeunes ;

    2- Soutenir les enseignants dans l’intégration de la robotique dans leurs classes ;

    3- Favoriser les échanges entre les amateurs de robotique pédagogique ;

    4- Soutenir le développement de compétition robotique au Québec.

    Tout une communauté s’affaire autour de Zone01 : près de 1500 étudiants bien sûr ainsi que leurs enseignants de plus de 60 écoles, mais des bénévoles amateurs de robotique et des ingénieurs. Ceux-ci s’impliquent auprès de différents comités et forment un conseil d’administration de neuf administrateurs élus. Un de ces comités conçoit les défis que devront relever les participants selon leur niveau scolaire ainsi que les défis pour participer à la co-opétition – terme créé pour souligner qu’il s’agit à la fois d’activités de compétition et de collaboration.

    Depuis 2014, des équipes de Zone01 sont sélectionnées pour participer au World Robot Olympiad (WRO), une compétition annuelle des équipes d’élite de plus de 50 pays.

    L’an dernier, une première délégation canadienne s’est donc rendu à Sotchi vêtus des même habits que les athlètes de l’équipe olympique canadienne. Ce fut une aventure inoubliable pour ces élèves qui s’est conclue par une visite à Moscou. Cette année, une délégation comprenant des jeunes de la cinquième année du primaire, du secondaire et du Cegep se rendront à Doha au Qatar en novembre pour représenter le Canada à cette même compétition.

    Le choix du matériel LEGO

    Le système LEGO Mindstorms est choisi pour sa richesse de conception et sa simplicité de programmation.

    Le matériel comprend une brique intelligente qui est le centre de commande et d’alimentation électrique du robot, des moteurs ainsi que des capteurs tactiles (les mains du robot), sonores (les oreilles du robot), infrarouges, ultrasoniques et de couleur (les yeux du robot). Des blocs de programmation tels des des actions des moteurs, des détections par capteurs, des opérations mathématiques contrôlent les actions et le déroulement du programme ainsi que la manipulation des données des capteurs. Le matériel a une durée de vie de cinq à sept ans environ.

    Avec l’utilisation régulière, il est certain que des pièces peuvent se perdre, mais il est très facile d’en trouver pour les remplacer.

    Conclusions de la pédagogue

     

    J’aime . . . l’approche pédagogique où le jeune écolier est initié concrètement au concept de programmation : la machine n’est pas intelligente, on doit lui apprendre les actions à réaliser pas à pas.

    J’aime . . . que la robotique n’est enseignée qu’un trimestre par an, qu’elle n’envahit pas l’espace scolaire.

    J’aime . . . l’évolution graduelle de difficulté des défis proposés aux élèves.

    J’aime . . . le concept de co-opétition où les écoliers s’aident mutuellement à réussir les défis qui leur sont proposés tout en conservant le plaisir de la compétitions et de chercher à être le meilleur.

    . . . Et mes seuls contacts avec LEGO sont lorsque l’une des fameuses briquettes tente de s’incruster dans ma voûte plantaire quand je marche pieds nus dans la chambre de mon petit fils.

     

    Pour en savoir plus voici quelques sites à consulter :

    Site Web de Zone 01 : http://www.zone01.car
    La robotique en maternelle : http://recitpresco.qc.ca/pages/robotique/materiel-wedo
    Et surtout regardez le vidéo suivant. Il vous donnera envie de faire de la robotique pédagogique avec vos élèves : http://www.zone01.ca/index.php?lang=fr

     

    Pour info :
    Tableau comparatif du système scolaire français avec le système scolaire québécois

    Système scolaire au Québec  / Système scolaire en France

    RIEN / Maternelle, petite section – 3 ans
    RIEN / Maternelle, moyenne section – 4 ans
    Maternelle 5 ans / Maternelle, grande section – 5 ans

    École primaire 6 ans Premier cycle 1ère année / École primaire CP 6 ans
    École primaire 7 ans Premier cycle 2ème année / École primaire CE1 7 ans
    École primaire 8 ans Deuxième cycle 3ème année / École primaire CE2 8 ans
    École primaire 9 ans Deuxième cycle 4ème année /École primaire CM1 9 ans
    École primaire 10 ans Troisième cycle 5ème année / École primaire CM2 10 ans

    École primaire 11 ans Troisième cycle 6ème année / Collège 6 ème 11 ans

    École secondaire 12 ans Premier cycle Secondaire 1 / Collège 5 ème 12 ans
    École secondaire 13 ans Premier cycle Secondaire 2 /Collège 4 ème 13 ans
    École secondaire 14 ans Second cycle Secondaire 3 / Collège 3 ème 14 ans

    École secondaire 15 ans Secondaire 4 / Lycée Seconde 15 ans
    École secondaire 16 ans Secondaire 5 /Lycée – Première 16 ans

    Cegep 17 ans / Lycée Terminale 17 ans

     

    Vidéo réalisée par Ninon Louise Lepage dans des conditions « amateur ».