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  • Réflexions sur numérique et enseignement avec Sylvain Decelles

    Réflexions sur numérique et enseignement avec Sylvain Decelles

    Sylvain Decelles est enseignant en français et en géographie au collège (école Selwyn House de Montréal).  Il est aussi président du Conseil d’administration du Conseil pédagogique Interdisciplinaire du Québec (CPIQ).  Cet organisme regroupe une vingtaine d’associations professionnelles d’enseignants du Québec.

    Le CPIQ s’intéresse principalement au développement de la pédagogie et de la compétence professionnelle des enseignants.

    Le CPIQ participe à des comités nationaux sur les programmes d’études, l’évaluation des apprentissages, la formation des enseignants, etc.

    Rôle du conseiller au numérique

    L’enseignant est l’expert en pédagogie.   Le conseiller au numérique dans les écoles et les collèges doit être en mesure d’interpréter ce que les enseignants veulent réaliser dans leurs classes en utilisant les technologies numériques.  Il doit pouvoir conseiller l’enseignant sur les façons d’adapter l’offre numérique aux exigences pédagogiques.

    Relation entre les connaissances et les compétences en éducation contemporaine

    NinonLouise2_DecellesitwAutrefois, on transportait notre bagage de connaissances dans nos têtes.  L’Homme instruit était celui qui avait mémorisé la plus grande quantité de connaissances. L’Homme éduqué lisait des journaux pour se tenir informé. L’information, c’est le pouvoir disait-on alors.

    Maintenant, tout savoir est instantanément accessible au premier venu grâce à l’internet. Cependant, connaître le nom de tous les pays et leurs capitales ne permet pas de comprendre les enjeux géopolitiques.  L’élève peut nommer les participants à ces enjeux mais sait-il analyser, interpréter les systèmes politiques, comprendre leur fonctionnement, les interactions entre les parties?

    La technologie remet en question la place des connaissances dans l’enseignement.  La mémorisation de faits devient caduque. L’ordinateur exige une réflexion sur l’orientation à donner aux apprentissages.

    Le renouveau pédagogique

    NinonLouise_DecellesitwLe renouveau pédagogique est le programme d’étude du ministère de l’Éducation du Québec publié en octobre 2005. On y prescrit un modèle éducatif adapté aux réalités du 21e siècle.  Tout en conservant une part importante aux connaissances (compétences disciplinaires), ce programme innove en centrant le processus éducatif sur les compétences transversales.

    Il vise à apprendre aux jeunes Québécois à exploiter l’information, à résoudre des problèmes dans les grandes sphères de l’activité citoyenne par d’efficaces méthodes de travail. Cette tentative d’adapter le curriculum aux réalités du 21e siècle a été fortement critiquée.

    Avec le renouveau pédagogique, les compétences se situent au centre des apprentissages.  Le système scolaire sait comment évaluer l’acquisition des connaissances par l’élève.  Mais l’évaluation des compétences est un domaine où  presque tout est à construire pour l’école aux traditions séculaires.

    La difficile évolution du système éducatif

    L’éducation n’est pas un lieu d’innovation. Les structures éducatives ont peu évolué depuis le 19ème siècle, contrairement à la société.  C’est très difficile pour l’école de changer car la personne qui choisit la profession d’enseignant reproduit spontanément sa propre expérience scolaire et la formation universitaire en pédagogie renforce souvent cette structure par laquelle l’éducateur contrôle la formation de celui dont il a la charge. Ce savoir-faire est connu, confortable alors que le changement imposé par le numérique est anxiogène pour plusieurs enseignants.

    Le développement professionnel des enseignants

    La présence de la technologie complexifie la tâche de l’enseignant et le premier problème auquel il doit faire face est celui d’un manque de temps.

    Le développement professionnel doit être dans les mains de l’enseignant et non pas un développement professionnel qui lui est imposé par des structures externes.  Si on demande à l’élève d’être responsable de son apprentissage, on doit proposer la même approche à l’enseignant.

    La peur du vide, la question de l’évaluation et l’éducation aux valeurs : trois bestions de l’éducation contemporaine

    Personne ne peut prévoir avec certitude le résultat des changements pédagogiques initiés par l’introduction du numérique en classe. Convaincre les enseignants craintifs des avantages à utiliser les technologies numériques, les persuader de la nécessité d’un enseignement centré sur les compétences dans ce contexte de changement pédagogique, sont deux défis à relever par les pédagogues du 21ème siècle.  De plus, comment évaluer adéquatement ces apprentissages fondés sur les compétences?

    La dernière partie de l’entretien a porté sur les difficultés rencontrées par les enseignants qui doivent travailler avec des élèves issus de communautés aux valeurs, aux principes très variés.

    Les élèves les plus doux, les plus sages diront comme le prof par peur des représailles.  Les élèves les plus contestataires manifesteront leurs opinions divergentes.

    L’enseignant, le système éducatif du 21ème siècle doit mener l’élève à comprendre et à accepter que l’évaluation n’est pas fonction de ses opinions politiques mais dépend des compétences avec lesquelles il justifie cette opinion.

    Conclusion de la pédagogue

    Pensées percutantes, descriptives des réalités de l’école contemporaine.

  • Les innovations technologiques au service des innovations pédagogiques : l’exemple des lunettes connectées

    Les innovations technologiques au service des innovations pédagogiques : l’exemple des lunettes connectées

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    Je tenais à introduire cet article par un avant-propos en lien direct avec les évènements de novembre. A cette époque, une description en 3 actes qui attendaient leur épilogue, m’amenait à débattre de manière partisane sur les objectifs que l’on assignait au numérique et les moyens mis en oeuvre pour y arriver.

    Les attentats horribles m’ont profondément bouleversé et je ne pouvais pas finir sereinement mon développement. Plusieurs semaines après ces évènements dramatiques, et toujours choqué par ce qui s’est passé, je mets un point d’honneur à abonder le discours nécessaire à faire savoir que nos convictions ne sont pas altérées et que la culture, la volonté et l’innovation demeurent la force de notre intelligence et de notre humanité.

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    Ainsi donc, au cours de ce temps, j’en ai profité pour éprouver mon discours et en arrive aujourd’hui à conclure sur ces trois actes qui portent mon évolution personnelle et professionnelle au sein du développement des outils numériques.

    Le fil directeur de tout cela n’est autre que cette affirmation faite dans mon précédent article où j’écrivais convaincu de mes propos : «  On ne cesse d’entendre partout, que la technologie avance de manière exponentielle ; qu’à chaque nouveauté produite s’en suit l’obsolescence de celle qui précède. Hum ! Qu’en est-il alors de chacun de nous ? Sommes-nous à même de suivre cette évolution et la coller à nos impératifs de terrain pédagogique à chaque trimestre technologique ? »

    Cela tient toujours ! Et peut-être encore plus aujourd’hui avec le fort développement des objets connectés, programmés, pilotés.

    Quelle place accorder de fait au gadget numérique, en évitant de se positionner dans le « buzz » éphémère que l’on peut constater de trop nombreuses fois, et aboutir à des propositions si ce n’est trop sérieuses, au moins concrètes et fonctionnelles ?

    Que doit-on réinventer dans la pédagogie, qui puisse justifier le temps passé, l’argent investi et valoriser l’ensemble des innovations comme autant de supports prompts à modifier la posture de l’enseignant au sein des leçons, et aujourd’hui celle des élèves également ?

    Des tableaux plus interactifs que jamais, des robots de plus en plus performants, des montres aux poignets, des smartphones qui se transforment en lunettes dans des boîtes en carton, des drones, des lunettes connectées, … la technologie nous submerge de ses performances et de ses originalités.

    Je me concentrerai aujourd’hui sur les lunettes connectées.

    Au sein de l’Atelier CANOPÉ d’Evry, nous avons eu le privilège d’avoir en prêt un modèle : les Moverio BT-200 d’Epson. La stratégie du prêt de matériel demeure toujours un mystère pour moi. L’accompagnement se réduit souvent à envisager les pratiques, mais rarement à les identifier.

    C’est là que le rôle du réseau CANOPÉ devient prépondérant, et c’est là également que demeure essentielle une bonne connaissance du terrain et une vision assez précise de ce qu’est en train de devenir la technologie. Car à ne s’attacher qu’à l’objet, on en oublie qu’il est un outil, et on peut passer à côté de quelque chose d’intéressant.

    Je n’ai pas la prétention de dire que c’est essentiel ; mais je teste bien sûr le côté utile. Car le « buzz » a cette formidable fonction éphémère qui m’exaspère parfois. Sur le principe des lunettes, nous sommes loin de pouvoir affirmer qu’elles pourront trouver un terrain de développement conséquent. Toutefois, une application comme « 1871 » y a déjà trouvé son support technique dans la partie consultation.

    La manipulation de l’objet est, dans les logiques de production d’écrit et d’image, quelque chose de profondément complexe, y compris en y connectant des périphériques comme un clavier BT. C’est en tous cas un très bon support à une expérimentation plus poussée du fait de cette nouvelle interactivité qui permet, grâce maintenant à une lecture directe de QRCodes (auparavant nécessitant une manipulation sur l’écran), d’afficher un contenu (avec le son, BT ou oreillettes fournies) juste en regardant une oeuvre. Une vision très futuriste, mais que nous avons pu valider en modifiant légèrement « 1871 » pour l’adapter au support.

    La visite virtuelle existe bien dans notre atelier ! C’est d’ailleurs un projet que nous pouvons adapter à d’autres parcours pédagogiques, le coeur de l’application étant de fournir un contenu adapté aux élèves ; la technologie n’étant là que pour leur transmettre.

    En parallèle, une expérience sera lancée sous peu pour une pratique sportive accompagnée.

    Nous avons adapté le projet eRUN de PDAgogie.com (application gratuite destinée à être distribuée aux élèves) aux lunettes ; des adaptations ergonomiques et aussi techniques ; l’ergonomie pour l’accès à l’information, l’ergonomie pour l’interprétation. C’est un excellent moyen d’individualiser les parcours des élèves et les lunettes ont un côté très personnel.

    Elles enferment l’utilisateur dans un environnement visuel vaste. Nous avons donc envisagé de lui adjoindre un partenaire virtuel qui n’est rien d’autre que les objectifs de course que l’élève s’est fixé. De fait, il sera accompagné dans sa pratique d’un coach déterminé en partenariat ou collaboration avec ses camarades ou son professeur et aura, dans l’action, les retours immédiats sur sa pratique, buts assignés à cette technologie qui, si elle ne peut produire, doit toutefois accompagner les élèves.

    Cette démarche demande encore un peu de temps pour s’accomplir, et aussi les moyens d’un élargissement à des groupes de coureurs. Auparavant, je tiens à préciser, pour les avoir testées sur moi-même, que le poids et l’autonomie sont raisonnables, ainsi que l’adaptabilité à différentes morphologies de visage. Pour ceux qui auront testé eRUN, la mise en oeuvre demeure pratique et rapide. De plus, le champ de vision « normal » n’est pas énormément altéré par les lentilles des lunettes, ce qui, sur des exercices courts demeure confortable et peu perturbateur.

    Et comme le simple avis d’un enseignant ne suffira jamais à convaincre le développeur, c’est en travaillant avec des élèves que je me suis rendu compte que mes convictions personnelles pouvaient être bouleversées par des utilisateurs profanes.

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    Tout d’abord excités par le produit, émerveillés même, l’utilisation s’est révélée immédiatement très inconfortable. En cause : l’ergonomie de l’application, la manipulation dans la course, l’adaptation au champ de vision pour la lecture de l’information dans l’action ; l’objectif final ayant toutefois pu être atteint à savoir : la connaissance du résultat de l’action.

    Poussant la réflexion encore plus loin, je me suis attaché alors à imaginer ce que le « pad » des lunettes pouvait apporter de différent dans d’autres activités. Et c’est dans le domaine des statistiques de jeu que sont apparues les plus extravagantes idées.
    A ce niveau, le concept de départ est : regarder l’action et noter son résultat sans avoir à changer l’orientation du regard. En d’autres termes, relever les informations sans avoir besoin de passer de l’action à l’écran et les consulter dans les mêmes conditions. C’est donc chose faite ! Mais avec de petits bémols sur lesquels je souhaite travailler à l’avenir.

    Loin d’être une révolution de la pédagogie, ce concept s’avère malgré tout novateur dans l’utilisation et l’intégration du numérique. Car au-delà de «  l’hyper-technologie »  des lunettes, se sont ouvertes des pistes de réflexion très intéressantes dans le développement des compétences des élèves, sur la dextérité nécessaire aux relevés des actions, et sur la souplesse nécessaire des outils numériques pour les objectifs déterminés par les enseignants.

    Le projet se nomme XObs, et il verra le jour très prochainement sur toutes les tablettes.

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    Oui ! J’ai bien écrit « tablettes » ! Car, si effectivement ce sont les lunettes connectées qui sont à l’origine du projet, il s’avère que c’est une application qui s’adapte parfaitement aux tablettes ; et ce sera aux enseignants d’inventer les usages qui vont avec.
    Objectif assigné : décentrer le regard de l’élève de l’écran de la tablette si ce n’est pour lui permettre d’afficher les résultats de son activité, que ce soit en tant qu’acteur moteur ou observateur.

    Voilà donc, la fin de cet épilogue. Cette deuxième et dernière partie ouvre à présent la porte à des retours quasi certains sur l’intégration permanente de la technologie et la nécessaire communication entre les industriels du numérique et les utilisateurs.

    J’insiste sur ce lien qui demeure le seul garant de l’innovation et de l’efficacité sur le terrain. J’insiste sur le fait que notre action est plus dans la prospection que dans la communication, et je ne trouve la légitimité de mon propos qu’au sein des mises en oeuvres réelles auxquelles je m’attache.

    Il y a derrière des investissements, du temps considérable à accorder à construire des parcours et des scénarios pédagogiques et il y a surtout des élèves. Le fait d’apprendre ne réside pas dans l’outil, mais bien dans ce qu’il peut traduire. Hors, il m’apparaît de plus en plus évident qu’on a beaucoup accordé d’importance à des phénomènes de mode sans assez s’attacher à savoir ce que l’on pouvait en tirer, quitte à accepter de ne prendre qu’une infime partie pour laisser au temps le soin d’améliorer le reste.

    C’est à ce principe que je m’accorde, et tiens fermement cette position qui consiste à interroger chacun de nous sur ses compétences qui vont permettre de « faire avancer l’école dans l’ère du numérique » .

  • A quand l’appart 2.0 pour les enseignants ?

    A quand l’appart 2.0 pour les enseignants ?

    Il aborde des contraintes sociales car, considérant les contraintes matérielles et d’espace que nous avons découvertes dans le premier épisode et le 2ème épisode, il ne semble pas évident de toujours pouvoir y faire face, surtout en contexte urbain où la pression immobilière est forte.

    Autrement dit, l’enseignant ne pourra pas toujours disposé d’une pièce bien à lui pour pouvoir travailler dans des conditions optimales du fait du coût élevé pour quelques mètres carré supplémentaires.
    « Il va donc falloir adapter des lieux dont la vocation première est de dormir ou faire la cuisine ou se retrouver en famille et qui ne sont pas destinés au travail ».

    Jean-Paul Moiraud va plus loin dans sa réflexion en demandant aux enseignants de son réseau de lui envoyer des photos de leurs espaces de travail à leur domicile (voir aussi à ce sujet moiraudjp.wordpress.com) et il constate :

    « C’est une débauche de câbles, de multiprises et de prise, les bureaux sont faits de bric et de broc, c’est carrément dangereux ! » et il ajoute, toujours avec une pointe d’humour : « il doit y avoir un dieu du numérique pour que les appartements ne flambent pas du fait d’une surtension ».

    C’est donc une réflexion complexe qu’il est nécessaire d’avoir, mais pas seulement auprès des enseignants.

    Pour Jean-Paul Moiraud, elle engage aussi les collectivités locales mais aussi les architectes, « qui ne sont jamais présents dans les colloques », souligne t-il, « afin de penser des appartements “2.0“ qui soient adaptés à la société 2.0, ce qui , globalement, n’est pas le cas ».

    Cette dernière réflexion achève la série « Domicile & numérique, un espace de complexité pour les enseignants » par Jean-Paul Moiraud.

     

  • La classe à l’heure du numérique : vers de nouvelles postures d’enseignement ?

    La classe à l’heure du numérique : vers de nouvelles postures d’enseignement ?

    Grâce au numérique, nous avons de nouvelles possibilités d’enseignement ; pour autant, le numérique ne vient pas remplacer le présentiel et l’enseignant.

    Pour Vanessa Lalo, le numérique vient accompagner les apprentissages et « favoriser la prise en compte des intelligences multiples ».

    Le numérique permet de développer et mettre en valeur les intelligences multiples.

    L’erreur serait de se centrer sur tel ou tel usage ou sur tel ou tel outil numérique, ce qui peut s’avérer un frein dans la « numérisation de l’école lorsqu’on veut mettre du numérique à tout prix ».

    L’arrivée du numérique dans la classe pose davantage la question sur ce que sont les valeurs fondamentales de la transmission des savoirs et de la pédagogie de l’enseignant.

    Le numérique ouvre de nouvelles opportunités à chaque apprenant « qui va pouvoir trouver, avec le numérique, les réponses qui lui sont adaptées ».
    En effet, Vanessa Lalo avance l’idée que chaque jeune possède des modalités d’apprentissage différentes et donc, avec le numérique, « on va pouvoir utiliser plutôt les fonctions rythmiques, spatiales, verbales ou encore collectives ».

    « Ce qui est important, c’est de se dire qu’aujourd’hui, la transmission a changé ».

    L’inévitable changement de posture de l’enseignant : un effet induit par le numérique.

    Les jeunes et moins jeunes échangent de manière horizontale ; c’est ce qu’on on peut constater sur des plateformes comme, par exemple, Wikipédia où on prend de l’information mais où on peut aussi en déposer.

    « Le côté magistral et vertical est un peu révolu ». Rester dans cette posture et ne rien changer pourrait clairement avoir des effets négatifs sur les enseignants qui verraient leur public et donc les élèves, se désintéresser et décrocher.

    Laisser plus de liberté aux élèves tout en les guidant (relire à ce sujet, l’épisode 1 « Jeunesse interconnectée : communiquent-ils vraiment et pour quoi faire ?« ) serait une des clés de la réussite de l’intégration du numérique en classe sans forcément accueillir tout un arsenal d’outils.

    « Le fait de laisser des élèves expérimenter des situations grâce à de la simulation, les laisser collaborer entre eux ou s’entraider via les réseaux sociaux », autrement dit, utiliser des outils de leur quotidien favoriserait les apprentissages et seraient des facteurs de réussite.

    L’espace-temps de la classe va subir des changements au même titre que le numérique modifie notre perception de l’espace-temps : des temps courts, des temps longs adaptés à nos usages actuels et des espaces modifiables, modulables, proposant plusieurs lieux en un espace de classe, contribuant et cadrant tant l’individualité que le collectif (collaboration, temps d’échanges et de partage, temps de recherche ou de réflexion personnel).

    Être centré sur sa pédagogie, avec ou sans numérique.

    Pour Vanessa Lalo, « le numérique n’aidera pas un enseignant à être un meilleur enseignant si il n’est pas centré sur sa pédagogie et sur ses messages ».

  • Enseignant et numérique : vers une professionnalisation de son espace privé?

    Enseignant et numérique : vers une professionnalisation de son espace privé?

    [callout]Dans ce deuxième épisode, il se demande dans quelles mesures l’enseignant pourra t-il trouver un environnement adapté pour travailler avec le numérique : à son domicile ou ailleurs ?[/callout]

    « Nous sommes bien entrés dans cette aire de la complexité ». C’est ce que nous avons vu dans le premier épisode en détaillant les contraintes matérielles qui peuvent se poser à l’enseignant qui désire travailler chez lui.
    D’autre part, il faut également réfléchir à l’espace.

    L’espace de travail : se ménager une place à la maison ?

    « Travailler se fait dans un laps de temps entre 08h et 23h ; à certains moments, il n’y aura personne autour de vous et à d’autres, il peut y avoir des nuisances sonores ».
    D’autres personnes du foyer peuvent être présentes, des voisins bruyants, ou d’autres nuisances peuvent apparaître alors même que l’enseignant décide d’enregistrer un podcast, par exemple.

    Professionnaliser son espace, cela signifie aussi de devoir réfléchir à la « décoration » de cet espace.

    « Dans une maison, on peut vouloir faire sécher du linge ; dans le cas d’une visioconférence, la vue sur des sous-vêtements qui sèchent ou un jean qui pendouille n’est pas appropriée », souligne Jean-Paul Moiraud avec une touche d’humour.

    Des détails qui font sourire en effet mais qui sont des situations de la vie de tous les jours auxquelles les enseignants peuvent être confrontés lorsqu’ils envisagent de travailler avec le numérique.

    « On est dans une professionnalisation par intermittence de son espace privé ».

    L’enseignant peut tout aussi décider de faire un cours « hors la classe » ; « être en ligne avec ses étudiants est un réel travail de l’enseignant. Or, l’enseignant est en dehors du service sur site ».
    Jean-Paul Moiraud tient à attirer notre attention sur le côté caduque des statuts du travail de l’enseignant qui ne prévoient pas le travail hors la classe si ce n’est la correction et la préparation des cours.

    Vers une mutation du statut du travail des enseignants avec le numérique ?

    D’après Jean-Paul Moiraud, cela semble inévitable mais cela doit venir d’une décision politique.
    « Si nous ne sommes pas capables de le faire, cela signifie que tout ce temps de travail est forcément un temps qui est non payé ; c’est un temps “gris“ ».

    Cette vision ne lui semble pas avant-gardiste « puisqu’aujourd’hui, le e-learning se développe et que la formation continue se fait à la maison ».

    Donc ce qui peut paraître comme la conquête ultime de la liberté, travailler chez soi, peut s’assimiler à une servitude volontaire.

    Le modèle doit-il tendre vers un travail au domicile ou peut-on envisager d’autres solutions ?
    C’est ce que nous verrons dans l’épisode 3.

  • Quelle place pour les enseignants et les élèves dans les stratégies numériques ? Acte 3 : état des lieux et propositions

    Quelle place pour les enseignants et les élèves dans les stratégies numériques ? Acte 3 : état des lieux et propositions

    « Il faut battre le fer quand il est encore chaud » ! … et autant dire que c’est bien beau de discourir à tue-tête sur ces problématiques envie-réalité, mais il faut aussi se positionner.

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    L’idée de rédiger cet Acte 3 m’a été donnée par une expérience toute récente que j’ai partagé avec certains parmi vous et qui m’a servi de laboratoire sur les attentes réelles que j’imagine parfois avant de les vivre réellement. Cette expérience, n’est pas une expérimentation. C’est une réponse. Assez des expérimentations ! Je ne reviendrai pas là-dessus. Elles représentent aujourd’hui l’apanage des prudents désengagés, en particulier celles qui se répètent et se répètent encore…

    J’écris ces lignes en pensant à ces collègues, proches ou non, que je croise ou suis, et qui contribuent, dans leur coin, à faire que chaque jour se place sous la coupe d’une innovation pédagogique réfléchie et pensée, destinée à donner aux élèves le goût et l’envie des choses. On les retrouve sur les réseaux sociaux, partageant leurs expériences, ou invités de manière furtive, à partager leurs expériences. Quelques minutes longuement préparées et regardées de loin, mais une présence qui assure… qui rassure.

    Après cela, on peut entendre : « c’est drôlement bien ce qu’ils font ! » … drôlement… pas vraiment. Alors c’est à @dadaperi, @mikasof, @Ticeman01, @ticeps, @MurielEps, Julien Planchais et tant d’autres auxquels je vais penser en rédigeant cet article. Pourquoi ?

    Parce qu’ils ne font pas partie de ces instances formidables et récemment repensées, et ils sont pourtant des plus actifs sur le front des innovations … qui aboutissent. Qu’ils soient observateurs, relais ou à l’origine des dispositifs pédagogiques qu’ils exploitent, ils agissent avec une précision chirurgicale auprès des élèves, constatant chaque jour les effets de leur travail.

    Non, ils ne font pas partie de ces réseaux « institutionnels » renouvelés en fond et forme avec les mêmes personnes, même si on peut constater à l’occasion l’arrivée de petits nouveaux sur la base de … quoi, exactement ? Je fais partie de cette nouvelle vague. je pense avoir les compétences pour faire évoluer les choses. Et j’estime avoir la chance d’être orienté pour exercer en ce sens.
    Petit maillon de vingt années de terrain, et encore avec les baskets dans la boue pour la moitié de mon temps officiel, j’ai remarqué que si les structures avaient changé, les personnes, elles … non ! Ne peut-on s’interroger de fait sur les compétences de chacun de nous ?

    On ne cesse d’entendre partout, que la technologie avance de manière exponentielle. Qu’à chaque nouveauté produite s’en suit l’obsolescence de celle qui précède. Hum ! Qu’en est-il alors de chacun de nous ? Sommes-nous à même de suivre cette évolution et la coller à nos impératifs de terrain pédagogique à chaque trimestre technologique ?

    On ne peut se limiter à penser qu’il faut être « geek » pour comprendre. Mais on ne peut nier le fait qu’à ne pas maîtriser les éléments, on devienne dépendant de ce que l’on nous raconte. Sur ce sujet, je peux constater aujourd’hui le jeu des commerciaux vis à vis des institutions et politiques, et les stratégies employées pour partir d’un projet, le livrer (sur la base du cahier des charges initial) et le faire évoluer (avec un coût sensible en argent et surtout temps) pour qu’il produise quelques satisfactions.

    J’ai à ce propos une petite anecdote. Se présenter aux plus hautes instances avec un projet développé et fonctionnel et s’entendre dire : « Cela fonctionne ? […] Malheureusement, nous ne pouvons pas vous aider, nous traitons cela sous forme d’appel à projets, et on accompagne seulement ces dossiers avec une caution scientifique, industrielle et financière. ». Hum ! … en gros, circulez !

    Dans ce paysage subsistent des solutions locales intéressantes qui pourraient donner le change à ses réalisations systémiques. Une expérience toute récente vient se poser comme un point-étape important dans la relation élève-pédagogie-enseignant où la composante numérique trouve sa justification.

    Génèse d’un projet

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    A la fin de l’année scolaire précédente, Julien Planchais, professeur d’histoire-géographie d’un collège de banlieue (le collège Galilée à Evry) imagine, dans le cadre d’un projet en lien avec le programme d’histoire-géographie, …

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    un parcours pédagogique pluridisciplinaire (le projet intègre une composante EPS proche de la course d’orientation) au coeur de l’environnement de l’établissement. Squares, placettes, mails et rues portent les noms illustres des personnages importants et des évènements de la Commune de Paris, en 1871.

    L’établissement est doté de tablettes depuis deux ans, et les enseignants voudraient pouvoir les confier aux élèves et leur permettre de vivre un instant pédagogique « hors les murs ».

    Julien et ses collègues, se confrontent alors à tous les problèmes du monde pour l’accès aux contenus et aussi, autoriser ces tablettes à vivre leur formidable fonction de mobilité !

    Pour le premier cas, c’est toute la stratégie numérique d’équipement qui est mise à mal. Des années et des sommes investies pour des solutions logicielles de gestion/protection absolument inefficaces ; une infrastructure de connexion et gestion aléatoire, avec toutefois un outil toujours performant en son coeur. Et pour le second cas, et bien la question posée est toute simple : comment assurer la manipulation et le retour des tablettes dans l’établissement ? C’est tout l’Acte 1 et 2 de cette série qui est interrogé de fait !

    Pour les enseignants, la vision idyllique du numérique va bientôt céder la place à la contrainte technique, alors même que le projet semble parfaitement adapté aux espoirs du moment en terme d’usages et de développement.

    Comment donner accès à des contenus quand on est « hors les murs » alors que tout a été décidé et pensé pour être « connecté » !

    Car dans cette logique très précise, et ce n’est pas exceptionnel, la mobilité se pose comme étant au mieux, un équipement propre à l’élève dans un usage précis (et je ne parle pas d’équipement individuel, mais bien d’accompagnement d’un projet construit et suivi) ou au pire, une mobilité qui va du meuble de rangement à la table de classe ; une vision étriquée et minimaliste.

    Les enseignants se sont tournés vers un des pôles les plus aptes à répondre à leurs interrogations : le réseau CANOPÉ.

    L’atelier d’Evry a, de fait, reçu dans ses missions d’accompagnement du projet d’équipement des établissements du second degré de l’Essonne en tablettes et infrastructures, l’équipe du collège pour évaluer l’ensemble des difficultés (nombreuses) et apporter des éléments de réponse. Deux fortes contraintes auraient pu faire en sorte que l’on en reste là : aucun recours technique (impossibilité de faire en sorte que les tablettes aient accès à internet sur le terrain), et un temps compté (la réalisation du parcours devait correspondre aux dates clés du programme d’histoire-géographie en terme d’apprentissage-travail-production).

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    De ma position, j’ai tout de suite vu et compris comment valider cet ensemble.
    Dans un premier temps, je me suis interrogé sur la manière dont un réseau comme CANOPÉ pouvait intervenir et proposer son soutien. La réponse fut cinglante et pour le moins peu surprenante. Ce sont des stratégies communes aux « bidouillages permanents » qui font que, au final, le terme « d’usine à gaz » entre dans le langage courant des usages numériques.

    Appropriation et détournement diront certains. Et c’est sans sarcasme que je dis cela, car de fait, comme je le maintiens depuis les début de cette réflexion, le formatage actuel dicté par les influences hors réseau éducatif, produit une forme de dépendance des structures pédagogiques dont l’aboutissement final est le peu d’usages concrets.

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    Le temps étant compté, j’ai mis un terme très rapidement aux brainstormings inutiles et ma première proposition est tombée. Suivie immédiatement d’une fin de non-recevoir, liée de manière justifiée à la faisabilité d’échelle (rire !… c’est exactement tout ce que tout le monde refuse aujourd’hui !). A vrai dire, plutôt un aveu d’impuissance.

    Cette proposition est simple : développer une application-contenus qui répondra dans un premier temps à la demande précise des collègues, et qui, avec le temps devra évoluer pour une utilisation diffuse. Le projet allait enfin pouvoir se réaliser, en partenariat avec une structure qui allait fournir les possibilités techniques de développement (PDAgogie.com).

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    Et c’est ce qui s’est passé ; 150 élèves, sur une journée (toutes les classes de 6ème de l’établissement par groupes), dans le quartier, allant de lieux en lieux, à la découverte de ces moments de l’histoire qui se raccrochent à leur quotidien.

    Et entre leurs mains, la tablette fournie deux ans plus tôt avec toutes ses contraintes et devenue en quelques semaines, en fin un outil de connaissance.

    Le projet « 1871 » est modeste et a répondu aux attentes. Il a surtout ouvert des perspectives nombreuses. Et nous avons décidé de le suivre sur une année pour le faire évoluer sur la base des retours de ce premier travail des élèves. Tout ceci est à suivre sur le site de l’Atelier CANOPE d’Evry mais aussi sur le groupe 1871, création d’une application-ressource, sur le réseau Viaeduc .

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    Je n’entrerai pas plus dans le détail. Mais j’ajouterai toutefois quelque chose qui me semble conséquent. Lors de nos concertations sur le projet, quelque chose de profond a évolué. Une chose à laquelle nous devons attacher de l’importance à l’avenir, car, si comme je le souhaite, les enseignants et les développeurs qu’ils peuvent être, sont un rouage important de ces choix politiques, il faut qu’ils soient en adéquation avec l’impératif nécessité de leur nouvelle posture et des remises en cause qui l’accompagne.

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    En effet, et ce sera ma conclusion de cet acte 3, une telle expérience (et non pas expérimentation) a provoqué une bascule fondamentale dans l’évolution du projet.

    Car une fois les contraintes techniques balayées, nous nous sommes recentrés sur ce qu’il y avait d’essentiel : l’accessibilité des contenus aux élèves.

    Passer d’une connexion qui renvoie vers un lien à l’intégration du contenu du lien dans une application a permis d’ouvrir les yeux des collègues sur ce qu’il y avait d’essentiel dans les apprentissages : comment les élèves pouvaient en un temps contraint sélectionner et s’approprier les bonnes informations.

    Aujourd’hui, nous constatons que dans le développement de cette application, le côté technique a été le moins gourmand en temps, au contraire d’un travail d’analyse qui a offert un développement pédagogique performant. Le temps passé, investi, souvent porté par un seul homme, en valait bien la peine.
    « 1871 » a offert aux élèves le côté interactif et multimédia ainsi que l’accès facilité et organisé à ces contenus. L’application a de plus ouvert des pistes pédagogiques et rendu possible l’évolution « hors les murs » ainsi qu’un approfondissement ante et post évènement.

    Cet acte 3 ne sonne pas comme une conclusion. Non, la conclusion sera celle des collègues cités plus haut ; car cela interroge de fait sur la capacité des nouveaux réseaux et organismes à trouver et intégrer les compétences de ces enseignants qui, au fil du temps, améliorent leur expérience dans un domaine où, aujourd’hui trop souvent, on accorde la part belle à des solutions externes beaucoup plus onéreuses.
    Combien même cela est-il incontournable parfois, il apparaît qu’une trop grande inertie naît de l’absence de régulation en amont des propositions ; car il est clair que de nouveaux métiers se développent au sein de l’institution, qui nécessitent un changement d’organisation plus profond au regard des compétences qui s’y développent.

    Les structures changent, mais pas assez souvent les hommes. Les idées doivent se renouveler en commençant par intégrer les attentes du terrain. Et pour ceux qui n’y sont plus depuis bien trop longtemps, rien n’est plus virtuel que d’imaginer ce que sont devenus les élèves imprégnés de toutes ces évolutions, alors même que beaucoup en place redoutent d’être tout simplement pris en photo dès qu’un élève aura une tablette entre les mains !

    De fait, il y aura des mouvements constants et intéressants entre les propositions, les réalisations et les philosophies en support des évolutions.

    Et cet ensemble devrait bénéficier à de nombreux acteurs de notre système éducatif… à commencer par les élèves.

  • Annie Coté : une enseignante qui replace ses élèves au centre de la classe

    Annie Coté : une enseignante qui replace ses élèves au centre de la classe

    Un cours de français dans une classe sans pupitres en rangée et sans manuels ? Un endroit où les élèves peuvent circuler librement et choisir le travail à effectuer ? Un cours où les élèves ont l’impression de jouer plus que de travailler ?

    Le modèle physique de la classe d’Annie Coté est déjà atypique : une classe avec des tables hexagonales, des chaises sur roulettes et des ordinateurs tout autour.

    « Mes élèves peuvent venir en classe avec leurs outils numériques, c’est à dire téléphones, tablettes et ordinateurs personnels ».

    Pas non plus de bureau de professeur placé devant les élèves ; Annie Coté préfère être parmi ses élèves, « ce qui rend la pratique de cours magistraux, particulièrement difficile », souligne t-elle.

    Je suis vraiment dans une posture de maître, non pas qui détient le savoir, mais qui va guider les jeunes à travers ce qu’ils font, à travers leurs découvertes, pour leur permettre d’aller plus loin.

    Quand on pose la question à Annie Coté sur la manière dont elle capte l’attention des élèves, elle explique qu’elle leur propose des activités qui les mettent en action, « où ma place est limitée ; je complète l’information pour ceux qui en ont besoin ».

    Une enseignante au centre de la classe ?

    En fait, pas vraiment ; comme elle le fait remarquer, ce sont plutôt ses élèves qui sont au centre et pour ceux qui en ont le plus besoin, elle concentre son attention sur eux sans retarder le travail des autres.

    C’est donc via des parcours différenciés que les élèves choisissent eux-mêmes, qu’Annie Coté parvient aux objectifs, sans cours magistraux, sans « ennui » serait-on tenté de dire ?

  • Profession : enseignant !

    Profession : enseignant !

    Il est question d’éducation aux médias bien sûr mais aussi tout simplement d’éducation, de formation et d’évaluation dans une société en mutation à laquelle nous devons nous adapter et à laquelle l’Ecole et ses piliers, les enseignants, sont confrontés.

    « Il y a eu un énorme effort de dissémination des technologies dans les classes mais les usages n’ont pas beaucoup évolué », souligne Bernard Cornu en introduction de la table ronde.

    C’est le décalage entre la société et l’école qui pose problème aujourd’hui.

    Entrer dans la société numérique : une absolue nécessité pour l’Ecole

    Catherine Bizot tente de reformuler le constat fait par Bernard Cornu ; pour elle, nous sommes passés d’une période où nous avons essayé d’introduire des outils dans les classes à aujourd’hui, où c’est à l’Ecole d’entrer dans cette société en saisissant l’opportunité du numérique.
    L’Ecole doit faire en sorte que ce qui se passe dans la vie quotidienne puisse aussi servir à l’enseignement.

    Même si, d’après des enquêtes menées récemment, seulement 5% des enseignants feraient un usage du numérique en classe, la pédagogie a changé et ce n’est pas nécessairement à cause du numérique mais plutôt une conséquence directe de l’évolution de la société.

    « L’Ecole n’est plus uniquement un lieu de transmission du savoir et donc l’enseignant ne peut plus être qu’un transmetteur de savoirs », souligne Bernard Cornu.

    L’Ecole va t-elle se replier sur elle-même et résister ou au contraire répondre à ce que la société attend d’elle ? Et quels rôles va jouer l’enseignant ? Voici les questions que se pose Bernard Cornu.

    Des enseignants nouveaux, avec des nouveaux métiers et des nouvelles compétences : un objectif à atteindre ?

    Je suis convaincu que plus il y a du numérique, plus il y a besoin d’enseignants mais dans des missions qui sont entrain de se préciser autour du cœur du métier d’enseignant, ajoute Bernard Cornu.

    Catherine Bizot donnent comme exemples de missions : gérer l’abondance d’information, trouver l’information pertinente, guider dans le cheminement, structurer et transformer toute cette matière en savoirs ; « ce sont des compétences nouvelles », explique t-elle.

    Bernard Cornu insiste sur le fait qu’il ne s’agit pas de numériser les cours d’hier ou de numériser l’enseignant d’hier mais bien de réinventer le métier d’enseignant.

    L’organisation actuelle du système éducatif peut-elle être interrogée ?

    Le numérique et l’Ecole seraient antinomiques : Bernard Cornu argumente.

    « Il ne faut pas que le système éducatif se contente de juxtaposer les expérimentations mais accepte de se transformer institutionnellement », déclare Bernard Cornu.

    « Cette transformation ne sera pas naturelle car l’Ecole n’est pas vraiment faite pour le numérique », ajoute t-il.

    A cette affirmation, il livre plusieurs arguments :
    – l’Ecole valorise le travail individuel alors que le numérique favorise le travail collectif.
    – l’Ecole ne favorise pas trop les erreurs et préfère privilégier le succès et la réussite alors que le numérique permet de tirer profit de l’erreur de l’expérimentation pour apprendre.
    – l’Ecole évalue les élèves individuellement par des procédés d’évaluation un peu anciens ; le numérique développe des possibilités d’évaluation tout à fait nouvelles.
    – Le numérique pousse à travailler en réseaux, ce que ne fait pas l’Ecole.
    – Enfin, le numérique pousse à l’intelligence collective etc.

    « Or, la société, elle, s’adapte au numérique ».

    Il s’accorde avec Catherine Bizot sur le fait que le numérique est une opportunité et non une contrainte.

    « Mais c’est avant tout un phénomène sociétal ; l’Education doit préparer le citoyen de demain pour préparer à des savoirs et des compétences de demain ; l’institution doit se saisir de cela car si elle ne le fait pas, personne ne le fera. C’est la mission essentielle des systèmes éducatifs », conclut Bernard Cornu.

    Au travers de cette idée, il rejoint les propos de Jean-Louis Durpaire sur l’éducation et la formation dans une société de flux que nous évoquions dans un précédent article sur le sujet « Enfants et adolescents : les citoyens d’une société de flux ».

     

  • Le numérique : simple et efficace ?

    Le numérique : simple et efficace ?

    Une démarche de diffusion…

    Si on y regarde de près, sur le terrain des buts à atteindre, la connaissance précise des objectifs à se fixer et des étapes à franchir impose une conception méticuleuse des outils de régulation.

    Cette conception induit la possibilité d’une régulation rapide et efficace en temps réel.
    Ce dispositif a longtemps été valorisé, et le demeure, sur le terrain des applications ‘ouvertes‘ permettant à l’utilisateur de pouvoir y apporter les corrections nécessaires ou interventions souhaitées très rapidement.Ce concept fait les beaux jours des suites bureautiques (et en particulier les tableurs) ou, phénomènes encore récents, des livres à construire (type ibook, diaporama ou didapage), objets de création à partager que ce soit entre concepteurs ou du concepteur vers l’utilisateur.Ce mécanisme d’échange a produit de nombreux outils des plus simples aux très évolués qui ont impulsé un mouvement conséquent qui met en évidence une problématique réelle liée à la logique de son utilisation. On peut dire aujourd’hui que le numérique ne rencontre que peu d’obstacle à son utilisation de fond, mais par contre, se heurte assez souvent à l’écueil de la forme.Dans un précédent article, je mettais en avant la valeur de l’enseignant/développeur. Il apparaît incontournable de considérer ce propos comme allant au-delà d’une manifestation corporatiste qui renvoie dos à dos les éditeurs et les utilisateurs, et il s’agit bien de revenir sur cette notion de fond déterminante pour la valeur d’un outil. Un fond qui se construit sur l’idée et l’expérience.

    MartialP3_310314Des outils classiques aux outils numériques…

    J’ai un exemple très précis que j’utilise très souvent et dont je souhaite à nouveau me servir. Le relevé d’une performance temps : le chronomètre.Outil indispensable du professeur d’EPS, il symbolise aussi très certainement ce que peut être l’outil de base dans une discipline.Ce chronomètre, outil ‘classique‘ est devenu avec la technologie tactile un outil ‘numérique‘.
    Nous partons d’un usage simple, facile d’accès, y compris pour nos élèves, que nous passons de sa forme basique (un boîtier, 3 boutons, pour une somme modique) à une forme élaborée (un écran tactile, pour une somme plus conséquente). Sur le fond, il n’y a pas grand chose à avancer. On lance une activité de chronométrage, on valide des temps… Sur la forme, il apparaît plus compliqué de valoriser l’usage du numérique pour un coût bien supérieur et en considérant simplement la saisie de temps de course.Hors, la plus-value issue de ces actes simples s’attache à la manière dont est pensé l’application sur le support technique qui lui est attribué. Comment rester simple tout en offrant un service supplémentaire et de qualité aux utilisateurs, dont l’objectif principal demeure la mise en évidence du progrès, la valorisation des apprentissages et l’atteinte des meilleurs résultats ?
    Tout d’abord, bien penser que l’on ne peut pas tout demander au numérique. Son utilisation demeure, comme à beaucoup d’occasions, un acte ponctuel dont la vocation est de valoriser l’instant par la possibilité d’avoir une connaissance plus approfondie du résultat.
    L’acte pédagogique premier n’est pas d’offrir un résultat traité, mais bien de mettre en avant la réponse à des consignes, orientées par des buts et ponctuant l’atteinte progressive d’objectifs. De ce fait, la complexification permanente des outils n’est pas une mesure de l’évolution de ces mêmes outils, mais une complexification de l’utilisation qui finira par se transformer en abandon, pour ne pas dire rejet !MartialP_310314Une application faisant tout à ‘ma‘ place aurait en effet dévastateur sur l’image de ce qu’est apprendre, la position de l’enseignant et la valeur de l’essai/erreur avec une interaction humaine.
    L’association par la suite, d’information d’un nouveau genre (dans l’exemple la vitesse, l’amélioration par rapport à la performance précédente, l’atteinte de la meilleure performance) apportera le plus nécessaire à la valorisation de l’action et à la relation privilégiée à l’outil qui accumule des capacités qu’il est difficile d’avoir pour un enseignant en dehors d’une organisation méticuleuse mais ‘chronophage‘ !
    Très concrètement, je vous invite à aller faire le tour des différents Market pour y relever, dans cet exemple très précis, l’ensemble des applications gratuites et payantes qui se proposent de rendre ce service. Et la mission qui vous incombe est de pouvoir relier en un temps record (celui que vous impose la participation optimale de chaque élève lors d’une séance de pratique) la performance à celui qui l’a réalisé tout en lui permettant d’avoir accès à un bilan immédiat à la fin du cours ainsi qu’en rentrant chez lui.
    Et pour corser le tout, permettre de diffuser cette information dans le temps, de l’uniformiser dans une équipe éducative, car il me semble important d’offrir une formation de qualité à l’ensemble des élèves d’un établissement et pas seulement à quelques groupes par manque de formation et de moyens.
    Pour arriver à cela, il apparaît que la mise en place de telles séances doit être intuitive. Tirées des problématiques de terrain, des contraintes du quotidien et de la connaissance des moyens en place, un nombre restreint d’applications peuvent prétendre répondre à ces aspects, tout en gardant une fonction simple, ponctuelle et peu contraignante.La prise en compte minutieuse des manipulations nécessaires à l’organisation d’une séquence de prise de performance, de la création des groupes et des épreuves à l’apprentissage des manipulations à effectuer pour chronométrer, permet d’optimiser la valeur du numérique et renforce le côté performant de l’information supplémentaire décrit précédemment.
    Plus qu’une formation devenue nécessaire face à la multiplication des propositions d’application, d’usages et d’expérimentations, la structure des produits proposés par les développeurs revêt une importance capitale dans le choix d’entrer dans le numérique comme celui d’y poursuivre et y avancer.
    MartialP2_310314N’oublions pas que les outils passent de l’enseignant à l’élève. Si ce n’est pas le cas, ils doivent y passer obligatoirement. Pour arriver à ce que cet acte de confiance et de responsabilisation se fasse, il faut bien que chacun, à son tour puisse maîtriser dans sa quasi totalité l’application utilisée pour la fonction à laquelle il la destine et que cette application, ponctuellement, accomplisse ce à quoi on la destine… simplement…

    Les contraintes du changement…

    Par rapport à ce que nous connaissions des fichiers que nous échangions, et que nous échangeons encore, l’arrivée des tablettes et de nouvelles technologies ont considérablement réduit les utilisations tout en offrant malgré tout une vision très encourageante des avancées.La nécessaire adaptation à la mobilité s’est faite au travers de l’apparition d’outils d’un nouveau genre, fermant de manière évidente l’accès à des modifications personnelles, mais ouvrant l’usage à des publics variés, développant de ce fait une nouvelle pédagogie, numérique et résolument évolutive.L’école avance dans l’ère du numérique. Et ce ne sont pas les propositions les plus technologiques qui en sont la cause, mais bien les idées les plus adaptées, souvent simples, mais répondant de manière précise à des préoccupations précises.A cette place encore, nous trouvons les principaux intéressés. Eux-mêmes sous la pression de leur public quotidien.

    Il s’agit bien des enseignants et de leur capacité à juger de l’efficacité de ce qui leur est proposé au regard des résultats qu’ils recherchent, non pas pour que la technologie les remplace, mais bien pour qu’elle les épaule. Et simplement.