Le développement du livre numérique menace fortement la rentabilité des éditeurs à moyen et long terme s’ils ne modifient pas leurs méthodes de production. Aujourd’hui, les éditeurs produisent leurs livres au format papier, et, c’est seulement dans un deuxième temps, qu’ils se posent la question de leurs déclinaisons numériques. En d’autres mots, ils doivent financer deux fois la production.
« On a déjà vu ce modèle dans la presse lorsqu’au début des années 2000, on avait d’un côté les rédactions papier et de l’autre les rédactions internet. Une dizaine d’année plus tard, la plupart des rédactions avaient fusionné » rappelle François-Xavier Hussherr, le fondateur de Gutenberg Technology, une entreprise française basée à Paris et New York. « Dans l’édition, nous avons d’un côté les éditeurs-auteurs chargés de produire la version papier du livre sous un fichier PDF, et, de l’autre, les départements de la production qui, à partir du fichier PDF, doivent se débrouiller pour produire des versions numériques (tablette, web, smartphone…), chacun à sa manière, avec plus ou moins de succès ».
Par ailleurs, les acteurs de l’édition évoluent aujourd’hui dans un environnement numérique particulièrement complexe, qui subit des changements rapides et permanents. Les iPad ont leurs spécificités que les Kindle ou les tablettes Kobo (commercialisées par la FNAC) n’ont pas. Aux Etats-Unis, où 20% des livres sont vendus au format numérique, la situation est encore plus complexe puisqu’Amazon vient de sortir en plus de son Kindle historique son « Kindle Fire » qui fait concurrence à l’iPad; c’est encore sans compter avec le reader Nook de Barnes&Noble. Alors que certains acteurs comme Apple, s’orientent vers des produits compatibles avec la norme epub 3 tout en développant des fonctionnalités propres, Amazon fait le choix inverse en s’appuyant sur des formats propriétaires. En résumé, la production numérique se révèle un véritable casse-tête pour le monde de l’édition.
Quand bien même le roman est numérisable à des coûts raisonnables, c’est loin d’être le cas de la littérature de jeunesse, des beaux livres, de la littérature technique ou bien de la littérature scolaire. Un rapport de l’inspection générale* mentionne qu’un livre scolaire numérique augmente les coûts de production du livre de … 50%.
Cette augmentation des coûts de production qui va grever la rentabilité du secteur n’est cependant pas une fatalité.
Il n’est pas dit que le livre connaîtra le destin de la musique numérique avec la disparition de grands acteurs et un marché mondial qui passe par l’intermédiaire d’Apple.
« Cependant, il est certain que pour passer à l’ère du numérique, les maisons d’édition ne doivent pas avoir peur de refondre en profondeur leur mode d’organisation », ajoute François-Xavier Hussherr. « Cela doit passer par une refonte complète des chaînes de production et par une organisation décloisonnée ».
Désormais, les auteurs et les éditeurs doivent dès la conception du livre prendre en compte les contraintes imposées par le numérique aux départements en charge de la production.
Les livres ne doivent plus être stockés dans un format unique et propriétaire comme le PDF (Format de Adobe) mais dans des bases de données qui seront toujours réutilisables dans 30 ans. Il faut aussi réfléchir au format sous lequel seront saisis les livres. Dans le cas des livres avec photo, il faut voir que le logiciel word n’est pas forcément le format le plus adapté.
C’est pour répondre au défi de la transition numérique que Gutenberg Technology travaille depuis plus de deux ans à mettre en place des outils qui répondent à la fois à l’exigence du format papier qui reste encore la principale source de revenu, mais aussi aux exigences du numérique. Avec les solutions de Gutenberg Technology, les livres sont édités au format papier et au format numérique simultanément sans coût supplémentaire. La société sortira d’ailleurs en avril une nouvelle version de sa plateforme de multisupport : Gutenborg 3.0. La société annonce d’ailleurs qu’elle vient de signer un contrat très important avec Pearson, le numéro mondial de l’édition dont plus de 2/3 des revenus viennent du scolaire et de l’universitaire. Elle est aussi en discussion avancée avec McGraw-Hill et Cengage Learning qui font partie du Top10 américains. La société a également signé plusieurs prestations de service pour 4 des 10 plus grands éditeurs français. « Nous récoltons les fruits de 2 ans de travail et de centaines d’heure passées à réfléchir sur les meilleures solutions possibles pour numériser et éditer simultanément sur plusieurs supports, ce qui est loin d’être une tâche facile », ajoute François-Xavier Hussherr.
La société conseille, également via des formations professionnelles, les entreprises sur leur organisation pour qu’elles apprennent à composer avec la complexité du numérique et trouvent des solutions organisationnelles afin que les équipes de tous les départements des entreprises échangent plus.
Avec la montée du livre numérique dont le coût de distribution est largement inférieur au livre papier, et la mise en place de solutions novatrices, la rentabilité des maisons d’édition sera amenée à augmenter. En définitive, le devenir des acteurs historiques du monde de l’édition dépendra de leur capacité à relever le défi de la transition vers le numérique.
A propos de Gutenberg Technology
Gutenberg Technology est une société créée en septembre 2009 qui propose des solutions de numérisation des livres. Avec la plateforme Gutenberg 3.0, les livres sont produits simultanément aux formats papier, web, tablette (iPad&Android), et smartphone. Gutenberg Technology travaille pour trois des plus grands éditeurs mondiaux mais aussi avec de nombreux éditeurs américains, français, anglais et russes. La société est basée à Paris et à New York.