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  • Projet EcoL@b : espace-s, usage-s, circulation-s

    Projet EcoL@b : espace-s, usage-s, circulation-s

    A l’occasion de l’université d’été de Ludovia, 14ème édition, de nombreux enseignants et autres membres de la communauté éducative vont venir présenter leur expérience avec le numérique sur le thème de l’année, « Partages, échanges & contributions avec le numérique ». Ludomag se propose de vous donner un avant-goût de ces ateliers jusqu’au début de l’évènement, mardi 22 août.

     

    Eric Hitier présentera « Projet EcoL@b : espace-s, usage-s, circulation-s » sur la session III : Espaces d’apprentissage et de formations

     

    Problématique :

    Depuis quelques années, je me suis interrogé sur la disposition des tables, des chaises, des « coins » dans ma classe, je me suis questionné sur le matériel, les matières et les aspects plus « décoratifs ». Pour faire bref, je me suis penché sur la notion d’espace-s. J’ai cherché à potientaliser ma classe de façon à la fois ergonomique sans oublier cette sacro-sainte alliance avec le « pratico-pédagogique ». J’ai donc visité cette douce notion de géographie-s dans ma classe, ou comment la disposition des différents lieux pouvait avoir un impact sur l’apprentissage des élèves. M’inspirant de plusieurs études universitaires (Université de Salford au Royaume-Uni (2013), Université d’État de Caroline du Nord) et d’expérimentations dans certains établissements, j’ai opté pour une refonte totale de l’aménagement scolaire pour rechercher un rendement pédagogique efficace.

    En somme, repenser la géographie de la classe, c’est investir le terrain de la matérialité. Cela doit aussi résulter d’un consensus fort entre la pédagogie et sa mise en pratique. Les deux éléments vont de paire. L’espace classe est donc un parfait équilibre entre lieu et usage, entre espace et usage où chaque élève va travailler, collaborer, partager et innover. Ainsi, des espaces de création de ressources par et pour les élèves, des espaces de mutualisation des travaux, des espaces de coopération, des lieux d’innovations technologiques et encore d’autres de détente et de présentation ou d’expérimentations scientifiques sont présents et agencés afin d’optimiser l’environnement classe.
     

    Apport du numérique :

    Dans cette conception si particulière, le numérique est portable. Il libère les possibilités de travail, il module les expériences des élèves et permet une redéfinition des activités pédagogiques, tant sur le plan de la collaboration que sur celui de la technicité. Finalement, le numérique est un élément satellite qui permet aux usagers de bénéficier pleinement des possibilités qu’il offre.
     
    On passe alors d’un environnement clos, fermé à faible rendement numérique à un environnement ouvert (type « fab’lab ») à haut rendement pédagogique et numérique. Repenser les espaces de la classe, c’est finalement repenser l’usage du numérique et repenser l’activité des élèves avec le numérique. Il s’agit alors d’associer des pratiques digitales à des espaces bien définis qui permettront une gestion optimale et une parfaite connaissance des impacts liés à l’activité.
     

    Relation avec le thème de l’édition :

    La classe est un lieu où figurent, où s’enchevêtrent des espaces. La relation d’échange et de partage est intimement liée à la façon dont on va penser les espaces de la classe. Ceux-ci, imbriqués et inter-dépendants les uns des autres, ont cependant un point commun : l’unicité de leur usage. En effet, il est primordial, pour les élèves et/ou l’enseignant de bien maîtriser cette notion car elle détermine, de facto, le bon fonctionnement de tous ces espaces au sein de ce lieu unique.

    Pour faire court, un lieu clairement identifié détermine un usage bien défini. Le concept tient en deux points : flexibilité et interactivité. En effet, au cours de l’année scolaire et en fonction des besoins pédagogiques (ateliers, projets, etc.), les espaces sont modulables, interchangeables, déplaçables. C’est la mobilité de ces espaces qui fait de l’environnement classe un lieu vivant, en interaction forte avec l’expérience scolaire de chaque individu « élève ». C’est cet environnement pensé et choisi qui permet le partage des connaissances, les échanges de savoirs et qui redonne à l’activité tout son sens.
     

    Synthèse et apport du retour d’usage en classe :

    Une autre variable que je prends en compte dans cette réflexion des espaces est une dimension qui, je trouve, n’est pas – ou très peu – prise en considération dans le monde de l’enseignement : la dimension sociale du corps. M’appuyant sur les travaux universitaires de Luc Boltanski (2), je redonne au corps de l’élève toute sa place dans l’environnement scolaire.

    D’une part, le premier retour visible est une meilleure prise en compte de l’individu en tant que tel. Favoriser cette prise en compte, c’est d’une certaine façon le persuader qu’il existe et ainsi développer l’estime de soi à l’école et le bien-être. Ces deux éléments sont étroitement liés à la réussite pédagogique de l’élève. Du cadre élève, on peut aussi rapidement passer au cadre école où le travail en équipe va permettre de favoriser et de pérenniser un climat scolaire serein, propice aux apprentissages.

    Ensuite, le fait d’insérer les élèves dans cette réflexion fine des espaces les convaincs de l’utilité du processus et accentue la prise d’initiatives et l’engagement personnel.

    En bref, le fait d’avoir repenser les espaces (avec tout ce que cela peut engager) a permis de développer et de maintenir un climat scolaire très favorable aux apprentissages scolaires, a permis également de recontextualiser l’élève dans l’activité, a contribué à placer la collaboration et la coopération comme vecteurs de réussite et a donné au numérique toute sa place et sa fonction.
     


     
     
    Plus d’info sur Eric Hitier
    Retrouvez tous les articles sur Ludovia#14 et toutes les présentations d’ateliers sur notre page www.ludovia.com/tag/ludovia-2017

     
     

  • Tablettes à l’Ecole : comment parvenir à la généralisation des usages ?

    Tablettes à l’Ecole : comment parvenir à la généralisation des usages ?

    Patrick Roumagnac, DAN de l’académie de Clermont-Ferrand, que nous avons rencontré à l’occasion des NetJournées à Vichy le 29 mars dernier, nous donnait son point de vue sur la question.

    Découvrez ses réflexions dans l’interview ci-contre.

  • 4ème séminaire académique sur le numérique éducatif au Canopé Montpellier

    4ème séminaire académique sur le numérique éducatif au Canopé Montpellier

    L’académie de Montpellier organise le 30 mars 2017, à Canopé Montpellier,  son 4ème séminaire académique sur le numérique éducatif.

    Plus de 400 personnes sont invitées à ce séminaire : formateurs académiques, chefs d’établissement, référents numériques et personnes ressources. Ce séminaire est conçu comme un lieu d’échanges, de mutualisation et de formation pour les personnels de l’éducation nationale.

    « Espace et temps d’apprentissage à l’ère du numérique » constitue le thème de ce 4ème séminaire.

    La matinée s’organise autour d’une conférence d’André Tricot.

    Elle sera suivie d’une table ronde sur la « classe Inversée » (intervenants : Christian Patoz DASEN du Gard, Myriam Gaujoux vice-doyenne des IA-IPR, Frédéric Davignon collaborateur de la DANE et formateur, Héloïse Dufour présidente de l’association « inversons la classe », Jérôme Staub chef de projet du MOOC classe inversée à Canopé).

    Les interventions pourront être commentées en direct à travers un tweetwall (#semnum2017).

    L’après-midi est consacrée à des ateliers variées : escape game et formations, EIM et plan numérique, autonomie-inventivité-créativité avec la programmation, présentation de la BRNE, utilisation de Mahara, ressources MCN, projet e-FRAN « AREN », utilisation de la visioconférence,écriture collaborative et temps d’apprentissage, modification de l’espace de la classe à l’ère du numérique, etc…

    En parallèle des ateliers et conférences, des sociétés du numériques, l’ONISEP, Canopé et la DANE présenteront dans le hall leurs ressources et services.

  • Minecraft en classe : quand le jeu colle parfaitement aux objectifs pédagogiques

    Minecraft en classe : quand le jeu colle parfaitement aux objectifs pédagogiques

    David Plumel, professeur de technologie au collège « Les Allières » de Saint-Pierre-le-Moûtier (58), utilise Minecraft depuis deux ans en classe de 5ème et de 3ème ce qui lui permet de travailler autrement en classe et hors la classe et d’avoir des projets beaucoup plus aboutis.

    « Minecraft est un bac un sable dans lequel on peut construire à peu près tout ce qu’on veut. C’est l’ouverture complète d’un univers gigantesque où le professeur va pouvoir amener aussi ce qu’il veut ».

    David Plumel utilise Minecraft pour de la construction ce qui lui permet d’aller au-delà de ce qu’il pratiquait avant avec ses élèves.
    « Là où avant, on allait construire une maison avec quelques centaines de blocs, aujourd’hui, je peux envisager des projets à 600 000 blocs voir 1 million de blocs », argumente t-il.

    davidplumel_minecraft1

    Au-delà du travail collaboratif entre élèves que l’usage de Minecraft développe, David Plumel a étendu cette collaboration auprès d’autres enseignants (français, SVT, langues) et auprès d’autres établissements avec des élèves de différents niveaux.
    Il note d’ailleurs que les échanges fonctionnent surtout bien avec des enseignants qui pratiquent la classe inversée, « car ils scénarisent beaucoup plus leur cours donc comme ils ont déjà un scénario, cela facilite l’immersion dans le décors de Minecraft ».

    davidplumel_minecraft2

    Aujourd’hui, David Plumel ne travaille qu’en mode projet car « plus on est en pédagogie de projet, plus les élèves adhérent », explique t-il. Et c’est cet objectif que David poursuit : que ses élèves s’engagent, soient acteurs de leurs apprentissages.

    Lui même joueur invétéré, David Plumel a toujours eu envie de faire entrer le jeu dans sa salle de cours, « mais faire entrer du jeu pour faire entrer du jeu, cela n’a rien d’intéressant ».

    Minecraft est arrivé pour lui comme le bon support au bon moment et qui correspondait bien aux programmes et aux projets pédagogiques qu’il envisageait.

    Plus d’infos :
    Retrouvez David Plumel:

    Sur Twitter: @P7i7Plum3
    Sur YouTube:
    davidplumel_minecrafthp

     

  • Numérique éducatif dans les Pyrénées-Atlantiques : les usages au cœur du dispositif

    Numérique éducatif dans les Pyrénées-Atlantiques : les usages au cœur du dispositif

    Denise Saint-Pé, Vice-Présidente en charge de l’Education au Conseil départemental et Nicolas Patriarche, élu au Conseil départemental et Président de l’Agence du Numérique 64 développent les principaux points afférant à cette politique dynamique.

    « Notre souci est de baser notre intervention, certes matérielle, sur la construction de projets, c’est pourquoi nous faisons des appels à projets auprès de nos 48, bientôt 49 (ouverture prochainement du collège innovant de Pau), collèges publics et leurs équipes enseignantes », explique Denise Saint-Pé.

    Bien qu’ayant principalement un rôle de financeur, le CD 64 a toujours eu un regard sur les usages ; c’est aussi pour cela que l’Agence du Numérique 64, soutenue par le Conseil départemental et en partenariat avec Canopé, organise chaque année les rencontres EIDOS 64 dont le public d’enseignants, pour ne citer qu’eux, ne cesse de croître (534 participants sur la journée du 27 janvier 2016 à Bayonne).

    « Avec l’organisation d’EIDOS, je trouve que le Conseil départemental est vraiment dans son rôle de synergie entre Education Nationale et compétences du Conseil départemental en matière d’Education », conclut Denise Saint-Pé.

     

  • Parler pour partager, parler pour exister. Retours d’expériences en premier degré

    Parler pour partager, parler pour exister. Retours d’expériences en premier degré

    CatherineLapointeHP_161215

    Il y a environ 8 ans, j’ai créé une petite radio en différée avec mes petits de 1re année (6-7 ans). Et quand je regarde les photos, cette radio est restée presque la même : un vieux poste d’ordi, deux casques d’écoute avec micro, le logiciel libre Audacity* et notre site web de classe pour déposer nos capsules.
    L’avantage de ce logiciel réside essentiellement dans la possibilité de faire du montage : enlever les blancs, les erreurs, etc.

    Le but premier de cette radio : mettre en lumière chaque enfant, même les enfants allophones, les élèves moins à l’aise dans l’expressif, les plus timides aussi. Seul ou en petit groupe, les élèves réticents à parler devant la classe se sentent dans une zone de confiance grâce à la dynamique communicationnelle qui est différente. Le simple fait de leur tendre le micro et de leur dire « Tiens, tu as la parole. Tu as quelque chose d’intéressant à dire. Nous t’écoutons. », ça donne du pouvoir !
    Et pour certains, ça donne des ailes.

    CatherineLapointe2_161215J’ai retrouvé une photo de deux de mes élèves qui enregistrent une émission guidée par moi, pas à pas en 2008 **.

    Cette démarche, en plus d’être prenante, exige une gestion de classe qui peut créer des insatisfactions. Depuis l’an passé, j’utilise des élèves mentors ou experts qui viennent guider mes élèves pour la première émission de l’année.

    Ensuite, mes élèves peuvent s’entraider comme à la manière d’une chaine de dominos. Souvent, je n’interviens pas du tout lors de l’enregistrement.

    Mes élèves développent alors leur autonomie en plus de créer chez eux un fort sentiment de liberté et de confiance.

    CatherineLapointe3_161215De mon côté, je peux continuer d’accompagner mon groupe sans être contrainte à rester avec les deux élèves qui enregistrent. De façon concrète, je les laisse prendre l’initiative de choisir un sujet qui les anime, des co-animateurs aussi.

    La seule tâche que je me garde, c’est d’enregistrer la séquence en .mp3 et la déposer sur mon site de classe. Les émissions de l’an passé ont été enregistrées sans mon aide, seulement celle des pairs.

    Les impacts sont réels.

    Les élèves reçoivent une rétroaction directe en s’entendant dans le casque d’écoute. Ils ont aussi des réactions des pairs et de l’auditoire plus large comme les parents, les enseignants et les classes qui nous suivent sur Twitter. L’auditoire réel permet aux élèves de développer de véritables compétences d’écoute, de communication, de synthèse, de recherche et bien de la valorisation dans leur milieu scolaire et ailleurs ; parce que l’important, ne l’oublions pas, c’est de diffuser largement les petites radios pour avoir des auditeurs variés et motivés qui vont faire des rétroactions positives aux élèves.

    Voilà pourquoi la motivation et l’engagement des élèves est palpable. La radio a cet effet sur plusieurs enfants.

    J’ai même utilisé la radio pour permettre à deux élèves trop anxieux de parler devant la classe de communiquer autrement ce qu’ils voulaient.

    Cette flexibilité donne l’occasion tout de même de les entendre s’exprimer. Et pas à pas, ils prennent confiance, sortent de leur cocon et prennent leur envol vers une expression qui leur permet de partager et d’exister.

    Un oeil sur les capsules radio de la classe de Catherine Lapointe : recit.csdecou.qc.ca/classeweb

    CatherineLapointe1_161215Plus d’infos sur Catherine Lapointe, enseignante en 2e année :
    École Coeur-Vaillant-Campanile
    3645, Chemin Sainte-Foy
    Québec, Qc G1X 1T1
    http://recit.csdecou.qc.ca/classeweb/catherinelapointe/
    @catlap78 (compte professionnel)

    @elevesCVC2 (compte de classe)

    *Nous aurions pu utiliser Souncloud également si nous n’avions pas eu de plateforme web pour déposer nos émissions
    **Je partage avec vous la genèse du projet avec AQUOPS09. J’avais présenté ce projet à l’AQUOPS à l’époque.

  • CANOPÉ fait son « Do it yourself » avec le Labo Techné de l’Université de Poitiers

    CANOPÉ fait son « Do it yourself » avec le Labo Techné de l’Université de Poitiers

    #R&D pour le réseau CANOPÉ

    « Pour nous, il est important de travailler dans le domaine du développement expérimental et de la recherche appliquée », explique Jean-Michel Perron.

    Les pratiques de la communauté éducative évoluent et le réseau CANOPÉ ne veut pas passer à côté de ces évolutions. En tant qu’éditeur public et accompagnateur des politiques publiques, « il nous a semblé absolument nécessaire de constituer une base de connaissances autour de prototypes, de maquettes, de projets innovants et en même temps de faire une veille sur les connaissances existantes sur le sujet ».

    Pour ce faire, CANOPÉ s’appuie sur les laboratoires universitaires partout en France.

    « Le travail ici sur Poitiers, avec le Laboratoire Techné et le master ingénierie des médias pour l’éducation, nous a permis de mettre en place des projets de Recherche & Développement sur des sujets qui concernant l’apprentissage instrumentée, la collaboration, par exemples ».

    #Faire ensemble et autrement

    Le thème du C2E 2015 « Numérique, le pouvoir de faire ensemble et autrement » rejoint tout à fait les objectifs de CANOPÉ.

    « Les pratiques d’apprentissage ont-elles évolué avec le numérique » ? Le thème du C2E laisse entrevoir que le numérique laisse le pouvoir sur un certain nombre d’actes d’apprentissage et d’enseignement et ouvre sur deux axes :
    . la collaboration, la mutualisation des pratiques, l’échange « et on est bien dans le faire ensemble »
    . le numérique facilite la production, qui n’est plus seulement réservée aux experts, « ce qui nécessite de se questionner sur le “autrement“ ».

    Organiser toutes ces nouvelles inventions du quotidien, ce détournement, est un vrai challenge et le constat qui est fait par Jean-Michel Perron est que « nous devons être en capacité d’organiser et de valoriser cette remontée d’informations ».

    Dans cette conduite du changement, quoi de plus évident que d’être partenaire à l’organisation d’un Hackathon pédagogique.

    #HackathonPédagogique du mercredi 16 septembre

    En parallèle de l’observation, « il faut agir ».

    C’est par la mise en place de nouvelles formes de collaboration comme le Hackathon pédagogique que nous allons apprendre, nous acculturer et créer des liens entre des personnes.

    « C’est en quelque sorte de la formation-action qui se passe lors de cette journée ».

    En guise de conclusion, Jean-Michel Perron tient à rappeler les fondements du réseau CANOPÉ qui « apprend, construit, s’organise, réfléchit et en même temps livre cela directement aux autres acteurs de la communauté éducative

    parce que nous sommes persuadés que tout le monde changera ensemble.

     

  • Usages de l’ordinateur et l’Internet chez les élèves camerounais : du prescrit au détourné. Pour une approche participative de l’éducation aux médias

    Usages de l’ordinateur et l’Internet chez les élèves camerounais : du prescrit au détourné. Pour une approche participative de l’éducation aux médias

    L’un des éléments qui matérialisent l’introduction des technologies dans l’école au Cameroun est la création des Centres de Ressources Multimédias équipés d’ordinateurs connectés à l’Internet.

    Dans ce contexte accessible aux élèves, les décideurs scolaires (promoteurs des technologies à l’école et responsables d’établissements) ont institué un système normatif et prescriptif dans le but d’amener ces apprenants à construire des usages responsables et citoyens, ce qui s’inscrit dans la perspective de l’éducation aux médias. Des normes de « bons usages » de l’ordinateur et l’Internet y sont alors mises en œuvre.

    Constituant une « grammaire d’usages », elles distinguent les usages permis des pratiques proscrites. Parmi les usages prescrits, figurent les recherches documentaires sur Internet ou avec le programme Encarta, les emails et le traitement de texte. Du fait qu’ils s’inscrivent dans les projets d’apprentissage des élèves, les décideurs scolaires les considèrent comme des usages scolaires.

    Quant aux usages interdits, ce sont les visites des sites pornographiques, les tchatches, les activités ludiques, le visionnage des films, l’écoute des musiques, l’usage de Facebook et les téléchargements.

    Conçues dans le but d’éduquer les élèves à l’utilisation des technologies, ces prescriptions sont matérialisées par des affiches collées aux murs et par l’application des punitions à l’égard des contrevenants.

    Nous avons donc affaire à une démarche d’éducation aux médias dont le but est de configurer les apprenants et leurs pratiques technologiques. Ici, les usages prescrits ne relèvent pas de la conception technologique, mais sont le fait des usagers prescripteurs qui mettent en œuvre les représentations qu’ils ont des médias en tant qu’outils pédagogiques (idem).

    La nécessité de discipliner les élèves et leurs usages vise ainsi à les amener à consommer les produits pour lesquels l’ordinateur et l’Internet sont intégrés à l’école et à s’aligner sur les objectifs et intentions des prescripteurs. Du coup, le statut qui leur est attribué dans ce contexte, est celui d’individus consommateurs et passifs (De Certeau, 1980).

    Mais au cours des entrevues menées avec 105 élèves et lors des observations directes conduites dans les sept établissements pilotes d’intégration pédagogique des technologies, nous avons répertorié les usages suivants : recherches documentaires sur Internet, recherches avec Encarta, activités ludiques, écoute des musiques, visionnage des films, traitement de texte, emails, tchatches, visite des sites pornographiques, téléchargements, dessins, usage de Facebook et recherches d’informations sur la vie des stars.

    Cette diversité d’usages qui traduit les fonctionnalités de l’ordinateur connecté, combine les objectifs scolaires et les intentions socio-personnelles des apprenants. Leur examen montre un décalage entre ce qui est prescrit par les décideurs et ce qui est effectivement réalisé par les apprenants (Paquelin, 2009).

    Car, en dépit des normes et punitions fixées, les élèves arrivent à mettre en œuvre des pratiques autres que ce que leur administration attend d’eux.

    Dans l’ensemble, l’approche adoptée pour éduquer aux médias dans ce contexte n’a pas empêché des écarts entre le prescrit et le réel (Kiyindou, 2011). Cela montre que les élèves ne se satisfont pas de leur « statut de consommateurs […] » (Vitalis, 1994 : 8) de l’éducation aux médias. Nous sommes donc en face des apprenants qui à la fois possèdent un pouvoir et une autonomie, et sont pris entre les contraintes du contexte scolaire d’utilisation des technologies. Mais en même temps, ils exploitent les contraintes et les possibilités de ce système pour pouvoir marquer autrement leur place dans le processus de l’éducation aux médias.

    À cet effet, ils imaginent une diversité de stratégies de détournement des prescriptions qui échappent le plus souvent au contrôle des décideurs : attroupement autour d’un ordinateur, choix du fond de la salle, ouverture simultanée de plusieurs fenêtres, négociations avec le chef du CRM, diminution de l’éclairage de l’écran, usage des écouteurs et fréquentation des cybercafés. Cela montre alors l’intérêt d’adopter une approche participative de l’éducation aux médias, dans laquelle les élèves ne sont plus considérés comme des utilisateurs finaux et consommateurs, mais en tant qu’acteurs et contributeurs (Akrich, 1998 ; Béché, 2010a).

    Note de positionnement scientifique

     

    1- Cette proposition de communication s’inscrit dans l’axe intitulé : « Le monde éducatif… »

    2- La méthodologie appliquée est basée sur l’utilisation de l’interview et de l’observation directe comme outils de collecte de données. Si les entretiens ont été menés avec 105 apprenants choisis en fonction de leur genre, niveau d’études et familiarité avec l’ordinateur et l’Internet, les observations directes ont été conduites dans sept établissements pilotes d’intégration pédagogique des TIC au Cameroun.

    Quelques références bibliographiques

     

    • Akrich, M. (1998). « Les utilisateurs, acteurs de l’innovation ». Éducation Permanente, n° 134, p. 79-89.
    • Béché, E. (2010a). « Le détournement d’une innovation par les apprenants camerounais. Pour une approche globale et participCHative de l’intégration scolaire des TIC ». ESSACHESS, Innovation et communication dans le contexte de la mondialisation, vol. 3, n° 5, p. 139-150.
    • Béché, E. (2010b). « Les élèves de Maroua (Cameroun) et l’interdiction du téléphone à l’école : Opinions et stratégies de détournement. Pour une gouvernance techno-scolaire systémique et participative ». Kaliao, vol. 3, n° 4, p. 9-26.
    • Chaptal, A. (2007). « Usages prescrits ou annoncés, usages observés. Réflexions sur les usages scolaires du numérique par les enseignants ». Document Numérique, n° 10, p. 81-106.
    • Cottier, P. et Choquet, C. (2005). « De l’usager construit à l’usager participant Environnements Informatiques pour l’Apprentissage Humain, n°1, p. 449-454

    Plus d’infos sur le programme du colloque scientifique sur www.ludovia.org/2015/colloque-scientifique

    A propos de l’auteur Emmanuel Béché

  • La « révolution numérique » : un passage obligé pour l’Ecole

    La « révolution numérique » : un passage obligé pour l’Ecole

    « Les usages du numérique qui se multiplient aujourd’hui à la fois dans la vie quotidienne, dans le monde du numérique et dans la vie professionnelle obligent l’Ecole à être dans la dynamique de cette révolution ».

    Pour elle, cette révolution du numérique a un enjeu essentiel : celle de « permettre un rapport positif de l’élève avec le savoir » et elle développe, dans la vidéo ci-contre, son point de vue sur la question.

    D’une part, le numérique va permettre de mettre en place une pédagogie plus active avec, notamment, plus d’interactions sociales entre les élèves et plus de démarches projets et elle ajoute que le travail pluridiscplinaire devrait s’en voir facilité.

    Le numérique devient essentiel pour le système éducatif parce qu’il permet de repenser l’acte d’enseigner pour l’enseignant et l’acte d’apprendre pour l’élève dans un rapport au savoir dans lequel l’élève est plus actif.

    D’autre part, face à la masse de données à laquelle nous sommes confrontés aujourd’hui, Mme le Recteur insiste sur la nécessité pour les élèves d’être dans une dynamique d’accompagnement et d’éducation aux médias.

    Celle-ci se définit ainsi, par exemples, sur des notions comme « comment reconnaître la validité d’une information et donc avoir « une distance critique » mais aussi savoir se construire un argumentaire en s’appropriant des connaissances et « développer une autonomie » ».

    Dans l’académie de Montpellier, le levier de développement des usages du numérique est l’ENT.

    « Nous avons une spécificité dans l’académie de Montpellier : celle d’avoir un ENT unique spécifique premier degré pour tout le territoire et un espace numérique de travail unique pour les collèges et les lycées », souligne-elle.

    L’ENT premier degré a été mis en place il y a environ un an et il concerne aujourd’hui 30 000 élèves de 200 communes et 300 classes.

    De la maternelle à la terminale, le cahier des charges des ENT est identique, ce qui va permettre aux parents, d’après Mme le Recteur, de prendre des habitudes avec les services proposés et d’avoir une continuité.

    Les parents ne sont en effet pas laissés pour compte dans son académie. Pour preuve, des opérations « écoles ouvertes » aux parents ont été lancées dont l’objectif est de proposer une initiation et une sensibilisation des parents aux usages du numérique, « afin qu’il y ait une compréhension de l’environnement numérique et de l’éducation aux médias ».

    La question de la parentalité est essentielle et nous devons porter tout cet ensemble avec les parents.