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  • Des nouvelles toutes fraîches de l’école des Lumières

    Des nouvelles toutes fraîches de l’école des Lumières

    En ces temps d’interdiction ferme et définitive (?) du Smartphone à l’école, selon la dernière annonce du Ministre Jean-Michel Blanquer, nous nous sommes intéressés à recueillir les avis des uns et des autres sur la toile. Le premier de cette série est l’article de Michel Guillou, bien documenté et bien argumenté que nous vous présentons ci-dessous.

    Voilà plus de vingt cinq ans que les collectivités locales, communes, départements, régions, chacune pour sa part, avec ses moyens propres et forcément inégaux, dans son domaine de compétences, équipent les salles de classe des écoles, collèges et lycées de matériels de communication numériques et les connectent à l’internet.

    Tout cela a coûté beaucoup, beaucoup d’argent. Au-delà du câblage actif ou passif, des dispositifs de connexion sans fil, des différents serveurs nécessaires à la pédagogie, quelquefois nombreux en lycée ou à l’université, ce sont des quantités massives d’ordinateurs fixes et mobiles, des tablettes plus souvent ces derniers temps avec le plan numérique à l’école et au collège, terminaux dont il est nécessaire de prévoir la garantie, la maintenance et le remplacement tous les quatre ou cinq ans, qui ont été livrés par les collectivités territoriales dans les salles de classe. Il a fallu prévoir aussi le raccordement à l’Internet à très haut débit, ce qui n’est jamais simple et bon marché dans les zones rurales.

    Les collectivités, qu’on avait poussées à investir dans le numérique, attendent alors qu’on s’en serve, de tous leurs appareils — elles appellent cela des « usages ». Oh ! elles ne vérifient pas de quoi il s’agit pratiquement, en classe, ce en quoi, à mon avis, elles ont tort, mais exigent des statistiques — combien d’élèves par ordinateur, combien de bande passante, combien de ressources distribuées… toutes sortes de chiffres abscons qui n’ont de sens que parce qu’ils finissent sur des rapports ou des professions de foi électorales. Pour rendre compte aux électeurs contribuables de… cette gabegie d’argent public. Car il s’agit bien de cela.

    La donne a changé

    Aujourd’hui, les jeunes entre 12 et 17 ans, presque tous des élèves donc, sont 97 % à posséder un téléphone mobile. Et 85 % de ces machines sont des smartphones, des ordiphones comme j’avais commencé à les appeler. Ces chiffres de référence sont déjà plutôt anciens et on s’approche très vite aujourd’hui de 100 % dans les deux cas. D’ailleurs, on ne trouve plus guère à acheter autre chose que des smartphones connectés. Quel élève de 15 ans accepterait aujourd’hui d’être équipé d’un appareil qui ne ferait que téléphone ? Pour quoi faire ? Les jeunes se téléphonent très rarement et n’utilisent la fonction téléphone que pour l’envoi et la réception très massifs des SMS, des textos.

    Ces smartphones ne sont donc pas des téléphones. Ce sont des ordinateurs. Très rapides. Très. Chaque élève possède dans sa poche une machine surpuissante et polyvalente qui lui permet d’accéder à tous les savoirs. Michel Serres en témoignait déjà en 2011 :

    « Que transmettre ? Le savoir ? Le voilà, partout sur la Toile, disponible, objectivé. Le transmettre à tous ? Désormais, tout le savoir est accessible à tous. Comment le transmettre ? Voilà, c’est fait. Avec l’accès aux personnes, par le téléphone cellulaire, avec l’accès en tous lieux […], l’accès au savoir est désormais ouvert. D’une certaine manière, il est toujours et partout déjà transmis. »

    Par ailleurs, l’excellent Jean-Louis Schaff fait remarquer à juste titre que la somme de la connectivité embarquée par les smartphones des élèves et des enseignants multiplie par un facteur de 15 à 20 celle de l’établissement.

    Un nouvel accompagnement des collectivités ?

    Comme les entreprises qui commencent à comprendre qu’il convient peut-être de privilégier la mobilité des pratiques professionnelles et le BYOD (AVEC en français, pour pour « apportez votre équipement personnel de communication »), ce qui perturbe beaucoup les DSI mais les libère de la gestion de lourdes infrastructures matérielles, les collectivités commencent à comprendre tous les avantages qu’elles pouvaient tirer d’une évolution radicale de l’accompagnement matériel qu’elles prodiguent aux écoles et établissements.

    Finis les lourds équipements onéreux qui demandent des moyens financiers et humains importants pour les procédures d’achat, la maintenance et l’administration ! Finies les bagarres sans fin avec les opérateurs pour tirer de la fibre en urgence là où c’est difficile d’en mettre ! Reste à réduire les inégalités, chantier sur lequel l’État central s’est engagé à aider les collectivités locales, tant pour ce qui concerne la connectivité en 4G et, bientôt, en 5G, et la disparition des zones blanches que pour ce qui concerne l’équipement personnel des élèves en permettant aux collèges d’acheter quelques smartphones complémentaires, dont la fonction téléphone pourrait d’ailleurs être désactivée, pour les quelques élèves qui n’en disposent pas…

    Et puis aussi se pencher sur la fournitures de ressources éducatives numériques disponibles, dont les manuels scolaires, qui pourraient partiellement être stockées sur ces terminaux mobiles…

    Bref que d’heureuses perspectives sur lesquelles réfléchissent les élus et fonctionnaires des collectivités en charge des écoles, collèges et lycées. Tant mieux.

    Une interdiction réaffirmée et fièrement revendiquée

    Au moment même où, à la DNE, on réfléchit à tout cela — se référer à ce que me répondait, à Ludovia, Mathieu Jeandron, sur les démarches entreprises auprès des affaires juridiques du ministère pour interpréter ou faire évoluer le code de l’éducation et, notamment, son article L511-5 —  le ministre Jean-Michel Blanquer faisait lui aussi sa rentrée en annonçant partout son intention de faire respecter à la lettre les promesses de campagne du président nouvellement élu.

    « Nous interdirons l’usage des téléphones portables dans l’enceinte des écoles primaires et des collèges. » avait alors proclamé le candidat.

    Compte tenu d’une évolution sensible des pratiques de classe à ce sujet, voir par exemple les témoignages recueillis lors du dernier Carnaval numérique, compte tenu aussi du relâchement observé de la réglementation intérieure des lycées et même des collèges à ce sujet, des dispenses et dérogations accordées çà et là pour innover, il semblait acquis que, comme d’habitude, ces promesses de campagne seraient vite oubliées, d’autant que l’école a d’autres chantiers plus importants et sensibles à mener. Que nenni ! Le ministre, qui a pas mal occupé le terrain des médias en cette rentrée, n’a pas manqué une occasion de rappeler sa détermination à « faire respecter les règles et le droit ».

    Interrogé sur les modalités pratiques d’une telle interdiction, le ministre a rappelé ce qu’il disait déjà fin juin dernier et qui m’avait permis de faire, en m’efforçant de sourire, quelques aimables « Petites suggestions pour restaurer l’autorité du chef de l’État en Conseil des ministres ».

    « Par exemple, en Conseil des ministres, il y a un casier. On y met son téléphone portable, et ensuite, on rentre en Conseil des ministres, de sorte qu’on n’est pas interrompu. »

    En prenant ainsi la décision de confirmer cette interdiction, en allant même jusqu’à envisager d”en renforcer, à brève échéance, les modalités de mise en œuvre, le ministre ne fait que flatter dans le sens du poil tous ceux, dont certains parents, qui pensent que l’école, c’était mieux avant, et ceux des professeurs qui, au mieux, se méfient complètement de ce qu’en font leurs élèves, au pire, haïssent complètement ces derniers, leurs habitudes de vauriens et la modernité aliénante. Sic.

    Pas de chance pour notre vaillant ministre, les parents de la PEEP ont protesté — on attend encore la moindre remarque de la FCPE à ce sujet, très curieusement silencieuse sur un sujet qui la concerne au premier chef — mais c’était plus pour douter de la capacité de l’institution à mettre en œuvre pratiquement l’interdiction plutôt qu’à la remettre en cause ou à s’interroger sur sa validité et son intérêt :

    « Le dépôt des téléphones portables au collège pose un problème de logistique effroyable »

    On attend aussi les réactions officielles des syndicats d’enseignants ou des syndicats d’élèves. Sur son blogue éducation, l’UNSA, sans prendre vraiment position, donne la parole à Christian Westphal qui utilise en classe les smartphones de ses élèves de collège depuis un bon moment déjà. Je vous en dis un mot plus loin.

    Un certain déni de la réalité


    Le tweet ci-dessus
    , publié par le site officiel de l’administration française, a suscité pas mal de remarques. Un certain Philippe Casier, principal de collège, réagit sur un grand réseau social :

    « Une nouvelle fois, l’Éducation nationale passe à côté d’une extraordinaire opportunité. C’est la première génération à se promener avec, dans la poche, un dictionnaire, une calculatrice scientifique, une encyclopédie, un atlas, une bibliothèque, une vidéothèque, un appareil photo, un enregistreur pour les cours de langues, une caméra… Au lieu d’apprendre à s’en servir, d’apprendre à trier et à garder un esprit critique sur les informations… on veut interdire, sans d’ailleurs y parvenir. »

    Et puis, il y a ce reportage réalisé quelques jours après ce rappel réglementaire par francetvinfo.fr. C’est à Loches, près de Tours, et on y a décidé — qui ? le règlement intérieur ? — que les téléphones portables, tolérés dans la cour du collège, ne le seraient plus. Arguments ultimes de la direction : il n’y a plus de photos prises en classe et plus de harcèlement non plus. Tout cela est totalement invraisemblable. D’abord parce que les élèves s’en contrefichent et font ce qu’ils veulent en prenant des risques, ensuite parce que les parents, dans l’impossibilité même d’envoyer un texto à leur enfant vont finir par se rebeller, enfin parce que le temps scolaire, 35 h en moyenne, dont 30 h de cours pendant lesquels les élèves sont censés en principe faire autre chose que de harceler ou d’être harcelés, ne représente pas grand chose par rapport aux plus de 110 h d’éveil hebdomadaire.

    Un jour, je ferai un billet pour dénoncer les fantasmes au sujet du harcèlement, ceux qui le lient par exemple aux pratiques numériques, ceux qui ne le voient qu’à l’école ou ceux qui en font un phénomène du moment et de la modernité.

    En clair, dans ce collège, on se fiche pas mal qu’il y en ait, du harcèlement, du moment que ça ne soit pas à l’école. En prenant des mesures d’interdiction, de rétorsion et de confiscation, contre le droit commun d’ailleurs, ce principal, ce collège, l’institution scolaire en général font exactement le contraire de la mission de service public qu’on leur a assignée. Au lieu de bâtir avec les principaux concernés les fondements d’une vie scolaire, en l’occurrence la vie collégienne, comprise parce que négociée puis longuement expliquée, ils préfèrent interdire et réprimer.

    C’est un choix.

    Que d’autres ne font pas. Sur le blogue L’École de demain, Christian Westphal, professeur de sciences physiques dans un collège du Bas-Rhin, raconte comment il utilise avec ses élèves les smartphones qu’ils possèdent. Il dit comment cela mobilise leur attention, les incite à collaborer, les met en activité.

    « Il n’y a eu quasiment aucun “dérapage” avec les téléphones. Ils sont sur la table et plus en dessous, du coup, c’est plus facile de repérer ceux qui font autre chose. Si le SMS parental “N’oublie pas que c’est Papy qui vient te chercher à 17 h” arrive en plein cours, la règle est simple : on lit le message rapidement, on n’y répond pas et on reprend le boulot. »

    Fort heureusement, il existe plein d’exemples du même type, dans des disciplines différentes et à des niveaux divers, avec l’accord tacite et parfois complice de l’administration ou des services du rectorat, où le smartphone/ordinateur est utilisé pour prendre quelques notes, faire quelques photos, consulter ce qu’en dit Wikipédia, faire un petit calcul rapide, consulter une carte, vérifier l’orthographe d’un mot, que sais-je encore…

    L’insupportable mépris pour la jeunesse

    Dans Educavox, un professeur, Viviane de Beaufort, explique :

    « Je n’interdis pas le smartphone à mes étudiants : ce n’est pas la peine d’essayer de les empêcher d’être ce qu’ils sont, il faut au contraire profiter de leurs talents. »

    En prenant les décisions d’interdiction et d’ostracisation dont on parle, les élus, les fonctionnaires apeurés témoignent, au contraire de cette professeure, de leur absolue incompréhension de ce que sont, ce que sont devenus les jeunes d’aujourd’hui.

    Incapables de voir à quel point ils ont changé, à quel point ils ont investi, avec talent, l’écosystème numérique dans lequel ils baignent, ils adoptent à leur égard, à leur encontre devrais-je dire, une attitude hautaine et méprisante. J’avais proposé, il y a plus de 4 ans déjà, dans un article appelé « Ne dirait-on pas que les jeunes, nos enfants, les élèves, ne sont plus vraiment les mêmes ? »,  en examinant et en m’interrogeant sur les pratiques numériques médiatiques massives des jeunes, quelques questionnements qui n’ont guère trouvé de réponse aujourd’hui :

    • Quand les sollicitations sociales sont permanentes, comment mobiliser l’attention des élèves, assis six heures par jour à écouter leurs professeurs ?
    • Comment concilier le travail collaboratif et coopératif avec l’évaluation traditionnellement individuelle ?
    • Comment intégrer dans les enseignements l’acquisition par les élèves d’une culture numérique, technique mais aussi et surtout sociale et citoyenne ?

    Je concluais ainsi :

    « Il nous faut cesser de rêver et d’imaginer des élèves tels qu’ils pourraient ou auraient pu être, à l’image de ce que nous étions nous-mêmes ou rêvions d’être parfois, il y a quelques dizaines d’années. »

    Au-delà du mépris que ces adultes supposés responsables manifestent ouvertement pour les jeunes et ce qu’ils sont aujourd’hui, la réaffirmation de cette stupide interdiction est aussi particulièrement méprisante pour les enseignants eux-mêmes. Comment ? Ils ne seraient pas capables de mobiliser l’attention et la disponibilité des élèves, malgré la supposée dispersion que leur occasionne, selon les dires mêmes du ministre inquiet, le machin honni ? Ils ne seraient pas capables de formuler des interdictions simples, de négocier dans le cadre de la classe les éléments fondateurs du vivre ensemble, d’une vie scolaire apaisée qui rende les élèves plus autonomes, plus responsables ? Pour ma part, je suis convaincu du contraire. À condition qu’on les aide, que se bâtisse une réelle solidarité entre les acteurs de l’école, tous les acteurs, parents compris, qu’on leur explique qu’il vaut mieux, de temps en temps, évaluer l’opportunité de traiter telle ou telle partie du programme en considération particulière d’apprentissages transversaux, ceux qui concernent l’acquisition des compétences citoyennes ou l’éducation aux médias et à l’information, par exemple…

    Oui, si on fait tout cela, je suis certain que la majorité des professeurs sont capables d’adopter à ce sujet un regard bienveillant et compréhensif. Des efforts à faire découle naturellement un résultat valorisant pour tout le monde.

    Le néo-obscurantisme des élites

    Nombreux sont ceux qui, au siècle dernier déjà, ont contribué à faire de l’école autoritaire de Jules Ferry une école ouverte, curieuse des évolutions de son temps, porteuse de valeurs, formant des citoyens éclairés et capables d’exercer leur esprit critique. Plus que jamais, le numérique, fait social et culturel global, contraint l’école aujourd’hui à renforcer cette mission, contre ceux qui voudraient en faire une machine à produire des travailleurs, en accentuant l’acquisition des connaissances et des compétences qui sont celles du jeune citoyen.

    Le jeune citoyen de l’ère numérique a changé, je vous l’ai dit. Il a acquis des compétences qui lui permettent de mieux travailler avec les autres, de renforcer, en coopérant ou en collaborant, l’intelligence du collectif. Il sait s’adapter à de nouvelles situations ou conditions de travail. Il sait aussi qu’on en veut beaucoup à ses données personnelles et il a appris à se prémunir et à se protéger. Il a appris à confronter son opinion à celle des autres, il sait s’adresser à un auditoire, argumenter, débattre. Il exerce pleinement sa liberté d’expression là où c’est possible et où ça l’intéresse. Il sait comment et où accéder aux ressources documentaires dont il a besoin, en faire le tri, les valider, extraire le meilleur, critiquer le faux et s’en débarrasser.

    Pour tout cela, il utilise les outils disponibles, à commencer par le smartphone qu’il a ordinairement dans la poche.

    Il aurait bien voulu mais voilà, il ne peut pas, on le lui interdit : le machin à acquérir des connaissances, à mettre en œuvre toutes les compétences décrites plus haut, à interagir avec sa sphère sociale, dont la famille et les amis, doit être rangé une fois pour toutes au fond de son sac.

    L’interdiction va-t-elle aussi concerner les tablettes, différentes des smartphones en ce qu’elles sont un peu plus grandes, pourtant déployées dans de nombreux collèges de France, et les objets connectés, les montres par exemple ?

    Cet immense autodafé numérique est ainsi celui qu’organise aujourd’hui une école qu’on croyait pourtant dévouée à servir les Lumières. J’ai déjà évoqué ces nouvelles pratiques moyenâgeuses il y a plus de deux ans, dans un article titré « Les nouveaux inquisiteurs des autodafés numériques ».

    C’est l’obscurantisme qui gagne l’école, celui qui interdit, qui censure, qui confisque, qui jette au feu, qui voue aux gémonies, qui occulte, qui ne veut pas savoir, qui refuse de changer. Il est ainsi mené par de nouveaux inquisiteurs, ceux qui appellent au discernement quand il s’agit d’appeler à la Raison.

    Les seuls qui peuvent nous sortir de ce piège sont, si je me rapporte aux premiers paragraphes de ce billet, les collectivités territoriales qui, je l’espère, vont bientôt prendre conscience qu’il convient de porter leurs efforts dans le sens du soutien à l’équipement personnel et ainsi contraindre l’école à évoluer et ouvrir les yeux. S’ils pouvaient disposer du soutien des élèves eux-mêmes et de leurs parents, ce ne serait pas plus mal…

    Pour aller plus loin sur le sujet, au-delà des liens déjà indiqués dans le corps du texte :

    Auteur : Michel Guillou @michelguillou, à retrouver sur son blog : www.culture-numerique.fr

    image

    Crédit images : TaniaVdB sous licence CC0 Public Domain via Pixabayjezaroul via photo pin cc, Di Takashi Hososhima from Tokyo, Japan – Traditional cell phone vs Smart phone, CC BY-SA 2.0, Collegamento  et « auto da fe in the Town of San Bartolomé Otzolotepec » via Wikimédia Commons.

     

    Et vous, qu’en pensez-vous ? Votre point de vue nous intéresse ! Messages et articles à envoyer à aurelie@ludomag.com

  • Conspihunter ou l’art de ne pas se faire avoir !

    Conspihunter ou l’art de ne pas se faire avoir !

    L’université d’été Ludovia aura lieu du 23 au 26 août 2016 dans l’Ariège. Lors de cet événement des ateliers Explorcamps et Fabcamps seront proposés. Nicolas Le Luherne présente « Conspihunter ou l’art de ne pas se faire avoir !»

    Problématique pédagogique :

    Comment aider l’élève à ce qu’il acquière par lui-même un esprit critique. Les élèves apprennent et s’informent grâce aux médias sociaux. Les plateformes de vidéo streaming sont le lieu privilégié de cette nouvelle manière de se connecter au savoir. Ils n’ont pas toujours les clefs de lecture qui leur permettent de tirer la sonnette d’alarme. Un conspihunter, c’est une moyen original de les mettre en capacité de la construire. Spicee est le premier média vidéo consacré uniquement au Grand Reportage. Le journaliste Thomas Huchon propose aux établissements scolaires d’organiser un atelier en classe pour les élèves afin de déconstruire le complot.

    Apport du numérique ou présentation de la techno utilisée :

    Tous les jours, nous voyons les adolescents s’informer sur leur écran de smartphone. La vidéo en est le vecteur préféré pour ces jeunes. Utiliser le streaming comme ruse pédagogique est un bon moyen d’instaurer “l’art de ne pas se faire avoir”. Il s’agit de mettre en capacité de reconnaître une source d’information sérieuse d’un montage complotiste. L’élève devient alors un lecteur compétent puisqu’il se construit une grille de lecture qui le conduit à faire une critique interne et externe des documents.

    Relation avec le thème de l’édition :

    Engagement et Attention sont les 2 pierres angulaires de la mise en réussite de l’élève. Le complotisme est une culture de la paranoïa qui rejette le système et donc la parole de l’enseignant. Comment faire si je ne fais plus confiance en l’autre, si je doute de tout et surtout du professeur.

    S’engager ce n’est pas tout dire mais nouer une relation empathique avec le monde. L’élève se donne le choix d’apprendre et comprendre la Liberté d’expression, d’argumenter, de débattre de co-rédiger une charte et de respecter de l’autre et de sa parole afin de faciliter son propre engagement. On ne s’engage jamais seul, l’élève fait partie d’une équipe ou plutôt d’une “team”. Apprendre à critique ce que l’on voit, c’est devenir un citoyen émancipé. Il ne s’agit pas de douter de tout mais d’apprendre le doute raisonnable et la fiabilité de notre interlocuteur. S’engager, c’est faire confiance en l’autre et donc en l’enseignant.

    Synthèse et apport du retour d’usage en classe :

    La construction des réflexes d’esprit critique est un travail à long terme. Face à l’”ubérisation des savoirs”, le rôle du professeur est renforcé. Construire et déconstruire l’information est le premier des réflexes. C’est, aussi, le plus complexe et donc le plus long à installer.

    A côté de l’élève, le professeur facilite, explicite et aide le jeune à décrypter le monde sans le juger. Il reste que les outils numériques ne sont pas “une baguette magique”. La diversification des outils et des scénarii pédagogiques est indispensable. En effet, le numérique totem est contre-productif voir désengageant.

    C’est l’ensemble de la palette de couleurs pédagogiques qui renforce la place de l’élève dans la classe.

    Plus d’infos sur les ateliers EXPLORCAMPs Ludovia#13
    http://ludovia.org/2016/ateliers-sur-explorcamps-ludovia13/

    A propos de l’auteur 

  • Jeunesse interconnectée : communiquent-ils vraiment et pour quoi faire ?

    Jeunesse interconnectée : communiquent-ils vraiment et pour quoi faire ?

    Vanessa_portaitVanessa Lalo parle de cette jeunesse interconnectée dans ce monde connecté avec une question sous-jacente : existe t-il vraiment une communication pour autant ?

    Ce qui est certain, c’est que le numérique incite les jeunes à être créatifs ; une créativité et un rapport à l’information que les adultes se doivent d’accompagner et d’encourager si l’on veut que le numérique prenne tout son sens dans la société.

    Le « zapping » sur différents canaux d’information est-il facteur d’apprentissage ?

    « Les jeunes d’aujourd’hui, avec les outils numériques dans lesquels ils sont immergés, ont un rapport au monde qui est complètement différent ».

    Tout le monde communique avec les outils numériques voire « sur-communique », mais sous les différentes formes qui existent, cette communication n’est-elle pas superficielle et y a t-il vraiment un contenu de fond ?

    Ce qui est certain, c’est que les jeunes sont sur internet et « que nous ne savons pas toujours ce qu’ils font ».

    « Nous devons les écouter, observer vers quoi ils sont attirés et exploiter leurs codes ».

    Exploiter les codes de la jeunesse et mettre “à profit“ le numérique.

    Pour Vanessa Lalo, c’est de cette manière que nous réussirons à faire que le numérique devienne un outil « utile » et non un simple « passe-temps ».
    Pour leur apprendre à communiquer au travers des outils qui leur sont familiers, il faut juste les accompagner (l’accompagnement sera un thème abordé par Vanessa dans le 2ème épisode) et croire en leurs capacités.

    En effet, il émerge de nouvelles valeurs chez les jeunes comme la collaboration ; « ils collaborent très facilement au travers d’avatars par exemple, sans connaître qui se cachent derrière l’écran ». Le partage est un autre exemple qu’ils développent particulièrement lorsqu’ils jouent à plusieurs ; c’est aussi une des valeurs « avec laquelle on peut mutualiser des compétences ».

    Ouvrir l’esprit des jeunes au monde, engager leur esprit critique.

    « Si les adultes n’encadrent pas ces nouvelles pratiques et qu’on considère que le numérique est leur territoire et non celui de la société, les jeunes vont rester sur ce qu’ils connaissent ».
    Et c’est à ce moment-là que le danger émerge et que les interconnections restent vaines.

    La jeunesse a besoin d’un guide qui l’amène sur les chemins de la “rue numérique“ .

    Comment guider les jeunes et encourager leur créativité dans la « rue numérique » ?

    « Les jeunes consomment énormément de vidéo et d’internet » et dans ce domaine, ils sont vraiment créatifs.
    Vanessa Lalo dresse en effet le constat qu’il suffit d’observer les productions réalisées par les jeunes d’aujourd’hui « qui recréent, repartagent des informations et se saisissent du matériel qui est disponible » pour se rendre compte de cette créativité presque instinctive.

    Du photomontage au détournement d’images, les jeunes, sans s’en rendre compte, acquièrent énormément de compétences.

    « Ils aiment ça : prendre du matériel existant, s’en saisir et faire ce qu’ils ont envie avec, et qui n’est pas forcément l’usage classique », car les jeunes aiment créer et être porteurs de nouveaux mouvements.

    Communiquer et naviguer pour aller de découverte en découverte : une appétence confirmée.

    D’après Vanessa Lalo, les jeunes ont la curiosité et l’appétence qui leur donne le goût de la découverte et de la création.
    « Et si nous, en tant qu’adulte, nous les aidons à faire des choses intéressantes de ce qu’ils consomment, nous nous retrouverons dans une démarche un peu plus éducative et un peu plus pertinente vis à vis des contenus ».

    En effet, qui n’a pas jamais été victime sur internet du principe de sérendipité où « on va ouvrir un lien qui en entraine un autre » ?

    Le coup de pouce de l’adulte, du guide pour aider les jeunes à « trier ».

    Pour un jeune, il est difficile de faire le tri lui-même dans tous ces contenus, c’est pourquoi l’accompagnement de l’adulte est primordial.

    Il faut remettre des passages piétons et des ronds-points pour avoir une conduite responsable dans cette “rue numérique“ .

    C’est d’autant plus compliqué puisqu’il s’agit de mettre une « limite dans l’illimité » pour des jeunes et encore plus pour des adolescents « dont le principe même est d’enfreindre les cadres ».
    En fait, il faut remettre des repères de notre société dans cet univers du numérique.

    « Et remettre du bon sens et de la logique comme nous le faisons dans notre quotidien », conclut Vanessa Lalo.

     

     

     

     

     

  • « Réaliser des vidéos pro avec son smartphone » : le 1er MOOC de GOBELINS est ouvert !

    « Réaliser des vidéos pro avec son smartphone » : le 1er MOOC de GOBELINS est ouvert !

    Les inscriptions sont ouvertes dès à présent sur la plateforme FUN (France Université Numérique).

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    A partir du 6 novembre, GOBELINS invite tous les possesseurs de smartphones, les curieux, passionnés, ayant envie de créer, de partager et de raconter en images, que ce soit à des fins personnelles ou professionnelles, à vivre une expérience unique en suivant la 1ère formation en ligne sur la réalisation de vidéo pro avec son smartphone.

    Pendant 4 semaines, Patrick Thierry, enseignant/coordinateur pédagogique vidéo à GOBELINS et réalisateur de documentaires sera accompagné de Laurent Clause, journaliste, JRI, réalisateur et formateur à GOBELINS pour animer ce Mooc.

    De nombreux invités-surprises experts dans le domaine de la vidéo interviendront également : chefs opérateur/prise de vue, réalisateurs, ingénieurs du son, monteurs, journalistes…
    Leur mission ?

    Faire découvrir au public les secrets de la réalisation de courts métrages – fiction ou reportage – avec un smartphone.

    Au cours des 4 semaines, les participants vont successivement :
    •    Acquérir les bases du cadrage, de la lumière et de la prise de son
    •    Apprendre à scénariser une histoire
    •    Maîtriser leur Smartphone et choisir les accessoires indispensables
    •    Monter rapidement leurs images avec un outil en ligne
    •    Acquérir les bonnes pratiques grâce à des mises en situations ludiques

    Les meilleures réalisations évaluées par les participants eux-mêmes et un jury pédagogique recevront un certificat GOBELINS. Un Grand Prix du jury sera décerné par GOBELINS à un seul des participants pour l’ensemble de son travail.

    Au terme de la formation, les participants obtiendront une attestation de suivi.

    Plus d’infos : inscriptions ici

    A propos de GOBELINS, l’école de l’image :

    GOBELINS s’affirme depuis plus de 50 ans comme l’école de la référence « de la création de l’image » (fixe ou animée) de sa conception à sa production. Elle forme près de 800 élèves dont 400 apprentis et 1900 stagiaires en formation continue, aux métiers de la photographie, de la communication et des industries graphiques, du cinéma d’animation, de la vidéo, du design interactif et du jeu vidéo. GOBELINS est un établissement de la Chambre de commerce et d’industrie Paris Ile-de-France.

  • Détourner les sons de la vie courante pour en faire de la musique !

    Détourner les sons de la vie courante pour en faire de la musique !

    Ludovia_OlivierNicolas_260615

     

    [callout]Face au manque d’équipement : qu’il s’agisse d’une salle d’éducation musicale telle que les programmes la décrivent ou d’instruments disponibles en classe, les élèves doivent produire et créer de la musique. [/callout]

    Des groupes tels que STOMP, Sound of Noise ainsi que des compositeurs comme Steve Reich ont démocratisé l’usage d’objets de la vie courante comme base de leur composition de musique.

    Dans ces perspectives, il devient évident pour l’enseignant d’employer ce détournement d’objets à des fins pédagogiques : création musicale, paysages sonores, présentation diaporama, effets sonores dans le cadre d’une émission de radio ou bande sonore d’un court métrage,

    1.) Musiques de cartable

    Le smartphone ou une tablette d’élève permet de capter l’interprétation de la création musicale construite sur la base de sons réels de la classe (trousse, règle, cahiers…)

    2.) Composition numérique à base de sons rééls

    En dehors du cadre scolaire, chaque élève est amené à enregistrer différents sons avec son smartphone : bruits réels, voix… À partir de ces différents échantillons sonores, il fabrique organise sa composition à l’aide du sampler de l’application MovBeats.

    3.) Créer son instrument virtuel

    Le sampler de GarageBand permet transformer les échantillons sonores de l’élève pour rendre méconnaissable le son d’origine. Il créé ainsi son propre instrument virtuel. L’élève peut ainsi le jouer et l’incorporer dans sa création musicale.

    4.) Créer un univers sonore à base de sons réels

    Détournement des sons réels à travers différents filtres et effets annihilant complètement la perception du son d’origine, au moyen d’une application telle que Borderlands.

    Relation avec le thème de l’édition de Ludovia#12

    Détournement des sons objets du quotidien pour servir la création sonore : musique, bruitage…

    L’usage des smartphones permet au premier niveau (1) la captation simple et efficace de la création, pour ensuite se muer en un studio audio virtuel portable (2,3,4) qui tient dans la poche des élèves !

     

    Le smartphone offre la possibilité de garder une trace de la création mais également de la partager instantanément.

    Par ailleurs, cet usage permet de faire découvrir aux élèves de nouvelles façons d’utiliser cet outil, dans un but d’acquisition de compétences musicales.

    Ces dernières peuvent être ré-investies dans d’autres projets musicaux ou non et plus simplement dans la vie quotidienne de l’élève (sonnerie personnalisée, augmentation d’une production multimédia : type tutoriels youtube, gaming, one man show…).

    A propos de l’auteur : Nicolas Olivier
    Découvrir le programme ExplorCamps Ludovia#12.

  • S’approprier un lieu d’art contemporain : le smartphone comme outil de médiation culturelle

    S’approprier un lieu d’art contemporain : le smartphone comme outil de médiation culturelle

    Ludovia_MaurelHP_260615

    [callout]Le musée, et tout particulièrement le musée d’art contemporain, est un lieu bien peu souvent fréquenté par les collégiens de Mirepoix. Nous souhaitons, ma collègue d’arts plastiques et moi, faire de la visite de l’exposition “Saraceno” et “Anthropocene” au musée des Abattoirs un moment fort de l’année, à la fois en lien avec leur programme de Français et d’histoire des arts ( Les artistes peignent la guerre et DADA ) et avec leur programme d’arts plastiques ( l’art et son discours sur le monde, la problématique de l’installation…).[/callout]

    Quelle trace garder de cette visite? Comment aider les élèves à regarder les oeuvres avec curiosité ?

    Comment leur permettre de manière attrayante et ludique, de faire des liens entre leur culture et celle du Musée ?

    Le smartphone, un objet ”intime”, générateur de créativité, et partageable tout en même temps, peut-il assumer ce rôle de médiation culturelle?

     

    Ludovia_Maurel2_260615Nous utilisons les smartphones des élèves, et principalement la fonction “photo” ou “caméra” (lors de la 2ème visite). Nous accompagnons la visite par un document-jeu proposant diverses activités, volontairement tournées vers l’élève (“photographie l’oeuvre qui te ressemble le plus”; “photographie une oeuvre parce qu’elle te rappelle un cours de français”; “enregistre les commentaires d’un visiteur à son insu”…).

    Nous n’avons pas utilisé d’applications particulières, ni de connexion internet pour des recherches par exemple, mais on peut bien sûr l’imaginer. Nous avons été au plus simple.

    Nous parions que le smartphone met les élèves en activité, en interaction, en position aussi de cueilleur, en sélectionneur d’image, d’ambiance; plus réceptifs, en quête de souvenirs, ils dirigent leur attention vers le lieu singulier du musée et vers les oeuvres.

    Relation avec le thème de l’édition de Ludovia#12

    Cette utilisation du smartphone est-elle un usage détourné ou conforme ?

    Évidemment pour les élèves ils s’agit d’un usage un peu transgressif, inhabituel et séduisant car ils sont habitués à l’interdiction du smartphone en classe, et le plaisir est sensible. Du côté des profs, qui chatouillent l’espoir de former les élèves à une utilisation respectueuse, et riche, du numérique, on est dans des usages conformes !

    Les élèves étaient curieux de s’enfuir dans le musée avec leurs téléphones et leurs activités. On n’a vu aucun élève de Mirepoix perdu, hagard, indifférent. Il est certain que la méthode a été importante. Je leur ferai remplir un questionnaire pour vérifier !

    Cependant, en classe malgré mes demandes, les élèves ont eu des difficultés à transmettre leurs photos (mais est-ce une difficulté technique ou un effet normal de la démarche : on a emprunté des chemins si peu scolaires, que les scolariser est à la fois inattendu et peut-être malvenu?).

    Qu’ont-ils appris ? Et comment a-t-on pu s’en rendre compte ?

    Ils ont appris que l’art raconte le regard d’un homme sur lui-même ou sur le monde, et que cela peut nous toucher, nous déconcerter, que l’on peut “tout” utiliser en art contemporain pour dire ce que l’on a à dire.

    On s’en est rendu compte dans leurs créations collectives, qui seront exposées en juin à la Galerie des publics du Musée des Abattoirs.

  • Smartphones et tablettes en classe : l’enseignant « augmenté » gagne la confiance des élèves et instaure le plaisir d’apprendre en classe

    Smartphones et tablettes en classe : l’enseignant « augmenté » gagne la confiance des élèves et instaure le plaisir d’apprendre en classe

    Ludovia_Weintair_260615

    Problématique pédagogique

    Sonder très régulièrement les élèves, au sein d’une même séance, sur ce qu’ils ont compris des notions abordées dans le cours, permet à l’enseignant de mieux capter leur attention et de les remobiliser autour d’activités variées.

    L’enseignant peut s’appuyer sur Weintair pour piloter l’environnement numérique dans sa salle de classe.

    Il peut demander aux élèves de sortir leurs smartphones ou tablettes sur les tables alors qu’il sont aujourd’hui encore parfois perçus comme perturbants.

    Une confiance s’installe alors entre l’enseignant qui maîtrise ce qui est affiché, et l’élève responsabilisé autour du bon usage de son propre matériel.

    Une fois ce cadre posé, des librairies d’activités variées permettront à l’enseignant de construire des séquences de jeu, d’évaluation formative, ou de quizz, et de devenir un véritable acteur numérique à l’intérieur de sa salle de classe.

    Apport du numérique ou présentation de la techno utilisée

    Weintair est un logiciel gratuit très simple d’utilisation qui fonctionne sur l’ordinateur PC ou MAC, ou même la tablette Windows de l’enseignant.

    Celui-ci peut construire directement ses séquences interactives depuis Powerpoint ou tout logiciel habituel de présentation, et les glisser dans Weintair.

    Une fois en classe Weintair va créer son propre réseau Wifi qui va permettre aux élèves de se raccorder à l’enseignant. Une fois fait l’enseignant pilote les appareils des élèves et contrôle ce qui s’affiche sur leurs écrans. Ils ne peuvent plus accéder à leurs autres applications.

    Techniquement, Weintair n’a besoin d’aucune connexion pour fonctionner, ne consomme pas le forfait des élèves, et ne requiert pas de réseau dans l’établissement. C’est une solution tout-terrain pour profiter du numérique en évitant toutes les contraintes inutiles.

    Tous les résultats sont conservés au format excel.

    Relation avec le thème de l’édition

    Le thème de l’édition est l’appropriation et le détournement. Weintair s’inscrit bien dans cette problématique car l’appropriation en cours d’année par le simple bouche à oreille semble montrer que le besoin est présent chez un grand nombre d’enseignants.

    Par ailleurs l’appropriation des appareils des élèves pour un usage pédagogique démontré est au cœur de la proposition que fait Weintair au monde de l’éducation.

    Synthèse et apport du retour d’usage en classe

    Les usages en classe, assez longuement testés par Bernard Leconte et Sandrine Lecas, enseignants en Eco-Gestion dans l’académie d’Aix-Marseille, ont démontré que les élèves sont demandeurs de ces nouvelles modalités pédagogiques. L’usage de leur propre appareil instaure une attitude de responsabilisation chez les élèves, et une relation de confiance avec l’enseignant.

    Pourquoi une relation de confiance ? Parce qu’en demandant aux élèves de sortir leur appareil l’enseignant leur fait confiance sur la bonne manière de l’utiliser en fonction des consignes données. Evidemment, certaines précautions technologiques permettent de bloquer les autres applications pour qu’il n’y ait pas de tentation pour les élèves d’aller sur Facebook ou sur leurs mails ou autres.

    Les activités pédagogiques en elles-même sont très personnalisées puisque réalisées directement par l’enseignant. Les élèves se sont montrés très demandeurs, réclament souvent les activités, et disent eux-mêmes que c’est une solution bien construite.

    A propos des auteurs : Bernard Leconte et Sandrine Lecas
    Découvrir le programme ExplorCamps Ludovia#12.

     

  • Seul avec son smartphone ? – Les médiations culturelles et leurs traces dans l’usage

    Seul avec son smartphone ? – Les médiations culturelles et leurs traces dans l’usage

    L’ordiphone, connu sous son appellation commerciale smartphone, est un objet technologique particulier en ce qu’il accélère la pénétration de l’informatique connectée dans un nombre à chaque fois plus important d’activités quotidiennes, parmi lesquelles les pratiques culturelles.

    Cet outil a un impact sur des multiples aspects de l’existence, que cela soit en substituant des outils préexistants (téléphone, agenda, livre, baladeur, journal, PC…) ou en définissant des modalités particulières d’appropriation des nouveaux services (réseaux sociaux, streaming, jeux en ligne, vidéosurveillance, applications multiples du GPS…).

    En suivant son propriétaire tout au long de la journée il est devenu un terminal particulièrement personnel, si ce n’est intime, et c’est ce qui rend particulièrement intéressante l’analyse des données collectées depuis le smartphone. D’une part il donne accès de façon très fine à l’imbrication des usages des terminaux informatiques dans les temps et les tissus sociaux.

    Et d’autre part, il permet une meilleure compréhension des mutations des pratiques culturelles, considérées à la fois du point de vue des supports matériels, de l’offre de service et de la consommation d’œuvres culturelles (lecture, vidéo, musique, actualités…).

    L’enquête PRACTIC a élaboré, dans une démarche étroitement interdisciplinaire, un outillage scientifique original (une application associée à une plateforme de crowdsensing) afin de collecter des données observées (sonde) et déclarées (questionnaire) à partir des téléphones.

    En présentant ici les résultats de cette enquête, nous appréhendons l’utilisation de ce terminal en termes d’appropriation et de réception culturelle.

    L’objectif est de mettre en exergue les déterminants à la fois sociaux et techniques de l’élaboration de stratégies d’usage qui déjouent parfois des modèles économiques pourtant déjà très ouverts, ou alors qui s’élaborent, différemment en fonction des ressources de l’utilisateur, pour pallier les carences techniques de ces dispositifs.  Les particularités de l’offre et les spécificités techniques de ces terminaux font de l’usage du smartphone une invention quotidienne, dans la combinaison des ressources disponibles.

    Le temps investi pour paramétrer son smartphone est important, lors de l’acquisition du terminal comme dans son usage quotidien, rendant la notion d’appropriation évidente.

    Mais il semble difficile d’aller jusqu’à parler de “détournement”, car si le smartphone se “paramètre/personnalise“ beaucoup (conso-création), il se “bricole” finalement très peu du côté de l’utilisateur.

    Dans l’examen des pratiques culturelles sur smartphone, nous analysons en particulier la tension entre les logiques d’autonomie et de maîtrise de l’utilisateur (choix d’applications, personnalisation, déconnexion volontaire) et celles de la prescription commerciale voire d’injonction par des tiers (développeurs logiciels, équipementiers et opérateurs télécom).

    Le recours aux entretiens complémentaires permet de rendre compte d’autres formes de prescription, mais aussi de saisir le rôle de l’imaginaire dans la genèse de ces pratiques. La prise en compte de l’imaginaire associé aux smartphones rend compte d’autres types de médiations qui déterminent les pratiques : les représentations souvent extrêmes véhiculées par les médias et la publicité (super-pouvoirs et ubiquité, ou au contraire, problèmes de sécurité, d’addiction et de vie privée) trouvent en effet de multiples résonances chez les utilisateurs.

    Et l’analyse en termes de stratégie d’appropriation permet ainsi d’associer dans l’interprétation ce que les gens « font », le sens qu’ils y accordent ainsi que les ressources disponibles et mobilisées.

    Il conviendra évidemment d’interroger le caractère a priori marginal de l’usage du smartphone comme support de consommation culturelle. Non-seulement d’autres usages sont prédominants sur ce support (téléphone, SMS, navigation web), mais en ce qui concerne la consommation culturelle, d’autres supports, dédiés ou pas, lui sont souvent préférés ou associés. Ainsi, l’utilisation du smartphone à des fins culturelles, peut le plus souvent être caractérisée comme “intersticielle”, c’est à dire qu’elle occupe des “temps morts” (comme les temps de transport, par exemple), ce qui nous amène à dissocier la consommation culturelle des temps de loisirs tels qu’ils étaient abordés jusqu’ici en sociologie des pratiques culturelles, pour considérer les modalités de gestion d’une interpénétration croissante des espaces et des temps sociaux que promeuvent ces nouvelles techniques de l’information-communication.

    Note de positionnement scientifique

    L’enquête Pratiques Culturelles et Usages de l’Informatique Connectée (PRACTIC) a été déployée comme une première expérimentation à partir de mars 2014, par une équipe pluri-disciplinaire rattachée au laboratoire Madynes (Inria, Nancy) composée de Vassili Rivron (MCF UCBN, 71e section), Alan Ouakrat (Post-doctorant IFP/Inria, 71e section), Isabelle Chrisment (PR Inria, 27e section), Simon Charneau et Mohammed-Irfan Khan (Ingénieurs à Inria).

    Associée à l’équipe Spyrals (Inria Lille) qui développe la plateforme de crowdsensing APISENSE, l’enquête a été diffusée par le biais d’une application qui permettait de collecter à la fois des données d’usage des smartphones, et des réponses à un questionnaire très détaillé sur les propriétés socio-démographiques et culturelles des participants à l’enquête.

    Ces données ont été complétées par des entretiens avec des participants sélectionnés. La population étudiée ici est composée essentiellement d’acteurs du monde académique français (étudiants, enseignants, chercheurs, ingénieurs) et en particulier dans les filières de l’informatique et de l’information-communication.

    Les résultats proposés pour le colloque Ludovia mobilisent des ressources méthodologiques composites permettant d’articuler ces données de nature hétérogène : traitements statistiques conjoints sur les traces et le questionnaire (descriptives, ACM, analyse de séquences); visualisations (analyse de routines) et analyse de discours (entretiens).

    L’enjeu fondamental de cette démarche a été de dépasser l’approche comportementale d’un individu en quelque sorte atomisé (approche dominante quand on traite ce type de matériaux) pour s’intéresser plus particulièrement aux médiations et aux comportements collectifs qui caractérisent l’appropriation et l’usage culturel des smartphones.

    Références : 

    • Site du consortium MetroScope : http://metroscope.eu/
    • Site de l’enquête PRACTIC : http://beta.apisense.fr/practic/
    • Site de la plateforme Apisense : http://apisense.com/
    • Rivron, M.I. Khan, S. Charneau & I. Chrisment, “Refining Smartphone Usage Analysis by Combining Crowdsensing and Survey”, à paraître in CASPer 2015, St Louis, Missouri, 27 mars 2015.
    • Haderer, C. Ribeiro, R. Rouvoy, L. Seinturier, V. Rivron, “Of- floading Cyber-Physical Tasks using Mobile Crowdsourcing“ in Crowdsourcing and human computation multidisciplinary workshop, Sep 2014, Auditorium Marie Curie CNRS, France.
    • Ouakrat, “Une défiance envers la production automatisée de données sur smartphones ? L’acceptabilité sociale des méthodes numériques pour l’étude des usages des technologies numériques connectées“, in Actes du 16ème Colloque CREIS-Terminal, 3 et 4 avril 2014, Nantes.
    • Ollion, “Sciences sociales via internet”, in Data Sciences Sociales, 2 avril 2014, http://data.hypotheses.org/906.
    • Ouakrat, “Les smartphones pour étudier les rythmes de vie ? Une enquête interdisciplinaire et exploratoire sur les usages de l’informatique connectée dans la vie quotidienne”, in Colloque Mobilités Spatiales Fluidités Sociales, 27 mars 2014.
    • Lucas, “Le capteur, c’est vous !“, in L’usine nouvelle, n° 3353, 14 novembre 2013.
    • Ouakrat, “La collecte automatisée des données, une facilité ? Réflexions sur la conception d’une enquête interdisciplinaire sur les usages des terminaux mobiles connectés”, in Vème Congrès de l’Association Française de Sociologie, RT20 Méthodes, 5 Septembre 2013, Nantes.

    Plus d’infos sur la programme du colloque scientifique sur www.ludovia.org/2015/colloque-scientifique

    A propos de l’auteur Vassili Rivron

  • Le téléphone et les étudiants : appropriations et détournements éducatifs d’un outil mobile

    Le téléphone et les étudiants : appropriations et détournements éducatifs d’un outil mobile

    Comme tous les jeunes et les adultes aujourd’hui, les étudiants ont intégré le mobile comme un moyen privilégie de communication. A travers les smartphones, les médias culturels, ludiques et éducatifs sont aujourd’hui mis à disposition permanente des étudiants.

    Dans un téléphone, les étudiants disposent aussi d’une offre non négligeable de ressources scientifiques, d’indications méthodologiques, de supports vidéos éducatifs ou non qui peuvent s’avérer très utile à l’accrochage universitaire et éducatifs.

    Christian Licoppe et Jean-Philippe Heurtin dans une étude de 2002 montrent comment le téléphone est intégré par les jeunes et les étudiants comme un outil de construction de sa sociabilité et de son univers intime extime. L’entrée à l’université est parallèlement un temps important d’acculturation et d’affiliation à de nouvelles pratiques, nouveaux groupes et nouvelles culturelles.

    En quoi le téléphone par ces usages et mésusages contribuent-il à favoriser ou handicaper cette mutation sociale qui fait passer un jeune de lycéen à étudiant ?

    Dans un autre domaine Courtecuisse J.F. en 2007 montre combien les réseaux numériques ont transformé le rapport des étudiants à la bibliothèque et aux informations scientifiques. Les usages numériques et la dématérialisation de l’information ont rendu l’accès à la bibliothèque plus facile et plus mobile. Mais les étudiants ont-ils alors plus de pratiques ou moins de pratiques de lectures d’informations ?

    L’illettrisme scientifique souvent dénoncé dans des enquêtes est-il aujourd’hui en recul grâce au développement des formes on-line de l’information ?

    Enfin Blaya. C et Berthaud J. en 2014 montrent que les usages cyberviolents connus aux collèges et aux lycées ont leurs places dans les universités. Nous montrons dans l’étude de 2015 sur les mésusages des TIC à l’université que le téléphone reste aussi un outil de copiage et de fraude assez classique. Quels bilans faire de ces travaux et que dire des appropriations détournements des usages sociaux du téléphone dans l’ère universitaire ?

    C’est notre objet de recherche en 2015 auprès des étudiants de l’Université et avec l’appui de l’Observatoire de la vie étudiante.

    Pour cette communication, nous nous appuierons sur trois recherches complémentaires :

    1. La recherche conduite par Maha Ibrahim et Séraphin Alava en 2013-2014 sur les usages des MITIC en éducation et sur l’influence de ces usages sur les résultats scolaires.
    2. La recherche conduite en 2014-2015 auprès des étudiants de l’université portant sur les mésusages des vidéos et des pratiques cyberviolentes.
    3. La recherche spécifique réalisé en 2015 auprès de 120 étudiants en longitudinal sur leurs usages de leurs smartphones durant les périodes de présence à l’université et les liens mesurés entre ces pratiques et les caractéristiques essentielles à l’accrochage universitaire (persévérance, motivation, self directed learning).

    Notre recherche montrera que les compétences technologiques informationnelles et sociales des mondes numériques sont des enjeux essentiels dans la lutte pour la démocratisation des études universitaires et pour la formation scientifique citoyenne.

    Note de positionnement scientifique

    Notre recherche s’inscrit dans le cadre des sciences de l’éducation et des travaux que nous conduisons sur les liens entre usages numériques et processus d’apprentissage.

    En prenant son ancrage dans des travaux scientifiques récents et notamment les théories des processus mathétiques (S. Papert) et cognitifs notre démarche de recherche se veut ancrée sur une démarche explicative sociologique des usages techno sociaux et de leurs liens avec les modes de cognition.

    Cette démarche de recherche a été nourrie de rencontres scientifiques avec les théories de l’autoformation, de l’approche des pratiques d’enseignement et d’apprentissage, des théories des formes nouvelles des pédagogies numériques et enfin des travaux sur les usages négatifs ou positifs des outils numériques. La cohérence du parcours scientifique est inclus dans l’idée que l’enseignement, l’apprentissage, l’éducation au sens large est « in-médiate » et donc que l’appréhension des relations entre les univers sociotechniques et les processus cognitifs est une des exigences de notre action.

    Bibliographie :

    • Alava S., (2014), Usages numériques des adolescents et compétences scolaires acquises, Formation et profession : revue scientifique internationale en éducation, N°6
    • Berthaud J. ; Blaya C. (2014).Premiers résultats de l’enquête française Cyberviolence à l’université. Adjectifs Analyses recherche sur les TICE, http://www.adjectif.net/spip/spip.php?article279
    • Blaya C, Alava S., (2012), Risks and safety for children on the internet: the French report, LSE, London: EU Kids
    • Castelain-meunier C., (2002) Le telephone portable des etudiants. Un outil d’intimité paradoxale, Réseaux 2002/6, n° 116, p. 229-255.
    • Courtecuisse, Jean-François. (2007). Internet au coeur des pratiques documentaires des étudiants : dans quelle mesure ? In 7es Rencontres FORMIST : Entrer dans le flux ? Le défi du « web 2.0 » pour le bibliothécaire-formateur, l’enssib à Villeurbanne, 14 juin 2007 [en ligne]. Format PDF. Disponible sur :
    • Despres-Lonet, Marie. Courtecuisse, Jean-François. « Les étudiants et la documentation électronique. ». [En ligne]. Bulletin des bibliothèques de France (BBF), t. 51, n° 2, 2006. Disponible sur [consulté le 12/06/2007].
    • Fize M. (1997), « Les adolescents et l’usage du téléphone », Réseaux, n° 82-83
    • Lepp A. ; Barkley J. ; Karpinski, A. (2014).The relationship between cell phone use, academic performance, anxiety, and Satisfaction with Life in college students. Computers in Human Behavior, Volume 31, February 2014, Pages 343–350
    • Licoppe C. (2002), « Sociabilité et technologies de communication. Deux modalités d’entretien des liens interpersonnels dans le contexte du déploiement des dispositifs de communication mobiles », Réseaux, n° 112-113.
    • Thilo von Pape et Corinne Martin, « Non-usages du téléphone portable : au-delà d’une opposition binaire usagers/non-usagers », Questions de communication [En ligne], 18 | 2010, mis en ligne le 01 décembre 2012, consulté le 01 mars 2015. URL : http://questionsdecommunication.revues.org/416

    Plus d’infos sur le programme du colloque scientifique sur www.ludovia.org/2015/colloque-scientifique

    A propos des auteurs Séraphin Alava et Maha Ibrahim

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