Étiquette : research

  • L’écriture numérique

    L’écriture numérique

    [callout]Serge Bouchardon, professeur des universités à l’Université Technologique de Compiègne qui est une école d’ingénieurs, enseigne notamment « écritures interactives et multimédia ». Il est intervenu sur la table ronde « ce que l’écran change à l’écrit » et plus précisément sur le sujet : «  L’écrit à l’écran : une redéfinition de l’écriture ».[/callout]

    Pour lui, il est très important de resituer l’écriture numérique et les pratiques d’écriture numérique dans une longue histoire des supports de l’écrit et des pratiques de l’écrit, « mais en même temps, force est de constater qu’il y a des choses qui sont vraiment nouvelles et notamment l’accent mis sur la dimension visuelle de l’écriture ou encore la dimension multimédia qui permet d’étendre l’écriture pas seulement à son caractère alphabétique mais aussi aux images et aux sons ».

    Il aborde la dimension gestuelle de l’écriture numérique avec une écriture qui peut être manipulée notamment avec les supports tactiles.

    Enfin, il souligne l’écriture collaborative synchrone qui ne pouvait être pratiquée avant.

    L’enjeu passe par l’acquisition d’une littéracie numérique et la compréhension des pratiques d’écriture numérique, « qui va de l’écriture du code, écriture pour la machine, mais aussi par la machine et ce que l’on fait au quotidien, l’écriture avec la machine comme les SMS par exemple ».

    C’est l’articulation de ces trois dimensions-là, par, pour et avec la machine, qui fait que le numérique devient notre nouveau milieu de l’écriture.

    « La littéracie numérique doit nous sensibiliser à cela et ça commence par l’Ecole ; et donc former à une écriture numérique, ça soit aussi se passer dans l’Ecole ».

    Retrouvez l’intégralité du propos passionnant de Serge Bouchardon dans l’interview ci-contre.

    Toutes les interviews et articles réalisés sur écriTech’7 sont à découvrir ici.

     

     

     

     

     

  • La linguistique numérique avec Carole Lipsyc

    La linguistique numérique avec Carole Lipsyc

    [callout]Carole Lipsyc, auteur pionnière dans le transmedia, chercheur et entrepreneur, est venu nous présenter la notion de « linguistique numérique ».[/callout]

    « Le numérique bouleverse la logique de l’adaptation ; on a des œuvres qui peuvent vivre sur tous les médias et on a pas d’œuvres premières ».

    Ce que défend Carole Lipsyc, c’est de dire que lorqu’ on veut construire des projets éditoriaux dans le temps et dans un espace qui nous appartient, il y a peut-être des règles, ce qu’elle appelle une « grammaire ».

    Comme pour le langage, pour la médiatisation, il y a aussi des grammaires.

    Découvrir l’intégralité du propos de Carole Lipsyc dans la vidéo ci-contre.

    Toutes les interviews et articles réalisés sur écriTech’7 sont à découvrir ici.

  • Nos rapports aux technologies et au numérique par Stéphane Vial

    Nos rapports aux technologies et au numérique par Stéphane Vial

    [callout]Stéphane Vial, maître de conférence en design et médias numériques à l’université de Nîmes, a eu la chance de présenter la conférence inaugurale sur le sujet de cette 7ème édition à savoir : « Le numérique : pratiques d’écritures nouvelles et plurielles ».[/callout]

    Stéphane Vial a démarré sa conférence en montrant que nous avons toujours été conditionnés dans notre rapport aux êtres et aux choses, par des techniques, comme l’arrivée de l’électricité ou la machine à vapeur, parmi d’autres exemples.

    « Je compare ces différentes périodes avec l’époque actuelle pour montrer que ce n’est pas nouveau de subir un grand changement perceptif dans notre rapport au monde du fait de l’arrivée de nouvelles technologies ».

    Et je montre que l’arrivée du numérique s’inscrit dans une dynamique qui la précède et qu’elle vient renouveler, en apportant des perceptions inédites avec les écrans, l’interactivité etc, ajoute Stéphane Vial.

    Découvrir l’intégralité du propos de Stéphane Vial dans la vidéo ci-contre.

    Toutes les interviews et articles réalisés sur écriTech’7 sont à découvrir ici.

  • Je suis Ton Pair… ou Apprendre ensemble à Grandir Connectés

    Je suis Ton Pair… ou Apprendre ensemble à Grandir Connectés

    Anne Cordier est maître de conférences en Sciences de l’information et de la Communication à l’Université-ESPE de Rouen. Ses travaux de recherche portent sur les pratiques info-communicationnelles des acteurs et les imaginaires liés à l’information, aux outils et aux espaces informationnels, selon une perspective sociale et culturelle. Elle s’intéresse également aux modalités d’enseignement-apprentissage des objets et outils d’information-communication.
    Elle est l’auteure en 2015 d’un ouvrage paru chez C & F Editions intitulé « Grandir connectés : les adolescents et la recherche d’information ».

    Avec les Digital Natives, nous sommes sur un mythe, un idéal type construit socialement, d’un adolescent qui aurait les mêmes comportements, quelle que soit sa personne.

    Les Digital Natives, un fantasme qui met des barrières

    Pour Anne Cordier, c’est plutôt le fait de rentrer « par les individus » qui est important ; et « lorsqu’on va voir chacun, on se rend compte évidemment d’une grande hétérogénéité des pratiques ».

    « L’observation de terrain réduit donc à néant la construction sociale autour de ce fameux mythe des Digital Natives », souligne t-elle.

    En classe, ce « fantasme » va jouer sur deux types de personnes à savoir les enseignants et les élèves.

    « L’impact des Digital Natives en classe est une réalité ». Anne Cordier explique que, pédagogiquement, il est observé que des enseignants qui, lorsqu’ils mettent en place des projets numériques se disent : « à quoi je sers », « quel est mon rôle » ou encore « ils n’ont pas besoin de moi ».

    Côté élèves, ces derniers peuvent souffrir de l’absence de l’engagement d’un enseignant, notamment dans les productions numériques.
    Anne Cordier a déjà remarqué que les enseignants ont tendance à reléguer la phase de production avec le numérique à l’extérieur de la classe. « Il y a des contraintes de temps, c’est évident mais, pour beaucoup, il y a aussi des réflexions du type “mais ça, ils savent faire“ », témoigne Anne Cordier.

    Sans être des Digital Natives, les jeunes développent pourtant de nouvelles formes de capacités et d’apprentissages.


    Ces jeunes ont une vraie vision de la société numérique, de la société sur les réseaux.

    Anne Cordier observe qu’ils font preuve d’un réel engagement en « politique numérique » comme elle l’appelle. Ils baignent dans des outils et se forgent leur éducation citoyenne au travers des discours médiatiques qu’ils peuvent entendre via ces outils.

    Un autre aspect qu’Anne Cordier souhaite porter à notre réflexion est la négligence des connaissances dites informelles que les jeunes peuvent acquérir via leurs outils du quotidien.

    « Cet apprentissage informel n’est effectivement pas académiquement organisé et structuré mais se fait par l’expérience sur les réseaux, par les discussions avec les pairs ou encore par des recherches, via Google par exemple qui les mènent à l’exploration de voies qui les interrogent ».

    « Ils ont tous à disposition des outils d’interrogation du monde ».

    « Avec les innovations techniques, il y a toujours un apprentissage par essai-erreur qui se fait et qui se révèle le plus performant ».

    Anne Cordier souligne que la jeunesse s’est toujours emparée des innovations techniques ce qui fait que le fonctionnement par essai-erreur leur est naturel. Une habitude à « tâtonner » qu’ils ont déjà au travers de leurs pratiques des jeux vidéo, par exemple ; « une forme d’éducation informelle au choix qui s’opère pour eux au travers de la navigation sur les réseaux », ajoute t-elle.

    L’effet « zapping » entre outils ne signifie pas abandon des outils numériques désuets mais plutôt réagencement de l’utilisation de ces outils.

    Une migration d’un outil à l’autre peut s’opérer parce qu’un nouvel outil présente un nouvel intérêt ou par effet de mode, « ce qui n’empêche pas de revenir à l’ancien si on trouve que le nouveau n’est pas si innovant que cela ».

    « Il y a surtout un réagencement de l’utilisation des outils qui va s’opérer par communauté ».

    Anne Cordier décrit par exemple un phénomène où, quand les adultes sont sur tel réseau, les jeunes vont être poussés à utiliser un autre réseau, « ce qui ne signifie pas qu’ils vont complètement abandonner l’outil ».

    On est sur un modèle de gâteau type “Paris-Brest“ c’est à dire que les jeunes vont superposer un certain nombre d’outils avec des usages bien différenciés et les convoquer en fonction des situations, ce qui révèle, d’ailleurs, une vraie intelligence.

    La relation élève-enseignant ne ressort pas amoindrie de ces constats comportementaux.
    « Parmi tous les adolescents que j’ai rencontrés, à aucun moment je n’ai rencontré un adolescent qui me disait “les enseignants, c’est terminé, vive le numérique“ ».

    « Au contraire, j’ai été très touchée par ces adolescents qui me disent “on a besoin de vous“ », et elle cite, pour conclure, Morgan, un élève qu’elle a rencontré au cours de ses recherches.

     

     

  • « Dans le monde numérique, il n’y a plus de hiérarchie ». Point de vue et dernier épisode par François Taddéi

    « Dans le monde numérique, il n’y a plus de hiérarchie ». Point de vue et dernier épisode par François Taddéi

    La Recherche française a un problème structurel lié au cloisonnement des disciplines.

    Le numérique, qui fait émerger des nouveaux sujets, confronte le monde de la Recherche à la difficulté d’appréhender de nouveaux questionnements.

    « Aux Etats-Unis, si des jeunes chercheurs veulent s’emparer des nouvelles questions qui émergent dans la société, le monde de la Recherche leur donne la possibilité de le faire ».

    Pour François Taddéi, il manque un degré de liberté à donner aux chercheurs qui pourraient puiser dans plusieurs disciplines, à la fois vers les sciences dites molles que vers les sciences dures ou les sciences biologiques etc, pour construire leur projet.

    Il avoue qu’il y a une logique d’appel d’offres car l’Etat, les investissements d’avenir, identifient un certain nombre de grandes priorités de recherche, « mais, d’une part, si il n’y a pas de postes derrière et d’autre part, des formations pour que les chercheurs qui veulent aller vers ces questions puissent y aller, le financement par appel d’offres ne peut pas fonctionner ».

    « Aujourd’hui, il est très difficile pour un chercheur de prendre l’ensemble des cours, issu de disciplines différentes, dont il aurait pourtant besoin pour son projet de recherche ».

    D’après François Taddéi, ces jeunes chercheurs fuient à l’étranger où ils ont la possibilité de concrétiser leur projet et « c’est dommage car on perd une bonne partie de notre potentiel créatif ».

    Le système français, hérité de la révolution française, avec la création de grands ministères et d’une structure hiérarchique qui puissent s’implémenter dans la moindre institution, fonctionnait bien au 19ème siècle.

    Aujourd’hui, avoir dix niveaux hiérarchique entre le ministre de l’Education Nationale et l’enseignant pour ne pas parler de l’enfant, ça ne peut pas fonctionner.

    Car dans le monde numérique, il n’y a plus de hiérarchie ; la question qui se pose est donc celle de l’autorité : « sur quoi base t-on la nouvelle autorité » ? Et François Taddéi reprend une phrase de Michel Serres : « La vraie autorité, c’est celle qui fait grandir ».

    Il ajoute également qu’en plus de passer d’un système vertical à un système horizontal, il faudrait passer d’un système de contrôle à un système de confiance et donne l’exemple de la Finlande en matière d’éducation.

    C’est pourquoi François Taddéi rappelle qu’il n’utilise pas le terme de révolution car en France notamment, il est plutôt associer à « couper des têtes », mais plus d’évolution avec le numérique.

    « Nous ne sommes pas là pour couper des têtes ; le but est de permettre des évolutions et de permettre de co-construire ensemble quelque chose de différent ».

    Voir les deux précédents épisodes avec François Taddéi et Jacques-François Marchandise.

    A propos de la Chaire de recherche du collège des Bernardins

    Elle est consacrée pour la période 2015-2017 à une réflexion partagée associant des chercheurs des praticiens du Numérique d’une part et des philosophes, anthropologues, théologiens, sociologues, économistes, d’autre part.
    Cette recherche cartographie les principaux éléments de la culture numérique et surtout les principaux impacts sur l’Homme et la société et élabore un cadre de pensée qui permet de concevoir le développement des technologies numériques comme un progrès pour l’Homme et non comme un risque de négation de son humanité, un cadre permettant de faire naître un humanisme numérique.

    Plus d’infos sur la Chaire numérique :

    http://www.collegedesbernardins.fr/fr/recherche/chaire-des-bernardins/2015-2017-humain-au-defi-du-numerique.html

    Plus d’infos sur la journée d’étude du 18 février 2016 :

    http://www.collegedesbernardins.fr/fr/evenements-culture/conferences-et-debats/ou-en-est-l-humain-face-au-numerique.html

     

  • Evolution de la profession d’enseignant de langue vivante grâce aux TICE

    Evolution de la profession d’enseignant de langue vivante grâce aux TICE

    Par Dr. Virginie Privas-Bréauté, Université Jean Moulin – Lyon 3

    Dans son article « Évolution du métier de l’enseignant : de la rareté de la langue à la cacophonie mondiale », Christine Vaillant Sirdey confirme en effet que « l’évolution de métier d’enseignant est en route. » (Vaillant Sirdey, 2008 : 21).

    En confiant la responsabilité de leur apprentissage aux élèves tout en les accompagnant progressivement vers l’autonomie langagière, l’enseignant est devenu un animateur, un médiateur, un accompagnateur. Il peut ainsi être qualifié de « facilitateur d’apprentissage », expression que nous empruntons au psychologue américain Carl R. Rogers (1902-1987).

    Nous proposons ici d’étudier la nouvelle position de l’enseignant à partir de plusieurs expériences conduites avec des groupes d’étudiants en 1ère et 2ème année de DUT Gestion administrative et commerciale à l’IUT de l’Université Jean Moulin – Lyon 3.

    Une première expérience menée au début du premier semestre du DUT consistait à consolider les connaissances linguistiques, pragmatiques et culturelles en amont via la plateforme pédagogique numérique, pour ensuite les réutiliser en présentiel lors de jeux dramatiques avec pour objectif la socialisation en milieu professionnel.

    Une deuxième expérience, conduite en deuxième année, avait pour objet la préparation au recrutement en anglais et s’inscrivait dans le même cadre de formation hybride. D’autres mises en situation professionnelles, programmées sur les deux années, devaient permettre aux étudiants de négocier, discuter, argumenter à partir de divers dilemmes, le dispositif pédagogique étant identique aux deux expériences citées précédemment.
    L’objectif était d’amener les apprenants à l’autonomie en situation de communication réelle de manière progressive grâce à plusieurs micro-tâches et tâches en distanciel et en présentiel.

    Ainsi, l’attitude du professeur doit changer. Les découvertes de Carl Rogers en la matière nous permettront de définir ce changement étroitement lié aux évolutions des divers dispositifs nouvellement mis à sa disposition. Il ne s’agit non point d’effacer la place du professeur au profit de ces nouveaux outils qui se substitueraient à sa présence, mais bien d’articuler le rôle du professeur et l’utilisation des dispositifs, car donner plus d’autonomie à l’étudiant en présentiel requiert une participation intense du professeur en amont et en aval des séances de cours.
    La combinaison de ces deux éléments clés de l’enseignement faciliteront l’autonomisation de l’étudiant in fine.

    L’enseignant de langues comme observateur et maître de l’écoute

    Il est difficile de changer sa façon d’enseigner, notamment après des années de pratique professionnelle. Dans « Transformations, évolution : un regard sur la dynamique de notre métier », Gail Taillefer confirme que rares sont les enseignants qui remettent leur enseignement en question. Elle rapporte ainsi le compte-rendu de l’Inspection générale:

    « […] En janvier 2007, l’Inspection générale a dressé l’état des lieux de l’évaluation en langue vivante dans l’enseignement secondaire. Dramatiques, les conclusions sont pertinentes pour nous. Elles montrent que les pratiques pédagogiques changent très peu avec le temps, que le concept d’évaluation et son vocabulaire sont peu familiers, que les compétences orales des élèves sont peu évaluées, que la notation est peu lisible, et que l’impact du CECRL reste encore très limité (autour de 30 %). » (Taillefer, 2008 : para 17).

    Il devient donc urgent de faire évoluer le métier d’enseignant et de mettre en place des moyens pour rendre l’apprenant acteur de son apprentissage.

    L’approche éducative rogérienne, centrée sur le développement de la personne, répond à cette évolution où il faut non seulement transmettre son savoir mais également être pédagogue et faciliter l’apprentissage. Marie- Louise Poeydomenge dans « Le ‟Modèle” pédagogique rogérien : Une référence incontournable pour le XXIème siècle » observe que le pédagogue doit « maîtriser suffisamment la discipline enseignée pour pouvoir l’entrecroiser avec ces autres réalités que sont les élèves, en groupe-classe, en train d’apprendre, et son projet personnel d’enseignant éducateur et formateur. » (Poeydomenge, 2008 : 36).

    En effet, la maîtrise de son sujet ne suffit pas à changer le formateur. Il lui faut aussi prendre conscience des besoins de ses étudiants et partir de cela. L’enseignant doit observer, être à l’écoute de chaque étudiant, et le guider. Dans la traduction française de l’ouvrage de Rogers, intitulé Liberté pour apprendre, Daniel Lebon explique en introduction :

    « Pour [Rogers], l’enseignant ne doit pas être un “maître à penser”, mais un “facilitateur d’apprentissage”. L’auteur invite l’enseignant à faciliter l’auto-détermination de chacun. Par cette définition, loin d’isoler l’élève dans une position d’autodidacte, il précise bien quelle relation doit à ses yeux unir élèves et enseignants. » (Rogers, 1969 : 18).

    Aussi, lorsque le professeur débute sa carrière, notamment à l’université où les domaines de spécialité sont variés et les besoins linguistiques des étudiants spécifiques, il doit se plonger dans les matières qu’il va enseigner. Ce ne sera que quelques mois, voire quelques années, plus tard qu’il maîtrisera le sujet, analysera les besoins de son public et pourra réellement y répondre. Sa façon d’enseigner changera donc d’une année à l’autre. Plus il maitrisera son sujet, plus il sera à l’écoute de ses étudiants, et mieux se passera la transmission de son savoir.

    En février 1958, Carl Rogers fut invité à conduire un séminaire sur le sujet « Les Applications de la psychothérapie à la pédagogie » (Rogers, 1961 : 188). Il y mit en évidence l’existence d’une « thérapie centrée sur le client » et détermina les « conditions qui facilitent l’acquisition » (Rogers, 1961 : 202). Il nomma la première de ses conditions la « congruence » et expliqua :

    « On a découvert que le changement de la personne se trouvait facilité lorsque le psychothérapeute est ce qu’il est, lorsque ses rapports avec le client sont authentiques, sans “masque” ni façade, exprimant ouvertement les sentiments et attitudes qui l’envahissent à ce moment-là. Nous avons forgé le mot “congruence” pour essayer de décrire cet état. » (Rogers, 1961 : 45).

    Il appliqua ensuite cette théorie à l’enseignement pour remarquer :

    « L’apprentissage authentique peut, semble-t-il, être facilité si l’enseignant est “congruent”. Ceci implique qu’il soit véritablement lui-même, et qu’il soit pleinement conscient des attitudes qu’il adopte, ce qui signifie qu’il se sente en état d’acceptation à l’égard de ses sentiments réels. Il devient ainsi une personne authentique dans sa relation spécifique avec les étudiants. » (Rogers, 1961 : 195).

    Pour Rogers, la relation interpersonnelle est centrale dans l’apprentissage. L’enseignant doit avoir confiance en lui mais aussi en son élève. Il se doit d’accepter l’étudiant tel qu’il est et de comprendre les sentiments qu’il éprouve. Au cours de sa pratique professionnelle de thérapeute, Rogers a constaté les relations qui unissent le patient et le thérapeute pour noter :

    « Plus le client voit dans le thérapeute un être vrai et authentique, empathique, lui portant un respect inconditionnel, plus il s’éloignera d’un mode de fonctionnement statique, fixe, insensible et impersonnel, et plus il se dirigera vers une sorte de fonctionnement marqué par une expérience fluide, changeante et pleinement acceptante de sentiments personnels nuancés. » (Rogers, 1961 : 49).

    Il transféra également cette idée à l’enseignement et remarqua :

    « L’enseignant qui peut accueillir avec chaleur, qui peut accorder une considération positive inconditionnelle, qui peut avoir de “l’empathie” pour les sentiments de crainte, d’attente et de découragement inclus dans la rencontre d’une nouvelle matière d’étude, aura fait beaucoup pour établir les conditions d’une véritable connaissance. » (Rogers, 1961: 195-196).

    En somme, l’enseignant doit considérer l’étudiant comme une personne avant toute chose afin de pouvoir créer un climat d’apprentissage propice et l’aider à accéder à l’autonomie. Il doit en outre optimiser l’utilisation des dispositifs mis à sa disposition pour faciliter cet accès à l’autonomie car, selon Rogers, lui seul ne peut suffire.

    L’enseignant de langues comme maître du jeu, metteur en jeu, metteur en scène

    Le Programme Pédagogique National du DUT Gestion administrative et commerciale considère l’anglais comme une langue de communication en premier lieu, puis comme une langue de spécialité en 2ème année. Il fut alors décidé de faire prendre conscience à nos étudiants dans quelle mesure l’anglais était une langue de communication et nous nous sommes consacrés au déploiement de dispositifs de manière à mettre en exergue sa valeur « communic’ actionnelle » pour reprendre l’expression de Claire Bourguignon.

    Nous avons d’abord décidé de promouvoir le jeu de rôle dès la 1ère année GACO et mettions régulièrement nos étudiants dans des situations de communication.

    Dans son article « Drama in Teaching English as a Second Language – A Communicative Approach », Sam Wan Yee écrit : « a “fluent” and an “accurate” user of the language would be facilitated by the use of the “communicative” activities » (2).

    Le recours aux activités de communication, tels les jeux de rôle et la simulation où la créativité de l’étudiant est également sollicitée, nous a effectivement immédiatement séduits car les activités discursives étaient mises en relation avec les contextes d’utilisation de la langue. Dans « Enseigner/apprendre les langues de spécialité à l’aune du Cadre Européen Commun de Référence », Claire Bourguignon rappelle combien cette mise en relation est essentielle lors de l’apprentissage d’une langue qu’elle soit de spécialité ou non :

    « Basé sur les travaux d’Austin et ses “actes de parole” d’un côté, et sur ceux de Hymes autour de la “compétence de communication” de l’autre, l’enseignement de la langue de spécialité s’appuie sur les spécificités discursives d’une langue en liaison avec son contexte d’utilisation. » (Bourguignon, 2008 : 40).

    Pour Wan Yee, les activités de communication facilitent l’apprentissage et permettent de faire évoluer le rôle de l’enseignant :
    « Only by practising communicative activities would students learn to communicate. The role of the teacher thus changes. She no longer dominates the learning situation. She is there to provide all the help the student needs to play an active role in his own learning. » (Wan Yee, 1990 : 3).

    Néanmoins, après avoir consacré de nombreuses années à l’étude du théâtre et de l’art dramatique anglophone contemporain, nous souhaitions dépasser le simple jeu de rôle en cours et tentions l’expérience d’importer le jeu dramatique[1] dans nos cours de travaux dirigés en DUT. Si le jeu dramatique peut encore être mal perçu par certains enseignants ayant peur de perdre le contrôle en laissant trop de liberté aux élèves, Lilliana Russo Rastelli confirme les bénéfices de cette pratique dans la classe de langue dans son article « Drama in Language Learning ». Elle explique : « Drama interaction should be encouraged because it is a practice which […] gives many benefits to teachers and students alike. » (Russo Rastelli, 2006 : 82).
    En effet, de nombreux chercheurs (tels Joëlle Aden, Jean-Pierre Ryngaert, Christiane Page) se sont penchés sur la valeur de l’art dramatique et ont démontré son caractère formateur. Wan Yee les résume ainsi :

    « […] Drama heighten[s] self-esteem, motivation, spontaneity, increase[s] capacity for empathy, and lower[s] sensitivity to rejection. All these facilitate communication and provide an appropriate psycholinguistic climate for language learning.» (Wan Yee, 1990 : 4).

    Rogers, comme d’autres didacticiens, confirmait qu’il ne faut pas négliger la dimension socio-affective dans l’apprentissage, dans notre cas, d’une langue.

    C’est pourquoi le seul jeu dramatique ne peut suffire à faciliter l’apprentissage tant l’hétérogénéité existe au sein des groupes. L’enseignant doit mettre à la disposition de ses étudiants d’autres ressources et dispositifs, qui viendront combler les manques, notamment linguistiques ou socio-linguistiques, de ceux et celles qui n’auront pas réussi à atteindre le niveau requis.

    Aussi, dans le cadre des cours en DUT GACO, nous décidions d’utiliser tous les outils traditionnels d’enseignement tels que le tableau blanc, le rétro-projecteur, les ouvrages spécialisés, à notre disposition mais aussi de recourir aux nouvelles technologies de l’information et de la communication.

    De nombreuses études réalisées sur l’introduction des TICE dans un cours pour faciliter l’apprentissage ont mis en évidence le caractère multi-canal des TICE favorisant motivation, curiosité, intérêt et apprentissage différencié.

    Les TICE libèrent les élèves des contraintes physiques de la classe, et, en recentrant l’apprentissage sur eux, les mettent au cœur de leur développement. C’est ainsi que nous prîmes le parti d’inscrire notre premier chapitre de cours dans le cadre d’une formation hybride où les étudiants se voyaient proposer divers jeux dramatiques sur quatre semaines de cours en présentiel et où il devait consolider leurs connaissances linguistiques, socio-linguistiques et pragmatiques à distance via la plateforme pédagogique numérique sur laquelle nous déposions régulièrement des ressources.

    L’enseignant de langues comme accompagnateur facilitant l’autonomie

    Dans une étude sur l’enseignant et les TICE intitulée « Rôle de l’enseignant-formateur : l’accompagnement en question », Marie-José Barbot qualifie le maître d’« accompagnateur autonomisant » et écrit :

    « L’accompagnement autonomisant implique d’adopter une perspective de complexité englobante. Il s’agit de se placer sur un plan affectif, celui de la motivation, sur un plan cognitif et sur un plan social et interculturel pour s’adresser à la personne dans sa globalité et lui permettre de s’approprier son apprentissage. » (Barbot, 2006 : 40-41).

    Elle observe que l’autonomie de l’étudiant se crée par et à travers l’accompagnement. Et, déjà en 1994, Jean-Pierre Narcy Combes le rappelait dans « Autonomie : Evolution ou Révolution ? » :

    « Dès le premier pas vers l’autonomie, une aide méthodologique devra être donnée à l’apprenant puisque celui-ci doit s’investir personnellement. Il est de plus en plus admis que l’autonomie de l’apprenant n’est pas une caractéristique innée, qu’elle prend des formes multiples et que sa mise en place peut (et doit) être facilitée par l’enseignant. » (Narcy Combes, 1994 : 430).

    C’est pourquoi le rôle de l’enseignant reste indispensable : il ne peut pas être remplacé par d’autres dispositifs. Dans leur article « Plus jamais seul ? De nouveaux rôles pour l’enseignant et pour l’apprenant lors de l’introduction d’un dispositif transversal d’apprentissage en ligne », Jemma Buck et Patrick Doucet rassurent les enseignants encore réticents à l’idée d’utiliser les TICE de peur de voir disparaître le bien-fondé de leur intervention et remarquent :

    « Dans un dispositif d’apprentissage en autonomie, l’aide de l’enseignant est indispensable au bon fonctionnement de l’ensemble ; elle conditionne la poursuite des activités par les étudiants au-delà de la simple curiosité initiale, vers une systématicité permettant l’efficacité de l’entraînement. » (Buck & Doucet, 2008 : 28).

    Marie-Françoise Narcy Combes s’est quant à elle penchée sur les impressions des enseignants qui avaient recours aux TICE et en a recueilli le sentiment suivant : « [les professeurs contactés] considèrent que leur rôle est bien de guider les apprenants dans la construction de leur savoir et suggèrent l’utilisation du tutorat et des TICE pour échanger plus facilement avec les étudiants. » (Narcy Combes, 2008 : para 26). Ils sont donc tout à fait favorables à leur promotion.

    Toute l’énergie et le temps que requiert la mise en place de dispositifs à distance ou le jeu dramatique en amont des séances de cours montrent combien l’enseignant se soucie de l’apprentissage de ses étudiants et leur donne les moyens de réussir.

    Bien loin de le desservir, son investissement sans limite revalorise son rôle. Rogers observe que « le professeur qui s’intéresse à libérer le potentiel de l’étudiant manifeste à un degré élevé ces attitudes qui facilitent l’apprentissage. » (Rogers, 1969 : 173). Pour Rogers, le professeur se rend disponible pour ses étudiants, il leur met à disposition ses connaissances et son expérience, mais ne s’impose jamais à eux. De la même façon, les matériaux, les ressources qu’il déploie « doivent être mis à la disposition des étudiants et non pas imposés. » (Rogers, 1961 : 196)

    Appliquée à la didactique des langues vivantes étrangères, le dessein de l’enseignant est donc de faciliter l’apprentissage des apprenants pour les rendre autonomes en situations de communication. Mais il doit aussi leur faire prendre conscience de leur potentiel. C’est pourquoi l’approche éducative rogérienne souligne l’importance du développement méta-cognitif dans l’apprentissage.

    Dans un article intitulé « L’Attitude ‟rogérienne” en classe : contribution à la gestion de la crise de l’école », Jean-Daniel Rohart affirme que « l’attitude rogérienne consiste en effet à réveiller en chacun la conscience de ses propres ressources intérieures. » (Rohart, 2008 : 104).

    Aussi l’enseignant doit-il encourager l’auto-observation et le développement méta-cognitif de l’apprenant à travers les dispositifs mis en place.

    Dans le cadre des séances en DUT Gaco, il a été alloué un temps de réflexion autour de l’activité proposée et un temps de parole au groupe-classe à l’issue de chaque séance de jeu dramatique.
    De cette façon, les apprenants purent s’exprimer sur ce qu’ils avaient appris et comment ils l’avaient appris et le professeur pu vérifier si ses objectifs pédagogiques furent bien atteints. Ce temps de réflexion indispensable doit permettre aux étudiants de faire le lien entre les objectifs d’apprentissage d’une langue et l’ancrage dans la situation de communication.
    Si les apprenants font bien le lien alors le jeu dramatique prend tout son sens pour eux, n’est pas un simple jeu conduit en vain, et devient même une expérience mémorable.

    De la même façon, l’utilisation des TICE doit permettre aux apprenants de mener une réflexion méta-cognitive sur leur apprentissage. Ceci dit, ils n’ont pas forcément le temps de s’y consacrer ou n’éprouvent pas la motivation nécessaire car Marie-Françoise Narcy Combes explique que « pour que les plates-formes fonctionnent, il faut des étudiants motivés, prêts à s’investir dans leur travail, mais aussi des enseignants prêts à se mobiliser pour mettre en place les tâches et être présents pour accompagner les étudiants.» (Narcy Combes, 2008 : para 27).

    Il est à notre sens nécessaire de faire évoluer les Programmes Pédagogiques Nationaux de tous les diplômes, et intégrer les TICE à l’apprentissage des étudiants de manière à ce qu’ils puissent atteindre cette réflexion méta-cognitive et cette autonomie recherchée.

    Intégrer les TICE de manière officielle permettrait également aux enseignants de s’investir plus dans l’enseignement. A l’issue de l’expérience de formation hybride que nous proposions à nos étudiants de 1ère année de DUT Gaco, nous leur administrâmes un questionnaire sur le cours pour recueillir leurs impressions mais aussi leur faire prendre conscience de leurs atouts, de leurs faiblesses, et de leur capacité à prendre de la distance vis à vis de leur apprentissage de l’anglais.

    Pour conclure, nous dirons que retracer les contours de la profession d’enseignant selon une approche rogérienne revient à revoir la relation interpersonnelle qui lie le maître et l’élève. Ceci présuppose une évolution de l’attitude du professeur qui doit avoir confiance en les capacités de sa classe, créer un climat favorable et faciliter l’apprentissage.

    Il s’agit aussi d’accompagner les étudiants vers l’autonomie grâce à la mise en place de plusieurs dispositifs tels le jeu dramatique et/ou les TICE. Le professeur doit aider les étudiants à prendre de la distance par rapport à leur enseignement et apprentissage et leur permettre d’entamer une réflexion méta-cognitive. S’il faut bien détecter leurs besoins, il faut surtout faire en sorte qu’ils en prennent conscience et y répondent par eux-mêmes. Ici, l’enseignant est un facilitateur dans la mesure où il doit faciliter ce travail à l’aide des outils dont il peut disposer.

    Faciliter l’apprentissage selon une approche rogérienne s’inscrit dans une démarche profondément humaniste[2]. Daniel Lebon souligne l’intuition centrale de Rogers : « la confiance dans l’homme … libéré de certaines contraintes et par là-même orienté vers la créativité. » (Rogers, 1969: 18).

    Néanmoins, l’administration doit donner les moyens de mettre en place ce travail au professeur désireux de s’y consacrer. En effet, Gail Taillefer note que « l’autonomie des apprenants dépend de l’autonomie des enseignants, en particulier de la capacité de ces derniers à réfléchir à ce qu’ils font.» (Taillefer, 2008 : para 31).

    Le changement d’attitude de l’enseignant engendrera un changement d’attitude de l’apprenant : Rogers parle de « révolution pédagogique » qui engage donc tous les acteurs de l’éducation nationale.

     

    Bibliographie

    BARBOT, Marie-José. 2006. « Rôle de l’enseignant-formateur : l’accompagnement en question ». In Mélanges CRAPEL, n°28. http://www.atilf.fr/spip.php?article3691.

    BOURGUIGNON, Claire. 2008. « Enseigner/apprendre les langues de spécialité à l’aune du Cadre Européen Commun de Référence ». In Les cahiers de l’APLIUT, Vol. XXVII N° 2 | 2008 L’évolution du métier d’enseignant de langue de spécialité, pp. 40-48.

    BUCK, Jemma et Patrick DOUCET. 2008. « Plus jamais seul ? De nouveaux rôles pour l’enseignant et pour l’apprenant lors de l’introduction d’un dispositif transversal d’apprentissage en ligne ». In Les cahiers de l’APLIUT, Vol. XXVII N° 2 | 2008 : L’évolution du métier d’enseignant de langue de spécialité, pp.108-124.

    CONSEIL DE L’EUROPE. 2000. « Apprentissage des langues et citoyenneté européenne ». Un Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues : apprendre, enseigner, évaluer. Strasbourg : Division des politiques linguistiques.

    NARCY-COMBES, Marie-Françoise. 2008. « Les plates-formes : une réponse aux problèmes de l’enseignement-apprentissage des langues dans le contexte universitaire ? ». In Les cahiers de l’APLIUT, Vol. XXVII N° 2 | 2008 : L’évolution du métier d’enseignant de langue de spécialité, pp. 92-107.

    NARCY, Jean-Pierre. 1994. « Autonomie : Evolution ou Révolution ? ». In Die Neueren Sprachen 93 : 5. pp.430-441.

    POEYDOMENGE, Marie-Louise. « Le ‟modèle” pédagogique rogérien : Une référence incontournable pour le XXIème siècle » in ROHART, Jean-Daniel. (dir.). 2008. Carl Rogers et l’action éducative, Lyon : Chronique Sociale, pp.36-69.

    ROGERS, R. Carl.[1961]. Le Développement de la personne, Paris : Interéditions, 2005.

    ROGERS, R. Carl. [1969]. Liberté pour apprendre, Paris : Dunod, 2013.

    ROHART, Jean-Daniel. « L’attitude ‟rogérienne” en classe : Contribution à la gestion de la crise de l’école », in ROHART, Jean-Daniel. (dir.). 2008. Carl Rogers et l’action éducative, Lyon : Chronique Sociale, pp. 101-120.

    ROHART, Jean-Daniel. (dir.). 2008. Carl Rogers et l’action éducative, Lyon : Chronique Sociale.

    RUSSO RASTELLI, Liliana. 2006. « Drama in Language Learning ». In Encuentro, n°16, pp. 82-94. http://www.encuentrojournal.org/textcit.php?textdisplay=383#SlideFrame_1

    TAILLEFER, Gail. 2008. « Transformations, évolution : un regard sur la dynamique de notre métier ». In Les cahiers de l’APLIUT, Vol. XXVII N° 2 | 2008 L’évolution du métier d’enseignant de langue de spécialité, pp. 49-65.

    VAILLANT SIRDEY, Christine. 2008. « Évolution du métier de l’enseignant : de la rareté de la langue à la cacophonie mondiale ». In Les cahiers de l’APLIUT, Vol. XXVII N° 2 | 2008 L’évolution du métier d’enseignant de langue de spécialité, pp. 10-21.

    WAN YEE, Sam. 1990. « Drama in Teaching English as a Second Language – A Communicative Approach ». In The English Teacher, Vol XIX, July.

    [1] La différence majeure que nous faisons entre le jeu de rôle et le jeu dramatique réside dans la dimension esthétique de ce dernier mais aussi dans la capacité de l’étudiant à se détacher de son statut d’étudiant et à prendre de la distance par rapport au rôle qu’il peut jouer. Nous nous référons ici aux théories brechtiennes du théâtre.

    [2] Même si quelques limites sont à déplorer. Par exemple, Rogers préconise l’absence d’évaluation (Rogers, 1969 : 204), ce qui est impossible à mettre en place en France.

     

    A propos de Virginie PRIVAS-BRÉAUTÉVirginiePrivas_univlyon3
    Professeure certifiée en anglais – Qualifiée MCF en 11ème et 18ème sections
    Docteur en Littératures et Civilisations des mondes anglophones
    Responsable des Relations Internationales – IUT
    Responsable des stages – département GACO
    Institut Universitaire de Technologie
    Université Jean Moulin Lyon 3

  • Comment mettre en place le BYOD dans une classe ?

    Comment mettre en place le BYOD dans une classe ?

    Enseigner et apprendre dans un environnement BYOD demande des adaptations. Il est nécessaire de poser des règles et de prendre des moyens afin de permettre une utilisation optimale de cette approche.

    Le but est de permettre aux apprenants de développer des compétences disciplinaires et transversales, mais aussi de construire leur culture numérique, et ce, en faisant usage de leur(s) outil(s) technologique(s) personnel(s) en salle de classe.

    Pour cela, nous avons vu que l’établissement scolaire doit mettre en place des moyens et des règles appropriés dans ce que nous pourrions considérer comme l’aspect macro de la gestion du BYOD.

    De son côté, l’enseignant doit agir au niveau de la microgestion de l’environnement d’enseignement-apprentissage. Pour cela, il doit :

    • Personnaliser l’apprentissage afin de motiver les élèves à travers leurs intérêts et leurs besoins ;
    • Favoriser la participation des élèves dans la classe et dans leur apprentissage. Pour cela, l’enseignant devra favoriser la communication, la coopération et la collaboration entre les élèves ;
    • Favoriser la productivité des élèves. Les élèves peuvent produire du contenu à partir de ce qu’ils apprennent. Mettre les outils nécessaires à la production des documents : logiciels ou application pour s’organiser (cartes conceptuelles), pour écrire (traitement de texte) ou autre.

    Globalement, il est nécessaire de favoriser la collaboration et le partage entre les élèves.

    Le BYOD permet à chaque élève d’apporter sa contribution dans un travail d’équipe et l’enseignant doit permettre tout en encadrant ces échanges.

    À titre d’exemple, il peut construire des séquences d’apprentissage où les élèves sont impliqués dans un projet qui mobilise leurs connaissances et leurs compétences. Le produit fini se trouvera souvent sous la forme d’un contenu numérique, en fonction de la place que l’enseignant donnera à la technologie au sein de sa classe.

    Ce dernier doit garder à l’esprit que l’outil n’est qu’un moyen parmi d’autres. D’ailleurs, les outils technologiques envisagés ne viendront qu’appuyer les séquences prévues. Ainsi, une réflexion sur la plus-value attendue lors de l’utilisation de l’outil est nécessaire afin de déterminer la place que prendra l’outil dans la salle de classe.

    Comment intégrer le contenu numérique disponible ?

    Pour faciliter la gestion d’une classe BYOD, il importe à l’enseignant d’établir préalablement le contenu numérique dont il souhaite faire usage avec ses élèves. Ce contenu peut être sous la forme d’un e-book, d’un manuel numérique, d’un document texte, d’une carte conceptuelle, d’un tableur ou autre.

    De plus en plus d’entreprises ou de maisons d’édition élaborent des outils et des manuels pour les élèves. L’utilisation d’un contenu numérique favorise la motivation et l’intérêt de ces derniers pour le cours. Il serait donc pertinent de l’utiliser, mais adéquatement.

    À cette fin, il faut que l’enseignant s’assure que chaque outil apporté en classe par ses élèves leur permet d’accéder et d’utiliser le contenu numérique préalablement sélectionné pour l’enseignement-apprentissage. Sans nécessairement exiger que chaque élève utilise le même logiciel pour effectuer une tâche, il faut par exemple que l’enseignant identifie avec les élèves des logiciels similaires qui les amèneront à la réaliser.

    À titre d’exemple, si un travail scolaire exige de produire une carte conceptuelle, un élève avec un ordinateur portable aura le choix d’utiliser un logiciel qu’il devra télécharger et installer (ex : cmap) ou d’utiliser directement un site web de construction de cartes conceptuelles (ex : MindMup). De son côté, un élève avec une tablette tactile aura le choix d’utiliser ces mêmes sites web ou encore des applications conçues à cet effet (ex : Popplet).

    Bref, sans exiger une standardisation du contenu numérique utilisé en classe, le fait que le BYOD fait intervenir divers outils nécessite que tant l’enseignant que l’élève identifie les différents services en ligne, logiciels et applications qui permettront d’accomplir une activité d’apprentissage donnée.
    De plus, le fait que chaque élève pourrait avoir par exemple conçu une carte conceptuelle avec un outil différent diversifierait la présentation de leurs travaux auprès de leurs camarades et rendrait ainsi non seulement la réalisation mais aussi le partage de leurs productions davantage motivant.

    Quelles ressources pratiques pour le BYOD ?

    Plusieurs types de ressources sont disponibles pour l’approche BYOD en fonction du public visé. Dans cette section, nous présentons une sélection de vidéos, d’articles et de blogues qui portent sur différents aspects pratiques du BYOD :

    Vidéos à propos du BYOD :

    BYOD : AVAN, c’est pour maintenant! : une vidéo comique résumant le BYOD produite par le consultant pédagogique Marc-André Lalande.
    Why BYOD ? : une vidéo expliquant pourquoi le Peel District School Board (Ontario) a choisi d’implanter le BYOD dans ses écoles.
    BYOD Classroom Management Video : une vidéo présentant des astuces pour gérer une classe BYOD.
    BYOD for Students : une vidéo qui explique le BYOD aux élèves formés dans les écoles du Whitehall-Coplay School District (Pennsylvanie).
    BYOD success : Vidéo relatant des implantations réussies du BYOD dans des écoles.

    Articles ou blogues sur le BYOD

    Tout ce que vous devez savoir sur le BYOD (PedagoTIC, 2014)
    Le BYOD : un atout pour les classes numériques ? (emedia, 2013)
    Le futur de l’éducation : BYOD en classe ! (Ludomag, 2013)
    What Districts Should Know About BYOD and Digital Learning (EdTech, 2013)
    Équipements à l’école. Et si on jouait à l’AVAN ? (TIPES, 2012)
    AVAN : une politique souhaitable pour les écoles d’ingénieurs et les universités (TIPES, 2012)
    Ces cours qui ne pourraient pas se faire sans une posture AVAN (TIPES, 2012)
    Une question de confiance avant tout (Zecool, 2012)
    Interro surprise sur vos portables (OWNI, 2012)
    10 Real-World BYOD Classrooms (And Whether It’s Worked Or Not) (Edudemic, 2012)
    Should Schools Embrace “Bring Your Own Device”? (neatoday, 2012)
    5 Strategies to Deliver Edtech Access to Every Student (Getting Smart, 2012)
    Infographic: Are You Going BYOD? (Getting Smart, 2012)

    En conclusion

    L’idée derrière le BYOD est que les établissements scolaires se servent des appareils utilisés au quotidien par les élèves afin d’appuyer l’apprentissage. Toutefois, l’école devra également trouver les moyens d’introduire ces outils et de les rendre accessibles à tous, notamment en prévoyant des solutions pour les élèves qui ne peuvent se procurer d’outils technologiques.

    L’implication des parents dans le choix de l’outil, mais également dans le suivi de l’élève est donc primordiale, d’une part pour l’aider dans son appropriation de l’outil, mais également dans l’utilisation responsable de celui-ci.

    En résumé, nous constatons que le BYOD encourage l’apprentissage à travers le temps et l’espace. Cependant, la formation, le soutien technique et pédagogique, tout comme les outils disponibles, sont des éléments essentiels à considérer dans l’implantation du BYOD en contexte scolaire.

    Il est par conséquent important que les acteurs pédagogiques soient conscients des implications positives et négatives d’une telle intégration.

    La perspective du BYOD est de permettre à l’élève ou à l’enseignant de choisir l’outil en fonction de la tâche à accomplir, et non l’inverse.

    D’autre part, l’école doit établir un cadre d’action pour les technologies utilisées : quel outil pour quelle activité pédagogique ? Quand l’utiliser ? Comment l’utiliser ? Pourquoi l’utiliser ? Des questions qui donneront un sens à une utilisation pertinente de toute approche BYOD en contexte éducatif, et ce, tant pour l’élève que pour l’enseignant.

    Certes, le BYOD apporte son lot de solutions par une disponibilité immédiate de l’outil numérique ; il permet aussi d’instaurer dans la salle de classe une interactivité qui lui fait souvent défaut. Cependant, il faut mettre en place des balises qui permettent de créer un environnement BYOD accessible à tous. Autrement dit,

    il importe que l’innovation technopédagogique ne passe pas par une augmentation des inégalités sociales à l’intérieur de l’école.

    Nous sommes toutefois conscients que cela représente tout un défi alors que les institutions scolaires font les frais de mesures d’austérité sans précédent. Comment une commission scolaire ou une école peut-elle fournir des outils à des élèves de milieux défavorisés dont les enseignants utilisent l’approche BYOD alors que son budget ne le permet pas ? Quelle solution économique choisir pour permettre à l’innovation pédagogique d’être possible pour tous ? Faire une requête d’équipement informatique au niveau institutionnel ou encourager la création d’événements comme des spectacles pour financer l’achat de nouveaux outils par les élèves et leurs enseignants ?

    D’une certaine façon, il nous semble que le concept du « Apportez Votre Appareil Numérique » commence souvent par « Apportez Votre Propre Solution » afin d’aboutir à une intégration réussie des outils technologiques personnels au sein d’une salle de classe.

    Bref, pour répondre à notre question de départ, l’approche BYOD complexifie certes la tâche de l’enseignant, mais il est indéniable qu’elle offre des opportunités intéressantes dans l’utilisation des technologies éducatives.

     

     

    Références pour les quatre épisodes

    Afreen, R. (2014). Bring Your Own Device (BYOD) in higher education: Opportunities and challenges. International Journal of Emerging Trends & Technology in Computer Science, 3(1), 233-236.
    Alberta Education. (2012). Bring Your Own Device: A guide for schools. Edmonton, AB : Minister of Education.
    Alberta Government. (2014). Technology briefing : Bring Your Own Device. Edmonton, AB : Author.
    Burns-Sardone, N. (2014). Making the case for BYOD instruction in teacher education. Issues in Informing Science and Information Technology, 11, 191-201.
    Cochrane, T., Antonczak, L., Keegan, H., & Narayan, V. (2014). Riding the wave of BYOD: developing a framework for creative pedagogies. Research in Learning Technology, 22.
    Emery, S. (2012). Factors for consideration when developing a bring your own device (BYOD) strategy in higher education (Mémoire de maîtrise, California College of the Arts).
    Fortson, K. (2013). Creating device-neutral assignments for BYOD classes. Technological Horizons In Education, 40(2), 6.
    Hopkins, N., Sylvester, A., & Tate, M. (2013). Motivations For BYOD: An Investigation Of The Contents Of A 21st Century School Bag. Dans Proceedings of the 21st European Conference on Information Systems.
    Lennon, R. G. (2012). Bring your own device (BYOD) with cloud 4 education. Dans Proceedings of the 3rd annual conference on Systems, programming, and applications: software for humanity (p. 171-180). New York, NY : ACM.
    Miller, K. W., Voas, J., & Hurlburt, G. F. (2012). BYOD: security and privacy considerations. IT Professional, 14(5), 53-55.
    Nykvist, S. S. (2012). The trials and tribulations of a BYOD science classroom. Dans Proceedings of the 2nd International STEM in Education Conference (pp. 331-334). Beijign : Beijing Normal University.
    Raths, D. (2012). Are You Ready for BYOD? THE Journal, 39(4), 28-32.
    Shim, J. P., Mittleman, D., Welke, R., French, A. M., & Guo, J. C. (2013). Bring Your Own Device (BYOD): Current Status, Issues, and Future Directions. Dans AMCIS 2013 Proceedings.
    Song, Y. (2014). “Bring Your Own Device (BYOD)” for seamless science inquiry in a primary school. Computers & Education, 74, 50-60.
    Statistique Canada. (2010a). Utilisation d’Internet par les particuliers et les ménages – Tableaux sommaires. Ottawa, ON : Gouvernement du Canada
    Statistique Canada. (2010b). Utilisation des technologies de l’information et des communications par les entreprises et les gouvernements (Entreprises qui utilisent l’Internet). Ottawa, ON : Gouvernement du Canada.
    Vanwelsenaers, M. (2012). Students using their own technology device in the classroom: Can “BYOD” increase motivation and learning (Mémoire de maîtrise, North Michigan

  • Comment intégrer le BYOD dans un établissement scolaire ?

    Comment intégrer le BYOD dans un établissement scolaire ?

    Intégrer le BYOD suppose des modifications dans le rôle de l’enseignant, mais également au niveau de l’institution elle-même. Permettre l’utilisation d’outils multiples au sein d’un établissement scolaire demande des adaptations structurelles dans l’administration et la gestion de l’établissement.

    Les considérations des directions sont basées sur les caractéristiques techniques, mais également sur la gestion du personnel et des élèves. La politique interne de l’école doit être revue ainsi que les règles d’utilisation des technologies. Nous pouvons mettre en évidence différents points qu’il est nécessaire de prendre en considération pour la direction d’une école ou d’une Commission scolaire qui souhaite intégrer le BYOD.

     

    Permettre un accès fiable et performant au réseau Internet

     

    L’accès au réseau est un élément primordial dans l’intégration d’un outil technologique dans une salle de classe. Il est indispensable d’avoir une connexion Internet qui permette d’accéder aux données facilement, avec une bande passante suffisante.

    Ces préalables sont nécessaires afin de permettre une utilisation de la plateforme de l’école à partir de tout appareil, de le configurer facilement et d’accéder au portail à partir de différents systèmes d’exploitation.

     

    Favoriser l’équité entre les élèves

     

    La technologie est vue comme un moyen facilitant l’apprentissage des élèves. Elle permet d’apporter des compétences complémentaires et nouvelles dans la salle de classe. Cependant, les nouvelles technologies sont intrinsèquement liées à des questions financières.

    La technologie est prise en charge soit par l’établissement, soit par les parents, mais quelqu’un doit payer la facture en bout de ligne.

    De surcroît, le BYOD augmente encore plus les réalités financières des écoles.

    En effet, chaque élève peut apporter avec lui l’outil qu’il désire et de ce fait, certains élèves auront le plus récent modèle d’une tablette tactile ou d’un ordinateur portable alors que d’autres devront se contenter d’un modèle plus ancien et moins fonctionnel. D’autres n’en auront pas du tout, car leurs parents ne pourront se le permettre.

    L’école devra donc veiller, dans la limite de ses moyens, à ce que tous les élèves puissent accéder à la technologie. Une provision suffisante de matériel fonctionnel permettra aux élèves de profiter des avantages des TIC en contexte éducatif. Aussi, l’école peut concrétiser des partenariats afin d’offrir aux parents des plans financiers accessibles.

    Enfin, notons qu’une connexion Internet fiable à la maison est nécessaire afin que l’élève puisse utiliser son appareil en dehors de l’école, un autre enjeu économique pour les parents que les écoles doivent considérer dans l’intégration du BYOD au sein de leur établissement.

     

    Responsabiliser les élèves lors de l’utilisation de la technologie

     

    Les études recensées, comme celle réalisée en Alberta (2012), montrent que la responsabilisation des élèves est l’élément essentiel d’une intégration technologique réussie.

    La distraction des élèves est souvent importante et il est nécessaire de « canaliser » l’utilisation de l’outil adopté.

    Autrement dit, les élèves doivent distinguer clairement les activités nécessaires à leur apprentissage et qui favorisent leur réussite scolaire. Ainsi, interdire certaines applications ou restreindre l’utilisation de l’outil à certaines périodes serait inutile et illusoire. Contourner les interdictions est chose facile et ils pourraient trouver de la motivation à le faire.

    Il est donc préférable de les confronter à leurs erreurs et de mettre en évidence les conséquences d’un mauvais usage sur leur réussite scolaire.

    En d’autres termes, l’utilisation des réseaux sociaux, des textos et autres éléments de communication ne doivent pas être proscrits, mais réfléchis.

    La solution la plus souvent adoptée par les établissements scolaires est l’utilisation d’une charte, d’un code de conduite ou d’un règlement d’ordre intérieur. Ce document est souvent complété avec l’aide des enseignants et des élèves afin qu’il soit le plus complet et le plus juste possible. Il est ensuite remis aux élèves qui devront l’approuver.

     

    Impliquer et rassurer les parents

     

    Les parents sont bien entendu concernés, car ils sont des acteurs essentiels dans ce processus de responsabilisation. Un tel document devrait comporter les éléments suivants :

    • L’utilisation de l’appareil à l’intérieur de l’établissement implique des règles précises ;
    • Les conséquences lors d’une utilisation non adéquate sont clairement définies ;
    • La réglementation doit être modérée pour éviter une démotivation et un manque d’assiduité des élèves ;
    • Les règles d’utilisation des sites Internet sont précisées et les sites interdits sont déterminés ;
    • Les règles de conduite sont établies : le respect de soi-même, le respect des autres et le respect de l’école.

    Pour cela, il est indispensable que les écoles :

    • Favorisent l’accès numérique en assurant la participation de tous les élèves;
    • Favorisent la communication par le biais d’interactions et échange d’informations; et
    • Favorisent l’aisance, c’est-à-dire qu’elles amènent les élèves à apprendre à utiliser leur outil d’un point de vue technique en vue de favoriser leur apprentissage.

    Cette responsabilisation est essentielle, d’une part pour un bon fonctionnement de l’institution scolaire et pour une gestion optimale de l’enseignement-apprentissage d’autre part.

    En continuité, il est nécessaire que l’école prépare les élèves à devenir des citoyens numériques.

    Ceux-ci doivent comprendre et appliquer les règles d’un citoyen numérique actif, éthique et responsable. Il est donc nécessaire que l’école mette en place les moyens qui permettent aux élèves d’atteindre ces objectifs. Par exemple, en favorisant les expériences en ligne, par l’accès à des ressources numériques, des plateformes de collaboration et en amenant les élèves à utiliser des modes d’apprentissage différenciés.

    En fonction des caractéristiques qui viennent d’être établies ci-dessus, nous pouvons constater que l’utilisation d’Internet dans un établissement scolaire demande des adaptations structurelles de la part de l’établissement, mais également de la part des enseignants.

    Comme nous l’avons montré précédemment, intégrer une approche BYOD montre des inconvénients en termes logistiques et techniques, mais présente également l’avantage non négligeable de préparer les élèves à la culture numérique et à l’utilisation pertinente d’un outil technologique.

    Ces différentes réalités mises en place adéquatement ont le potentiel de favoriser grandement le développement et l’apprentissage des apprenants dans un environnement BYOD. En somme, l’intégration dans l’établissement scolaire et la préparation de l’infrastructure sont des éléments essentiels à cette fin. Cependant, la plus grande partie du travail sera réalisée par l’enseignant qui devra l’intégrer dans sa salle de classe.

  • Pourquoi utiliser les « BYOD » dans une classe ?

    Pourquoi utiliser les « BYOD » dans une classe ?

    BYOD_ep2Image_120515

     

    L’idée est intéressante, mais est-ce aussi facile qu’on le dit ? Le BYOD représente-t-il une ouverture technologique de l’école ou plutôt une complexification pédagogique?

    Selon plusieurs études récentes, l’utilisation d’un outil précis dans une salle de classe présente déjà des difficultés de gestion au quotidien. Par conséquent, implanter une multitude d’outils et de plateformes poserait logiquement des problèmes pédagogiques plus importants.

    Pourtant, certains établissements scolaires (Outre-Atlantique) ont fait le choix du BYOD.

    À titre d’exemple, le Peel District School Board, en Ontario, propose depuis 2013 aux élèves d’utiliser leur propre appareil.

    Afin d’intégrer au mieux le projet BYOD dans les écoles, le conseil scolaire a même mis en place des outils pour aider les parents et les élèves.

    Une vidéo explicative, un guide pour les parents, un code de conduite numérique et un ensemble de ressources pour les parents viennent ainsi aider l’intégration dans les classes.

    Par ailleurs, force est de constater que le BYOD demande à l’enseignant de redéfinir son rôle et de réfléchir sur la façon d’appréhender cette nouveauté.

    Des questions pertinentes surgissent alors pour le pédagogue : par où dois-je commencer ? Comment le BYOD modifiera-t-il mon enseignement ? Comment procéder avec ceux qui n’ont pas d’appareil personnel ? Comment composer avec la variété de plateformes ?

    À ce sujet, une enseignante du Peel District School Board, qui intègre le BYOD depuis trois ans dans sa classe, nous donne quelques pistes de réponse : « j’autorise les élèves à apporter leur propre appareil, pour des activités ciblées, de recherche, de création ou de collaboration. Je constate que les élèves se partagent rapidement les outils. »

    Elle ajoute que « l’inconvénient est qu’ils ont accès à Internet en tout temps et qu’ils peuvent faire autre chose [que la tâche demandée] ». Selon cette enseignante, « les appareils les plus simples peuvent avoir beaucoup de potentiel.

    Cependant, l’accompagnement est important, même s’ils savent utiliser leur outil. Il faut les responsabiliser.

    Au travers de nos lectures et des témoignages recueillis, nous pouvons constater différents avantages d’une intégration de type BYOD. Le plus important est certainement la disponibilité immédiate d’un « couteau-suisse numérique » pour les élèves, grâce auquel ils peuvent accéder au matériel rapidement et facilement. D’autres avantages touchent la collaboration, la motivation ou encore la personnalisation de l’apprentissage.

    Cependant, le BYOD apporte également son lot d’inconvénients, comme le manque d’équité entre les élèves et une surcharge de travail pour l’enseignant.

    D’un côté, autoriser l’entrée d’un appareil numérique personnel dans la salle de classe peut exiger des parents un investissement supplémentaire, entrer en conflit avec leur approche parentale des technologies ou encore exposer les élèves aux réalités socio-économiques de leurs familles.

    D’un autre côté, l’enseignant devra souvent gérer des outils dont les systèmes d’exploitation et versions divergent. Or, connaître chaque système d’exploitation et chaque outil peut s’avérer très difficile, voire impossible pour plusieurs enseignants.

    Pourtant, avec le BYOD, il sera nécessaire, à un moment, soit de dépanner les élèves avec ou sans l’aide d’un technicien, soit de désigner des élèves-experts qui pourront aider leurs camarades à régler les problèmes techniques rencontrés en contexte d’apprentissage.

    L’outil peut ainsi devenir à la fois un objet et un vecteur d’apprentissage collaboratif dans une approche de résolution de problème.

    Le paragraphe suivant synthétise les avantages et les inconvénients du BYOD présents dans des études réalisées en contexte éducatif que nous avons consultées et dans les témoignages que nous avons recueillis.

    Les avantages

    · Collaboration accrue entre les élèves ;
    · Pensée critique et responsabilisation des élèves ;
    · Communication accrue entre les élèves et l’enseignant ;
    · Accès à l’information en tout lieu et en tout temps ;
    · Continuité entre l’école et le domicile ;
    · Réduction des coûts pour l’école ;
    · Préparer les élèves aux réalités professionnelles ;
    · Apprentissage personnalisé.

    Les inconvénients

    · Pré-requis techniques : bande passante et infrastructure ;
    · Manque d’équité entre les élèves; nécessité de matériel supplémentaire ;
    · Sécurité du réseau et des données ;
    · Gestion de classe complexifiée ;
    · Nécessite une maîtrise technique supplémentaire pour l’enseignant ;
    · Planification des leçons complexifiée ;
    · Charge de travail supplémentaire.

    Par ailleurs, nous pouvons identifier différentes recommandations issues de la littérature et des propos recueillis au sujet du BYOD :
    -> Il est avant tout nécessaire que l’école compose avec les technologies. D’une part en s’adaptant à leur existence et d’autre part en régulant leur utilisation pédagogique.

    -> Il faut impliquer les élèves et les parents dans le choix de l’outil puisque les utilisateurs sont les premiers concernés dans cette sélection. Quant à l’école et ses enseignants, ils peuvent apporter un conseil sur les outils les plus pertinents pour le contexte envisagé, notamment en identifiant les besoins de l’élève et les technologies avec lesquelles il interagit facilement. Bref, cibler l’outil qui sera le mieux adapté pour réussir sa scolarité.

    -> L’école doit penser son infrastructure en fonction de ces nouvelles réalités. Il faut permettre aux élèves d’accéder aux plateformes de l’établissement et aux outils mis en place de façon optimale. Cela revient, entre autres, à s’assurer que le réseau sans fil est suffisamment performant, que le portail de l’école est accessible sur différentes plateformes, et que l’accès à des logiciels et des sites pertinents et utiles pour leur formation ne soit pas bloqué au niveau institutionnel.

    – > Le support technique et pédagogique est une nécessité pour bien implanter le BYOD dans une école. Concrètement, il s’agit de faire en sorte que les enseignants soient en mesure d’aider leurs élèves lorsqu’ils ont des difficultés dans l’utilisation de leur appareil et que les techniciens soient suffisamment formés et disponibles pour répondre à la demande, ce qui n’est pas une mince affaire.

     

    Retrouvez Aurélien et Gabriel dans leur prochain épisode : « comment intégrer le BYOD dans un établissement scolaire ».