Étiquette : histoire-géographie

  • Comment se servir efficacement de l’écriture collaborative en classe ?

    Comment se servir efficacement de l’écriture collaborative en classe ?

    Nicolas Bertos, enseignant en histoire-géographie dans le sud de la France, revient en ce début d’année 2016 avec de nouveaux témoignages de son expérience du numérique en classe…

    Certains logiciels ou applications permettent à plusieurs personnes d’écrire de manière collaborative sur le même document. Je vous propose dans cet article une des très nombreuses manières d’utiliser cette fonction. Une connexion wifi est nécessaire mais un débit faible n’est pas un souci.

    L’exercice suivant a pour but de faire progresser les élèves dans leurs rédactions.

    Chacun ouvre sur son terminal (ordinateur ou tablette) une session qu’il partage avec le professeur. Une fois la consigne posée, les élèves écrivent donc de manière individuelle mais, en ouvrant simultanément tous les documents ainsi partagés sur mon ordinateur, j’ai accès à toutes les productions des élèves instantanément.

    L’exercice peut paraître périlleux (ouvrir sur son ordinateur 28 pages différentes et ensuite… les lire) mais dans les faits, il n’en est rien. Les élèves commencent ensuite leur composition et j’interviens en temps réel sur leur texte (partie commentaires ou dans le corps du texte) afin de leur donner des conseils, de les guider dans la rédaction.

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    Un peu de méthode…

    Bien entendu je ne peux pas lire 28 rédactions en même temps ; il faut donc répartir efficacement le travail.

    Ainsi, les premières minutes sont cruciales pour les élèves en difficulté. En effet, il faut les aider à bien se centrer sur le sujet ainsi qu’à éviter la page blanche. Une fois ces encouragements et conseils dispensés, je prends le temps d’aider les élèves qui me semblent moins en difficulté.

    La plupart des erreurs sont récurrentes et il n’est pas rare que j’effectue un simple copier-coller pour conseiller les élèves.

    De l’individuel au collectif

    A ce stade, il est important de préciser que j’effectue une capture d’écran pour chaque commentaire.
    Ainsi, lorsque l’exercice est terminé, la correction devient collective et c’est ainsi que l’utilisation du numérique prend tout son sens : je sélectionne les captures les plus intéressantes et je les projette au tableau.

    Les erreurs de chacun deviennent donc plus constructives puisqu’elles sont, ainsi que leur correction, partagées à l’ensemble de la classe.

    On pourrait imaginer de créer ainsi un répertoire d’erreurs dont la révision ferait encore plus progresser les élèves.

    Au final, l’activité n’a rien d’un jeu d’équilibriste et ne demande comme compétence de la part du professeur que d’écrire suffisamment vite au clavier de son ordinateur. Durant cet exercice, les élèves voient que le professeur est en train de regarder leur production et ils sont donc particulièrement attentifs et concentrés sur leur travail.

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  • Des cartes mentales collaboratives… Pas si simple !

    Des cartes mentales collaboratives… Pas si simple !

    [callout]Voici le récit d’une expérimentation qui a plusieurs fois échoué avant que je ne trouve la formule qui me convienne. Les leçons de ces échecs sont multiples et illustrent bien la manière dont doit être envisagé le numérique pédagogique.[/callout]

    Etape 1 : les débuts

    Quelle application ? Je veux que mes élèves puissent réaliser des cartes mentales pour faire des fiches de révisions en 3e, le souci étant qu’ils n’ont jamais travaillé de cette manière jusqu’ici.
    Je décide donc d’utiliser une application (on en trouve de très nombreuses dans tous les magasins d’applications) pour préparer le brouillon avant de recopier le tout sur une feuille. En classe, je consacre une heure entière à cette activité : après la découverte du processus et de l’application, les élèves sont répartis en 6 groupes pour produire leur carte.

    Je passe dans les rangs afin de corriger mais, un mois après le début de cet exercice, après les 3 premiers chapitres (et donc tentatives) je suis assez insatisfait du résultat général. Les productions ne sont pas à la hauteur de ce que j’espérais : l’exercice n’est pas pris au sérieux, la correction est incomplète car trop complexe, la personnalisation absente ou inutile.

    Etape 2 : « exit » le numérique.

    Selon mon analyse, le numérique n’a pas été aussi efficace que je l’espérais : progression par essai/erreur, meilleure organisation et visualisation de la carte, projection de la carte au tableau pour la correction. J’envoie donc sans plus tarder les tablettes au placard et j’entame la partie “découpage et collages”.

    Toujours répartis par groupe, les élèves découpent des rectangles de papier sur lesquels ils doivent ensuite inscrire un mot clé ou un exemple. Une fois ce travail préparatoire terminé, ils réorganisent le tout sur leur table afin d’organiser un sens de lecture.

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    Satisfait ?

    Non, toujours pas…

    Etape 3 : le retour par la petite porte.

    Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que je pense que le plus important est le processus de création en lui-même et non le résultat final. Il me paraît surtout intéressant de discuter les choix des élèves, de les amener se à justifier en comparant ce qu’ils ont produit.

    Or, avec cette méthode des petits papiers, je ne peux partager ni la correction (intermédiaire ou finale), ni la production des élèves. Les rectangles restent désespérément posés sur la table de chaque groupe et je répète inlassablement les mêmes conseils en passant dans les îlots de ma classe.

    Je décide donc de m’armer de ma tablette et de filmer les conseils et remarques que je donne aux élèves en temps réel, dans la salle de classe (je peux ensuite déposer cette vidéo sur l’ENT). Si cette méthode aurait pu marcher, je l’abandonne assez vite car j’en découvre une autre : je laisse toujours les élèves en autonomie au début de l’exercice la deuxième phase est une correction collective durant laquelle je filme leur production tout en projetant ma caméra au tableau.

    Chaque groupe réorganise donc sa carte corrigée par leurs camarades ou mes remarques. Les autres élèves sont autorisés à se lever pour venir compléter à l’aide de leurs mots-clés et exemples cette carte qui devient collaborative. Au fur et à mesure des tentatives, je m’efface discrètement jusqu’à ne même plus tenir la caméra et je me positionne seulement au tableau pour faciliter la compréhension de cette correction.

    Etape 4 : enfin satisfait?

    L’activité me plaît davantage et devient (enfin !) efficace avec cette configuration. Néanmoins, une dernière évolution est venue la remplacer et les élèves travaillent de nouveau sur les tablettes et utilisent l’application wemap qui permet une écriture collaborative.

    Maintenant que l’activité est mieux comprise grâce au moment de correction collective (étape 3 de cet article), les élèves préparent un brouillon plus efficace en groupe en se concentrant sur une seule partie du cours qui leur est dévolue (par exemple le I ou le II).
    Durant cette phase, je créé une session où ils écrivent une fois leur brouillon terminé. La carte se construit ainsi peu à peu et jusqu’à son terme chaque groupe peut compléter les idées avancées par d’autres élèves.

    N’hésitez pas à moduler vos activités, à échouer pour ensuite gagner en efficacité ! Vous découvrirez parfois des solutions auxquelles vous ne pouviez pas penser dans un premier temps simplement en changeant de perspective.

    Retrouvez Nicolas sur Twitter : @Nicoblm

  • La réalité augmentée ou comment se représenter des espaces de manière concrète

    La réalité augmentée ou comment se représenter des espaces de manière concrète

    Incarner l’espace proche avec ses élèves, en quoi cela consiste t-il ?

    L’idée est de se représenter les espaces tels qu’ils pouvaient être avant pour imaginer comment était le passé. La réalité augmentée, c’est repousser les murs du temps et de l’espace un peu comme une machine à remonter le temps ou comme dans la série « Sliders »[1] à imaginer les possibles l’avenir.

    Une classe n’est pas un monobloc, un élève imagine le monde de demain avec sa sensibilité.

    Je souhaitais stimuler la créativité des élèves et utiliser la réalité augmentée pour cela était une bonne excuse.

    C’est un outil numérique très stimulant car on peut y incruster le monde d’hier ou de demain sur l’espace d’aujourd’hui. Pour paraphraser un slogan bien connu : l’imagination des élèves au pouvoir d’apprendre. La rénovation du pôle gare de Chartres est l’occasion d’imaginer hier pour créer demain.

    Comment un enseignant peut-il s’approprier ce type d’outils comme la réalité augmentée pour avoir un usage en classe ?

    Il ne s’agit pas d’un usage prétexte ou d’une passion inconditionnelle de l’enseignant pour les gadgets numériques. Pour les élèves, ce type de technologie a un véritable intérêt parce que l’on incarne l’histoire dans des espaces vécus et pourtant inconnus.

    C’est un gain de compétences professionnelles pour ces lycéens en filière génie civile. Le numérique n’est pas un simple artefact mais un savoir-faire professionnel qu’il convient de développer en synergie avec les autres outils pédagogiques et les autres enseignements.

    Être enseignant c’est être un bricoleur au sens noble du terme.

    On applique souvent les mêmes démarches que l’on demande aux élèves. On apprend « sur le tas », on expérimente avec ses collègues, notamment ceux d’EPS dans mon établissement.

    L’interdisciplinarité, c’est parfois un simple « comment tu fais ? » !

    Au-delà de la réalité augmentée, c’est le plaisir de se poser des questions et de partager. Avec l’expérience, on privilégie la simplicité des outils comme des rapports humains. Je remercie les « partageurs » et « inspirateurs » que je fréquente sur les réseaux sociaux. C’est une grande salle de classe ; un laboratoire d’éducation où l’on apprend avec, pour et par les autres.

    Sans les collègues et les réseauteurs point de salut car je peux le dire « à plusieurs, on est plus forts ».

     

    [1] Sliders : Les Mondes Parallèles (Sliders) est une série télévisée de science-fiction américaine

  • La préparation au débat avec l’ENT : descriptif d’une activité riche d’expériences

    La préparation au débat avec l’ENT : descriptif d’une activité riche d’expériences

    « L’objectif est d’amener les élèves à réfléchir sur un sujet et à argumenter ; ils apprennent également à s’écouter, à dire qu’ils ne sont pas d’accord tout en construisant un argumentaire ».

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    Bruno Conrard s’appuie sur l’outil mis à sa disposition dans son académie à savoir l’ENT PLACE, pour préparer ses débats. « En effet, avant, sans ENT, le débat était moins bien construit et les élèves n’allaient pas tous voir les documents que je leur indiquais ; avec l’ENT, l’argumentaire se construit avant le débat en classe ».

    Acquérir une culture sur le thème au préalable avant de débattre : un travail préalable indispensable pour un débat construit.

    Dans l’ENT, Bruno Conrard utilise l’outil forum qui permet aux élèves de prendre connaissance du sujet qui va être débattu et de discuter entre eux avant le cours. L’enseignant leur laisse 8 à 10 jours pour s’exprimer sur le forum, ce qui leur permet aussi de recueillir les opinions de leurs camarades sur le sujet et de commencer à construire leur réflexion.

    « Ils peuvent aussi consulter les liens que je leur dépose sur le dossier pour se documenter sur le sujet : vidéos, documents Wikipédia etc », explique Bruno Conrard.

    En ayant préparé de cette manière, les réponses sont moins instinctives.

    Interagir dans un débat de classe : une bonne manière pour les élèves d’acquérir une autonomie dans leur construction d’argumentaire.

    En situation de classe, l’enseignant propose deux équipes sous forme de jeux de rôles ; chacun doit défendre les arguments de son équipe, « même si ce ne sont pas leurs idées personnelles », souligne Bruno Conrard.

    Ce qui est important est qu’ils aient lu tous les arguments issus du forum pour pouvoir défendre ceux de leur équipe.

    Une manière de conduire une séance de cours en débat d’environ une demi-heure où chacun a appris à construire son schéma d’idées.

    L’enseignant n’intervient pas dans le débat de classe ; les élèves « non débatteurs » observent les autres élèves et sont en charge de compléter une fiche relatant ce que chacun a dit au cours du débat , « une sorte d’auto-évaluation entre celui qui débat et celui qui l’a observé ».

    Netjournees_debat2Le débat ne débouche pas sur des idées tranchées ; pour exemple, le dernier sujet proposé par Bruno Conrard était « faut-il changer les paroles de la Marseillaise » ?

    D’autres sujets d’actualité auxquels pense notre enseignant pour son prochain débat : « faut-il rendre le vote obligatoire » ?

    Bruno Conrard organise en général trois débats dans l’année. La motivation des élèves est certaine, même si certains sujets inspirent plus que d’autres ; sachant qu’avant chaque débat, l’enseignant fait toujours un travail de synthèse en classe sur toutes les idées qui ont été évoquées via le forum au cours de la période de 8-10 jours où les élèves sont laissés en autonomie pour s’exprimer sur l’ENT.

  • Les tablettes, un vrai « plus » pour l’organisation d’un débat en classe

    Les tablettes, un vrai « plus » pour l’organisation d’un débat en classe

    [callout]Organiser un débat en classe n’est plus une activité hors du commun mais elle reste relativement peu fréquente dans une salle de classe. Les compétences mobilisées sont pourtant nombreuses : apporter la contradiction et la multiplicité des points de vue, travailler la prise de parole, écouter les arguments des autres élèves et s’en servir pour répondre, respecter la parole de l’autre etc.[/callout]

    NicolasBertos
    Je n’ai pas attendu d’avoir des tablettes tactiles en classe pour organiser ce type d’activité mais, une fois de plus elles ont permis une transformation de ma manière de concevoir cette séquence et un engagement approfondi des élèves lors de celle-ci. Le descriptif porte sur une séquence (4h environ : 1h, 2h, 1h) de 4ème en éducation civique (mais elle est transférable à d’autres niveaux et d’autres matières).

    Etape 1 : Préparation du débat.

    Les élèves ont à leur disposition un corpus documentaire d’environ 30 documents. Ils doivent en lire au moins 4. Mon but ici est de diversifier les approches afin qu’ils n’aient pas tous le même point de vue. Je propose une problématique volontairement simpliste afin que les élèves prennent partie dans un sens ou dans l’autre. Lors de ma séquence la problématique était la suivante : « La géolocalisation, progrès indispensable ou menace pour nos libertés ? « .

    Ici, l’outil tablette apporte bien entendu la possibilité de multiplier les documents disponibles (l’année précédente, je photocopiais) et de varier leur nature (texte, vidéo, témoignages recueillis par les élèves etc).

    Etape 2 : les rôles de chacun.

    Chaque rôle a sa fiche d’objectifs. Ici, celle des participants.
    On procède ensuite à la répartition des rôles durant le débat. Les tablettes apportent un avantage immédiat : nous allons pouvoir filmer le débat.
    – Le président du débat et son adjoint répartiront la parole, veilleront à ce que tous les participants s’expriment etc.
    – Les participants sont assis dans deux camps opposés. Lorsque les participants sont trop nombreux le débat ne fonctionne pas : certains élèves ne prennent pas la parole, d’autres sont frustrés car ils la voudraient mais attendent leur tour trop longtemps.
    – Les scientifiques sont chargés dans un coin de la classe, d’apporter des précisions sur ce qui est en train de se dire : chiffres, pourcentages etc que j’ai mis à leur disposition.
    Les années précédentes j’étais obligé de « fabriquer » des rôles qui se sont révélés, au final, peu intéressants : Gardiens du temps, de l’expression, du vocabulaire etc.

    Lors de cette étape, les tablettes apportent plusieurs atouts très concrets.

    Tout d’abord, elles me permettent de diversifier les rôles des élèves en ajoutant deux groupes supplémentaires : les journalistes (chargés de l’introduction et de la conclusion du débat) et les cameramans: chargés de filmer le débat, l’introduction et la conclusion. C’est un rôle assez technique car il faut pouvoir se déplacer dans les rangées, prendre correctement le son etc.

    Mais surtout, elles me permettent de demander aux élèves (scientifiques, participants) de produire eux-même des documents (à partir de leur livre, des cours, des documents distribués): croquis, carte, courbes ou camemberts par exemple. Ces documents serviront ensuite comme arguments lors du débat.

    Les préparatifs : sélectionner les documents pour en produire de nouveaux

    Etape 3 : le débat.

    La disposition de la salle de classe est réorganisée, les groupes se réunissent pour préparer leurs arguments et le débat peut commencer. Je dois avouer que la première réalisation fut hasardeuse : prise de son trop aléatoire, angles de vidéos ridicules (filmer de dos quelqu’un qui parle…), prises de vidéo tremblotantes etc. Cependant, ces erreurs m’ont semblé constructives :

    – Après les avoir montrées aux autres classes, elles n’ont pas été reproduites. Une fois de plus les tablettes permettent un ancrage visuel de l’erreur chez les élèves et sont donc un instrument efficace pour modifier sa perception.
    – Elles ont pu me permettre de sensibiliser les élèves sur les conditions de travail des journalistes (par exemple en situation de filmer un conflit).

    Lors du débat (environ 30 min), les participants qui le souhaitent peuvent se servir des documents (fournis ou préparés) disponibles sur la tablette. Les scientifiques ont obligation de produire un document. Les journalistes ont présenté le débat (filmés à part) en exposant les enjeux principaux. A mon signal, 5 minutes avant la fin, ils s’éclipsent et proposent leur conclusion (ici aussi, filmés à part).

    Etape 4 : l’après débat: montage et visionnage.

    Les années précédentes, cette partie n’était pas possible. Je présentais rapidement mes conclusions puis nous passions à autre chose.

    Avec les tablettes, la séance acquiert une dimension supplémentaire : le retour sur le débat.

    Malheureusement, après avoir essayé de le réaliser en classe par les cameramans, j’ai du me résoudre à produire moi-même le montage vidéo le niveau de complexité étant trop élevé et trop chronophage. Malgré cela, le montage est une activité qui intéresse de nombreux adolescents : certains d’entre eux sont familiers des logiciels les plus courants, d’autres possèdent leurs chaînes YouTube (vidéos Go pro de BMX par exemple).
    Plusieurs groupes d’élèves se sont impliqués dans cette étape, venant même travailler entre midi et 14h, même si au final, les conditions techniques n’aidant pas, j’ai réalisé la plupart des films.

    Le visionnage permet par contre à la classe de revenir « à froid » sur le fond et la forme de ce qui a été dit. Les élèves peuvent se voir, comprendre leurs tics de langage, le non respect des consignes ou les prises de paroles bien argumentées. Ce visionnage m’a paru essentiel et la plus-value pédagogique est tangible.

    Les possibilités pour exploiter davantage cette vidéo sont multiples : on peut, par exemple, imaginer une réutilisation dans le cadre d’un cours avec une autre classe ou isoler certains passages pour aider les élèves à travailler certains points rarement travaillés en classe (diction, clarté de l’expression, prise en compte de l’interlocuteur etc).

    En conclusion, il me semble que les tablettes ne sont pas indispensables à l’organisation d’un débat en classe. Mais comme dans d’autres exemples que j’ai déjà donné dans mes retours d’expériences en classe, elles apportent une dimension supplémentaire aux apprentissages et renouvellent en profondeur les pratiques. Leur utilisation fluide et multiforme et leur mobilité permettent leur insertion naturelle dans le processus vivant et réactif que représente un débat.

    Une fois de plus les élèves ont intégré cet outil au delà de mes espérances et de mes suggestions : demande de vidéoprojection des documents créés, demande de pouvoir s’en servir en tant que support durant le débat, prise de photo et collages de documents du manuel etc.

    Enfin, grâce à l’ensemble de cette utilisation (discussion collective grâce à la vidéo, travail de groupe), l’erreur est perçue comme constructive et rattachée au processus d’apprentissage et non comme un échec isolé de celui-ci.

    Lors de l’organisation du deuxième débat de l’année (environ 1 mois plus tard) les élèves avaient très largement intégré l’ensemble des remarques. Les échanges n’en furent que plus clairs, plus riches et constructifs.

    Un aspect très positif et particulièrement motivant découle de l’augmentation du nombre des rôles grâce aux tablettes (cameraman et journalistes). En effet, puisque certains élèves refusaient généralement de participer au débat ils ont trouvé dans ces responsabilités une tâche plus à leur convenance. Par ailleurs, après avoir été « derrière la caméra« , plusieurs d’entre eux ont regretté de ne pas avoir pu participer au débat et auraient voulu intervenir au fil de la discussion… Ils se sont donc portés volontaires lors du second !

    Plus d’infos :
    Le blog de Nicolas : http://theraphproject.blogspot.fr/

  • La classe puzzle : collaborer pour écrire le cours grâce aux tablettes tactiles

    La classe puzzle : collaborer pour écrire le cours grâce aux tablettes tactiles

    [callout]Une des choses que permet le numérique, à travers la circulation rapide des informations, c’est d’utiliser les productions éparses des élèves en les agrégeant rapidement et efficacement. J’ai utilisé cette possibilité pour faire créer les documents de mon cours par mes 5èmes. Voici comment cela s’est déroulé[/callout].

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    Heure 1: répartition des tâches

    Une des parties du programme de 5ème en éducation civique s’intitule « les risques majeurs » et prévoit de les sensibiliser aux risques présents sur leur commune. J’ai donc profité de ce cours pour effectuer une sortie. J’ai expliqué aux élèves que, compte tenu de la chaleur et de la proximité de la coupe du monde, je n’avais pas très envie de créer le cours et que ce serait donc à eux de devenir professeurs pour mes deux autres 5èmes. Après une rapide introduction (carte IGN, vidéo INA des inondations dans notre village, connaissances des élèves et rappel du cours de géographie) nous avons divisé la classe en 8 groupes de 3 ou 4 élèves, chaque groupe ayant une fonction précise que j’ai déterminé.
    ⁃    2 groupes étaient affectés au travail de recherche préalable sur internet. (Groupes A et B)
    ⁃    2 groupes étaient chargés de réfléchir aux photos à prendre lors de la sortie, à la manière de créer les futurs documents des autres classes. (C et D)
    ⁃    4 groupes devaient préparer les entretiens que nous allions faire durant la sortie (le programme insiste sur les acteurs qui interviennent dans la gestion des risques): association, pompiers, principal du collège et un élu municipal. (E, F, G et H)
    J’ai laissé les élèves en totale autonomie concernant la création de questions pour les interviews, leur demandant uniquement une quantité de questions  déterminée (10).

    Heures 2 et 3 : la sortie

    Bertos1_130914Les 2 groupes qui ont réalisé des recherches sur internet (prim.net et le site de la mairie de Pont) font part de leurs découvertes aux autres élèves avant la sortie : quels sont les risques majeurs qui menacent notre commune, par exemple. Nous partons ensuite à l’extérieur du collège. Chaque groupe a son rôle : filmer, photographier, prendre des notes etc.

    Heure 4: la classe puzzle

    Si la phase de questionnement était déjà très intéressante, c’est à partir de ce moment qu’on entre dans un cours moins habituel pour les élèves et donc particulièrement stimulant pour eux et le professeur.
    De retour en classe les élèves se placent en ilôts avec leur groupe (3 élèves).
    ⁃    2 élèves de chaque groupe sont affectés à une tâche précise: création de document à partir des photos et des notes prises lors de la sortie (C, D) ou montage vidéo (E, F, G, H).
    ⁃    Les groupes A et B sont chargés de rédiger les questions pour les autres classes. Ces deux groupes peuvent collaborer entre eux.
    ⁃    Le troisième élève des groupes C, D, E, F, G, H doit se rendre disponible pour les élèves des groupes A et B qui peuvent venir l’interroger sur les sujets traités par l’ensemble du groupe et ainsi vérifier que la réponse aux questions va bien être fournie par les documents.

    Heure 5: devenez profs!

    La classe visionne le montage final de la vidéo. Elle servira de document aux autres classes. Grâce aux tablettes, les élèves pourront la visionner à leur guise. Il s’agit maintenant d’écrire la leçon. Je propose aux élèves le plan du cours et le déroulement de la séquence (articulation des phases de trace écrite, questionnements écrits ou oraux etc). La classe est donc divisée en 3. A chaque groupe, j’assigne l’écriture d’une partie de la leçon (I, II ou III). Pour cela, je leur demande de répondre le plus simplement possible aux questions posées durant l’heure 4 puis de mettre en forme le texte créé (mots de liaisons etc).

    La leçon est donc créée de toutes pièces par les élèves : trace écrite, documents (vidéo de la sortie), questionnement. A tel point que j’ai laissé les fautes d’orthographe afin de montrer aux élèves qu’ils écrivent pour que quelqu’un les lise et non uniquement pour eux-mêmes.

    Les classes qui utilisent ensuite cette leçon ne sont pas passives pour autant : elles ont pour mission d’élaborer une grille d’évaluation et d’évaluer le travail effectué.

    Réussites:
    Les élèves ont beaucoup aimé devenir professeurs, leur implication durant cette séquence était proche du maximum. Il ont parlé de ce cours aux autres classes, attendu leur réaction.
    Le travail de groupe a très bien fonctionné: entraide et collaboration ont eu les effets positifs attendus (foisonnement et pertinence des questionnements).
    Les nombreuses reformulations que l’exercice demande le rend très efficace quant à l’assimilation des notions et l’utilisation du vocabulaire: présentation des sites internet, questions aux différents acteurs de la sécurité, classe puzzle, questions pour les autres classes…

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    Les tablettes jouent un rôle clé dans cette séquence : film, photo bien sûr mais surtout transmission rapide des documents, mobilité dans la salle de classe.

    Limites:
    Le montage vidéo est trop complexe à réaliser par les élèves : sélection des passages vidéos à la seconde près, soucis techniques, séance trop chronophage. J’ai donc laissé l’heure 4 se terminer et c’est ensuite moi qui ai réalisé la partie finale du montage (attention, là aussi, c’est très chronophage, comme l’ensemble des activités liées au fait de filmer puis de redécouper des séances).
    La vidéo créée est trop longue, 20 minutes, ce qui occasionne des difficultés en classe malgré le visionnage individuel (ennui, concentration…).

    Le bilan global est très positif malgré les quelques soucis techniques.

    Auteur : Nicolas Bertos, theraphproject.blogspot.fr

  • Modifier au statut de l’erreur en classe : l’exemple d’un cours avec l’application Tellagami

    Modifier au statut de l’erreur en classe : l’exemple d’un cours avec l’application Tellagami

    J’inaugure cette série « faire cours avec » avec une application découverte il y a 15 jours grâce à edulogia et dont je trouve l’efficacité redoutable: Tellagami. Le programme permet la création d’une vidéo composée d’un avatar (appelé « gami« ) qui présente un arrière plan modifiable (photographie, tableau etc).NicBerthos_usagetablette_130114
    On ajoute ensuite un enregistrement vocal dans un temps donné (30 secondes max). Le tout s’enregistre au format vidéo Mp4 qui est ensuite exportable de manière tout à fait classique.

    Plus-value pédagogique attendue
    • Travail de groupe : créer un résumé de l’exercice avant de le dire à l’oral.
    • Entraînement à l’oral avec la possibilité de recommencer plusieurs fois.
    • Implication des élèves : par la personnification de l’avatar et la responsabilité de produire un résumé pour toute la classe.
    • Réinvestissement du vocabulaire ou des notions découverts dans l’exercice.
    • Diffusion de la création au reste de la classe : débat sur les points positifs/négatifs de la création, améliorations possibles.
    • Jouer sur la créativité des élèves (personnification de l’avatar, choix de l’arrière plan).
    • Rendre les élèves acteurs de leur cours: j’intègre ces vidéos à mes résumés de cours disponibles sur Youtube. Dans un deuxième temps je pense faire créer ces vidéos en amont des cours par les élèves et que le reste de la classe s’en serve comme document.
    Apport des tablettes
    • Travail sur différents supports (créer un résumé à l’écrit, l’enregistrer à l’oral, voir le résultat final en vidéo).
    • Possibilité d’un travail en groupe à part dans l’espace classe grâce aux écouteurs et kit main libres. Possibilité de sortir de la classe pour l’opération d’enregistrement du résumé à l’oral.
    • Prise de photo du document étudié sur le manuel scolaire.
    • Capture d’écran d’une vidéo pour en faire l’arrière plan que l’on va commenter.
    • Possibilité de recommencer une tâche autant de fois que les élèves veulent.
    • Diffusion de la production des élèves à l’ensemble de la classe pour discuter de la pertinence des choix de production.
    Mise en place en classe et évolution de ma pédagogie:
     
    Dans un premier temps, j’ai essayé de faire réaliser un Tellagami à l’ensemble de la classe, chacun sur sa tablette. A la fin d’un exercice, au lieu de rédiger une synthèse, les élèves étaient amenés à réaliser cette vidéo. Rapidement j’y ai vu quelques limites qui m’ont fait changer ma pratique.
    • Premièrement, j’en reviens toujours aux problèmes techniques qui peuvent empoisonner notre pratique pédagogique : l’utilisation de l’application est gourmande en batterie, je ne peux donc pas l’utiliser sur les journées trop longues (+ de 4h).
    • Ensuite, faire un résumé est une tâche assez complexe pour un élève de 4ème. Je ne pouvais pas tous les aider en même temps, d’autant plus que leur production étant à l’oral, je devais au préalable écouter avec eux l’ensemble de leur présentation. Cette tâche étant beaucoup trop fastidieuse et complexe, j’ai opté pour une autre solution.
    • Enfin, je n’étais pas satisfait du format: même si elles durent uniquement 30 secondes, impossible pour moi de regarder toutes les vidéos par conséquent la remédiation en classe était infaisable. Chaque élève produisant son propre gami en même temps que les autres, ma pédagogie était contrainte : je devais collecter quelques vidéos (3 ou 4), les montrer à toute la classe pour déceler les points positifs et points négatifs puis… Plus rien.Les élèves voulaient reprendre leur vidéo, la corriger, recommencer sans les erreurs mais cela était impossible matériellement. Or, je considère que le numérique permet de travailler efficacement sur les erreurs des élèves. En effet, la diffusion de leurs productions à l’ensemble de la classe permet à chacun de mesurer l’écart avec ce qui était attendu, de discuter de la pertinence de certains choix etc.

    Afin de travailler sur une amélioration de la qualité des vidéos, j’ai donc modifié ma pratique. Les élèves sont d’abord amenés à analyser un document dans un cadre classique (questions/réponses). Les mots-clés ou notions sont écrits au tableau lors de la correction. L’ensemble de la classe passe alors à la suite du cours (écriture de la leçon, visionnage d’une vidéo ou autre) tandis qu’un groupe d’élèves (3 ou 4) est chargé de produire le résumé pour le reste de la classe.

    Ils travaillent à part, ont un temps limité pour réaliser la vidéo (5 minutes pour la personnalisation du gami, 10 pour la création du résumé, 10 pour l’enregistrement de la vidéo). A la fin de la séance, je diffuse leur production et nous la commentons oralement. Je publie ensuite à l’intérieur de mes cours (sur Youtube) ce résumé.

    Les élèves qui ont produit cette vidéo devront rattraper le cours à l’aide de mes vidéos sur Youtube. Dans la vidéo suivante on voit la classe travailler à un exercice puis, dans le coin, 5 élèves faire leur Tellagami (on voit d’ailleurs très clairement 2 élèves ne pas travailler à la création du résumé, ce qui m’a encore plus convaincu de restreindre le groupe à 3 élèves).

    Dans un troisième temps, je souhaiterais que les classes utilisent cette vidéo (révision avant contrôle, découpage et modification de la vidéo, insertion dans un document muti-format, publication sur un réseau social).

    La progression de la qualité des productions me semble intéressante, ce qui me fait penser que cette phase de remédiation (fin de séance) porte ses fruits et permet réellement de faire avancer les élèves. Je pense aussi que le format (vidéo, oral mais l’élève ne se « montrant » pas) est un atout supplémentaire.

    La suite à voir sur :

    Exemple de réalisation d’élèves et commentaires à voir sur le blog de Nicolas Berthos ici

  • Tablettes tactiles en classe par Nicolas, enseignant en collège à Pont Saint Esprit

    Tablettes tactiles en classe par Nicolas, enseignant en collège à Pont Saint Esprit

    Cela débute le 27 Novembre 2012, 17h30, une demi-heure avant un conseil de classe qui terminera vers 19h…

    Moi, au téléphone:

    En fait, j’ai un projet, j’aimerais enseigner avec des tablettes tactiles. Je ne l’ai pas encore formalisé mais je voudrais le mettre en place pour la rentrée 2013« .
    Mon interlocuteur (quelque part dans les bureaux du CRDP de Montpellier) : « Très bien. j’ai une réunion demain matin, je vais essayer de présenter votre idée. Rédigez un projet et envoyez-le par mail« .
    Moi (angoissé): « Euh… Ce soir« ?
    Mon interlocuteur: « Oui. Enfin, ne vous inquiétez pas, si je le reçois demain un peu en retard, disons pour 9h30, ce n’est pas très grave, la réunion ne commencera sans doute pas avant 10h« .

    Voilà comment je me retrouve, un an plus tard, avec 29 tablettes tactiles en classe au Collège G.Ville à Pont-Saint-Esprit (Gard).

    Et si je dois forcément refonder mes cours pour les adapter, je savoure mes heures en me remémorant les blocages des années précédentes (quantité et qualité limitée de photocopies, nombre limité de documents disponibles dans le manuel, impossibilité de projeter à l’ensemble de la classe des productions d’élèves etc).

    NBerthos_tablettes5

    Génèse du projet

    Voici le projet tel qu’il fut présenté à ma direction et au conseil général : projet enseignement avec tablettes.

    Contrairement aux autres années, la subvention TICE du Conseil Général du Gard a été votée tardivement (environ mi-juin), ce qui a posé de nombreux soucis d’organisation.

    Après avoir vainement tenté de réunir une équipe pédagogique pour donner 30 tablettes à une classe, le choix s’est porté sur une organisation différente:
    – Les tablettes restent en classe et sont à utiliser comme un manuel ; lorsque les élèves en ont besoin ils prennent la tablette puis au moment de la leçon ils reprennent leur cahier.
    – L’équipe pédagogique est donc composée de moi seul (professeur d’Histoire-Géographie). Je reste cependant ouvert à tout prêt de tablette, à toute intervention de la part d’autres professeurs dans mon cours, à toute visite ou expérimentation. Je suis aussi très motivé pour former d’autres collègues sur ce matériel.

    Je suis donc seul responsable des tablettes, ce qui rend plus flexible leur utilisation (tests pour des exercices, rechargement chez moi, téléchargement d’applications, organisation générale du cadre de l’expérimentation). J’utilise les tablettes lors de chaque cours et l’ensemble de mes cours sont adaptés à cet enseignement.

    – Les niveaux concernés sont des 5ème et des 4ème (je garde donc les mêmes classes que l’an dernier) et je touche au final beaucoup plus d’élèves que lors des dispositifs 1:1: environ 170 (1/4 du collège) contre 30 élèves habituellement.

    – Après avoir longuement pesé le pour et le contre (iPad ou Galaxy note), mon choix de tablette s’est porté sur une galaxy note 8 ». Le matériel est volontairement du haut de gamme pour disposer de toutes les fonctionnalités possibles ainsi que prévenir au maximum l’obsolescence programmée du produit. La tablette a de nombreux avantages: la taille et le poids sont « parfaits » pour mon utilisation, la tablette dispose d’un stylet (je ne pensais pas que les élèves s’en serviraient autant, 70 à 80% environ) et d’applications performantes (Par exemple Snote, spécifique à Samsung).

     Matériel (les prix sont arrondis)

    Les devis demandés auprès des différents entreprises (Ordysis, Maskott) avoisinaient les 20.000€. La subvention du Conseil Général étant d’environ 14.400€, j’ai du effectuer certains choix. Je dispose donc de:
    Nberthos_tablettes2– 29 galaxy note 8 » (élèves), 1 galaxy note 10″ (professeur) sous android 4.1.2. Le tout avec des housses de protection et des écouteurs. (12.000€ + 1150€ environ).

    – Un Hub all share cast (100€) permettant de diffuser sur un vidéoprojecteur HDMI l’écran de ma tablette.
    – Un point d’accès internet DAP 2360 Dlink (500€)
    – Un vidéoprojecteur HDMI vivitek (450€).
    – Le logiciel frog manager (Maskott) pour la gestion de fichiers avec l’ensemble de la flotte.
    – 3 Hub USB pour effectuer le rechargement (ma salle ne compte qu’une seule prise murale disponible)
    – Une armoire pour ranger les tablettes.

    J’ai donc du me passer de:

    – L’extension de garantie 1 an supplémentaire (1000€): pour être rentable, il aurait fallu que au moins 4 tablettes tombent en panne la deuxième année d’utilisation.
    – Le paramétrage des tablettes par l’entreprise qui les a fournies (1000€). Ce choix est très discutable mais les budgets étaient serrés.
    – La formation pédagogique sur site pour 3x3h proposée par l’entreprise Maskott (900€).
    – Le chariot de rangement (2.350€).

    Mise en route et Paramétrage des tablettes (« un long moment de solitude« )

    C’est un point crucial dans ce type d’expérimentation. Je m’étais passé volontairement (pour faire des économies) du paramétrage par l’entreprise qui a vendu les tablettes. J’avais réfléchi à un dispositif me permettant d’économiser un maximum de temps, étant seul à gérer cette tâche fastidieuse (l’allumage d’une tablette + rentrer les paramètres de comptes pour certaines applications me prenaient environ 15 minutes).

    J’ai donc pensé à paramétrer toutes les tablettes sur un même compte, nommé prof2pont@gmail et créé pour l’occasion. Le compte étant anonyme, il pouvait donc être partagé par d’autres professeurs dans l’éventualité où certains voudraient emprunter une partie du matériel. J’ai donc téléchargé des applications (uniquement gratuites) sur la première tablette et lors de la mise en route des tablettes suivantes, il me suffisait de rentrer à nouveau le même nom de compte pour que le magasin d’applications de google (play store) télécharge automatiquement les applis sur la nouvelle tablette (environ 45 minutes tout de même).

    Devinez quoi…
Cela n’a pas fonctionné.

    A partir de 3 tablettes qui téléchargent en simultané les mêmes applications sur le même compte, le play store affiche un message d’erreur. Il faut alors réinitialiser la tablette, vider le cache, bref, passer une heure de plus sur chacune. Le souci, c’est que la tablette doit être reliée à un compte personnel gmail pour fonctionner correctement (téléchargement des applications par exemple). Je me suis mis en tête de créer un compte élève anonyme eleveapont@gmail.com (puisque les tablettes n’appartiennent pas à un élève en particulier dans mon projet).

    Devinez quoi… Cela n’a pas fonctionné.

    Pour créer un compte Gmail il faut envoyer son numéro de téléphone à google qui limite ainsi le nombre de comptes par personne.
    J’ai donc, dans un premier temps, laissé les tablettes sous le compte prof2pont@gmail.com et téléchargé les applications tablette par tablette. Laisser les tablettes avec ce nom de compte me permettait aussi de synchroniser très facilement toutes les applications et donc de récupérer rapidement les productions des élèves, d’utiliser une seule dropbox (service de cloud) pour rapatrier les documents etc.

    Et bien devinez quoi… Cela n’a pas fonctionné.

    Une fois les 29 tablettes connectées en même temps (ce que je n’ai pu vérifier qu’à la rentrée), le galaxy note affiche un message d’erreur (qui ne la bloque heureusement pas). Mes tablettes n’étant pas connectées à internet (à cause d’Android qui ne gère pas le proxy de l’établissement) mais seulement à la même box (la Dlink 2360), elles ne se synchronisent pas. Je suis donc actuellement en train de rapatrier les tablettes une par une et d’en changer le compte de sauvegarde sur des comptes anonymes gmail (eleve1apont@gmail, eleve2apont@gmail.com etc) en ayant demandé dans mon entourage des numéros de téléphones pour recevoir le code confirmation google à la création du compte.

    Trucs et astuces

    Un autre souci est cependant en train de se retourner en avantage: android ne gère pas le proxy de l’établissement, il n’est donc pas possible pour mes élèves d’aller sur internet avec les tablettes. Concrètement, impossible d’afficher certains sites (google, wikipedia,…), de se servir des services qui réclament une connexion sécurisée (dropbox, google drive…). Dans un premier temps, suivant les conseils d’un collègue, j’ai installé l’application drony qui permet de mieux gérer l’accès au réseau.

    Cependant, l’application demande un paramétrage particulier qui, en cas d’erreur, requiert des compétences en informatique que je n’ai pas. Par contre, il est possible, sans aucune application, de se rendre sur ces mêmes sites internet via des hyperliens insérés dans un simple document texte que je transmets aux élèves. Ainsi, je contrôle encore plus le cadre dans lequel ils évoluent. Je peux leur demander par exemple de se rendre sur le site http://www.histoire-image.org/ et ensuite d’y effectuer une recherche. Il me semble qu’en contrôlant ainsi l’accès aux sites visités j’enrichis leur sitographie (je leur propose plusieurs sites pour la même activité).

    Cette démarche est plus efficace, selon moi, que de leur demander d’effectuer une simple recherche sur internet (95% des élèves vont alors se tourner vers wikipedia). Ayant découvert cette astuce uniquement récemment, je n’ai pour l’instant jamais fait cours avec internet sur les tablettes.

    J’ai téléchargé beaucoup d’applications en me disant que dans le pire des cas, je ne m’en servirai pas. C’est une erreur, ce qui pose problème maintenant, ce sont les mises à jour trop fréquentes.

    Applications et ressources

    Concernant les applications : je n’ai téléchargé que peu d’applications spécifiquement disciplinaires. Ma volonté étant de montrer que dans chaque discipline on peut se servir des tablettes et en faire un outil efficace si on se donne un temps pour adapter sa pédagogie. Je compte écrire bientôt un billet spécifique aux activités que je mène en classe, en détaillant les applications que j’utilise etc.
    Toujours dans le volet applications: je n’ai téléchargé que des applications gratuites (dont la passerelle Amon bloque les publicités!!). Etant rarement convaincu par les manuels scolaires, je ne suis pas du tout intéressé par les applications « à contenu » (très présentes avec les produits Apple), je préfère le créer moi-même.

    Voici les applications que je recommande de télécharger (en gras), ainsi que certaines dont j’espère me servir par la suite et qui ont un potentiel intéressant (italique). Schématic mind (cartes heuristiques), frog manager, evernote (prise de notes), superbeam (transfert de fichiers), Opendocuments reader (lire les docs odt), App defender (blocage d’applications), Es Explorateur (explorateur de fichiers), recforge Lite (enregistreur audio), magisto (retouche vidéo), Art Museum (tableaux et biographies d’artistes), skitch (retouche de documents), Syncspace (tableau blanc), Qr droid (QR codes), Google EarthAndro Vid (retouche de vidéos), sketchbookXadobe reader (pdf), apk manager (gestion d’applications), géoportail (géo), world newspaper (géo et éducation aux médias), datafinder poverty (géo), datafinder WDI (géo), brevet histoire (révisions brevet).

    Toutefois, cette liste d’applications est fortement réduite en raison des applications déjà présentes sur la tablette (par exemple google maps, dropbox), et en particulier Snote (prise de notes, retouche de docs, annotations etc) qui se révèle être très polyvalente mais uniquement disponible avec les appareils Samsung.

    L’écran principal de la tablette élève est composé des raccourcis suivants : Galerie, Snote, Evernote, Schématic mind, le dossier cours, superbeam, recforgelite, appareil photo.

    Réglages et paramètrages

    Pour paramétrer les tablettes, j’utilise l’application Appdefender qui bloque l’utilisation de certaines fonctionnalités de la tablette avec un code. Je bloque l’accès à : Alarme, Apk manager, dropbox, google play musique, google play store, paramètres (très important), services google play.

    Dans l’onglet paramètres de la tablette, voici les réglages que j’utilise :
    •    mode économie d’énergie : activé;
    •    sécurité > administrateur de périphérique > autoriser le gestionnaire d’appareils Android à verrouiller l’appareil;
    •     mobile géolocalisé par samsunglive;
    •    clavier samsung avec texte intuitif désactivé (TB pour stopper les fautes mais donne les réponses à l’avance!);
    •     comptes de synchronisation: dropbox et evernote ont un compte commun pour l’ensemble de la classe;
    •    Spen Airview désactivé et économie de batterie ON.
    •    Pour ma tablette, j’utilise aussi les options de développement (entrée: afficher les touches et aff. l’emplacement du pointeur) pour que les élèves voient où j’appuie sur ma tablette.

    La galaxy note 10.1 a un port usb et micro Sd, la galaxy note 8″ un port micro sd mais je ne me suis jamais servi ni de l’un ni de l’autre, tout a été réalisé grâce au même compte dropbox et son système de cloud.

    Mise en place et utilisation en classe

    Je me surprends parfois à regarder mes élèves travailler et à sourire intérieurement. Je prends énormément de plaisir à imaginer des situations pédagogiques variées et nouvelles : « cours dont vous êtes le héros« , différenciation pédagogique et individualisation des parcours, comparaison de plusieurs documents, réalisation de productions au format varié (gif, vidéos), intérêt des élèves pour des détails du document iconographique (zoom et capture d’écran), annotation retouche et augmentation d’un texte etc.

    Je me prends à rêver qu’un de mes élèves va dessiner directement sur la Joconde un LHOOQ ou une paire de lunettes.

    Malgré cela, la mise en place fut parfois laborieuse.

    Les tablettes sont arrivées dans l’établissement le 4 Juillet 2013, soit un jour avant les vacances d’été. Ayant économisé sur le paramétrage des tablettes, j’ai donc rapatrié les 29 Galaxy Note chez moi pour la mise en route, avant de les ramener dans l’établissement la semaine suivante. J’ai toutefois gardé durant l’été 2 tablettes afin d’adapter et de refonder l’ensemble de mes cours et de les tester.

    Dans mon établissement, le débit internet est très faible et souvent insuffisant. N’ayant pas pu tester « en condition » le réseau avec 30 tablettes connectées, j’ai décidé de créer dans un premier temps des activités sans avoir recours à internet. Je reviendrais sur ce point dans un billet futur mais j’y vois beaucoup d’effets positifs.

    Premièrement, j’ai pu me débarrasser rapidement des soucis de distraction que peut créer l’accès au web. Deuxièmement, cela m’a permis de me recentrer sur la nature spécifique des tablettes tactiles (c’est ce qui était à l’origine de mon projet). Troisièmement, je ne suis donc pas dépendant d’un réseau que je sais peu sûr et peu fiable.
    Je me suis vu attribuer une salle de classe spécifique dans mon établissement.

    En effet, j’avais plusieurs demandes:Nberthos_tablettes1

    •    J’enseigne depuis l’an dernier avec des tables en îlots et non en organisation frontale. Ces îlots permettent le travail de groupe (que je compte renforcer avec les tablettes), la sécurisation des tablettes (qui sont placées au centre des îlots) et plus globalement un changement de posture de l’enseignant avec (et non plus face à) ses élèves. Mon but étant de faire collaborer les élèves, qu’ils partagent leurs productions et augmentent les productions de leurs camarades, cette disposition est la plus adaptée à ma pédagogie.
    •    Les tablettes étant placées dans une armoire, elles ne sont pas prêtes à être déplacées de salle en salle. Je devais donc avoir ma salle personnelle.
    •    J’ai aussi demandé à ce que, dans la mesure du possible, ma salle ne soit pas occupée lorsque je n’y suis pas (le lundi). En effet, je viens très souvent au collège pour faire des tests (nouvelles applications, mise à jour des tablettes, rechargement etc) et je dois pouvoir accéder à l’ensemble de la flotte le plus facilement possible.
    •    Le rechargement des tablettes est problématique car ma salle ne dispose que d’une seule prise. Les multiprises étant interdites, il a alors été envisagé de recharger les tablettes via 3 hub usb. Cela ne fonctionne pas correctement, c’est à proscrire à tout prix.
    En effet, le rechargement en basse tension induit des temps de chargement plus longs. Or, de cette manière, les tablettes « chauffent« … Et se déchargent parfois.

    Rechargement des tablettes : un des soucis majeurs relevé par Nicolas

    Le chargement des tablettes est aujourd’hui mon principal souci, le plus chronophage (20 minutes par jour après les cours, 20 minutes à la pause méridienne) et le moins efficace (tablettes qui chauffent, se déchargent, charge trop lente). Ce problème n’est pas réglé mais doit absolument être pensé avant la mise en place de l’expérimentation.

    NBerthos_tablettes3J’utilise en classe à la fois mon ordinateur et ma tablette. L’ordinateur est branché au vidéoprojecteur en VGA, il affiche mon cours (word, prezi). La tablette est connectée au allshare cast par wifi (petit boitier placé au dessus du vidéoprojecteur, branché en hdmi) et qui me permet de récupérer les productions des élèves via l’application superbeam et ainsi de vidéoprojeter une ou plusieurs corrections. Ce dispositif me permet aussi de montrer aux élèves l’activité lorsqu’elle est nouvelle.

    Les tablettes sont utilisées de plusieurs manières en classe et viennent en complément du cahier et du manuel (à compléter avec les billets à venir faire cours avec…).

    Au début de l’heure, je distribue les tablettes et les manuels (qui restent eux aussi en classe). Les élèves font les exercices puis notent la leçon sur leur cahier. Voici quelques configurations que j’ai utilisé:
    1.    Document étudié : tablette. Questions : tableau. Réponses des élèves: cahier.
    2.    Document étudié : manuel. Questions : tableau. Réponses: tablette.
    3.    Document étudié : tableau. Questions : tablettes. Réponses: cahier.
    4.    Documents étudiés : manuel + tablette (perspective comparatiste ou complémentaire). Questions : tableau. Réponses : cahier.
    5.    Documents étudiés: manuel ou tablette. Questions tableau. Réponses: cahier. Dernière réponse de l’exercice (analyse et explications) ou exercice de synthèse (carte mentale par exemple): tablette.
    6.    Exercices: au choix. Reformulation dans une vidéo ou à l’oral (enregistreur vocal) par groupes de 3 élèves avec la tablette.
    7.    Prise de photo de croquis que je dessine au tableau ou qu’un élève a dessiné sur son cahier.

    Comme vous pouvez le constater, cette utilisation n’est pas exclusivement disciplinaire et peut aisément être adaptée à d’autres matières que l’Histoire-Géographie.

    Il est navrant de constater que lorsqu’on parle de numérique à certains professeurs, ceux-ci préfèrent répondre : « Oui, mais dans ma matière, je ne crois pas que cela soit faisable » (histoire malheureusement vécue des dizaines de fois).

    Je n’utilise presque aucune application spécifique à l’histoire géographie (billet à venir : faire cours avec…).

    Le point qui me paraît le plus crucial, est que l’élève apprend à partir du moment où il s’implique dans la réalisation de tâches. Une fois la tablette en main, je lui laisse donc le choix de la forme de la production (utiliser telle ou telle application, utilisation ou non de vidéos, du micro etc).

    Pour transférer les fichiers sur les tablettes ou sur mon ordinateur, je me sers de l’application frog manager (maskott) (importance de l’outil de gestion de classe, que Michèle Monteil, experte à la DGESCO a déjà évoqué dans LudoMag ici ).
    L’application est très efficace et je la recommande. Attention cependant, elle ne convient pas à tous les types de dispositifs puisque l’application fonctionne avec une « clé » qui n’est valable que sur un appareil.

    J’utilise l’arborescence suivante afin que les élèves puissent annoter les documents sans que la classe suivante n’en pâtisse:

    •    A l’aide de l’application ES explorateur, je créé un dossier « cours » que je place sur le bureau.
    •    A l’intérieur de Cours: dossiers 4e, 5e et vidéos.
    •    A l’intérieur de chaque dossier de niveau: le numéro de la classe puis le numéro des chapitres et enfin les documents. (Exemple: Cours > 4e > 4e3 > chapitre 1).
    •    Les documents annotés de 4e3 ne sont donc pas visibles par la 4e4 (en version 4.1.2 d’android il n’existe pas de multicompte mais il apparaît à partir de la version 4.2.2).

    J’ai prévu de faire évoluer les apprentissages des élèves sur la tablette au fur et à mesure de l’avancée de l’année.

    •    Dans un premier temps (Septembre-Novembre): utilisation de Snote, recforgelite, adobe reader (surligner et annoter les documents), captures d’écran, schématic mind (cartes mentales), evernote. Ce premier temps est consacré à l’histoire en classe. En effet, je veux que les élèves maîtrisent la tablette lorsqu’ils devront réaliser des cartes en géographie. De plus, les captures d’écran se prêtent à l’étude de tableaux et de documents iconographiques.

    •    Dans un deuxième temps (Décembre – Mars?): importation de documents dans Snote pour les retoucher et les augmenter, utilisation de QR codes, partage instantané de fichiers entre élèves (à tester avec hangouts par exemple), utilisation d’app spécifiques (exemples à tester: géoportail, applications de la banque mondiale, eurostat), découpage de vidéos, utilisation progressive et encadrée d’internet.

    •    Enfin, et uniquement si l’ensemble des facteurs les permettant sont réunis (maîtrise totale de la tablette par les élèves, accès à internet etc): crowdsourcing, création de cartes, augmentation de documents créés par d’autres élèves, création et partage des problématiques et des réponses par les élèves, création de fiches de révisions sous forme de carte heuristique augmentée, réalisation de webdocumentaires (sans le web jusqu’à présent mais avec le contournement du proxy cela ne devrait pas poser de souci), éducation aux médias, création de gifs pour expliquer des situations en Histoire-Géo-Education civique, retouche photo… J’aurais espéré pouvoir les publier sur des réseaux sociaux (Pinterest, tumblr) mais le proxy du collège empêche cette démarche.

    Freins et premiers bémols après 2 mois d’utilisation : stylets fragiles, manque de soin apporté au matériel par les élèves,…

    – 2 tablettes ont chacune une petite zone sur l’écran (1cm² max) où le stylet n’écrit plus (élèves qui appuient trop fort avec le stylet?)

    – Le côté un peu fragile des stylets: les élèves l’utilisent tout le temps et s’en servent comme un stylo: le mettent à la bouche, dans les cheveux etc.Nberthos_tablettes4

    – 3ème bémol plus grave: les élèves ne prennent pas soin du matériel (bien sûr je leur ai bien expliqué la chance qu’ils avaient). Alors que j’ai passé mon temps à expliquer qu’il fallait leur faire un peu confiance, je me retrouve avec des stylets qui tombent fréquemment par terre par exemple. Aujourd’hui, un élève a dessiné sur la pointe du stylet… Je pense sérieusement à arrêter les activités de captures d’écran (que je trouve pourtant très efficaces sur le plan pédagogique) car je ne suis pas certain que les stylets restent opérationnels jusqu’à la fin de l’année.

    – J’espérais confronter les élèves aux réseaux sociaux (par exemple tumblr ou surtout pinterest) en y publiant leurs productions dans un souci d’éducation aux médias.
    En effet, le partage est très grandement facilité par les tablettes : presque toutes les applications comportent un bouton « partager » menant directement à l’application. Cette pratique se rapproche de l’usage que les élèves (mais pas qu’eux) ont de leurs appareils mobiles (smartphones et tablettes). Cependant, cette idée est irréalisable car nous annotons et retouchons des documents frappés du droit d’auteur. Ne pas pouvoir éduquer mes élèves à la pratique de la publication et du partage est un de mes plus grands regrets car ce sont des comportements actuels soumis à de réels dangers sur lesquels l’école a du mal à se positionner : lors des leçons nous leurs expliquons les risques de ces publications mais à aucun moment ils n’expérimentent par eux-mêmes l’exposition que représente un partage sur un réseau social ou même un simple like.

    – J’espérais pouvoir utiliser l’application flipboard pour tenir un journal de classe mais il faut pour cela une connexion internet fiable et sécurisée en classe, ce dont je ne dispose pas.

    – Un des freins les plus sérieux que je rencontre est l’absence d’accès à internet de la part de certains élèves chez eux (4 parmi mes 170) ainsi que l’absence d’habitude qu’ils ont d’aller récupérer des ressources sur internet. Je désigne par exemple à chaque heure un « journaliste« , qui ne prend pas la leçon (je lui fournis sous forme de photocopie) mais qui doit noter ce qu’il se passe durant le cours. Cette tâche est nouvelle pour eux, les productions sont donc inégales. Je publie dès la fin du cours ce travail sur l’adresse mail que j’ai créé pour la classe (eleve19apont@gmail.com). Mais lorsque je regarde le nombre de vues…

    Or, il arrive assez souvent que la tablette soit le support d’une production (Snote, evernote ou autre) ou simplement le support sur lequel les élèves rédigent leurs réponses. Dans ce cas là, ils n’ont pas de moyen de réviser (ou simplement de récupérer) les exercices effectués en classe. De même, je mets chacun de mes cours en ligne sur Youtube. Ici aussi, si les premières vidéos ont été regardées (environ 70 vues pour la première), ni les absents ni ceux qui veulent réviser leur leçon ne s’y rendent régulièrement (les dernières culminent à… 3 vues).

    – Naturellement se pose alors la question de l’ENT, censé centraliser les informations des élèves et donc de rendre leurs démarches plus accessibles et intuitives. Dans mon collège, au mois de novembre, les élèves n’ont toujours pas leurs codes permettant de s’identifier. Mais le souci va plus loin: depuis ma tablette, il est très facile pour moi de partager le travail des élèves via le bouton partager.

    L’ENT n’est pas encore opérationnel de ce point de vue et rajoute une charge de travail supplémentaire (transférer le travail des élèves sur mon ordinateur, m’identifier, créer le lien). Il ne fait cependant pas de doute qu’à terme l’ENT sera l’outil indispensable par son rôle centralisateur et deviendra un prolongement de l’espace d’apprentissage des élèves. Peut-être en créant une application ENT accessible depuis l’appareil mobile (et non uniquement depuis le web)?

    – Enfin, dernière déception (ou manque de précaution?): la galaxy note 10.1 (professeur) et la galaxy note 8″ ne sont pas les mêmes appareils. La galaxy note 10.1 devrait bientôt être remplacée par une version actualisée… Cela ne lui fera pas de mal: sa batterie n’est pas très résistante (largement suffisante pour 1 journée de cours toutefois) et ne se recharge efficacement que sur secteur.

    Eléments de conclusion…

    Il est encore trop tôt pour tirer des conclusions définitives. Cependant, certaines leçons me semblent notables dès à présent.

    – Comme décrit dans la plupart des retours d’expérimentations, je pense qu’il ne faut pas négliger les aspects techniques: rechargement des tablettes, stockage, mobilité, pannes éventuelles etc.

    – Je suis très satisfait du matériel acheté par mon établissement: haut de gamme pour la tablette, système Android. Le stylet constitue le seul bémol à mon enthousiasme.

    – Je conseillerais de ne s’engager dans ce type de projet, très chronophage, qu’avec des professeurs réellement prêts à changer totalement leur pédagogie. La tablette ne sert pas qu’à aller sur internet. Je pense que cette nécessité est déjà en train de s’imposer à nous (avec plus ou moins de rapidité ou de résistance) mais certains collègues préfèrent bloquer cette évolution plutôt qu’essayer de la comprendre et de s’en emparer.

    – Avec ce type d’outil, c’est une fois de plus le mythe des digital natives qui tombe.

    – J’insiste sur le côté non disciplinaire de l’utilisation de la tablette. J’ai trop souvent vu des professeurs penser que le numérique n’est pas fait pour leur matière par méconnaissance de l’outil. C’est une lapalissade mais la formation dans ce domaine est essentielle et nécessaire.

    – J’insiste aussi sur la nécessité d’acquérir la compétence « contourner les problèmes » (que les enseignants ont déjà largement développé pour des soucis non numériques).

    – Le fait de ne pas utiliser internet (pour l’instant) est très intéressant mais le but final de mon expérimentation est bien de former les élèves aux nouveaux usages et enjeux d’un monde connecté.

    – Enfin, même s’il tend à se banaliser au fur et à mesure de l’expérimentation, le plaisir d’enseigner avec ce type de matériel, de créer des séances innovantes, de voir les élèves s’impliquer est immense. Ce plaisir me semble partagé par les élèves que je vois très impliqués dans la réalisation des tâches que je leur donne. J’ai par exemple du mal à réussir mes corrections d’exercice car les élèves veulent à tout prix terminer leur tâche, la personnaliser au maximum (police, couleur etc).

    Les prochains billets seront consacrés au fonctionnement des cours: faire cours avec Snote, Faire cours avec Evernote, Faire cours avec Schématic mind etc.

    Nicolas Bertos.

    Plus d’infos :
    Le blog de Nicolas : http://theraphproject.blogspot.fr/

    Le projet d’enseignement avec tablettes ici
    Pourquoi utiliser les tablettes en classe ? argumentaire par Nicolas Bertos sur Prezi