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  • Les nouvelles compétences liées au numérique

    Les nouvelles compétences liées au numérique

    Interview de Thierry Karsenti, professeur à l’université de Montréal à la faculté des sciences de l’éducation. Il vient parler au micro de ludomag de toute une série d’articles qu’il a publiés sur les « Nouvelles compétences liées au numérique ». En d’autres termes, « que souhaite t-on que les jeunes maîtrisent au niveau du numérique »?

    « Nous avons également beaucoup travaillé sur le concept de passivité des élèves avec le numérique car c’est un véritable fléau au Canada« .

    « L’idée est maintenant de mettre les élèves en action ».

    Quid du « T » de « Technologie » qui aurait tendance à éloigner les enseignants de l’envie de se plonger dans les usages du numérique…
    Bilan sur l’usage des tablettes par les lycéens à Montréal…

    Interview réalisée à Ludovia#14 par Michel Guillou et Christophe Batier.

     

     

  • CLAIR ou « Voir l’éducation autrement », du 26 au 28 janvier 2017

    CLAIR ou « Voir l’éducation autrement », du 26 au 28 janvier 2017

    Clair ou « Voir l’éducation autrement », ce sont quatre villages, une école et des élèves heureux d’ »Apprendre pour la vie ».

    NinonLouiseCLAIR1_240117

    La conférence Clair 2017 aura lieu à guichets fermés du 26 au 28 janvier. Pour se mettre dans l’ambiance, j’ai rencontré M. Roberto Gauvin.

    Clair est ce village mythique du Nouveau Brunswick où, chaque année, des professionnels de l’éducation se rencontrent pour étudier de près cette école différente, le Centre d’@pprentissage du Haut-Madawaska (CAHM) , et y discuter pédagogie nouvelle et pédagogie à l’ère du numérique.

    J’ai eu la chance de vivre « mon Clair à moi » le temps d’une visite et d’une rencontre privilégiée avec son directeur inspiré, M. Roberto Gauvin. Après avoir débuté sa carrière à Saint-Jean au Nouveau Brunswick, ce dernier a migré au Manitoba pour y enseigner les sciences en immersion française. Il est finalement revenu vers son Nouveau-Brunswick natal en 2000, comme directeur du CAHM.

    L’élément déclencheur

    En 1997, le district scolaire du Haut-Madawaska a décidé de fermer les écoles de quatre villages voisins pour établir à Clair, une école différente. On a promis aux populations : « Vous aurez une école dont vous serez fiers ».

    C’est pour réaliser cette promesse que Roberto Gauvin a reçu le mandat précis d’établir une école où le numérique tiendrait une place centrale.

    Les innovations pédagogiques, sa participation et celle de ses écoliers à des conférences et des projets locaux et internationaux n’ont pas cessé depuis. M. Gauvin a reçu dès 2002 le «Prix du Héros communautaire en TI» d’Industrie Canada. Il est l’un des principaux organisateurs du colloque annuel de Clair. Il participe au développement d’un Labo créatif au CAHM et au projet Acadiepédia.

    Sa philosophie de l’éducation

    Pourquoi faire différent ? « Certains parents regardent l’éducation traditionnelle et disent ça marche pour mon enfant, pourquoi doit-on faire différemment. C’est que ça marche pour certains enfants mais ça ne marche pas pour tous les enfants », explique-t-il.

    La philosophie de M. Gauvin s’appuie principalement sur la Théorie du choix de William Glasser et la théorie de l’auto-détermination. Il s’agit d’une approche selon laquelle l’individu est responsable de ses choix et de sa transformation personnelle. C’est cette approche de responsabilisation individuelle qu’il tente quotidiennement d’implanter auprès de tous les élèves de son école avec son équipe d’enseignants, qu’il a su convaincre du bien fondé de cette attitude.

    L’indéniable succès de cette vision de l’éducation n’a pas été instantané. Le changement prend du temps et la petite tortue sur le bureau de Roberto Gauvin vise à lui rappeler qu’il faut avancer un pas à la fois.

    À propos de leadership

    Quand on oeuvre dans l’innovation, on n’a pas de preuves à offrir à ceux qui questionnent. Il faut donc développer une culture où les enseignants acceptent de prendre des risques, sachant que leur directeur les soutient (et les encourage).

    Si certains directeurs ont peur de perdre le contrôle sur leurs enseignants, il préfère quant à lui éliminer les barrières en leur donnant le contrôle pédagogique. Il a promis à son personnel qu’il les accompagnera et leur donnera ce dont ils ont besoin pour réaliser leurs projets éducatifs. Il estime en effet que son travail de directeur est de s’assurer que son équipe dispose des outils pour faire ce qu’elle doit faire.

    Être un leader, un directeur d’école, ne signifie pas de contrôler, mais d’encourager les membres de l’équipe pédagogique à travailler dans le même sens, avec la même mission en tête. Lorsque tout le personnel d’une école avance ensemble dans la même direction, c’est alors possible de vivre l’école autrement.

    La gestion du changement

    NinonLouiseCLAIR2_240117Roberto Gauvin propose quelques conseils :

    1 – Développer des leaders au sein de nos établissements pour continuer la culture d’ouverture au changement.

    2 – Responsabiliser les enseignants à faire des choses nouvelles (ce qui développe leur leadership).

    3 – Ne pas être toujours réactif à ce qui se passe.

    4- Briser l’isolement de ceux qui innovent en éducation (c’est d’ailleurs l’un des buts de la conférence «Clair»).

    5 – Avec de la liberté vient aussi de la responsabilité. Il faut être capable de démontrer que ce que l’on fait ajoute de la valeur, de la qualité à l’éducation offerte à nos écoliers.

    6 -Un mercredi après-midi sur deux, tout le personnel de l’école se rencontre pour planifier et coordonner ses activités.

    Le pédagogue formule . . .

    Le modèle pédagogique du CAHM de Clair, qui permet aux élèves d’»Apprendre pour la vie» repose sur les piliers suivants.

    1 – Une direction au service de son équipe d’enseignants et qui s’appuie sur les forces de chacun pour réaliser avec eux leur école rêvée.

    2- Une structure organisationnelle dont les membres savent qu’il peuvent prendre des risques, ont droit à l’erreur et qu’ils sont supportés.

    3 – Le respect des besoins fondamentaux, dont la satisfaction, ce qui permet le développement optimal de l’individu :

    • autonomie, se sentir à la source de ses actions ;
    • compétence, se sentir efficace ;
    • appartenance sociale, se sentir connecté, supporté par d’autres personnes.

    4 – L’appui d’une pédagogie expérientielle et de la métacognition, qui demande au jeune de:

    • planifier et travailler pour atteindre son objectif ;
    • découvrir les connaissances nécessaires à l’accomplissement des tâches ;
    • réfléchissez à son travail,
    • puis, à la fin du processus, devenir un « expert» du sujet sur lequel il a travaillé.

    5 -Le maintien du délicat équilibre entre le souci de réussite des apprentissages tout en permettant à chacun de progresser à son rythme.

    6 – L’amélioration de l’apprentissage chez les élèves sans nuire à ceux qui savent déjà, leur apprendre à aller aider ceux qui ont de la difficulté. Quand les élèves sentent qu’ils sont une partie d’une dynamique d’apprentissage, ils se sentent fiers et confiants.

    Un exemple parmi d’autres, les jeunes « experts » en numérique du CAHM donnent des cours aux personnes âgées de la communauté, selon les besoins exprimés par ces derniers : l’un pour apprendre à écrire des courriels, l’autre faire des recherches sur Internet, ou l’autre encore trouver et jouer des jeux, . . .

    . . . et le didacticien applique

    Au CAHM, on fait des projets, des activités parce qu’on en voit le potentiel pour la formation de leurs écoliers. On désire leur offrir «un coffre à outils de vie» et ces activités dépassent les exigences du ministère de l’éducation.

    A – Laventure numérique

    Le numérique fait partie de la vie scolaire des élèves du CAHM. Ceux qui le désirent travaillent avec des appareils mobiles. Les élèves de 6ème et 5ème ont tous un portable. Les autres peuvent utiliser les appareils disponibles à l’école ou apporter leurs appareils de la maison.

    Les élèves ont la liberté d’utiliser l’outil de leur choix pour réaliser l’activité de leur choix. Il faut toutefois soumettre leur projet par écrit et l’accompagner d’une première ébauche de plan. Les élèves peuvent travailler à leurs projets sur l’heure du midi ou pendant les récréations. L’école dispose d’un réseau sans fil.

    Le numérique force certaines remises en question pédagogiques.   L’ajout d’un jeu vidéo comme Minecraft dans un contexte scolaire, par exemple, favorise le développement de compétences que l’élève appliquera à son quotidien.

    NinonLouiseCLAIR3_240117

    B- Le Labo Créatif

    Le Labo Créatif du CAHM, mis-en-place en 2014, permet un apprentissage par la pratique à l’aide de technologies variées. À l’image du mouvement mondial Maker, et affilié au programme Brilliant Labs / Labos créatifs du Canada Atlantique, cet espace rend l’apprentissage signifiant pour les élèves car il leur permet de s’appliquer à résoudre des problèmes et de relever des défis qui ont un sens dans leur quotidien.

    La différenciation pédagogique est favorisée. On trouvera au Labo créatif des élèves de CE2, de CM2 et de cinquième qui y travaillent au même moment à leurs projets respectifs pendant que d’autres élèves de ces mêmes classes s’appliquent, à l’aide de leurs enseignants, à approfondir quelques sujets d’étude où ils doivent combler certaines lacunes ou alors que d’autres poursuivent leurs recherches en bibliothèque.

    Le Labo créatif du CAHM est spectaculaire tant par la beauté du lieu que par la diversité des usages qu’en font les écoliers. Lors de ma visite, j’ai pu discuter avec plusieurs d’entre eux qui m’ont fait part de leur travail. Certains travaillent en solitaire à construire des robots, à programmer des jeux ou faire parler des plantes, d’autres forment équipe pour construire le modèle de leur village sur Minecraft ou planifier de spectaculaires circuits où ils appliquent et affinent leurs connaissances en programmation et en robotique.

    Le site présente l’impressionnante liste des projets actuellement en cours.

    C – Programme ENVOL

    ENVOL, l’acronyme de Programme d’Exploration Novateur avec des Volets Orientant et en Leadership fait aussi référence à la chanson thème de l’école : Prendre son envol.

    Ce programme, qui existe depuis plusieurs années, se vit un mercredi après-midi sur deux. De la maternelle au CE1, les élèves vivent des activités qui leur permettent de faire des découvertes et développer leurs talents. De CE2 à la Cinquième, les élèves qui le désirent, participent à des projets de type entrepreneurial 

    La Corporation au bénéfice du développement communautaire Madawaska Inc. offre les ressources financières qui assurent le développement entrepreneurial des volets proposés. Un site web permet aux élèves de développer leurs pages d’entreprises et la communauté peut ainsi voir le développement des projets tout au long de l’année scolaire.

    Voici des exemples des projets des élèves cette année :

    D – Acadiepédia

    À l’origine d’Acadiepédia, en 2014, le directeur Roberto Gauvin désirait développer un espace de publication gratuit pour permettre aux autres écoles et leurs élèves de son district de co-construire avec les outils du WEB. 2.0.

    Acadiepédia comporte trois parties.

    1 – Un Wiki de collaboration permet aux élèves de présenter leur communauté comme ils aimeraient la faire découvrir. Ils y décrivent leurs gens et leurs idées à leur manière. On y trouve aussi des vidéos et une liste d’artistes acadiens.

    2- Le Blogue des jeunes invite les élèves à rédiger des articles sur un fil de presse WEB. Près de 1300 élèves ont accès à ce blogue. Plusieurs des billets écrits par les élèves sont partagés avec le public sur la page Facebook d’Acadiepédia. Le but pédagogique de ce blogue est d’encourager les élèves à publier.

    3- La très populaire Radio des jeunes d’Acadiepédia permet à ces derniers de participer à la réalisation et à la production d’émissions de radio en format MP3.

    Témoignage d’une élève sur le Blog des jeunes d’Acapédia «  Oct 11, 2016 ~ Par Amy-Lee Boulay END .entry-meta .entry-header

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    Mon école le CAHM

    Dans mon école, il y a 197 élèves, de la maternelle à la 8e année. À mon école, on a un beau Labo-Créatif .. . . Dans ce labo, on a beaucoup de robots, d’ordinateurs, de matériel et plein d’autres belles choses. .. . «

    « Elle poursuit, on a des activités extraordinaire comme: hot dog roast, déjeuner aux crêpes, un studio d’enregistrement, JAG, ENVOL, une équipe de mini-handball, des équipes de volley-ball masculin et féminin, une belle harmonie et même deux perruches dans notre bibliothèque! »

    .. .

    MERCI!

    Maude, une étudiante de 16 ans en congé pédagogique, m’a accompagné lors de ma visite. Voici son commentaire :

    « De nos jours, nous (les élèves) ne sommes pas évalués pour nos capacités, nos qualités et qui nous sommes vraiment, mais sur des résultats basés sur du «par coeur» en général (mémorisation). L’école où nous sommes allées (le CAHM) est très valorisante pour les jeunes puisqu’elle leur permet de s’épanouir dans ce qu’ils aiment vraiment. Ces jeunes découvrent des choses. Par la suite, ils partagent leurs connaissances avec des plus jeunes ou même avec des adultes, ce qui doit leur donner confiance. »

    • Malgré le fait qu’ils soient dans un petit village, cet établissement est adapté à notre monde technologique bien plus que d’autres écoles qui m’entourent (Maude est de la région de Montréal). Cette école permet à ses jeunes d’exceller dans quelque chose qui les passionnent vraiment puisqu’ils peuvent s’essayer à une variété d’activité»

    En conclusion

    Les conditions gagnantes pour « Voir l’éducation autrement » retenues de ma visite à Clair et de mon entretien avec Roberto Gauvin.

    1 – Une volonté de l’administration du conseil scolaire.

    2- Présence d’un leader pédagogique. Au CAHM, c’est le directeur, qui définit ainsi son rôle :

    • supporter les démarches innovatrices de ses enseignants ;
    • apprendre aux écoliers à être responsable de leurs apprentissages.

    3 – Une équipe d’enseignants unis qui dirigent tous le bateau dans la même direction.

    4- Une communauté locale qui exprime ses accords et ses doutes, sait discuter, écouter et supporter son école. . ..

    5- . . . et de la patience et du temps.

    Le CAHM de Clair est comme un pré fleuri où butine chaque année, malgré le froid de janvier, un essaim d’abeilles éducatrices qui par la suite s’affairent à nourrir de ce miel pédagogique leur milieu respectif.

    En ce début de 21ème siècle, la « révolution éducative » se fait souvent dans les champs, hors les murs. Ludovia, sous la chaleur d’août et l’air pur des Pyrénées, en est un autre exemple.

    Vous pourrez suivre le fil twitter de la conférence Clair 2017  du 26 au 28 janvier sur le fil twitter #clair2017!

     

    Une version de cet article a été publié sur École branchée les 16 et 17 janvier 2017

     

  • La pédagogie active et le numérique à l’honneur

    La pédagogie active et le numérique à l’honneur

    Le 11 novembre dernier, la pédagogie active était à l’honneur à l’Académie Lafontaine de Saint Jérôme au Québec. Retour sur une série de démonstrations inspirantes.

    ninonlouise_academielafontaine2L’Académie Lafontaine a été l’hôte d’un Sommet Google pour l’éducation et iOS, en collaboration avec EdTechTeam. La veille, soit le 11 novembre 2016, l’établissement ouvrait ses portes pour une journée pré-sommet toute spéciale, sur le thème de la pédagogie active.

    Une quinzaine de personnes ont participé à cette immersion dans une école résolument entrée dans le 21e siècle, où des murs verts permettent aux élèves d’exercer au passage leurs talents de cinéastes et où divers moyens pédagogiques sont mis de l’avant pour les aider à apprendre et développer quatre compétences qui leur seront utiles tout au long de leur vie : la créativité, la communication, la collaboration et la pensée critique.

    Pendant la journée, différents « ateliers » ont permis d’observer les enseignants et les élèves en pleine action.

    Le décloisonnement, la différenciation et l’utilisation de Showbie en 6ème année.

    Tout d’abord, on a pu faire la connaissance des « 2K », Kathleen Godard et Karine Richard, deux enseignants qui travaillent en collaboration (on pourrait même dire en symbiose). Leurs classes se font face au bout d’un couloir. Les élèves circulent librement (et sagement) d’un local à l’autre, selon l‘intention pédagogique du moment.
    Nous avons visité leurs classes et observé les élèves s’affairer à diverses tâches adaptées au développement de leurs connaissances.

    Tous utilisent l’application Showbie  sur leur iPad pour faire le suivi de leurs travaux. L’application permet à l’enseignant de distribuer rapidement des travaux à toute la classe.

    Elle soutient aussi la différenciation pédagogique, une approche qui préconise la variété des travaux réalisés par les élèves autour d’un même objectif d’apprentissage, en facilitant la gestion des différents formats.

    Enfin, les parents peuvent l’utiliser pour voir les travaux de leurs enfants.  Showbie est disponible en version gratuite et en version Pro.

    Je me suis attardée à discuter avec deux écoliers formant équipe pour un travail en français. Afin de développer leurs compétences reliées à la lecture d’un texte, ils regardent un dessin animé muet «Pigeons impossibles » et doivent s’entendre pour donner la même réponse aux questions, sauf à la dernière pour laquelle chacun doit rédiger une réponse personnelle. Leur truc est de lire les questions avant de regarder la vidéo.

    Après le visionnement, ils écrivent les réponses sous la question de leur tablette. Ils préfèrent de beaucoup écrire sur leur iPad car écrire à la main leur donne des ampoules aux doigts m’affirment-ils !

    Google Expédition en classe de science de 3ème secondaire (4ème du collège)

    ninonlouise_academielafontaine

    Plus tard, avec l’enseignante Laurie Ruel et Google Expedition, nous avons exploré virtuellement une illustration du poumon humain en trois dimensions.

    Mme Ruel utilise occasionnellement cette nouvelle application avec ses élèves pour rendre plus concret l’enseignement et l’apprentissage de la biologie humaine.

    Les élèves ont alors vraiment l’impression de naviguer à l’intérieur du corps et cela leur permet de mieux comprendre différents concepts. Une présentation de 50 minutes en anglais permet d’en apprendre davantage sur cette technologie prometteuse, mais encore difficile d’utilisation compte-tenu de ses exigences techniques.

    Apprentissage de la rédaction d’un texte argumentatif en 4ème secondaire (3ème du Collège)

    Comme autre démonstration de l’apprentissage actif à l’Académie Lafontaine, l’enseignant François Hallé a assigné un sujet de discussion différent à chaque groupe de six élèves. Dans chaque équipe, les élèves se regroupaient deux par deux et disposaient de trois minutes pour formuler une question se rapportant au sujet. Puis, c’’était l’heure du « VoxPop ». Les deux élèves sont allés poser leur question à d’autres personnes (élèves ou visiteurs pour l’occasion!), en filmant les répondants avec leur iPad.

    Ils devaient par la suite rédiger un texte argumentatif de 400 à 500 mots dans lequel ils exprimaient leur propre opinion sur la question. Ce texte sera appuyé d’extraits vidéo enregistrés au moment du VoxPop.

    L’activité se déroulait volontairement dans une grande salle. Les élèves disposaient alors d’un plus grand espace, d’une plus grande liberté de mouvement, pour interviewer les répondants au VoxPop. M. Hallé estime que le choix d’une telle salle joue certainement un rôle important dans le bon déroulement de l’activité, en comparaison avec l’espace restreint d’une classe. En effet, on a pu remarquer beaucoup de calme et de sérieux dans la tâche de la part des élèves.

    Atelier de rétroaction en art dramatique

    L’enseignant Sylvain Desautels a permis aux visiteurs d’assister à la première ébauche d’un spectacle de théâtre d’ombre. Ses élèves de 1ère secondaire préparent ce spectacle pour les élèves de 2e et 3e année du primaire, leur public cible.

    En groupe de trois, ils ont présenté tour à tour leur courte séance. Pendant ce temps, les autres élèves avaient pour tâche de regarder, puis d’inscrire leurs commentaires sur l’iPad. Les commentaires devaient se rapporter à certains aspects précis de la performance des comédiens et M. Desautels avait préalablement préparé un document Google Forms pour les guider.

    Comme il s’agit d’un travail de création collaboratif, on tiendra compte des commentaires de tout le groupe pour améliorer le spectacle. Lorsqu’ils seront prêts, les élèves pourront offrir aux spectateurs un éblouissant spectacle où l’héroïque chevalier saura vaincre tous les ennemis et libérer la belle princesse.

    On s’active aussi en troisième année

    Avec les enseignantes Maude Lamoureux, Kim Demers et Marieve Lapointe, ce sont des élèves de troisième année très occupés que nous sommes allés rencontrer.

    Les uns, dans le couloir, étaient affairés à programmer leur robot Sphero afin que celui-ci parcoure un tracé précis. Ici, les notions mathématiques de mesure d’angles formaient le sujet d’étude. Dans ce type de tâche, l’erreur est non seulement acceptée, mais joue un rôle prépondérant vers la réussite.

    D’autres élèves, à leur table, travaillaient seuls ou en équipe à rédiger et peaufiner l’histoire qu’ils ont créée suite à une séquence de littérature jeunesse sur le thème des monstres.

    Ils se sont montrés très habiles à utiliser les technologies, que ce soit Scratch (pour la programmation de leur robot), Book Creator ou PicCollage (pour la rédaction de leur histoire) et à critiquer leurs erreurs d’usage. On a remarqué qu’ils travaillent sérieusement dans une atmosphère où la collaboration et la communication sont essentielles.

    Conclusion de la pédagogue

    Voir des écoliers à l’oeuvre, entendre des enseignants échanger entre eux avec enthousiasme de leurs expériences et de leur quotidien dans l’usage du numérique me donne toujours beaucoup de bonheur. Comment chaque élève auprès desquels je me suis attardée avait un réel plaisir à m’expliquer le fonctionnement de l’application qu’il utilisait ainsi que la technique personnelle qu’il avait développée pour accomplir la tâche m’a particulièrement amusé.

    Au Québec, on donne le nom « Académie »à des établissement d’enseignement.

    Ce texte a été publié une première fois dans École branchée les 29 et 30 novembre.

  • L’adoption d’innovations pédagogiques

    L’adoption d’innovations pédagogiques

    Jacques Viens, Directeur du Département de psychopédagogie et d’andragogie à l’Université de Montréal a assisté au C2E 2016 à Poitiers. Nous avons profité de sa présence pour l’interroger sur un sujet de ses travaux à savoir « l’adoption d’innovations pédagogiques ».

    Avec les nouvelles technologies, les chercheurs essaient de mettre en place de nouveaux usages. Et ce que souligne Jacques Viens est que les usages sont abordés différemment par les personnes : « bien souvent, il y a des détournements très riches mais aussi des usages de surface qui ne vont pas très loin« .

    Il part du principe, bien ancré maintenant que « au-delà de mettre les outils dans la classe, il faut penser à comment on va les utiliser et comment on va faire que les enseignants vont savoir les utiliser d’une façon qui va permettre à leurs apprenants d’en tirer un profit maximum« .

    L’adoption doit être par les étudiants et par les enseignants.

    Découvrez le développement de la réflexion de Jacques Viens sur ce sujet dans la vidéo ci-contre.

    Crédit photo : Ninon Louise Lepage

  • Comme elle est jolie mon école !

    Comme elle est jolie mon école !

    Au Québec, on donne le nom «Académie» à un établissement d’enseignement. L’Académie Sainte-Anne de Dorval, qui a ouvert ses portes en septembre 2015, est une école élémentaire bilingue français/anglais qui accueille des élèves francophones, anglophones et allophones.

    C’est une école logée dans un édifice ancien mais dont le design intérieur est contemporain. Cette école fait de l’innovation en éducation son leitmotive, non seulement par la mise-en-place d’un agréable décor mais principalement par une pédagogie avant-gardiste.

    Regardez la vidéo suivante qui décrit le projet pédagogique de l’Académie Sainte-Anne. On y raconte les réflexions qui ont mené au concept pédagogique de l’Académie. Il illustre non seulement la pédagogie préconisée mais on y insiste sur l’importance de l’aménagement d’espaces multiples d’apprentissage : « l’espace est un autre professeur, c’est comme un prof adjoint, un troisième prof qui va favoriser un meilleur apprentissage », dit Pierre Thibault en conclusion.

    Un comité pluridisciplinaire, sous la responsabilité de madame Isabelle Senécal, a travaillé dès 2013 à la conception de la vision pédagogique de cette école différente. 

    On y a redéfini :

    1 – les rôles de l’enseignant. Il sera :

    • non seulement un guide disciplinaire par ses connaissances des contenus d’apprentissages ;
    • un planificateur, en anticipant les obstacles à l’apprentissage ;
    • un communicateur, en favorisant les échanges avec les écoliers ;
    • un entraîneur, en motivant ses élèves ;
    • un modèle, dans ses comportements ;
    • mais aussi un collaborateur, en partageant avec ses collègues, un innovateur, un évaluateur et un ambassadeur représentatif de l’établissement.

    2 – les conditions de développement des compétences des élèves :

    • des stratégies et méthodes d’enseignement, variées, inclusives et adaptées à l’élève ;
    • du matériel didactique pertinent et adaptable ;
    • des outils numériques collaboratifs et interactifs;
    • un modèle de classe polyvalent ;
    • et des stratégies d’évaluation intégrées et signifiantes.

    3 – À la fin de son parcours scolaire, dont le primaire n’est qu’une étape, les élèves :

    – auront développé une pensée analytique et créative utile à la résolution de       problèmes ;

    • sauront écouter et s’exprimer avec clarté ;
    • sauront travailler en équipe ;
    • comprendront les environnements numériques ;
    • auront une compréhension de certains enjeux contemporains et apprendront à agir dans ce domaine ;
    • chercheront à se dépasser .

    Les fondements pédagogiques de l’enseignement préconisé par l’établissement sont présentées dans Stratégies et méthodes d’enseignement, mis en ligne à l’été 2016. Placer l’élève au centre de son apprentissage en lui faisant résoudre des problèmes, relever des défis, favoriser la collaboration, lier le contenu de l’enseignement à la réalité et créer une culture essai-erreur sont autant de principes mis quotidiennement en place à l’Académie Saint-Anne.

    Le projet éducatif de l’Académie est axé sur le bilinguisme, la science, la créativité et les mathématiques. Le raisonnement complexe, la ténacité, ainsi que l’intégration des technologies numériques forment les assises des apprentissages.

    Pourtant, selon Innovation Sainte-Anne, innover à l’école, ce n’est pas sorcier.

    Plus d’infos :
    vous pouvez suivre l’Académie Saint-Anne sur son site Facebook

    Conclusion de la pédagogue :
    L’éducation et nos écoles changent. C’est une évolution dynamique, un processus à suivre.

  • Avez-vous votre badge ?

    Avez-vous votre badge ?

    [callout]Le CADRE, Centre d’animation, de développement et de recherche en éducation, un CADRE pour le 21e siècle, d’où le nom de CADRE 21 s’est tout récemment établi dans les bureaux de la Fédération des établissements d’enseignement privés (FÉEP) du Québec, dans le quartier Ahuntsic à Montréal.[/callout]

    J’ai profité des portes ouvertes en vue de présenter leurs magnifiques locaux à la communauté, pour y rencontrer Normand Brodeur et Jacques Cool.

    L’origine de CADRE21

    CADRE21NLLepage3_220316Pour une seconde fois en dix ans la Fédération des établissements d’enseignement privés (FÉEP) du Québec avait questionné environ 40 000 élèves de son réseau relativement à leur perception de l’école.  À son grand désarroi, ces élèves choyés, la plupart issus de familles bourgeoises, apprécient beaucoup moins l’école, ont moins confiance en leur capacité de réussir leurs études et pire encore, y mettent de moins en moins d’effort.

    En réponse à ce constat, un chantier baptisé « L’école de demain » vit le jour, avec onze comités de travail formés, regroupant plus d’une centaine d’enseignants, directeurs d’écoles et conseillers pédagogiques.  Quatre ans de délibération ont mené à la création de CADRE 21.

    Les objectifs de CADRE21

    CADRE21 s’articule autour de trois objectifs :
    . Offrir des opportunités de développement professionnel associées à l’intégration du numérique (exploitation des TIC, gestion de classe, stratégies pédagogiques, etc.)

    . Reconnaitre les initiatives personnelles des enseignants via un système de badges (le badge étant une image associée à un ensemble de données montrant, preuves à l’appui, l’atteinte d’objectifs, d’après un solide design pédagogique)

    . Effectuer de la veille et partager des pratiques gagnantes dans le réseau, en fédération avec divers partenaires déjà établis. (source : CADRE21)

    La clientèle visée

    Selon Nancy Brousseau,  Directrice générale de la Fédération des établissements d’enseignement privés (FEEP),

    le défi de CADRE21 est de placer tous les citoyens du monde l’éducation au centre de leur apprentissage.

    « CADRE21 s’adresse à tous les secteurs et à tous les enseignants de tous les niveaux de partout dans la francophonie. Il se veut la suite logique des travaux des dernières années effectués au sein de la FÉEP pour mieux appréhender « L’École de demain »».
    La formation
    Un système de badges professionnels est au cœur de CADRE 21.  De partout en francophonie, les enseignants de tout niveau pourront collectionner ces badges numériques.

    Le badge est une reconnaissance concrète des compétences du 21ème siècle et est offert à un enseignant suite à son engagement dans des activités de formation continue concernant trois domaines liés à ses activités professionnelles quotidiennes.

    CADRE21NLLepage4_220316– Badge reconnaissant l’intégration des TIC dans la pédagogie en utilisant une variété d’outils pertinents ;
    – Badge reconnaissant l’emploi de diverses stratégies et approches pédagogiques dans le but d’approfondir l’apprentissage chez l’élève ;
    – Badge reconnaissant l’emploi de diverses stratégies de gestion de classe adaptées à différentes situations impliquant l’encadrement des élèves dans le feu de l’action.

    Jacques Cool coordonne le développement des activités de formation en ligne, les 25 sujets d’étude qui seront répartis entre les trois domaines d’activités pédagogiques.  Il s’assure de choisir judicieusement les sujets ainsi que les experts de contenu, qui sont principalement des gens reconnus pour leur expertise en éducation.

    CADRE21NLLepage2_220316

    Au niveau explorateur, l’enseignant aura en première étape, accès à un présentoir de contenu non-linaire qu’il pourra explorer à son rythme avec cependant une intention d’écoute.

    La deuxième étape consiste en une activité introspective : il est invité à réfléchir sur l’influence que la pratique éducative étudiée aura sur son enseignement.
    En troisième étape, il devra s’interroger sur l’impact que cette nouvelle pratique aura sur ses élèves.
    La quatrième étape consiste en un quizz d’auto-évaluation, une activité purement formative qui lui permettra de préciser sa pensée par rapport au sujet d’étude.

    Suite à cette démarche introspective, l’enseignant/étudiant soumettra une demande pour obtenir son badge numérique.  Il fournira à CADRE21, les administrateurs de la plateforme virtuelle, diverses pièces justificatives, écrites et/ou visuelles.  Suite à l’évaluation du dossier du participant, un badge crypté, individualisé et non transférable  lui sera attribué.  Ce badge est en fait un URL par lequel tous pourront accéder aux productions qui ont mené l’enseignant à l’obtention du badge.
    Le même type de démarche analytique mènera à l’obtention des badges : Architecte, Virtuose et Innovateur.
    Trois sujets d’étude sont présentement disponibles, à faible coût :
    la Gestion de classe ; l’Écriture collaborative ; la Classe inversée.

    CADRE 21 se veut un incubateur de transformation pédagogique dans la francophonie, un projet inclusif et décloisonné.

    CADRE21NLLepage1_220316Jacques Cool, coordonateur principal, voit CADRE21 comme un lieu, un état d’esprit, un catalyseur de changement positif, actualisé et durable, un laboratoire d’innovation pédagogique.

    Un lieu en constante veille des principales tendances éducatives, didactiques, pédagogiques et technologiques où tous les éducateurs de la communauté francophone sont invités à partager leurs expériences et expertises et dont les activités se déroulent en français.

    Quant au numérique qui permet à CADRE21 d’offrir un développement professionnel du 21ème siècle, il n’est tout de même qu’un apport au processus éducatif.  Normand Brodeur, coordonnateur des Services à l’enseignement à la Fédération des établissements d’enseignement privés (FÉEP) nous rappelle que :  « la technologie est un amplificateur, ce que l’enseignant fait bien, il le fait mieux en utilisant le numérique, malheureusement, ce qu’il fait mal, il le fait en pire.  Le fondement d’un enseignement efficace et dynamique demeure l’intention pédagogique ».

    CADRE21, un espace réel dont les locaux tout neufs sont en projet de devenir un lieu d’animation virtuelle avec l’ambition de devenir une incontournable référence au sein de la francophonie.
    Bonne croissance au nouveau né !

    Photo : Ninon Louise Lepage
    Iconographies : Jacques Cool

    Pour en savoir plus

    Cadre21
    https://www.cadre21.org/
    http://zecool.com/2016/01/18/le-cadre21-un-etat-desprit-avant-toute-chose-partie-1-de-2/
    http://zecool.com/2016/01/21/le-cadre21-un-etat-desprit-avant-toute-chose-2e-partie/

    La presse en parle :
    carrefour-education.qc.ca
    et www.ecolebranchee.com/

    Jacques Cool
    @zecool sur Twitter
    http://zecool.com

    Fédération des établissements d’enseignement privés (FÉEP)
    http://www.feep.qc.ca/index.cfm

  • Les différents modèles d’intégration du BYOD

    Les différents modèles d’intégration du BYOD

    BYODEp1

    Auteurs : Aurélien Fievez et Gabriel Dumouchel
    Illustration : Mélanie Leroux

     

    En pratique, des enseignants utilisent cette configuration en salle de classe lorsqu’ils permettent à leurs élèves d’amener leur(s) outil(s) technologique(s) personnel(s) afin de réaliser des tâches spécifiques. Cependant, cette nouvelle approche pédagogique apporte avec elle son lot de perspectives et de réalités.

    En effet, elle demande une préparation et une analyse approfondie de l’environnement d’enseignement-apprentissage afin de réussir son intégration.

     

     

    Ce dossier vise à apporter un éclairage pratique et scientifique sur l’utilisation du « Bring Your Own Device » (BYOD). Il devrait permettre aux enseignants, praticiens, acteurs pédagogiques, mais aussi aux chercheurs de comprendre les origines de son existence et les réalités qui l’entoure.

    Notons parallèlement que les technologies de l’information de la communication (TIC) font maintenant partie intégrante de la vie quotidienne des citoyens du 21e siècle. D’ailleurs, le nombre d’individus possédant au minimum un téléphone portable, un ordinateur ou un téléphone intelligent est en constante progression.

    Selon l’INSEE, 77% des ménages français utilisent internet, soit une augmentation de 21% depuis 2007. Au Canada, 80% utilisaient Internet et possédaient l’un de ces outils (Statistique Canada, 2014). Au Québec, on note que 77% des individus possèdent un outil numérique. De leur côté, 81% des travailleurs dans les entreprises utilisent Internet et possèdent leur propre appareil.

    De ce fait, les entreprises ont compris qu’elles ne pouvaient pas ignorer cette nouvelle réalité. Ainsi, le BYOD a fait une entrée lente, constante et souvent efficace dans le milieu entreprenarial.

    D’ailleurs, les employés spécifient que le fait d’utiliser leur appareil personnel permet d’avoir à portée de main un outil qu’ils connaissent, facile d’accès et qui combine les informations personnelles et professionnelles de leur quotidien (Garlati, 2011).

    Cependant, de nombreux défis apparaissent comme l’accès aux réseaux sociaux, la protection des données ou encore la formation. Il a donc été nécessaire de mettre en place des règles, des mesures, mais aussi des outils afin d’aider les employés à travailler et à s’approprier efficacement ces technologies dans leur milieu de travail (Beckett, 2014 ; Émery, 2012).

     

    En corollaire, les établissements scolaires suivent cette tendance alors qu’ils sont de plus en plus nombreux à permettre à leurs élèves d’apporter leur appareil personnel à l’école (Baker, 2014 ; Burns-Sardone, 2014).
    Les réalités soulevées par les entreprises se retrouvent partiellement transposées dans le contexte scolaire.

    Ainsi, certains avantages, comme une motivation accrue de l’utilisateur dans la réalisation de ses tâches, ou l’augmentation des compétences technologiques des apprenants (Benham et al., 2014) sont mis en évidence.

    Cependant, des inconvénients apparaissent également comme la distraction des élèves ou la gestion de l’enseignement-apprentissage qui se retrouve complexifiée.

    Alors, quelles sont les réalités, quels sont les prérequis et les aboutissants d’une intégration BYOD dans une salle de classe ? Comment les enseignants peuvent-ils jongler avec ces outils ? Quels sont les avantages réels et quels sont les inconvénients du BYOD en contexte scolaire ? C’est à l’ensemble de ces questions que ce dossier tentera d’apporter des éléments d’explication. Dans ce document, nous aborderons successivement la définition du concept, les perspectives pratiques de son utilisation, les ressources actuellement disponibles et nous terminerons par une conclusion globale amenant des pistes de réflexion.

    Que signifie BYOD ?

    Le BYOD, acronyme de « Bring Your Own Device », ou en français AVAN, pour « Apportez Votre Appareil Numérique », est apparu vers 2005 dans les entreprises ; il fait son apparition depuis peu dans les salles de classe.

    La perspective du BYOD est de permettre à l’utilisateur de travailler partout et à tout moment avec son appareil numérique personnel.

    Dans cette approche, les entreprises y ont vu des économies d’infrastructure alors que l’école y a vu un moyen de favoriser l’apprentissage des élèves.
    Selon certains, l’école et l’élève sont tous les deux gagnants,

    car l’élève choisit et utilise un outil (ordinateur portable, tablette, phablette ou téléphone intelligent) qu’il connaît et maîtrise.

    Bien que de plus en plus populaire, l’implantation de cette nouvelle pratique fait émerger de nombreux questionnements, notamment au sujet de la gestion de la classe, de la planification ou de l’équité entre les élèves.

    Par ailleurs, notons que la multiplicité des outils technologiques n’étonne plus personne. D’un point de vue global, le BYOD montre certes des perspectives intéressantes. De fait, les technologies utilisées intègrent de nombreux capteurs, comme l’accès à Internet et le « cloud » (l’infonuagique en français) afin de communiquer entre elles, permettant ainsi de favoriser l’enseignement et l’apprentissage.

    Cependant, ces outils sont souvent confinés dans la sphère familiale et n’entrent que progressivement dans la sphère scolaire.

    Pourquoi ne pas les utiliser plus souvent à l’école, demanderont certains.

    De cette manière, l’enseignant disposerait d’outils dans la salle de classe qui permettraient de réaliser des activités numériques et interactives facilement et rapidement.

    Bref, si le BYOD apporte des perspectives pédagogiques intéressantes, le tout sera d’intégrer efficacement cette méthode dans les salles de classe. Pour cela, de nombreuses études se sont penchées sur le sujet et proposent des approches distinctes. Nous avons synthétisé l’ensemble de ces approches afin de proposer un modèle qui permettra une intégration réussie.

    L’enseignant a le choix des outils et des plateformes qu’il veut (et peut) utiliser dans sa salle de classe. En fonction de la liberté qu’il donne aux élèves, différents modèles d’intégration du BYOD se dessinent.

    Un guide du ministère de l’Éducation de l’Alberta initie cette réflexion en mettant en évidence les différentes configurations possibles d’une infrastructure BYOD.

    Dans le cadre de ce chapitre, nous avons ajusté ce modèle en fonction de nos constatations et de nos recherches afin de créer un modèle d’intégration du BYOD (figure 1). En salle de classe, chaque étudiant apporte avec lui un outil particulier et différent ; l’enseignant doit alors combiner et parfois jongler avec l’ensemble de ces artefacts technologiques. En analysant les différentes possibilités, nous pouvons relever quatre différentes approches d’intégration.

    Ainsi, les enseignants définissent le degré d’intégration de la technologie qu’ils veulent voir dans leur salle de classe. En tant que « maitres d’orchestre de l’apprentissage », ils choisissent les instruments qui seront utilisés. En fonction du degré choisi, différentes réalités apparaissent.

    L’approche de l’utilisation restreinte demande à l’enseignant de choisir un outil en particulier

    (par exemple un iPad Air 2 de 64 Go), unique pour tous.

    Ce modèle permet d’avoir un contrôle aisé sur l’enseignement et l’apprentissage, rendant l’appropriation de la technologie plus facile par l’enseignant.

    Ce dernier choisit l’outil et les logiciels/applications que les apprenants vont utiliser. Il peut ainsi se former facilement et aider ses élèves d’un point de vue technique, mais aussi pédagogique. Par contre, les élèves doivent apprivoiser un outil qu’ils n’utilisent pas forcément habituellement et qui est imposé.

    Ce modèle restrictif présente des avantages pour les enseignants, mais il limite l’innovation pédagogique; la caractéristique « BYOD » est donc peu présente ici.

    L’approche de l’utilisation ciblée laisse le choix de l’appareil à l’élève

    (par exemple une tablette ou un ordinateur). Il doit cependant respecter certaines caractéristiques techniques (comme le processeur ou la mémoire minimale requise). Il lui faut également respecter le choix des logiciels/applications prévus par l’enseignant.

    Celui-ci maîtrise les logiciels/applications et les plateformes utilisées. Les cours peuvent se baser sur des outils précis et la latitude de l’enseignant est assez présente.

    Cependant, la liberté pédagogique de l’élève est encore limitée.

    L’approche de l’utilisation ouverte unique permet à l’élève de choisir son outil et ses logiciels/applications.

    La liberté de l’élève est plus importante, cependant l’enseignant doit s’adapter aux différentes plateformes, il doit montrer de la flexibilité dans son enseignement.

    Enfin, l’approche de l’utilisation ouverte multiple recouvre toutes les perspectives du BYOD.

    Il permet à l’élève d’utiliser n’importe quel outil et même plusieurs outils en salle de classe. La flexibilité de l’enseignant est importante et la gestion de la classe plus complexe, mais l’innovation pédagogique est également plus grande.

    Par ailleurs, notons qu’il est nécessaire de prendre en considération les différents facteurs externes et internes qui viendront influencer l’utilisation du BYOD dans la salle de classe. De fait, les moyens financiers, techniques et pédagogiques à la disposition de l’enseignant sont des éléments importants à considérer lors de l’intégration d’une approche BYOD.

    Le fait d’avoir dans sa classe des outils numériques pour les élèves ne pouvant se prémunir d’un outil personnel est primordial.

    Aussi, un soutien extérieur de la part d’un conseiller pédagogique ou d’un formateur sera d’une aide certaine pour l’enseignant. L’ensemble de ces facteurs détaillés dans la figure 1 viendront influencer l’efficacité et la réalisation de l’intégration BYOD.

    BYOD_ep1Image_280415

     

    Ces différentes approches que nous avons présentées dans notre modèle d’intégration du BYOD donnent lieu à des perspectives différentes de l’utilisation des technologies en salle de classe. En fonction du choix de l’enseignant et/ou de la direction, la flexibilité de l’enseignant et/ou de l’élève se trouvera ajustée.

    Par conséquent, il conviendra de d’identifier l’approche la plus adéquate en fonction des objectifs envisagés.

    D’ailleurs, le but n’est pas de transformer la classe en un lieu commun pour les outils technologiques personnels de l’élève, mais bien de l’amener à les utiliser à des fins d’apprentissage.

     

  • Les devoirs scolaires : que dit la recherche ? Quelles sont les stratégies gagnantes ? Quel apport des technologies ?

    Les devoirs scolaires : que dit la recherche ? Quelles sont les stratégies gagnantes ? Quel apport des technologies ?

    KarsentiOuvragedevoirs_290415Du primaire à la fin du secondaire, c’est parfois plus de 2000 heures que l’enfant passera assis à faire ses devoirs à la maison.

    Peu d’aspects de l’éducation concernent autant l’école et les familles que les devoirs scolaires dont l’efficacité et l’utilité font débat depuis longtemps.

    Les devoirs scolaires : ce qu’en dit la recherche, stratégies gagnantes et apport des technologies (Éditions Grand Duc), a pour but d’apporter des réponses aux questions que l’on se pose sur les devoirs scolaires, à travers une synthèse exhaustive des principaux résultats de recherche sur la question (plus de 300 études analysées).

     Lancement du livre le 30 avril 2015

     

     

     

     

    Pour en savoir davantage, communiquez avec Thierry KARSENTI :

    Thierry KARSENTI, Ph.D.Professeur
    Titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les technologies en éducation
    Université de Montréal
    514-343-2457
    thierry.karsenti@umontreal.ca

  • Le WIFI est-il sans risques pour notre santé ? Point de vue sur les précautions à prendre

    Le WIFI est-il sans risques pour notre santé ? Point de vue sur les précautions à prendre

    WIFI_pointdevueDominiqueLebourseLe Canada répond Oui.

    Au préalable, j’attire votre attention sur le fait que la vidéo associée à l’article « Le-wifi-est-il-sans-risque-pour-notre-sante-le-canada-repond-oui« , date de 2010.

    Or, si l’on fait un parallèle avec les téléphones portables, on peut considérer que le point de vue des scientifiques et des constructeurs a sensiblement évolué depuis 2010.

    Pourquoi pas concernant le Wifi ? Par ailleurs, il est dit que les fréquences mises en œuvre se situent : « sur une échelle inférieure à d’autres ondes qui sont présentes dans notre quotidien (ex le micro-onde) ».
    Je me permets de préciser que les ondes du wifi sont pulsées à 2,4 GHz et qu’il s’agit bien de micro-ondes ou d’hyperfréquences. Je ne rentrerai pas plus dans les détails techniques en concluant que – tout comme avec les micro-ondes, il faut prendre des précautions.
    Par exemple, on ne reste pas à proximité du micro-onde avec son bébé dans les bras pendant que l’on réchauffe son biberon.

    Qu’en est-il du Wifi dans les écoles ?

    Mon point de vue est technique et non pas scientifique, sachant que je travaille dans une entreprise qui équipe des écoles avec des infrastructures réseau. Nous installons notamment des points d’accès Wifi qui sont effectivement indispensables à l’utilisation des tablettes et autres équipements sans fils.

    Nous avons aussi un rôle de conseil auprès des municipalités qui sollicitent nos services : nous leur confirmons qu’il ne faut pas proscrire le Wifi mais effectivement prendre des précautions.

    Quelles précautions prendre avec le Wifi et que préconisons-nous ?

    . Il faut éviter de déployer des infrastructures 100% Wifi dont on ne maîtriserait pas le niveau d’émission. Là aussi, je ne rentre pas dans la technique, mais il faut comprendre que – soit automatiquement, soit lors de l’installation -, le niveau d’émission des points d’accès Wifi peut être augmenté pour éviter les zones d’ombres et bénéficier d’une bonne couverture de l’ensemble des salles de classe.

    En outre, une entreprise peut être tentée de limiter le nombre de bornes wifi pour augmenter ses chances d’être retenue dans le cadre d’un appel d’offre avec une solution moins-disante financièrement.

    . Il faut limiter l’utilisation d’un point d’accès wifi dans la durée et dans l’espace ; pour ce faire :
    – la borne Wifi doit être installée à l’intérieur de la classe mobile ou de la valise qui embarque les PC portables où les tablettes ;
    – il faut utiliser un modèle de point d’accès sans fil professionnel dont on diminuera au maximum le niveau d’émission ;
    – il faut éteindre le Wifi dès que l’on a terminé la séquence pédagogique collaborative. Petite parenthèse : la majorité des constructeurs propose un bouton pour couper le wifi au même titre que l’on éteint la lumière quand on sort de la salle de classe. Pédagogiquement, il est bon de sensibiliser les élèves au fait que le wifi, tout comme le téléphone portable doivent être utilisés avec précaution.
    – la Classe Mobile – qui contient la (ou les bornes wifi) doit être placée dans la classe à plus d’un mètre des élèves ou de l’enseignant. Un point d’accès au réseau dans chaque salle de classe : un préalable essentiel à l’école numérique.

    Pour bénéficier pleinement d’une Classe Mobile, elle doit être raccordée au réseau informatique de l’école et à Internet. Cela suppose qu’un accès au réseau soit disponible dans la salle de classe et non pas via une infrastructure Wifi globale (cf le point 1).

    Comment faire quand l’établissement n’est pas câblé ?

    Si l’on dispose du budget et que l’on peut supporter ou attendre les travaux nécessaires, il faut câbler le bâtiment et faire l’acquisition des matériels réseaux actifs. Pour limiter le coût du câblage, on pourra profiter d’une éventuelle réhabilitation électrique où la main d’œuvre sera mutualisée sur la pose consécutive de tous les câbles courants fort et faible.

    Si l’on préfère consacrer une part plus importante du budget pour les équipements informatiques et interactifs, des solutions alternatives – performantes et sécurisées – existent qui mettent en œuvre une technologie Courant Porteur professionnelle qui s’adapte aux installations électriques triphasées les plus vétustes.

    A noter que des mesures réalisées par un centre de recherche indépendant ont montrées que le CPL utilise de fréquences comprises entre 1 et 68 MHz (Mega et non Giga Hertz) qui ne sont plus mesurables au-delà de quelques centimètres. En conclusion En termes de risques sanitaires, il y a sans doute plus de risques de jambes cassées à multiplier les câbles RJ45 dans les salles de classe que de risques avérés à utiliser une technologie sans fil comme le Wifi, à condition néanmoins d’observer des précautions nécessaires et suffisantes.

    On ne proscrit donc pas le WiFi mais on prend des précautions et on consulte des entreprises spécialisées qui proposent une infrastructure réseau filaire ou des technologies alternatives plus économiques qui mixent une infrastructure réseau CPL et des points d’accès Wifi.

    Auteur : Dominique LE BOURSE, société Handi-Informatique