Auteur/autrice : Claude Tran

  • Le numérique peut-il apporter de l’aide à l’apprentissage de la lecture ?

    Le numérique peut-il apporter de l’aide à l’apprentissage de la lecture ?

    Interview de Jean-Michel Blanquer par Claude Tran.

    Les résultats de l’enquête internationale PIRLS, qui mesure tous les cinq ans, le niveau en compétences de l’écrit des élèves de CM1 des pays de l’OCDE qui le souhaitent, sont préoccupants pour la France d’abord parce qu’ils ne cessent de baisser mais également parce qu’ils placent notre pays à l’antépénultième place des 24 pays qui y ont participé.

    A la suite de la conférence de presse qu’il organise pour analyser les résultats et énoncer les réponses adaptées qu’il met en place Jean-Michel BLANQUER, ministre de l’Education Nationale répond aux questions des journalistes.
    Il répond en particulier à la question : “le numérique peut-il apporter de l’aide à l’apprentissage de la lecture“  .
  • Meeting Scientifique Ouvert au Public : les chercheurs s’ouvrent aux lycéens

    Meeting Scientifique Ouvert au Public : les chercheurs s’ouvrent aux lycéens

    Ils sont 4 ou 5 jeunes assis en cercle autour du chercheur et l’écoutent attentivement, lui posent des questions , s’informent du sujet de ses travaux mais aussi avec des questions plus prosaïques et parfois plus  personnelles du pourquoi et du comment ce métier, cette passion lui est venue.

    Et puis au bout de 12 minutes, au son d’une clochette que leur professeur fait tinter, le chercheur les quitte pour rejoindre un autre groupe aussitôt remplacé par un collègue à lui. La même permutation circulaire se poursuit au cours de ce speed meeting, de sorte qu’en une heure et demie chaque groupe s’entretient avec sept chercheurs.

    En fait par un ou une collègue car parmi les intérêts de cette démarche on mesure combien les femmes sont bien présentes dans la recherche fondamentale en France.

    Les jeunes ainsi assemblés autour d’eux sont lycéens : il s’agit d’une soixantaine d’élèves de 2nde, première et terminale plutôt scientifiques du lycée Jean AICARD d’Hyères, volontaires pour cet évènement plutôt rare qui leur fait rencontrer des équipes de recherche et toute la gamme des métiers qui s’y rattachent , du directeur de laboratoire au technicien en passant par le chargé de recherche ou l’ingénieur de recherche.

    Nous sommes dans la presqu’île de Giens et l’opportunité de cette rencontre exceptionnelle c’est le 31ème French Drosophila Meeting , une rencontre scientifique qui réunit plus de 80 chercheurs, venus ici, comme d’ailleurs c’est le cas dans tout meeting scientifique pour confronter leurs travaux et leurs résultats et faire ainsi avancer la recherche.

    Ils travaillent tous sur la Drosophila melanogaster , cette petite mouche du vinaigre qui est l’un des organismes modèles les plus étudiés en recherche biologique, en particulier en génétique et en biologie du développement, et qui valut à Thomas Hunt Morgan le prix Nobel de physiologie ou médecine en 1933 « pour ses découvertes sur le rôle joué par le chromosome dans l’hérédité.

    Mais l’idée de profiter de ce moment particulier au cours duquel un grand nombre de spécialistes d’un sujet sont rassemblés au même moment, au même endroit et où ils sont plus disponibles que d’ordinaire, pour organiser et promouvoir des actions de médiation scientifique, revient au cercle FSER ( Fondation SCHLUMBERGER pour l’Education et la Recherche ) et à sa directrice Héloise DUFOUR.

    Car les chercheurs , affirme dette docteure en neuro-biologie, “doivent interagir avec le public sur leur travail pour mobiliser son soutien à la recherche.”

    En créant le label MSOP (Meeting Scientifique Ouvert au Public), le cercle FSER s’engage pour encourager les congrès scientifiques à offrir des sessions d’ouverture vers le public, pour favoriser le rapprochement de la science et de la société !

    Et on le voit , cela marche !

    Car, sans perturber aucunement le déroulement du meeting, qui y consacre deux à trois heures sur trois à quatre journées de travaux, le label MSOP crée un lien direct avec le grand public pour discuter et l’informer de l’importance de la recherche, donner plus de visibilité médiatique au meeting, et influencer certainement d’autres meetings à s’engager pour interagir avec le public.

    Le public peut être très varié mais il est plus fréquemment scolaire.

    Outre le fait que ces rencontres personnalisées participent à leur information sur l’orientation vers l’enseignement supérieur , les modalités de construction des savoirs portées par la recherche constituent également des sujets de réflexion sur la différence entre une information et une opinion, sur la méthode expérimentale qui conduit à l’élaboration d’une vérité scientifique, sur  cette posture intellectuelle nécessitant curiosité et distanciation qui, par le débat et l’argumentation permet de développer une pensée critique.

    Ce n’est pas le premier MSOP organisé par le Cercle FSER et le protocole s’adapte à chacune des situations spécifiques en particulier au nombre de chercheurs, au nombre et au type de public.

    Le public peut en effet être scolaire, ou simplement constitué d’adultes de tous âges et professions comme ce fut le cas lors du congrès « Young Researchers in Life Science », organisé par des jeunes chercheurs pour les jeunes chercheurs (étudiants, doctorants et post-doctorants), qui a eu lieu à l’institut Pasteur du 18 au 20 mai 2016,

    Il est de plus possible de proposer alternativement une session “posters” dédiée au public en parallèle au speed meeting, ce qui permet d’accueillir deux fois plus d’élèves, comme ce fut le cas à Giens.

    Partagés en deux équipes d’une trentaine de jeunes et pendant que la première participe au speed meeting décrit précédemment, la seconde équipe elle même constituée de sept groupes d’élèves circule devant les “posters” réalisés par chaque chercheur qui leur présente son objet de recherche.

    Mais que sont ces posters ?

    les drosophilistes Seuls quelques chercheurs pouvant s’exprimer en séances, dans les meetings scientifiques, ces “communications affichées” sont destinées,  lors de sessions prévues à cet effet, à la présentation par chacun d’eux, aux collègues intéressés, des méthodes de travail et des résultats obtenus.

    Ainsi , là encore ce média facilite la communication personnalisée avec chaque élève et la médiation scientifique.

    On le voit, les élèves trouvent là sous des formes plus originales que la conférence traditionnelle, des chercheurs proches d’eux susceptibles d’échanger simplement et directement sur leurs travaux et sur leur métier.

    La recherche comme la science devient ainsi plus intelligible au public.

  • Stanislas DEHAENE présente Ludo, le projet eFRAN porté par le laboratoire UNICOG

    Stanislas DEHAENE présente Ludo, le projet eFRAN porté par le laboratoire UNICOG

    Le ministre de l’Education Nationale annonçait lors du colloque du Mouvement Contre la Constante Macabre au lycée Henri IV la création d’un conseil scientifique autour de tous les enjeux de l’enseignement scolaire qui doit (nous) permettre d’avoir une vision scientifique des évaluations que produit l’institution.

    En déplacement à Toulouse, au forum Futurapolis, Jean-Michel Blanquer a annoncé que la présidence de ce conseil dont les membres seront connus prochainement, sera confiée au professeur Stanislas DEHAENE . “Il sera saisi sur tous les sujets, comme l’intelligence artificielle, afin d’apporter des éclairages pertinents. Je souhaite que ce conseil travaille dans un esprit d’avant-garde qui échappe aux opinions simplistes en matière d’éducation« , a affirmé le ministre

    De l’Ecole Normale Supérieure à la Psychologie Cognitive Expérimentale.

    Stanislas DEHAENE est ancien élève de l’École normale supérieure et docteur en psychologie cognitive. En septembre 2005, il a été nommé professeur au Collège de France, sur la chaire nouvellement créée de Psychologie Cognitive Expérimentale, après avoir occupé pendant près de dix ans la fonction de directeur de recherches à l’INSERM. Ses recherches visent à élucider les bases cérébrales des opérations les plus fondamentales du cerveau humain : lecture, calcul, raisonnement, prise de conscience.
    Ses travaux ont été récompensés par plusieurs prix et subventions, dont le prix Louis D. de la Fondation de France (avec D. Le Bihan), le prix Jean-Louis Signoret de la fondation IPSEN et la centennial fellowship de la fondation américaine McDonnell.

    Expert reconnu des bases cérébrales des opérations mathématiques, Stanislas DEHAENE a étendu ses recherches sur l’arithmétique pour aborder la question plus générale de l’impact, sur le cerveau, de l’éducation aux symboles écrits et a réalisé les premières expériences d’imagerie cérébrale du traitement subliminal des chiffres et des mots.

    Les recherches actuelles de Stanislas DEHAENE tentent de repousser les limites de l’imagerie cérébrale. L’objectif est de déchiffrer le code propre à chaque région corticale et d’en comprendre l’origine au cours du développement. Imagerie cérébrale de la lecture, de la compréhension des phrases, du bilinguisme ; visualisation de l’activité du cerveau du nourrisson ; variabilité du cerveau d’une personne à l’autre.

    Dans ces domaines où l’imagerie cérébrale tisse des liens entre psychologie et neurosciences, les nouvelles recherches développées par Stanislas Dehaene et Denis Le Bihan au centre d’imagerie NeuroSpin du CEA à Saclay, ouvrent des perspectives renouvelées de compréhension du cerveau humain.

    LUDO, un logiciel open source pour l’apprentissage ludique des fondamentaux en maternelle.

    L’Unité de NeuroImagerie Cognitive ( INSERM-CEA, NeuroSpin ), laboratoire de recherche qu’il dirige, en partenariat avec cinq collectivités territoriales , les ESPE de Nice et Poitiers et 50 établissements scolaires, coordonne le projet LUDO qui propose la conception, le développement et l’expérimentation en grandeur réelle d’un logiciel open source pour l’apprentissage ludique des fondamentaux sur les nombres et la lecture en Grande Section de maternelle .

    Le logiciel se présentera sous forme d’une suite de jeux sur tablette et rassemblera l’ensemble des idées qui ont fait leurs preuves en sciences cognitives de la lecture et des mathématiques.

    L’innovation y est caractérisée par :

    • l’utilisation systématique des dernières avancées en neurosciences cognitives
    • l’apport des mécanismes de jeux issus des jeux sérieux
    • une forte attention apportée à la qualité de l’interface enfant-machine
    • un algorithme adaptatif permettant d’évaluer en permanence , subrepticement , le niveau de l’enfant, et donc d’adapter la difficulté afin de proposer une apprentissage individualisé.
    • la démonstration rigoureuse, par l’expérimentation randomisée, de l’efficacité des leviers d’apprentissage mis en oeuvre par le projet.

    Le projet LUDO, a reçu une subvention au titre du Programme d’Investisements d’Avenir de 775 130 € .

     

  • Un MOOC pour les élèves du lycée : BAC2SCIENCES. Interviews

    Un MOOC pour les élèves du lycée : BAC2SCIENCES. Interviews

    Elles sont cinq, professeures de SVT ou de sciences physiques qui se rencontrent au gré des réseaux sociaux comme Twitter ou de colloques sur les classes inversées organisées par l’association Inversons la Classe ! de vrais ambassadrices du “faire”, des “makers” pour les anglo-saxons, au service d’une ingénierie pédagogique moderne et efficace sensée faire réussir un plus grand nombre d’élèves.

    Enseigner certes, mais en utilisant toutes les stratégies qui permettent de s’assurer que les élèves apprennent et qui plus est avec le plaisir d’apprendre.

    Ce sont toutes les panoplies de pédagogies actives, de travail coopératif, de démarche de projet, comme les classes inversées ou d’usage de technologies numériques ludiques comme les jeux sérieux ou les outils transmédias qui sont expérimentées par ces créatrices de solutions innovantes au service des élèves.

    Car les valeurs sont naturellement au rendez vous en veillant par exemple à la gratuité de l’accès à ces ressources pour les élèves.

    Elles sont formatrices bien évidemment et l’institution sait s’appuyer sur ces praticiens chercheurs qui font évoluer la professionnalité enseignante par l’échange de pratiques et la coopération entre pairs.

    Très actives dans l’association Inversons la Classe ! Virginie MARQUET , Mélanie FENAERT et Geneviève PONSONNET ont ainsi avec d’autres collègues conçu le célèbre jeu sérieux “Survive on Mars qui associe à la dernière rentrée scolaire un plus grand nombre d’auteurs de”missions” nouvelles et donne à cet outil remarquable une vraie dimension pluridisciplinaire.

    Alors pourquoi pas un MOOC destiné aux élèves du secondaire ?

    Dans cet entretien réalisé lors du CLICx organisé par Inversons la Classe! à Ludovia#14, trois d’entre elles nous expliquent la genèse et le pourquoi d’une telle initiative.

    L’objectif de ce MOOC est d’aider les élèves de première L et ES à réviser l’épreuve du Bac Sciences . Il est organisé en cinq modules (2 thèmes : Nourrir l’humanité et Féminin Masculin ; les 2 autres thèmes au programme sont évoqués) et se déroule pendant 5 semaines.

    Chaque module se compose de plusieurs parties dans lesquelles les élèves trouveront des activités, du contenu disciplinaire, des exercices auto-correctifs, des sujets d’annales de baccalauréat avec trois parcours selon les choix afin de permettre à chacun de déterminer et d’adapter son degré d’implication en fonction de ses objectifs de révision :

    • Reporteur : l’élève consulte les ressources librement sur FUN.
    • Explorateur : l’élève s’engage dans le parcours de formation et les activités proposés sur FUN (QCM et Exercice auto-correctif).
    • Aventurier : l’élève construit son parcours et consolide ses connaissances en participant aux évaluations par les pairs.

    Il est en effet possible de travailler par groupe ou de choisir de travailler seul.

    Ce MOOC peut être également envisagé en pédagogie hybride par l’enseignant : les élèves font les activités auto-correctrices en autonomie à la maison et le professeur fait avec eux en classe les activités évaluées par les pairs.

    Il a pour but d’acquérir ou/et consolider ou/et approfondir :

    • les connaissances requises
    • les compétences liées à la rédaction d’un commentaire argumenté
    • les compétences liées à l’exploitation de documents scientifiques
    • les compétences liées à la lecture de documents scientifiques
    • les principales tendances de l’apprentissage virtuel

    D’autre projets viendront, n’en doutons pas, s’ajouter à ceux-là pour le plus grand plaisir des enseignants… et des élèves.

    Plus d’infos sur :

    Géraldine BRIDON est Professeure de S.V.T au lycée Sainte-Louise (75020), membre du GIPTIC SVT et formatrice dans l’académie de Paris. Créatrice de sites pour ses élèves: svt4ever (aides en ligne) et svt-ludik (création de jeux pédagogiques). Co-créatrice du MOOC Bac2Sciences depuis mai 2016. La pédagogie active, le travail coopératif et les BYOD sont au centre de sa pratique.

    Mélanie FENAERT est Professeure de SVT au Lycée Blaise Pascal d’Orsay (91). Formatrice dans l’académie de Versailles. Membre du GEP SVT (Groupe d’expérimentation pédagogique) de l’académie de Versailles, référent TraAM “Classes inversées en SVT” 2016-2017. Co-créatrice du MOOC Bac2Sciences depuis mai 2016 et du jeu sérieux numérique “Survive On Mars”.

    Claire LAMBERT est Professeure de SVT au lycée Jeanne d’Arc de Nancy (54). Elle pratique la classe inversée dans ses classes depuis 4 ans et conçoit ses vidéos. Elle développe l’utilisation du numérique avec ses élèves. Cette pratique lui a permis de collaborer avec des collègues d’autres académies pour co-créer le MOOC Bac2Sciences depuis mai 2016.

    Virginie MARQUET est Professeure de SVT au lycée francais de Vienne (Autriche-AEFE). Adepte du numérique et de la classe inversée, elle a un master en ingénierie pédagogique. Co-auteure du jeu sérieux numérique “Survive On Mars”, auteure et co- conceptrice du MOOC Bac2Sciences depuis mai 2016.

    Geneviève PONSONNET est Professeure de physique-chimie au Lycée Blaise Pascal d’Orsay (91). Elle pratique la pédagogie inversée et est formatrice dans l’académie de Versailles. Membre du GEP physique-chimie depuis 2014 (Groupe d’expérimentation pédagogique). Co-créatrice du MOOC Bac2sciences depuis mai 2016 et de missions dans le jeu sérieux “Survive On Mars”.

     

  • Le changement de forme scolaire change-t-il l’architecture des établissements ?

    Le changement de forme scolaire change-t-il l’architecture des établissements ?

    J’ai reçu ce témoignage de Florence RAFFIN enseignante de sciences physiques qui exerce au lycée Maurice Genevoix de Bressuire dans l’académie de Poitiers et dont j’ai pensé que la publication permettait d’éclairer l’inévitable problème posé par la mise en adéquation de l’espace de la classe, son architecture, son design, avec les pratiques mobilisant des pédagogies actives liées à l’utilisation des outils et ressources numériques ; en clair avec cette évolution de la forme scolaire qui facilite l’apprentissage entre pairs, et que nombre d’enseignants mettent en œuvre appuyés en cela par des collectifs particulièrement innovants.

    Si la classe traditionnelle avec un bureau d’enseignant, un tableau (noir mais plus souvent blanc aujourd’hui) dans son dos et face à lui bien rangées seize à vingt tables réglementaires n’a pratiquement pas changé en plus d’un siècle, on voit de plus des enseignants réinventer leur salle de classe.

    Vincent Faillet, avec sa “classe mutuelle”, propose d’installer des tableaux sur tous les murs de la salle de classe.

    Quelles réponses l’institution peut-elle apporter à cette question ? D’une part bien sûr sont questionnés les chefs d’établissements dont le rôle pédagogique est majeur dans l’établissement mais évidemment les collectivités territoriales qui financent les investissements nécessaires.

    Quelles réponses apportent les architectes, les concepteurs de mobilier scolaire pour traduire dans la classe l’évolution de la posture du professeur passant du face à face au côte à côte ? Sachant que la majeure partie de la vie sociale de l’enfant-élève se déroule à l’école au sein d’un espace, celui de sa classe.

    Et au-delà de la classe, comment aménager les autres espaces afin que les élèves bénéficient d’un “climat scolaire”, d’un “bien-être “ dont on sait aujourd’hui qu’il est propice à leur réussite ?

    Nul doute que les élus sont particulièrement sensibles à cette qualité de l’établissement.

    L’établissement apprenant tel qu’il est décrit dans le rapport remis au ministre de l’Education Nationale par François Taddei , Catherine Becchetti Bizot et Guillaume Houzel, se construit véritablement par la recherche localement avec tous les acteurs et les partenaires, des meilleures solutions pour le bien-être et la réussite de tous les élèves.

    Il y a dans ce témoignage quelques réponses à ces questions.

    Voilà ce qu’écrit Florence RAFFIN dont j’ai également fait l’interview à Ludovia.

    La classe inversée par la #TeamPhysBressuire, de la classe « autobus » a la classe en îlots

    Je suis enseignante de physique-chimie dans un lycée d’enseignement général à Bressuire dans les Deux-Sèvres. J’ai découvert la classe inversée en mai 2014 et fait quelques essais au mois de juin pour terminer l’année scolaire. Après un mois, je fus convaincu et enthousiaste et j’ai alors décidé de travailler tout l’été afin d’inverser mes 2 niveaux de classes en septembre 2014.

    J’ai eu la chance durant cette année 2014-2015 d’avoir des collègues qui ne portaient aucun jugement sur mon travail et qui m’ont facilité les conditions de mon expérimentation en me permettant d’occuper l’unique salle de classe modulable qui me permettait de travailler en îlots. En effet, quand on met en place la classe inversée, on dégage du temps en classe pour mettre en activité les élèves et cela passe le plus souvent par des ilots de travail. La difficulté est que nos salles, et en particulier dans ma discipline en sciences physiques, ne sont pas du tout modulables (paillasses de TP fixées au sol avec arrivée d’eau, de gaz et d’électricité). J’ai donc cette année-là, systématiquement « déménagé » les tables pour aménager des ilots à chaque heure de cours.

    Après une année d’expérimentation, mes 7 collègues décident de me rejoindre et de mettre en place la pédagogie inversée en septembre 2015. Nous avons alors à cette rentrée une vingtaine de classes inversées en physique sur les trois niveaux (seconde, première S et terminale S).

    Un problème se pose alors : comment faire pour qu’à chaque heure de cours nous disposions chacun d’une salle avec des ilots sachant que nous avions une seule salle de cours et des salles de TP servant aussi à faire des cours en classe entière.

    ·     La salle de cours a donc été disposé en permanence en ilots. Finie la disposition « autobus »….

    ·     Les salles de TP de chimie disposaient de grandes tables hautes de 4 entre les paillasses. Nous les avons enlevées et nous les avons remplacées par des tables classiques de 2 qui se trouvaient dans le grenier de l’établissement. Nous avons fait réussi à faire 8 îlots dans l’espace ainsi dégagé. Le problème est que nous avons des classes avec 35 à 36 éléves, donc un ilot manquait. On a trouvé la solution : le bureau du prof ne servant plus (ou rarement), ce serait le 9 ème îlot !

    ·     Les salles de TP de physique disposaient de 9 paillasses avec des tables hautes de 2 dans l’allée centrale. L’espace étant beaucoup plus restreint qu’en salle de chimie, il était alors impossible de mettre des ilots avec des tables classiques comme en salle de chimie. Nous avons donc disposé ces îlots en « enfilade » et le 9ème ilot était au bureau.

    Après une année d’utilisation, nous devions trouver une solution pour les 2 salles de TP de physique qui n’étaient vraiment pas pratiques. Nous avons eu alors l’idée de faire pivoter les paillasses de 90 degrés de façon à ce qu’elle soit le long des murs. Bien sûr, nous aurions moins de paillasses mais cela ne nous dérangeait pas car nous fonctionnons par trinôme en séance de TP et donc 6 paillasses nous suffisent. Nous avons alors présenté notre projet à notre proviseur, qui était d’accord. Les travaux n’étant pas possible à réaliser en interne, il a demandé à la région Nouvelle Aquitaine, qui a accepté.

    Nous disposons maintenant, à la rentrée 2017, d’un grand espace au milieu des 2 salles de TP de physique dans lequel nos tables hautes sont disposées en 9 îlots.

    AVANT :

    APRÈS :

    Nous avons ensuite, avec l’appui de notre proviseur, déposé un dossier à la région Nouvelle Aquitaine pour disposer d’un mobilier modulable individuel qui permet de faire des îlots de différentes tailles (par 3, 4, 5…) et qui permet également de repasser en configuration frontal (pour du magistral ou encore pour faire des devoirs). Notre projet, de mettre en adéquation le mobilier avec la pédagogie, a été accepté par la région Nouvelle Aquitaine et nous allons donc disposer bientôt de ce mobilier.

    Nous avons maintenant d’autres projets comme équiper les murs des salles de tableaux blancs pour les îlots ou bien encore développer.

    Dorénavant si un professeur de physique, qui ne pratique pas la classe inversée, arrive dans notre établissement, il devra déménager sa salle de cours pour la mettre en configuration autobus….La « norme » étant dorénavant des salles en îlots. »

  • François MULLER : une conception globale pour l’École, mais une action locale

    François MULLER : une conception globale pour l’École, mais une action locale

    Au lendemain de la rentrée scolaire François MULLER quittait la centrale du ministère de l’éducation nationale où il exerçait depuis six ans les fonctions de chef de projet au département Recherche et Développement Innovation et Expérimentation de la DGESCO, pour rejoindre la Ligue de l’Enseignement au poste de Directeur Education et culture, nouvellement créé.

    Bien connu des acteurs de terrain, en particulier celles et ceux qui, chaque année, participent aux journées de l’innovation qu’il a, avec ses équipes, initiées, cet agrégé d’histoire, ancien normalien est un peu celui qui aura, certes avec d’autres, révélé la « richesse créatrice des enseignants qui transforment l’école par leur pratique. »

    Depuis une vingtaine d’année « au service des équipes sur le terrain à Paris et ailleurs » il s’évertue a prôner le partage et l’Innovation. Le lancement du réseau social des professionnels de l’éducation consacré à l’Innovation RESPIRE en janvier 2012 ( qui a donné naissance à VIAEDUC ) constitue une initiative originale et surtout porteuse de véritable production par l’échange , le partage, la mutualisation. Mais le fil rouge reste « des enseignants qui apprennent ce sont des élèves qui réussissent » titre d’un ouvrage qu’il écrit et publie en avril dernier aux éditions ESF sciences humaines.

    Le processus recherché, c’est comment des équipes d’enseignants plus larges peuvent être plus sensibles au travail qu’ils font , plus intelligents sur les effets qu’ils produisent sur leurs élèves et de façon durable .

    Aujourd’hui pour François Muller, « l’école bouge et se transforme par ses acteurs , par ses élèves , par ses profs . Elle est d’une intelligence quotidienne et pragmatique qui renforce son expertise . Mais encore faut il d’abord la voir, la connaître avant de la reconnaître ».

    Quand on est a Paris dans les ministères on peut voir de très loin les choses et même on ne les voit pas d’une certaine manière .

    « Il faut rendre visibles les choses invisibles mais pourtant puissantes » !

    Et c’est par l’action locale que cette connaissance s’affine et permet aux acteurs d’adapter les réponses à des situations d’une très grande diversité. Il faut avoir pour l’éducation, dit-il , comme c’est le cas pour le développement durable, ”une conception globale (autour du développement professionnel des équipes), mais une action locale ».

    Il reste donc encore beaucoup à faire !

    Alors pourquoi quitter la centrale ?

    « Ce passage vers la Ligue de l’enseignement ne doit pas être perçu comme une rupture mais plutôt comme un épisode d’une série longue » affirme François MULLER.

    « Mon travail à la Ligue s’inscrit dans la continuité mais de manière plus agile et plus locale ».

     

    La Ligue de l’enseignement, qui regroupe plus de 30 000 associations est un des premiers acteurs de l’école, un de ses premiers partenaires . « Il entend redevenir le laboratoire , l’aiguillon d’une école plus juste , plus efficace pour ses élèves et plus accueillante pour tout le monde. »

    Avec l’expertise des acteurs de terrain il s’agit de renforcer la capacité d’accompagnement , d’appui aux écoles dans tous les territoires; et faire en sorte que l’éducation soit meilleure pour tous les jeunes.

    Avec plus d’éducation, mieux d’éducation, formelle et informelle.

    L’étape suivante pour l’Ecole : les territoires apprenants ?

    Le rapport Vers une société apprenante, établi par François TADDEI, Catherine BECCHETTI -BIZOT et Guillaume HOUZEL s’appuie sur les résultats de la recherche en sciences cognitives, pour affirmer que “nous pouvons tous développer nos apprentissages en cherchant, en nous questionnant, en expérimentant, en nous appuyant sur les progrès des technologies et des connaissances, sur ce que d’autres ont fait ainsi que sur un réseau de pairs et de mentors.”

    “Dans une organisation apprenante, écrivent-ils, tous les membres apprennent les uns des autres, les innovations et les apprentissages des uns facilitant ceux des autres…Cette communication transversale permet l’émergence de dynamiques favorisant l’innovation, l’intelligence collective et l’adaptation permanente. »

    Ils proposent ainsi de créer dans la classe des écosystèmes apprenants, où les enfants sont invités à la coopération entre pairs et où l’on crée du mentorat entre apprenants.

    Développer un établissement apprenant c’est faciliter et encourager la créativité des enseignants , c’est accompagner leur développement professionnel et les inviter à mettre en œuvre des projets adossés à la Recherche.

    Pour François MULLER, parler aujourd’hui pour l’Ecole, de territoire apprenant, c’est un peu la contre culture de celle de l’éducation nationale, très centraliste et très jacobine.”

    Car dans ce même temps, la France va vers plus de régionalisation, plus de territorialisation. Elles se girondise !

    Les nouvelles régions , les collectivités territoriales entendent avoir un mot à dire sur l’Ecole et travailler plus en dialogue qu’en application avec le ministère de l’Education Nationale. Ce dernier doit être aujourd’hui plus accompagnant et plus à l’écoute des territoires pour essayer de rendre le meilleur service public.

    Et, loin des discours sur la déliquescence scolaire, il s’agit aussi de dire les « bonnes nouvelles sur l’Ecole » , comme l’écrit Emmanuel Vaillant, en valorisant les milliers d’enseignants et de chefs d’établissements qui imaginent, expérimentent et renouvellent leurs manières de faire classe et donnent envie aux élèves d’apprendre .

    Les collectifs enseignants changent l’équation scolaire

    Dans le rapport remis au ministre , publié par le Café Pédagogique, “Repenser la forme scolaire à l’heure du numérique”, Catherine BECCHETTI BIZOT, IGEN mais première directrice de la DNE, explore les nouvelles manières d’apprendre et d’enseigner que de nombreux enseignants sur le terrain inventent et mettent en place “pour répondre aux besoins et difficultés de leurs élèves ».

    Prenant l’exemple de la classe inversée et du rôle de l’association Inversons la Classe! dans la diffusion de cette pratique pédagogique, l’Inspectrice générale note combien cela « génère un élan constructif viral des enseignants et restaure le plaisir d’enseigner. » et ajoute

    En matière d’innovation, on sait combien l’injonction et l’imposition par le haut peuvent être inefficaces et même avoir des effets contreproductifs. Expérimenter, innover et créer de nouvelles méthodes pédagogiques nécessite une approche contextualisée, impliquant étroitement les acteurs de terrain et prenant en compte prioritairement leurs interrogations, leurs besoins et leurs attentes.

    Comme ILC!, les collectifs qui sont apparus se distinguent de leurs prédécesseurs essentiellement disciplinaires . Les réseaux sociaux facilitent l’expression au point qu’ils se transforment en « salle des professeurs » pour l’échange et la formation entre pairs et en « buffet de restaurant » ou l’on trouve pléthore de ressources et ou chaque enseignant peut faire son marché !


    Je vois les collectifs enseignants comme autant de manifestations très dynamiques, très émergentes de processus de développement professionnels des enseignants, affirme François MULLER qui ajoute : le développement professionnel, c’est comment on apprend de son expérience en passant par la communication par autrui et donc d’une certaine façon c’est « aller voir chez les autres si j’y suis » .

    En se fédérant autour d’objets ou de questions professionnelles on va changer des variables de l’équation scolaire qui étaient données comme invariantes, comme le temps, l’espace voire même les contenus ou la composition du groupe apprenant.

    On expérimente une déformalisation de l’école en la rendant plus informelle.

    Mais si ces enseignants « se bougent », c’est pour se focaliser plus fortement sur les apprentissages que sur l’enseignement : ce n’est plus :

    « je vais faire mon programme »; c’est « qu’apprennent-ils ? »

    La mission de François MULLER à la Ligue c’est bien l’identification de ces processus, leur accompagnement, leur étayage par des apports scientifiques voire internationaux et puis être ce laboratoire au service de l’éducation et des élèves.

  • Orientation : des lycéens rencontrent les chercheurs à l’Institut IMAGINE

    Orientation : des lycéens rencontrent les chercheurs à l’Institut IMAGINE

    Invités par Patrick MEHLEN , Académicien , docteur en biologie moléculaire et directeur de plusieurs laboratoires de recherche qui réunissait en meeting scientifique de nombreuses équipes de recherche , des lycéens de 1ère S et terminale S du lycée Victor Duruy de Paris accompagnés de leurs enseignants ont pu rencontrer en tête à tête les chercheurs.

    Objectif ? Informer les lycéens sur le métier de chercheur , dans ce processus de construction de l’orientation qui se poursuit au lycée !

    Et les fantasmes ne manquent pas sur cette profession mal connue du public.

    Très peu de jeunes veulent faire de la Recherche. Et ce type de rencontre permet d’éclairer les élèves et parfois de susciter un engagement , une passion.

    « On a besoin de rapprocher le chercheur de la société , de montrer que la Recherche c’est un travail passionnant et que les élèves motivés peuvent s’engager dans la Recherche car c’est l’avenir de notre pays. » affirment les directeurs de laboratoires.

    Les questions posées ont porté évidemment sur les sujets de recherche mais aussi sur la vie des chercheurs, professionnelle et sociale , sur les raisons qui les ont amenés à faire ce métier, sur leur avenir, sur les études nécessaires…

    Objectif atteint si l’on en juge par les avis des lycéens et des enseignants à la fin du speed dating qui aura permis à chacun d’eux de rencontrer au moins 8 chercheurs.

    Non le chercheur n’est pas automatiquement un homme plutôt âgé , avec une blouse blanche ! Mais combien d’élèves franchiront le pas ?

    La rencontre aura aussi permis de montrer combien la démarche scientifique est utile au citoyen dans sa recherche d’information.

    Car précise Patrick MEHLEN dans cet entretien :

    « Il y a un manque de formation scientifique de l’ensemble de la société ! »

    Et les chercheurs peuvent participer à cette mission car ils sont formés à la démarche scientifique : questionnement, vérification par les preuves, reproductibilité des expériences.

    « On doit essayer de transmettre cette façon de réfléchir pour notre société, ajoute Patrick MEHLEN . L’amener à l’école c’est très important pour que les élèves très tôt aient cette formation à une démarche qui les aidera pas seulement s’ils veulent être chercheurs mais aussi dans plein d’autres domaines où on a besoin d’avoir une analyse critique des choses qu’on dit et des choses qu’on établit . »

    Comment distinguer un fait d’une inférence, d’une opinion? Qu’est ce qu’une information vraie ?

    « On se trouve dans une société où le flux d’informations par internet, par les Médias va un petit peu dans tous les sens . On peut dire tout et son contraire sans une vraie réflexion scientifique« , regrette l’académicien qui propose que

    « les scientifiques doivent aussi contribuer à la formation des journalistes qui ont une part de responsabilité importante dans la transmission de ces savoirs, à ce qu’est un raisonnement et une démarche scientifiques et ce qui finalement va aboutir à une information vraie ».

    Le cercle FSER , organisateur de cette rencontre, lance le mois prochain un programme en direction d’une cinquantaine d’établissements en France pour accentuer cette ouverture des équipes de recherche fondamentale en biologie aux lycéens , c’est le projet DECLICS ( Développer les Échanges entre Chercheurs et Lycéens pour les Intéresser à la Construction des Savoirs.)

  • « La nouvelle classe » d’UNOWHY, un condensé d’innovations technologiques au service de la pédagogie.

    « La nouvelle classe » d’UNOWHY, un condensé d’innovations technologiques au service de la pédagogie.

    La société UNOWHY a profité de son installation dans de nouveaux locaux parisiens, pour aménager “un lieu des nouvelles pratiques qui mettent le numérique au service de la pédagogie et de l’apprentissage”. Le design de cette “nouvelle classe” est pensé “pour s’adapter à chaque scénario pédagogique”. La société a créé en 2009 Qooq, la première tablette tactile française pour la cuisine est bien connue du monde de l’éducation par le projet TED (tablette pour une éducation digitale) lancé en 2012.

    Via un consortium regroupant le Conseil Général de Saône et Loire, l’académie de Dijon, Editis (Nathan, Bordas, le Robert), l’Université de Poitiers (Techné) et Logosapience, spécialiste des logiciels scolaires interactifs, Unowhy a obtenu un financement du PIA (programme d’investissement d’avenir) et expérimenté en Saône et Loire une offre digitale associant une tablette dédiée, une interface logicielle interactive et un hub de ressources multimédias adaptées.

    L’originalité de cet écosysteme insiste Jean Yves Hepp, fondateur de la société, c’est bien la sécurité des données personnelles des élèves qui, grâce “au partenariat avec Worldline, sont hébergées en France, ce qui est gage d’assurance“. Fabriquée dans les usines du groupe à Montceau les Mines la tablette et son environnement ont été expérimentées dans des classes avec le concours des enseignants.

    Pour Jean Yves Hepp, « les GAFAM se servent de l’école pour conquérir leurs futurs consommateurs. Il est important d’avoir une réponse organisée au niveau de l’Europe pour préserver nos chances d’exister dans ce futur numérique. Notre ambition, c’est justement de donner les outils aux acteurs européens pour créer leur propre devenir, leurs propres solutions, leur propre souveraineté et leur libre arbitre dans les choix numériques qui vont être faits. Nous avons en Europe notre propre volonté d’exister tels que nous existons depuis si longtemps . Il va falloir l’inventer à travers le numérique. Ce n’est pas les américains qui l’inventeront pour nous.”

    Les collectivité territoriales comme les enseignants trouveront dans cette classe les solutions proposées par des entreprises de la « Ed Tech« , mais aussi en termes d’architecture modulaire et de mobilier dont on sait que la flexibilité facilite le côte à côte. Les technologies sont évidemment présentes comme les outils d’apprentissage du code avec ou sans écrans, l’utilisation de robots permettant à des élèves malades ou handicapés de participer virtuellement à la classe, un vidéoprojecteur permettant de projeter sur une très grande surface de mur ou un mini vidéoprojecteur individuel, un thermomètre , un microscope, un pHmètre … numériques.

    Pour Jean-Yves Hepp, l’école est là “pour que tous les enfants aient leur chances dans ce futur monde numérique.”

  • L’Université Numérique d’Automne de Dijon au cœur du projet « d’académie apprenante »

    L’Université Numérique d’Automne de Dijon au cœur du projet « d’académie apprenante »

     » Je me propose de transformer l’académie de Dijon en « académie apprenante » a annoncé Frédérique ALEXANDRE – BAILLY, la rectrice , chancelière des Universités, à l’occasion de l’Université Numérique d’Automne, le traditionnel rendez vous dijonnais dédié au numérique de l’ensemble de la communauté éducative.

    Cette journée d’échanges et de formation s’adressait cette année à tous, de la maternelle à l’université, avec de très nombreux ateliers , la présence très forte des éditeurs et industriels du numérique éducatif et un programme original :

    – lexploration de l’EPS 2.0, c’est dans le e-gymnase où des enseignants animent des ateliers de pratiques avec des classes en action : piste d’athlétisme, mur d’escalade, badminton, acrosport…et usages complémentaires de la tablette numérique.

    l’espace robotique, c’est un lieu de pratiques d’activités ludiques et créatives où les élèves découvrent le codage comme un jeu.

    – comment organiser une conférence sur le mode « inversé » ?

    Christophe Batier ( président du consortium Claroline – université Claude Bernard Lyon 1 ) et Marcel Lebrun ( professeur en technologies de l’éducation à l’Université catholique de Louvain, bien connu pour ses travaux sur les classes inversées), innovent en co-organisant avec les participants une causerie sur le thème  » Humanités numériques ou numérisées ? »

    Mais qu’est-ce qu’une « académie apprenante » ?

    Dans cet entretien Frédérique ALEXANDRE – BAILLY , rectrice de l’académie de Dijon reprend l’idée forte du rapport sur la Recherche et Développement de l’Education tout au long de la vie rédigé par François TADDEI, Catherine BECCHETTI -BIZOT et Guillaume HOUZEL et intitulé : « Vers une société apprenante »

    Pour les auteurs, qui s’appuient sur les résultats de la recherche en sciences cognitives, “nous pouvons tous développer nos apprentissages en cherchant, en nous questionnant, en expérimentant, en nous appuyant sur les progrès des technologies et des connaissances, sur ce que d’autres ont fait ainsi que sur un réseau de pairs et de mentors.”

    “Dans une organisation apprenante, écrivent-ils, tous les membres apprennent les uns des autres, les innovations et les apprentissages des uns facilitant ceux des autres…Cette communication transversale permet l’émergence de dynamiques favorisant l’innovation, l’intelligence collective et l’adaptation permanente. »

    Ils proposent ainsi de créer dans la classe des écosystèmes apprenants, où les enfants sont invités à la coopération entre pairs et ou l’on crée du mentorat entre apprenants.

    Développer un établissement apprenant c’est faciliter et encourager la créativité des enseignants , c’est accompagner leur développement professionnel et les inviter à mettre en œuvre des projets adossés à la Recherche.

    Les auteurs du rapport font également des propositions pour les Universités et les territoires qui devenus apprenants, facilitent en leur sein le développement de la capacité de questionnement et de réflexivité, encouragent la concertation et la coopération entre les principales parties prenantes.

    L’idée d’académie apprenante, absente du rapport, est portée par la rectrice Frédérique ALEXANDRE-BAILLY :

    Mon souhait c’est que « la formation initiale et la formation continue se retrouvent dans des lieux qui sont des lieux d’innovation et des lieux qui s’appuient sur la Recherche . Mon idée s’appuie sur celle des « labs school » , des écoles laboratoires qui seraient des écoles volontaires pour s’ouvrir au reste de l’académie pour que les enseignants en formation et les enseignants en activité puissent venir y présenter un projet, regarder les projets, rencontrer des chercheurs pour évaluer ce qu’ils font , apprendre à monter des projets de façon très rigoureuse pour pouvoir évaluer leur impact. »Les labs school , ces écoles innovantes ( essentiellement privées ) qui s’adossent à un laboratoire ou une équipe de recherche existent depuis la fin du XIXe siècle en Asie et aux États Unis mais pas en France .

    Une réflexion a été menée depuis un an par un collectif de chercheurs pour adapter ce concept au contexte français ce qui a permis d’ouvrir à cette rentrée scolaire la Lab School de Paris. Ce projet d’école privée hors contrat est porté par Pascale HAAG, enseignante -chercheuse de l’EHESS.

    Créer en France, dans l’académie de Dijon, des établissements qui s’apparentent à des labs school publiques constitue un projet de politique publique d’avenir qui sera observé avec la plus grande attention.