Auteur/autrice : Aurélie Julien

  • « English for schools », un des onze nouveaux services #EcoleNumerique

    « English for schools », un des onze nouveaux services #EcoleNumerique

    englishforschools_171213Apprentissage de l’anglais pour les 8-11 ans

    English for Schools est un dispositif mis en ligne en octobre 2013 pour l’apprentissage de l’anglais à destination des élèves et des enseignants du cycle 3 (CE2, CM et CM2). Cette plateforme réalisée par le CNED en partenariat avec le British Council vise à fournir à la communauté éducative un outil innovant, à développer l’envie d’apprendre et à faciliter le travail de préparation des enseignants à l’usage de ces ressources ludiques et interactives issues du web anglophone.

     

    Deux univers de découvertes

    English for Schools est un site composé d’un univers Kids destiné aux élèves et d’un univers Teachers à destination des enseignants.

    L’espace élèves permet d’accéder à de nombreuses ressources authentiques et variées (jeux, vidéos, documents sonores et écrits). La navigation à l’intérieur du site s’effectue à partir des onglets thématiques situés en page d’accueil : Animaux, Einstein et Cie, Vie quotidienne, Monde à la loupe, Culturissime. Des outils de filtrage simples (genre, niveau) sont également proposés aux apprenants. Ces derniers peuvent en outre créer un compte utilisateur pour sauvegarder leurs ressources favorites.

    Teachers est une plateforme de travail et d’échanges (annuaire, messagerie interne, forum) autour de l’enseignement de l’anglais en primaire. L’enseignant inscrit dispose ainsi d’un espace  facilitant la préparation des cours : ressources multimédia indexées en fonction des programmes, suggestions d’exploitation pédagogique, mutualisation.  Chaque ressource est présentée sous la forme d’une fiche descriptive détaillée (titre, thème/sous-thème, niveau de difficulté, source, temps nécessaire d’exploitation, type d’activité, supports d’utilisation compatibles, objectifs pédagogiques, pistes d’utilisation en classe).

    Les contenus mis en ligne dans les deux univers sont exploitables uniquement à des fins personnelles et pédagogiques. Des cours d’anglais contenant des ressources complémentaires (documents écrits, extraits audio)  sont également disponibles via l’Académie en ligne, autre service proposé par le CNED.

    Plus d’infos :
    Toute l’actualité du numérique sur eduscol.education.fr

    Source : Eduscol

     

  • « Il devient à la fois possible et nécessaire, grâce au numérique, d’enseigner autrement »

    « Il devient à la fois possible et nécessaire, grâce au numérique, d’enseigner autrement »


    Vous trouverez sur le site du ministère le compte rendu de l’installation du Conseil, la liste de ses membres, la lettre de mission, les premières commandes passées par le ministre et des schémas explicatifs de son fonctionnement et notamment le calendrier de ses travaux, ci-dessous.

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    On le voit, les travaux du CSP sont progressifs, très progressifs, même s’il travaille d’emblée sur l’intégralité de l’école du socle, de la maternelle au collège. Les éditeurs sont-ils la cause de l’application lente, année après année, des nouveaux programmes — voir en marge, à droite ? On attend bien sûr d’eux les merveilleux manuels innovants qui ne seront, cela va de soi, que numériques.

    Est-ce-ce pourtant bien utile d’attendre leurs productions quand on observe que nombreux sont, dans toutes les disciplines, les professeurs qui élaborent, à partir de ressources diverses, gratuites, libres, payantes… les manuels dont ils ont besoin et qu’ils utilisent ? Et que penser de l’absence de toute réflexion encore sur les programmes du lycée dont les mises à jour sont remises aux calendes grecques ? Faudra-t-il encore longtemps subir ce baccalauréat inadapté ? Faudra-t-il continuer longtemps encore à installer dans les salles d’examen des détecteurs de smartphones ?

    Invité à évoquer la stratégie du CSP à Bordeaux à l’occasion des « Boussoles du numérique », Alain Boissinot, trop occupé par le lancement des travaux, a dû renoncer. Il a pourtant bien voulu m’accorder une interview, le 27 novembre dernier, dans les locaux du CSP à Vanves.

    Vous en trouverez ci-dessous la captation vidéo (les moyens techniques sont ceux de la Maison départementale de l’éducation du Val-d’Oise, merci à eux) et la transcription intégrale.

    M. G. : M. le président, le ministre Vincent Peillon vous a confié la mission de présider ce Conseil supérieur des programmes avec une lettre de mission lourde et importante et vous a passé commande d’un certain nombre de chantiers. Si j’ai bien compris, en 2014, vous allez travailler sur les programmes de maternelle…

    Alain Boissinot : Entre autres choses, oui, tout à fait… Les commandes que le Conseil supérieur des programmes a déjà reçues du ministre portent essentiellement sur la maternelle et sur la scolarité obligatoire, l’élémentaire et le collège.

    Donc ça implique de redéfinir les missions de l’école maternelle — il y a une grande attente à l’égard d’un nouveau texte —

    ensuite l’école primaire, le collège avec une organisation d’ensemble en trois nouveaux cycles, et puis la redéfinition du socle commun également qui pose un certain nombre de problèmes, l’évaluation notamment. Donc ça fait un vaste chantier…

    M. G. : Donc, parallèlement, si j’ai bien compris, seront menées des investigations sur les programmes des collèges…

    Alain Boissinot : Tout à fait. Le socle commun couvre l’ensemble de la scolarité obligatoire et, en parallèle et en même temps, parce que l’objectif c’est justement d’articuler la définition du socle commun et les programmes d’enseignement, on va travailler dans les semaines qui viennent sur les programmes de l’école primaire et les programmes du collège.

    M. G. : Et plus tard viendra le lycée ?

    Alain Boissinot : Et dans un deuxième temps, viendra le lycée mais, pour le moment, on a déjà fort à faire…

    M. G. : Notre propos aujourd’hui est centré sur le numérique et la place importante qu’il prend maintenant dans la société et les pratiques des jeunes en particulier. L’école ne peut pas y échapper. Puisque la question d’enseigner avec le numérique ne semble plus se poser, comment pensez-vous que les programmes puissent prendre en compte l’enseignement du numérique ? Certains pensent à une nouvelle discipline…

    Alain Boissinot : Alors la question est vaste et il y a plusieurs facettes.

    Première remarque : moi, j’ai une conviction, c’est qu’on arrive à un moment où, en effet, les pratiques du numérique se développent dans les classes et où on est en mesure de franchir un seuil, à condition d’en tirer toutes les conséquences. Et là, c’est la responsabilité de l’institution, c’est-à-dire qu’on ne peut plus laisser simplement les choses se faire empiriquement sur le terrain mais il faut qu’on voie comment on accompagne ce développement. Alors ça pose un certain nombre de questions auxquelles la dernière loi de refondation de l’école tente d’apporter des éléments de réponses.

    Premièrement, il faut coordonner ce développement du numérique, l’organiser, fournir des outils ou aider à ce que les outils se développent, c’est le rôle du service public du numérique éducatif

    qui est un enjeu, je crois, important sur lequel travaille mon amie et collègue Catherine Bizot et je crois que ça permettra de mettre en synergie beaucoup de choses qui, de fait, sont en train de se développer sur le terrain. Mais on franchira un cran de plus et surtout l’institution pourra aider à ce développement.

    Et puis, la deuxième condition essentielle, c’est qu’effectivement il faut qu’on tire toutes les conséquences dans la définition des programmes et là on en vient aux missions du Conseil, des différents outils, des différentes pratiques que permet le numérique. Et je crois qu’il faut insister sur le fait que le nouveau Conseil supérieur des programmes qui débute donc ses travaux a un champ d’activités que le ministre a souhaité large, de ce point de vue, puisque contrairement aux Conseils qui avaient existé dans le passé, son décret de création comme la loi d’ailleurs elle-même de refondation de l’école, prévoient explicitement que le Conseil est légitime pour s’intéresser non seulement aux programmes, au sens le plus traditionnel du terme, c’est-à-dire les contenus d’enseignement, disons, mais aussi aux pratiques pédagogiques mises en œuvre et notamment à tout ce que permettent les nouveaux outils comme le numérique, et de la même façon, le Conseil est invité à s’intéresser à l’évaluation, ce qui est point tout à fait essentiel, et à la formation des maîtres.

    Donc il s’agit de tenter de couvrir toute la chaîne, les contenus d’enseignement, certes, mais aussi la formation des enseignants qui est au moins aussi importante que la définition des programmes et puis les outils qu’ils mettent en œuvre.

    Donc on va effectivement se poser le problème du numérique. De ce point de vue et par rapport à votre question, et en essayant d’aller à l’essentiel, il me semble que le sujet n’est pas d’enseigner le numérique en tant que tel ou de créer une nouvelle discipline — bon, on peut en débattre — mais ça n’est pas cela l’essentiel du problème.

    Le problème, il est sur deux points. Il est comment revivifier l’ensemble des enseignements actuels dans les différents domaines disciplinaires par le numérique, puisque le numérique n’est pas simplement un outil et il ne s’agit pas simplement de passer du tableau noir au tableau interactif, ça n’est pas uniquement une modification au niveau de l’instrumentation de l’enseignement, ça met en cause les pratiques, les contenus d’enseignement mêmes, et ça, il faut qu’on s’interroge là-dessus. Qu’est-ce que le développement du numérique fait bouger en français, en éducation morale et civique, en économie pour permettre d’une part de mieux enseigner ces différentes disciplines, et d’autre part pour faire en sorte que ces disciplines contribuent à rendre les élèves plus experts, à la fois en réception de tout ce qui relève de la communication par le numérique, mais aussi en matière de création ?

    Ma collègue Catherine Bizot y insiste beaucoup et à juste titre : il faut que les apprentissages des élèves aillent dans les deux sens, non seulement des consommateurs de numérique mais aussi, dans un certain nombre de domaines, des créateurs d’informations, des diffuseurs d’informations. Donc il faut que tous les programmes de toutes les disciplines témoignent de cette réflexion-là et la prennent en compte.

    Et puis il y a un deuxième axe : c’est que nous devons nous interroger sur tous les déplacements pédagogiques qu’induit le numérique c’est-à-dire sur le fait qu’il devient à la fois possible et nécessaire, grâce au numérique, d’enseigner autrement.

    Le numérique, ça modifie les conditions d’accès à l’information. Certains poussent alors assez loin le trait mais peut-être ont-ils raison d’ailleurs, en parlant de pédagogie inversée — je pense aux travaux de Michel Serres, je pense à beaucoup d’autres témoignages en ce sens — qui disent, par exemple, au fond, à l’origine le rôle du maître c’était d’apporter des informations, et puis ensuite les élèves se débrouillaient à partir de ce qu’on appelait le fameux travail personnel de l’élève, à l’école ou à la maison. Eh bien au fond, est-ce qu’on n’est pas en train de vivre par rapport à ça une révolution copernicienne ?

    L’apport d’information se fait maintenant autrement que par le maître, très largement, et donc le rôle du maître doit se repositionner, aux côtés de l’élève pour l’aider à maîtriser cette masse d’informations, pour l’aider à construire à partir de là des compétences et des connaissances. Et ça, ça déplace aussi évidemment les programmes, puisque les programmes traditionnels définissaient d’abord historiquement une somme de compétences qu’on était supposé décerner aux élèves, eh bien là il faut aussi que les programmes tirent aussi les conséquences de cette évolution rendue possible par le numérique et définissent sans doute davantage des progressions permettant aux élèves de construire progressivement leurs connaissances et leurs compétences. C’est tout ce champ qui est devant nous, il faut qu’on essaie de tenir à la fois toutes les pièces du puzzle pour, comme je le disais tout à l’heure, au fond, franchir ce point critique auquel nous arrivons actuellement.

    M. G. : Deux autres points, si vous le voulez bien. Vous avez peut-être entendu parler de François Taddéi, qui est enseignant-chercheur en biologie à Paris-Descartes, qui a créé et dirige depuis 2005 un Centre de recherches interdisciplinaires qui fait se croiser, se rencontrer les disciplines. Ce à quoi il croît, c’est que le numérique, justement, permet des échanges, des passerelles nombreuses entre ces dernières. Comment les programmes, qui seront peut-être définis discipline par discipline, peuvent-ils permettre ces passerelles ? Les champs disciplinaires sont-ils définitivement cloisonnés ou pourra-t-on ouvrir des espaces communs ou de la transversalité ?

    Alain Boissinot : Cette question du cloisonnement, des champs disciplinaires est une question qui, au demeurant, se posait avant le numérique. Il y a longtemps que de bons esprits s’interrogent sur les limites du cloisonnement excessif des disciplines et sur le risque de segmentation et de saupoudrage des savoirs. Il y a des expériences, je pense à l’enseignement intégré des sciences et de la technologie au collège, qui cherchent déjà à remédier à ça.

    Bien évidemment, c’est une des questions qui est devant nous et qui a déjà été rencontrée aussi à propos de la définition du socle commun. Lorsqu’on s’interroge sur les compétences que les élèves doivent acquérir pendant la scolarité obligatoire, on rencontre un certain nombre de compétences transversales, comme on dit, qui relèvent de différents champs disciplinaires et pas simplement d’une matière parmi d’autres. Donc on est amené à se reposer la question de ces acquisitions transversales, de ces relations interdisciplinaires et, sans doute — alors, au niveau de l’école primaire, c’est une idée qui est en général bien acceptée puisqu’elle relève de la polyvalence du maître, au niveau du collège, c’est plus difficile —

    il faudra sans doute essayer de travailler sur cette notion de transversalité plus grande des apprentissages. Et c’est vrai que là, le numérique devrait être un facilitateur dans cette approche,

    parce que, en mettant à disposition des élèves, d’une part des connaissances très nombreuses et très diverses et, d’autre part, des outils et des pratiques qui, par définition, sont transversales, qui ne sont pas propres à telle ou telle discipline, le numérique aide à construire des démarches complexes, à mettre l’élève face à un projet global, face à une problématique globale, et à aller chercher des ressources dans tel ou tel domaine disciplinaire.

    Donc, là encore, le travail, de mon point de vue, c’est de tenter de mettre en synergie les perspectives qu’on se donne en matière d’acquisition de connaissances, une démarche […] des savoirs et la mise en œuvre d’outils qui, effectivement, permettent de développer des pratiques nouvelles et, elles-mêmes, moins cloisonnées que les pratiques antérieures.

    Au fond, tout ça doit relever d’évolutions non pas en parallèle, mais d’une même évolution globale et qui, à certains égards, est un peu un changement de paradigme au sein du système éducatif. C’est une nouvelle logique qui est en train de se développer qui devrait d’ailleurs aussi permettre d’aborder différemment la question du temps scolaire, la différence entre le travail que l’élève fait pendant la classe, le travail qu’il fait dans ce qu’on appelait les CDI et le travail qu’il fait à la maison, cette différence, elle s’estompe par rapport au cadre traditionnel.

    De même, le temps de la classe et le temps que l’élève va passer devant son ordinateur et on sait qu’il devient de plus en plus important, ces temps-là, ils vont se rencontrer, ils vont se croiser au moins partiellement. Donc les cadres traditionnels de l’enseignement, le temps, l’espace, le cadre de la classe, tout ça est remis en cause à travers ces évolutions et le problème, c’est de tenter de faire en sorte que ça ne donne pas le sentiment d’une crise des apprentissages traditionnels ou d’une dispersion des élèves mais que ça débouche sur de nouvelles démarches cohérentes. Et les nouveaux programmes, tels que nous avons, me semble-t-il, à les penser, doivent intégrer toutes ces dimensions-là. C’est vraiment cela l’enjeu qui est devant nous.

    M. G. : Si vous me permettez un prolongement, M. le président, est-ce que la formation des maîtres n’est pas là un enjeu très important de ce décloisonnement, de cette ouverture-là ? Il y a quand même un certain nombre de barrières historiques, dans ces instituts de formation des maîtres, appelées aujourd’hui ESPE…

    Alain Boissinot : Oui, tous les rapports montrent, et d’une certaine manière, c’est évident, que la formation des maîtres est au moins aussi importante que l’élaboration des programmes à proprement parler. On peut faire les meilleurs programmes que l’on veut, que l’on souhaite, si ils ne sont pas acceptés par des maîtres qu’on a aidés à les mettre en œuvre, ils ne serviront pas à grand-chose. La formation des maîtres est un enjeu essentiel, le Conseil supérieur des programmes, de par son décret de création, est d’ailleurs invité à faire des suggestions en ce sens, et je crois que c’est en effet très important que la réflexion sur les programmes et la réflexion sur la formation des maîtres se rebouclent et ne soient pas menées en parallèle.

    Donc bien évidemment, il faudra que ces questions-là soient traitées dès la formation des maîtres.

    Je suis peut-être trop optimiste mais, malgré tout, ceux qui sont actuellement recrutés, les jeunes qui sont recrutés actuellement, pour devenir enseignants sont tous des jeunes de la génération du numérique et ils ont, de ce point de vue-là une culture qui est probablement plus proche de celle des élèves que de la culture de leurs aînés donc on peut penser qu’ils entreront assez volontiers dans ces logiques-là et il faut qu’on se donne les moyens de les aider en termes de production d’outils et aussi en termes de perspectives pédagogiques, de définition des épreuves d’examens.

    Par exemple, à l’heure du numérique, les procédures d’évaluation que l’institution prévoit dans les différents examens doivent, me semble-t-il, évoluer. On n’évalue pas l’orthographe de la même manière à l’époque du correcteur d’orthographe, on n’évalue pas la géographie de la même manière quand Google permet de repérer tous les sites du monde et de les regarder en relief sur l’écran de l’ordinateur. Donc il faut intégrer dans les contenus d’enseignement, dans les pratiques d’enseignement, dans les méthodes d’évaluation… Là encore, ce sont des déplacements professionnels.

    On a déjà connu ça, d’une certaine manière, quand les mathématiciens ont dû prendre en compte les effets de la présence des calculatrices entre les mains des élèves et dans les salles de classe, ça les a amenés à redéfinir ce qu’était, par exemple, l’évaluation en mathématiques et, évidemment, les épreuves de mathématiques maintenant ne sont plus de même nature que ce qu’elles étaient autrefois. Je crois que, toutes choses égales d’ailleurs, il faudra aider les enseignants à imaginer des pratiques professionnelles, des pratiques d’évaluation qui tiennent compte des nouveaux outils.

    M. G. : Ma dernière question porte, de manière plus pratique, sur les conseils que vous pourriez donner aux enseignants qui sont confrontés aujourd’hui à des difficultés. Les corrections des devoirs sont maintenant disponibles en ligne, sur des sites où l’élève paie un ou deux euros pour y avoir accès, sans d’ailleurs que le maître le sache et sans qu’il puisse vérifier les sources des travaux personnels faits à la maison. Comment faire ?

    Alain Boissinot : Je ne sais pas si j’ai des conseils à donner mais je peux comme tous les enseignants réfléchir sur les évolutions qui vont se mettre en place. Je crois qu’il y a des facettes traditionnelles du métier qui vont, effectivement, perdre de leur importance. Il est clair que la notion de contrôle de connaissances n’a plus la même signification lorsque les connaissances sont, à condition de savoir un tout petit peu s’y prendre, aisément disponibles en ligne. C’est ce que raconte quelqu’un comme Michel Serres qui dit

    « Autrefois, quand je commençais un cours devant mes étudiants, je me demandais : “qu’est-ce qu’ils ne savent pas et que je dois leur apprendre ?” et maintenant je me demande : “mais qu’est-ce qu’ils savent déjà et que je ne dois surtout pas répéter parce que je vais les ennuyer ?” ».

    Alors ça, c’est vrai pour tout le monde, c’est-à-dire un enseignement conçu d’abord comme transmission de connaissances puis ensuite comme contrôle de l’acquisition de ces connaissances, il est effectivement remis en cause par les nouveaux outils. Mais je ne crois pas qu’il faille le regretter, je crois que ça déblaie le terrain précisément pour des activités professionnelles qui seront d’autant plus intéressantes. L’exemple de l’enseignement du français : on prendra peut-être moins de temps pour vérifier la notice biographique de tel ou tel écrivain, et je ne suis pas sûr qu’il faille le regretter, en revanche on aura davantage de temps, par exemple, pour accompagner les élèves dans des travaux de production de textes, des travaux d’écriture.

    On peut, grâce au traitement de texte, grâce au numérique, faire des choses extrêmement intéressantes en matière de suivi des corrections d’un texte, d’élaboration progressive d’un texte plus achevé, voilà, de nouvelles pratiques deviennent possibles qui, effectivement, vont occuper un espace, un temps qui sont libérés par rapport aux pratiques anciennes.

    Alors tout cela modifiera sans doute les facettes de nos disciplines, je ne crois pas que ça soit du tout un déclin, je crois qu’au contraire, ça leur permet d’aller au cœur de pratiques plus intéressantes et plus riches que les pratiques traditionnelles. En tout cas, c’est notre responsabilité que d’essayer d’imaginer ces nouvelles pratiques d’enseignement.

    M. G. : Je termine, M. le président. Il y a pourtant, me semble-t-il, une sorte de collision entre les programmes, tels qu’ils sont, et ces nouvelles pratiques qui commencent à se développer. Il y a un vrai hiatus, de vraies difficultés que vivent au jour le jour les professeurs… 

    Alain Boissinot Alors il y a sans doute en effet un hiatus entre la logique ancienne qui continue à fonctionner y compris, c’est vrai, dans la lettre des programmes, même si ils ont cherché à évoluer, et puis les pratiques qui se développent quotidiennement dans les classes.

    Alors je crois qu’à ça il faut répondre de deux manières : d’abord il faut en effet que nous ayons une réflexion pour faire évoluer les programmes et nous allons le faire et c’est bien le sens des missions qui ont été confiées au Conseil supérieur des programmes. Mais il y a un autre niveau de réponse. Je crois que, de même que nous sommes sortis d’un certain nombre de pratiques traditionnelles, nous sommes aussi sortis d’une logique où l’institution pouvait prétendre fixer depuis la rue de Grenelle, en ayant consulté quelques experts, si compétents soient-ils, l’ensemble des pratiques pédagogiques que devaient mettre en œuvre tous les enseignants de France. Je crois qu’il faut apprendre à être, certes clairs sur les grands objectifs parce que tout le monde en a besoin, mais en même temps un peu plus modestes sur le détail de leur mise en œuvre, et il faut apprendre, et ça aussi les nouveaux outils y insistent, à faire confiance à un travail plus horizontal comme on dit quelquefois, plus en réseau, à laisser un espace de créativité aux enseignants, un espace d’adaptation par rapport aux objectifs qu’on leur propose et, au fond, permettre au système de s’adapter, de se réguler lui-même davantage au niveau des pratiques professionnelles des équipes pédagogiques.

    Je crois que c’est aussi un enjeu qui est devant nous. L’époque où le ministre pouvait décider du jour et de l’heure à laquelle tous les élèves de France feraient leur dictée, elle est décidément bien terminée et c’est là aussi une nouvelle logique sur laquelle nous réfléchissons beaucoup au début de nos travaux, au Conseil supérieur des programmes : comment trouver le bon équilibre entre ce qui doit être défini au niveau national parce que c’est l’expression d’une volonté collective, parce que c’est un facteur d’unité auquel tout le monde est attaché, et ce qui doit être laissé à l’initiative des équipes pour permettre une adaptation suffisamment fluide, suffisamment rapide aux évolutions des mœurs, des idées et des techniques.

    M. G. : Je vous remercie, M. le président.

     

    Source : Michel Guillou @michelguillou, blog http://gingko.neottia.net

  • Canceropole – 10 ans – Quiz Numérique en duplex entre Marseille et Sophia Antipolis

    Canceropole – 10 ans – Quiz Numérique en duplex entre Marseille et Sophia Antipolis

    QuizzACNICE_151213L’objectif est de donner un point de vue réaliste de l’avancée des recherches au cours de ces 10 dernières années, prendre l’initiative pour s’interroger, interpeller le Grand Public, avoir une vision globale des attentes de notre société.

    Afin de poursuivre ces actions, valoriser les projets de recherche, de la biologie fondamentale à la recherche clinique ou aux sciences humaines & sociales, le Cancéropôle PACA a conçu un quizz numérique avec le Centre Régional de Documentation Pédagogique de l’académie de Nice autour d’une quinzaine de questions relatives à la recherche, reprise de travaux de vulgarisation réalisés par des lycéens de notre territoire.

    Futurs chercheurs ou grand public passionné par la science, nous vous invitons à explorer 14 projets de recherche, en vous immergeant pas à pas dans la thématique pour tester vos connaissances sur la cancérologie d’aujourd’hui et celle de demain …

    Rejoignez-nous pour ce dernier RDV Grand Public 10 ans du Cancéropôle PACA, en présence des chercheurs de notre région, le 18 Décembre, à Villa Méditerranée à Marseille ou à l’INRIA à Sophia Antipolis; Cet évènement grand public, réalisé en partenariat avec les rectorats Aix-Marseille et Nice pour le public lycéen, se fera en simultané sur les deux sites marseillais et niçois.

    Plus d’infos :
    Inscriptions ici : www.canceropole-paca.com
    Rendez-vous mercredi 18 décembre à partir de 9h30 à Marseille ou à Sophia Antipolis.

  • Ludifier les SVT : point de vue d’un enseignant qui pratique le numérique

    Ludifier les SVT : point de vue d’un enseignant qui pratique le numérique

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    L’arrivée du numérique dans la vie d’un prof de SVT…

    J’enseigne les SVT depuis trente-six ans et si je n’exploite pas les TIC dans mon enseignement depuis aussi longtemps, la première application que je réalise pour mes élèves date néanmoins de trente ans.

    Il s’agit d’un programme en basic qui permet de calculer le taux d’alcoolémie en fonction d’un certain nombre de paramètres. Une courbe du taux d’alcoolémie se dessine sur le moniteur, en fonction du temps et des boissons alcoolisées consommées.
    Je constate, à cette époque, que cet outil utilisé sur le premier ordinateur du collège sensibilise plus mes élèves aux dangers de l’alcool qu’une série de tableaux de données. A la même époque je réalise un autre programme informatique qui simule la descendance des drosophiles. Sans Internet ces deux productions restent très confidentielles.

    Puis l’arrivée du « Flash »

    J’attends le début des années 2000, et la découverte du logiciel Flash pour créer une troisième application ; cet outil simule le comportement des cloportes. L’élève modifie certains caractères physiques du milieu (humidité, luminosité et/ou température) et observe le comportement de ces crustacés.

    Le logiciel Flash est assez complexe et, sans formation, je passe beaucoup de temps à réaliser ce logiciel ce qui m’amène à chercher un autre outil de création, le logiciel  Médiator et à vouloir partager mon travail avec des collègues, pour « amortir » le capital temps.

    Partage et collaboration par la création d’un blog

    C’est une des raisons qui me conduisent à créer mon site de partage pédagogique SVT44.

    Treize ans plus tard, de très nombreux élèves continuent à «torturer» mes cloportes virtuellement sur Internet et mon site SVT 44 reçoit environ un million de visites par an et huit millions de pages et/ou animations sont consultées.

    A ce jour, j’ai réalisé environ soixante cinq logiciels utilisées dans le premier et le second degré dont un qui  a été intégré dans la clé USB « Etamine », distribuée aux candidats au CAPES et à l’Agrégation Interne de SVT.

    La réalisation d’un logiciel commence par un scénario personnel ou proposé par un collègue. Ensuite je commence à créer l’animation avec le logiciel Médiator, celui-ci programme à ma place et me permet de me concentrer sur mon animation. Pour illustrer certaines applications et/ou une relecture, je demande de l’aide comme par exemple pour le logiciel « Volcan ». Pour cette production, le volcanologue Jacques-Marie Bardintzeff accepte de me fournir des photographies, des vidéos et d’assurer la relecture des informations scientifiques apportées par cette application.

    Il y a environ quatre ans, un collègue marocain me contacte pour me demander s’il est possible de réaliser une version en arabe du logiciel Plante. J’accepte sa proposition, et je réalise une version arabe/français avec les textes traduits que me transmet ce collègue. L’année suivante, le Centre Pédagogique Basque Ikas me contacte pour me demander de réaliser une version en basque de mon logiciel Cloporte. Après le basque, je réalise huit productions en français et en anglais.

    Introduction du jeu dans mes logiciels

    Il y a un peu plus d’un an, suite à mes rencontres avec Idriss Aberkan, un jeune chercheur qui est chargé de cours à l’Ecole Centrale Paris, j’ai décidé d’introduire la composante jeu dès le départ de la création, ce qui a donné le jeu « Dans la peau d’un scientifique ».

    Dans cette production les élèves endossent, pour le moment, l’habit de deux scientifiques Lazarro Spallanzani et Jean-Henri Fabre. Mes élèves apprécient beaucoup cette nouvelle approche où le parcours est moins dirigé, où il est possible de faire des erreurs, de ne pas trouver tout de suite. Ils refont plusieurs fois le parcours proposé pour terminer sans fautes.

    Un de mes derniers projets est un logiciel multilingue (breton, basque, provençal, azéri, allemand, italien, anglais, arabe, espagnol, portugais, hindi et latin) Ce projet collaboratif avec d’autres enseignants,  permet d’aller plus loin dans le « mariage » des SVT et des langues. Tout ce travail a été réalisé avec de nombreuses collaborations : des lycéens et des collègues français et étrangers, …. D’autres langues seront proposées, actuellement, en Suède, des lycéens traduisent le texte en suédois. Je recherche des traducteurs plus particulièrement en chinois, russe et japonais.

    Mon  dernier projet « Génétique 3ème » est en ligne depuis quelques jours. Ce logiciel permet aux élèves de revoir d’une façon ludique l’ensemble de la  génétique de 3ème (presque 1/3 du programme).

    Plus d’infos :
    Tous mes logiciels : http:///www.e-svt.fr

    Le site de partage pédagogique : http://44.svt.free.fr

    Le groupe Facebook SVT44 : https://www.facebook.com/groups/51442418643/

    Le compte Twitter : https://twitter.com/#!/svt44 

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    Jean-Pierre Gallerand – Agrégé de SVT – Collège Théophane Vénard à Nantes

  • La ville d’Illkirch-Graffenstaden innove par la création d’un portail internet pour échanger avec les directeurs d’école

    La ville d’Illkirch-Graffenstaden innove par la création d’un portail internet pour échanger avec les directeurs d’école

    villeillkirch_tropheeeducatice_111213Pour cette innovation, la Ville s’est vu remettre l’un des trophées des technologies éducatives avec Mention spéciale du jury dans la catégorie Collectivités au Salon Educatec-Educatice (salon professionnel de l’Education) le 21 novembre à Paris.

     

    Le fruit d’une année de travail

    Tout au long d’une année scolaire, le service scolaire/périscolaire et les dix directeurs d’écoles maternelles et élémentaires se transmettent des documents, transfèrent des fichiers et des dossiers qui nécessitent des envois de documents par courrier, des courriels d’information, des appels téléphoniques…. Ces procédures étant lourdes, lentes et se heurtant à des problèmes de mise à jour, le service scolaire/périscolaire a réfléchi à un nouveau procédé moderne. Il s’agissait de gagner en efficacité et de faire la part belle à la dématérialisation.

    WEB ECOLES a donc été pensé comme un lieu unique où sont centralisées toutes les informations et les ressources des directeurs d’écoles. Il permet de faire le lien vers différents services de la ville. Il a pour vocation d’être la boîte à outils des directeurs. Ce portail répond à leurs besoins et contraintes pour le bon fonctionnement de l’école. Il permet une recherche et un partage efficace des informations avec réactivité et fluidité d’utilisation ; il répond à la contrainte constante de mise à jour des informations.

    Cette plate-forme, réalisée en interne par Sylvain Giorgetti, webmaster au service communication de la Ville, a été conçue « sur mesure » en fonction des besoins de fonctionnement émis par le service scolaire/périscolaire lors de leurs échanges avec les directeurs.

    Catherine Revil-Baudard et Charlène Kolb, responsables de ce service ont décidé ensemble de la constitution de l’arborescence thématique. En résumé, le site se compose d’une page d’accueil permettant d’accéder aux actualités et à diverses rubriques (inscriptions scolaires, vie de l’école, logistique, informatique, FAQ). Les directeurs peuvent ainsi puiser toutes les informations et documents qui leur sont nécessaires comme les bons de commande, les factures, les circulaires etc.

    Les principaux objectifs et atouts du projet

    Le projet WEB ECOLES a permis d’atteindre les objectifs suivants :

    • Favoriser des échanges écoles-Ville efficaces et réactifs
    • Permettre un travail collaboratif (partenariats interne et externe) et interactif
    • Apporter un support au travail administratif des directeurs d’écoles
    • Permettre une recherche et un partage efficaces des informations
    • Simplifier les démarches administratives

    Une phase test avec deux directeurs d’école (l’un à la tête d’un groupe scolaire et l’autre nouvellement affecté sur la commune) est en cours depuis septembre 2013.

    Pour l’heure, les deux directeurs apprécient l’arborescence adaptée à leur fonctionnement, la facilité/rapidité avec laquelle ils ont pu prendre en main l’outil, et le gain en efficacité.

    De son côté, le service scolaire constate déjà une transmission des informations plus complète dans des délais mieux respectés, un traitement des informations reçues plus rapide, plus d’interactivité, et une mise à jour plus rapide, ce qui permet d’adapter en permanence le contenu.

    Pour tous, WEB ECOLES  présente plusieurs atouts :

    –  un accès à des documents régulièrement mis à jour, à des formulaires harmonisés pour diverses demandes au service scolaire
    –  un gain de temps pour le service scolaire/périscolaire et les directeurs d’école
    –  le partage des dates de sorties, de classes vertes, ou kermesses … Les services périscolaires sont ainsi prévenus.
    – le partage des expériences et des bonnes pratiques

     

    La phase test s’achèvera fin décembre 2013. Cette étape aura permis d’évaluer le dispositif et d’apporter d’éventuelles améliorations avant le lancement du projet sur l’ensemble des écoles en janvier 2014.

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    Source : service communication de la ville d’Illkirch-Graffenstaden

    Photo, de gauche à droite : l’équipe service scolaire de la Ville Charlène Kolb, Chantal Laeuli-Merle et Catherine Revil-Baudard

     

     

  • HistoQuizz, une appli pour vos cours d’histoire, maintenant gratuite pour Android

    HistoQuizz, une appli pour vos cours d’histoire, maintenant gratuite pour Android

    HistoQuizz permet de confronter ses connaissances en histoire à travers quatre période (antiquité, moyen-âge, moderne et contenporaine), dans des challenges progressifs adaptés à tous les niveaux. Idéal pour apprendre en s’amusant !

    Concrètement, HistoQuizz se présente comme un grand questionnaire thématique et animé sur les dates clés, les inventions qui ont fait avancer l’humanité, les grandes batailles qui ont secoué le monde, les artistes dont les œuvres ont traversé les siècles, les héros qui ont marqué leur époque, et bien d’autres choses encore…

    Cette appli est déjà testée et mise en pratique dans les collèges québécois depuis la rentrée 2013 comme ressource à part entière, voir l’article à ce sujet.

    Plus d’infos :
    Pour télécharger l’appli, se rendre ici 

    Histoquizz_061213

  • MOMO: Application éducative pour les enfants

    MOMO: Application éducative pour les enfants

    Découvrez l’univers de Momo le roi des mots !

    Voici les jeux que vous propose Momo :
    – Les intrus : joue tout seul ou défie quelqu’un et chasse l’intrus au plus vite !
    – Puzzle : recompose les morceaux des puzzles.
    – Relibulle : relie les chiffres ou les lettres le plus rapidement possible.
    – Cascade infernale : attrape les différences avant que la bombe n’explose !

    Ces jeux :Momo-roidesmots_051213
    – améliorent la mémoire de votre enfant
    – lui font travailler sa concentration
    – enrichissent son vocabulaire
    – l’initient au numérique.

    Vous souhaitez jouer avec vos enfants ? Testez nos jeux à deux ! Tout en vous amusant, vous découvrirez peut-être combien les enfants sont rapidement à l’aise avec le numérique…

    Plus d’infos :

    A télécharger sur le Google Play ici

    Justine Sauquet

  • Tablettes tactiles en classe par Nicolas, enseignant en collège à Pont Saint Esprit

    Tablettes tactiles en classe par Nicolas, enseignant en collège à Pont Saint Esprit

    Cela débute le 27 Novembre 2012, 17h30, une demi-heure avant un conseil de classe qui terminera vers 19h…

    Moi, au téléphone:

    En fait, j’ai un projet, j’aimerais enseigner avec des tablettes tactiles. Je ne l’ai pas encore formalisé mais je voudrais le mettre en place pour la rentrée 2013« .
    Mon interlocuteur (quelque part dans les bureaux du CRDP de Montpellier) : « Très bien. j’ai une réunion demain matin, je vais essayer de présenter votre idée. Rédigez un projet et envoyez-le par mail« .
    Moi (angoissé): « Euh… Ce soir« ?
    Mon interlocuteur: « Oui. Enfin, ne vous inquiétez pas, si je le reçois demain un peu en retard, disons pour 9h30, ce n’est pas très grave, la réunion ne commencera sans doute pas avant 10h« .

    Voilà comment je me retrouve, un an plus tard, avec 29 tablettes tactiles en classe au Collège G.Ville à Pont-Saint-Esprit (Gard).

    Et si je dois forcément refonder mes cours pour les adapter, je savoure mes heures en me remémorant les blocages des années précédentes (quantité et qualité limitée de photocopies, nombre limité de documents disponibles dans le manuel, impossibilité de projeter à l’ensemble de la classe des productions d’élèves etc).

    NBerthos_tablettes5

    Génèse du projet

    Voici le projet tel qu’il fut présenté à ma direction et au conseil général : projet enseignement avec tablettes.

    Contrairement aux autres années, la subvention TICE du Conseil Général du Gard a été votée tardivement (environ mi-juin), ce qui a posé de nombreux soucis d’organisation.

    Après avoir vainement tenté de réunir une équipe pédagogique pour donner 30 tablettes à une classe, le choix s’est porté sur une organisation différente:
    – Les tablettes restent en classe et sont à utiliser comme un manuel ; lorsque les élèves en ont besoin ils prennent la tablette puis au moment de la leçon ils reprennent leur cahier.
    – L’équipe pédagogique est donc composée de moi seul (professeur d’Histoire-Géographie). Je reste cependant ouvert à tout prêt de tablette, à toute intervention de la part d’autres professeurs dans mon cours, à toute visite ou expérimentation. Je suis aussi très motivé pour former d’autres collègues sur ce matériel.

    Je suis donc seul responsable des tablettes, ce qui rend plus flexible leur utilisation (tests pour des exercices, rechargement chez moi, téléchargement d’applications, organisation générale du cadre de l’expérimentation). J’utilise les tablettes lors de chaque cours et l’ensemble de mes cours sont adaptés à cet enseignement.

    – Les niveaux concernés sont des 5ème et des 4ème (je garde donc les mêmes classes que l’an dernier) et je touche au final beaucoup plus d’élèves que lors des dispositifs 1:1: environ 170 (1/4 du collège) contre 30 élèves habituellement.

    – Après avoir longuement pesé le pour et le contre (iPad ou Galaxy note), mon choix de tablette s’est porté sur une galaxy note 8 ». Le matériel est volontairement du haut de gamme pour disposer de toutes les fonctionnalités possibles ainsi que prévenir au maximum l’obsolescence programmée du produit. La tablette a de nombreux avantages: la taille et le poids sont « parfaits » pour mon utilisation, la tablette dispose d’un stylet (je ne pensais pas que les élèves s’en serviraient autant, 70 à 80% environ) et d’applications performantes (Par exemple Snote, spécifique à Samsung).

     Matériel (les prix sont arrondis)

    Les devis demandés auprès des différents entreprises (Ordysis, Maskott) avoisinaient les 20.000€. La subvention du Conseil Général étant d’environ 14.400€, j’ai du effectuer certains choix. Je dispose donc de:
    Nberthos_tablettes2– 29 galaxy note 8 » (élèves), 1 galaxy note 10″ (professeur) sous android 4.1.2. Le tout avec des housses de protection et des écouteurs. (12.000€ + 1150€ environ).

    – Un Hub all share cast (100€) permettant de diffuser sur un vidéoprojecteur HDMI l’écran de ma tablette.
    – Un point d’accès internet DAP 2360 Dlink (500€)
    – Un vidéoprojecteur HDMI vivitek (450€).
    – Le logiciel frog manager (Maskott) pour la gestion de fichiers avec l’ensemble de la flotte.
    – 3 Hub USB pour effectuer le rechargement (ma salle ne compte qu’une seule prise murale disponible)
    – Une armoire pour ranger les tablettes.

    J’ai donc du me passer de:

    – L’extension de garantie 1 an supplémentaire (1000€): pour être rentable, il aurait fallu que au moins 4 tablettes tombent en panne la deuxième année d’utilisation.
    – Le paramétrage des tablettes par l’entreprise qui les a fournies (1000€). Ce choix est très discutable mais les budgets étaient serrés.
    – La formation pédagogique sur site pour 3x3h proposée par l’entreprise Maskott (900€).
    – Le chariot de rangement (2.350€).

    Mise en route et Paramétrage des tablettes (« un long moment de solitude« )

    C’est un point crucial dans ce type d’expérimentation. Je m’étais passé volontairement (pour faire des économies) du paramétrage par l’entreprise qui a vendu les tablettes. J’avais réfléchi à un dispositif me permettant d’économiser un maximum de temps, étant seul à gérer cette tâche fastidieuse (l’allumage d’une tablette + rentrer les paramètres de comptes pour certaines applications me prenaient environ 15 minutes).

    J’ai donc pensé à paramétrer toutes les tablettes sur un même compte, nommé prof2pont@gmail et créé pour l’occasion. Le compte étant anonyme, il pouvait donc être partagé par d’autres professeurs dans l’éventualité où certains voudraient emprunter une partie du matériel. J’ai donc téléchargé des applications (uniquement gratuites) sur la première tablette et lors de la mise en route des tablettes suivantes, il me suffisait de rentrer à nouveau le même nom de compte pour que le magasin d’applications de google (play store) télécharge automatiquement les applis sur la nouvelle tablette (environ 45 minutes tout de même).

    Devinez quoi…
Cela n’a pas fonctionné.

    A partir de 3 tablettes qui téléchargent en simultané les mêmes applications sur le même compte, le play store affiche un message d’erreur. Il faut alors réinitialiser la tablette, vider le cache, bref, passer une heure de plus sur chacune. Le souci, c’est que la tablette doit être reliée à un compte personnel gmail pour fonctionner correctement (téléchargement des applications par exemple). Je me suis mis en tête de créer un compte élève anonyme eleveapont@gmail.com (puisque les tablettes n’appartiennent pas à un élève en particulier dans mon projet).

    Devinez quoi… Cela n’a pas fonctionné.

    Pour créer un compte Gmail il faut envoyer son numéro de téléphone à google qui limite ainsi le nombre de comptes par personne.
    J’ai donc, dans un premier temps, laissé les tablettes sous le compte prof2pont@gmail.com et téléchargé les applications tablette par tablette. Laisser les tablettes avec ce nom de compte me permettait aussi de synchroniser très facilement toutes les applications et donc de récupérer rapidement les productions des élèves, d’utiliser une seule dropbox (service de cloud) pour rapatrier les documents etc.

    Et bien devinez quoi… Cela n’a pas fonctionné.

    Une fois les 29 tablettes connectées en même temps (ce que je n’ai pu vérifier qu’à la rentrée), le galaxy note affiche un message d’erreur (qui ne la bloque heureusement pas). Mes tablettes n’étant pas connectées à internet (à cause d’Android qui ne gère pas le proxy de l’établissement) mais seulement à la même box (la Dlink 2360), elles ne se synchronisent pas. Je suis donc actuellement en train de rapatrier les tablettes une par une et d’en changer le compte de sauvegarde sur des comptes anonymes gmail (eleve1apont@gmail, eleve2apont@gmail.com etc) en ayant demandé dans mon entourage des numéros de téléphones pour recevoir le code confirmation google à la création du compte.

    Trucs et astuces

    Un autre souci est cependant en train de se retourner en avantage: android ne gère pas le proxy de l’établissement, il n’est donc pas possible pour mes élèves d’aller sur internet avec les tablettes. Concrètement, impossible d’afficher certains sites (google, wikipedia,…), de se servir des services qui réclament une connexion sécurisée (dropbox, google drive…). Dans un premier temps, suivant les conseils d’un collègue, j’ai installé l’application drony qui permet de mieux gérer l’accès au réseau.

    Cependant, l’application demande un paramétrage particulier qui, en cas d’erreur, requiert des compétences en informatique que je n’ai pas. Par contre, il est possible, sans aucune application, de se rendre sur ces mêmes sites internet via des hyperliens insérés dans un simple document texte que je transmets aux élèves. Ainsi, je contrôle encore plus le cadre dans lequel ils évoluent. Je peux leur demander par exemple de se rendre sur le site http://www.histoire-image.org/ et ensuite d’y effectuer une recherche. Il me semble qu’en contrôlant ainsi l’accès aux sites visités j’enrichis leur sitographie (je leur propose plusieurs sites pour la même activité).

    Cette démarche est plus efficace, selon moi, que de leur demander d’effectuer une simple recherche sur internet (95% des élèves vont alors se tourner vers wikipedia). Ayant découvert cette astuce uniquement récemment, je n’ai pour l’instant jamais fait cours avec internet sur les tablettes.

    J’ai téléchargé beaucoup d’applications en me disant que dans le pire des cas, je ne m’en servirai pas. C’est une erreur, ce qui pose problème maintenant, ce sont les mises à jour trop fréquentes.

    Applications et ressources

    Concernant les applications : je n’ai téléchargé que peu d’applications spécifiquement disciplinaires. Ma volonté étant de montrer que dans chaque discipline on peut se servir des tablettes et en faire un outil efficace si on se donne un temps pour adapter sa pédagogie. Je compte écrire bientôt un billet spécifique aux activités que je mène en classe, en détaillant les applications que j’utilise etc.
    Toujours dans le volet applications: je n’ai téléchargé que des applications gratuites (dont la passerelle Amon bloque les publicités!!). Etant rarement convaincu par les manuels scolaires, je ne suis pas du tout intéressé par les applications « à contenu » (très présentes avec les produits Apple), je préfère le créer moi-même.

    Voici les applications que je recommande de télécharger (en gras), ainsi que certaines dont j’espère me servir par la suite et qui ont un potentiel intéressant (italique). Schématic mind (cartes heuristiques), frog manager, evernote (prise de notes), superbeam (transfert de fichiers), Opendocuments reader (lire les docs odt), App defender (blocage d’applications), Es Explorateur (explorateur de fichiers), recforge Lite (enregistreur audio), magisto (retouche vidéo), Art Museum (tableaux et biographies d’artistes), skitch (retouche de documents), Syncspace (tableau blanc), Qr droid (QR codes), Google EarthAndro Vid (retouche de vidéos), sketchbookXadobe reader (pdf), apk manager (gestion d’applications), géoportail (géo), world newspaper (géo et éducation aux médias), datafinder poverty (géo), datafinder WDI (géo), brevet histoire (révisions brevet).

    Toutefois, cette liste d’applications est fortement réduite en raison des applications déjà présentes sur la tablette (par exemple google maps, dropbox), et en particulier Snote (prise de notes, retouche de docs, annotations etc) qui se révèle être très polyvalente mais uniquement disponible avec les appareils Samsung.

    L’écran principal de la tablette élève est composé des raccourcis suivants : Galerie, Snote, Evernote, Schématic mind, le dossier cours, superbeam, recforgelite, appareil photo.

    Réglages et paramètrages

    Pour paramétrer les tablettes, j’utilise l’application Appdefender qui bloque l’utilisation de certaines fonctionnalités de la tablette avec un code. Je bloque l’accès à : Alarme, Apk manager, dropbox, google play musique, google play store, paramètres (très important), services google play.

    Dans l’onglet paramètres de la tablette, voici les réglages que j’utilise :
    •    mode économie d’énergie : activé;
    •    sécurité > administrateur de périphérique > autoriser le gestionnaire d’appareils Android à verrouiller l’appareil;
    •     mobile géolocalisé par samsunglive;
    •    clavier samsung avec texte intuitif désactivé (TB pour stopper les fautes mais donne les réponses à l’avance!);
    •     comptes de synchronisation: dropbox et evernote ont un compte commun pour l’ensemble de la classe;
    •    Spen Airview désactivé et économie de batterie ON.
    •    Pour ma tablette, j’utilise aussi les options de développement (entrée: afficher les touches et aff. l’emplacement du pointeur) pour que les élèves voient où j’appuie sur ma tablette.

    La galaxy note 10.1 a un port usb et micro Sd, la galaxy note 8″ un port micro sd mais je ne me suis jamais servi ni de l’un ni de l’autre, tout a été réalisé grâce au même compte dropbox et son système de cloud.

    Mise en place et utilisation en classe

    Je me surprends parfois à regarder mes élèves travailler et à sourire intérieurement. Je prends énormément de plaisir à imaginer des situations pédagogiques variées et nouvelles : « cours dont vous êtes le héros« , différenciation pédagogique et individualisation des parcours, comparaison de plusieurs documents, réalisation de productions au format varié (gif, vidéos), intérêt des élèves pour des détails du document iconographique (zoom et capture d’écran), annotation retouche et augmentation d’un texte etc.

    Je me prends à rêver qu’un de mes élèves va dessiner directement sur la Joconde un LHOOQ ou une paire de lunettes.

    Malgré cela, la mise en place fut parfois laborieuse.

    Les tablettes sont arrivées dans l’établissement le 4 Juillet 2013, soit un jour avant les vacances d’été. Ayant économisé sur le paramétrage des tablettes, j’ai donc rapatrié les 29 Galaxy Note chez moi pour la mise en route, avant de les ramener dans l’établissement la semaine suivante. J’ai toutefois gardé durant l’été 2 tablettes afin d’adapter et de refonder l’ensemble de mes cours et de les tester.

    Dans mon établissement, le débit internet est très faible et souvent insuffisant. N’ayant pas pu tester « en condition » le réseau avec 30 tablettes connectées, j’ai décidé de créer dans un premier temps des activités sans avoir recours à internet. Je reviendrais sur ce point dans un billet futur mais j’y vois beaucoup d’effets positifs.

    Premièrement, j’ai pu me débarrasser rapidement des soucis de distraction que peut créer l’accès au web. Deuxièmement, cela m’a permis de me recentrer sur la nature spécifique des tablettes tactiles (c’est ce qui était à l’origine de mon projet). Troisièmement, je ne suis donc pas dépendant d’un réseau que je sais peu sûr et peu fiable.
    Je me suis vu attribuer une salle de classe spécifique dans mon établissement.

    En effet, j’avais plusieurs demandes:Nberthos_tablettes1

    •    J’enseigne depuis l’an dernier avec des tables en îlots et non en organisation frontale. Ces îlots permettent le travail de groupe (que je compte renforcer avec les tablettes), la sécurisation des tablettes (qui sont placées au centre des îlots) et plus globalement un changement de posture de l’enseignant avec (et non plus face à) ses élèves. Mon but étant de faire collaborer les élèves, qu’ils partagent leurs productions et augmentent les productions de leurs camarades, cette disposition est la plus adaptée à ma pédagogie.
    •    Les tablettes étant placées dans une armoire, elles ne sont pas prêtes à être déplacées de salle en salle. Je devais donc avoir ma salle personnelle.
    •    J’ai aussi demandé à ce que, dans la mesure du possible, ma salle ne soit pas occupée lorsque je n’y suis pas (le lundi). En effet, je viens très souvent au collège pour faire des tests (nouvelles applications, mise à jour des tablettes, rechargement etc) et je dois pouvoir accéder à l’ensemble de la flotte le plus facilement possible.
    •    Le rechargement des tablettes est problématique car ma salle ne dispose que d’une seule prise. Les multiprises étant interdites, il a alors été envisagé de recharger les tablettes via 3 hub usb. Cela ne fonctionne pas correctement, c’est à proscrire à tout prix.
    En effet, le rechargement en basse tension induit des temps de chargement plus longs. Or, de cette manière, les tablettes « chauffent« … Et se déchargent parfois.

    Rechargement des tablettes : un des soucis majeurs relevé par Nicolas

    Le chargement des tablettes est aujourd’hui mon principal souci, le plus chronophage (20 minutes par jour après les cours, 20 minutes à la pause méridienne) et le moins efficace (tablettes qui chauffent, se déchargent, charge trop lente). Ce problème n’est pas réglé mais doit absolument être pensé avant la mise en place de l’expérimentation.

    NBerthos_tablettes3J’utilise en classe à la fois mon ordinateur et ma tablette. L’ordinateur est branché au vidéoprojecteur en VGA, il affiche mon cours (word, prezi). La tablette est connectée au allshare cast par wifi (petit boitier placé au dessus du vidéoprojecteur, branché en hdmi) et qui me permet de récupérer les productions des élèves via l’application superbeam et ainsi de vidéoprojeter une ou plusieurs corrections. Ce dispositif me permet aussi de montrer aux élèves l’activité lorsqu’elle est nouvelle.

    Les tablettes sont utilisées de plusieurs manières en classe et viennent en complément du cahier et du manuel (à compléter avec les billets à venir faire cours avec…).

    Au début de l’heure, je distribue les tablettes et les manuels (qui restent eux aussi en classe). Les élèves font les exercices puis notent la leçon sur leur cahier. Voici quelques configurations que j’ai utilisé:
    1.    Document étudié : tablette. Questions : tableau. Réponses des élèves: cahier.
    2.    Document étudié : manuel. Questions : tableau. Réponses: tablette.
    3.    Document étudié : tableau. Questions : tablettes. Réponses: cahier.
    4.    Documents étudiés : manuel + tablette (perspective comparatiste ou complémentaire). Questions : tableau. Réponses : cahier.
    5.    Documents étudiés: manuel ou tablette. Questions tableau. Réponses: cahier. Dernière réponse de l’exercice (analyse et explications) ou exercice de synthèse (carte mentale par exemple): tablette.
    6.    Exercices: au choix. Reformulation dans une vidéo ou à l’oral (enregistreur vocal) par groupes de 3 élèves avec la tablette.
    7.    Prise de photo de croquis que je dessine au tableau ou qu’un élève a dessiné sur son cahier.

    Comme vous pouvez le constater, cette utilisation n’est pas exclusivement disciplinaire et peut aisément être adaptée à d’autres matières que l’Histoire-Géographie.

    Il est navrant de constater que lorsqu’on parle de numérique à certains professeurs, ceux-ci préfèrent répondre : « Oui, mais dans ma matière, je ne crois pas que cela soit faisable » (histoire malheureusement vécue des dizaines de fois).

    Je n’utilise presque aucune application spécifique à l’histoire géographie (billet à venir : faire cours avec…).

    Le point qui me paraît le plus crucial, est que l’élève apprend à partir du moment où il s’implique dans la réalisation de tâches. Une fois la tablette en main, je lui laisse donc le choix de la forme de la production (utiliser telle ou telle application, utilisation ou non de vidéos, du micro etc).

    Pour transférer les fichiers sur les tablettes ou sur mon ordinateur, je me sers de l’application frog manager (maskott) (importance de l’outil de gestion de classe, que Michèle Monteil, experte à la DGESCO a déjà évoqué dans LudoMag ici ).
    L’application est très efficace et je la recommande. Attention cependant, elle ne convient pas à tous les types de dispositifs puisque l’application fonctionne avec une « clé » qui n’est valable que sur un appareil.

    J’utilise l’arborescence suivante afin que les élèves puissent annoter les documents sans que la classe suivante n’en pâtisse:

    •    A l’aide de l’application ES explorateur, je créé un dossier « cours » que je place sur le bureau.
    •    A l’intérieur de Cours: dossiers 4e, 5e et vidéos.
    •    A l’intérieur de chaque dossier de niveau: le numéro de la classe puis le numéro des chapitres et enfin les documents. (Exemple: Cours > 4e > 4e3 > chapitre 1).
    •    Les documents annotés de 4e3 ne sont donc pas visibles par la 4e4 (en version 4.1.2 d’android il n’existe pas de multicompte mais il apparaît à partir de la version 4.2.2).

    J’ai prévu de faire évoluer les apprentissages des élèves sur la tablette au fur et à mesure de l’avancée de l’année.

    •    Dans un premier temps (Septembre-Novembre): utilisation de Snote, recforgelite, adobe reader (surligner et annoter les documents), captures d’écran, schématic mind (cartes mentales), evernote. Ce premier temps est consacré à l’histoire en classe. En effet, je veux que les élèves maîtrisent la tablette lorsqu’ils devront réaliser des cartes en géographie. De plus, les captures d’écran se prêtent à l’étude de tableaux et de documents iconographiques.

    •    Dans un deuxième temps (Décembre – Mars?): importation de documents dans Snote pour les retoucher et les augmenter, utilisation de QR codes, partage instantané de fichiers entre élèves (à tester avec hangouts par exemple), utilisation d’app spécifiques (exemples à tester: géoportail, applications de la banque mondiale, eurostat), découpage de vidéos, utilisation progressive et encadrée d’internet.

    •    Enfin, et uniquement si l’ensemble des facteurs les permettant sont réunis (maîtrise totale de la tablette par les élèves, accès à internet etc): crowdsourcing, création de cartes, augmentation de documents créés par d’autres élèves, création et partage des problématiques et des réponses par les élèves, création de fiches de révisions sous forme de carte heuristique augmentée, réalisation de webdocumentaires (sans le web jusqu’à présent mais avec le contournement du proxy cela ne devrait pas poser de souci), éducation aux médias, création de gifs pour expliquer des situations en Histoire-Géo-Education civique, retouche photo… J’aurais espéré pouvoir les publier sur des réseaux sociaux (Pinterest, tumblr) mais le proxy du collège empêche cette démarche.

    Freins et premiers bémols après 2 mois d’utilisation : stylets fragiles, manque de soin apporté au matériel par les élèves,…

    – 2 tablettes ont chacune une petite zone sur l’écran (1cm² max) où le stylet n’écrit plus (élèves qui appuient trop fort avec le stylet?)

    – Le côté un peu fragile des stylets: les élèves l’utilisent tout le temps et s’en servent comme un stylo: le mettent à la bouche, dans les cheveux etc.Nberthos_tablettes4

    – 3ème bémol plus grave: les élèves ne prennent pas soin du matériel (bien sûr je leur ai bien expliqué la chance qu’ils avaient). Alors que j’ai passé mon temps à expliquer qu’il fallait leur faire un peu confiance, je me retrouve avec des stylets qui tombent fréquemment par terre par exemple. Aujourd’hui, un élève a dessiné sur la pointe du stylet… Je pense sérieusement à arrêter les activités de captures d’écran (que je trouve pourtant très efficaces sur le plan pédagogique) car je ne suis pas certain que les stylets restent opérationnels jusqu’à la fin de l’année.

    – J’espérais confronter les élèves aux réseaux sociaux (par exemple tumblr ou surtout pinterest) en y publiant leurs productions dans un souci d’éducation aux médias.
    En effet, le partage est très grandement facilité par les tablettes : presque toutes les applications comportent un bouton « partager » menant directement à l’application. Cette pratique se rapproche de l’usage que les élèves (mais pas qu’eux) ont de leurs appareils mobiles (smartphones et tablettes). Cependant, cette idée est irréalisable car nous annotons et retouchons des documents frappés du droit d’auteur. Ne pas pouvoir éduquer mes élèves à la pratique de la publication et du partage est un de mes plus grands regrets car ce sont des comportements actuels soumis à de réels dangers sur lesquels l’école a du mal à se positionner : lors des leçons nous leurs expliquons les risques de ces publications mais à aucun moment ils n’expérimentent par eux-mêmes l’exposition que représente un partage sur un réseau social ou même un simple like.

    – J’espérais pouvoir utiliser l’application flipboard pour tenir un journal de classe mais il faut pour cela une connexion internet fiable et sécurisée en classe, ce dont je ne dispose pas.

    – Un des freins les plus sérieux que je rencontre est l’absence d’accès à internet de la part de certains élèves chez eux (4 parmi mes 170) ainsi que l’absence d’habitude qu’ils ont d’aller récupérer des ressources sur internet. Je désigne par exemple à chaque heure un « journaliste« , qui ne prend pas la leçon (je lui fournis sous forme de photocopie) mais qui doit noter ce qu’il se passe durant le cours. Cette tâche est nouvelle pour eux, les productions sont donc inégales. Je publie dès la fin du cours ce travail sur l’adresse mail que j’ai créé pour la classe (eleve19apont@gmail.com). Mais lorsque je regarde le nombre de vues…

    Or, il arrive assez souvent que la tablette soit le support d’une production (Snote, evernote ou autre) ou simplement le support sur lequel les élèves rédigent leurs réponses. Dans ce cas là, ils n’ont pas de moyen de réviser (ou simplement de récupérer) les exercices effectués en classe. De même, je mets chacun de mes cours en ligne sur Youtube. Ici aussi, si les premières vidéos ont été regardées (environ 70 vues pour la première), ni les absents ni ceux qui veulent réviser leur leçon ne s’y rendent régulièrement (les dernières culminent à… 3 vues).

    – Naturellement se pose alors la question de l’ENT, censé centraliser les informations des élèves et donc de rendre leurs démarches plus accessibles et intuitives. Dans mon collège, au mois de novembre, les élèves n’ont toujours pas leurs codes permettant de s’identifier. Mais le souci va plus loin: depuis ma tablette, il est très facile pour moi de partager le travail des élèves via le bouton partager.

    L’ENT n’est pas encore opérationnel de ce point de vue et rajoute une charge de travail supplémentaire (transférer le travail des élèves sur mon ordinateur, m’identifier, créer le lien). Il ne fait cependant pas de doute qu’à terme l’ENT sera l’outil indispensable par son rôle centralisateur et deviendra un prolongement de l’espace d’apprentissage des élèves. Peut-être en créant une application ENT accessible depuis l’appareil mobile (et non uniquement depuis le web)?

    – Enfin, dernière déception (ou manque de précaution?): la galaxy note 10.1 (professeur) et la galaxy note 8″ ne sont pas les mêmes appareils. La galaxy note 10.1 devrait bientôt être remplacée par une version actualisée… Cela ne lui fera pas de mal: sa batterie n’est pas très résistante (largement suffisante pour 1 journée de cours toutefois) et ne se recharge efficacement que sur secteur.

    Eléments de conclusion…

    Il est encore trop tôt pour tirer des conclusions définitives. Cependant, certaines leçons me semblent notables dès à présent.

    – Comme décrit dans la plupart des retours d’expérimentations, je pense qu’il ne faut pas négliger les aspects techniques: rechargement des tablettes, stockage, mobilité, pannes éventuelles etc.

    – Je suis très satisfait du matériel acheté par mon établissement: haut de gamme pour la tablette, système Android. Le stylet constitue le seul bémol à mon enthousiasme.

    – Je conseillerais de ne s’engager dans ce type de projet, très chronophage, qu’avec des professeurs réellement prêts à changer totalement leur pédagogie. La tablette ne sert pas qu’à aller sur internet. Je pense que cette nécessité est déjà en train de s’imposer à nous (avec plus ou moins de rapidité ou de résistance) mais certains collègues préfèrent bloquer cette évolution plutôt qu’essayer de la comprendre et de s’en emparer.

    – Avec ce type d’outil, c’est une fois de plus le mythe des digital natives qui tombe.

    – J’insiste sur le côté non disciplinaire de l’utilisation de la tablette. J’ai trop souvent vu des professeurs penser que le numérique n’est pas fait pour leur matière par méconnaissance de l’outil. C’est une lapalissade mais la formation dans ce domaine est essentielle et nécessaire.

    – J’insiste aussi sur la nécessité d’acquérir la compétence « contourner les problèmes » (que les enseignants ont déjà largement développé pour des soucis non numériques).

    – Le fait de ne pas utiliser internet (pour l’instant) est très intéressant mais le but final de mon expérimentation est bien de former les élèves aux nouveaux usages et enjeux d’un monde connecté.

    – Enfin, même s’il tend à se banaliser au fur et à mesure de l’expérimentation, le plaisir d’enseigner avec ce type de matériel, de créer des séances innovantes, de voir les élèves s’impliquer est immense. Ce plaisir me semble partagé par les élèves que je vois très impliqués dans la réalisation des tâches que je leur donne. J’ai par exemple du mal à réussir mes corrections d’exercice car les élèves veulent à tout prix terminer leur tâche, la personnaliser au maximum (police, couleur etc).

    Les prochains billets seront consacrés au fonctionnement des cours: faire cours avec Snote, Faire cours avec Evernote, Faire cours avec Schématic mind etc.

    Nicolas Bertos.

    Plus d’infos :
    Le blog de Nicolas : http://theraphproject.blogspot.fr/

    Le projet d’enseignement avec tablettes ici
    Pourquoi utiliser les tablettes en classe ? argumentaire par Nicolas Bertos sur Prezi

  • 25 recommandations pour aider les parents à « faire apprendre » les technologies aux enfants

    25 recommandations pour aider les parents à « faire apprendre » les technologies aux enfants

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    « Comment protéger son enfant », « comment interdire l’accès à son enfant », etc.

    « Aujourd’hui on parle trop de sécurité et pas assez d’autres éléments qui me semblent importants », déclare Thierry Karsenti.

    « Je pense fortement qu’il y a une fracture numérique qui se dessine chez nos jeunes et ce, quelque soit le niveau de vie économique ».

    Il parle de fracture numérique de « 2ème » niveau, c’est à dire que tous les jeunes d’aujourd’hui savent se servir du numérique, mais, alors que certains utilisent les technologies pour apprendre, d’autres, s’en servent uniquement pour socialiser ou pour jouer.

    C’est de ce constat que lui est venu l’idée de « faire des recommandations » pour les parents ; et le premier lot issu de sa réflexion est « comment puis-je aider mon enfant à apprendre avec les technologies ? » de l’éducation aux médias en quelque sorte.

    Un extrait de ce premier lot est :

    « Il faut s’informer des technologies présentes dans notre société, tout particulièrement celles populaires auprès des jeunes ».

    « Il faut amener son enfant à développer un esprit critique et constructif face aux technologies et à Internet ».

    La deuxième partie de la liste de recommandations est liée à l’importance d’ouvrir un dialogue avec son enfant vis à vis de ces technologies « afin de trouver un juste équilibre entre technologies ou pas de technologies du tout, quand les utiliser, les moments avec ou sans technologies » :

    « Il faut planifier, de façon collaborative avec son enfant, des règles précises d’usages ».

    « Il faut parler de technologies à d’autres parents ou amis qui ont un enfant du même âge ».

    Et enfin, le troisième lot parle de sécurité, de prévention, de cyber-intimidation.

    « Il faut parler à son enfant de cybe-rintimidation à la fois pour prévenir mais aussi pour agir ».

    « Il faut amener son enfant à être responsable de ce qu’il fait ou ne fait pas avec les technologies ».
    Plus d’infos :

    Retrouvez toutes les recommandations de Thierry Karsenti sur http://karsenti.ca/25/